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Dürer Albrecht

  • Catégories : CEUX QUE J'AIME, Dürer Albrecht

    Dürer graveur et globe-trotter, l’âge d’or d’un art européen

    Albrecht Dürer, Saint Jérôme dans sa cellule, 1514, burin, musée Condé, EST 234

     

    Dürer graveur et globe-trotter, l’âge d’or d’un art européen

    À Chantilly, le musée Condé consacre une exposition au maître incontesté de la Renaissance germanique, Albrecht Dürer. Hors des sentiers rebattus, elle révèle un artiste en perpétuel dialogue avec ses contemporains, dont il bouleversera la production par-delà les frontières.

    Wandrille Potez

    En France les expositions sur des artistes germaniques sont rares, même lorsqu’ils s’appellent Dürer ; nos musées leur préfèrent souvent les Italiens, que l’on croit connaître et comprendre mieux. Heureusement, le musée Condé déroge à la règle. Il rassemble dans le Jeu de paume du château de Chantilly plus de deux cents feuilles de la Renaissance, qui rappellent combien ses frontières sont poreuses voire artificielles et racontent comment l’art de Dürer a gagné l’Europe, non sans la bouleverser.

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  • Catégories : CE QUE JE SUIS EN TRAIN DE LIRE, Dürer Albrecht

    La vie et l'oeuvre d'Albrecht Dürer. " d'Erwin Panofsky

    La vie et l'oeuvre d'Albrecht Dürer. Nouvelle EditionHistorien et théoricien de l’art d’origine allemande (1852-1968), Panofsky a fait école par sa méthode consistant à dégager les modalités créatrices de chaque période par une confrontation des formes artistiques avec leur contexte culturel. Son approche sophistiquée et raisonnée de l’iconographie a abouti, dans ses Essais d’iconologie (1934), à une théorie de la représentation en art.

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  • Catégories : A lire, Dürer Albrecht

    La vie et l'oeuvre d'Albrecht Dürer.

    Nouvelle EditionErwin Panofsky
    Collection : Bibliothèque Hazan

     
     
    La vie et l'oeuvre d'Albrecht Dürer. Nouvelle Edition
    Erwin Panofsky
    Historien et théoricien de l’art d’origine allemande (1852-1968), Panofsky a fait école par sa méthode consistant à dégager les modalités créatrices de chaque période par une confrontation des formes artistiques avec leur contexte culturel. Son approche sophistiquée et raisonnée de l’iconographie a abouti, dans ses Essais d’iconologie (1934), à une théorie de la représentation en art.

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  • Albrecht Dürer (1471 - 1528) :"Ce qu'est la beauté, je l'ignore"

    Contrairement à ce qui se passe pour la majorité des artistes de la Renaissance ayant vécu au nord des Alpes, nous savons tout de la vie d'Albrecht Dürer (1471-1528). L'hypersensibilité de l'artiste, prompt à traduire en écrits et en images, les faits, grands et petits, de sa vie personnelle et à les conserver de façon quasi maniaque ; son recours fréquent à l'autoportrait, genre dont il est le pionnier ; l'habitude qu'il a de dater ses œuvres, en y ajoutant parfois des textes explicatifs ; l'intérêt tout à fait inhabituel qu'il suscita chez les humanistes de l'époque ; la coïncidence qui l'amène à se trouver dans des villes, à des moments et dans des situations d'une importance capitale pour le sort de l'Europe ; les études ininterrompues dont il a fait l'objet : Tous ces éléments fournissent une abondante moisson d'informations, limitant à des aspects presque marginaux les points d'interrogation sur sa vie et son œuvre. À quarante ans, Dürer est un intellectuel engagé, qui rédige d'ambitieux traités théoriques, qui dialogue avec les penseurs et les hommes de science, qui a ses propres idées et ses propres théories sur l'art ; il exprime avec autorité son avis personnel sur l'histoire, la nature, l'homme, la religion. Et c'est pourtant à ce moment qu'avec la phrase "Ce qu'est la beauté, je l'ignore", Dürer évoque clairement, douloureusement, le nœud gordien de son activité d'artiste et d'homme cultivé. Tout au long de sa carrière semée de centaines d'images peintes, dessinées ou gravées, Dürer a recherché une définition de la beauté. Il y a consacré une vaste gamme de facultés humaines, d'expériences sensibles, d'efforts intellectuels. Dans les écrits qu'il a laissés, Dürer insiste à plusieurs reprises sur cette expérience décevante de la recherche du secret de la beauté absolue que l'on approche jusqu'à l'effleurer avant de la sentir, soudain, s'enfuir. Il est tout à fait conscient de sa grandeur personnelle en tant que peintre, mais cette conscience lui rend d'autant plus insupportables les limites de l'art et de la science.

     

    Dûrer, Mélancolie

    Mélancolie I, gravure, 1514, Albrecht Dürer, (Kupferstichkabinett, Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe). Cette figure qui a occupé les chercheurs et les interprètes durant des siècles et dont l'imagination n'est capable de saisir qu'une partie de la puissance d'un corps caché derrière une robe éparpillée au milieu de toute une panoplie d'instruments et d'outils. La tête dans la main gauche soutenue par le genou, son visage est plongé dans la pénombre, comme pour mieux exprimer la sombre humeur qui emplit le mélancolique. L’œuvre, doit sans doute être vue comme un autoportrait spirituel de l'artiste - et, plus généralement, de l'Artiste moderne - qui aspire à cette Connaissance suprême, à cet Idéal artistique inaccessible.

    http://www.aparences.net/nordiques/nordiques2.html

  • Le "père" du genre paysage en peinture

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    Et Patinir apparut dans le paysage
    LE MONDE | 24.08.07

    © Le Monde.fr

    Joachim Patinir ou Patenier (né vers 1480 à Dinant ou Bouvignes - mort le 5 octobre 1524 à Antwerpen), également connu sous le nom de de Patinier et de Patiner était un peintre et dessinateur de style flamand de la Haute Renaissance. Il fut membre de la guilde des peintres d'Anvers. On pense qu'il était l'oncle de Henri Blès, également peintre. Spécialisé dans les paysages et fortement influencé par Jérôme Bosch, Patinir réalisa des œuvres où se mêlaient des éléments fantastiques, des bois, des contrées imaginaires, des villes et des cours d'eau. Patinir collabora avec Quentin Matsys. On attribue à Patinir certains des paysages présents dans les toiles de ce dernier. À la mort de Patinir, Matsys s'occupa de ses enfants.

    Principales œuvres 

     La Fuite vers l'Égypte, Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Saint Jérôme dans le désert, 1515, Paris, Musée du Louvre Traversée du monde souterrain, entre 1515 et 1524, Madrid, Musée du Prado Paysage avec Saint Jérôme, Madrid, Musée du Prado Le baptême du Christ, vers 1515, Vienne, Kunsthistorisches Museum

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Joachim_Patinir

  • Catégories : Dürer Albrecht, Le paysage, Mes travaux universitaires, Web

    La catégorie Dürer(paysage)?

    durer.jpgJe l'ai rencontré lors de mes recherches sur le paysage et qu'il fait partie de ceux que j'aime....

    1. LE PERE DU GENRE PAYSAGE EN PEINTURE:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/08/24/le-pere-du-genre-paysage-en-peinture.html

    2. Mélancholia:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/04/10/melancholia-de-durer.html

    3. Mon rêve familier:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/08/31/mon-reve-familier-de-paul-verlaine-dans-la-section-melanchol.html

    4. A Dürer:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/09/01/a-durer-de-victor-hugo-les-voix-interieures.html

    5. Résignation:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/09/01/resignation-de-paul-verlaine-dans-la-section-melancholia-des.html

    6. Nevermore:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2006/09/01/paul-verlaine-nevermore-dans-la-section-melancholia-des-poem.html

  • "Melancholia" de Dürer

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    Albrecht Dürer (1471-1528) est originaire de Nüremberg. Peintre et surtout graveur, il propulse la gravure sur bois mais surtout la gravure sur cuivre, art nouveau pour l'époque, à un niveau encore jamais dépassé aujourd'hui. Il voyagea à de nombreuses reprises aux Pays-Bas et en Italie et fut influencé par les artistes qu'il y rencontra. C'est un homme de la Renaissance, il est d'ailleurs un des premiers artistes à avoir acquis une réputation personnelle. Le nombre d'autoportraits qu'il a réalisés montre bien son détachement de l'art médiéval, même si l'influence du gothique reste forte chez lui, surtout au début de sa carrière. Lié à l'Humanisme, Dürer est aussi un théoricien, intéressé par les mathématiques et la géométrie euclidienne - qu'il étudie en vue de travailler la perspective dans ses oeuvres - mais aussi par l'anatomie, les sciences naturelles... Par tous ces aspects, il est proche de Léonard de Vinci. Pour en savoir plus sur la biographie de Dürer:

    http://www.bib.ulb.ac.be/coursmath/bio/durer.htm http://www.ibiblio.org/wm/paint/auth/durer/durer.fr.html

    Melancholia I Dürer réalisa cette célèbre gravure (peut-être la plus célèbre) en 1514. C'est une allégorie qui représente la mélancolie dans la création de l'artiste. Ses interprétations sont nombreuses: certains y voient un autoportrait symbolique ("portrait spirituel" pour Panovsky), d'autres des symboles alchimiques nombreux. Enfin, on a aussi envisagé que cette oeuvre soit une représentation de la géométrie de l'artiste, telle qu'il la développe dans "l'excursus esthétique" du livre 3 du Traité des proportions du corps humain

     

    La Mélancolie

     

    Il semble que Dürer ait puisé son sujet dans De occulta philosophia de Heinrich Agrippa Von Nettesham (1510). Sans doute connaissait-il aussi les textes de Marsile Ficin.
    Pour le Moyen Age, quatre "humeurs" seraient responsables des tempéraments humains: le sang, la bile jaune, le phlegme et la bile noire ou mélancolie, au sens étymologique. Ces humeurs sont associées aux saisons, aux quatre âges de l'homme, aux éléments. C'est surtout la mélancolie qui a retenu l'attention, considérée comme une manifestation du génie auquel elle ouvre les portes de l'imagination. 
    La mélancolie est ensuite considérée comme un était dépressif qui enlève à l'artiste son enthousiasme, et les astrologues de la Renaissance pensent que le carré magique peut servir de traitement.
    Citations La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste (Victor Hugo)

     

    Il y a quelque ombre de friandise et délicatesse qui nous rit et qui nous flatte au giron même de la mélancolie. (Michel de Montaigne)

     

    D'où vient à l'homme la plus durable des jouissances de son coeur, cette volupté de la mélancolie, ce charme plein de secrets, qui le fait vivre de ses douleurs et s'aimer encore dans le sentiment de sa ruine? (Senancour)

     

    La mélancolie est l'état de rêve de l'égoïsme (E.M.Cioran)

     

    Quand elle n'est pas engendrée, c'est la gaieté la plus totale. ("Ce spectacle n'engendre pas la mélancolie") (Alain Schiffres, Le nouveau dictionnaire des idées reçues, des propos convenus et des tics de langage.)

     

    Le Carré magique

     

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    C'est un concept très ancien qui semble originaire d'Inde et de Chine, 2000 ans avant Jésus-Christ; on le retrouve chez les Arabes et des mathématiciens comme Fermat et Euler s'y sont intéressés. Sa propriété a fasciné: l'addition des nombres de chaque ligne, chaque colonne et chaque diagonale donnent le même résultat (34, dans le cas du carré de Jupiter). On lui a prêté un caractère ésotérique, d'autant plus que le 3 et 4 sont des chiffres particulièrement importants en alchimie, le 3 symbolisant la vie du monde physique et le 4, celle de l'esprit. On remarquera également que les deux cases centrales de la dernière ligne indique la date de création de l'oeuvre.

    Melancholia I source d'inspiration L'oeuvre de Dürer a inspiré énormément d'artistes (à commencer par une oeuvre de Picasso, avec laquelle elle présente de nombreux points communs selon les spécialistes), surtout à partir de l'époque romantique. 

     

    Le titre a ainsi été utilisé pour un poème fameux de Victor Hugo, publié dans le recueil Les Contemplations .(Hugo est également l'auteur d'un poème intitulé "A Dürer" dans le recueil Les Voix intérieures). Melancholia est aussi le titre que Verlaine donne à un groupe de poèmes du recueil Poèmes saturniens. On se souvient également que c'est sous ce titre que Sartre proposa le manuscrit - par ailleurs refusé - de La Nausée aux éditions Gallimard.

     

    Gautier, dans son roman fantastique Avatar, y fait référence:

    Quelquefois une bizarre syncope le faisait pâlir et froidir comme un marbre. Pendant une ou deux minutes, on eût pu le croire mort; puis le balancier, arrêté par un doigt mystérieux, n'étant plus retenu, reprenait son mouvement et Octave paraissait se réveiller d'un songe. On l'avait envoyé aux eaux; mais les nymphes thermales ne purent rien pour lui. Un voyage à Naples ne produisit pas un meilleur résultat. Ce beau soleil si vanté lui avait semblé noir comme celui de la gravure d'Albert Dürer; la chauve-souris qui porte écrit dans son aile ce mot: melancholia, fouettait cet azur étincelant de ses membranes poussiéreuses et voletait entre la lumière et lui; il s'était senti glacé sur le quai de la Mergellina, où les lazzaroni demi-nus se cuisent et donnent à leur eau une patine de bronze.(chap.1) lire le roman sur le site de Gallica: http://gallica.bnf.fr/Fonds_Frantext/T0101448.htm

    Et, bien sûr, on ne peut que penser au "Spleen" baudelairien...

    On lira avec intérêt les pages que Michel Tournier consacre à l'oeuvre et au thème de la mélancolie dans Célébrations, Mercure de France, 1999 et 2000 (Folio). 

    Les deux textes proposés ci-dessous associent explicitement cette gravure à un processus de rêve.

    Gérard de NERVAL

    Cette nuit-là, je fis un rêve qui me confirma dans ma pensée. - J'errais dans un vaste édifice composé de plusieurs salles, dont les unes étaient consacrées à l’étude, d'autres à la conversation ou aux discussions philosophiques. Je m'arrêtai avec intérêt dans une des premières, où je crus reconnaître mes anciens maîtres et mes anciens condisciples. Les leçons continuaient sur les auteurs grecs et latins, avec ce bourdonnement monotone qui semble une prière à la déesse Mnémosyne. - Je passai dans une autre salle, où avaient lieu des conférences philosophiques. J’y pris part quelque temps, puis j'en sortis pour chercher ma chambre dans une sorte d'hôtellerie aux escaliers immenses, pleine de voyageurs affairés.

     

    Je me perdis plusieurs fois dans les longs corridors, et, en traversant une des galeries centrales, je fus frappé d'un spectacle étrange. Un être d'une grandeur démesurée, - homme ou femme, je ne sais -, voltigeait péniblement au-dessus de l’espace et semblait se débattre parmi des nuages épais. Manquant d'haleine et de force, il tomba enfin au milieu de la cour obscure, accrochant et froissant ses ailes le long des toits et des balustres. Je pus le contempler un instant. Il était coloré de teintes vermeilles, et ses ailes brillaient de mille reflets changeants. Vêtu d'une robe longue à plis antiques, il ressemblait à l’Ange de la Mélancolie, d'Albrecht Dürer. - Je ne pus m'empêcher de pousser des cris d'effroi, qui me réveillèrent en sursaut. (Aurélia, 1855)

    Théodore de Banville, Le Stigmate

    Et in fronte ejus nomen scriptum:

    Mysterium...

    Apocalypsis, caput XVII.

    Une nuit qu'il pleuvait, un poète profane

    M'entraîna follement chez une courtisane

    Aux épaules de lys, dont les jeunes rimeurs

    Couronnaient à l'envi leur corbeille aux primeurs.

    Donc, je me promettais une femme superbe

    Souriant au soleil comme les blés en herbe,

    Avec mille désirs allumés dans ces yeux

    Qui reflètent le ciel comme les bleuets bleus.

    Je rêvais une joue aux roses enflammées,

    Des seins très à l'étroit dans des robes lamées,

    Des mules de velours à des pieds plus polis

    Que les marbres anciens par Dypoene amollis,

    Dans une bouche folle aux perles inconnues

    La Muse d'autrefois chantant des choses nues,

    Des Boucher fleurissants épanouis au mur,

    Et des vases chinois pleins de pays d'azur.

    Hélas! qui se connaît aux affaires humaines?

    On se trompe aux Agnès tout comme aux Célimènes:

    Toute prédiction est un rêve qui ment!

    Ainsi jugez un peu de mon étonnement

    Lorsque la Nérissa de la femme aux épaules

    Vint, avec un air chaste et des cheveux en saules,

    Annoncer nos deux noms, et que je vis enfin

    L'endroit mystérieux dont j'avais eu si faim.

    C'était un oratoire à peine éclairé, grave

    Et mystique, rempli d'une fraîcheur suave,

    Et l'oeil dans ce réduit calme et silencieux

    Par la fenêtre ouverte apercevait les cieux.

    Le mur était tendu de cette moire brune

    Où vient aux pâles nuits jouer le clair de lune,

    Et pour tout ornement on y voyait en l'air

    La Melancholia du maître Albert Dürer,

    Cet Ange dont le front, sous ses cheveux en ondes,

    Porte dans le regard tant de douleurs profondes.

    Sur un meuble gothique aux flancs noirs et sculptés

    Parlant des voix du ciel et non des voluptés,

    Souriait tristement une Bible entr'ouverte

    Sur une tranche d'or ouvrant sa robe verte.

    Pour la femme, elle était assise, en peignoir brun,

    Sur un pauvre escabeau.

    Ses cheveux sans parfum

    Retombaient en pleurant sur sa robe sévère.

    Son regard était pur comme une primevère

    Humide de rosée.

    Un long chapelet gris

    Roulait sinistrement dans ses doigts amaigris,

    Et son front inspiré, dans une clarté sombre

    Pâlissait tristement, plein de lumière et d'ombre!

    Mais bientôt je vis luire, en m'approchant plus près

    Dans ce divin tableau, sombre comme un cyprès,

    Dont mon premier regard n'avait fait qu'une ébauche,

    Aux lèvres de l'enfant le doigt de la débauche,

    Sur les feuillets du livre une tache de vin.

    Et je me dis alors dans mon coeur:

    C'est en vain

    Que par les flots de miel on déguise l'absinthe,

    Et l'orgie aux pieds nus par une chose sainte.

    Car Dieu, qui ne veut pas de tare à son trésor

    Et qui pèse à la fois dans sa balance d'or

    Le prince et la fourmi, le brin d'herbe et le trône,

    Met la tache éternelle au front de Babylone!

    Février 1841.

      http://users.skynet.be/litterature/lecture/melancholia.htm
  • Catégories : Des poèmes, Dürer Albrecht, Hugo Victor, La mélancolie, Le XIX e siècle

    "A Dürer "de Victor Hugo (Les voix intérieures)

    medium_hdurer.2.jpgDans les vieilles forêts où la sève à grands flots
    Court du fût noir de l'aulne au tronc blanc des bouleaux,
    Bien des fois, n'est-ce pas ? à travers la clairière,
    Pâle, effaré, n'osant regarder en arrière,
    Tu t'es hâté, tremblant et d'un pas convulsif,
    O mon maître Albert Düre, ô vieux peintre pensif !
    On devine, devant tes tableaux qu'on vénère,
    Que dans les noirs taillis ton œil visionnaire
    Voyait distinctement, par l'ombre recouverts,
    Le faune aux doigts palmés, le sylvain aux yeux verts,
    Pan, qui revêt de fleurs l'antre où tu te recueilles,
    Et l'antique dryade aux mains pleines de feuilles.

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  • Paul Verlaine:"Résignation" dans la section "Melancholia" des "Poèmes saturniens"

    medium_Alma-Tadema-roseofheliogabalus.jpgTout enfant, j'allais rêvant Ko-Hinnor,
    Somptuosité persane et papale,
    Héliogabale et Sardanapale !

    Mon désir créait sous des toits en or,
    Parmi les parfums, au son des musiques,
    Des harems sans fin, paradis physiques !

    Aujourd'hui, plus calme et non moins ardent,
    Mais sachant la vie et qu'il faut qu'on plie,
    J'ai dû refréner ma belle folie,
    Sans me résigner par trop cependant.

    Soit ! le grandiose échappe à ma dent,
    Mais, fi de l'aimable et fi de la lie !
    Et je hais toujours la femme jolie,
    La rime assonante et l'ami prudent.

    http://www.mag4.net/Verlaine/poemes/resignation.html

  • Paul Verlaine, "Nevermore" dans la section "Melancholia" des "Poèmes saturniens"

    medium_guillaumin-valhubertparis.2.jpgSouvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne
    Faisait voler la grive à travers l'air atone,
    Et le soleil dardait un rayon monotone
    Sur le bois jaunissant où la bise détone.
     
    Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
    Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
    Soudain, tournant vers moi son regard émouvant :
    "Quel fut ton plus beau jour ?" fit sa voix d'or vivant,
     
    Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
    Un sourire discret lui donna la réplique,
    Et je baisai sa main blanche, dévotement.
     
    - Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
    Et qu'il bruit avec un murmure charmant
    Le premier "oui" qui sort de lèvres bien-aimées !

     

    http://www.mag4.net/Verlaine/poemes/nevermore.html