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Théâtre, concerts, opéra, danse : petit avant-goût d'une année foisonnante de spectacles.
Issu de la vague rock de Rennes, Étienne Daho est l'une des personnalités musicales les plus influentes à être apparues sur la scène française de ces 25 dernières années. Une dizaine d’albums et une bonne quantité de tubes ont fait de cet « enfant du rock », au parcours pavé d’or et de platine, le chef de file de la pop française.
Né à Oran, Étienne Daho grandit à Rennes, principal foyer de la scène post-punk française : c’est sur la scène des fameuses Transmusicales qu’en 1980, ce jeune anglophile fanatique de musique débute sa carrière. Inaugurant l’année suivante le catalogue de Virgin France, il impose d’emblée son univers avec un premier album, Mythomane, enregistré avec Jacno et les musiciens du groupe Marquis de Sade. Dès 1983, Étienne signe ses premiers tubes avec Le Grand Sommeil et Week-end à Rome (sur l’album La Notte, La Notte). En 1986, son troisième LP, Pop Satori, marque un nouveau virage. Réalisé à Londres avec les membres du groupe Torch Song (parmi lesquels William Orbit, futur parrain de la techno et producteur de Madonna), ce disque est une ambitieuse tentative de marier la langue française à la musique électronique : dix ans plus tard, l’album Eden, faisant entrer dans la chanson les rythmes du trip hop ou de la drum’n’bass, enfoncera magistralement le clou. En attendant, Pop Satori et son cortège de hits (Tombé pour la France, Epaule Tattoo, Duel au soleil) marquent surtout le début de ce que l’on a appelé la « Dahomania », une popularité qui, 20 ans après, ne s’est jamais démentie. La personnalité singulière d’Étienne Daho fait l’unanimité, séduisant tous les publics, réconciliant les courants indépendants et la « variété », et suscitant nombre de vocations.
Homme de goût et passeur généreux, qui met à profit son influence pour lancer, relancer des carrières ou prêter sa plume (Jane Birkin, Jacques Dutronc, Marianne Faithfull…), Daho s’impose comme un musicien complet – auteur, compositeur, producteur, performer. Un musicien dont le parcours se nourrit de rencontres, comme en témoigne la liste des artistes qu’il a côtoyés, qu’ils soient musiciens (de Serge Gainsbourg à Air en passant par Brigitte Fontaine) ou artistes visuels (Guy Pellaert, Michel Gondry, Nick Night, Jean-Pierre Jeunet…). Un artiste à la fois discret et omniprésent, constant et insaisissable, qui se remet en question à chaque album et se révèle en allant vers les autres. En 1991, Daho est à New York, où il enregistre l’album Paris, ailleurs, colossal succès (les singles Saudade, Comme un igloo…) qui rend hommage aux labels Stax et Motown. Quatre ans plus tard, après un nouveau triomphe grâce à une reprise d’Edith Piaf (Mon manège à moi) et plusieurs productions pour d’autres artistes, on le retrouve à Londres, où il collabore avec le groupe pop Saint-Etienne : tiré de Reserection, mini-album à forte teneur électro-pop qui préfigure Eden, He’s on the phone, reprise de son Week-end à Rome, se classera numéro 1 dans les charts britannniques. En 2000, Corps et armes décline une opulence orchestrale illuminée par le soleil d’Ibiza, tandis que Réévolution (2003), son huitième album studio, le voit renouer, quinze ans plus tard, avec les tonalités rock de Pour nos vies martiennes.
Le parcours précurseur d’Etienne Daho, sans faute ni concession, a des allures de conte de fées : l’histoire d’un enfant du Velvet et du punk dont les morceaux, des Heures hindoues à If en passant par Le premier jour et Comme un boomerang, sont entrés au Panthéon de la chanson française.
Publié le 09 mai 2023 à 17h48
Etienne DAHO comme tous ceux que j'aime inspire ce que j'écris dont:
"Des paysages de Baudelaire et Nerval à acheter ici"
Un nouveau chroniqueur dans la matinale de France Inter ? Oui, mais de façon très temporaire. Étienne Daho a pris la place d’Aline Afanoukoé, de lundi à jeudi à 7h22. Pendant une semaine dans Daho & Co (une évocation de la savoureuse chronique longtemps tenue par Rebecca Manzoni), le chanteur loue les « compositions à la fois classiques et expérimentales » de The Last Shadow Puppets ; la « carrière solo fracassante » entamée par Dusty Springfield en 1963 avec I Only Want to Be With You ; le prolifique groupe Unloved (« qui s’est produit avec moi en 2019 à l’Olympia », précise-t-il) ; et enfin Dennis Wilson, « âme et belle gueule des Beach Boys ». Quatre pastilles plutôt sages, parfois un peu scolaires, où l’artiste laisse peu de place à ses enthousiasmes et émotions – à peine chantonne-t-il sur une chanson qu’il affectionne, ici ou là. Vendredi, il rendra sa place à la pétulante Aline Afanoukoé, qui présentera Tirer la nuit sur les étoiles, son nouvel album. Le même jour sera mis en ligne un épisode de l’émission Titre à titre (où un artiste vient ponctuellement présenter son disque), avant une diffusion sur les ondes vendredi 19 mai à 21h.
« L’idée est d’événementialiser la musique sur l’antenne, précise Jocelyn Perrotin, directeur de la musique à France Inter. Il s’agit de revendiquer davantage les partenariats et compagnonnages que nous nouons avec certains chanteurs, pour mieux développer notre prescription musicale. À Inter, nous avons peu de possibilités de spots promotionnels. Venant moi-même de l’industrie du disque, je pense que le meilleur marketing passe par l’éditorial. » Mais quid de l’auditeur friand d’informations et de regards critiques, en particulier en pleine matinale ? « Nous ne sommes pas dans une interview traditionnelle de promotion, tempère le cadre d’Inter. Au contraire, nous permettons à l’artiste de sortir des sentiers battus, de se montrer sous un autre angle. Étienne Daho a été très perfectionniste, il a voulu prendre le temps de choisir ceux qu’il allait présenter et d’écrire ses textes. »
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La chose n’est pas une première : en décembre 2022, la chanteuse Pomme avait livré deux semaines durant des chroniques sur Inter (Pomme & Co). Elle reprenait avec son autoharpe des « tubes 100 % féminins et parfois féministes », et les commentait sur un ton personnel, plutôt enlevé. Un exercice assez réussi, qu’elle avait mené quelques mois après la sortie de son album Consolation. Jocelyn Perrotin prévoit déjà une suite : « Nous aimerions renouveler l’opération trois ou quatre fois par an », indique-t-il. Au programme en juin, pour accompagner la fête de la musique, des chroniques mâtinées de chanson live signées Benjamin Biolay.
Il y a pile quarante ans, Étienne Daho se présentait au public avec la chanson Il ne dira pas, prélude à son premier album Mythomane. RTL a rencontré Étienne Daho en exclusivité à l'aube d'un automne de célébrations. Plusieurs livres ont été annoncés en librairie. Sa toute première chanson a été remixée par des producteurs et va ressortir en vinyle. Le condamné à mort, interprété avec Jeanne Moreau, sera réédité avec deux lives inédits le 5 novembre... Daho chante et nous enchante depuis quatre décennies. Comment vit-il cet anniversaire ?
"Ça paraît fou et ça paraît hier, c'est les deux, confie Étienne Daho au micro de Laissez-Vous Tenter. C'est passé en très peu de temps et d'ailleurs, ça continue. Ce qui m'intéresse aussi, c'est la suite. Et puis surtout, une relation qui dure avec le public qui a adopté un certain nombre de chansons. Donc tout ça, ça fait un lien très fort. J'ai de la chance. (...) J'ai fait un premier album en me disant que ce serait le premier et le dernier. Et puis, la rage m'est venue après le premier album. Je me suis dit : je peux faire mieux."
"Traverser le temps, c'est une fierté. C'est une histoire qui s'est écrite ensemble. En fait, avec le public, c'est quelque chose de très puissant. Chose à laquelle j'attache beaucoup d'importance et beaucoup de gratitude. C'est un cadeau fantastique. Ça se fait avec les autres, ce sont les autres qui vous identifient, qui vous offrent une place. "
"Je ne fais confiance qu'à mon instinct et je me laisse porter. J'ai fait des albums qui sont très différents les uns des autres. Il y a une unité qui doit être ma voix. J'imagine qu'on a un style sans s'en apercevoir. Je n'avais jamais appris à chanter. Je sortais de la fac, je chantais comme je parlais et c'est resté une marque de fabrique, appréciée ou caricaturée. Mais en tout cas, c'est une marque de fabrique", reconnaît-il.
Virus X, c'est la nouvelle chanson d'Étienne Daho. Cinq versions ont été créées. Ce mini-album collector est prévu le 19 novembre. Le 3 décembre, l'Académie Française célébrera aussi le chanteur. Après Barbara, Charles Aznavour, Alain Souchon ou Françoise Hardy, la Grande médaille de la chanson française sera remise à Etienne Daho. Une distinction décernée pour l'ensemble de son œuvre.
"C'est un très grand honneur. Je ne savais pas que l'Académie française avait un œil sur la chanson, donc ça a été une surprise, explique Etienne Daho. C'est un très beau cadeau. Et moi, les cadeaux, je prends. C'est vraiment quelque chose de très inattendu. Je ne sais pas d'où ça vient, mais en tout cas, merci."
"Donner à son travail le nom générique d'œuvre. C'est pas trop moi ça, mais en même temps, j'apprécie ça et j'apprécie le fait qu'on me le dise. Et de réaliser que mon travail a fini par laisser des traces et des bonnes traces qui font plaisir ou des traces inspirantes. Ça, c'est suffisamment rare. Je n'imaginais tellement pas que ça pouvait m'arriver un jour. C'est vraiment merveilleux. On a une langue absolument magnifique, qui n'est pas très simple à manier parfois. Je suis biberonné à la musique anglo-saxonne et j'essaie toujours de mélanger la musique anglo-saxonne avec des sonorités françaises. Des fois, j'essaie de les faire entrer au chausse-pied. Bien sûr, les mots ont un sens et surtout quand on a un métier comme le mien, où on ne peut pas raconter n'importe quoi, il faut vraiment essayer de fouiller en soi les choses les plus authentiques et les plus justes pour pouvoir les partager avec les autres. C'est essentiel."
"Les mots sont des amis qui nous aident à nous exprimer et à vraiment aller vers les autres. Et puis, on peut jouer aussi avec ; faire des formules", souligne Etienne Daho. "La chanson est un exercice très particulier. Je compare ça à des mathématiques, en fait, parce que quand je travaille une chanson, c'est un peu comme un exercice de math pour essayer de solutionner la chanson et qu'elle fonctionne. Et que tout d'un coup, quand on l'écoute, quand elle est finie, c'est comme si elle avait toujours existée, de la faire parvenir à une évidence."
"J'ai lu très tôt. Je suis passé très vite de la Bibliothèque verte avec le Club des cinq au Livre de poche", se souvient-il. "Je crois que j'ai lu mon premier livre de poche - c'était Le fantôme de l'opéra de Gaston Leroux - je devais avoir huit ans et après j'ai continué. J'ai attaqué tous les grands auteurs, j'étais grisé de mots. J'adorais ça. J'adorais lire, je me vautrais dans les mots des autres et dans les histoires des autres. Et la littérature a été une grande découverte, presque autant que la musique."
Etienne Daho est souvent présenté comme le parrain de la pop française. Son écriture a-t-elle changé depuis ses débuts ? "Je pense que ça a beaucoup évolué. Les premières chansons sont des chansons de très jeune homme, puisque le premier album est une collection de chansons que j'ai commencé à écrire depuis l'âge de 15 ans", rappelle-t-il. "Et puis, après 30, 40, 50, 60 ans... Évidemment, on change, pas sur la base, pas sur l'essentiel, mais on affine ce qu'on est".
"Apprendre des autres, apprendre de soi-même, ça nourrit les chansons, ça les fait devenir plus matures, plus profondes, plus belles. Même s'il y a plein de chansons des débuts qui ont beaucoup de qualités, les qualités de la fraîcheur, de la légèreté. Je pense qu'aujourd'hui, je suis bien meilleur", dit-il. "Les derniers albums me le prouvent, même si je sais que les gens sont toujours très attachés au passé. Le public est marqué par les chansons des débuts, mais j'ai toujours été très exigeant avec moi-même, très dur avec moi-même, ce qui fait que je ne me suis jamais vraiment laissé aller à l'autosatisfaction ou au plaisir, même quand j'aurais dû me lâcher parce qu'il y avait une série de bonnes surprises, notamment après les concerts, etc. J'ai toujours envie que ce soit tellement parfait. Je me pourris la vie avec la perfection. La perfection n'existe pas. Je ne l'ai pas encore compris. Ça viendra !", plaisante-t-il.
Etienne Daho nous révèle ce matin qu'il a débuté l'écriture de son treizième album studio. "Je viens de terminer la première chanson, donc je suis un peu grisé parce qu'en fait, entre chaque album, j'ai toujours l'impression que je ne saurai plus jamais comme on fait. Donc, il y a une espèce de panique et puis en même temps, d'être un peu en compétition avec ce que j'ai fait de mieux. Donc, je me dis bon, voilà 40 ans, est-ce que je n'ai pas tout dit ? Qu'est-ce que je n'ai pas exprimé ? Comment je peux le faire ? Je suis un peu intimidé par ça. Et le fait d'avoir commencé déjà, je me sens un peu mieux. Je peux un petit peu plus détendu."
"Il y a déjà des musiques qui viennent beaucoup plus facilement que les textes. Ça commence bien. Vraiment. Je ne sais pas encore quel sera son identité, mais je ferai tout pour qu'il sorte en 2022". 2022, année où il prendra aussi la route comme directeur musical avec Jane Birkin parce qu'elle va mieux, il nous l'a confié. "Elle va bien, c'est quelqu'un qui a beaucoup de volonté, de force intérieure. C'est quelqu'un qui a beaucoup d'énergie. Elle est exceptionnelle, vraiment", insiste-t-il. "Elle va beaucoup mieux, c'est quelqu'un qui est dans l'action quoi qu'il arrive, elle trépigne ! On espère vraiment être sur scène en début d'année". La chanteuse a été victime d'une forme légère d'AVC cet été. Etienne Daho avait composé et coproduit son dernier album.
Sophie Marceau, 47 ans, actrice et réalisatrice, est née à Paris. Crédits photo : Jesse Frohman/Contour by Getty Images
La fraîcheur et le naturel de l'actrice révélée par La Boum ont séduit 36 % des internautes, qui l'ont élue Parisienne de l'année, suivie par NKM, Leïla Bekhti et Charlotte Gainsbourg.
Ce n'est pas faute - avec le nom d'autres prétendantes au titre - d'avoir essayé de noyer le poisson. Dans ses yeux vert noisette, sa brunitude soignée mais sauvage, et même son décolleté, arme de réputation massive. Las! Raflant plus de 36 % des votes (sondage du 21 au 28 février sur lefigaro.fr), Sophie Marceau est celle qui, en 2014, incarne le mieux la Parisienne, selon les internautes. À l'écran, elle fut lycéenne, étudiante, fille de d'Artagnan, James Bond Girl, maman divorcée puis «trop cool», femme d'affaires. À la ville, très jeune mariée, deux fois mère, marraine, réalisatrice, égérie parée de pierres aussi précieuses qu'elle se veut rare dans les médias. Une citadine dont les admirateurs, sur la Toile, louent «la fraîcheur», «le naturel».
Sur les rangs également, Nathalie Kosciusko-Morizet qui - avec 16,5 % des suffrages - se place en deuxième position. Son «élégance» et son «intelligence», dixit ses inconditionnels, ont ici creusé l'écart avec son opposante dans les urnes, Anne Hidalgo (2,6 % seulement). Mais le style NKM n'est pas le seul à créer la surprise, puisque la comédienne Leïla Bekhti monte sur la troisième marche du podium, à touche-touche avec Charlotte Gainsbourg (9,6 %) et Julie Gayet (8,7 %). La gourmandise de Julie Andrieu, l'aplomb de Louise Bourgoin, le professionnalisme d'Anne-Sophie Lapix et la taille de guêpe de Charlotte Le Bon auront donc moins fait le poids face à ces nouvelles icônes parisiennes. Pour mémoire, le palmarès 2009 du Figaroscope couronnait Inès de la Fressange, Emma de Caunes, Chiara Mastroianni, Valérie Lemercier et… Carla Bruni-Sarkozy.
Nathalie Kosciusko-Morizet. Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro
Le XVe, Sèvres, le VIe et aujourd'hui le XIVe: NKM ne saurait s'épanouir ailleurs que sur le bitume parisien, sinon peut-être… dans une piscine («mon moment de détente, de décompression»). À presque 40 ans, cette écolo-bobo, lève-tôt (pour ses enfants) et couche-tard (après le théâtre, par exemple), doit sa réputation à un franc-parler incisif et accéléré tout comme au choix de ses souliers. Son «lâcher de chignon» (auquel elle préfère de plus en plus la crinière en liberté), un sens aigu de la repartie tout sourire et un maquillage façon less is more complètent cette panoplie de séduction massive. On connaît plus d'un Parisien qui est déjà tombé sous le charme de cette sophistication envoûtante, vive et pétillante comme du champagne.
Leïla Bekhti. Crédits photo : THIERRY LEBRALY/Madame Figaro
Elle n'est que grâce, charme, intelligence. Yasmine est son premier prénom et aussi celui du personnage qu'elle incarnait dans Sheitan, ses débuts. Elle n'avait pas 20 ans. L'âge ou presque de Lila dans Tout ce qui brille, où Paris lui semblait déjà trop loin de sa banlieue (Puteaux) et où il fallait porter le bon sac pour en être. Depuis Le Prophète, qui marqua sa rencontre avec Tahar Rahim, son mari depuis 2010, la belle et délicate ne cesse de tourner pour le cinéma et la télévision et de recevoir des prix. Elle n'a abordé le théâtre que pour s'amuser avec son ami Édouard Baer dans À la française. Son regard profond, sa voix harmonieuse, sa silhouette de tanagra, son goût sûr en font une Parisienne comme on les préfère. Une amoureuse de la vie au sourire éclaboussant qui n'oublie ni ses racines algériennes ni sa jeunesse d'ardente banlieusarde.
Charlotte Gainsbourg. Crédits photo : Nicolas Guerin/Contour by Getty Images
Elle a du chien et de la grâce et beaucoup d'esprit. Mais ce qui fait son charme le plus profond, c'est cette alliance rare d'une artiste audacieuse, qui aime le danger, le dépassement de soi, et d'une femme discrète du VIIe, pudique et parfois presque timide. Avec cran, elle a surmonté les chagrins, les épreuves. Elle est forte d'âme et généreuse de cœur. L'enfant de la balle a en elle la détermination d'une femme qui a pris depuis longtemps en main son destin. Yvan Attal était sur son chemin. Trois enfants et une vraie famille d'artistes avec ses joies lumineuses et ses responsabilités les lie. Le bonheur à la manière Birkin: l'élégance naturelle, et toujours parisienne.
La Parisienne 2014 : Sophie Marceau, indétrônable
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LE MONDE | 22.05.2014 à 15h05 • Mis à jour le 22.05.2014 à 15h11 | Franck Nouchi
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A Cannes, Steven Spielberg lui confia n’avoir jamais vu au cinéma une histoire d’amour aussi belle. A Hollywood, elle côtoya les plus grandes stars : Cate Blanchett, Clint Eastwood, Bruce Dern… Il y eut aussi cette visite de Sean Penn à son hôtel. Lui aussi avait adoré La Vie d’Adèle, et voilà qu’il lui proposait un rôle dans son prochain film, aux côtés de Javier Bardem et de Charlize Theron ! Se souvenant de cet instant magique, elle rayonne : « J’ai peur ! J’ai peur ! » Le film devrait s’appeler The Last Face. Tournage cet été en Afrique du Sud dans un camp de réfugiés. Elle jouera le rôle d’une stagiaire en chirurgie.
Adèle Exarchopoulos ou l’extraordinaire aventure d’une petite fille élevée dans le 18e arrondissement de Paris. Un papa cadre au Palais omnisports de Paris-Bercy, une maman infirmière, deux petits frères. Scolarité au lycée Racine – « j’ai pas du tout aimé » –, le bac L raté d’un point : « J’avais envie de leur dire : ça va, donnez-le-moi ce point ! Je ne vais quand même pas me retaper une année pour un point ! » Ils n’ont pas voulu.
Nouvelle année de terminale. Trois mois après la rentrée, « le » casting. « La » rencontre : « Abdel ». Tant pis pour le bac. Elle rigole : « La Vie d’Adèle est mon plus beau diplôme ! »
Elle est comme ça, Adèle. Déterminée et pleine de doutes à la fois. Pendant cette année de promotion du film sacré à Cannes, sa mère n’arrêtait pas de lui dire : « Tu grandis trop vite ! » Elle en a quand même profité pour faire un peu de cinéma : un petit rôle dans Qui vive, de Marianne Tardieu, avec Reda Kateb – « un génie » –, et Rashid Debbouze, film présenté cette année à Cannes dans la sélection de l’ACID ; et un court-métrage, réalisé par Louis de Caunes.
A présent, elle n’a qu’une envie : retrouver le chemin des plateaux de tournage. « J’adorerais jouer dans une comédie. Le problème, ici, en France, c’est qu’elles ne sont pas vraiment drôles. Rien à voir avec ce qui se fait aux Etats-Unis. Jim Carrey, Judd Apatow, j’adore ! » Elle ajoutera trois vacheries à l’encontre de cadors du cinéma commercial français. Dans son intérêt, nous avons préféré ne pas les reproduire.
Elle n’en a pas l’air, mais elle assure être « l’une des filles les plus angoissées de Paris ». Obsédée par la crainte de décevoir. « C’est quoi, ce délire ? J’ai eu une chance incroyable, une sorte d’alignement des planètes, une Palme, un César, le tour du monde, les plus belles robes. Mais à ma mère qui va travailler tous les matins à l’hôpital, personne ne dit rien. Pas un merci. On devrait, pourtant… »
Putain ! Qu’il me manque ! J’arrête pas de lui envoyer des textos. »
Parler avec Adèle fait du bien. Sa fraîcheur, sa franchise, son sens de l’altérité tranchent avec les éléments de langage que l’on entend lors des promotions de films. Elle s’inquiète de la montée du Front national et du racisme dont sont victimes « les blacks et les lesbiennes », mais on sent bien que son sujet est ailleurs : le cinéma. Son métier d’actrice. Abdel.
« Putain ! Qu’il me manque ! J’arrête pas de lui envoyer des textos. » C’est peu dire que son travail avec Kechiche l’a marquée. « On s’est aimés très fort tous les trois, Abdel, Léa et moi. Mais un trio, c’est compliqué… » Elle pourrait en parler des heures. « Abdel, ce n’est ni la victime qu’il voudrait ni le tyran qu’on croit. C’est juste autre chose. Le genre de personne avec laquelle je pourrais traîner dix ans, mais je ne pourrais jamais te dire qui il est. »
Des regrets concernant cette polémique à propos de La Vie d’Adèle ? « Je m’en fiche. Je sais qu’Abdel sait ce que je ressens pour lui, et moi je sais ce qu’il ressent pour moi. J’ai juste le regret que Léa ait quitté la promo à cause de tout ça. Il aurait peut-être suffi qu’on prenne un café tous les trois… »
C’est Adèle, l’adulte du trio. Elle qui sait prendre du recul sur les choses. Elle qui appréhende la complexité d’une telle situation. « Beaucoup de bêtises ont été dites. Personne n’a jamais manqué de quoi que ce soit sur ce film. Sauf peut-être de joie de vivre. Abdel est un cinéaste qui aime travailler dans l’épuisement, dans une sorte d’état second. »
D’autres actrices l’ont dit : quand on a tourné une fois avec Kechiche, c’est compliqué ensuite de passer à autre chose. « Je me dis que je ne serai jamais aussi bonne qu’avec lui. Quand je serai avec Sean Penn, j’aimerais l’avoir dans ma poche. Et qu’il en sorte au moment où il faudra que je me mette la pression. »
C’est dit : Abdellatif Kechiche lui manque. Elle donnerait tout pour tourner à nouveau avec lui. « Ce que j’ai appris de moi pendant le tournage de La Vie d’Adèle, je n’arrive pas encore à le dire. Je sais juste que j’ai gagné cinq ans en maturité. A présent, je connais mes faiblesses et mes forces, j’assume mes doutes. En cinq mois, Abdel m’a éduquée comme on ne m’a jamais éduquée en dix-huit ans à l’école. Il m’a donné les clés. Est-ce que je saurai m’en servir ? Je ne sais pas… »
Elle aurait aimé tourner dans Tenue de soirée (1986), de Bertrand Blier – « les plus beaux dialogues que je connaisse ». Elle voudrait qu’un jour Tony Gatlif pense à elle pour un film. En attendant, après Sean Penn, elle retrouvera Sara Forestier, une autre actrice de Kechiche. Sous sa direction, elle jouera le rôle d’une femme bègue. « Une vraie composition. Le rôle parfait pour me prouver que je suis devenue une véritable actrice. » Qu’Adèle ne s’inquiète pas : quelque part, au fond de sa poche, Abdel sera là.
La semaine prochaine :
Thomas Pesquet, astronaute
Clef
1993 Naissance à Paris
2007 « Boxes », de Jane Birkin
2010 « La Rafle », de Roselyne Bosch
2013 « Des morceaux de moi », de Nolwenn Lemesle
2013 « La Vie d'Adèle », d'Abdellatif Kechiche. Palme d'or à Cannes