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Rechercher : genou

  • Le monde est All Black

    Par David Reyrat
    23/08/2010 | Mise à jour : 11:54

    Menés par leur capitaine Richie McCaw (à droite), les Néo-Zélandais ont remporté un nouveau Tri Nations en Afrique du Sud.
    Menés par leur capitaine Richie McCaw (à droite), les Néo-Zélandais ont remporté un nouveau Tri Nations en Afrique du Sud. Crédits photo : AP

    RUGBY - À un an de la Coupe du monde organisée sur ses terres, la Nouvelle-Zélande impressionne.

    Les Springboks du fier capitaine John William Smit y croyaient. Les All Blacks allaient enfin tomber en 2010. Une minute à jouer et l'Afrique du Sud mène 22 à 17. Les 94 700 spectateurs du National Stadium de Johannesburg hurlent leurs encouragements… sans l'aide des insupportables vuvuzelas. John Smit harangue sa troupe. C'est un jour particulier pour le talonneur, celui de sa centième sélection. Las ! Ce diable de Richie McCaw s'échappe et aplatit en coin un essai pourtant entaché d'une passe en avant.

    Dan Carter, devenu quelques minutes plus tôt le meilleur marqueur de l'histoire du rugby (1 118 points, dépassant les 1 111 de l'Anglais Jonny Wilkinson), rate la transformation. 22-22 et quelques secondes à jouer. Quelques secondes de trop. Un ballon perdu et le contre s'enclenche, conclu par le jeune ailier Israël Dagg. 29-22. La Nouvelle-Zélande s'adjuge son dixième Tri Nations. Un genou à terre, John Smit pleure. Et la planète ovale compatit, inquiète.

    Qui pourra arrêter ces irréductibles All Blacks dans leur marche en avant ? «Nous avons fait preuve de caractère pour arracher dans un contexte hostile l'une de nos plus belles victoires», souligne, radieux, le sélectionneur Graham Henry. Bientôt un an que ses joueurs emportent tout sur leur passage. Quatorze victoires depuis une humiliante défaite, le 12 septembre 2009 à Hamilton, face… à l'Afrique du Sud (29-32). Toutes les nations majeures sont depuis tombées face aux hommes en noir. La France n'a pas existé, en novembre dernier, laminée à Marseille 39 à 12.

     

    Mental soluble dans la pression 

     

    Les Néo-Zélandais sont forts devant, talentueux derrière, et semblent bénéficier de la mansuétude des arbitres. Peut-être, un peu, mais d'autres chiffres assoient la domination, donnent le vertige. Vingt essais aplatis lors des cinq matchs de la compétition majeure de l'hémisphère Sud, 161 points inscrits au total. À treize mois de «leur» Coupe du monde, l'équipe à la fougère argentée en est le grandissime favori. Sauf que…

    Depuis leur premier et unique sacre, en 1987, les All Blacks ont toujours péché au moment fatidique. Lors de la dernière Coupe du monde, en 2007, les Français leur ont barré la route, comme en 1999. La preuve d'un mental soluble dans la pression. Or celle-ci, dans un an, sera monstrueuse. Autre danger, celui de perdre leur homme-orchestre, Dan Carter. La preuve que le pire peut survenir, l'immense numéro 10, touché à la cheville samedi, va subir une opération qui le tiendra éloigné des terrains pendant huit semaines. Sûr que tous les supporteurs néo-zélandais prient pour que cela n'arrive pas dans un an…

     

  • Albrecht Dürer (1471 - 1528) :”Ce qu'est la beauté, je l'ignore”

    Contrairement à ce qui se passe pour la majorité des artistes de la Renaissance ayant vécu au nord des Alpes, nous savons tout de la vie d'Albrecht Dürer (1471-1528). L'hypersensibilité de l'artiste, prompt à traduire en écrits et en images, les faits, grands et petits, de sa vie personnelle et à les conserver de façon quasi maniaque ; son recours fréquent à l'autoportrait, genre dont il est le pionnier ; l'habitude qu'il a de dater ses œuvres, en y ajoutant parfois des textes explicatifs ; l'intérêt tout à fait inhabituel qu'il suscita chez les humanistes de l'époque ; la coïncidence qui l'amène à se trouver dans des villes, à des moments et dans des situations d'une importance capitale pour le sort de l'Europe ; les études ininterrompues dont il a fait l'objet : Tous ces éléments fournissent une abondante moisson d'informations, limitant à des aspects presque marginaux les points d'interrogation sur sa vie et son œuvre. À quarante ans, Dürer est un intellectuel engagé, qui rédige d'ambitieux traités théoriques, qui dialogue avec les penseurs et les hommes de science, qui a ses propres idées et ses propres théories sur l'art ; il exprime avec autorité son avis personnel sur l'histoire, la nature, l'homme, la religion. Et c'est pourtant à ce moment qu'avec la phrase "Ce qu'est la beauté, je l'ignore", Dürer évoque clairement, douloureusement, le nœud gordien de son activité d'artiste et d'homme cultivé. Tout au long de sa carrière semée de centaines d'images peintes, dessinées ou gravées, Dürer a recherché une définition de la beauté. Il y a consacré une vaste gamme de facultés humaines, d'expériences sensibles, d'efforts intellectuels. Dans les écrits qu'il a laissés, Dürer insiste à plusieurs reprises sur cette expérience décevante de la recherche du secret de la beauté absolue que l'on approche jusqu'à l'effleurer avant de la sentir, soudain, s'enfuir. Il est tout à fait conscient de sa grandeur personnelle en tant que peintre, mais cette conscience lui rend d'autant plus insupportables les limites de l'art et de la science.

     

    Dûrer, Mélancolie

    Mélancolie I, gravure, 1514, Albrecht Dürer, (Kupferstichkabinett, Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe). Cette figure qui a occupé les chercheurs et les interprètes durant des siècles et dont l'imagination n'est capable de saisir qu'une partie de la puissance d'un corps caché derrière une robe éparpillée au milieu de toute une panoplie d'instruments et d'outils. La tête dans la main gauche soutenue par le genou, son visage est plongé dans la pénombre, comme pour mieux exprimer la sombre humeur qui emplit le mélancolique. L’œuvre, doit sans doute être vue comme un autoportrait spirituel de l'artiste - et, plus généralement, de l'Artiste moderne - qui aspire à cette Connaissance suprême, à cet Idéal artistique inaccessible.

    http://www.aparences.net/nordiques/nordiques2.html

  • Mon activité physique et ma santé

    Aujourd'hui 29: 2,6 km à la piscine + 2,56 à pied

    J'ai vu le fasciathérapeuthe; pour quelqu'un qui n'aime pas rester sans bouger, ni rien faire, c'est pénible; reste à voir si ça a agi sur mes céphalées...

    28: rendez-vous avec un fasciathérapeuthe pour soulager notamment mes céphalées de tension:

    https://www.santemagazine.fr/medecines-alternatives/therapies-manuelles/fasciatherapie-177003

    http://www.doctissimo.fr/html/sante/encyclopedie/cephalee-tension.htm

    0,57 km à pied

    mardi 27 AOUT: 0,79 km + ETIREMENTS ET GYM

    + danse et chant

    Les nouveaux traitements pour mes céphalées ne semblent pas faire effet pour l'instant... sauf secondaire

    LUNDI 26 aout: 2 km à la piscine+ 0,64 à pied

    dimanche 25 AOUT: 0,68 km à pied + danse et step + poids et élastique 30 minutes

    samedi 24 AOUT:2,24 km + gym et étirements

    vendredi 23 AOUT: 1,85 km à pied + gym et étirements

    jeudi 22: journée ordi et douleurs

    21 AOUT: 4,06 km à pied 

    +2,5 km à la piscine

    20 AOUT:0,31 km+  gym

    19 AOUT: seulement 1 km 200 à la piscine

    car je n'avais dormi que 4h avec des douleurs partout

    Visite au Centre anti-douleur pour mes céphalées de tension

    Essai d'un nouveau traitement

    2km à pie

    Dimanche: danse (et chant), step, abdos, poids, fessiers + 0?65 KM

    Samedi: élastiques et marche:3,3 km

    Vendredi: danse et 1,4 km à pied

    Jeudi: 2 km à la piscine

    Mercredi: gym et 1,8 km de marche

    IRM GENOU Les cartilages sont amincis

    Mardi: piscine et 3,64 km de marche

    dernier jour de voyage, le 12 août 2019:6,85 km de marche 

    11 août 2019:6,28 km

    10 août :3,27 km

    9:4,95 km

    8 :6,24 km St Gall

    7:7,41 km Zurich en Suisse

    6:5,11 km :Allemagne et Mulhouse

    5: 11,87 km

    4: 11,51 km Darmstadt

    3:5,48 km Allemagne

    2:10,8 km Charleville

    1 er AOUT:4,35 km

    31 juillet 2019: 3,79 km

    30 juillet :3,86 km St Quentin

    29 juillet:16,13 km notre record depuis que j'ai cette appli sur mon portable

    28 juillet:10,33 

    27 juillet:11,67 km Paris

    26 juillet 2019, jour du départ:7,88 km Montargis

    + étirements, abdos, élastiques 

    + tapis quand je suis restée 3 jours à St Quentin et Mulhouse et que j'avais la place pour le mettre

  • Sport du 25 novembre au 17 décembre 2021(douleurs et vie quotidienne)

    Bonjour  à tous

     

     

    Je m'appelle Laura VANEL(nom de naissance)-Coytte(nom de mon mari décédé) et je suis auteure de 14 livres en vente sur mon blog par les bannières tout autour de mon blog.

     

    Je suis aussi écrivaine publique,documentaliste(professeur),traductrice, correctrice avec mon entreprise.

     

    Si vous avez besoin par exemple d'un poème à offrir pour NOEL

    Contactez -moi par le formulaire à droite de ce blog

     

    Et

     

    <p>Veuillez trouver ci-dessous les dernières publications du blog Laura Vanel-Coytte:ce que j'écris,

    ce(ux)que j'aime: presse, sport,art,DAHO,Marceau etc.

     

    qui inspire ce que j'écris ici et ailleurs

     

    Merci de me lire, d'acheter mes livres et de vous intéresser à moi

     

    Bonne journée à tous

     

    25:presse du jeudi

    gares

    2 e travail

    2,12 km

     

     

    gares

    dentiste

    pour ma dent perdue

    bu

    2,59 km

    + gym

    26:7,38 km

    + gym

    27: portes ouvertes à mon 1 er établissement le matin

    + danse

    28:0,95 km

    29:3,82 km+ gym

    30: 4,16 km à midi

    7,58 km le soir

    2e-3 e dose

    mal au bras, c'est tout, comme pour la grippe

    1 er décembre:1,5 km à la piscine

    5,18 km à pied

    2 décembre

    formation vers chez moi puis cdi 2

    3,16 km à midi

    5, 05 km le soir

    3:3,74 km + HIIT

    4: rangement, ménage et danse

    notamment orientale

    5 marché, boulangerie,supermarché:

    1,55 km

    + hiit

    6:3,36 km

    7:2,27 en arrivant à mon cdi 2

    6,29 le soir

    8:1,5 km à la piscine

    +1,89 km à pied

    9:2,22 km

    dentiste: après le pansement , du permanent pour ma demi-dent perdue

    5,23 le soir

    10:3,55 km

    11:1,55 + danse

    12: marché

    1,49 km

    +HIIT

    + douleurs intenses aux épaules, dos, genou:

    https://www.inserm.fr/dossier/arthrose/#:~:text=L'arthrose%20est%20la%20maladie,'une%20sur%20l'autre.

    https://www.medtronic.com/fr-fr/patients/pathologies/discopathie-degenerative.h

    13: grève train

    5,65 km

    + vélo

    14:7,02 km

    15:1,750 à la piscine

    +3,56 km à pied

    16:2,21 km en arrivant au travail 2

    5,46 le soir

    17:5,6 + gym

     

     

     

  • Springsteen très cash

    Par SABRINA CHAMPENOIS

     

    Rock. Avec «Wrecking Ball», le Boss signe la BO indignée des ravages de la crise économique aux Etats-Unis.

    Dans ce dix-septième album, Bruce Springsteen règle ses comptes avec les banques. - Danny Clinch
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    Quarante ans après ses débuts, est-il raisonnable d’écouter, attentivement s’entend, un nouvel album de Bruce Springsteen ? N’en a-t-on pas ras le bandana du numéro de working class hero, d’accord né plouc le 23 septembre 1949 à Long Branch, New Jersey, mais entre-temps promu «Boss» planétaire remplisseur de stades à 80-100 euros la place ? Bref, hormis l’effet memorabilia-doudou, qu’on peut aussi trouver dans le come-back de Leonard Cohen ou l’expo Dylan, à quoi bon Wrecking Ball ?

    A la façon de The Rising qui, il y a dix ans, faisait écho aux attentats du 11 Septembre, ce 17e Springsteen répond explicitement à un trauma d’actualité : la crise financière post-Lehman Brothers. Wrecking Ball signifie «boule de démolition», celle utilisée sur les chantiers pour ébranler les buildings. Titre idoine pour la cause ici défendue, l’Amérique fissurée, entamée, ruinée, expropriée : Springsteen, qu’on sait depuis Nebraska apte au spleen jusqu’à la neurasthénie, s’en fait le porte-voix hargneux, vindicatif, revanchard.

    «Vautours». Genou et moral à terre («Chérie, je me suis déjà senti mal, mais jamais aussi mal/ J’ai déjà été perdu, mais jamais aussi perdu», dans This Depression), Sisyphe US sacrificiel (Jack of All Trades) qui peine à trouver l’issue dans l’obscurité, dans un monde qui a dévissé (Shackled and Drawn). Mais capable d’un pétage de plombs assumé («Si je trouvais un flingue, j’alignerais ces salopards») ou d’un hold-up à la Bonnie & Clyde (Easy Money).

    L’ex-militant pro-Obama, aujourd’hui plus circonspect et plutôt partisan d’Occupy Wall Street, a les responsables alignés dans le viseur. Sus aux fat cats (les richards) qui ricanent du malheur des faibles, qui «détruisent nos familles, usines, et qui prennent nos maisons, qui laissent nos cadavres aux vautours». Haro sur ces «voleurs cupides» de banquiers qui s’engraissent sur le dos des cols bleus, dans une énième amère répétition de l’histoire.

    Au total, un constat aux échos churchilliens, qui reconnaît la sueur, la peine et les larmes, tout en promettant façon méthode Coué d’autres lendemains, voire la victoire - «les mauvais moments vont et viennent», «on va s’en sortir».

    L’entrain, de fait, prévaut côté son. Résultat : une ambiance folk-rock à incursions et extensions irlandaises, New Orleans ou mexicaines, rappelant les fraternelles Seeger Sessions. C’en est souvent paradoxal et les saturniens regretteront une option crépusculaire, à vraiment toucher le fond. Le parti pris n’est pourtant pas inintéressant, pour Death to My Hometown notammment, au texte très balle dans le slip, ou encore pour la gigue des morts finale, au fond hyper flippante (We Are Alive).

    Autodérision. Dommage que l’affaire tourne ici et là à la grosse cavalerie néopatriotique (We Take Care of Our Own). Un morceau plombé par la batterie comme This Depression donne des envies immédiates de version acoustique. Et les bouffeurs de curés pourraient caler devant les envolées «godesques» qui boursouflent le gospel de service Rocky Ground. Mais la voix, tout du long, est superbe, pas forcément bûcheron comme le veut la légende. Témoin, You’ve Got It, où l’organe s’enroule tel le serpent sur une invite («C’mon and give it to me») aux réminiscences de I’m on Fire.

    Vu l’énergie intacte du bonhomme, tout cela devrait valoir en concert quelques séquences de communion collective à la hauteur de la réputation du mega showman-prêcheur. Sachant que BS ne manque pas de distance ni d’autodérision, comme le prouve sa récente reprise de I’m Sexy and I Know It de LMFAO, en duo avec l’humoriste Jimmy Fallon déguisé en Neil Young

     

    Bruce Springsteen CD : Wrecking Ball (Columbia/Sony Music). En concert le 19 juin à Montpellier, les 4 et 5 juillet au POPB Paris-Bercy (XIIe).
     
     
  • Sport du 3 au 23 septembre 2023, douleurs et vie quotidienne, pertes et profits LES COMMENTAIRES SONT FERMES SUR CE BLOG

    Tous les jours  matin etsoir: abdos
    Planche de face et latérales, squats avec haltère

    du lundi au samedi avec Nagui et les maestros de 18h40 à 19h40: danse

    réveils à 5h45(portable) et 6h(réveil de mon mari et le mien)

    bus à 100 m de chez moi le lundi jusqu'à justedevant mon établissement

    mardi: tram pour aller au marché avant  le travail

    mercredi : tram, presse

    jeudi: tram, presse

    vendredi: tram, presse marché

    horaires de travail à plein temps  à Saint-Etienne

    lundi, mardi et jeudi:7h45-11h30/12h30-17h

    mercredi:7h45-11h30/12h15-13h45

    midi : pique-nique marche( parfois courses et déca en terrasse)

    retour toujours en bus

     

    DIMANCHE 3:marché aller retour à pied

    1,47 km

    lundi 4: 2,30 km

    mardi 5: 2,84 km

    mercredi 6: médiathèque le midi pour mon travail: atelier philo en novembre et visite en novembre de la médiathèque

    psy

    courses

    pharmacie

    5,13 km

    jeudi: médiathèque pour moi lesoir

    3,83 km

    vendredi 8: 2,65 

    piscine

    douleurs

    physiques  anciennes

    tête tout le temps: froid

    épaule surtout gauche: très compliqué pour dormir: chaud et massage électrique

    dos chaud et massage électrique

    genou au toucher: 1 genouillère pour la journée et 1 pour la nuit + froid

    nouvelles douleurs:

    colique 

    aigu au genou: froid

    mains et chevilles(froid): douleur revenue après une agréable absence

    douleurs morales: les "amies" qui se moquent de mes problèmes  d'appartement

    les gens qui se plaignent sans cesse et vous interdisent  de vous plaindre

    et se moquentde votre solitude et de votre peur

    samedi 9: cinéma:bof cf. les fantômes d'Istanbul

    1,76 km + danse

    DIMANCHE 10:marché

    aller retour à pied 

    cadie et sac plein

    1,76 km

    lundi 11:2,60 lm + danse

    mardi 12:1,68 km+ danse

    mercredi 13: 4,16 km

    + danse

    jeudi: 14:3,03 km

    vendredi 15:4,33 km

    samedi 16:3,70 cinéma

    dimanche 17:1,57 marché

    lundi 18:4,30 km

    mardi 19 19:2,20 km

    mercredi 20:4,07 km

    jeudi 21:3,31 km

    vendredi 22: tram: ça me manque de e plus lire da mon journal du vendredi dans le tram

    presse du vendredi :nouveau marchand de journaux près de mon travail

    marché près de mon travail, c'est pourquoi, j'y vais le mardi aussi en me levant à5h45

    salade frisée, nouvelle, lollo

    chou fleur violet

    pommes

    poires de différentes sortes

    prunes vertes

    peches

    fraises

    mûres

    yaourts au petit supermarché(il y en a beaucoup en ville où je travaille maintenant) car mon fromager sur le marché n'en avait plus

    baguette et pâin au levain

    tram

    piscine:1,5 km

    bus

    4,84 km

    LESSIVE COULEUR

    oubli du maillot et de ma serviette sechage rapide

    je laverai le maillot dans la baignoire

    samedi23

    grasse mat1h après mon horaire de travail 8h45 grâce à mes gouttes magiques

    élancements , douleurs aigues dans le dos dés le petit dej

    après la gym du matin

    internet

    bain, gommage et massage visage

    gommage corps+ savon noir à la marocain

    + gants de hammam

    gommage pieds

    vinaigre de rinçage cheveux

    lecture des magazines du vendredi grâce à mon coussin et mon pupitre de bain 

    guiness/salade lollo

    cabillaud courgette féculents pas encore choisis

    yaourt de brebis

    framboise

    whysky écossais pour dormir

    lecture

    sieste

    changement et lessive de draps

    rangement des vêtements d'été

    FORMATION1

    dans ma boîte aux lettres 

    cardio HIIT en regardant le pape à Marseille où j'ai tant marché

    lecture presse

     avec mes massages électriques,mon chaud

    mal aux mains et à la cheville: froid comme sur mon genou

    soupe chou blanc, carottes, petites pâtes à potage

    salade lollo

    yaourt de brebis

  • Mort de Jean-Claude Brialy. Ma revue de presse.

    d82f9d8a70eeb3b83ea9518fd1e10239.jpgQuelle tristesse quand j'ai entendu cette nouvelle ce matin et même si tout le monde en parle, ce n'est pas une raison pour que je n'en parle pas puisque ce blog s'intitule "ce que j'écris, ce(ux) que j'aime."

     

     

     

     

    VOICI L'ARTICLE SUR LE SITE DE FRANCE 2:

    L'acteur et réalisateur Jean-Claude Brialy est mort mercredi à son domicile à 74 ans des suites d'une longue maladie

    Grande figure du cinéma et du théâtre, il avait joué dans une centaine de films au cours d'une carrière qui s'est étendue sur une quarantaine d'années.

    Apparu pour la première fois au cinéma en 1956 dans "Elena et les hommes" de Jean Renoir, Jean-Claude Brialy avait été révélé en 1958 par sa performance dans "Le beau Serge" de Claude Chabrol.

    Il  fut notamment l'interprète de Louis Malle ("Ascenseur pour l'échafaud", 1957, "Les amants", 1958), Claude Chabrol ("Le beau Serge", 1958, "Les cousins", 1959), François Truffaut ("Les quatre cents coups", 1959), "Eric Rohmer ("Le genou de Claire", 1970).

    Réalisateur, à la télévision et pour le grand écran, il signa notamment une dizaine de films, dont ""Eglantine" (1971) et "Les volets clos" (1972).

    Personnalité de la vie mondaine parisienne, il était également le propriétaire d'un théâtre de la capitale, "Les Bouffes parisiens".

    Il avait tourné son dernier film pour la télévision en 2006, "Monsieur Max" (Gabriel Aghion). Il avait également écrit plusieurs livres de souvenirs à succès "Le ruisseau des singes" (Robert Laffont, 2000) et "J'ai oublié de vous dire" en 2004 (XO éditions).

    Publié le 31/05 à 10:18
    Brialy, acteur et réalisateur

    Jean-Claude Brialy, était né le 30 mars 1933 à Aumale, en Algérie, et avait vécu son enfance au rythme des mutations de son père, colonel.

    Après le baccalauréat, il s'inscrit au Conservatoire de Strasbourg, où il obtient un premier prix de comédie, puis au Centre d'art dramatique de l'Est.

    Au service militaire, il est affecté au service cinéma de l'armée, où il tourne dans son premier court métrage. Il sympathise avec plusieurs comédiens en tournée, dont Jean Marais, qui l'encourage.

    Arrivé à Paris en 1954, il fréquente la bande des Cahiers du Cinéma et Jacques Rivette l'engage pour un court métrage en 1956. Il tourne la même année dans "Elena et les  hommes" de Jean Renoir et "L'Ami de la famille" de Jacques Pinoteau.

    La célébrité arrive en 1958 avec les deux premiers films de Claude Chabrol :  "Le Beau Serge" et "Les Cousins" révèlent un acteur désinvolte et racé, qui séduit le public. Dès lors la Nouvelle Vague ne le lâche plus et  Brialy  tourne avec Jean-Luc Godard (1960, "Une femme est une femme"), François  Truffaut (1967, "La Mariée était en noir") ou encore Eric Rohmer (1969, "Le  Genou de Claire").

    En 1971, il réalise son premier film, "Eglantine", une évocation nostalgique de ses souvenirs d'enfance. Jean-Claude  Brialy  décide de mettre également en images pour la télévision "Les Malheurs de  Sophie" (1981) et surtout "Un bon petit diable" (1983), avec Alice Sapritch en marâtre.

    Boulimique de travail, Brialy tourne plusieurs films par an à moins qu'il ne soit  au théâtre et touche à tous les genres.

    Bon copain dans "Christine" (1958, Pierre Gaspard-Huit) ou débordé par les femmes dans "La Chasse à l'homme" (1964, Edouard Molinaro) et "Julie pot de colle" (1977, Philippe de Broca), il sait cultiver une image d'amuseur élégant.

    Il peut jouer aussi la gravité, par exemple dans les films noirs à la française comme "Mortelle randonnée" (1982,  Claude Miller).

    Jean-Claude Brialy a souvent incarné des personnages tendres, de plus en plus paternels avec l'âge, comme dans "L'Effrontée" (1986, Claude Miller) ou "La Reine  Margot" (1994, Patrice Chéreau).

      ET L'ARTICLE DU FIGARO:

    lefigaro.fr (avec AFP).
     Publié le 31 mai 2007
    Actualisé le 31 mai 2007 : 08h28

    L'acteur et réalisateur, décédé hier soir à 74 ans, fut révélé en 1958 par sa performance dans « Le beau Serge » de Claude Chabrol.

    « Elena et les hommes » de Jean Renoir en 1956, « Le beau Serge » de Claude Chabrol deux ans plus tard, mais aussi « Les quatre cents coups » de François Truffaut en 1959. Ces quelques films ont propulsé Jean-Claude Brialy sur le devant de la scène culturelle française. Grande figure du théâtre et de la vie mondaine parisienne, propriétaire du théâtre « Les Bouffes parisiens », l’acteur et réalisateur s’est éteint la nuit dernière à 74 ans des suites d’un cancer.
    Né le 30 mars 1933 à Aumale (Algérie), ce fils de colonel vit son enfance au rythme des mutations paternelles. Après son baccalauréat, il s'était inscrit d'abord au Conservatoire de Strasbourg où il obtient un premier prix de comédie, puis au Centre d'art dramatique de l'Est. Au cours de son service militaire à Baden-Baden, il est affecté au service cinéma des armées, qui lui donne l'occasion de tourner dans son premier court métrage, « Chiffonard et Bon Aloi ». Il sympathise aussi à cette époque avec plusieurs comédiens en tournée théâtrale, dont Jean Marais, qui l'encouragent dans sa vocation.
    « La bande des Cahiers du Cinéma »
    Débarqué à Paris en 1954, il se met très vite à fréquenter « la bande des Cahiers du Cinéma ». C'est Jacques Rivette qui l'engage le premier dans son court métrage « Le Coup du berger » en 1956. Il réalise son premier film, « Eglantine » en 1971, une évocation nostalgique de ses souvenirs d'enfance. Attaché à cette période de la vie, Jean-Claude Brialy décide de mettre également en images pour la télévision « Les Malheurs de Sophie » (1981) et surtout « Un bon petit diable » (1983), avec Alice Sapritch en marâtre.
    Boulimique de travail, tournant plusieurs films par an à moins qu'il ne soit au théâtre, Jean-Claude Brialy touche à tous les genres. Il avait tourné son dernier film pour la télévision en 2006, « Monsieur Max » de Gabriel Aghion. Ecrivain à ses heures, Brialy a publié plusieurs livres de souvenirs à succès: « Le ruisseau des singes » (Robert Laffont, 2000) et « J'ai oublié de vous dire » en 2004 (XO éditions).
    « Avec la disparition de ce grand comédien, ce grand acteur, mais aussi cet entrepreneur, réalisateur, directeur de salle et de festival, disparaît aussi un humaniste gourmand et un mémorialiste inépuisable, une sentinelle de la nuit, de la fête et de la poésie », a déclaré tard dans la soirée le président de la République Nicolas Sarkozy.

    Une carrière exceptionnelle

    lefigaro.fr.
     Publié le 31 mai 2007
    Actualisé le 31 mai 2007 : 07h35

    Entre ses débuts en 1956 (Elena et les hommes) et sa dernière apparition sur le grand écran en 2007 (Dernière enquête), Jean-Claude Brialy aura joué dans près de 130 films en l'espace de 51 ans.

    1956 : Elena et les hommes
    1957 : Ascenseur pour l'échafaud
    1958 : Le beau Serge
    1958 : Paris nous appartient
    1958 : Les Amants
    1959 : Les Garçons (La Notte brava)
    1959 : les quatre cents coups
    1961 : Une femme est une femme
    1962 : Arsène Lupin contre Arsène Lupin
    1965 : L'Amour tel qu'il est
    1966 : Le Roi de cœur
    1968 : La mariée était en noir
    1969 : Tout peut arriver
    1974 : Le Fantôme de la liberté
    1978 : Robert et Robert
    1983 : La Crime
    1983 : Papy fait de la résistance
    1984 : Le téléphone sonne toujours deux fois !!
    1984 : Pinot simple flic
    1985 : L'Effrontée
    1987 : Les Innocents
    1989 : Ripoux contre ripoux
    1992 : Tous les garçons
    1993 : La Reine Margot
    1995 : Les Caprices d'un fleuve
    1999 : L'Homme de ma vie
    2001 : Concurrence déloyale
    2001 : C'est le bouquet !
    2002 : La Demi-Mondaine amoureuse
    2003 : Aimez-moi les uns les autres
    2004 : People Jet Set 2
    2005 : Quartier VIP
    2007 : Dernière enquête
    Jean-Claude Brialy, "un humaniste gourmand"
    lefigaro.fr (avec AFP).
     Publié le 31 mai 2007
    Actualisé le 31 mai 2007 : 12h07

    Très nombreuses ont été les personnalités françaises à réagir à la disparition de Jean-Claude Brialy, mort hier à l'âge de 74 ans.

    Nicolas Sarkozy a été la première personnalité à réagir après le décès de Jean-Claude Brialy. Il a estimé qu’« avec la disparition de ce grand comédien, ce grand acteur, mais aussi cet entrepreneur, réalisateur, directeur de salle et de festival, disparaît aussi un humaniste gourmand et un mémorialiste inépuisable, une sentinelle de la nuit, de la fête et de la poésie ». Avec notamment « le Beau Serge » de Claude Chabrol, « il aura incarné la nouvelle vague et habité un demi-siècle de cinéma, imprégnant près de 200 films de sa générosité, son humour, sa finesse et sa légèreté », poursuit le président de la République. « Il aura conjugué sans cesse, de Rohmer à Broca, de Luis Bunuel à Claude Zidi, le cinéma d'auteur et le cinéma populaire », a-t-il ajouté.
    Le premier ministre François Fillon a lui salué "avec beaucoup de tristesse" la mémoire de l'acteur et réalisateur Jean-Claude Brialy, l'"un des artistes préférés des Français".
    L'ancien président Jacques Chirac a vu en Jean-Claude Brialy un "homme de coeur, généreux, passionné, élégant", qui incarnait l'"excellence française". "C'est aujourd'hui toute la France de la culture qui est en deuil", déclare-t-il. "Jean-Claude Brialy a su marquer le théâtre et le cinéma de son génie, de son inépuisable énergie, de son intelligence".
    Le comédien Pierre Arditi, de son côté, a estimé que Jean-Claude Brialy était un "homme adorable, fin, délicat, généreux et attentif aux autres", et a salué l'un des acteurs "les plus marquants de la Nouvelle vague" qui a "traversé le siècle" avec une "acidité brillante". "Il n'était pas mondain, il était courtois. Il aimait les autres et avait une grande fidélité en amitié", a-t-il poursuivi.
    - Claude Lelouch : "Quand je voulais savoir quelque chose sur ce métier j'appelais Jean-Claude. Il connaissait tout, l'humeur, la santé des gens, c'était une bête de curiosité (...). A chaque fois qu'il arrivait sur un plateau, il faisait cadeau à 100% de ses cicatrices, de son savoir faire, de tout (...). Je suis très triste".
    - Robert Hossein : "Jean-Claude, c'était la générosité, la folie, la passion, la sensibilité, la fidélité en amitié, la disponibilité, la tendresse, mille et mille choses... On était copains de régiment. C'était un homme de théâtre exceptionnel, un bon directeur, un metteur en scène formidable...".
    - Philippe Bouvard : "Je suis effondré car c'est un ami de 50 ans. (...) C'est un homme qui n'a jamais déçu personne et qui n'avait aucun défaut (...). Il s'est tué au travail, parce qu'il faisait tout (...), il savait tout faire, il faisait bien, et en même temps il faisait beaucoup de bien autour de lui. 
    - Laurent Gerra : "Il savait tout faire et puis il savait être de tous les milieux (...). Il était curieux parce qu'il me disait "je pensais qu'on ne pouvait pas m'imiter", moi j'étais très touché qu'il apprécie mon humour".
    - Stéphane Hillel, directeur du Petit Théâtre de Paris : "Pour le grand public, il a été d'abord un homme de cinéma, c'est devenu vraiment un homme de théâtre puis c'est devenu un directeur de théâtre, il le disait souvent d'ailleurs, c'était comme une danseuse. Mais c'était parce qu'il aimait ça et il aimait les gens qui faisaient ça".

    Un surnom de choix


    Ayant joué dans 185 films, François Truffaut a surnommé Jean-Claude Brialy 'le Cary Grant français'.

    http://www.evene.fr/celebre/biographie/jean-claude-brialy-5451.php

     

  • Femme-fontaine(extrait)

                                                 

    couv paysages amoureux 2.jpgElle se donne

    Elle se laisse

    Aller aux caresses

    Aux baisers,soupire

     

    Le 13 août 2006

    Le poème complet est lisible dans mon recueil "Paysages amoureux et érotiques" en vente en haut de ce blog.

    Ce poème  a été selectionné pour le concours de "poésie érotique" du mois de novembre:http://www.poesie-erotique.com/pages/48.php

    Allez - visiter le site: http://poesie-erotique.com et le blog: http://poesie-erotique.typepad.com

    VOILA LES POEMES SELECTIONNES ET AFFICHES  POUR LE MOIS  D'OCTOBRE:

    PARADIS

    Laisse le ciel s’en aller, il est devant toi !
    Je veux juste te dire, que le Dieu c’est moi !
    Je veux juste, une ballade dans le clair de Lune,
    Je veux juste, une toute petite histoire de Lune !

    Je veux juste toi et moi, étrange beauté,
    Je veux juste, toi et moi tendrement enlacés !
    Si concrète et si douce, Ô divine princesse !
    Tu peux me faire, Ah, ma martyre, jouir sans cesse !

    De ta céleste et suave envie sexuelle,
    Je me délecte et ne pense qu’à nourrir ma belle !
    Ah ! Enflammer ton paradis et tes autels,
    Ah ! Redessiner enfin le rouge de ton ciel !

    Alors l’ardente passion de ton Dieu sera ?
    - De forniquer, ma belle, sublime créature !
    Ne déçois pas, mon amie, les désirs de la nature,
    Ne les combats pas, vas-y allonge-toi là…

    JEAN-LAMBERT BALENT (France)

    ________________________________________________________________________________
    L’ETREINTE

    Encore une chaude nuit encore tes seins ivres et fous
    Encore tes hanches cambrées et nos ébats de loups
    Et quand bien même je meurs coulé à l'aube cruelle
    Encore débout encore assise encore à genou

    MUSTAPHA KHARMOUDI (France)

    ____________________________________________________________________________________
    JE TIENS A TOI

    Je viens te dire combien je tiens à toi,
    Me faisant vibrer sous tes caresses hallucinantes.

    Laisse moi lire ce corps musclé et fervent.
    Ressens mes mains douces et amusantes,
    Descendre le long de ton échine vibrante.
    Remonter jusqu’à ta nuque
    Redescendre,,, s’attardant,
    Mon doigt glisse le long de la petite ouverture
    Au bas de tes reins, je pianote un peu.

    Mes mains te pressent vers moi.
    Mais, mais, mais, Linga se pointe
    Je me penche vers lui
    Ma gourmandise est ouverte
    Ma langue vient le caresser,

    Je savoure sa première perle
    Si délicieuse à mon palais.
    Mon chéri, mon Loup à moi
    Je sens ta bouche sur mon sein.
    Il durcit pour gratter ta lèvre
    Tu les suces à me faire crier de joie
    Mon hydromel est pour toi.
    Mes mains pressent sur tes fesses
    Elles permettrent à Linga t’atteindre
    Le fond de mon gave.

    Viens, viens en moi.
    Tu m’as tout donné avec joie
    Je te donne tout de moi
    Demeurons joints l’instant d’ivresse
    Savourons ce moment de tendresse
    Que personne d’autre ne peut vivre, comme nous

    Viens, viens en moi, Aimé,
    Tout au fond de mon allée.
    Jouie de ce miel fait avec passion
    Nous procurant un délice
    Sans pareille mais bien réelle

    De nos corps allongés
    C’est l’allégresse.

    PAULINE HEROUX (Québec)

    ____________________________________________________________________________________
    SENSUALITE

    Le plaisir de la chair est un feu dévorant
    Qui vous brûle dans l'âme et vous laisse pantelant
    Tantôt ce sont les mains qui versent des onguents
    Tantôt c'est une langue qui passe comme un gant

    C'est un baiser sur l'il ou sur le bleu d'une veine
    Un mélange d'haleine qui descend jusqu'à l'aine
    C'est la vague soudaine qui monte et qui descend
    C'est la vision obscène de deux corps indécents

    C'est la bouche qui mord qui dit oui et consent
    C'est dans l'acte d'amour des encore gémissants
    C'est la caresse intime qui répond au désir

    C'est l'onde qui survient en réponse au plaisir
    C'est le corps dévêtu objet de convoitise
    Sous le regard sensuel que l'envie électrise

    ALAIN HANNECART (France) LE LAUREAT

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    AU PLAISIR DE CHARLIE

    Soulève-moi au creux de la nuit
    Lorsque le corps au repos ressent les attouchements
    Ceux qui amènent à l'envie
    Forte, sensuelle d'être en de subtils frôlements
    Désirée, convoitée, écartée et furieusement enfoncée
    Par ta bouche brûlante, et ta verge gonflée;
    Je deviens fontaine, source chaude et sucrée
    Ta langue m'envahit, ta bouche avale mon nectar
    Je me cambre durement et tes doigts à l'instar
    Jouissent de mon fondement qui t'implore d'y éjaculer.
    Et sous tes assauts répétés, je suis enfin pénétrée
    Au gré de tes fantasmes, je me sens femme
    Femme sous ton corps, femme vraiment femme.
    Mon bel amour, tu as le goût d'un fruit tendre et parfumé
    Et notre amour lui ressemble, nous finirons consumés.

    MURIEL DIDIER (France)

    ____________________________________________________________________________________
    SOUFFLES D'AMOUR

    Comment pourrai-je vous louer
    Par des mots plus intenses que la prière,
    Des paroles qui s’éparpillent pour chatouiller
    La gaieté impressionnante d’une pierre ?

    Tiens-toi ma passion, ma seule envie
    Tu me déchires pour la dessiner
    Par l’encre rousse de mes artères,
    Des sentiers mortels qui mènent la vie
    D’un battement sur l’autel de ma destinée,
    Une sacrifice pour vous, ma madone, ma si chère.

    Comment pourrai-je vous décrire,
    Une abstraction errée à l’aventure concrétisée
    D’un poète qui pousse un profond soupir,
    Sillonnée la mer de mes pensées
    Où l’extase est le cotre et le navire
    Qui brisent mes vagues délaissées ?

    Revenez, ô figures de mon esprit qui s’enfuient,
    Apèsez-moi en attendant patiemment, la nuit
    Vos paroles chavirent ma plume éveillée
    Qui chante « HADIA » pour son encrier.

    ELIE TANNOUS (Nord Liban)

    ___________________________________________________________________________________
    (H)EROS

    Tu avais accepté de me les confier …

    D’abord,
    Je n’avais pu m’empêcher de les regarder
    Longuement
    Les effleurant du bout des yeux
    Surtout, ne pas les effaroucher …

    C’étaient coussins de mousses et d’herbes de tourbières
    Végétations rases et douces des bords de falaises
    Léchées et caressées par le vent …

    Galets emmaillotés de goémons séchés

    Ma main n’osait pas la première caresse …
    Le contact
    Aurait peut-être rompu le charme …

    Elles rebondissaient en joues
    Et s’accomplissaient en un sourire …

    Malice et humour
    Clin d’œil engageant
    Elles m’invitaient
    Me priaient
    Me conviaient …

    Pas la peine de résister …

    J’approchai ma paume
    Sans toucher

    Vibration et chaleur
    Douceur
    Rondeur
    Je tentais un frôlement
    Ce fut
    Sable de plage
    Toison et chaton
    Bulles et coton
    Voyage dans le ventre de la mer

    Puis cueillette d’api :
    Dans chacune de mes mains
    Je tenais … enfin
    Tes fesses !

    DOMINIQUE NOËL (France)

    http://poesie-erotique.com/pages/38.php

  • L'art des contraires

    Claude Duneton
    18/06/2008

    Lorsqu'on dit : « Il fait noir comme dans un four », on fait une comparaison simple, à la portée de tous, le four ayant toujours figuré un lieu privé de tout éclairage ; mais lorsqu'on dit : « Ce monsieur est aimable comme une porte de prison », on fait une comparaison négative, chargée d'ironie, qui dit l'inverse de ce qu'elle est censée signifier : la personne n'est pas aimable du tout. Il s'agit d'une manière de s'exprimer par le contraire, une surenchère de l'antiphrase ; elle suppose un esprit moqueur et exige de l'interlocuteur une rectification, un léger décodage. D'ailleurs, on emploie spontanément ces antiphrases renversées pour exercer la sagacité des petits enfants.

    Il y a là la permanence d'un humour ancien : dire le contraire pour provoquer une réaction, un rire naïf. « Il est fin comme du gros sel », se dit de quelqu'un de lourdaud, obtus, ou bien maladroit dans ses propos  quelqu'un de pas subtil du tout. Ces comparaisons renversées étaient particulièrement fréquentes dans le langage populaire d'autrefois ; elles se retrouvent en abondance dans les langues minoritaires de France en voie de disparition. Feuilletant un petit livre consacré aux expressions limousines collectées par un excellent occitaniste, Yves Lavalade, je suis frappé de voir combien cet art des contraires était en honneur dans la langue du Limousin, issue de celle des poètes troubadours. Nos gens disaient d'un trait mal tiré, d'un alignement raté « C'est droit comme la jambe d'un chien » : drech coma la jamba d'un chen, ce qui me faisait rire, car la jambe des chiens est irrémédiablement tordue, coudée… L'allitération ajoutait du cocasse car jamba se prononce tsàmba, et chen fait tsi. Reste que c'est le « renversement » qui séduit, car si l'on disait : « Tordu comme la jambe d'un chien », cela tomberait à plat  l'évidence n'est pas drôle. On disait aussi drech coma mon cobde quand me moche, « droit comme mon coude quand je me mouche », mais ce n'était pas aussi riant que le chien, aux pattes toujours en mouvement.

    Pour quelqu'un de squelettique, on disait gras coma un peisel, « gras comme un piquet de vigne » (ce serait en français classique « sec comme un cotret ») ; le peisel évoquait à la fois la minceur, l'élancement, et la sécheresse de l'individu. Pour un impotent on pouvait dire jusqu'à l'absurde : leste coma una roda de molin, « leste comme une roue de moulin », ou encore mieux, pour la légèreté, avec un redoublement de malice qui plaisait aux enfants : legier coma l'ausel qu'appellen lo buèo, « léger comme l'oiseau qui s'appelle bœuf ».

    Ah ! on en disait des choses au bord des chemins de terre creusés d'ornières de charrettes  nervos coma una goga, « vif comme un boudin noir », et dans ce même esprit des images en creux, Se rit quand se burla, « il rit quand il se brûle », pour évoquer un être rébarbatif, austère et déplaisant. Pour la maigreur d'un personnage osseux  il en existait beaucoup à ces époques de rationnement forcé : qu'es pas la graisa que l'entraupa, « ce n'est pas graisse qui le fera trébucher ».

    Yves Lavalade commente un peu cavalièrement ces formulations des vieux âges : « Il faut avoir l'esprit bizarrement tourné pour dire le contraire de ce qu'on veut signifier. » Non, je ne trouve pas. Il faut avoir l'esprit mutin, sans doute, assez taquin ; nos anciens prenaient leurs images au plus près de la vie  ils disaient : « Je suis souple comme un verre de lampe » à une époque pas si reculée où le long verre de la lampe à pétrole se montrait d'une fragilité redoutable. Il s'agit d'un temps où les couteaux mal aiguisés coupaient « comme mon genou ».

    Cela étant, M. Lavalade nous en livre des joliment rigolotes de nos vieux terroirs ; « il pleuvait à queue de vache » ; on tenait à une chose « comme à ses deux yeux »  et à ce sujet oculaire une expression bien avisée préfigurait malicieusement l'idée du clonage : sembla sa mair coma si li avià sautat per un uelh : « il ressemble à sa mère comme s'il lui était sorti par un œil »… C'est tout de même plus fort que la goutte d'eau !
    Trésor des expressions limousines, de Yves Lavalade. Éd. Lucien Souny, 80 p., 10 €.

  • Réponse à un acte d'accusation(dans ma lecture de ”Virgule”)

    Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant.
    La main du songeur vibre et tremble en l'écrivant ;

    Read more at http://www.poesie-francaise.fr/victor-hugo/poeme-reponse-a-un-acte-d-accusation-II.php#eZTutmw8iWuTCEIi.99
     
    Pour le jeudi en poésie des Croqueurs: 
     
    http://croqueursdemots.apln-blog.fr/2016/11/28/defi-175-jeanne-fadosi-a-la-barre-no-actuality/
     
    Lire la suite ci-dessous
     

    a plume, qui d'une aile allongeait l'envergure,
    Frémit sur le papier quand sort cette figure,
    Le mot, le terme, type on ne sait d'où venu,
    Face de l'invisible, aspect de l'inconnu ;
    Créé, par qui ? forgé, par qui ? jailli de l'ombre ;
    Montant et descendant dans notre tête sombre,
    Trouvant toujours le sens comme l'eau le niveau ;
    Formule des lueurs flottantes du cerveau.
    Oui, vous tous, comprenez que les mots sont des choses.
    Ils roulent pêle-mêle au gouffre obscur des proses,
    Ou font gronder le vers, orageuse forêt.
    Du sphinx Esprit Humain le mot sait le secret.
    Le mot veut, ne veut pas, accourt, fée ou bacchante,
    S'offre, se donne ou fuit ; devant Néron qui chante
    Ou Charles-Neuf qui rime, il recule hagard ;
    Tel mot est un sourire, et tel autre un regard ;
    De quelque mot profond tout homme est le disciple ;
    Toute force ici-bas à le mot pour multiple ;
    Moulé sur le cerveau, vif ou lent, grave ou bref,
    Le creux du crâne humain lui donne son relief ;
    La vieille empreinte y reste auprès de la nouvelle ;
    Ce qu'un mot ne sait pas, un autre le révèle ;
    Les mots heurtent le front comme l'eau le récif ;
    Ils fourmillent, ouvrant dans notre esprit pensif
    Des griffes ou des mains, et quelques uns des ailes ;
    Comme en un âtre noir errent des étincelles,

    Rêveurs, tristes, joyeux, amers, sinistres, doux,
    Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous ;
    Les mots sont les passants mystérieux de l'âme.

    Chacun d'eux porte une ombre ou secoue une flamme ;
    Chacun d'eux du cerveau garde une région ;
    Pourquoi ? c'est que le mot s'appelle Légion ;
    C'est que chacun, selon l'éclair qui le traverse,
    Dans le labeur commun fait une oeuvre diverse ;
    C'est que de ce troupeau de signes et de sons
    Qu'écrivant ou parlant, devant nous nous chassons,
    Naissent les cris, les chants, les soupirs, les harangues,
    C'est que, présent partout, nain caché sous les langues,
    Le mot tient sous ses pieds le globe et l'asservit ;
    Et, de même que l'homme est l'animal où vit
    L'âme, clarté d'en haut par le corps possédée,
    C'est que Dieu fait du mot la bête de l'idée.
    Le mot fait vibrer tout au fond de nos esprits.
    Il remue, en disant : Béatrix, Lycoris,
    Dante au Campo-Santo, Virgile au Pausilippe.
    De l'océan pensée il est le noir polype.
    Quand un livre jaillit d'Eschyle ou de Manou,
    Quand saint Jean à Patmos écrit sur son genou,
    On voit parmi leurs vers pleins d'hydres et de stryges,
    Des mots monstres ramper dans ces oeuvres prodiges.

    O main de l'impalpable ! ô pouvoir surprenant !
    Mets un mot sur un homme, et l'homme frissonnant
    Sèche et meurt, pénétré par la force profonde ;
    Attache un mot vengeur au flanc de tout un monde,
    Et le monde, entraînant pavois, glaive, échafaud,
    Ses lois, ses moeurs, ses dieux, s'écroule sous le mot.
    Cette toute-puissance immense sort des bouches.
    La terre est sous les mots comme un champ sous les mouches

    Le mot dévore, et rien ne résiste à sa dent.
    A son haleine, l'âme et la lumière aidant,
    L'obscure énormité lentement s'exfolie.
    Il met sa force sombre en ceux que rien ne plie ;
    Caton a dans les reins cette syllabe : NON.
    Tous les grands obstinés, Brutus, Colomb, Zénon,
    Ont ce mot flamboyant qui luit sous leur paupière :
    ESPÉRANCE ! -- Il entr'ouvre une bouche de pierre
    Dans l'enclos formidable où les morts ont leur lit,
    Et voilà que don Juan pétrifié pâlit !
    Il fait le marbre spectre, il fait l'homme statue.
    Il frappe, il blesse, il marque, il ressuscite, il tue ;
    Nemrod dit : « Guerre ! » alors, du Gange à l'Illissus,
    Le fer luit, le sang coule. « Aimez-vous ! » dit Jésus.
    Et se mot à jamais brille et se réverbère
    Dans le vaste univers, sur tous, sur toi, Tibère,
    Dans les cieux, sur les fleurs, sur l'homme rajeuni,
    Comme le flamboiement d'amour de l'infini !

    Quand, aux jours où la terre entr'ouvrait sa corolle,
    Le premier homme dit la première parole,
    Le mot né de sa lèvre, et que tout entendit,
    Rencontra dans les cieux la lumière, et lui dit :
    « Ma soeur !

    Envole-toi ! plane ! sois éternelle !
    Allume l'astre ! emplis à jamais la prunelle !
    Échauffe éthers, azurs, sphères, globes ardents !
    Éclaire le dehors, j'éclaire le dedans.
    Tu vas être une vie, et je vais être l'autre.
    Sois la langue de feu, ma soeur, je suis l'apôtre.
    Surgis, effare l'ombre, éblouis l'horizon,
    Sois l'aube ; je te vaux, car je suis la raison ;
    A toi les yeux, à moi les fronts. O ma soeur blonde,
    Sous le réseau Clarté tu vas saisir le monde ;
    Avec tes rayons d'or, tu vas lier entre eux
    Les terres, les soleils, les fleurs, les flots vitreux,
    Les champs, les cieux ; et moi, je vais lier les bouches ;
    Et sur l'homme, emporté par mille essors farouches,
    Tisser, avec des fils d'harmonie et de jour,
    Pour prendre tous les coeurs, l'immense toile Amour.
    J'existais avant l'âme, Adam n'est pas mon père.
    J'étais même avant toi ; tu n'aurais pas pu, lumière,
    Sortir sans moi du gouffre où tout rampe enchaîné ;
    Mon nom est FIAT LUX, et je suis ton aîné ! »

    Oui, tout-puissant ! tel est le mot. Fou qui s'en joue !
    Quand l'erreur fait un noeud dans l'homme, il le dénoue.
    Il est foudre dans l'ombre et ver dans le fruit mûr.
    Il sort d'une trompette, il tremble sur un mur,
    Et Balthazar chancelle, et Jéricho s'écroule.
    Il s'incorpore au peuple, étant lui-même foule.
    Il est vie, esprit, germe, ouragan, vertu, feu ;
    Car le mot, c'est le Verbe, et le Verbe, c'est Dieu.

    Jersey, juin 1855.

    Victor Hugo.
    Read more at http://www.poesie-francaise.fr/victor-hugo/poeme-reponse-a-un-acte-d-accusation-II.php#eZTutmw8iWuTCEIi.99
  • La tirade du nez(pour les Croqueurs de mots)

     

    Ohé Mâtelôts!!!

    Voici la rentrée, Jeanne Fadosi a gentiment proposé de s’y coller

    C’est une excellente idée, ça permettra aux suivantes de se préparer en douceur.

    La prochaine sera Martine et peut-être qu’après on pourra suivre l’ordre du tableau.

    Voici donc ce que nous propose Jeanne Fadosi …

     

    Le dernier défi (209 lancé le lundi 1er octobre 2018) que j’ai proposé

    selon le calendrier de Dômi suggérait d’inclure des expressions avec le mot oeil ou yeux.

    Savez-vous que le mot blason au XVIe siècle ne désignait pas seulement les armoiries

    d’une famille sur un écusson (bouclier) mais aussi un genre poétique lancé

    par Clément Marot sous forme d’un concours pour faire connaître de jeunes poètes

    et promouvoir la poésie qui alors était principalement chantée.

    Et justement Maurice Scève a connu la notoriété en remportant ce concours

    en 1535 ou 1536 grâce à son blason du sourcil dont voici le début :

    Sourcil tractif en voûte fléchissant
    Trop plus qu’ébène, ou jayet noircissant.
    Haut forjeté pour ombrager les yeux,
    Quand ils font signe ou de mort, ou de mieux.
    Sourcil qui rend peureux les plus hardis,
    Et courageux les plus accouardis.
    Sourcil qui fait l’air clair obscur soudain,
    Quand il froncit par ire, ou par dédain,
    Et puis le rend serein, clair et joyeux
    Quand il est doux, plaisant et gracieux.

    Oh je vous vois déjà froncer ou soulever les sourcils de panique.

    Non, je ne vais pas vous obliger à écrire un blason d’autant que l’idée originale

    et originelle de Marot de versifier sur une partie du corps humain a très vite

    de par son thème dérivé vers des poèmes érotiques.

    Certains sont sans doute très beaux, là n’est pas la question,

    mais ici, c’est pour tout public. Vous me suivez ?

    Pour le défi n°223 de lundi prochain je vous invite donc à écrire en prose

    ou en vers sur ou à partir d’une partie visible de la tête

    (oreille, front, menton, bouche, joue, cheveux ou crâne si chauve …)

    ou d’une autre partie du corps humain (la main, le pied, le coude ou le genou, le nez ou l’épaule …)

    avec prudence* et la décence joyeuse coutumière des croqueurs de mots.

    Pour les » jeudi poésie »  des 12 et 19 septembre,

    vous n’aurez que l’embarras du choix, à moins que vous ne préfériez

    avoir le champ libre sans contrainte d’un fil conducteur.

    Juste je croise les doigts pour que la diversité des choix nous donne la joie

    de relire la tirade des nez mais aussi bien d’autres pépites.

    * Pour comprendre mon hésitation, je vous invite à taper sur votre moteur de recherche

    les mots clés zizi et Pierre Perret, vous serez surpris des résultats de la première page !!!

     

    Le Môt de Dômi

    Heureuse de te retrouver bon pied bon oeil Jeanne

    Je pense que je n’aurai pas trop à me creuser les méninges

    j’ai encore quelques trésors dans mon grenier

    même si je sais qu’il serait temps que je me renouvelle

    http://croqueursdemots.apln-blog.fr/defi-223-vos-participations/#comment-6112

    La tirade du nez, Cyrano de Bergerac

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8438886n
    Sarah Bernhardt dans « Cyrano de Bergerac », comédie d’Edmond Rostand en 1909. Source : Bnf/Gallica

    Extrait de l’acte I, scène 4.
    Cyrano répond au Vicomte de Valvert qui le provoque en lui disant : « Vous…. vous avez un nez… heu… un nez… très grand. »

    Lien vers le texte intégral de Cyrano de Bergerac sur Libre Théâtre 

    À découvrir sur le site de l’INA, la « tirade du nez » par Daniel Sorano, dans une version théâtrale filmée par Claude Barma en 1960, où l’on peut apercevoir, parmi les seconds rôles, Jean Topart, Michel Galabru et Philippe Noiret.

     


    Cyrano.
    Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
    On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…
    En variant le ton, – par exemple, tenez :
    Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,
    Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »
    Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse
    Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
    Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !
    Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »
    Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
    D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
    Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
    Que paternellement vous vous préoccupâtes
    De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
    Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétunez,
    La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
    Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
    Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
    Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
    Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
    De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
    Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
    Appelle Hippocampéléphantocamélos
    Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »
    Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ?
    Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »
    Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral,
    T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
    Dramatique : « C’est la Mer Rouge quand il saigne ! »
    Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
    Lyrique : « Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
    Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
    Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
    C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! »
    Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain !
    C’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! »
    Militaire : « Pointez contre cavalerie ! »
    Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
    Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
    Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
    « Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
    A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
    – Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
    Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit
    Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
    Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
    Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !
    Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
    Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
    me servir toutes ces folles plaisanteries,
    Que vous n’en eussiez pas articulé le quart
    De la moitié du commencement d’une, car
    Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
    Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.

    https://libretheatre.fr/tirade-nez-cyrano-de-bergerac/

  • Exposition ”Les années folles (1919-1929)”

    1579912683.jpgRobe à danser, vers 1925. Anonyme - Les Années folles à Galliera Photo : Anonyme © Galliera / Roger-Viollet
    Le musée Galliera prolonge jusqu'au 30 mars 2008 une exposition consacrée aux années folles

    Au sortir de la Première Guerre mondiale, la mode des années folles reflète l’appétit d’une génération éprise de mouvement, de vitesse et de frénésie.
    Entre 1919 et 1929, l’esprit du temps est à l’émancipation des femmes et de leur corps.

    L’élégante des années 1920 connaît l’ivresse de conduire une automobile, la liberté de se couper les cheveux, de se maquiller, de fumer en public, de s’afficher en «garçonne» et d’avoir un style de vie moderne. En témoignent les 170 modèles, 200 accessoires et 50 parfums et cosmétiques présentés dans l’exposition et provenant principalement du fonds Galliera.

     

    L'exposition se déroule dans un des quatre anciens réfectoires de l'Hôtel des Invalides. La scénographie, qui met en évidence des grands lieux scéniques français et étrangers, présente une centaine de costumes, quatre uniformes issus des collections du musée de l'Armée et des affiches.

    Corinne JEAMMET
    Publié le 02/03 à 20:59
    La mode des Années folles

    Madeleine Vionnet, vers 1924. Robe du soir en mousseline de soie vert Les Années folles à Galliera © Stéphane Piera / Galliera / Roger-Violletdégradé.Le style de vie est moderne : avion, voiture, loisirs de plein air... Sur un rythme de charleston, ces Années folles révèlent en même temps que les chevilles, puis les genoux, une mode cheveu court et chapeau cloche, taille basse et forme tubulaire… Au-delà de ces clichés, c’est l’avènement d’une mode libérée, facile à vivre.

    Les tableaux scénographiés de l’exposition sont une invitation à partager vingt-quatre heures de la vie d’une parisienne élégante. Le soir, la pureté des lignes du vêtement alliée à la préciosité des effets décoratifs révèle, tout en jeux de lumières, les lamés, dentelles métalliques et franges, les satins et mousselines brodés de perles, pierreries, plumes et strass. Le jour, la sobriété est de mise : la simplicité de la coupe est associée à des matières confortables, les broderies laissent place à des rubans, galons et lacets. La femme des années 20 éprouve la souplesse et l’aisance de vêtements calqués sur le vestiaire masculin ou sportif - sweater, ensemble en maille, pyjama… Elle connaît l’ivresse de conduire, la liberté de se couper les cheveux, de se maquiller, de fumer en public et de s’afficher en «garçonne».

    Les soeurs Callot, Chanel, Heim, Jenny, Patou, Poiret, Talbot, Worth sont parmi les grands noms présents dans l’exposition, de même que Lanvin, avec l’évocation du Pavillon de l’Élégance (Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925, à Paris). Le parcours s’achève sur les grands courants qui ont traversé la mode des années 20 : la modernité avec Vionnet, Lelong, l’Art déco avec Dunand, la peinture avec Delaunay, Gontcharova… et les influences qui, du Japon à la Russie en passant par l’Afrique, ont inspiré imprimés et broderies typiques de ces Années folles.

    Scénographie selon M. Jeanclos et A.Fontaine

    Robe du soir vers 1925 (Anonyme). Crêpe de soie noir, broderies de paillettes, de tubes et de strass. Les Années folles à Galliera © R.Briant et L.Degrâces / Galliera / Roger-ViolletFaire vivre le vêtement sans le porter, qui plus est lui faire exprimer la folie malgré son immobilité n’est pas chose facile. Il nous a paru plus sûr de faire tourner, chercher, le visiteur ; lui donner l’envie, à travers la profusion d’une collection et un parcours complexe et labyrinthique, de trouver cette ivresse propre à la richesse de cette période. La présentation des oeuvres s’articule autour du paravent et du kiosque. Le paravent est lié au vêtement, on se réfugie derrière, on apparaît devant, c’est un écrin à taille humaine. Architecturalement, c’est un support en deux dimensions qui se développe dans l’espace, tout comme le tissu prend vie sur le volume du corps. Pour cette époque, c’est un élément qui rappelle la décomposition de l’espace, le cubisme et l’architecture modulaire. Il en va de même du kiosque, élément géométrique distinct, cellule autonome. Il a beaucoup été utilisé comme pavillon éphémère dans les expositions universelles, symbole de la boutique construite dans un but de représentation.

    En combinant ces deux éléments, les couloirs de paravents et l’enchevêtrement de kiosques, complétés par de grandes projections aériennes scintillantes et argentées, nous provoquons des points de vue accidentels, propres à favoriser la rencontre avec les oeuvres. L’éclairage de faible intensité, pour des raisons de conservation, reprend celui des devantures de magasins brillant dans la nuit, tels des lampions de fête.

    Les prémices

    Agnès, vers 1925. Robe du soir en satin et en tulle de soie rose, broderies de strass et fils métalliques. Les Années folles à Galliera © Stéphane Piera / Galliera / Roger-ViolletLa mode des années 20 consacre la libération du corps de la femme. Cette libération, dont Fortuny et Poiret sont les ardents défenseurs, se dessine en France dès le début du siècle, réactualisant le mouvement de réforme né en Angleterre vers 1880 ; les préraphaélites avaient tenté de transformer le vêtement et de supprimer le corset. En Autriche, la Sécession viennoise avait poursuivi le même objectif.

    C’est à partir de 1906 que Mariano Fortuny, artiste d’origine espagnole installé à Venise, peintre, graveur, photographe, designer se tourne vers le textile. Imprégné d’influences multiples dont l’Antiquité mais aussi le Moyen Âge et la Renaissance, Fortuny s’attache à la souplesse du vêtement sans taille, en créant des pièces sobres et intemporelles, aux lignes droites, parfaitement adaptées aux formes du corps qu’elles révèlent. Ainsi, la robe «Delphos», qui tire son nom de l’Aurige de Delphes, s’inspire du chiton ionien. Coupée dans une soie unie, finement plissée, elle reflète l’engouement pour la Grèce dont Isadora Duncan se fait alors l’interprète. Le succès de cette robe, brevetée en 1909, de taille unique, et dont le décolleté et les manches font l’objet de subtiles variantes, ne se dément pas durant plus de 40 ans auprès de l’élite mondaine avide de modernité.

    Paul Poiret ouvre sa maison en 1903, rue Auber, puis rue Pasquier, avant de s’installer en 1909 avenue d’Antin. Denise, qu’il épouse en 1905, est son inspiratrice et son mannequin privilégié. Elle le restera jusqu’en 1928, date de leur séparation. Pour cette femme indépendante qui bat en brèche les canons de la mode sont créées d’innombrables tenues où s’affirme la volonté du couturier de libérer le corps. En 1906 Denise Poiret porte ainsi des robes étroites, à la taille très haute, de ligne Directoire. Une large ceinture intérieure en gros grain a remplacé le corset, dont Poiret est l’adversaire.

    Une garde-robe adaptée aux circonstances

    Suzanne Talbot, 1927. Robe du soir en crêpe et mousseline de soie, frange de cordonnets, fils métalliques or. Les Années folles à Galliera © Ph. Ladet et Cl. Pignol / Galliera / Roger-ViolletLe dancing. Ces années raffolent de la robe à danser qui accompagne le mouvement sans l’entraver. Décolletée, sans manches, elle est de forme droite dite tubulaire- l’aisance est donnée à partir de la taille abaissée au niveau des hanches par des astuces de coupe : quilles, panneaux flottants, fentes et franges. La sobriété de sa ligne contraste avec la richesse de son décor brodé de fils d’or, d’argent, de strass, de perles, de pierreries qui étincèlent de mille feux. Certaines de ces broderies dessinent des bijoux en trompe-l’oeil – sautoirs, ceintures… De 1925 - à l’apparition du charleston en France - à 1927, l’accélération des rythmes de la danse va de pair avec le raccourcissement de la robe pour atteindre le genou.

    Le petit soir.
    Les soirées mondaines, au théâtre, au restaurant, au casino autorisent un déploiement d’élégance dont les modèles de la petite galerie donnent un aperçu. Les tenues du soir se déclinent à partir de 1922-1923 en ensembles raffinés, robe et manteau. Parfois accessoires et tenue sont assortis tandis que la doublure du manteau est taillée dans la même étoffe que la robe… En 1926 apparaît la dalmatique, manteau intermédiaire et sans manches, assorti à la robe et que l’on peut garder lors d’un dîner au restaurant.

    Le grand soir. La robe longue - souvent prolongée d’une traîne - est de mise lors des «galas de mode» (au cours desquels un défilé de mannequins présentait les dernières créations des maisons de haute couture) et lors de nombreux galas de bienfaisance organisés après guerre. Dans leurs colonnes, les chroniqueurs mondains détaillaient les modèles de haute couture que lançaient les invités du Tout-Paris et les mannequins.

    Les accessoires du soir. Diadèmes et coiffures du soir, perruques de couleur, longs sautoirs, éventails, réticules et pochettes, bas brodés de paillettes, chaussures aux talons de strass viennent rehausser les tenues de leur éclat.

    Le jour sportswear. La mode des années 20 introduit des «valeurs» appelées à devenir celles du siècle. Dynamisme, jeunesse, minceur, deviennent de nouvelles exigences que martèlent les publicités. La femme conquiert une liberté gestuelle à l’égal de celle des hommes. C’est ainsi que les couturiers font du mouvement un des fondements de leur coupe et de la maille un matériau aussi noble que la soie. (La maille était jusque-là réservée à la bonneterie). Ils créent des tenues de jour, de villégiature et de sport éclatantes de modernité. C’est un paradoxe de ces années où la simplicité du jour contraste avec la sophistication du soir. Confort, sobriété des matériaux - crêpe et jersey de soie ou de laine - s’opposent à la délicatesse, la fragilité des lamés, des mousselines du soir. Ainsi l’ensemble en maille - sweater et jupe – devient-il l’uniforme porté par toutes les femmes depuis le matin jusqu’à la fin d’après-midi. Les couturiers marquent une prédilection pour les motifs géométriques et les couleurs contrastées. En 1916, ayant récupéré un stock du fabricant de jersey Rodier, Chanel produit des tailleurs qui marqueront à jamais l’histoire de la mode.

    Le jour habillé. La fin de l’après-midi marque une rupture dans la journée d’une élégante. Le costume de sport fait place à une tenue habillée et que l’on peut garder pour se rendre à un cocktail, à un dîner ou au théâtre. On s’habille de même pour aller aux courses. Il est parfois difficile de distinguer ces modèles habillés de ceux du soir car, vers 1925, les nuances tendent à s’atténuer. «Le lamé ne connaît plus aucune retenue et s’impose même de jour», constate alors la Gazette du Bon Ton. Jusqu’alors réservé au deuil, le noir devient, sous les doigts de Chanel, symbole du chic. C’est en 1926 que le Vogue américain baptise la petite robe noire «la Ford de Chanel». Le succès est foudroyant. Promise à un long avenir, la petite robe noire opère la synthèse entre élégance et sobriété.

    L'influence du vestiaire masculin

    Jérôme, 1923. Robe du soir en satin de soie noir brodé de fils Dior. Les Années folles à Galliera © L.Degrâces et P. Ladet/ Galliera / Roger-ViolletL’influence du vestiaire masculin sur la garde-robe féminine. Le goût toujours plus affirmé de la femme moderne pour les tenues de sport contribue à estomper les frontières entre le vestiaire masculin et la garde-robe féminine. Dès 1923, hommes et femmes portent des chandails similaires. La cravate est si appréciée que l’on en fait des trompe-l’oeil en maille. La vogue du pyjama se répand vers 1923-1924. Sous un manteau d’intérieur, le pyjama est réservé à l’intimité. Les élégantes - en villégiature - l’adoptent rapidement comme tenue de plage. La haute couture crée des pyjamas de plus en plus raffinés.

    La garçonne. (cf. l’extrait du texte de Christine Bard p. 20). Figure emblématique des années 20, la garçonne* est une femme émancipée et rebelle, aux moeurs libérées. Dans une acception plus large, c’est une femme à la mode, à la silhouette jeune, plate et androgyne, active et sportive, éprise de mouvement, de liberté et de danse, qui conduit son automobile et fume la cigarette. Avec ses tenues sobres et masculines le jour, ultra féminines le soir, la garçonne est ambivalente. Elle ouvre la voie à la femme moderne. La garçonne se coupe les cheveux courts au carré à l’instar de Colette, dès 1902, puis de Mistinguett et de Chanel pendant la guerre. Elle porte un tailleur jupe de coupe masculine, une chemise à col et à manchettes. Les accessoires : chapeau melon, noeud papillon ou cravate, gants, canne… accentuent le caractère masculin de cette panoplie. Le monocle, accessoire emblématique de l’homosexualité est d’ailleurs le nom  d’une boîte célèbre, boulevard Edgar Quinet…

    Le sport. Les maisons de couture ouvrent des rayons spécialisés pour le sport. Ainsi Lanvin en 1923, Patou avec «le coin des sports» en 1925, Lelong, Vionnet, Worth, Schiaparelli ou Régny. Les femmes émancipées multiplient les activités. Cette tendance favorise les similitudes entre modèles masculins et féminins. Les golfeuses portent une jupe de lainage, parfois une jupe-culotte, un sweater de jersey, une cravate, des bas de laine et un chapeau de feutre. La maille est le matériau le plus adapté aux maillots de bain. Leur ligne est masculine. Les deux-pièces sont composés d’un jumper long, rayé ou à motifs, et d’une culotte unie et ceinturée. Les maillots une-pièce jouent le contraste entre haut décoré et bas uni. Dans les stations de ski à la mode les élégantes portent la culotte resserrée sous le genou ou le pantalon de ski (la jupe est encore portée pour le patinage). Gants, bonnet, écharpe, chaussettes de teintes vives sont assortis à des chandails très colorés.

    L’exposition de 1925 (cf. le texte de Hélène Guéné p. 19). En 1925, l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes est organisée à Paris, dans le but de fonder la création d’un art nouveau adapté à la vie moderne, tout en soulignant la supériorité de la France face aux mouvements artistiques qui se sont progressivement développés dans les pays voisins. La mode s’insère parfaitement dans ce projet, l’exposition veut rappeler que Paris reste la capitale de l’élégance et du goût. Elle est divisée en 5 groupes : Architecture, Mobilier, Parure, Arts du théâtre, de la rue et des jardins et Enseignement. Vêtements sont classés dans le troisième groupe, Parure. Élevés au rang d’arts décoratifs, les arts de la mode revendiquent une place à la hauteur des enjeux économiques qu’ils génèrent. Avec la Rue des boutiques sur le Pont Alexandre III, les péniches de Paul Poiret sur la Seine, le Pavillon de l’Élégance sur le cours La Reine, le Grand Palais où sont regroupés les stands du groupe III-Parure ainsi que des défilés de mannequins au pavillon Pomone, la mode envahit tous les espaces de l’exposition.

    Parfums, cosmétiques, broderies

    Les Années folles à GallieraLes parfums et cosmétiques (cf. l’extrait du texte de Florence Muller p. 24). Reflets d’une mutation du mode de vie, les canons de la beauté changent. Il convient désormais d’être svelte et jeune pour être à la mode, le maquillage devient synonyme d’élégance. Crèmes de beauté et cosmétiques connaissent une véritable explosion, les marques rivalisent d’ingéniosité et déposent des brevets. La haute couture propose lignes de maquillage et parfums : en 1921 Chanel lance le N°5, en 1925 Guerlain commercialise Shalimar, Lanvin My Sin…

    Les broderies. Six détails de robes illustrent différentes techniques de broderies. Un diaporama présentant une cinquantaine de macrophotographies de broderies complète la démonstration.

    Les différents styles

    Paul Poiret, 1923 - Manteau de grand soir «Sésostris» en crêpe satin noir broché or, velours orange. Les Années folles à Galliera. © R. Briant et L. Degrâces /Galliera / Roger-ViolletLes styles mode et art. Les liens noués avant-guerre entre couturiers et artistes ou personnalités des Arts décoratifs tels Paul Poiret et Raoul Dufy se renforcent au cours des années 20 avec Jeanne Lanvin et Armand-Albert Rateau, Madeleine Vionnet et Ernesto Thayath, Charles Frédéric Worth ou Madame Agnès et Jean Dunand. Appliquant au textile ses recherches picturales tout comme celles de Robert Delaunay, Sonia Delaunay réalise en 1913 sa première robe «simultanée», assemblage de tissus de formes géométriques aux couleurs contrastées. Composition, couleurs et coupe sont liées. Le succès de ses créations l’amène à ouvrir son propre atelier sous l’enseigne «Sonia» et à déposer la marque «Simultané» en 1925. Elle édite ses premiers tissus imprimés. À l’Exposition de 1925, Sonia Delaunay présente avec Jacques Heim tenues, accessoires et tissus dans la «boutique simultanée» du pont Alexandre III. En 1926, elle dessine les costumes et les décors des films, Le Vertige de Marcel l’Herbier et Le P’tit Parigot de René Le Somptier. Entre 1922 et 1926 Natalia Gontcharova travaille pour la maison de couture Myrbor. Marqué par sa collaboration avec Diaghilev, son travail met en oeuvre applications et broderies aux couleurs vibrantes. Le décor lamé or d’une robe du soir, plus figuratif, relève de l’esthétique art déco. Myrbor présente des modèles à l’Exposition de 1925.

    Modernité. Logique constructive, rigueur formelle, économie de moyens : telles sont les valeurs de «l’esprit moderne» auxquelles adhèrent Lucien Lelong et Madeleine Vionnet. Ainsi, Lelong proclame-t-il en 1925 : «En matière de mode une seule époque est intéressante : celle où nous vivons. Une seule psychologie doit entrer en ligne de compte : celle de la vie moderne.» «Chacun de mes modèles est préparé en analysant l’effet qu’il produira en mouvement.» «Envisageant l’élément décoratif comme simple accessoire, je concentre toute mon attention sur la technique de la coupe» affirme-t-il en 1926. L’emploi du biais, dont elle exploite toutes les possibilités, et des incrustations permet à Madeleine Vionnet d’exalter le corps en volume et de réinventer le vêtement. Son travail - proche de la sculpture - échappe aux courants de la mode et lui vaut une place à part. Ses créations, d’une grande sobriété, lui apportent le succès dès 1912 et révèlent une savante maîtrise de la coupe. «Ses robes réalisent au premier chef l’expression de notre temps, synthèse harmonieuse de la pureté classique des lignes et du sens moderne de la couleur» note la Gazette du Bon Ton en 1924.

    Art déco. Né avant la Grande Guerre, le style Art déco, terme qui n’apparaît que dans les années 1960, est à son apogée lors de l’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925. Synthèse de multiples tendances, ce style connaît une diffusion internationale. L’éclectisme en est la caractéristique majeure. La mode reflète cet éclectisme au plus haut degré. Les décors à motifs végétaux - en particulier la rose «Iribe» - et animaliers sont parmi les plus courants. Pour la première fois, la représentation de l’eau et de la lumière est prédominante sous forme de jets d’eau, de rayons lumineux et d’éclairs qui étincellent comme autant de feux d’artifices. Les motifs géométriques sont récurrents. Le rythme des lignes circulaires ou brisées exprime le mouvement, la vitesse…

    Les sources d’inspiration.
    L’imagination des couturiers est sans bornes, leur soif d’exotisme sans limites : les décors brodés, les motifs des textiles et la dénomination des modèles en sont le reflet. Les sources d’inspiration sont multiples, parfois entremêlées. Cette frénésie d’accumulations, de croisements, ne doit rien à l’esprit moderne.

    Historicisme. La volonté de modernité n’empêche pas les couturiers de s’inspirer des décors et des modes d’autrefois. Ainsi, le style Louis XV - apothéose de l’art français - est la source d’inspiration majeure. On conserve la nostalgie de la robe à la française qui devient, sous les doigts de Jeanne Lanvin et de Boué Soeurs, la «robe de style».

    Musée, mode d'emploi

    Musée Galliera. 10, avenue Pierre 1er de Serbie. 75116 Paris.
    Tél.: 01 56 52 86 00. Site internet:
    www.galliera.paris.fr

    http://cultureetloisirs.france2.fr/mode/expos/35255664-fr.php
  • Ma patrie, c'est la langue française (Albert Camus). Discours de Mme Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel.

    SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE
    le jeudi 3 décembre 2009

    PARIS PALAIS DE L’INSTITUT

    esdames,
    essieurs de l’Académie,

    Le général de Gaulle se plaisait à caractériser la France comme le pays des trois cent soixante-cinq fromages, c’est-à-dire comme le pays d’une prodigieuse diversité, diversité des opinions, des aspirations, des goûts et des comportements. Il rejoignait par là l’analyse de Fernand Braudel démontrant dans sa magistrale étude de l’identité de la France que l’histoire de notre pays était celle de divisions anciennes et puissantes, assemblage hétéroclite de peuples et de civilisations, de parlers, de coutumes et de modes de vie. De cette diversité, le démographe Hervé Le Bras concluait que « la France ne devrait pas exister » ou, mieux encore, qu’il aurait fallu l’inventer et ajouterons-nous, la réinventer toujours. Car, et c’est encore Braudel qui parle, « le passé, ce passé de diversité agresse le présent ». Quelle actualité dans ce propos !

    De là l’interrogation constante sur l’identité de la France que Michelet appelait une personne, ce qui est déjà une réponse, l’affirmation d’un lien affectif, quasi charnel avec son pays. Cette identité est aujourd’hui le sujet d’un débat ouvert par l’État, invitant tout Français à dire comment il la conçoit. Curieusement ce débat venu d’en haut coïncide avec un autre débat, récurrent celui-ci, venu des profondeurs de la société, sur un thème qui passionne tout autant, l’orthographe. Qu’un peuple que l’on dit avant tout attentif à ses difficultés matérielles, aux problèmes du quotidien, puisse se mobiliser autour de sujets immatériels, voilà qui est certes réconfortant pour la vie de l’esprit. On peut cependant s’interroger sur la coïncidence de ces deux débats. Quel rapport y a-t-il entre la conscience d’être Français et l’avenir de l’orthographe ? Aucun, serait-on tenté de répondre spontanément. Pourtant, à y regarder de plus près, c’est le constat inverse qui s’impose ; le statut de l’orthographe est lié à l’identité française, particulièrement dans le temps présent. C’est pourquoi je commencerai mon propos par la querelle de l’orthographe.

    L’automne qui voit paraître des brassées de nouveaux livres, a été marqué cette année par le succès imprévisible mais considérable d’un réquisitoire contre « la dictature de l’orthographe », qualifiée de mal français dans un ouvrage intitulé Zéro faute et portant la signature d’un talentueux journaliste, François de Closets. Les acheteurs ont plébiscité le livre, radios et télévisions ont convié et loué l’auteur, ouvert leurs micros aux commentaires des lecteurs, et sur la toile les internautes se sont joints au chœur des amoureux de l’orthographe. Ce succès peut à la réflexion trouver une explication dans le constat que les termes du procès sont conformes aux idées caractéristiques de l’air du temps. Le respect, le purisme en ce domaine constitueraient un mode caché mais puissant de discrimination sociale. Certes, écrit l’auteur, ce n’est ni la naissance, ni la fortune qui assurent à l’individu un sens inné de l’orthographe, mais ne pas le posséder condamne à l’exclusion. Et les défavorisés de l’existence ont moins de chances que les autres de surmonter ce handicap. L’expression « discrimination sociale » qui est au cœur de cette analyse suffirait à justifier l’anathème lancé contre l’orthographe. Mais d’autres arguments viennent encore renforcer son discrédit. En faire un critère d’éducation ou de savoir serait absurde à l’ère de l’informatique et des correcteurs d’orthographe. De même que les calculettes ont remplacé la connaissance des tables de multiplication et l’aptitude au calcul mental, les correcteurs d’orthographe suppléent désormais à l’ignorance des règles grammaticales ou lexicales. Haro sur l’effort superflu, notamment sur celui qui sollicite la mémoire. Au surplus le français serait, nous assure-t-on, une langue simple si la nécessité de l’écrire de manière correcte ne créait de fait une seconde langue, différente de celle que tout un chacun parle. Et si l’on tient à respecter cette seconde langue, toujours plus étrangère au français que l’on entend, comment espérer que nos compatriotes trouvent le temps d’en apprendre une troisième, c’est-à-dire l’anglais ou l’allemand, dont la connaissance est indispensable dans notre univers mondialisé ? Ne vaudrait-il donc pas mieux se débarrasser de l’orthographe et opter comme la Zazie de Queneau pour une langue phonétique ? Cette charge contre l’orthographe a trouvé un puissant renfort dans la publication récente d’une enquête conduite en 2005 par l’Éducation nationale et dont on avait d’abord pris grand soin de ne pas ébruiter les conclusions. Cette enquête a comparé le niveau de connaissances orthographiques de trente mille écoliers en 1987 et 2005. Les conclusions en sont atterrantes. L’augmentation spectaculaire du nombre de fautes commises signale une régression des connaissances de deux ans ! En 2005 les élèves de cinquième se retrouvent au niveau des élèves de CM2 de 1987. Et – ici la notion de discrimination sociale est confirmée – les élèves des écoles situées dans des zones défavorisées sont nettement plus en retard que ceux qui fréquentent de bons établissements bien situés socialement. Ce constat déplorable a renforcé tout naturellement le camp de ceux qui veulent sinon en finir avec l’orthographe, du moins entendent la modifier radicalement.

    La dictature de l’orthographe, qu’il est désormais de bon ton de dénoncer, est pourtant un phénomène relativement récent, remontant à la seconde moitié du XIXe siècle et qui a joué un rôle décisif dans l’extension de la langue française à toute la société et, en dernier ressort, dans le progrès de la conscience collective.

    Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, le territoire français est resté le domaine de cohabitation de langues différentes, chacune dessinant les contours et les fidélités de communautés distinctes. Bien que François Ier ait décrété en 1539, par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, que le français serait la langue du royaume, elle sera longtemps encore celle dont on n’use qu’à la Cour, dans les tribunaux et dans l’administration. Mais ailleurs, le français tarde tant à pénétrer que d’une province à l’autre on ne se comprend guère. Le grand Racine, voyageant en pays d’oc, écrit à La Fontaine : « Je vous jure que j’ai ici autant besoin d’un interprète qu’un Moscovite en aurait besoin à Paris. Je n’entends pas le français de ce pays et on n’entend pas le mien. » Et les auteurs de l’Encyclopédie confirmeront un siècle plus tard cette difficile pénétration du français dans un pays dominé par les patois. « On ne parle la langue [c’est-à-dire le français] que dans la capitale. » Le propos est certes exagéré, car au XVIIIe siècle le progrès du commerce, les grands travaux de construction de routes facilitent déjà la communication à l’intérieur de l’espace français, permettant à la langue de pénétrer quelque peu dans les villes et plus encore à des locutions françaises d’imprégner les patois. Mais ce mouvement n’atteint guère les campagnes, or la France du XVIIIe siècle est un pays essentiellement rural et elle le restera longtemps encore.

    C’est l’abbé Grégoire qui sera le maître d’œuvre du rassemblement linguistique. La France diverse n’était guère compatible avec les idéaux universalistes de la Révolution, seule la langue française pouvait, pensait-il, libérer les individus et forger une communauté d’hommes libres. L’abbé Grégoire, qui avait étudié attentivement les pratiques linguistiques de ses compatriotes, était convaincu qu’à peine un Français sur cinq tenait le français pour sa langue maternelle et pouvait en user aisément. Du coup, en accord avec la Convention, il déclara la guerre à tous les parlers en usage dans le pays. L’unité nationale se ferait à partir de la langue commune, et pour y atteindre il faudrait non seulement la parler, mais la lire et l’écrire. Le lien entre le destin de la nation, son identité et la langue commune était ainsi défini. Pour transformer une pluralité de groupes géographiques, sociaux et culturels en un seul peuple conscient de ce qui l’unit, il faudra apprendre la langue à tous ceux qui l’ignorent, c’est-à-dire à la grande majorité des Français. L’école apparaît ainsi comme un des moyens essentiels du projet révolutionnaire. Mais l’histoire n’ira pas aussi vite que l’avait rêvé l’abbé Grégoire. Il faudra attendre la monarchie de Juillet et la création des écoles primaires par Guizot, puis la IIIe République et le projet éducatif de Jules Ferry pour qu’un véritable système scolaire unifié soit créé.

    Dès lors la langue française va être portée par l’enseignement obligatoire et gratuit ; et elle sera imposée à tous au détriment des langues régionales et des patois. Les instituteurs, « hussards noirs de la République », vont être les grands artisans de l’unité recherchée. L’école va dispenser un savoir rigoureux permettant à tous de pouvoir lire, écrire, compter et connaître l’essentiel d’une histoire commune. Les tables de multiplication, les listes des départements et leurs subdivisions, une histoire qui commence avec « nos ancêtres les Gaulois », tels sont les composants du patrimoine commun donné à tous les Français. Et la langue française, qui permet de comprendre ce qu’on lit et ce qu’on apprend tient dans cet ensemble une place royale, elle en est le ciment. Et c’est à ce point qu’arrive l’orthographe, qui jusqu’alors avait peu préoccupé les Français.

    Dans l’idéal de la IIIe République, la langue enseignée doit être rigoureuse, libérée de la contrainte des divers accents et usages qui marquent les origines géographiques, sociales et caractérisent les manières de parler. Ce que l’on doit enseigner n’est pas le français tel qu’on le parle et tel qu’on l’entend, mais le français écrit. Et pour l’écrire, il faut des règles qui s’imposent à tous, ce qui entraîne le triomphe de la grammaire et de la dictée. Ce pari d’une langue fondée sur l’orthographe n’était pourtant pas si simple à réaliser, car l’orthographe avait été jusqu’alors imprécise, fluctuante et n’avait cessé d’évoluer. Comment écrire ? Comme on parle, en calquant la graphie sur les sons ? Ou bien en conservant aux mots les traces de leur origine latine ou grecque, c’est-à-dire en ignorant la langue parlée ? Le débat s’était ouvert dès le XVe siècle avec l’invention de l’imprimerie et la vogue croissante des ouvrages publiés en français au détriment du latin. Les imprimeurs, confrontés à l’anarchie des écritures, plaident pour une unification de la langue écrite autour d’une norme orthographique. Le grammairien Louis Meigret répondit à leur inquiétude en recommandant l’adoption d’une orthographe phonétique et un maître d’école marseillais, Honorat Rambaud, inventa à cette fin un alphabet de cinquante-deux lettres, invention étrange et fort compliquée qui tomba aussitôt dans l’oubli. Mais Calvin, dont on célèbre cette année le cinq centième anniversaire de la naissance, en écrivant et en traduisant en français les textes sacrés, apportera une grande contribution au progrès de la langue écrite. Ayant ainsi démontré, contre l’Église catholique et la Sorbonne, que le français pouvait tout autant que le latin porter la langue de Dieu, il posait par là même la question de la manière de l’écrire. Son lieutenant, Théodore de Bèze, soutiendra contre Meigret que le français écrit était langue de la lecture silencieuse, du contact de l’esprit avec le texte, avait une identité propre, ce qui impliquait une graphie détachée de tous les parlers.

    L’institution de l’Académie française en 1634 va apporter au débat sur la langue une réponse politique. En confiant à l’Académie, et à elle seule, la mission de travailler à l’unité de la langue, Richelieu voulait aussi faire avancer l’unité de la France si diverse. Forte du magistère qui lui était conféré par son fondateur, puis par le roi, son protecteur, l’Académie va au fil des siècles préciser, modifier, simplifier tantôt à grands coups, tantôt par petites touches, selon les circonstances, les mots qu’elle recueille dans son Dictionnaire.

    Lors de sa création, Vaugelas avait défini le bon usage : « C’est la façon de parler de la plus saine partie de la Cour, conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des auteurs du temps. »

    Si parler comme on le fait à la Cour était chose aisée, suivre l’usage des auteurs, c’est-à-dire des écrits, l’était moins, car l’unité en ce domaine n’existait pas. Nul ne songe alors, à l’Académie, à opter pour une orthographe phonétique, dont Bossuet dénoncera vigoureusement l’absurdité. En revanche, une querelle s’éleva aussitôt, opposant ceux qui défendent l’orthographe ancienne, aussi désordonnée fût-elle, et ceux qui la condamnent. L’historien Mézeray défend la première position, affirmant qu’elle seule permet de suivre les gens de lettres et de se distinguer « des ignorants et des simples femmes ». Mais tous les auteurs du Grand Siècle, Corneille, Racine, La Fontaine, s’élèvent avec force contre cette conception conservatrice et imposent de nombreuses améliorations en supprimant notamment les lettres superflues héritées du latin, qui entravent le rythme des mots.

    À leur suite, et de manière constante, les écrivains de l’Académie, Voltaire, Marivaux, d’Alembert, Buffon au siècle des Lumières, puis Victor Hugo, Sainte-Beuve, Anatole France un siècle plus tard, prôneront tous la modernisation de l’orthographe. C’est à leur volonté de réforme que l’on doit les changements spectaculaires dont témoignent les éditions successives du Dictionnaire de l’Académie. Ainsi en 1740, la graphie de plus d’un quart des mots de la IIIe édition est allégée et, en 1762, la réforme atteint encore près de la moitié des mots. Cet effort de simplification va se poursuivre sans interruption jusqu’à la fin du XIXe siècle. L’Académie, que l’on taxe souvent de conservatisme, aura depuis sa fondation été acharnée à adapter la langue, son lexique, sa graphie aux évolutions de la société, aux progrès techniques et à l’usage. Ce n’est qu’au tournant du siècle, que son zèle réformateur s’est relâché, comme si la langue avait atteint un certain degré de perfection. Mais la question va rebondir, en 1990, dans des conditions inédites, que nul n’avait encore imaginées.

    Jusqu’alors l’Académie était reconnue comme l’autorité légitime en matière de langue et ses arrêts étaient considérés comme tables de la loi. En 1990, c’est un premier ministre qui décide de réformer l’orthographe et convoque une commission de spécialistes à cet effet. Sans doute l’Académie sut-elle reprendre l’initiative puisque son Secrétaire perpétuel, Maurice Druon, dont la disparition est pour toute notre Compagnie infiniment cruelle, présida remarquablement aux travaux de la commission. La vérité oblige à reconnaître que l’instance convoquée en grande fanfare aboutit à des conclusions fort modestes. Moins de mille mots modifiés, principalement par la suppression de lettres doubles et de traits d’union, et il fut simplement recommandé d’adopter ces innovations dès lors que l’usage les légitimerait. Ajoutons à cela qu’en 1905, déjà, un avis de l’Académie, qui resta sans effet, proposait les mêmes transformations. Ce qui mérite surtout d’être retenu de cette modeste réforme, c’est la tempête qu’elle déclencha. Au sein de l’Académie d’abord où, contrairement à toutes les réformes passées, les écrivains qui avaient toujours défendu les simplifications y furent dans leur grande majorité opposés. Est-ce parce que l’initiative venait du pouvoir politique et non de l’Académie ? Ou bien plutôt parce que, sensibles à la dégradation rapide de la langue, les académiciens ont pensé que troubler davantage ceux qui en usaient déjà fort mal n’était pas opportun. Mais il est remarquable que la tempête s’étendit à toute la société. Les médias y firent une place considérable et pendant des mois les Français, qui tendent à oublier l’orthographe, débattirent passionnément du sort de l’accent circonflexe. Pouvait-on admettre de ne pas en coiffer le mot voûte ?

    C’est à l’école, à ce qu’elle fut depuis le XIXe siècle, que l’on doit sans aucun doute ce phénomène. Si dire le bon usage relevait du magistère de l’Académie, si user d’une langue étincelante a toujours été le privilège des écrivains, c’est à l’école qu’il incomba alors de répandre la langue française dans la société et d’asseoir cette connaissance sur l’orthographe, c’est-à-dire sur la grammaire, et sur les textes. Notre confrère disparu, Léopold Sédar Senghor, disait : « Je pensais dans mon enfance qu’être Français, c’est dans une école du Sénégal comme dans une école de la Beauce apprendre à réciter sans hésiter la litanie des noms en ou – bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou, pou – dont le pluriel exige un [x] et non un [s]. » Ainsi, ce que certains auteurs méprisants ont qualifié de dictature orthographique des instituteurs crispés sur une discipline dépassée était en fait un effort continu pour forger l’unité culturelle de la France. Cette vision de la langue dont la forme écrite devait s’imposer à tous répondait à une longue ambition politique, celle de François Ier, de l’abbé Grégoire et de Jules Ferry, doter le peuple de France de l’unité qui lui avait si durablement manqué.

    Qu’y a-t-il de neuf au XXIe siècle qui fasse rebondir le débat ? Et s’agit-il d’une simple querelle sur la manière d’écrire ? Ou bien la question de l’orthographe recouvre-t-elle une réalité plus importante ? Et en quoi touche-t-elle à l’identité de la France ?

    Revenons encore à Fernand Braudel, observateur passionné de cette Personne France qui, si diverse, a constamment cherché sa voie vers l’unité. Pendant près d’un siècle, les Français ont été convaincus que la question de leur unité était réglée. Un système politique centralisateur, les chemins de fer, l’industrialisation, l’école et la langue française avaient eu raison, croyaient-ils, de la diversité. Pourtant c’est à une rébellion de la diversité que l’on assiste aujourd’hui.

    Notre pays fut toujours terre d’immigration et il sut assimiler de manière incomparable des flux de migrants venus de toute l’Europe et de son empire. S’il y a réussi, c’est parce que ceux qui venaient en France souhaitaient ardemment effacer leurs différences sans pour autant se sentir contraints d’oublier leurs racines. Ils devenaient Français, mais conservaient le souvenir de leurs origines. L’Académie en offre de magnifiques exemples. Joseph Kessel, Eugène Ionesco, Henri Troyat hier ; et maintenant Hector Bianciotti et François Cheng. Tous Français par leur adhésion à une langue et à une culture dont l’esprit universaliste leur a permis de transcender leur patrimoine originel. Léopold Sedar Senghor, encore lui, l’a exprimé magnifiquement. À la question « Pourquoi écrivez-vous en français ? », il a répondu dans Éthiopiques : « Parce que nous sommes des métis culturels. Parce que si nous sentons en nègre, nous nous exprimons en français, parce que le français est une langue à vocation universelle, la langue de la civilisation de l’universel. » Mais aujourd’hui pouvons-nous ignorer que la société tend à se fragmenter en communautés, certaines d’origine culturelle, voire religieuse, d’autres sociales ou géographiques. L’assimilation n’est plus un idéal si répandu et la volonté de conserver une identité propre, de se rapprocher de ceux qui partagent cette identité s’affirme. Les notions de société multiculturelle, métissée, miroir de la diversité, ont fait une apparition fracassante dans le vocabulaire politique et médiatique, légitimant l’aspiration à une différence reconnue. La bataille des mémoires particulières, et parfois antagonistes, tend à remplacer la mémoire collective à laquelle des générations d’immigrés adhéraient spontanément. Depuis la fin du XVIIIe siècle, la certitude que tout citoyen appartenait à la nation française n’avait cessé de croître. Désormais la citoyenneté est surtout entendue au sens des droits civiques et sociaux dont on dispose, et n’implique plus automatiquement que l’on participe à un idéal commun. Les raisons de cette dissociation croissante entre citoyenneté et identité sont multiples et l’école tient une grande place dans cette évolution, ou plus exactement les interrogations qui entourent désormais sa mission. L’enseignement, tel qu’il était conçu, enserrait l’élève dans les mailles serrées d’un même savoir lui offrant la maîtrise de la langue, la connaissance de l’histoire nationale, d’une géographie remarquable par sa variété. Ce savoir commun à des générations de toutes origines les avait unifiées dans la certitude de partager un même passé, une même culture, un même patrimoine et par là même d’être unies dans un même destin et une même vision de l’avenir. Mais depuis presque un demi-siècle, des théoriciens de la pédagogie ont imposé au système éducatif français une idée que naïvement ils croyaient neuve, c’est que l’école avait pour mission d’écouter l’enfant au lieu de lui apporter les connaissances qui formeraient son raisonnement. L’école tend ainsi à devenir une auberge espagnole où chacun, qui n’est plus un élève face à un maître, car ces deux termes sont prohibés, l’élève étant devenu un apprenant, apporte ses propres bribes de connaissance, celles de son environnement, de sa sensibilité, au lieu d’y venir chercher un savoir commun. De plus, au siècle des grandes révolutions technologiques où la télévision et l’ordinateur mobilisent l’attention des adolescents pendant plusieurs heures par jour, les informations qu’ils acquièrent sur les écrans ou sur la toile mettent aussi en cause la mission de l’école et de ceux qui y enseignent. Que peut-elle encore leur apprendre, dès lors qu’ils ont des lueurs sur un nombre considérable de sujets ? Que l’école ait pour mission d’apporter des connaissances de base, des outils pour appréhender le monde et surtout former le jugement, nul n’ose plus le dire. Et du coup, les nouvelles générations n’ont plus en commun le patrimoine acquis à l’école, qui leur permettait de ressentir leur appartenance à une même communauté de culture. C’est cette progressive dislocation de la communauté qui déroute nos compatriotes habitués à penser en termes d’unité. Déjà désemparés par un monde ouvert, où l’instant a remplacé le temps, où la culture et la langue française n’occupent plus une place prééminente, ils s’interrogent sur l’évolution en cours et tendent à demander de manière toujours plus inquiète : que signifie être Français ? Et plus encore, qui est Français ?

    La langue française telle qu’elle est parlée désormais, traduit cet éclatement progressif de la société. Que les langues régionales revendiquent une place à ses côtés n’est en rien tragique. Elles sont une part de notre histoire et cohabitent pacifiquement avec le français. Nous ne sommes plus au temps de l’abbé Grégoire qui voulait les supprimer. Aujourd’hui, le breton, le basque, le corse sont enseignés dans les écoles et les universités. Et à l’entrée de chaque ville ou village, les plaques indicatrices portent le nom du lieu dans la langue régionale.

    Que l’anglais fasse concurrence au français partout dans le monde, qu’il s’y mêle ou le supplante en France, dans certaines entreprises ou dans les universités est fâcheux, mais aussi longtemps que la langue française préserve son intégrité, elle peut résister aux assauts de l’anglais.

    La nouveauté est qu’à l’image de la société la langue tend à se fragmenter, des codes, des formes de français à la mode, des usages multiples – ceux des quartiers, des cités, de classes d’âge issues de divers milieux – prolifèrent fondés sur l’idée d’une appartenance identitaire valorisante. Ces usages sont souvent caractérisés par un lexique spécifique et une phonétique particulière. Ils commencent à fasciner certains linguistes et à trouver place dans certains dictionnaires au nom de l’inventivité langagière. On parle désormais de langue et de culture des banlieues, du hip-hop, du rap, de la langue texto… Et plus que d’usages divers de la langue, on use, pour qualifier ces nouvelles pratiques langagières, du terme langue, les situant ainsi au même niveau que la langue française. Mais au-delà de la prolifération des usages langagiers, c’est la séparation entre langue parlée et langue écrite qui pose le plus grave problème. Le français tel qu’on le parle, tel qu’on l’entend ignore les normes élémentaires de la grammaire et de la syntaxe. Ce n’est pas seulement l’imparfait du subjonctif qui a disparu, mais à peu près tous les temps de la conjugaison. Le présent, reflet d’une civilisation de l’immédiat, sert le plus souvent à dire le passé et le futur. Et le mode affirmatif a éclipsé les interrogations et les négations. Enfin les mots employés perdent souvent tout lien avec leur sens réel. En définitive, chacun tend à considérer qu’il peut user de la langue à sa manière. La conséquence en est qu’à l’instar de la situation d’incompréhension qui prévalait au temps de Racine, la communication est malaisée dans la France d’aujourd’hui. L’école en offre un bon exemple. Les professeurs se plaignent d’être injuriés par des élèves, simplement inconscients du sens des mots qu’ils emploient. Inversement les mêmes élèves ressentent les invites professorales à respecter la discipline comme des atteintes verbales à leur dignité. Quel malentendu sur le sens même des mots. Et lorsque les mots n’ont pas la même signification pour deux interlocuteurs, le recours à la violence peut paraître tout naturel.

    Il est temps de dire les choses en vrai français et non dans la « novlangue » de la pensée conformiste. La France n’est pas le lieu de cohabitation de tribus qui ne disposeraient que d’un idiome restreint propre à chacune d’entre elles. Nous avons au contraire en commun une langue claire, précise, admirablement construite à partir de règles connues, compliquées parfois, mais que l’on peut maîtriser, comme l’ont prouvé des générations d’écoliers venus de tous milieux et de toutes origines culturelles et dont souvent les parents ne parlaient pas français. « La grammaire est une chanson douce », a écrit un membre de notre Compagnie, et se l’approprier peut être un jeu. Et que dire de la précision des mots de notre langue, du mot juste, cher aux écrivains, qui fait partie de ce que Valéry nommait « les délices de la langue française ». Au demeurant, le respect du mot juste est le propre de toutes les grandes civilisations. Interrogé sur la qualité première exigée d’un ministre, Confucius répondait : « bien connaître le sens des mots », et pour Isocrate « nous faisons de la parole précise le témoignage le plus sûr de la pensée juste ».

    Dans la France d’aujourd’hui, où des lignes de fracture culturelles, sociales, de générations troublent une société qui se crut longtemps harmonieuse, la langue doit être une fois encore le lieu et le moyen du rassemblement. C’est elle qui porte notre immense patrimoine culturel, une longue histoire dont nous devons avoir la fierté et des valeurs qui sont celles de la civilisation de l’universel. Mais cette langue doit être la même pour tous, c’est-à-dire que notre référence commune est la langue écrite dont les dictionnaires et les grammaires disent l’usage.

    La nécessité du recours à cette langue écrite, socle de notre unité, s’impose au demeurant à chacun à un moment ou l’autre de son existence. Un bon témoignage en est la réapparition d’un métier depuis longtemps oublié, celui d’écrivain public. Ces revenants pullulent désormais, au service des défavorisés de la langue, incapables de remplir des questionnaires ou d’écrire une lettre ; et on les trouve non seulement dans de lointaines banlieues mais au cœur même de la capitale. Peut-on imaginer symbole plus éclatant de la régression du savoir de notre langue ? Il y a un siècle, et les lettres de simples soldats écrites durant la Première Guerre mondiale le montrent bien, tout citoyen de notre pays pouvait écrire une lettre en bon français avec un vocabulaire précis et une orthographe dominée. Les « hussards de la République » avaient bien rempli leur rôle. Il revient aujourd’hui à leurs successeurs de reprendre le flambeau, d’oublier les théories fumeuses vantant le spontanéisme et le savoir inné de l’enfant-roi, pour enfin accomplir leur mission et transmettre la connaissance de la langue française.

    Je veux pour conclure en appeler à un poète libanais qui n’a cessé de proclamer les vertus universelles de la langue française, Salah Stetié.

    Pour Salah Stetié, « l’identité est profondément liée à la langue et vice versa. C’est d’être énoncées et dites que les choses prennent corps… La langue n’est pas langue seulement, elle n’est pas exclusivement nominative, elle est aussi syntaxe, c’est-à-dire philosophie, ontologie et métaphysique… Là où le français se parle ou s’écrit, un projet unificateur s’esquisse, dont le socle est la culture française, c’est-à-dire l’essentiel. »

    http://www.academie-francaise.fr/

  • La lettre de rupture de Truffaut à Godard : une leçon de modestie

    De la longue correspondance du cinéaste François Truffaut qui a été publiée, la lettre la plus impressionnante et la plus violente, inhabituelle et inattendue de la part d’un homme au tempérament si doux, est celle envoyée à Jean-Luc Godard en mai-juin 1973, en réponse à une lettre de celui-ci.

     A l’époque, les deux hommes se connaissent depuis près de vingt ans. Ils ont écumé les salles de cinéma parisiennes ensemble, ils ont aimé les mêmes films, ont tourné un court-métrage ensemble, Truffaut a donné le scénario d’A bout de souffle à Godard à l’époque où il tournait les 400 coups, qui lui offrit une consécration internationale, et lança véritablement le style de cinéma que les critiques allaient rassembler sous l’appellation de Nouvelle Vague. Truffaut et Godard ont eu une influence considérable sur le cinéma depuis les années 60. Cronenberg et Spielberg se réclament directement du premier, Tarantino et Soderbergh du second.

     Alors que s’est-il passé en 1973 ? La lettre de Godard, envoyée au mois de mai de cette année, est une critique de La Nuit américaine, qui vient de sortir sur les écrans (il remportera l’oscar du meilleur film étranger). A propos de ce film qui raconte un tournage de cinéma de manière ludique, Godard accuse Truffaut de mentir sur la “vérité” des tournages, sur les rapports de force entre le metteur en scène et ses acteurs, ses producteurs, les techniciens, etc. Le plus révoltant est que Godard joint à l’insulte le mépris, en demandant à Truffaut dans le même courrier de coproduire un projet intitulé Un simple film, qui parlerait “véritablement” de cinéma.

     La réponse de Truffaut est un règlement de compte et une claque à la figure de tous ceux qui ont la chance de faire du cinéma, mais qui en profitent pour mépriser ou méconnaître tout ce qui les a précédé, qui adoptent comme Truffaut le reproche à Godard “un comportement de merde sur son socle” avec leurs comédiens, leurs techniciens, les journalistes ou leurs producteurs. Il reproche à Godard de se victimiser (“les producteurs m’imposent des stars”) alors qu’il court après les vedettes de l’époque (Jane Fonda, Brigitte Bardot, etc.), de brandir le drapeau de la lutte des classes et d’être incapable de vendre La cause du peuple (journal interdit par l’Etat Français, vendu dans la rue par Sartre, Beauvoir et Truffaut au nom de la liberté d’expression), de sous-payer ses comédiens (notamment Jean-Pierre Léaud, fils spirituel de Truffaut) et de profiter de la culpabilité de jeunes producteurs de bonne famille : “Il y a encore à Paris assez de jeunes gens fortunés, complexés d’avoir eu leur première voiture à dix-huit ans, qui seront heureux de se dédouaner en disant : “je produis le prochain Godard”.

    Bien sûr, cette lettre n’empêche pas d’apprécier les films de Godard, en particulier les oeuvres si lumineuses de la décennie 60 (comme la lettre de Godard ne doit pas empêcher d’aimer la poésie de La nuit américaine), mais elle devrait être affichée dans les toilettes de tous les aspirants cinéastes, pour qu’ils n’oublient jamais au moment où ils ont l’impression d’être les rois du monde sur quel auguste siège ils trônent.

    Jean-Luc Godard à Truffaut, mai 1973

    “J’ai vu hier La nuit américaine. Probablement personne ne te traitera de menteur, aussi je le fais. Ce n’est pas plus une injure que fasciste, c’est une critique, et c’est l’absence de critique où nous laissent de tels films, ceux de Chabrol, Ferreri, Verneuil, Delannoy, Renoir, etc., dont je me plains. Tu dis : les films sont de grands trains dans la nuit, mais qui prend le train, dans quelle classe, et qui le conduit avec le “mouchard” de la direction à côté ? Ceux-là aussi font les films-trains. Et si tu ne parles pas du Trans-Europ, alors c’est peut-être celui de banlieue, ou alors celui de Dachau-Munich, dont bien sûr on ne verra pas la gare dans le film-train de Lelouch. Menteur, car le plan de toi et de Jacqueline Bisset l’autre soir chez Francis n’est pas dans ton film, et on se demande pourquoi le metteur en scène est le seul à ne pas baiser dans La nuit américaine. Je suis en train de tourner en ce moment un truc intitulé Un simple film, il montre de manière simpliste (à ta manière, celle de Verneuil, Chabrol, etc.), qui fait aussi les films, et comment ces “qui” le font. Comment ta stagiaire numérote, comment le mec d’Eclair porte des sacs, comment le vieux de Publidécor peint les fesses du Tango, comment la standardiste de Rassam téléphone, comment la comptable de Malle aligne les chiffres, et chaque fois, on compare le son et l’image, le son du porteur et le son de Deneuve qu’il porte, le numéro de Léaud sur sa chaîne d’image, et le numéro de s/sociale de la stagiaire non payée, la dépense sexuelle du vieux de Publidécor et celle de Brando, le devis de la vie quotidienne de la comptable et le devis de La Grosse Bouffe, etc. A cause des ennuis de Malle et de Rassam qui produisent gros (comme toi), le fric qui m’était réservé a filé dans le Ferreri (c’est ça que je veux dire, on ne vous empêche pas de prendre le train, mais vous, si), et je suis en panne. Le film coûte environ 20 millions et est produit par Anouchka et TVAB Films (la société de Gorin et moi)?. Peux-tu entrer en coproduction pour 10 millions ? Pour 5 millions ? Vu La nuit américaine, tu devrais m’aider, que les spectateurs ne croient pas qu’on fait des films que comme toi. Tu n’es pas un menteur, comme Pompidou, comme moi, tu dis ta vérité. Je peux en échange, si tu veux, t’abandonner mes droits de La Chinoise, du Gai Savoir, de Masculin Féminin.

    Si tu veux en parler, d’accord, Jean-Luc.

    A Jean-Luc Godard, mai-juin 1973

    Jean-Luc. Pour ne pas t’obliger à lire cette lettre désagréable jusqu’au bout, je commence par l’essentiel : je n’entrerai pas en coproduction dans ton film.

    Deuxièmement, je te retourne ta lettre à Jean-Pierre Léaud : je l’ai lue et je la trouve dégueulasse. C’est à cause d’elle que je sens le moment venu de te dire, longuement, que selon moi tu te conduis comme une merde.

    En ce qui concerne Jean-Pierre, si malmené depuis l’histoire de la grande Marie et plus récemment dans son travail, je trouve dégueulasse de hurler avec les loups, dégueulasse d’essayer d’extorquer, par intimidation, du fric à quelqu’un qui a quinze ans de moins que toi et que tu payais moins d’un million lorsqu’il était le centre de tes films qui t’en rapportaient trente fois plus.

    Certes, Jean-Pierre a changé depuis Les 400 Coups, mais je peux te dire que c’est dans Masculin Féminin que je me suis aperçu pour la première fois que de se trouver devant une caméra pouvait lui apporter l’angoisse et non la joie. Le film était bon et lui était bon dans le film, mais la première scène, dans le café, était oppressante pour quelqu’un qui le regardait avec amitié et non comme un entomologiste.

    Je n’ai jamais formulé la moindre réserve sur toi devant Jean-Pierre qui t’admirait tant, mais je sais que tu lui as souvent balancé des saloperies sur mon compte, à la manière d’un type qui dirait à un gosse : “alors, ton père, il se saoule toujours la gueule ?”

    Jean-Pierre n’est pas le seul à avoir changé en 14 ans et si l’on projetait dans la même soirée A bout de souffle et tout va bien, le côté à la fois désenchanté et précautionneux du second créerait la consternation et la tristesse.

    Je me contrefous de ce que tu penses de La nuit américaine, ce que je trouve lamentable de ta part, c’est d’aller, encore aujourd’hui, voir des films comme celui-là, des films dont tu connais d’avance le contenu qui ne correspond ni à ton idée du cinéma ni à ton idée de la vie. Est-ce que Jean-Edern Hallier écrirait à Daninos pour lui dire qu’il n’est pas d’accord avec son dernier livre ?

    Tu as changé ta vie, ton cerveau, et, quand même, tu continues à perdre des heures au cinéma à t’esquinter les yeux. Pourquoi ? Pour trouver de quoi alimenter ton mépris pour nous tous, pour te renforcer dans tes nouvelles certitudes ?

    A mon tour de te traiter de menteur. Au début de Tout va bien, il y a cette phrase : “Pour faire un film, il faut des vedettes.” Mensonge. Tout le monde connaît ton insistance pour obtenir J. Fonda qui se dérobait, alors que tes financiers te disaient de prendre n’importe qui. Ton couple de vedettes, tu l’as réuni à la Clouzot : puisqu’ils ont la chance de travailler avec moi, le dixième de leur salaire suffira, etc. Karmitz, Bernard Paul ont besoin de vedettes, pas toi, donc mensonge. La presse : on lui a “imposé” des vedettes… Autre mensonge, à propos de ton nouveau film : tu ne parles pas de la confortable avance sur recettes que tu as sollicitée, obtenue, et qui doit suffire même si Ferreri, comme tu l’en accuses drôlement, a dépensé l’argent qui t’était “réservé”. Alors, il se croit tout permis ce macaroni qui vient manger notre pain, ce travailleur immigré, il faut le reconduire à la frontière, via Cannes !

    Tu l’as toujours eu, cet art de te faire passer pour une victime, comme Cayatte, comme Boisset, comme Michel Drach, victime de Pompidou, de Marcellin, de la censure, des distributeurs à ciseaux, alors que tu te débrouilles toujours très bien pour faire ce que tu veux, quand tu veux, comme tu veux et surtout préserver l’image pure et dure que tu veux entretenir, fût-ce au détriment des gens sans défense, exemple Janine Bazin. Six mois après l’histoire Kiejman, Janine s’est vu supprimer ses deux émissions, vengeance habilement différée. Kiejman, n’envisageant pas de parler du cinéma politique sans t’interviewer, ton rôle à toi – il s’agit bien d’un rôle – consistait là encore à entretenir ton image subversive, d’où le choix d’une petite phrase bien choisie. La phrase est prononcée ; ou bien elle passe et elle est assez vive pour qu’on ne te soupçonne pas de mollir, ou bien elle ne passe pas et c’est épatant : décidément, Godard est toujours Godard, etc.

    Tout se passe comme prévu, l’émission ne passe pas, tu restes sur ton socle. Personne ne relève que la phrase est un nouveau mensonge. Si Pompidou met en scène la France, toi, c’est le parti communiste et les syndicats que tu malmènes, sur le mode (trop indirect pour les “masses”) de la périphrase, de l’antiphrase et de la dérision, dans Tout va bien, film destiné, au départ, à la plus grande diffusion.

    Si je me suis retiré du débat de Fahrenheit 451, à cette époque, c’était pour tenter d’aider Janine, pas par solidarité pour toi, c’est pourquoi je n’ai pas retourné le téléphone que tu m’as fait à ce moment.

    Toujours est§il que le mois dernier, Janine était à l’hôpital, elle s’est fait renverser par une voiture au cours de sa dernière émission, opération du genou (elle boitait depuis l’adolescence, jerk, etc.) et elle se retrouve là, à l’hôpital, sans travail et sans fric et naturellement sans nouvelles de Godard qui ne descend de son socle que pour amuser Rassam de temps à autre. Alors je peux te dire : plus tu aimes les masses, plus j’aime Jean-Pierre Léaud, Janine Bazin, Patricia Finaly (elle sort de la clinique de sommeil, celle§là, et il faut harceler la cinémathèque pour obtenir ses six mois de salaire en retard), Helen Scott que tu rencontres dans un aéroport et à qui tu n’adresses pas la parole, pourquoi, parce qu’elle est américaine ou parce qu’elle est mon amie ? Comportement de merde. Une fille de la BBC t’appelle pour que tu parles de cinéma politique dans une émission sur moi, je la préviens d’avance que tu refuseras, mais mieux que ça, tu lui raccroches au nez avant de la laisser finir sa phrase, comportement élitaire, comportement de merde, comme lorsque tu acceptes de te rendre à Genève, Londres et Milan, et que tu n’y vas pas, pour étonner, pour surprendre, comme Sinatra, comme Brando, comportement de merde sur un socle.

    Pendant une certaine période, après mai 68, on n’entendait plus parler de toi ou alors mystérieusement : il paraît qu’il travaille en usine, il a formé un groupe, etc., et puis, un samedi, on annonce que tu vas parler à RTL avec Monod. Je reste au bureau pour écouter, pour avoir de tes nouvelles en quelque sorte ; ta voix tremble, tu parais très ému, tu annonces que tu vas tourner un film intitulé La mort de mon frère, consacré à un travailleur noir malade qu’on a laissé mourir au sous-sol d’une fabrique de téléviseurs et, en t’écoutant, malgré le tremblement de la voix, je sens : 1, que l’histoire n’est pas exacte, en tout cas trafiquée ; 2 que tu ne tourneras jamais ce film. Je me dis : si le type avait une famille et que cette famille allait vivre désormais dans l’espoir que ce film soit fait ? Il n’y avait pas de rôle pour Montand là-dedans ni pour Jane Fonda, mais pendant 1/4 d’heure, tu as donné l’impression de te “conduire bien” comme Messmer quand il annonce le droit de vote à 19 ans. Fumiste. Dandy. Tu as toujours été un dandy, quand tu envoyais un télégramme à de Gaulle pour sa prostate, quand tu traitais Braunberger de sale juif au téléphone, quand tu traitais Chauvet de corrompu (parce qu’il était le dernier, le seul à te résister), dandy quand tu pratiques l’amalgame : Renoir-Verneuil, blanc bonnet et bonnet blanc, dandy encore aujourd’hui quand tu prétends que tu vas montrer la vérité sur le cinéma, ceux qui le font obscurément, mal payés, etc.

    Quand tu faisais équiper un décor, garage ou boutique par les électros et que tu arrivais : “je n’ai pas d’idée aujourd’hui, on ne tourne pas”, et que les types déséquipaient, il ne t’est jamais venu à l’idée que les ouvriers se sentaient complètement inutiles et méprisés, comme l’équipe de son qui attendait vainement Brando dans l’auditorium vide à Pinewood, tout une journée ?

    Maintenant, pourquoi est§ce que je te dis cela aujourd’hui et non pas il y a trois, cinq ou dix ans ?

    Pendant six ans, comme tout le monde, je t’ai vu souffrir à cause d'(ou pour) Anna et tout ce qui était odieux en toi, on le pardonnait à cause de ta souffrance.

    Je savais que tu avais entrepris Liliane Dreyfus (ex-David) en lui disant : “François ne t’aime plus, il est amoureux de Marie Dubois, qui joue dans son film”, et je trouvais ça pitoyable mais émouvant, oui, pourquoi pas, émouvant, à la limite ! Je savais que tu allais voir Braunberger en lui disant : “Faîtes-moi faire le sketch que Rouch doit tourner, à sa place” et je trouvais ça… disons, pathétique. Je me promenais avec toi sur les Champs-Elysées et tu me disais : “il paraît que Bébert et l’Omnibus ne marche pas, c’est bien fait” et je disais “Allons, allons…”.

    A Rome, je me suis fâché avec Moravia parce qu’il m’a proposé de tourner Le Mépris, j’étais venu là, avec Jeanne, présenter Jules et Jim, ton dernier film ne marchait pas, Moravia voulait changer de cheval.

    Pour les mêmes raisons de solidarité avec toi, je me suis fâché avec Melville qui ne te pardonnait pas de l’avoir aidé à faire Léon Morin prêtre, et qui cherchait à te nuire. A la même époque, tu humiliais Jeanne volontairement – ou pour faire plaisir à Anna (histoire d’Eva), tu tentais un dérisoire chantage sur Marie-France Pisier (Hossein, la Yougoslavie… à répétition… “l’alliance”), etc. Tu as fait tourner Catherine Ribeiro que je t’avais envoyée, dans Les Carabiniers, et puis tu t’es jeté sur elle, comme Charlot sur sa secrétaire dans Le Dictateur (la comparaison n’est pas de moi), j’énumère tout cela pour te rappeler de ne rien oublier dans ton film de vérité sur le cinéma et le sexe. Au lieu de montrer le cul de X… et les jolies mains d’Anne Wiazemsky sur la vitre, tu pourrais faire le contraire maintenant que tu sais que, pas seulement les hommes, mais les femmes aussi sont égales, y compris les actrices. Chaque plan de X… dans Week-end était un clin d’oeil aux copains : cette pute veut tourner avec moi, regardez bien comment je la traite : il y a les putes et les filles poétiques.

    Je te parle de tout ça aujourd’hui parce que, tout de même, malgré le dandysme assombri d’un peu d’aigreur qui transparaissait encore dans certaines déclarations, je pensais que tu avais pas mal changé, je pouvais penser cela avant de lire la lettre destinée à Jean-Pierre Léaud. Si tu l’avais cachetée, peut-être as-tu voulu me donner une chance de ne pas la lui remettre ?

    Aujourd’hui tu es fort, tu es censé être fort, tu n’es plus l’amoureux qui souffre, comme tout le monde tu te préfères et tu sais que tu te préfères, tu détiens la vérité sur la vie, la politique, l’engagement, le cinéma, l’amour, tout cela est bien clair pour toi et quiconque pense différemment est un salaud, même si tu ne penses pas en juin la même chose qu’en avril. En 1973, ton prestige est intact, c’est-à-dire que lorsque tu rentres dans un bureau, on regarde ton visage pour voir si tu es de bonne humeur ou s’il vaut mieux rester dans son coin ; parfois tu acceptes de rire ou de sourire ; le tutoiement a remplacé le vouvoiement, mais l’intimidation demeure, l’injure facile aussi, le terrorisme (cette façon de faire de la lèche à rebours). Je veux dire que je ne me fais pas de soucis pour toi, il y a encore à Paris assez de jeunes gens fortunés, complexés d’avoir eu leur première voiture à dix-huit ans, qui seront heureux de se dédouaner en disant : “je produis le prochain Godard.”

    Quand tu m’as écrit, fin 68, pour me réclamer 8 ou 900 mille francs qu’en réalité je ne te devais pas (même Dussart était choqué !) et que tu as ajouté : “de toute façon, nous n’avons plus rien à nous dire”, j’ai pris tout ça au pied de la lettre ; je t’ai envoyé le fric et, hormis deux moments d’attendrissement (un sur moi malheureux en amour, un sur toi à l’hôpital), je n’ai plus rien éprouvé pour toi que du mépris, quand j’ai vu dans Vent d’est la séquence : comment fabriquer un cocktail Molotov et qu’un an plus tard, tu t’es dégonflé quand on nous a demandé de distribuer, pour la première fois, La Cause du peuple dans la rue…

    L’idée que les hommes sont égaux est théorique chez toi, elle n’est pas ressentie, c’est pourquoi tu ne parviens pas à aimer qui que ce soit, ni à aider qui que ce soit, autrement qu’en jetant quelques billets sur la table. Un type, genre Cavanna, a écrit : “il faut mépriser l’argent, surtout la petite monnaie” et je n’ai jamais oublié comment tu te débarrassais des centimes en les glissant derrière les banquettes des bistrots. Contrairement à toi, je n’ai jamais prononcé une phrase négative à ton propos, à la fois parce que tu étais attaqué bêtement et plutôt ” à côté” des vraies choses, ensuite parce que j’ai toujours détesté les brouilles entre écrivains ou peintres, règlements de compte douteux par l’intermédiaire du papier journal, ensuite parce que je t’ai toujours senti à la fois jaloux et envieux, même dans tes bonnes périodes – tu es super compétitif, moi presque pas – et puis il y avait, de ma part, de l’admiration, j’ai l’admiration facile, tu le sais, et une volonté d’amitié depuis que tu t’étais attristé d’une phrase que j’avais dite à Claire Fischer à propos du changement de nos rapports après l’armée (pour moi) et la Jamaïque (pour toi). Je n