Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
J'ai lu hier:L'Oeil N°689
Avril 2016
Vaciller Le marché de l’art vacille. Selon Les Échos ou Le Journal des Arts [du groupe Artclair], il « ralentit » ou il « dégringole ». Tant mieux !, tant il semble entraîné dans une hausse incontrôlée. Les prix déraisonnables atteints par l’art moderne et contemporain, le recul des enchères au sein de maisons de ventes lancées dans une course effrénée pour offrir des garanties exorbitantes aux vendeurs, le dévissage des bourses et la crise asiatique expliquent ce phénomène. Les affaires judiciaires qui secouent le milieu aussi, parmi lesquelles les affaires Bouvier, celle des cols rouges de Drouot ou celle du Cranach du prince de Liechtenstein qui, saisi en mars par la justice française, pourrait déboucher sur un important trafic mondial de faux… Le marché vacille, donc, doit-on pour autant s’en réjouir ? Pas totalement. Car il n’existe pas un seul, mais plusieurs marchés de l’art, qui coexistent parfois sans se croiser. Ce marché de ...
- Portrait d'artiste
Le boulimique Miquel Barceló
- C'est dans l'art
Des Weston en bleu Klein
- Architecture du mois
Le mémorial de la disparition
- Question d'actualité
La protection du patrimoine en zones de conflit
- Acquisitions
Françoise Pétrovitch - De la série « Étendu »
- L'art en 2050
Le prix Cube à la croisée des technologies
- Portrait
Massinissa Selmani - Portrait
Simon Evans - Portrait
E. Albarran et C. Bourdais - Portrait
Hélène Bailly - Portrait
- L'objet de
La bobine de film de Nil Yalter
- Le portrait
Qu’est-ce qu’un portrait ?
Le portrait est réussi quand les larmes vous montent aux yeux »
Le portrait impressionniste, toute une histoire !
Huit expérimentations autour du portrait contemporain
L’autoportrait, ou l’art de l’autopromotion
Amedeo Modigliani, une vie pour le portrait
Le portrait traduit des réseaux d’amitiés et d’alliances symboliques
- Fran Disco
Fran Disco, une ville d’art brut en bd
- Araki et Serrano au bûcher ?
Araki et Serrano, au bûcher ?
- Arrêt sur image
Modersohn-Becker Jeune Fille nue assise
- Expertises
Photographie l’atout prix
Christine Ollier - Directrice artistique de la Galerie Les Filles du Calvaire
- Galeries
Judit Reigl façon puzzle
Patrick Faigenbaum - en galerie
Olivier Menanteau - en galerie
Wallace Whitney - en galerie
Jean-François Dubreuil et Jean d’Imbleval
Pierre Soulages - en galerie
Matisse Now - en galerie
Katinka Lampe - en galerie
- Indicateur des ventes
L'indicateur des ventes
Quand Moreau rencontre Rouault
Un décorateur « à part » entière
Picasso dans les rues de Paris
Les beaux-arts de Paris en photo
Du ciment à l’oeuvre
L’art des stratégies
Claude Cahun et son double
Martial Leiter, double-face
-
J'ai terminé hier à la gym:L'Oeil N°697
Janvier 2017
Le bouquet Il y a des traditions que l’on aime voir perdurer. Offrir et recevoir des fleurs en est une. C’est d’ailleurs ainsi qu’il faut accepter le Bouquet de tulipes offert à la France par Jeff Koons sur proposition de madame l’ambassadrice américaine à Paris, Jane D. Hartley, pour, dit le plasticien, témoigner de l’amitié des États-Unis envers le peuple français, « de [leur] deuil et de [leur] soutien » aux familles des victimes des attentats du 13 Novembre. Les Tulips de Jeff Koons appartiennent à la série intitulée Celebration, également composée des cæurs de la Saint-Valentin et des chiens gonflables qui ont fait la célébrité de l’artiste. Celebration est née dans les années 1990 d’une invitation lancée par un galeriste à concevoir des illustrations pour un calendrier. Elle a permis à Koons de rebondir après sa très critiquée série porno réalisée avec la Cicciolina (Made in Heaven) et d’atteindre les records que l’on sait en ...
L'oeil en mouvement- Portrait d'artiste
Pascal Pinaud, la passion matérielle
- C'est dans l'art
Loris Gréaud fait son cinéma
- L'architecture du mois
Nouvelle pièce au puzzle
- Actualités
De l’art et du vin
Dalí, au nom du père
Qui va payer les tulipes de Koons ?
L’ombre du général de Gaulle sur Hollande ?
Nimroud libérée, mais en ruines
Après la polémique, le label
Figures : Laurent Salomé, Norman Foster, Ousmane Sow, La Coccinelle
Bientôt Camille Claudel
Hyacinthe Rigaud retrouve son musée
La mue du Musée d’arts nantais
Le nouveau visage du CCC Olivier Debré
- Question d'actu
Bruno Gaudichon, l’extension de La Piscine
- Acquisitions
Asger Jorn, L’avangarde se rend pas
- L'art en 2050
Préparez vos mouchoirs
- L'objet de
La veilleuse de Denis Darzacq
L'oeil magazine- Art contemporain
Jan Fabre plante son drapeau au milieu de l’Ermitage
L'oeil MagazineCahier de l'amateur- 6 clés pour comprendre
6 clés pour comprendre Matisse et la séance de pose
- Arrêt sur image
Joe Jones « American Justice »
Cahier des expositions- A Paris
L’homme qui a vu l’ours préhistorique
Carl Andre, en long et en large
Thidet, la nature comme puissance
Sur les traces du jade
Les deux passions d’Antoine Bourdelle
Dans l’espace temps de Denis Roche
Bernard Buffet ressuscité
Il est venu le temps des Mérovingiens
Le Moyen Âge pour les nuls
- En régions
Alechinsky, chez Matisse comme chez lui
« Notre » Mésopotamie
Les révolutions permanentes de Meurice
Friant, une exposition gourmande
Speedy Graphito, vite la peinture
De l’art brut high-tech
Damien Deroubaix, le poids des références
-
Galerie Martel-Greinier
« Gérard Voisin, l’enfant Cobra »
DU 04 mars AU 05 avril 2014
« La rencontre avec Gérard Voisin découla d’un premier coup de foudre face à une de ses anciennes sculptures en bois des plus expressives : « le Clown ». Après l’avoir acquise, je pris contact avec son auteur en lui promettant de venir le voir à Nantes. C’était il y a sept ans. Sept ans de réflexion, de maturation pendant lesquels je conservais jalousement la sculpture sans l’exposer et la dévoiler, comme une chose trop belle… Je flirtais régulièrement avec l’idée de cette rencontre, de ce voyage, pourtant moins lointain et difficile que bien d’autres, me laissant cette perspective ouverte et indéterminée. Un jour d’été, je décidais qu’il était temps. Se souviendrait-il de moi et ne serait-ce pas trop tard ?
Il m’accueillit généreusement comme si nous nous étions entendus la veille.
Le second coup de foudre fut sa rencontre à son atelier de Moutiers en Retz, car s’il se donne à peu, il se donne à foison comme l’artiste complet, l’homme entier et sincère qui gagna pour toujours l’amitié de Christoforou, Corneille, Doisneau, Jorn, Paco Ibanez, Lindström, Nougaro et de tant d’autres amis de toute une vie qui marquèrent son parcours.
Les plus belles photos de son atelier et ses plus beaux portraits sont signés Robert Doisneau, quel regard il sut porter sur l’homme ! : Gérard entouré de ses bois, de ses sculptures, son regard passionné. Il sut capter avec justesse ce dialogue permanent de Voisin avec l’arbre, son frère.
D’une enfance volée, d’une adolescence de dur labeur, autodidacte et seul, Gérard Voisin sut dans la résilience trouver toute la force de se construire homme de lettres, poète et homme de l’art, sculpteur.
L’arbre lui servit de père, de mère, sa sève coule dans ses veines et s’est muée en instinct créatif. L’homme travaille sept heures par jour, choisit ses bois, les creuse, les façonne mais les observent aussi, certains lui soufflent, lui murmurent la direction à suivre…
Chaque bois diffère. Voisin sait lire en eux.
Le bois conduit au bronze qu’il aime cirer patiemment jusqu’à obtenir cette patine noire si belle et si pure. Si le bois a ses noeux, ses irrégularités, ses veines, ses coudes, le bronze est parfaitement tendu et lisse, d’une noir parfait et profond, au seul service de la forme.
Le choix du bois et de la taille directe le rattache à ses aînés, les sculpteurs Etienne-Martin et Stahly, dans un même élan abstrait lyrique, même si chez Voisin la figuration n’est jamais loin.
Proche de l’Art brut, Gérard Voisin se reconnaît surtout dans les principes d’un mouvement qui marqua fortement l’art de l’Europe du Nord : le mouvement Cobra. Le peintre danois Asger Jorn, un de ses fondateurs, le fait venir à Silkeborg où il l’ expose parmi d’autres jeunes artistes (tel Serge Vandercam à la même époque). Avant sa disparition, Jorn laisse une lettre testament signifiant sa volonté que son musée achète à Gérard Voisin plusieurs sculptures, ce qui fut fait, le reconnaissant ainsi « enfant de Cobra », véritable fils spirituel.
Il est difficile de détacher dans l’oeuvre de Gérard Voisin des périodes ou des thèmes distincts. Tels des lingams dressés, les sculptures fertiles de Voisin sont à la fois symboles éclatants de vie, mélange touchant au sacré d’évocations masculines et féminines où la sexualité rime avec amour, figures paternelles et maternelles comblant le manque originel d’un artiste qui confesse avoir grandi dans un désert affectif que l’art vient peupler. Sauvé de la mort et de son attraction par la violence d’un élan vital et créatif sans pareil, ayant dépassé la révolte pour laisser place à un sentiment d’empathie pour toutes les formes d’oppression. Son rapport et sa position face à l’histoire de l’esclavage, son souci de l’enfance, son rôle auprès de l’Unesco en sont une expression.
A l’aube de ses quatre vingt ans, cette rétrospective me semblait donc être l’hommage nécessaire que je suis fière de pouvoir lui rendre. »
Hélène Greiner
http://www.galeriemartelgreiner.com/exposition/gerard-voisin-lenfant-cobra/
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Le Journal des Arts N°439
3 juillet 2015La France est la première destination touristique du monde avec 83,7 millions de visiteurs en 2014, mais elle n’est que la troisième en termes de recettes. Les touristes ne restent en effet pas assez longtemps et ne vont pas assez en régions. Laurent Fabius, qui chapeaute le secrétariat au Tourisme, a parfois des idées saugrenues, comme de transformer l’hôtel de la Marine en « Grande Épicerie de Paris », mais il a le mérite d’avoir pris sa tâche à cœur. L’offre culturelle en régions est un bon argument pour inviter les étrangers dans nos belles provinces, encore faut-il la structurer et la promouvoir. Nous soulignions dans un précédent dossier du JdA combien les « châteaux de Paris » sont mal desservis par les transports en commun. Le marketing du tourisme culturel dans les territoires est beaucoup mieux loti, mais il présente encore de belles marges de progression. Depuis Avignon, le concept du « festival » a pris corps et déborde largement le théâtre ou la musique, pour concerner aujourd’hui les expositions d’art (Festival Normandie impressionniste, dont l’un des promoteurs est justement Laurent Fabius), voire des manifestations transdisciplinaires qui associent spectacles de rue, expositions dans les musées ou centres d’art. Les organisateurs ont ...
ActualitéNuages sur la France
Françoise Benhamou : « Rapprocher les ministères de la Culture et de l’Éducation »
La loi patrimoine et création sous le rabot
CréationVersailles sens dessus dessous
L’amour en tapisserie
Images à charge historique
Lévêque campe à Rodez
L’esprit du Mamco, toujours
Chaumont sur l’art
Habiter Chamarande
Tania Mouraud : « Je suis fascinée par la peinture abstraite »
Quand Bruges deviendra grande
« Ubu curator »
Hatoum, l’art de l’intranquillité
Lire, regarder, écouterPortraitEnquête : Les 40 ans de l'OCBCExpositionsParis-Toscane
Naples, du drame au décor
Napoléon, entre Paris et Waterloo
Blanche, plus qu’un peintre mondain
La musique pour survivre
André, en toute intimité
Sima ou la transparence
Quand l’art brut sort de son ghetto
Matisse et les autres
Giacometti, à l’évidence
Un bilan des acquisitions
Le panorama, spectacle du monde
La dentelle selon Balenciaga
L’art de son temps, depuis toujours
Marché de l'artToutes les Unes de L'oeil :
2015 - 2014 - 2013 - 2012 - 2011 - 2010 - 2009 - 2008 - 2007 - 2006 - 2005 -J'ai visité le 27 juillet à Sète:MUSÉE INTERNATIONAL DES ARTS MODESTES et son expo
Fondé par Hervé Di Rosa et Bernard Belluc, le Musée International des Arts Modestes a ouvert ses portes à Sète en novembre 2000.
Réaménagé dans un ancien chai à vin par l'architecte Patrick Bouchain, le MIAM est un laboratoire ouvert aux artistes de toutes générations et de tous horizons.
Le MIAM fait des créations marginales ou périphériques le coeur de sa réflexion et favorise la circulation des regards entre la culture savante et la culture populaire, ouvert sur le monde et ses multiples réalités, il se propose de dépasser les frontières des genres, de traverser les cultures et d'éclairer ces productions modestes trop vite reléguées au second plan mais qui pourtant ont toujours été source d'inspiration pour les artistes.
Le MIAM peut également se définir comme un lieu de débat et de dialogue. Fortement engagé sur des questions de décloisonnement artistique et de diversité culturelle, le MIAM se tourne vers l'étude des phénomènes de société qui donnent lieu à des expressions artistiques nouvelles.
Les collections
Le MIAM abrite la collection de Bernard Belluc. Ce fonds est constitué de milliers d'objets emblématiques de l'art modeste, objets aimés et collectionnés, manufacturés ou artisanaux.
Ce sont pour l'essentiel des jouets, des figurines, des gadgets et toutes sortes de "bibelots" qui participent de "l'archéologie de l'enfance" et nous touchent par leur force visuelle.
Souvent clinquants et bariolés, ils proviennent des périphéries de l'art brut, de l'art naïf ou de l'art populaire.
Les rendez-vous de Bernard Belluc
Bernard Belluc (cofondateur du MIAM) vous donne rendez–vous tous les premiers samedis de chaque mois à 15h00 pour une visite guidée du MIAM.Le jardin de l'art modeste
La cour intérieure du MIAM accueille Le jardin des plantes modestes réalisé par l’artiste-botaniste Liliana Motta, un jardin particulier dans la mesure où il raconte l'histoire des plantes qui sont généralement considérées comme des « mauvaises herbes », plus gênantes qu'utiles…Le 1er dimanche du mois, braderie de livres, tee-shirts et autres objets, entrée gratuite.
Visites guidées :- Du 1er avril au 30 septembre, du lundi au vendredi à 14h30 et à 16h00, groupes sur réservation
- Du 1er octobre au 31 mars, minimum 10 personnes sur réservation
- Des ateliers pour les enfants et les adolescents
- Les mercredis, fin de semaine, et pendant les vacances
- Pour plus d'informations sur les ateliers
- à partir de 3 ans
Général- Accès aux personnes à mobilité réduite :
- Oui
| © les contributeurs d'OpenStreetMapItinéraire vers :23, quai Maréchal de Lattre de Tassigny34200SETECoordonnées GPSLatitude : 43.4060670Longitude : 3.6961022artpress │ décembre 2022
En ce mois de décembre 2022, avec le 505e numéro d'artpress, que du lourd ! 60 pages en plus et un sommaire exceptionnel, ce qui est bien le moins pour une revue qui fête son demi-siècle, fièrement campée sur son indépendance, pionnière dans la mise en place de cet art contemporain devenu désormais phénomène de société. Une revue restée fidèle aux artistes des avant-gardes défendues dans les années 1970, à ses premiers collaborateurs, et qui n'en continue pas moins à défricher le terrain foisonnant de la jeune création. Pour preuve : Après l'école, biennale artpress des jeunes artistes, qui se tient jusqu'au 8 janvier 2023 à Montpellier, et dont des images ouvrent ce numéro.
Pas de bilan et encore moins de nostalgie à l'occasion de cet anniversaire. Tout au contraire, nous nous sommes laissés guider par le désir de comprendre le présent et sommes allés en discuter avec les artistes, les personnalités qui nous semblaient les mieux à même de nous aider à approcher une réalité complexe et si souvent déroutante : ceux dont nous accompagnons le parcours depuis si longtemps, Michael Baldwin et Mel Ramsden du groupe Art & Language, Pascal Convert, Jan Dibbets, Joan Fontcuberta, Fabrice Hyber, et les nouveaux venus dont les pratiques nous surprennent et nous émerveillent, le cinéaste Miguel Gomes, Grégory Chatonsky qui dialogue avec des intelligences artificielles, et Caroline Achaintre qui renouvelle complètement – qui l'eût cru il y a 50 ans ? – tapisserie et vannerie ! Nous avons aussi sollicité ceux dont la pensée nous éclaire depuis des années, Giorgio Agamben, Georges Didi-Huberman, Jean-Marie Schaeffer, et ceux qui réorientent notre regard : Kaira M. Cabañas vers des frontières qui s'effacent entre art et art brut, Ben Davis vers une prise de conscience des nouveaux conditionnements du monde de l'art. Et puis nous sommes allés à la rencontre des grands professionnels qui permettent l'accès du plus grand nombre à l'art : Bernard Blistère et Manuel Borja-Villel, respectivement ex-directeur du Musée national d'art moderne à Paris et directeur du Musée Reina Sofia à Madrid, Max Hollein, qui dirige le Metropolitan Museum à New York, et Robert Storr, historien de l'art, longtemps conservateur au MoMA, enfin Hector Obalk, qui transforme l'histoire de l'art en un spectacle passionné et passionnant.
Mais artpress serait-il artpress sans les grandes œuvres qui l'ont étayé tout au long de ces années ? C'est ce que rappellent Philippe Forest, Jacques Henric, Richard Millet ainsi que Georges Banu dans les textes qu'ils consacrent à Marcel Proust, Franz Kafka, Pierre Guyotat, Tadeusz Kantor et Bob Wilson. On y a ajouté quelques petits trésors : un inédit de Guyotat, un autre d'Enrique Vila-Matas consacré à Georges Pérec, et d'étonnantes images du temps où Jean-Luc Godard faisait de la mise en page…
Du lourd, oui, mais vous verrez, vous en sortirez tellement plus léger !
Retrouvez par ici les événements en cours et à venir à Paris, en régions et à l'étranger. Et si vous avez envie que vos événements figurent dans l'agenda d'artpress, juste après nos reviews d'expositions et sur notre site (rubrique agenda artpress), quatre types de modules pour tout budget vous sont proposés. Contact : c.brunet@artpress.fr.
Il n’est jamais trop tard
Où l’on met en images un passé refoulé.
Ceija Stojka, Déportation dans un camp d’extermination, 1994, huile sur carton. Photo : © ADAGP, Paris, 2024
Années 1990, Vienne. Dans sa cuisine, comme tous les jours, Ceija Stojka sort ses pinceaux. Pour la vieille dame rom, la peinture n’est pas une affaire légère : dans ses tableaux, les tournesols et les roulottes alternent avec des sujets plus inquiétants, comme des barbelés, des trains et des militaires en uniforme...En effet, à l’âge de dix ans, Stojka est déportée avec une partie de sa famille dans des camps de concentration.Ceija Stojka, Où sont mes Roms ?, 1995, gouache sur papier. Photo : © ADAGP, Paris, 2024
Portrait de Ceija Stojka, vers 1990-2000. Photo : Navigator Film, DR
Les Roms (terme que cette communauté préfère à celui, péjoratif, de Tsiganes) font alors partie des populations mises à mort par les nazis. Si la jeune fille survit à la déportation, elle entre ensuite dans un très long silence de quarante ans. Chez les Roms, pas question de parler d’un drame qui a décimé 90 % de la communauté en Autriche…Mais en 1988, encouragée par une documentariste, Stojka décide de se lancer : elle se met à peindre et écrire sur son passé. Jusqu’à sa mort en 2013, elle produit sans relâche de nombreux poèmes et plus de mille œuvres graphiques.Ses peintures alternent entre souvenirs joyeux d’enfance, où dominent les fleurs, et expérience des camps, dans une palette plus sombre. Utilisant tour à tour de la toile, du carton ou du papier sur lesquels elle peint parfois directement avec les doigts, elle représente des scènes foisonnantes dans un style dynamique très personnel. Rattachée au courant de l’art brut, Stojka est en effet autodidacte, et crée loin du monde de l’art, selon sa propre esthétique.Peu à peu médiatisées, les œuvres de Ceija Stojka bouleversent la société autrichienne qui commence à l’époque à prendre la mesure du génocide rom, longtemps ignoré.La reconnaissance de l’artiste devient internationale : depuis son décès, pas moins de dix-sept expositions ont été consacrées à son travail. Plus question de passer son nom sous silence !Ceija Stojka, Personne n’avait vu cela…, 1995, acrylique sur carton, 65 x 50 cm. Photo : Courtesy Galerie Christophe Gaillard, Rebecca Fanuele © ADAGP, Paris, 2024
Ceija Stojka, L’étang noir, 1992, acrylique sur papier cartonné, 50 x 65 cm. Photo : Courtesy Galerie Christophe Gaillard, Rebecca Fanuele © ADAGP, Paris, 2024
"Nous sommes un peuple qui dans le désespoir sait danser et chanter." Ceija Stojka
En savoir plus
Ceija Stojka, Sans titre, 1991, gouache sur papier, 65 x 50 cm. Photo : Courtesy Galerie Christophe Gaillard, Rebecca Fanuele © ADAGP, Paris, 2024
Racontée par Marie Vuillemin
Iconographiée par Aude Niclas
Jeu concours
Ces pièces de monnaie romaine sont des...
Une chapelle pour Picasso et Gauguin
L'espace de la chapelle des Pénitents blancs a été complètement restructuré pour accueillir la prestigieuse collection. Crédits photo : Jean-Claude Carbonne/Musée Granet
À Aix-en-Provence, quelques chefs-d'œuvre de la collection Planque sont rassemblés à la chapelle des Pénitents.
Longtemps la collection Planque a été sur le point de devenir le fleuron du Musée des beaux-arts de Lausanne. Celui-ci tardant à se construire, elle a finalement été déposée pour quinze ans au Musée Granet d'Aix-en-Provence en 2010 et aussitôt exposée à l'été 2011. Elle vient d'être accrochée sur 700 m2 dans la chapelle des Pénitents blancs aménagée pour la circonstance. Elle devrait y rester au moins jusqu'en 2025. Planque aurait été comblé par ce lieu dont la restauration exalte les voûtes croisées d'ogives, et de la proximité de la montagne Sainte-Victoire: il donnait à l'art une dimension mystique et vénérait Cézanne.
La montagne Sainte-Victoire vue des Lauves, de Paul Cézanne. Crédits photo : Luc Chessex/Musée Granet
Dans la chapelle des Pénitents, à travers le hasard des rencontres, l'accrochage rend compte d'une page d'histoire de l'art sous-tendue par une recherche essentielle. Celle de Cézanne qui hantera Planque sa vie durant. Il guette les peintres et les œuvres pour qui le sujet, paysage ou portrait, ne compte plus «mais devient le siège d'une émotion recréée par les formes». Ainsi à leur manière, Manessier, Bazaine, de Stael, Hartung ou Riopelle qu'il amènera chez Beyeler et dans sa propre collection.
Au rez-de-chaussée, l'exposition s'ouvre par la figuration puis progresse vers le cubisme dont toutes les facettes sont présentées, puis Picasso en apothéose dans le chœur, avec laFemme au chat assise dans un fauteuil, pythie surprenante d'autorité et de mystère. Planque la tenait pour le clou de sa collection. Derrière elle, dans l'abside, se dévoile l'extrême douceur du Buste de femme endormie au crayon de couleur rose, Picasso a saisi Jacqueline endormie dans l'atelier. Elle y suivait l'artiste au travail, jour et nuit. La fatigue l'a surprise.
Portrait d'une Tahitienne, Paul Gauguin, vers 1891 Crédits photo : Luc Chessex/Musée Granet
Chemin faisant, le regard se ménage des diagonales: l'une court du fusain d'une Tahitienne par Gauguin à une huile montrant un torse de femme de profil par Pierre Bonnard. Mais il faut aussi se faire raconter la manière dont les toiles sont entrées dans la collection pour comprendre la force de Planque. Les deux Monet ont été offerts par son fils Michel. C'est Planque qui lui révèle la valeur des œuvres des Monet tardifs, celles de «l'homme malade à la vue déformée et qui aurait peut-être bien voulu qu'elles fussent détruites lors de la guerre quand un obus éclata dans l'atelier de Giverny». Il y a aussi un Van Gogh reconnu sous la crasse dans les WC d'un parfumeur de province, un Vallotton offert par Beyeler en reconnaissance, une Tour Eiffel de Delaunay offerte par Sonia en remerciement de ses efforts lors de la préparation de l'exposition consacrée à son mari chez Beyeler, un Bonnard qu'il refuse de céder parce que le nez du modèle lui semble suspect… L'œil toujours.
Deux mezzanines suivent, superposées sans couper l'élan de la chapelle, mais permettant au contraire au visiteur de l'éprouver davantage tant les voûtes portent la lumière et l'âme de cet édifice XVIIe. La première souligne le parcours de Planque dans l'abstraction. Klee, Tapiès, de Stael, Sam Francis, Vieira da Silva. La seconde expose la fascination et la longue amitié de Planque pour Dubuffet.
« Dubuffet a bien vu que je ne savais rien. Il m'a enseigné. Il m'a donné des clés pour savoir analyser une œuvre »
«Dubuffet a bien vu que je ne savais rien. Il m'a enseigné. Il m'a donné des clés pour savoir analyser une œuvre», dit Planque. Lui si réfléchi, posé, méticuleux, reste ébahi devant la fébrilité de Dubuffet. Il défend son œuvre auprès des marchands, des conservateurs et des collectionneurs étrangers et se rend dans l'atelier de la rue Vaugirard. Il y contemple les tableaux de son œil-laser et vérifie que «cela tient». Dubuffet ouvre à Planque ses domaines chéris de l'art brut. À côté de Louis Soutter ou d'Aloïs, Planque collectionne les œuvres joyeuses de Kosta Alex. Ainsi, The Girl from Southern Francedont, comme par prédestination, la bouche embrasse… la ville d'Aix-en-Provence.
Avant de travailler pour le marchand Ernst Beyeler de 1954 à 1972, Jean Planque s'était établi dans un mas à Puyloubier, près d'Aix, afin de prendre sur les lieux la leçon de Cézanne. Diverses toiles s'en suivront dont une qu'il conservera jusqu'à la fin de sa vie accrochée dans la pénombre de sa cuisine. Certains visiteurs la prenaient pour un Matisse et Planque souriait. Il avait accepté que sa relation à la peinture se joue ailleurs qu'au pinceau. Il avait un œil. «Le tableau s'impose à moi avec brutalité et je pressens. Je pressens le mystère, ce qui ne peut être dit ni à l'aide de la musique, ni à celle des mots. Immédiate préhension. Chose émotionnelle. Possession de tout mon être. Je suis en eux et eux en moi. Tableaux !», note-t-il dans ses cahiers.
Cet œil si sûr lui ouvre la porte de la galerie Beyeler, mais aussi l'intimité de nombreux artistes dont Picasso et Dubuffet. Sur les trois cents œuvres de sa collection, la moitié sont des chefs-d'œuvre. Non pas que Planque ait eu des moyens de magnat. Mais, protestant, économe, il a une parole si scrupuleusement honnête qu'il met dans le mille. Les œuvres qui lui plaisent, Planque trouve souvent un moyen de les obtenir, des marchands ou des clients en remerciement de transactions, ou bien des artistes eux-mêmes qui lui font des facilités.
«Je m'étonne toujours parce que j'ai tendance à refuser vos œuvres nouvelles», dit-il à Picasso ravi de découvrir en lui un visiteur d'une autre espèce que ceux «qui ne voient que dessus et non dedans le tableau».
Vélasquez
Velázquez, l'astre du Siècle d'or
Quand le roi est devant lui, vêtu de noir, avec son long visage triste, Velázquez l'auréole d'harmonies incomparables. Quand les petites infantes apparaissent tels des êtres éteints enfermés dans des robes d'apparat qui broient leur poitrine, il les nimbe de rose animé de taches d'argent, de bleu lointain et de mauve tendre. Quand la reine, qui n'aimait pas poser, se tient face à lui coiffée de la lourde perruque de la cour, il nacre sa peau et éclaire son regard de paillettes mordorées. Quand le souverain pontife, hargneux et acariâtre, crie et s'impatiente, Velázquez n'est occupé que de la symphonie de rouges éclatants dont il l'entoure. Quand les bouffons et les nains, dont la présence à la cour était une vieille tradition de la monarchie espagnole et qui avaient pour fonction de rire d'eux-mêmes et d'en faire rire les souverains, posent dans l'atelier de Velázquez, il les peint vêtus comme des princes, comme des êtres chez qui le divin resplendit. Un monde triste? Qu'importe: pour Velázquez, et pour lui seul, ce monde est poétique.
Pour voir en quoi les artistes influent sur moi, cf. mes 14 livres en vente sur ce blog
L'Estampille/L'Objet d'Art n° 511
Velázquez au Grand PalaisN° 511 - avril 2015 - 8,50 €
ISSN : 0998-8041
Description du numéro L'Estampille/L'Objet d'Art n° 511
Au sommaire de ce numéro :
PORTFOLIO : L'âge d'or de la nature morte en France
Les premières représentations de natures mortes remontent à l’Antiquité. L’anecdote rapportée par Pline l’Ancien des oiseaux venant picorer des raisins peints par Xeuxis est restée célèbre, et les somptueuses représentations de fleurs et de fruits sur les mosaïques romaines en témoignent. Le genre en Occident ne prend toutefois véritablement son essor qu’au sortir du Moyen Âge. Portfolio d’un art du détail, capable de chanter tant l’humble poésie des choses que la virtuosité étourdissante des richesses matérielles.
Velázquez, la peinture en majesté
Figure majeure du Siècle d’or espagnol, Velázquez s’est imposé, depuis sa redécouverte internationale au XIXe siècle, comme l’une des références suprêmes de l’art. Jalonnée de chefs-d’œuvre, l’exposition du Grand Palais confirme avec éclat la légitimité de cette primauté.
La chapelle de Théodelinde à Monza, un chef-d'œuvre du gothique international ressuscité
Au cœur du Dôme de la ville de Monza, l’extraordinaire chapelle de Théodelinde, dédiée à la mythique reine lombarde, vient de bénéficier d’une restauration qui aura duré plus de cinq ans. Réalisée par la famille Zavattari, une dynastie de peintres, une fresque monumentale retrace la vie de la souveraine en un cycle grandiose et pittoresque aux couleurs éclatantes dans le style du gothique international.
Raoul Dufy magicien du textile
Surnommé le « peintre du plaisir », Raoul Dufy (1877-1953) expérimenta toutes les formes d’art. Au tournant des années 1920, il propulsa la création textile dans la modernité en dessinant des motifs pour le couturier Paul Poiret et les soieries lyonnaises Bianchini-Férier. Le musée d’art moderne de Troyes rend hommage à ce génie protéiforme en présentant, pour la première fois en France, l’incroyable collection réunie par un amateur belge en une vingtaine d’années.
Wagner et Rudolphi orfèvres-bijoutiers virtuoses
À la fin des années 1830, l’orfèvrerie d’art connaît un essor spectaculaire à Paris grâce à l’inventivité de deux artistes : le Prussien Charles-Louis Wagner (1799-1841) et le Danois Frédéric-Jules Rudolphi (1808-1872 ?). Après s’être retrouvés dans le même atelier, l’un comme apprenti, l’autre comme maître, leur collaboration donne lieu aux réalisations les plus spectaculaires encensées par le jury des Expositions universelles et convoitées par une riche clientèle internationale.
Les premières « Poésies » de Titien retrouvent leur splendeur
Réalisés pour le roi d’Espagne, Philippe II, Vénus et Adonis (Madrid, musée du Prado) et son pendant Danaé (Londres, The Wellington Collection) viennent de faire l’objet d’une restauration exemplaire. Recherches archivistiques et analyses scientifiques permettent de mieux comprendre le fameux cycle des « Poésies » et les méthodes de travail de Titien.Articles
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L'Estampille/L'Objet d'Art n° 510 - Bonnard à Orsay
Pour voir comment les artistes influent sur moi, cf. mes 14 livres en vente sur ce blogView this email in your browser OUVERTURE DE L'EXPOSITION