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  • Mort de Gérard Fromanger, peintre engagé et héraut de la couleur

     

    Mort de Gérard Fromanger, peintre engagé et héraut de la couleur
    Gérard Fromanger lors du vernissage de l’exposition « Question de peinture — Des années 40 à nos jours », février 2016 © Michel Lunardelli

    Le peintre contemporain Gérard Fromanger s'est éteint aujourd'hui à l'âge de 81 ans. Convaincu que sa pratique artistique était un acte politique, il laisse derrière lui un œuvre extrêmement riche et coloré, qui a fondamentalement transformé le paysage artistique français.

    Avec son esthétique pop et colorée, Gérard Fromanger était un incontournable de l’art contemporain français. Décédé ce vendredi 18 juin à l’âge de 81 ans, il avait fait des aplats de couleur et des silhouettes anonymes ses marques de fabrique. Alternant entre ses ateliers de Paris et de Sienne, en Toscane, Gérard Fromanger était un forcené de l’art, expliquant travailler jusqu’à l’épuisement sur ses toiles dès que l’inspiration le frappait. Imprégné de la culture subversive de Mai 68, il voyait dans son art un formidable outil de contestation de la société de consommation, à la manière des artistes des mouvements de la Nouvelle Figuration et de la figuration narrative, dont il ne fit jamais pleinement partie.

    Amitiés fondatrices

    Né en 1939 dans les Yvelines, celui qui explique avoir commencé à peindre à l’âge de 2 ans a su très tôt que l’art était sa vocation. Dès ses 17 ans, il intègre l’Académie de la Grande Chaumière puis passe brièvement par les Beaux-Arts de Paris. Il rencontre ensuite César qui l’accueille pendant 2 ans dans son atelier. Il se lie également d’amitié avec Alberto Giacometti et Jacques Prévert, qui le présentent au marchand d’art et collectionneur Aimé Maeght. Il collaborera avec le galeriste de Matisse et Chagall de 1964 et 1967. En 1965, il passe définitivement du gris à la couleur avec son Prince de Hombourg, où l’acteur Gérard Philippe se voit démultiplié. Viennent ensuite les événements de Mai 68, pendant lesquels il cofonde l’Atelier populaire de l’école des Beaux-Arts avec Gilles Aillaud et Eduardo Arroyo notamment. Il réalise également l’album de sérigraphies « Le Rouge »dans lesquelles il remplace les manifestants par des silhouettes ou des masses rouges, opposées aux policiers en bleu et blanc.

    Gérard Fromanger, Bouge (de la série Questions), 1976, Huile sur toile, 162 x 130 cm, Courtesy the artiste and Jeanne Bucher Jaeger, Paris © Gérard Fromanger

    Gérard Fromanger, Bouge (de la série Questions), 1976, Huile sur toile, 162 x 130 cm, Courtesy the artiste and Jeanne Bucher Jaeger, Paris © Gérard Fromanger

    Œuvre politique

    Pour Gérard Fromanger, la portée politique et subversive d’une œuvre réside avant tout dans sa dimension esthétique et non dans son message même. Son esthétique se rapproche, dès 1965, du mouvement dit de la « Figuration narrative », qui, s’opposant à l’abstraction dominante, reprend les codes du Pop Art en lui appliquant une dimension politique, bien plus critique de la société de consommation. Ce courant prend corps en 1964 à l’occasion de l’exposition « Mythologies quotidiennes », qui regroupe notamment Niki de Saint-Phalle, Antonio Recalcati et Jean Télémaque. Pour Fromanger, la rue est une source d’inspiration sans fin, comme on le voit dans ses différentes représentations de scènes de ville, de la série Boulevard des Italiens (1977) jusqu’à son Impression soleil levant 2019 (2019), en passant par Sens dessus dessous (2003). Selon ses propres termes, « il n’y a [que la rue] qui peut changer le monde ».

    Gérard Fromanger, Florence, rue d’Orchampt, 1975, Huile sur toile, 130 x 97 cm, Courtesy the artiste and Jeanne Bucher Jaeger, Paris © Gérard Fromanger

    Gérard Fromanger, Florence, rue d’Orchampt, 1975, Huile sur toile, 130 x 97 cm, Courtesy the artiste and Jeanne Bucher Jaeger, Paris © Gérard Fromanger

    De multiples facettes

    Fromanger a pourtant quitté plusieurs fois ces sentiers battus pour s’aventurer dans le monde du portrait, qu’il composait à grand renfort de lignes colorées, ou même de compositions plus abstraites, comme son Le soleil inonde ma toile (1966), éminemment avant-gardiste. Pour lui, peindre est une « nécessité », un appel quasi-mystique auquel il ne peut que répondre, et qui donne souvent lieu à des séries de tableaux. Le peintre avait récemment réalisé le plafond du foyer-café du théâtre des Bouffes du Nord, avait exposé ses œuvres face à celles des impressionnistes du musée Marmottan-Monet et s’était dévoilé au musée des Beaux-Arts de Caen. Gérard Fromanger nous laisse en héritage ses couleurs subversives.

  • Le tour de France des expositions

    Par Valérie Duponchelle Mis à jour le 03/07/2012 à 12:26 | publié le 03/07/2012 à 06:00 
    <i>Parade</i>, 1917, ce monumental rideau de théâtre est le plus grand Picasso du monde. Il est exposé au Centre Pompidou-Metz.<i></i>
    Parade, 1917, ce monumental rideau de théâtre est le plus grand Picasso du monde. Il est exposé au Centre Pompidou-Metz. Crédits photo : Succession Picasso, 2011/ Christian Bahier et Philippe Migeat - Cetre Pompidou, MNAM-CCI/Dist. RM-GP

    Sélection des plus belles haltes sur les routes des vacances, de Chambord à Nantes, de Quimper à Ajaccio.

     VENCE. La collection Burda au Musée Granet

    Toute la peinture allemande du XXe en 50 chefs-d'œuvre, d'August Macke à Gerhard Richter. Avec, aussi, De Kooning et Picasso. Jusqu'au 30 septembre.

    COLMAR. Matthias Grünewald et Adel Abdessemed

    À côté du retable d'Issenheim, le tableau absolu de Grünewald (vers 1512-1515), le Musée d'Unterlinden présente les Christ d'acier d'Adel Abdessemed, jusqu'au 16 septembre.

    LANDERNEAU. Gérard Fromanger pop à la Fondation Leclerc

    Couleurs vitales et conscience très politique avec ce peintre joyeux de la figuration narrative. Jusqu'au 28 octobre.

    NANTES. «Le Voyage à Nantes»

    Toute la ville et son estuaire sont«renversés par l'art», du Serpent d'océande Huang Yong Ping à l'Observatoire des marais de Kawamata. Jusqu'au 19 août.

    NÎMES. Vera Lutter au Carré d'Art

    Négatif? Positif? La photographe allemande transforme le Carré d'Art en camera obscura, boîte transparente et lumineuse. Jusqu'au 16 septembre.

     

    <i>L'Artiste Marcella</i>, 1910, Ernst Ludwig Kirchner et «Die Brücke», à Quimper.
    L'Artiste Marcella, 1910, Ernst Ludwig Kirchner et «Die Brücke», à Quimper. Crédits photo : Brücke-Museum, Berlin

     

    QUIMPER. Les peintres sauvages de Die Brücke

    Après le Musée de Grenoble, ces peintres dans le vent expressionniste sont en Bretagne, du 11 juillet au 8 octobre.

    SAINT-PAUL-DE-VENCE. Gasiorowski tout fou à la Fondation Maeght

    «Fou de peinture», «le plus peintre d'entre nous», selon Jacques Monory, Gérard Gasiorowski a disparu en 1986, à 56 ans. À redécouvrir jusqu'au 30 septembre.

    MONACO. L'art «Extra large» au Forum Grimaldi

    Le Centre Pompidou expose ses artistes en «Extra large»: Miró, Dubuffet, Matta, Soulages, Stella, Yan Pei-Ming, Beuys, Sol LeWitt, Anish Kapoor ou Bill Viola. Jusqu'au 9 septembre.

    CHAMBORD. La chair de Rebeyrolle au château

    Tous les corps à corps en matière de Paul Rebeyrolle (1926-2005) envahissent Chambord sous l'œil vif de Jean-Louis Prat. Jusqu'au 23 septembre.

    TOURS. Les clichés de Bourdieu

    Exposition au château de 150 photos de la société algérienne prises par le sociologue pendant la guerre d'Algérie. Jusqu'au 4 novembre.

    METZ. «1917» en guerre au Centre Pompidou

    Que répond l'art à la guerre? Coupe transversale dans les combats et les ateliers, plus de 1000 œuvres en tourbillon dans une scénographie en spirale. Jusqu'au 24 septembre. On peut aussi s'éblouir devant Doug Wheeler au Frac Lorraine, jusqu'au 11 novembre

     

    Jean Prouvé devant sa maison à pans modulables, vers 1955, à Nancy.
    Jean Prouvé devant sa maison à pans modulables, vers 1955, à Nancy. Crédits photo : Adagp, Paris

     

    NANCY. Jean Prouvé, retour au pays natal

    Il est l'héritier direct de l'École de Nancy, mouvement Art nouveau dont son père Victor Prouvé est l'un des chefs de file, et son parrain, Émile Gallé, le fondateur. Nancy lui rend de multiples hommages jusqu'au 28 octobre.

    AVIGNON. La collection Lambert

    En 2011, Yvon Lambert a confirmé la donation de sa collection à l'État et son dépôt permanent à la ville d'Avignon. Voici donc ses artistes mus par un désir de rupture (Lawrence Weiner, Serra, Marden, Mangold) face à ceux qui s'approprient le passé (Serrano, Douglas Gordon, Lavier, Basquiat, Lavier, Zilvinas Kempinas). Jusqu'au 11 novembre.

     

    <i>Grondin volant</i>, 1998, Nakanishi, nature japonisante et technique indirecte, à Concarneau.
    Grondin volant, 1998, Nakanishi, nature japonisante et technique indirecte, à Concarneau. Crédits photo : Monaco, Musée océanographique de Monaco, Fondation Albert 1er, Prince de Monaco.

     

    BRETAGNE. Le Japon à l'Ouest

    Cet été, la Bretagne est à l'heure japonaise avec sept expos. Le Musée de la pêche de Concarneau présente l'art du Gyotaku. Les beaux-arts de Brest, le japonisme et son influence sur les peintres français. Les beaux-arts de Rennes, estampes et kimonos. Jusqu'en septembre.

    ÉVIAN. «L'art d'aimer» au Palais Lumière

    Boucher, Courbet, Ingres, Henri Martin, Maurice Denis, Picasso, Chagall, Rouault, Foujita, Tamara de Lempicka, Henri Lartigue, Doisneau, Man Ray, Pierre et Gilles dessinent la carte du tendre. Jusqu'au 23 septembre.

    SAINT-TROPEZ. Les peintres sculptent à l'Annonciade

     

    Gerard Fromanger, <i>En Chine à Hu-Xian</i>, 1974.
    Gerard Fromanger, En Chine à Hu-Xian, 1974. Crédits photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN / Philippe MIGEAT

     

    Daumier le premier, Degas, Renoir, Gauguin sont à la poursuite du mouvement. Bonnard, Vallotton, Matisse, Picasso, Braque, Giacometti, Arp… N'en jetez plus! Du 7 juillet au 8 octobre.

    AJACCIO. Le Parmesan en clair-obscur au Musée Fesch

    Maniériste exacerbé, Francesco Mazzola (Parme, 1503-Casalmmaggiore, 1540), dit Le Parmesan, se révèle dans son chef-d'œuvre La Vierge au long cou (1534-1539), gloire divine des Offices à Florence. Jusqu'au 1er octobre.

    BOURG-EN-BRESSE. Gustave Doré au monastère de Brou

    Sombre et lumineuse, réaliste et visionnaire, la peinture de Gustave Doré (1832-1883) est exaltée, onirique, spirituelle. Rêver devant 40 de ses huiles et aquarelles, jusqu'au 16 septembre.

     

    <i>Ecce Homo</i>, vers 1605, Le Caravage, sensualité et clair-obscur, à Montpellier.
    Ecce Homo, vers 1605, Le Caravage, sensualité et clair-obscur, à Montpellier. Crédits photo : Genova Musei di Strada Nuova

     

    MONTPELLIER et TOULOUSE. Le Caravage et ses grands disciples

    Événement estival incontournable que cette double exposition au Musée Fabre et au Musée des Augustins, qui tisse les liens entre le génie de l'extase et ses émules, Ribera, Valentin de Boulogne ou Terbrugghen. Jusqu'au 14 octobre.


    Multipliant les références à l'histoire de l'art, les artistes ravivent les visions surnaturelles de Bruegel, Valckenborch, Verhaecht, Momper. Télescopage contemporain via Fantastic/Lille3000, jusqu'au 14 janvier.

    TOULOUSE. «La vie des formes» aux Abattoirs

    Géométrie avec Mona Hatoum. Cadrage avec Charlie Chaplin. Déploiement avec Yayoi Kusama. Croissance avec Michel Blazy. Ça bouge au Frac Midi-Pyrénées, jusqu'au 2 septembre.


    Pour sa 43e édition, les Rencontres fêtent les 30 ans de l'École nationale supérieure de la photographie (ENSP) en 60 expos. Jusqu'au 23 septembre.


    La découverte d'un procédé permettant la reproduction de la réalité (1839) pousse des artistes à acquérir des photos, à passer commande à des photographes (Courbet, Ingres) ou à pratiquer (Friant, Muenier, Degas). Jusqu'au 1er octobre.

    LIRE AUSSI:

    » L'été continue à briller pour les grandes expos 

  • Comme toutes les fins de semaine, je lis la presse papier:

    Lire Le Figaro en PDF en ligne

    2021-08-05

    Image Le Journal

    https://www.lefigaro.fr/

    https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/efflorescences-picturales-a-giverny-20210805

    https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/les-secrets-des-jardins-d-asie-20210805

    https://www.lefigaro.fr/culture/vague-moderniste-sur-la-cote-d-azur-20210805

    https://www.lefigaro.fr/medias/l-assemblee-s-attaque-au-piratage-des-contenus-sportifs-20210317

    https://www.lefigaro.fr/sports/jeux-olympiques/jo-steven-da-costa-premier-champion-olympique-de-l-histoire-du-karate-7e-medaille-d-or-pour-la-france-20210805

    https://museefabre.montpellier3m.fr/EXPOSITIONS

    https://www.lefigaro.fr/sports/jeux-olympiques/tony-estanguet-a-nous-deux-paris-2024-20210806

    https://www.lefigaro.fr/livres/antoine-blondin-le-hussard-bagarreur-20210806

    https://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/les-exosquelettes-sont-ils-l-avenir-de-l-homme-20210805

    https://www.lefigaro.fr/international/ceuta-un-morceau-d-espagne-au-maghreb-20210806

    https://www.lefigaro.fr/voyages/montagne/les-cevennes-royaume-investi-par-la-reine-antoinette-20210806

    https://www.lefigaro.fr/voyages/montagne/les-cevennes-royaume-investi-par-la-reine-antoinette-20210806

    Le Figaro et ses magazines En voir plus 

    https://www.liberation.fr/

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/notre-dame-de-paris-les-yeux-dans-les-cieux-20210804_MH5FDZMZPFAWBGKD33A5ASNU5Y/

    https://www.lamaisondubanquet.fr/banquets-du-livre/

    https://www.la-croix.com/

    https://www.la-croix.com/Buttes-Chaumont-consecration-parcs-publics-parisiens-2021-08-05-1201169548

    https://www.darchitectures.com/les-jardins-parisiens-alphand-a4310.html

    https://www.la-croix.com/Culture/pas-Dante-oeuvre-memoire-18-34-2021-08-05-1201169520

    https://www.la-croix.com/Culture/dante-aligheri-poete-ecrivain-italien-italie

    https://www.la-croix.com/JournalV2/horizon-justice-2021-07-29-1101168388

    https://www.la-croix.com/Culture/Face-mont-Canigou-chambre-cire-creusee-2021-07-29-1201168467

    https://www.la-croix.com/Culture/Saint-Michel-Cuxa-floraison-romane-marbre-rose-2021-07-29-1201168473

    https://www.la-croix.com/Debats/Semi-conducteurs-rupture-stock-2021-08-04-1201169399

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Larmee-syrienne-sattaque-poche-rebelle-Deraa-2021-08-05-1101169411

    https://www.la-croix.com/Religion/Patrimoine-religieux-Lyon-association-sauver-madones-2021-08-08-1201169911

    https://www.lejournaldesarts.fr/patrimoine/le-mata-mua-de-gauguin-restera-en-espagne-155464

    https://www.la-croix.com/Culture/RTL-ouvre-archives-cent-ans-radio-2021-08-05-1201169487

    https://www.lopinion.fr/

    https://www.lopinion.fr/edition/international/questions-qui-fachent-5-france-peut-elle-compenser-perte-puissance-251253

    https://www.lopinion.fr/edition/international/pourquoi-macron-fait-resolution-crise-liban-affaire-francaise-251274

    https://www.lesechos.fr/

    https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/8-mois-apres-bilan-mitige-pour-lindice-de-reparabilite-1336892

    https://www.lesechos.fr/pme-regions/auvergne-rhone-alpes/le-plus-puissant-synchrotron-mondial-se-niche-a-grenoble-1336785 une ville qu'on a aimé

    https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/bitcoin-le-fmi-met-en-garde-contre-lutilisation-des-cryptos-comme-devise-officielle-1337028

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/thales-en-passe-de-vendre-ses-activites-de-signalisation-ferroviaire-au-japonais-hitachi-1336748

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/a-new-york-la-vaccination-obligatoire-ne-provoque-pas-la-fronde-des-restaurateurs-1337468

    https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/liban-macron-promet-100-millions-deuros-daides-et-500000-doses-de-vaccin-1336867

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/vaccin-covid-19-bruxelles-signe-un-contrat-avec-novavax-pour-200-millions-de-doses-1336954

    https://www.lesechos.fr/idees-debats/en-vue/laurent-fabius-enfin-president-1336958

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/hydrogene-pourquoi-la-france-peut-y-croire-1336983

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/pourquoi-la-partie-nest-pas-encore-perdue-pour-lindustrie-eolienne-francaise-1336993

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/immobilier-btp/restaurer-la-merveille-du-mont-saint-michel-un-chantier-de-lextreme-1336917

    https://www.leprogres.fr/

    https://www.lemonde.fr/

    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/07/ils-veulent-nous-parler-a-travers-mon-pere-sauver-la-musique-concentrationnaire-la-mission-du-fils-d-aleksander-kulisiewicz_6090835_3451060.html

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/08/05/en-afrique-du-sud-arnaques-crimes-et-botanique_6090572_3212.html

    2 de nos dernières découvertes à deux

    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/04/a-saint-paul-de-vence-la-fondation-maeght-un-bestiaire-au-milieu-des-pins_6090560_3451060.html

    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/07/29/a-vence-la-chapelle-du-rosaire-un-tresor-cache-signe-matisse_6089900_3451060.html

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/05/le-variant-delta-un-defi-a-la-politique-chinoise-de-tolerance-zero-face-au-covid-19_6090615_3244.html

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/05/loi-anti-squat-un-premier-bilan-encourageant_6090571_3224.html

    https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/08/04/les-tresors-retrouves-de-louis-ferdinand-celine_6090546_3260.html

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/08/05/le-plasticien-bertrand-lavier-a-la-bourse-du-commerce-je-ne-sors-pas-indemne-de-cette-experience_6090594_3246.html

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/08/04/plein-sud-un-reseau-artistique-pour-separer-le-bon-grain-de-l-ivraie-en-provence_6090523_3246.html

    https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2021/08/06/the-beatles-le-monde-est-a-eux-sur-arte-huit-jours-par-semaine-dans-la-beatlemania_6090788_1655027.html

    https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2021/08/06/afghanistan-les-marchands-des-vallees-sur-france-5-a-la-rencontre-de-chauffeurs-intrepides-et-d-une-hirondelle_6090780_1655027.html

    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/07/diderot-se-moque-de-la-frivolite-feminine_6090818_3451060.html

  • J'ai terminé hier:Marcher jusqu'au soir(médiathèque rayon best-seller)

    Résultat de recherche d'images pour "marcher jusqu'au soir""

    Lydie Salvayre

    Edité par Stock , DL 2019

    L'humeur railleuse et le verbe corrosif, Lydie Salvayre se saisit du prétexte d'une nuit passée au musée Picasso pour questionner le milieu artistique et ses institutions. Se tournant vers son enfance de pauvre bien élevée et abordant sans masque son lien à un père redouté et redoutable, elle essaie de comprendre comment s'est constitué son rapport à la culture et à son pouvoir d'intimidation, tout en faisant l'éloge de Giacometti, de sa radicalité, de ses échecs revendiqués et de son infinie modestie.

    http://mediatheques.saint-etienne.fr/EXPLOITATION/Default/rsc/431893/marcher-jusqu-au-soir-lydie-salvayre

    EXERGUE

    Qu'est ce que l'art? [...] - Charles Baudelaire...

    p.9-34

    p.41:

    Prenons le baiser : bâillon parfait ou parfaite fusion amoureuse ? Souvent j'hésite. C'est à ces moments-là ... La littérature, du reste, est toute remplie de persécutés, parmi lesquels mon cher Pascal qui fut persécuté par Dieu

    p.42:

    cessé d'affirmer qu'écrire c'était surmonter toute fascination amoureuse pour son moi et ses ... dans une forme de beauté diamétralement opposée à la beauté selon Beyoncé et Jay-Z qui était une beauté trop belle comme ..

    p.44:

    austère, avare, hivernale, spectrale même, susceptible de saper le moral de ceux qui prenaient le risque ... prends le temps de trouver tes marques, le bonheur d'admirer va finir par t'atteindre car la beauté est une flèche lente ..

    p.49:

    Je me souvenais encore, trente ans après, d'un « je m'avais fourvoyée » prononcé devant un public dit de qualité et très intimidant, et de la honte rétrospective que j'en avais conçue. N'y plus penserN'y plus penser. Ne plus ...

    p.51:

    un moment silencieux, puis me prenant dans ses bras, je voudrais tant que ce souvenir s'efface, ... celle d'un Jean Moulin martyrisé, défiguré, membres brisés, organes éclatés, d'un Jean Moulin qui atteignit les limites de la ...

    p.56:

    et, plaqué sur leur face, un air discrètement supérieur de gros cons, de gros cons encore plus cons que ces cons de kangourous (pour Catherine Hiegel qui en avait fait l'amère ... sans raison appelait la canaille artistique.

    p.59:

    'était Bernard qui venait me demander comment se passait ma claustration et sa voix si familière et si ... Car, argumentai-je sur un ton exalté, car comment les aimer, ces œuvres, comment les comprendre quelque ...

    p.62:

    Chaque fois que je me lançais dans de longs soliloques et que je m'enflammais, Bernard attendait ... sa poussière, son encombrement, un dépotoir dirent les mauvaises langues, un lieu au bord de s'effondrer dit Genet ...

    p.78:

    Quelque chose comme un sanglot souleva ma poitrine. J'aurais aimé, à ce moment de la nuit, être téléportée, tout simplement, depuis ... Mon désir d'une présence humaine était-il tel qu'il m'avait fait halluciner un bruit de pas ? Ça n'était pas impossible. Car moi qui avais longtemps prêché la solitude et le retirement comme conditions sine qua non à l'approche de la littérature – et dans ...

    p.82:

    se plie aux mêmes liturgies et aux mêmes génuflexions mentales, on y est cérémonieux, on y parle bas, ... Brasseur et Sami Frey dans le film Bande à part de Godard que j'avais vu à Toulouse en 1970 si j'ai bonne mémoire, ...

    p.85:

    alors rentrée chez moi et m'étais livrée, par énervement, à un ménage frénétique. Calmée par cet exercice ... Pour ne pas penser à ma lâcheté, à ce mal par imperfection comme Leibniz je crois le désigne, ce mal que nous ne ...

    p.92:

    précautions maladroites d'une provinciale à Paris. Mais alors même que je réfléchissais à ces sujets sur ... Seul comptait son chant, me disais-je, un chant qu'il entonnait parfois avec les autres locataires que je n'hésitais pas, .

    p.105-120

    p.121:

    capturer cette fameuse ressemblance qui le fascinait tant et qui était bien autre chose que l'imbécile ressemblance des traits laquelle faisait souvent ... Recommence toujours à nouveau la louange ; parfaite, elle ne fut jamais.

    Lydie Salvayre

    Edité par Stock , DL 2019

    L'humeur railleuse et le verbe corrosif, Lydie Salvayre se saisit du prétexte d'une nuit passée au musée Picasso pour questionner le milieu artistique et ses institutions. Se tournant vers son enfance de pauvre bien élevée et abordant sans masque son lien à un père redouté et redoutable, elle essaie de comprendre comment s'est constitué son rapport à la culture et à son pouvoir d'intimidation, tout en faisant l'éloge de Giacometti, de sa radicalité, de ses échecs revendiqués et de son infinie modestie.

    http://mediatheques.saint-etienne.fr/EXPLOITATION/Default/rsc/431893/marcher-jusqu-au-soir-lydie-salvayre

    EXERGUE

    Qu'est ce que l'art? [...] - Charles Baudelaire...

    p.9-34

    p.41:

    Prenons le baiser : bâillon parfait ou parfaite fusion amoureuse ? Souvent j'hésite. C'est à ces moments-là ... La littérature, du reste, est toute remplie de persécutés, parmi lesquels mon cher Pascal qui fut persécuté par Dieu

    p.42:

    cessé d'affirmer qu'écrire c'était surmonter toute fascination amoureuse pour son moi et ses ... dans une forme de beauté diamétralement opposée à la beauté selon Beyoncé et Jay-Z qui était une beauté trop belle comme ..

    p.44:

    austère, avare, hivernale, spectrale même, susceptible de saper le moral de ceux qui prenaient le risque ... prends le temps de trouver tes marques, le bonheur d'admirer va finir par t'atteindre car la beauté est une flèche lente ..

    p.49:

    Je me souvenais encore, trente ans après, d'un « je m'avais fourvoyée » prononcé devant un public dit de qualité et très intimidant, et de la honte rétrospective que j'en avais conçue. N'y plus penserN'y plus penser. Ne plus ...

    p.51:

    un moment silencieux, puis me prenant dans ses bras, je voudrais tant que ce souvenir s'efface, ... celle d'un Jean Moulin martyrisé, défiguré, membres brisés, organes éclatés, d'un Jean Moulin qui atteignit les limites de la ...

    p.56:

    et, plaqué sur leur face, un air discrètement supérieur de gros cons, de gros cons encore plus cons que ces cons de kangourous (pour Catherine Hiegel qui en avait fait l'amère ... sans raison appelait la canaille artistique.

    p.59:

    'était Bernard qui venait me demander comment se passait ma claustration et sa voix si familière et si ... Car, argumentai-je sur un ton exalté, car comment les aimer, ces œuvres, comment les comprendre quelque ...

    p.62:

    Chaque fois que je me lançais dans de longs soliloques et que je m'enflammais, Bernard attendait ... sa poussière, son encombrement, un dépotoir dirent les mauvaises langues, un lieu au bord de s'effondrer dit Genet ...

    p.78:

    Quelque chose comme un sanglot souleva ma poitrine. J'aurais aimé, à ce moment de la nuit, être téléportée, tout simplement, depuis ... Mon désir d'une présence humaine était-il tel qu'il m'avait fait halluciner un bruit de pas ? Ça n'était pas impossible. Car moi qui avais longtemps prêché la solitude et le retirement comme conditions sine qua non à l'approche de la littérature – et dans ...

    p.82:

    se plie aux mêmes liturgies et aux mêmes génuflexions mentales, on y est cérémonieux, on y parle bas, ... Brasseur et Sami Frey dans le film Bande à part de Godard que j'avais vu à Toulouse en 1970 si j'ai bonne mémoire, ...

    p.85:

    alors rentrée chez moi et m'étais livrée, par énervement, à un ménage frénétique. Calmée par cet exercice ... Pour ne pas penser à ma lâcheté, à ce mal par imperfection comme Leibniz je crois le désigne, ce mal que nous ne ...

    p.92:

    précautions maladroites d'une provinciale à Paris. Mais alors même que je réfléchissais à ces sujets sur ... Seul comptait son chant, me disais-je, un chant qu'il entonnait parfois avec les autres locataires que je n'hésitais pas, .

    p.105-120

    p.121:

    capturer cette fameuse ressemblance qui le fascinait tant et qui était bien autre chose que l'imbécile ressemblance des traits laquelle faisait souvent ... Recommence toujours à nouveau la louange ; parfaite, elle ne fut jamais.

    p.124:

    Tout ce que je pourrai faire ne sera jamais qu'une pâle image de ce que je vois. Et ma réussite sera toujours en ... Il fallait qu'il continue d'échouer, avec courage, avec patience, avec un inflexible entêtement, jusqu'à atteindre, ...

    p.126:

    rade et malheureux tristement capitulent, et vous le font très chèrement payer, 4. les ratés réussis ... qui ne trouvait au monde nulle fleur ressemblante à son rouge idéal, Je suis comme un homme lassé dont l'œil ne voit en

    p.128:

    Puis prise d'un fol et soudain enthousiasme pour l'échec, j'écrivis : L'avenir du monde est à l'échec, ... Mais c'est à Virginia Woolf que je songeai tout spécialement, à Woolf ma très affectionnée qui parfois parvenait dans un ...

    p.132-133:

    expression d'immense modestie sur le visage, ne cherchant aucunement à faire l'artiste, encore moins à se ... Et c'est cette immense modestie de Giacometti, écrivis-je sur mon carnet, et le sentiment profond qu'il avait de ses limites et ... Giacometti, je l'avais lu, disait le raté m'intéresse autant que le réussi.

    p.145:

    Et lorsque, tard dans sa vie, vint le succès immense (il remporta le prix Carnegie en 1961, le prix de sculpture ... Cette indifférence souveraine au luxe, à la richesse, au fric et à ce qu'il incarnait, détermina je crois le regard qu'il ...

    p.149:

    par Madame de Maintenon afin de consoler Louis XV, on sait ce qui s'ensuivit un demi-siècle après. Il avait ... Il ne savait pas danser mais il avait du plaisir à voir danser les autres. Là où il ... Il adorait aller au bordel.

    p.152:

    comme il la portait pour travailler la glaise dans son atelier. Pas question de manquer de respect devant l'œuvre à naître et qui attendait ses mains. Pas question de ... Il eut une amitié sans ombre pour Crevel. Lorsqu'eut lieu la ...

    p.161:

    Il admirait Henri Laurens. Il admirait Beckett qui lui demanda de fabriquer un arbre pour la ... un arbre seul dans un décor absolument nu, un arbre seul et archi-seul comme l'était son Chien, comme l'était L'Homme qui marche, ... L'amour maternel prodigué dans l'enfance lui avait permis peut-être d'aimer admirer, hypothèse qu'à tout hasard je tente. ... pour lui constituer une collection magnifique (Braque, Arp, Chagall, Calder, Kandinsky, Matisse, Bonnard Giacometti.

    p.162:

    Il admirait Henri Laurens. Il admirait Beckett qui lui demanda de fabriquer un arbre pour la ... fondation à SaintPaul-de-Vence le 28 juillet 1964, Aimé Maeght remercia longuement un grand nombre d'invités présents, la plupart 

    p.164:

    intolérable, ça me rend fou... Sa colère retombée – après dix heures dans l'atelier à attaquer la glaise à coups ... Cette situation ne posa apparemment aucun problème à Giacometti qui se déclara enchanté du bonheur de son ...

    p.166:

    plus il s'obstinait, plus le visage d'Isaku Yanaihara, plat, blafard et comme enfariné, lui demeurait infigurable. ... Il dut finalement l'admettre : le sujet était plus fort que la peinture, le sujet prenait le dessus sur la peinture, le sujet ...

    p.190:

    bond sur le rebord d'une fenêtre, relire ardemment Absalon, Absalon ! de William Faulkner, ... C'est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ; C'est le but de la vie, et c'est le seul espoir Qui, comme un élixir, nous monte et ...

    p.206:

    leur goût abject pour le morbide. Qu'on leur laissât l'art de la mort plutôt que l'art de vivre. Qu'on leur laissât leur désir de ... Picasso avait deux fois vainqueur traversé l'Achéron et regardait de haut ces vaines consolations sur ...

    p.208:

    Aux murs, des visages et des corps de femmes traversés par une vitalité rayonnante et que Picasso ... Picasso ouvrait mes yeux et les yeux de ceux qui, par crainte d'affronter la jouissance de voir, cette concupiscentia ..

  • La troisième vie de Jacqueline Lamba

    Choses lues, choses vues
    Lundi, 17 Mai 2010 21:39
     
    Jacqueline Lamba et André Breton,
    photographie de Claude Cahun
    et couverture du livre.

    Entre 1934 et 1942, Jacqueline Lamba fut la compagne d'André Breton. Man Ray la photographia lumineuse et nue, son époque estimait qu'elle était "scandaleusement belle". Longtemps confondue avec quelques-unes des plus vives incarnations du surréalisme, son aventure la plus personnelle ne fut pas immédiatement visible. Les désirs de création et l'impétuosité qui l'habitaient la situent à présent dans la fascinante proximité de trois grandes artistes de sa génération qui furent ses fidèles amies, Frida Kahlo, Dora Maar et Claude Cahun. Georgina Colville qui publiait en 1999 chez Jean-Michel Place un ouvrage à propos de "trente-quatre femmes surréalistes" affirmait qu'elle était d'abord peintre et qu'elle fut "scandaleusement oubliée".

    Après d'autres recherches comme celles de Salomon Grimberg ou bien grâce aux images de deux réalisateurs de courts métrages - Teri Wehn Damish qui l'interviewa en octobre 1987, et Fabrice Maze qui a mis en diffusion un DVD de 2 x 55 minutes - l'historienne d'art italienne Alba Romano Pace achève de faire sortir de l'oubli la trajectoire de Jacqueline Lamba. Issu d'une thèse soutenue à Palerme, son livre vient de paraître chez Gallimard, dans la collection Témoins de l'art de Jean-Loup Champion, "Jacqueline Lamba, peintre rebelle, muse de l'amour fou".

    Entre Nuit du Tournesol et Maison bleue

    Jacqueline Lamba était née le 17 novembre 1910. D'origine italienne, son père mourut alors qu'elle avait à peine trois ans et demi. Française, sa mère succomba à la tuberculose en 1927. Jacqueline suivit des cours à l'union centrale des arts décoratifs ainsi que dans l'atelier d'André Lhote où elle se lia d'amitié avec Dora Maar. Son cousin André Delons (1909-1940) qui fut proche du Grand Jeu et de l'AEAR, l'initia à la littérature d'avant-garde et renforça ses convictions politiques proches de l'extrême-gauche : celui qu'elle désignait comme "le seul de la famille à qui je parlais" lui prêta Nadja et Les Vases communicants. José Corti avait par ailleurs publié depuis la Place Clichy des photographies de Jacqueline dans sa revue Du Cinéma.

    La suite nous est familière, les biographes d'André Breton ainsi qu'un chapitre de L'Amour fou en témoignent. Pendant la Nuit du Tournesol, le 29 mai 1934, Jacqueline Lamba provoque sa rencontre avec André Breton au Café Cyrano de la Place Blanche. "Je l'avais déja vu pénétrer, écrivit Breton, deux ou trois fois dans ce lieu : il m'avait à chaque fois été annoncé, avant de s'offrir à mon regard, par je ne sais quel mouvement de saisissement d'épaule à épaule ondulant jusqu'à moi à travers cette salle de café depuis la porte ... Ce mouvement, que ce soit dans la vie ou dans l'art, m'a toujours averti de la présence du beau". Entre "Café des oiseaux", place d'Anvers, du côté des Halles et de la Tour Saint Jacques, depuis Pigalle jusqu'à la rue Gît-le-Coeur, une longue promenade nocturne s'ensuivit. Jacqueline a 24 ans. A cette époque, comme le rappellent des photographies de Rogi André qui fut la compagne de Kertesz, plusieurs soirs par semaine, on pouvait l'apercevoir plongeant entièrement nue et dansant dans l'eau : elle joue le rôle d'une "ballerine aquatique", rue Rochechouart, dans le cabaret / music hall du Coliseum. André Breton est bouleversé par l'apparition de cette jeune femme qu'il nomme "Ondine". Eluard et Giacometti sont les témoins de leur mariage le 14 août, à la mairie du IX° arrondissement. Leur fille unique Aube naîtra le 20 décembre 1935. La plus magnifique des photographies de Jacqueline et d'André est évidemment celle qui figure en couverture du livre d'Alba Romana Pace. Tous deux sont rêveusement émus, Claude Cahun a rapproché leurs profils : sur les deux bords de son image, des jeux de miroirs transfigurent et multiplient leurs visages.

    Pendant les cinq années qui précèdent la guerre, André Breton quitte assez souvent l'hexagone, Jacqueline l'accompagne. Leur couple voyage à Prague (mars 1935) aux Iles Canaries en compagnie de Péret et de Dominguez (mai 1935) ainsi qu'au Mexique où ils rencontrent dans la Maison bleue Frida Kahlo, Diego Rivera et Léon Trotsky (septembre 1938). Ces débuts de notoriété internationale n'empêchent pas de grandes difficultés financières. Au lendemain de son mariage, Breton accepte de vendre à Joë Bousquet une aquarelle de Kandinsky et une sanguine de Derain. L'année suivante, Alfred Barr et le Moma de New York lui achètent deux tableaux de Tanguy. En 1937 l'aide d'un ami notaire lui permet d'ouvrir au 27 de la rue de Seine la galerie Gradiva qui lui valut maintes désillusions comme l'indique ce fragment de courrier adressé à Jacqueline : "On nous laisse fort tranquilles : on ne voit toujours pas tomber la pluie d'étoiles qui nous permettra de partir en vacances".

    Les rêves et les espérances du Front Populaire, la fréquentation d'artistes comme Ernst et Masson ou bien d'écrivains souverainement atypiques comme Artaud, toute l'effervescence de l'entre-deux guerres furent favorables à sa création picturale. Pas plus qu'une "ondine", Jacqueline Lamba refusait clairement d'être considérée comme une muse ou bien comme une mère. Elle ne savait qu'une chose : "la peinture est pour moi un besoin", sentiment qu'André Breton n'admit jamais véritablement pour ce qui la concernait. Il lui fallut constamment lutter pour ne pas être marginalisée dans les expositions et les revues surréalistes, parmi les cadavres exquis d'un univers principalement masculin : il arriva que ses oeuvres soient accrochées sans que son nom figure dans le catalogue.

    Leur vie conjugale restait précaire et passionnelle pour ne pas dire chaotique. Aube pour laquelle il n'y eut jamais de baby-sitter se souvient avoir maintes fois accompagné les réunions de ses parents sous les tables des cafés, jusqu'à très tard dans la nuit. Le dialogue avec Breton fut souvent orageux. D'autres aventures la requéraient, Jacqueline n'était pas fidèle : elle menaçait de quitter le 42 rue Fontaine et fit plusieurs fois ses valises.

    Son témoignage est infiniment précieux lorsqu'elle évoque les journées pendant lesquelles Breton découvrait le Mexique en compagnie de Léon Trotsky, Diego Rivera et Frida Kahlo. A propos de ce séjour au Mexique, Marguerite Bonnet avait réuni dans le catalogue André Breton du Centre Georges Pompidou (1991) quelques-uns des indices qui furent également livrés à Arturo Schwarz. On retrouve dans son article un texte de Jacqueline Lamba qui se souvient de leur première rencontre avec Trotsky : "Un des Américains a demandé de prendre des photos. Sur quelques-uns de ces clichés on peut remarquer sur le visage d'André un état de tension, d'émotion et de surprise émerveillée, presque douloureuse. Je voyais qu'il devait souvent se maîtriser pour retenir ses larmes".

     

     

    Jerzey, Antibes et Villa Air Bel

    Imaginer ce que pouvaient être les options personnelles et les combats de Jacqueline Lamba implique qu'on puisse songer précisément aux moments de forte intensité qu'elle vécut sans que Breton soit à ses côtés : par exemple, lorsqu'entre le 25 avril et le 26 mai 1939, elle vient retrouver à Jersey Claude Cahun et Suzanne Malherbe, ou bien quelques semaines plus tard, à Antibes lors d'un mois d'août vécu auprès de Pablo Picasso et de Dora Maar. Grâce au grand travail biographique de François Leperlier (1) qui l'avait interrogée, quelques-unes des minutes heureuses de cette époque nous sont restituées. La guerre était imminente : dans l'île lointaine, ce furent pourtant des journées de détente et de création qui furent rapportées lors d'une longue lettre de Claude Cahun envoyée en 1946 chez Gaston Ferdière (2) : "près des mimosas dont je viens juste de vous parler, nous avons souvent discuté d'Antonin Artaud avec qui elle correspondait. Jacqueline aimait ce jardin, elle l'ornait de petites épaves déposées par la mer. Les plus fréquentes étaient ce que nous appelions des "porcelaines", des coquillages et des fragments de miroir ; tout cela, lié à l'aide d'un peu de ciment, s'incrustait entre les dalles de granit du sentier qui menait à la plage".

    "Elle vint à nous qu'elle connaissait peu, convalescente d'une bronchite, pâle et maigrie ; Aube assez fatiguée du voyage. Ici, elles prirent bonne mine toutes les deux. L'amitié de Jacqueline pour nous se manifesta par-delà son séjour ici. Elle nous écrivit jusqu'en juin 1940, et cela avec une enfance et une continuité singulières." Pour celles qui furent arrêtées par la Gestapo et emprisonnées entre juillet 1944 et mai 1945, le souvenir de ces journées était extrêmement vif, comme le rappelle une seconde lettre adressée en 1946 à André Breton : "nous parlons souvent de Jacqueline, Suzanne et moi. Dans la maison et le jardin que les évênements ont rendus plus favorables aux "oublis" qu'aux immortelles fleuries dans ses cheveux, les heures vivaces de juin 1939 ressuscitent notre insouciance. Elles eurent ce pouvoir jusque dans la cellule n°5". Les photographies qu'avait réalisées Claude Cahun lors de ce séjour à "La Rocquaise" furent brutalement détruites par les nazis en 1944 : subsiste tout de même, reproduite en page 58 du Photopoche de Claude Cahun une image de Jacqueline "prise sous l'eau dans la mer ; son corps nu est strié par les reflets du soleil, son visage sort de l'ombre".

    A la fin de juillet 1939, Jacqueline partait seule pour rejoindre à Antibes Picasso et Dora Maar qui habitaient alors un ancien atelier de Man Ray, le troisième étage d'une maison qui donnait sur la mer. En ce temps-là, Dora Maar n'était pas "La Femme qui pleure" que Pablo délaissa. Celle qui fut la maîtresse de Georges Bataille et d'Yves Tanguy ressemblait au portrait qu'en donna autrefois Brassaï. "Encline aux orages et aux éclats", dotée d'une voix "ferme, gutturale, catégorique" elle "avait des mains magnifiques aux longs ongles vernis de rouge" : pour L'amour fou, Dora Maar avait auparavant magiquement photographié L'objet invisible d'Alberto Giacometti.

    Quatre photographies et puis la grande toile de la Pêche de nuit à Antibes - où l'on aperçoit sur le côté droit Dora et Jacqueline, adossées sur des bicyclettes en train de croquer des cornets de glace - témoignent des moments de rémission de ce mois d'août. On retrouve les ombres et les jeux de lumière de ces quatre photographies dans l'ouvrage d'Ann Marie Caws, en page 142 des Vies de Dora Maar. Les trois personnages sont réunis dans l'intimité d'une chambre, Jacqueline Lamba est assise nue par terre, elle porte un collier de coquillages. Ou bien elle est auprès d'un lit, aux côtés de Dora Maar qui porte une merveilleuses couronne de fleurs : l'ombre silhouettée qu'on aperçoit à gauche de l'un de ces clichés permet d'identifier Pablo, auteur de ces images infiniment complices. Pour Jacqueline qui souhaitait souvent, pour sa peinture, se dégager du surréalisme, l'immense espagnol fut "l'être que j'ai le plus admiré au monde, aimé comme ami". En ce temps-là la relation de Picasso avec André Breton était chaleureuse : pendant son temps de mobilisation entre janvier et juillet 1940, André Breton passa tous ses jours de permission à Royan auprès de Jacqueline et d'Aube qui étaient hébergées par Picasso et Dora Maar. Alors que Breton se trouvait une fois de plus désargenté, Pablo lui offrit l'un de ses tableaux pour qu'il puisse le vendre immédiatement.

    Le dernier épisode heureux de la liaison de Jacqueline Lamba avec André Breton se situe pendant leur séjour à Martigues et Marseille, juste avant que le bateau du Capitaine Paul Lemerle ne les emmène vers la Martinique. Le 1 août, à la faveur de la démobilisation, Breton s'était rendu dans le Sud à Salon de Provence chez son ami le docteur Pierre Mabille. L'émancipation de Jacqueline était déja fortement entamée, comme le rappelle l'un des propos qu'elle livrera à Teri Wehn Damisch : "j'ai quitté les autres - le couple Picasso - à mon grand regret, j'aurais préféré rester". Les retrouvailles des époux sont pourtant émouvantes, tous deux décident d'habiter les alentours de Martigues : "A Martigues, c'était très beau. Il y avait des paysans à moitié italiens qui nous prêtaient une masure avec un puits pour l'eau et je faisais la cuisine au feu de bois dans la cheminée, c'était exquis". Jacqueline écrit presque tous les jours une lettre à Dora Maar. Voici ce qu'elle relate le 8 septembre 1940 : "j'ai fait une aquarelle. André a commencé un poème magnifique très long, vraiment très très beau".

    André Breton écrivait alors Fata Morgana dont la première parution en revue fut assumée par les Cahiers du Sud, en dépit des dangers que représentait la censure de Vichy. Quelques jours après la nouvelle de l'assassinat de Trotsky survenu le 20 août, Breton décidait d'habiter Marseille où il devait négocier son visa et ses réservations de bateau pour s'exiler à New-York. Fin octobre Aube, André et Jacqueline s'installaient au 63 de l'avenue Alfred Lombard, dans une chambre de la Villa Air Bel dont quelques-uns des pensionnaires furent Daniel Benedite, Varian Fry, Mary Jane Gold, Victor Serge, Vlady et Laurette Séjourné. Dans La Filière Marseillaise, Benedite décrit Jacqueline "très blonde, vive et loquace, d'une beauté sauvage ... elle porte souvent des jupes longues, se laque les ongles des orteils, parsème sa coiffure de petits morceaux de verre ou de glace, adore les colliers en dents de tigre et les bracelets tintinnabulants de médailles, de camées, de pierres brutes".

    Chaque fin de semaine, Air Bel devenait le rendez-vous de tous les amis d'André Breton et du surréalisme réfugiés dans la proche région de Marseille : René Char, Benjamin Péret et Remédios Varo, Victor Brauner, Oscar Dominguez, Jacques Herold, Sylvain Itkine, Marcel Duchamp, Max Ernst, Peggy Guggenheim ou bien Frédéric Delanglade rejoignent La Pomme et l'avenue Alfred Lombard. Wifredo Lam qui était chargé d'illustrer Fata Morgana trace un portrait aigu de Jacqueline, André Masson qui habitait un pavillon de la Campagne Pastre dessine le couple Breton-Lamba : la tête de Jacqueline est amoureusement renversée tandis que le front léonin d'André semble indiquer qu'une proue reste valide. Rétrospectivement, sans doute parce qu'au milieu des féroces dangers qui se tramaient dans toute l'Europe, un climat de révolte, d'estime et de solidarité se perpétuait entre Villa Air Bel et Café du Brûleur de loups, Jacqueline ressentait de manière positive ce fragment de son existence. Les jeux multiples, les amitiés, les provocations et les discussions ardentes qui faisaient l'ordre du jour des réunions parisiennes gardaient leur prégnance : sur fond de terribles inquiétudes, la très sérieuse injonction de Breton qui exigeait que l'on joue gardait sa force d'apaisement et son pouvoir d'invention. Comme en témoigna plus tard Jacques Hérold dans une conversation avec Alain Jouffroy, pendant ces fins de semaine, "on se trouvait un chemin, une étincelle qui donnait lieu à une autre étincelle, qui court ailleurs".

     
    Jacqueline Lamba, à la Villa Air Bel
    (archives Aube Breton).

    Ici encore, l'entretien avec Teri Wehn Damisch dont on aurait aimé pouvoir lire l'intégralité restitue d'importants indices. Jacqueline Lamba qu'on aperçoit souvent sur les photographies qui évoquent la vie quotidienne à la Villa Air Bel est une femme de trente ans incroyablement libre, sa beauté et son sourire sont éclatants, il lui arrive souvent de faire du trapèze dans le grand parc : "toutes les choses désagréables, je ne m'en souviens pas ... la vie à Air Bel était merveilleuse. Et j'ai le regret de le dire parce que c'était une époque terrible ... Avec le Secours américain, nous y avons joué, rêvé, créé avec un sentiment de calme et de bonheur comme sont les maisons d'enfance". Dans son souvenir, la présence et le charisme involontaire de Varian Fry revêtent une importance particulière : "un homme extraordinaire d'altruisme, de courage, de ténacité et qui menait cette lutte avec une simplicité qui forçait l'admiration, une modestie, une gaieté permanente ... sur son visage, dans les yeux, ce regard ouvert qu'il avait et ... doux ... Nous étions tous, les plus divers, sous la protection de bons génies".

    Tout n'était certes pas idyllique entre André et Jacqueline, des témoins rapportent qu'il arrivait que surgissent entre eux de violentes disputes. L'un des points d'orgue du séjour en Villa Air Bel restera la création du Jeu de cartes de Marseille à l'intérieur duquel Jacqueline Lamba fut pleinement associée. Deux atouts de première importance lui furent confiés, "L'As de la Révolution" ainsi que "Baudelaire, le génie de l'amour". Sa Révolution fut une roue avec des taches d'encre rouge projetées sur le papier, son Baudelaire est une figure qui frôle l'abstraction, une gouache, des couleurs primaires et de l'encre de Chine.

    Depuis les Etats-Unis jusqu'à Simiane la Rotonde

    Le départ de Marseille s'effectua le 24 mars 1941, l'arrivée à Fort de France survint le 24 avril, New York fut atteint au tout début de juin. Dans les lettres qu'elle continue d'écrire à Dora Maar, Jacqueline raconte : "nous parlons avec tendresse de Picasso ... André s'ennuie mortellement". Vis à vis du nouveau Monde, ses sentiments sont partagés, comme l'indique un courrier adressé à Varian Fry "L'Amérique est vraiment l'arbre de Noël du monde... mais je ne sais pas si j'aime vraiment New York, chaque chose y est excessivement neuve et semble avoir la prétention de vous plaire à tout prix".

    Son élégance vestimentaire continue de s'affirmer : "Dans les soirées, elle portait des vêtements du XVIII° siècle achetés chez les costumiers de théatre, toujours longs, avec la taille étroite, et ample sur les hanches". Simultanément son statut personnel se modifie, les américains apprécient sa mâturité, son indépendance et ses multiples capacités : elle parle anglais et devient dans des moments-clés "la voix de Breton" qu'elle éclipse partiellement puisque ce dernier refuse de s'exprimer dans une langue qu'il pratique mal. Pendant toute la préparation de la revue VVV dont le premier numéro paraîtra en juin 1942, son rôle d'interprète est capital : elle s'entretient constamment avec David Hare, un jeune homme de vingt-cinq ans, un sculpteur et photographe auquel Breton a décidé de confier le secrétariat de la revue.

    Entre elle et Breton, les affrontements deviennent irréversibles. Jacqueline qui se consacre plus que jamais à sa peinture et délaisse volontiers les tâches domestiques, décide de quitter définitivement Breton pendant l'automne de 1942 ; elle emmène Aube avec elle et déclare avoir noué une liaison amoureuse avec David Hare. André Breton est très affecté par son départ, Charles Duits avec lequel il lie connaissance à cette époque le décrira "sans âge, comme un arbre ou un rocher. Il paraissait las, amer, seul, terriblement seul, supportant la solitude avec une patience de bête, silencieux, pris dans le silence comme dans une lave qui achevait de se durcir". Le 9 ou bien le 10 décembre 1943, pendant un déjeuner avec Marcel Duchamp, Breton rencontrera Elisa Claro dont il célèbrera l'amour dans Arcane 17.

    Entretemps Jacqueline qui a fourni une ou plusieurs oeuvres pour chaque numéro de VVV prépare sa toute première exposition personnelle à la Norlyst Gallery de New York, exposition inaugurée le 10 avril 1944, pour laquelle elle va rédiger un Manifeste de peinture. Elle installe son nouvel atelier de peintre à Roxbury dans le Connecticut où Calder et Tanguy sont ses voisins. En 1946, elle épouse David Hare et part voyager en sa compagnie à travers l'Ouest américain, dans l'Arizona, le Montana et le Colorado, dans les réserves des Indiens Hopi et des Navajos. On voit apparaître dans ses toiles de luxuriantes forêtes, des rivières et des totems. Sa toute dernière exposition en liaison avec le surréalisme s'effectue en 1947, à la Galerie Maeght de Paris : après quoi, elle rompt toute allégeance avec le mouvement.

    Au début des années cinquante, elle doit se résoudre à se séparer de David Hare qui continuera de garder relations avec elle. Il achètera pour Jacqueline deux appartements à Paris et lui enverra un chèque chaque mois, jusqu'à sa mort qui surviendra en 1992. Elle revient définitivement vivre en France avec son fils Merlin qui était né à New York, en juin 1948. Elle déclare à son mari d'autrefois : "Si un jour tu entendras dire que je ne peins plus cela voudra dire que je suis morte". Elle loue tout d'abord une villa à Cannes, au 93 du Boulevard Eugène-Gazanaire. Sa biographe mentionne que pendant le premier été de ce retour en France, "Aube, Jean Hélion, Henri Michaux, Charles Duits et sa femme Lucy qui devient une grande amie de Jacqueline" lui rendent visite.

    Paris est son domicile permanent, son fils choisit de faire ses études aux Etats-Unis. Elle exposera ses travaux personnels en janvier 1958 à la galerie Lucy Krogh et en avril 1959 à la Galerie Saint-Placide. Une invitation de ses amis Henri Laugier et Marie Cuttoli lui permet de découvrir pendant l'été de 1963 le village de Simiane la Rotonde. Pendant dix-sept étés consécutifs, elle y fera pour sa plus grande joie de longs séjours : Laugier lui permet d'habiter parmi les escarpements du village, dans les grandes salles d'un ancien manoir du XVI° siècle, la pièce la plus haute devient son atelier. Ce sont ses toiles et les lumières de chaque été qu'elle achève de peindre dans son atelier parisien. Lors de ses derniers séjours dans les Alpes de Haute-Provence, le peintre Jacques Bibonne et la sculptrice-céramiste Martine Cazin sont ses proches amis.

    Son souci de l'engagement politique n'a pas varié. Elle fut comme André Breton l'une des signataires du Manifeste de 121 pour le Droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie. Elle s'opposa farouchement à l'installation de missiles nucléaires sur le Plateau d'Albion et milita contre l'extension du camp militaire du Larzac, le mouvement de Mai 1968 avait sa très vive sympathie.

    Conformément aux souhaits de Pablo Picasso et de Marie Cuttoli, sa dernière grande exposition personnelle se déroule au Musée d'Antibes, du 11 août au 31 octobre 1967 : cinquante toiles de 1962 à 1967 étaient réunies, la préface du catalogue fut signée par Yves Bonnefoy. En septembre 1980 Jacqueline Lamba accomplit un ultime voyage aux Etats-Unis : elle retrouve à San Diego son fils Merlin et son épouse, revoit l'Arizona et le Nouveau Mexique. Son visage bruni par le soleil s'est amaigri, ses amis disent qu'elle ressemble à présent à un "vieil inca".En page 279 de sa monographie, Alba Romano Pace écrit que jusqu'en 1988, "chaque jour, Jacqueline monte à pied les six étages de l'immeuble du Boulevard Bonne-Nouvelle ; elle sort et continue ses activités. Chaque jour elle peint du matin au soir".

    Sa vie s'achève le 20 juillet 1993. Atteinte par la maladie d'Alzheimer, elle s'est retirée dans une maison de santé de Touraine, à Rochecourbon où sa fille Aube vient lui rendre visite. Dans sa chambre, il y avait un petit chevalet. Jusqu'à sa mort, elle y travaillait des pastels. Au cimetière de Saché en Indre et Loire, on peut lire gravée sur sa tombe cette inscription "Jacqueline Lamba 1910-1993, la Nuit du Tournesol".

    Pour partie arc-boutée sur ce livre qui vient de paraître, la troisième vie de Jacqueline Lamba vient de commencer. Deux expositions de Jacqueline Lamba ont été organisées ces dernières années : au château de Tours, du 8 septembre au 4 novembre 2007 et à Simiane la Rotonde du 29 juin au 31 juillet 2008, avec un catalogue composé par Martine Cazin. Son oeuvre figurait dans l'exposition Elles@/Artistes femmes de mai 2009 au Centre Georges Pompidou.


    Alain PAIRE

    (1) Cf "Claude Cahun : l'exotisme intérieur", éd Fayard, 2006. A propos de ce livre, un article d'Agnès Lhermite dans le site "La revue des ressources".

    (2) page 667 des Ecrits de Claude Cahun, éd. Jean-Michel Place, 2002.

    Pour d'autes renseignements et plus d'iconographie, cf le site Jacqueline Lamba. Parmi les autres publications qui lui sont consacrées, cf le n° 44, décembre 2006 de la revue Pleine Marge, dossier présenté par Martine Monteau avec des lettres adressées à Jacques Bibonne et Martine Cazin.

    La Galerie 1900-2000 de David et Marcel Fleiss présente 8 rue Bonaparte, 75006 Paris, une exposition Jacqueline Lamba du 24 au 29 mai 2010. Une présentation et une signature du livre d'Alba Romano Pace sont prévues le 27 mai.

    http://www.galerie-alain-paire.com/index.php?option=com_content&view=article&id=108:la-troisieme-vie-de-jacqueline-lamba&catid=7:choses-lues-choses-vues&Itemid=6