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"Il y aurait la rentrée : les tumultes joyeux, celui des étudiants qui retrouvent leurs ateliers ou celui de tout le monde de l’art, qui se prépare aux expositions qui se renouvellent et des collectionneurs qui attendent avec impatience la FIAC ou les résultats du prix Marcel Duchamp.
Et puis la rentrée des nouveaux Présidents d’établissements, Laurence et Laurent, des Cars et Le Bon au Louvre et au Centre Pompidou. Ce sont des institutions partenaires essentielles pour les Beaux-Arts de Paris, qu’ils reçoivent nos vœux de succès dans leurs grandes missions.
Puis la rentrée de Via Ferrata notre classe préparatoire qui grâce à ses succès et à un nouveau partenaire double son recrutement cette année.
Puis la rentrée de la NABA, notre académie où les amateurs se perfectionnent auprès de diplômés des Beaux-Arts, leurs professeurs.
Puis la rentrée des agents, des enseignants, des chefs d’atelier de l’École, et en particulier des deux « nouveaux » qui vont entamer leur première année : Mimosa Echard et Julien Creuzet, je leur souhaite d’être heureux à ces postes prestigieux.
Mais il y aurait aussi « rentrer ». Rentrer pour les étudiants et les artistes, plonger dans l’imaginaire, dans la connaissance des choses, des histoires, et de soi. Donc partageons-nous entre les plaisirs de la vie artistique qui reprend et l’otium, ce temps pour soi, si nécessaire à la construction de nos rêveries.
Bonnes rentrées."
Jean de Loisy
Exposition
GEORGES WOLINSKI
du 8 septembre au 3 octobre / 13h – 19h / Cabinet Bonna
Inventif, poète, acteur, témoin engagé pour la liberté et les libertés, le grand dessinateur Wolinski, assassiné en 2015, est célébré par les Beaux-Arts de Paris. À l’occasion de la généreuse donation de sa famille, 41 dessins retracent le travail de l’artiste, son exigence, ses techniques complexes qui soutiennent un dessin apparemment rapide et désinvolte.
14 rue Bonaparte, Paris 6e - 2€, 5€ ou 10€ c'est vous qui choisissez !
LAURÉATS 2020 DES PRIX ET BOURSES DES AMIS DES BEAUX-ARTS
du 9 au 12 septembre / 12h – 19h / Chapelle des Petits-Augustins
Exposition des 10 lauréats 2020 des prix et bourses décernés par l’association des Amis des Beaux-Arts de Paris : Randa Maddah, Théo Audoire, Raphaël Maman, Olga Sabko, Dhewadi Hadjab, Léa de Cacqueray, Clément Bouissou, Jean-Charles Bureau, Zoé Bernardi, David Mbuyi. Produite par les étudiants de la filière « Artistes & Métiers de l’exposition », inscrite au parcours VIP de Art Paris.
Nouveauté : Initiez-vous au modelage, à la céramique, à la photographie numérique, à la gravure et à la mosaïque. Cours de 3h le samedi, les inscriptions débuteront le 6 septembre à 12h. Dès aujourd’hui, inscriptions ouvertes pour les ados, pour s’initier au storyboard ou au dessin. Début des cours le samedi le 13 septembre.
Les Beaux-Arts de Paris vous ouvrent leurs portes ! Lors des Journées Européennes du Patrimoine venez découvrir nos bâtiments classés et les trésors qu’ils renferment.
14 rue Bonaparte, Paris 6e - Entrée libre et visites commentées à 11h, 13h, 14h30 et 16h
le 23 septembre de 18h à 20h et les 24 et 25 septembre de 14h à 17h
Exposition des candidats et du lauréat ou de la lauréate du Prix du dessin contemporain 2021, décerné par l’association Le Cabinet des amateurs de dessin des Beaux-Arts de Paris. L’artiste primé reçoit 4 500€ et une ou plusieurs de ses œuvres sont acquises par l'association au profit de la collection des Beaux-Arts de Paris.
Atelier de dessin, Palais des études - 14 rue Bonaparte, Paris 6e - Entrée libre
Véritable objet d’art, l'ouvrage est accompagné d’une autobiographie de Nina Childress écrite par Fabienne Radi. Sous forme de catalogue raisonné, la monographie recense la totalité des œuvres de Nina Childress, artiste peintre et cheffe d’atelier à l’École – depuis son premier tableau peint en 1980 jusqu’à ceux de 2020.
Disponible à partir de septembre 2021 – 49€
Album à colorier Patrick Faigenbaum
Cet album à colorier est réalisé à partir de 24 photographies de Patrick Faigenbaum, artiste et professeur à l’École. Il est complété par un entretien avec la critique d’art Anaël Pigeat.
C'est le titre d'un court recueil de nouvelles sur le thème des vacances. Il est dû à la plume de Frédéric Martinez.
L'animateur à relevé le titre, la première phrase et la dernière phrase de neuf d'entre elles.
A vous de jouer avec ces éléments.
Facultatif : vous pouvez (ré)utiliser les illustrations de la consigne précédente "Scrabble à Cléder" si elles vous inspirent.
Titre
Première phrase
Dernière phrase
Passantes
— Où partez-vous ?
Rien ne sert de partir quand on ne sait plus voir.
Nostalgie du mardi soir
La jeune femme qui marche dans la rue Saint-Martin avec les gestes encore gauches de l’adolescence possède de grands yeux naïfs, prompts à s’émerveiller.
La parenthèse heureuse s’ouvrait dans la voiture où m’attendait mon grand-père et tandis que défilaient derrière les vitres de la Simca les immeubles et les maisons de la banlieue sud, je m’apprêtais à boire jusqu’à la dernière goutte ce concentré de vacances.
Une évasion
Une évasion désigne une fuite hors d’un endroit déterminé, le fait de s’échapper d’une prison pour un détenu.
C’est plus facile que ce qu’il pensait ; le voici déjà entre ciel et terre.
Sous les arbres
Aussi loin que je me souvienne, il y a le ciel et les tilleuls.
Quand tombait la première, lente, silencieuse, c’était pourtant comme une déflagration et je savais, le cœur serré, que les vacances filaient vers leur fin, que nous avions commencé de descendre la pente douce de l’été.
L’été sur toutes les lèvres
Je continue ma promenade dans Paris que les grandes vacances n’ont pas encore changé en ville fantôme.
Il faut fuir, s’arracher à la ville, à la torpeur moite qui s’y installe ; mais aucun train, aucun avion ne mène au pays que je voudrais rejoindre…
Vacances antiques
Tandis que Lola achevait son Coca, j’ai pu reprendre des forces.
Trouville, c’est parfait ; ça va me rafraîchir.
Sous la pluie
Ils me plaisent bien, ces deux-là ; je leur adresse mes vœux muets de bonheur tandis qu’ils tournent dans la rue Dupuis, pressent le pas sous l’averse qui éclate.
Un couple y échange des baisers clandestins ; je me demande si Pierre et Manon iront sur leur île grecque, y vivront un jour d’amour et d’eau fraîche.
La folle journée de Mme de B***
La marquise de B*** a trente ans, le teint frais, le nez court, les yeux noirs ; elle préfère l’été à l’automne et les remords aux regrets.
Les « passantes[2] » baudelairiennes du Jardin des Tuileries devant les sculptures de la FIAC 2021. L’une demandait à l’autre : « Où partez-vous ? » J’aurais pu répondre à sa place que « Rien ne sert de partir quand on ne sait plus voir » le ciel de nos paysages quotidiens. Pendant ma « Nostalgie du mardi soir », j’ai pensé à « La jeune femme qui marche dans la rue Saint-Martin avec les gestes encore gauches de l’adolescence possède de grands yeux naïfs, prompts à s’émerveiller. » C’était moi, à la recherche d’un des lieux de vie de Nerval avec toi qui faisait vivre mes rêves. Ces vacances n’ont jamais été « une évasion » qui « désigne une fuite hors d’un endroit déterminé, le fait de s’échapper d’une prison pour un détenu » ou les cadenas sur les ponts de Paname et d’ailleurs car je me suis toujours senti libre avec toi, y compris de t’aimer. Je me demande souvent si ta mort était une fuite, un lâcher prise de notre vie à deux. Seul, t’es-tu laissé partir ? Se dit il maintenant que « c’est plus facile que ce qu’il pensait ; le voici déjà entre ciel et terre. » J’attends un signe de cet ange qui me dirait que nous deux, c’était pour de vrai.
PARIS [16.07.15] – Le Syndicat National des Antiquaires (SNA) a annoncé son choix quant à l’organisateur de la prochaine Biennale. Il s’agit de la filiale française de Reed Exhibitions, Reed Expositions, qui organise entre autres la Fiac. PAR Marie Potard
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BERLIN (ALLEMAGNE) [15.07.15] - Alors que la documenta s’apprête à souffler ses soixante bougies, une oeuvre de la treizième édition de 2012 a été détruite. Le lendemain de la publication de la nouvelle, une seconde oeuvre a fait l’objet de vandalisme à Cassel. PAR Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin)
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L’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) traque sans relâche voleurs, faussaires et autres trafiquants d’œuvres d’art et de biens patrimoniaux depuis 1975. En dépit de quelques succès notables (voleurs de châteaux, commissionnaires à Drouot…), la tâche n’est pas aisée pour cette brigade aux effectifs réduits, plombée par les lourdeurs administratives et le manque de réactivité de l’État. PAR Vincent Noce
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LE CAIRE (EGYPTE) [01.07.15] - Medhat Abdallah, conservateur de musée en Egypte, affiche un sourire amusé quand on lui parle de [...] Le 01 juillet 2015
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PARIS [16.07.15] - Maya Picasso a conclu jeudi un accord juridique avec l'exploitant hôtelier Helzear sur la restauration du Grenier des Grands-Augustins, atelier où son père Pablo Picasso a habité et peint notamment sa célèbre toile « Guernica ». PAR AFP
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Estève s’impose comme l’un des meilleurs représentants de la première génération d’artistes qui s’orientèrent, après la Seconde Guerre mondiale, vers la non-figuration avec Bissière, Bazaine, Manessier, Singier, Le Moal…
Élevé à la campagne par ses grands-parents paysans, il gardera de son enfance terrienne des souvenirs qui vont nourrir son œuvre futur. En 1913, il a neuf ans lorsqu’il rejoint ses parents à Paris : son père est cordonnier et sa mère modéliste. Il découvre seul le Louvre et c’est l’éblouissement décisif : Corot, Delacroix, Chardin, Courbet le fascinent et surtout LaBataille de San Romano de Paolo Uccello dont une reproduction orne encore aujourd’hui son atelier. Après la guerre de 1914, qu’il passe à Culan, il est de nouveau à Paris. Son père s’opposant à sa vocation le place comme apprenti dans une fabrique de meubles. Avec une aisance confirmée, il commence à peindre. En 1923 il passe une année à Barcelone comme dessinateur de tissus et se familiarise avec l’art catalan. À son retour et malgré les difficultés matérielles qui persisteront pendant des années, il s’adonne à sa vocation. Il fréquente les académies libres de Montparnasse (Colarossi à la Grande Chaumière), mais se forme surtout seul à partir de l’étude de ceux qu’il appelle les Primitifs : Poussin, Fouquet et Cézanne. « Cézanne est le peintre qui m’a toujours réconforté. Il me donne envie de peindre. Il indique des possibilités infinies d’évolution, donne confiance, ouvre des horizons ; c’est un encouragement passionné, permanent. Et puis quelle sincérité chez lui ! Une de ses grandeurs provient sans doute de ce qu’il lui était impossible de tricher… Chacun de ses gestes sur l’œuvre répond à un besoin absolu, profond, impérieux et vital. Un saint de la peinture » (Estève, Zodiaque, avril 1979). Il peint alors des paysages, des natures mortes, des intérieurs et quelques portraits, dans un naturalisme malmené ensuite par des tentations fauves, pointillistes, voire surréalistes. C’est autour de 1929 qu’il subit l’influence de Fernand Léger dont la stylistique cubiste le décide à abandonner l’illusionnisme de la peinture traditionnelle au profit d’une voie purement plastique et inventive. C’est le thème du Couple, traduit à partir de plans échelonnés, faisant intervenir l’arabesque sur une surface plane animée de couleurs vives.
Il débute aux Surindépendants où il exposera jusqu’en 1938.
Sa première exposition a lieu en 1930 galerie Yvangot et retient l’attention de Maurice Raynal, l’historien du cubisme. En 1933, en réaction contre la stylisation plane précédente, il peint directement des formes-couleurs dominées par le vert mais orchestrées par les jeux d’ombre et de lumière. Vers 1935 on note l’importance des lignes en spirales sur des fonds transparents, avec des dominantes de bleus et de rouges. 1936, « une brève crise expressionniste » (conséquence de la guerre d’Espagne qui ravive ses souvenirs catalans) et « l’expressionnisme se mue en primitivisme hiératique » (Jean Leymarie, in préface catalogue Estève, Grand-Palais, Paris, 1986). En 1937, Robert Delaunay, chargé avec sa femme Sonia de la décoration des pavillons de l’aviation et des chemins de fer pour l’Exposition universelle de Paris, lui demande son aide. Période des tableaux d’intimité, d’une remarquable maîtrise dans la synthèse de la composition où figures et objets se répondent.
Juste avant la guerre, il installe son atelier à Montmartre, rue Lepic, et puise ses sujets dans la réalité domestique. Dans sa toile Hommage à Cézanne (1942), véritable hymne à la couleur, il célèbre la nature morte. Son tableau participe à l’exposition « Hommage aux Anciens » à la galerie de Friedland, qui le réunit à Lapicque, Bazaine, Gischia, Tal Coat, Pignon. La même année, il expose en groupe galerie Berri-Raspail pour « Les étapes du nouvel art contemporain » et à la galerie Saint-Germain-des-Prés avec Desnoyer, Latapie, Rouault, Villon.
En 1943, il expose galerie de France avec le groupe « Douze peintres d’aujourd’hui » et dans celui des « Cinq peintres d’aujourd’hui » en compagnie de Borès, Beaudin, Gischia et Pignon. Il participe de 1941 à 1944 au Salon d’automne qu’il délaissera ensuite.
Un contrat d’exclusivité avec la galerie Louis Carré (1942-1949) lui permet de se consacrer à la peinture avec une totale liberté. Cette période est dominée par deux influences : les peintures romanes et surtout celle de Bonnard et sa féerie lumineuse et colorée. Il revient au paysage, abandonné depuis 1934, et le peint de mémoire ou d’imagination. Il joue sur un réseau linéaire et chromatique dans une simultanéité de touches vibrantes ouvertes sur l’espace.
En 1945, il expose avec Bazaine et Lapicque galerie Carré (catalogue avec une étude de Jean Lescure, « Estève ou les chemins silencieux de la réalité »).
Puis en 1948, la galerie organise la première exposition qu’elle consacra au peintre : « Trente peintures », 1935-1938, 1941-1947, avant de le présenter de nouveau en 1965 avec « Vingt-quatre peintures », 1935-1947.
L’école française contemporaine compte désormais avec Estève qui expose très vite à l’étranger : 1946, Stedelijk Museum d’Amsterdam avec Bazaine et Lapicque, puis en 1947 le même groupe est accueilli à Copenhague, puis à Stockholm (où il a déjà exposé en 1937, invité par la Galerie franco-suédoise sur le conseil de Braque, avec celui-ci Picasso, Léger, Gris et Matisse).
De cette époque date l’intérêt porté par les Scandinaves pour les œuvres d’Estève qui exposera régulièrement en groupe ou individuellement : citons dès à présent ses expositions personnelles à Copenhague, Statens Museum for Kunst de 1956, à Stockholm, Svensk-Franska Konstgalleriet en 1956, Copenhague, Statens Museum for Kunst, avec 159 peintures, catalogue de L. Rostrop Boyesen en 1961, Oslo, Kunstnernes, 150 peintures, catalogue de A. J. Aas et R. Revold, 1961.
De 1947 à 1950, il réintègre la figure humaine : c’est l’admirable série des Métiers. Avec ce cycle, il insiste sur l’accord profond existant entre l’artisan et son outil à partir d’une grille compartimentée où spirales et lignes s’ordonnent dans la lumière d’une palette dont les couleurs vives dynamisent la composition. Vingt tableaux sont peints, célébrant Le Peintre, Le Sculpteur (1947, Donation Estève, ville de Bourges), Le Photographe, Le Souffleur de verre, Le Tisserand (1948), Le Faucheur (1949)… Cela l’amène à cette époque à se déclarer fabricant de tableaux et non artiste. « Les métiers me fascinent. C’est dans ce qui sort de la main que je trouve les plus grandes, les plus hautes sources d’émerveillement » (op. cit.). Ses toiles progressent vers une autonomie de la forme et son Hommage à Fouquet (1952, collection particulière) apparaît comme une œuvre charnière. Maîtrisant parfaitement sa palette et abandonnant toute référence au monde extérieur, il crée son propre univers et s’achemine vers la peinture pure, en acceptant les exigences plastiques qui seules auront priorité. Sans renier l’exemple des anciens, « les racines dans le passé de la peinture travaillent aussi dans son devenir », il souhaite « découvrir un ordre sortant de ma nature » (op. cit.) pour être maître de sa création totale selon l’expression de Poussin. Entre 1952 et 1954, il expérimente son nouveau langage avec une suite de toiles évoquant le Moyen Âge, ses tournois avec ses emblèmes, les fêtes populaires mettant en scène des bêtes légendaires : c’est Trophée, Tournoi, Tarasque, Trouvère(collection particulière). D’autres titres évoquent l’univers islamique, monde du récit, de la couleur et de l’abstraction par excellence. Dans ces toiles, les faisceaux de signes colorés s’interpénètrent ou s’affrontent dans un parfait équilibre des formes et des couleurs. Sur sa façon de travailler, Estève précise : « Je ne me sers jamais d’esquisse, je peins directement sur la toile, sans dessin préalable. La couleur s’organise en même temps que les formes. Tout se cherche dans le format en chantier… Chaque œuvre est une suite de métamorphoses… En vérité une toile est pour moi une somme de reprises incessantes qui dure jusqu’à ce que je me trouve devant un organisme que je sens vivant. Seule ma sensibilité peut me dire si j’ai atteint ou non cette reconnaissance… Une des choses qui me caractérise le plus est qu’il n’y a pas chez moi d’image préétablie ; pas de forme que je souhaite obtenir a priori sur une toile. Au moment même où je peins, il s’opère un échange, une conversation s’établit entre moi et le tableau au fur et à mesure que celui-ci s’organise… N’ayant plus le spectacle de la nature sous les yeux, ni son souvenir, je me trouve en face de l’art, d’une réalité, d’un objet qui a grandi et qui est plus tyrannique encore qu’un sujet, mais en même temps plus souple, obstiné et ouvert » (op. cit.).
Chez Estève, le temps est un facteur déterminant. Il parle de conversation entretenue avec une œuvre. Il la travaille une heure, puis la laisse, l’oublie, la reprend. Les séances sont nombreuses, jusqu’au jour où « regardant le travail que j’ai fait, je vois qu’en lui quelque chose m’a été offert » (op. cit.).
En 1955, il s’installe dans le quartier du Luxembourg et retourne en Berry auquel il est fidèle depuis chaque été. Il y retrouve ses racines dans une communion avec ses aïeux : « Je les sens vivre en moi et je me sens vivre en eux » (op. cit.).
Il y pratique surtout l’aquarelle, le dessin et le collage pour lesquels on observe une mutation identique à celle de la peinture. « Dans l’aquarelle, il y a la transparence de la couleur véhiculée par l’eau laissant parfois apparaître le papier […] et je reprends les parties qui ne me satisfont pas. Je travaille avec l’aquarelle comme je travaille avec l’huile longtemps et par périodes » (op. cit.). Les formes-couleurs s’ordonnent naturellement, laissant son rôle au hasard. Fluidité des couleurs et fermeté des formes s’équilibrent dans une parfaite modulation chromatique. Il travaille beaucoup avec l’éponge.
Présentes dans toutes les expositions personnelles, les aquarelles font l’objet d’une présentation séparée à Paris, galerie Villand-Galanis en 1956 (30 aquarelles et 20 dessins), 1958 (catalogue avec poème d’André Frénaud) et en 1963 (34 aquarelles 1960-1962, catalogue, préface de G. Borgeaud), puis à Cologne galerie Dom (aquarelles 1956-1962), 1963. Suivies par celles en 1973 de Paris galerie Claude Bernard (42 aquarelles 1957-1972) et Zurich (préface Dora Vallier), en 1978 Fiac (1952-1974) et 1986 Tokyo (1950-1986).
Pour le dessin, il choisit après 1941 le fusain, plus apte à l’estompe, au grattage et qui lui permet de jouer avec toutes les nuances de gris et de noir, parfois rehaussés de jaune et de bleu. En 1960, la galerie Villand-Galanis présente 100 dessins de 1920 à 1954. En même temps paraît un album préfacé par Frank Elgar. Puis la galerie Claude Bernard expose en 1972 60 dessins de 1960 à 1971 (catalogue, préface J. Laurent) et en 1984 50 fusains et crayons de couleurs 1970-1983 (préface de Y. Peyré). Dans cette technique, il se montre l’héritier de Seurat. Enfin le collage, dont les premiers essais remontent à 1950 avec des reprises en 1956, 1957 et 1964. Les deux phases importantes se situent en 1965 et 1968, suivies de nouvelles séries en 1971 et 1973. 1969, 69 collages de 1950 à 1968 présentés à la galerie Nathan, Zurich (préface P. Francastel).
Avec les années, son œuvre gagne en grandeur. La rigueur de la composition et la robustesse des formes s’allient à une souplesse de plus en plus affirmée des couleurs. Celles-ci exaltent les tons fondamentaux au point que l’on a parlé de la sonorité de sa palette qui fait intervenir en contrepoint le blanc et le noir. Cette saturation des rouges, des bleus soutenus, des verts, des jaunes provoque la lumière, inséparable de la forme. Dans un espace démultiplié, les vibrations lumineuses suggèrent la profondeur dans une œuvre bidimensionnelle. La verve, le caractère ludique et l’imagination, inhérents à sa création, se retrouvent jusque dans ses titres, donnés après, en se référant au caractère visuel du tableau.
Ses expositions particulières sont peu nombreuses en dehors de celles déjà citées : 1954 Lille, galerie Henri Dupont (11 peintures, 15 aquarelles) et en 1957 (6 peintures, aquarelles et dessins) ; première exposition à Paris galerie Galanis en 1955, 30 peintures de 1948 à 1954 ; devenue la galerie Villand-Galanis, elle présente en 1961 34 peintures 1956 à 1960 (catalogue, préface de J.-P. Raus). Citons celles de la galerie Benador à Genève en 1957 (aquarelles et dessins, catalogue J. E. Muller) et en 1960 (27 dessins 1926 à 1959).
En 1957, Estève réalise des vitraux pour l’église de Berlincourt (Jura suisse). Il pratique la lithographie : la première en couleurs est publiée en 1951 à l’atelier Clot, d’autres sont réalisées en 1954 à l’atelier Desjobert, puis à partir de 1955 à l’atelier Fernand Mourlot. Un ensemble daté entre 1952 et 1969 est exposé à Privas en 1971. Enfin on lui doit des cartons de tapisseries (les premiers en 1963) tissées par la Maison Pinton à Felletin.
Dès 1961 a lieu la première rétrospective à la Kunsthalle de Bâle (catalogue A. Rüdlinger et J. E. Muller), accueillie ensuite à Düsseldorf, Kunsthalle (catalogue K. H. Hering et J.-L. Ferrier), Copenhague (catalogue L. Rostrop Boyesen) et à Oslo, Kunsternes Hus (catalogue A. J. Aas et R. Revold).
Depuis, Estève a régulièrement des expositions à Paris — il expose chez Claude Bernard depuis 1972 —, en province, en Suisse, au Danemark, au Luxembourg et récemment au Japon.
Parmi les très nombreuses expositions collectives, nous citerons : 1949, « La Nouvelle Peinture française », musée du Luxembourg, 1950, « Le Cabinet d’un amateur d’aujourd’hui », galerie de France, Paris, galerie Denise René, « Quelques aspects de l’art d’aujourd’hui », et en 1951 et 1953. 1951, « École de Paris 1900-1950 », Londres, Royal Academy, « Peintres parisiens de la deuxième génération », Kunsthalle, Bâle. 1952, « Peintres de l’école de Paris », Edinburgh Arts Council, « Tendances actuelles de l’école de Paris », Bâle, Kunsthalle, préface Ch. Estienne, « La Nouvelle École de Paris », galerie de Babylone, Paris, organisée par Ch. Estienne. 1954, « Tendances actuelles de l’art français », Ostende, Kursaal, « Aspects of Contemporary French Painting », Londres, Parsons Gallery. 1955, « Peintres d’aujourd’hui », Turin. 1957, « Beaudin, Estève, Tal Coat », Milan, Centre français, « Pérennité de l’art français », Genève, musée de l’Athénée. 1959, « Peintres d’aujourd’hui », musée de Grenoble. 1964, « Bilan international de la peinture depuis 1950 », Bâle Kunsthalle, préface d’A. Rüdlinger.
Participe au Salon de mai en 1950-1952 avec Paris a 2000 ans, en 1953-1954-1955 avec Jazz équestre.
Biennale de Venise en 1954. Dokumenta II, Kassel, 1959. Invité à « L’École de Paris », galerie Charpentier, de 1954 à 1958 et en 1960.
1970, reçoit le grand prix national des Arts.
1981, « Rétrospective 1950-1980 », musée Cantini, Marseille, musée du Luxembourg et musée de Metz. Catalogue, préface M. Le Bot.
1983, « Proposition pour une rétrospective », Maison de la culture de Bourges et musée Bertrand à Châteauroux. Catalogue, préface Dora Vallier.
1986, rétrospective, Paris, Grand-Palais. Catalogue Jean Leymarie et un texte d’Yves Peyré « À la pointe extrême de la durée ». Bibliographie complète. Présentée ensuite à Oslo et à Tübingen.
Récentes expositions galerie Tendances à Paris en 1985, 1986, 1988 (préface Robert Marteau) et 1989. Catalogues.
1990, « Estève, peintures récentes », galerie Carré, Paris. Catalogue, texte François Chapon. Dès 1982, Estève souhaite faire don d’un grand nombre d’œuvres. Une association est créée. La donation est acceptée en 1985 et accueillie par la Ville de Bourges qui présente l’ensemble des œuvres dans l’hôtel des Échevins. Le musée Estève est inauguré à l’automne 1987. Catalogue.
De nombreux musées conservent ses œuvres parmi lesquels Paris, musée d’Art moderne, Centre G. Pompidou, Petit-Palais, Lille, Châteauroux, Colmar, Dunkerque, Grenoble, Le Havre, Marseille, Metz, Stockholm, Göteborg, Lausanne, Pittsburgh, Bruxelles, Luxembourg, New York, Londres, Copenhague, Liège, Oslo, Ottawa, Sydney.
Monique Prudhomme, « Estève, Hans Mœstrup ». Catalogue de l’œuvre gravé d’Estève (introduction Dora Vallier), Éditions Forgalet Cordelia, Copenhague, 1986.
Monique Prudhomme-Estève, « Estève ». Catalogue musée Estève. Donation de Monique et Maurice Estève à la Ville de Bourges. 1990. Bibliographie complète.
Extrait de « L’Ecole de Paris, 1945-1965 Dictionnaire des peintres », éditions Ides et Calendes, avec l’aimable autorisation de Lydia Harambourg