Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Le Louvre ou l'art de résister
- Par Marie-Noëlle Tranchant
- Mis à jourle 13/11/2013 à 10:57
- Publiéle 13/11/2013 à 06:00
Sur le tournage du film Francofonia, d'Alexandre Sokourov. Crédits photo : © Jaap Vrenegoor
Sous l'Occupation, les œuvres d'art les plus précieuses du musée, La Joconde en tête, ont été cachées aux quatre coins de la France.
Le tournage du film d'Alexandre Sokourov, Francofonia, en évoquant le destin des œuvres d'art sous l'occupation, rappelle un aspect de la Seconde Guerre mondiale que l'actualité vient de remettre en lumière, avec la découverte dans un appartement à Munich de tableaux pillés par les nazis. La dispersion organisée des collections du Louvre (mais aussi de nombreux trésors du patrimoine européen) est le versant opposé de cette histoire sinistre, un vaste mouvement de résistance contre la spoliation.
Dès 1938, après l'annexion de l'Autriche et l'invasion des Sudètes par Hitler, Jacques Jaujard, sous-directeur des Musées nationaux, et René Huyghe, conservateur en chef du département des peintures et des dessins du Louvre, entreprennent la mise en caisse et l'évacuation à Chambord des œuvres les plus précieuses, La Joconde en tête. Les accords de Munich les font revenir en octobre. Ce n'était que la répétition générale, avant le véritable exode qui commencera en août 1939, à la veille de la déclaration de guerre.
La fuite de Monna Lisa
Tandis qu'on dépose les vitraux des grandes cathédrales et qu'on démonte les fragiles panneaux du retable d'Issenheim, le Louvre prépare caisses et camions. Chambord, avec ses espaces immenses, sert d'entrepôt général, à partir duquel les œuvres seront transportées dans de nombreux châteaux, abbayes ou musées de l'Ouest, du Centre et du Midi.
Pour acheminer les toiles de grandes dimensions de Véronèse, Géricault, Rubens ou Delacroix, l'administrateur de la Comédie-Française, Édouard Bourdet, a fourni des remorques servant à véhiculer les décors. Des agents des PTT sont chargés de soulever les fils téléphoniques et télégraphiques à leur passage, après l'incident survenu à Versailles, où Le Radeau de la Méduse a provoqué une panne d'électricité générale, en accrochant les fils du tramway. Les mouvements sont loin d'être terminés en mai 1940, lors de l'invasion allemande, et les convois se mêlent à l'exode des Français. La Joconde, enfermée dans une caisse à double paroi spécialement conçue pour elle, sera hébergée dans cinq lieux successifs. Après le château de François Ier, elle trouve refuge à Louvigny, puis à l'abbaye fortifiée de Loc-Dieu, en Aveyron, avec quelque trois mille tableaux. Mais les conditions de conservation se révèlent désastreuses.
Les toiles reprennent la route pour le Musée Ingres, à Montauban. Elles auront pour conservateur André Chamson, qui a déjà dirigé l'évacuation vers Chambord, et qui est entré en résistance dans les maquis du Lot. «Nous dormirons une nuit avec La Joconde en cavale», écrit sa fille, Frédérique Hébrard. Car, lorsque les Allemands envahiront la zone libre, en 1942, Monna Lisa fuira de nouveau, pour se cacher au château de Montal, dans le Lot. Outre André Chamson, les grands conservateurs de ce Louvre en exil sont René Huyghe, pour le Sud, et Germain Bazin, pour l'Ouest. 3 690 tableaux ont été ainsi mis à l'abri, en même temps que les sculptures fameuses, laVictoire de Samothrace, la Vénus de Milo , les objets d'art, les joyaux.
Réouverture du Louvre en 1940
Le Louvre déserté rouvre officiellement en septembre 1940. On peut y visiter quelques salles de sculptures antiques ou de la Renaissance française. L'occupant établit aussi un séquestre, interdit aux Français, où les services nazis entreposeront et négocieront des œuvres provenant de collections juives. Mais d'autres sont à l'abri en province avec les trésors du Louvre.
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Sous l'Occupation, les œuvres d'art les plus précieuses du musée, La Joconde en tête, ont été cachées aux quatre coins de la France.
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Par laura VANEL-COYTTE
Rome, la dolce vita sous le signe de la modernité
Par Sophie De Santis
11/05/2010 | Mise à jour : 18:22
La terrasse du Sofitel Villa Borghese offre une vue splendide sur Rome et les jardins de la Villa Médicis. (ph : Fabrice Rambert)La capitale italienne se dote d'un nouveau musée d'art contemporain, le Maxxi, et dévoile ses nouvelles terrasses arty.
Le 30 mai prochain, le Maxxi ouvrira ses portes au public. Dessiné par Zaha Hadid, le musée, situé au centre-nord de Rome, dans le quartier populaire de Flaminio autrefois occupé par des casernes militaires, donne une pulsion nouvelle à la Ville éternelle.
1. - Découvrir le Maxxi
Le Musée national des arts du XXIe siècle conçu par l'architecte anglo-irakienne Zaha Hadid est un projet totalement iconoclaste à Rome. Cet édifice en béton, verre et acier, tout en courbes, tranche avec les vieilles pierres de la cité. Le Maxxi est d'une architecture radicale grise, dotée d'une avancée en surplomb, telle une tour de contrôle. À l'intérieur, de larges rampes mènent aux salles d'exposition dédiées conjointement à l'art et à l'architecture. Les installations de Giuseppe Penone, Anish Kapoor et Gino De Dominicis (une rétrospective lui est consacrée) côtoient les maquettes de Luigi Moretti et les photos de Gabriele Basilico. Au total, la collection compte plus de 300 œuvres à découvrir.
Maxxi, via Guido Reni, 4.Du mar. au dim. de 11 heures à 19 heures, jeu. jusqu'à 22 heures. Tramway 2D, arrêt Via Flaminia. www.maxxi.beniculturali.it.
2 - Voir l'exposition Edward Hopper
Edward Hopper : Second Story Sunlight (1960). Crédits : Whitney Museum of American Art NY.Une belle rétrospective du grand peintre réaliste américain permet de (re)voir paysages et scènes de la vie quotidienne aux couleurs pastel, qui ont donné chair à cette œuvre naturaliste.
Fondazione Roma Museo, Via del Corso, 320. Tél. : 00 39 06 678 62 09. Jusqu'au 13 juin. www.fondazioneromamuseo.it
3 - L'apéro musical chez Gusto al 28
C'est « le » spot de la capitale. Gusto a fait peau neuve. Après avoir été tout blanc, le café est désormais totalement repeint en noir avec graffiti et notes de musique dansant sur les murs (un hommage à Jacques Tati), côtoyant des photos de jazzmen. Ce rendez-vous de l'apéro musical mixé reçoit en fin de semaine une brochette de DJ's électro locaux. En terrasse, sous les hautes arcades, on peut aussi déjeuner ou dîner d'une bonne pasta ou d'une pizza. Très bonnes assiettes de fromages.
Piazza Augusto Imperatore, 28. Tél. : 00 39 06 68 13 42 21. Compter environ 35 €.
4 - Dormir au Sofitel Villa Borghese
La demeure est cossue avec sa belle façade ocre du XIXe siècle, en angle, située à mi-chemin entre la mythique Via Veneto et la Piazza di Spagna. On y va pour ses chambres classiques et confortables mais surtout pour la vue sur Rome, depuis le toit-terrasse, l'une des plus vertigineuses de la ville. Le restaurant-bar lounge du septième étage (ouvert désormais toute l'année, grâce aux nouvelles baies vitrées amovibles) propose une carte italienne, colorée d'une touche franco-méditerranéenne. Conseils : demander une chambre avec vue sur les jardins de la Villa Médicis, et déguster un aromojito (mojito à base de pétales de rose, la spécialité maison) en terrasse, à l'heure de l'apéritif.
Via Lombardia, 47. Tél. : 00 39 06 47 80 21.Chambre double à partir de 260 € avec petit-déjeuner. www.sofitel.com.
5 - Sortir à Trastevere
En arrivant par le Ponte Sisto, le quartier Trastevere grouille dès la nuit tombée. Lieu idéal pour la traditionnelle passeggiata, laquelle consiste à déambuler dans les ruelles jusqu'à la très belle église Santa Maria in Trastevere, réputée pour ses très anciennes mosaïques. Halte indispensable à l'Enoteca Ferrara, Piazza Trilussa. L'adresse des amateurs de bons crus italiens. La carte tient en deux volumes ! Ambiance arty-bobo très animée en terrasse, plus au calme à l'intérieur sur les banquettes de toile beige. La particularité de cette œnothèque : une conservation ultrasophistiquée des vins, dans des réservoirs-bouteilles complètement étanches. Les assiettes de tapas (calamars, courgettes, beignets de poisson) servies avec les consommations sont aussi copieuses que délicieuses. Ferrara possède également une salle de restaurant et une épicerie bien achalandée.
Enoteca Ferrara, Piazza Trilussa, 41, à l'angle de Via Del Moro, 1A. Tél. : 00 39 06 583 33 920. Compter 20 € (apéritif).
PRATIQUE
Y aller. Vol A/R à partir de 124 € sur Air France (aéroport de Fiumicino), www.airfrance.fr ; vol A/R à partir de 127,98 € sur easyJet (aéroport de Ciampino). www.easyjet.com.
Se préparer
Enit, Office national italien de tourisme, 23, rue de la Paix (IIe) Tél. : 01 42 66 03 96. www.enit.it
Lire. Le cityguide Louis Vuitton, avec plans et bonnes adresses quartier par quartier, 25 €. Le guide Rome Évasion Hachette Tourisme, 8,95 €.
Dormir. Hôtel St-George, très contemporain et idéalement situé près de Piazza Farnese.
Hôtel St-George, Via Giulia, 62. www.stgeorgehotel.it.
Restaurant. Pizzeria Da Baffetto, l'une des meilleures de Rome. Ambiance bonne franquette.
Pizzeria Da Baffetto, Via del Governo Vecchio, 114. Pas de réservation.
Danser. La Maison, bar-club branché du monde des arts et du cinéma.
La Maison, Vicolo dei Granari, 3. Tél. : 00 39 06 68 33 312.
Par Sophie De Santis -
Par laura VANEL-COYTTE
Jeudi dernier à Saint-Etienne
Arrivée à la gare Bellevue dans mon ancien quartier:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gare_de_Saint-%C3%89tienne-Bellevue
Petit café chez Véronique; elle me reconnaît après trois ans d'absence, c'est sympa...
Je passe devant un restaurant où j'aimais manger entre autres la râpée forézienne:
http://www.ville-montbrison.fr/spip.php?article33&retour=back
Petit tour par le marché de la place Bellevue, petit achat.
Mon ancienne boulangerie.
Puis je remonte vers mon ancien appartement. Je l'ai déjà revu en passant en voiture mais pas de si près.Il était dans la cours de l'usine dans laquelle mon mari travaillait. Avec d'autres cadres, il a essayé de la reprendre mais des mauvaises volontés ont bloqué ce projet viable. Mon mari a cherché du travail en France en vain d'où le Maroc.
L'usine et l'appartement ont été squattés puis vandalisés. Ce gâchis serre le coeur.
Avenue Rochetaillée.
Petit tour à Centre deux, un des plus anciens et des plus grands centres commerciaux de France... et en centre ville:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Centre-Deux_%28centre_commercial%29
Je voulais à la BU (bibliothèque universitaire) où j'allais quand je faisais mon DEA mais elle était en restauration.
http://portail.univ-st-etienne.fr/53508236/0/fiche___pagelibre/
Je remonte la grande rue du tram qui traverse Saint-Etienne du Nord au Sud et qui porte plusieurs noms:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tramway_de_Saint-%C3%89tienne
Mon vendeur de PC que je voulais voir pour lui parler de mes problèmes de navigation:fermé.
Mon ancienne BM(bibliothèque municipale) fermée le matin à cause des vacances:
http://www.bm-st-etienne.fr/abv/framesetPortail.asp
Mais il fait beau, pas trop chaud et je suis heureuse d'être dans une ville où j'étais si bien. Un peu de nostalgie aussi.
Les librairies, les bouquinistes et autres boutiques que je fréquentais.
Cinéma "Le Mélies", déplacé et aggrandi pendant mon absence:
"Sagan"(cf. notes à ce sujet)
Petit repas sur le pouce près du bowling et du Parc des expos.
Je me rends compte que je n'ai pas le temps de faire autre chose que de me diriger vars le Stade Geoffroy-Guichard, le célèbre Chaudron des Verts:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Stade_Geoffroy-Guichard
Il y a déjà beaucoup de monde qui prend le même chemin que moi. Sans compter les animations organisées conjointement par la ville et le Tour de France.
Quelque part, je gagne (en répondant à un quizz chansons) un gilet réfléchissant obligatoire depuis quelque temps dans la voiture.
Comme il y a encore beaucoup de temps avant que la caravane publicitaire(15h30) et les coureurs arrivent, je continue à avancer sous le soleil de plus en plus fort. Je ne me vois pas rester sur place en plein soleil car contrairement à beaucoup d'autres, je n'ai pas récupéré de bob ou casquette publicitaire.
Me voilà donc à l'ombre à 500 mètres de la ligne d'arrivée sous un arbre et après un virage où il y a une grosse caméra. La place n'est donc pas mauvaise...
A côté de moi, un vieux monsieur qui vient de Bourg-Argental(en Ardèche, à 30 km de là); je connais, nous discutons en attendant la caravane publicitaire. C'est aussi cela le Tour de France.
Quand arrive la caravane publicitaire, c'est la folie!!!!
Moi, je veux bien essayer de récupérer quelques bricoles mais pas à me faire piétiner ni blesser par les acharnés des gadgets....
Ce qui m'intéresse surtout c'est la course alors j'essaie d'écouter Daniel Mangin (le speaker du tour) qui donne l'évolution des échappés et du peloton.
Je me dis que je vais peut-être remonter vers la ligne d'arrivée mais quand je vois la marée humaine et sens la chaleur.
Autour de moi, des gens uniquement intéressé par la caravane sont partis mais bientôt des gens arrivés au dernier moment, tentent de me doubler...
1 heure environ après la fiin de la caravane, vers 17h , à l'heure prévue par mon magazine de vélo, les coureurs arrivent , 3 groupes d'échappés à quelques minutes d'intervalle puis le peloton.
Et c'est ça que j'aime!!! les applaudir, essayer de les reconnaître, les premiers comme les derniers car je sais ce qu'ils ont souffert pour arriver là.
Une fois le ballet des coureurs et des voitures de courses fini, voyant l'heure, j'abandonne l'idée de rejoindre le podium de remise des prix pour remonter vers l'arrêt de tram. Car depuis le matin, j'ai pratiquemment traversé à pied Saint-Etienne du Sud au Nord. Alors je prend un ticket et la bonne ligne(depuis mon absence, il y a une 2 e ligne de tram):
Me voilà à nouveau en ville pour faire quelques librairies, bouquinistes et magasins avant de repartir.
Chez Gibert, une dame me reconnaît, c'est vraiment agréable!!!...
Une petite pause dîner dans un endroit que nous fréquentions avant....
Et retour sur Saint-Vallier.
Je n'ai pas trop détaillé (car j'ai vu beaucoup de choses en trois jours et peu de temps) mais je vous ai mis des liens vers les lieux et les choses dont j'ai parlés.
Cette note a été selectionnée par Paperblog:
http://www.paperblog.fr/931232/jeudi-a-saint-etienne/
Tags : saint-etienne -
Par laura VANEL-COYTTE
L'eau dans l'imaginaire parisien
«Un jour, je sentis que sous le pavé de Paris il y avait la terre.» Faisons mentir Jean Follain : sous Paris, il y a l'eau…
Depuis que ses premiers habitants ont élu domicile entre les îles et les boucles de la Seine, Paris n'a cessé de combattre l'eau, pour mieux la domestiquer. Les Gallo-Romains, puis les rois tentèrent d'en dompter les flux pour irriguer habitants et jardins. Mais c'est au XIXe siècle que la gestion des eaux parisiennes fut véritablement prise en main.
L'Eau et Paris, un beau volume richement illustré, retrace cette aventure.
Si l'on continue à critiquer les modifications que le baron Haussmann fit subir à la physionomie parisienne au Second Empire, ce préfet visionnaire a sauvé Paris du cloaque.
Supervisée par l'ingénieur Eugène Belgrand, l'installation des égouts fut un travail titanesque. Véritable doublure de la ville, ce formidable réseau de galeries souterraines fut creusé sous les maisons pour drainer, évacuer et filtrer les eaux usées. Trop longtemps, elles se contentaient de disparaître dans le sol, pour se mêler aux eaux pluviales avant de reparaître dans les puits et les sources.
Hygiène, quand tu nous tiens !
L'hygiène, parlons-en : c'est une véritable révolution des mentalités que doit imposer l'»esprit haussmannien». Jusqu'alors, la prise d'un bain était vue comme une activité licencieuse ! Pousser les gens à se laver, fût-ce aux bains publics flottants de la Samaritaine, était un bouleversement. C'est qu'elle se méfie de l'eau, cette population qui doit affronter des crues, des tempêtes de neige, de fâcheuses débâcles. Il faut qu'un philanthrope comme sir Richard Wallace offre à la ville, en 1871, quarante fontaines publiques (deux par arrondissement) pour qu'on ose s'y abreuver. Et puis cette eau, d'où vient-elle ? Pendant des années, Paris buvait, voguait, se lavait, se rinçait, s'écoulait et se vidait aux frais d'un seul cours : la Seine. Imaginez la fange ! Ne parlons même pas de la Bièvre, ruisselet de la rive gauche que Huysmans surnommait «le fumier qui bouge».
Des réservoirs en hauteur
Paris avait besoin d'une eau qui fut saine et sans tache. Belgrand s'aperçut vite que les sources du bassin parisien étaient peu fiables. Qu'à cela ne tienne ! Pour arroser Paris, on irait se servir… en Champagne. Et voilà des kilomètres de dérivations, canaux et autres tuyaux mis en place pour filer jusqu'à la capitale. Petit problème : si la vallée de la Seine est en contrebas, Montmartre, Belleville et Ménilmontant sont plus haut. Il faudra donc pomper et construire des réservoirs en hauteur. Cela explique l'étrange château d'eau accolé au Sacré-Cœur. Mais qui connaît l'extravagant réservoir de la rue Copernic, en plein XVIe arrondissement ? Les voisins de la place Victor-Hugo longent souvent cette haute muraille de pierre. S'ils volaient, ils découvriraient un bassin équivalent à plusieurs terrains de football ! Ce fascinant lac urbain alimente les lacs du bois de Boulogne. L'oasis a pourtant sa part d'ombre : son sous-sol est « agrémenté » de cachots construits par la Gestapo durant l'Occupation.
Comme l'écrivait Jacques Yonnet dans Rue des maléfices, «Il n'est pas de Paris, il ne sait pas sa ville, celui qui n'a pas fait l'expérience de ses fantômes»…
Il y a cent ans, la crue
À l'heure du succès du film 2012, la crue de 1910 est notre petite catastrophe à nous, notre apocalypse gauloise. Depuis un siècle, ses photos font frissonner les Parisiens.
En quelques jours du mois de janvier 1910, le niveau de la Seine est monté à 8,62 m. On avait connu pire en 1658 et 1740, mais à l'aube du XXe siècle, cet événement semblait (déjà) de la science-fiction ! Eugène Belgrand avait beau avoir réclamé de plus hauts parapets pour protéger les quais, l'esthétique a primé : et voilà que ça déborde…
Situés en contrebas du fleuve, les quais de la future ligne C du RER se remplissent d'une eau qui se répand jusqu'au Faubourg Saint-Germain et inonde tout le plat de la rive gauche. De même, rive droite, la construction du métro permet au fleuve de s'écouler jusqu'à la gare Saint-Lazare.
Lors, tout s'arrête : électricité, gaz d'éclairage, téléphone, eau potable, chauffage de ville… Trains, tramways et, bien entendu, métros sont immobilisés, tandis que les rues sont de plus en plus inondées. De nombreux ponts sont fermés, cloisonnant les rives comme le mur de Berlin.
Tels des doges vénitiens
Les rues se hérissent de passerelles bricolées ; on va d'immeuble en immeuble, dans des canots ; on jette ses ordures dans la Seine ; les députés entrent à l'Assemblée tels des doges vénitiens…
Passées les heures spectaculaires (à peine dix jours) viennent la décrue et les comptes. La Seine mettra deux mois à regagner son lit. Deux mois durant lesquels on constatera les dégâts et les ruines. Plus que Paris, la banlieue aura souffert de la crue : les immeubles y étant moins solides, de nombreuses maisons de bois s'effondreront.
Un siècle plus tard, les Parisiens attendent leur nouvelle crue centennale. Selon les estimations, elle toucherait 250 km², frapperait directement 500 000 personnes et coûterait entre 8 et 9 milliards d'euros. Hollywoodien, n'est-ce pas ?
http://www.lefigaro.fr/livres/2009/12/07/03005-20091207ARTFIG00408-l-eau-dansl-imaginaire-parisien-.php
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Par laura VANEL-COYTTE
La mégalopole réhabilite son patrimoine Art déco et l'enrichit.
Casablanca à l'avant-garde
Le Point - Publié le 15/12/2014 à 13:24 - Modifié le 16/12/2014 à 11:59
La mégalopole réhabilite son patrimoine Art déco et l'enrichit.
Le mythique cinéma Rialto, où se produisit Piaf. © RIEGER Bertrand / hemis.fr
Dites "Casablanca", et chacun songe au film mythique avec Humphrey Bogart... Pourtant, l'authentique Casablanca vaut mieux qu'un décor de cinéma en studio. Depuis deux ans, un tramway profilé rouge vif traverse la ville, qui se découvre comme en CinémaScope. De part et d'autre des rails, des immeubles en ont profité pour se refaire une beauté. Ils en valaient la peine. Il y a un siècle, l'ancienne petite cité corsaire s'est muée en un laboratoire d'urbanisme, né du rêve de Lyautey. Nommé premier résident général de France à la signature du protectorat français, en 1912, le maréchal confie les plans de la ville nouvelle aux architectes les plus novateurs, dont plusieurs Nancéiens, comme lui. Ensemble, ils inventent une cité, vitrine des technologies et des matériaux les plus innovants, comme le béton armé. Ils agrémentent les lignes géométriques en vogue de ferronneries, de loggias à colonnes et de décors en zelliges, carreaux de céramique colorée typiquement marocains. L'ensemble donne un style Art déco patiné d'orientalisme propre à Casablanca, qui se démarque totalement des fioritures de l'Art nouveau.
Ce patrimoine est encore debout, mais fragile. Avec ses ascenseurs et une salle de bains par appartement, l'immeuble Assayag, construit en 1930, est l'exemple type du confort domestique qui gagne l'Europe à la même époque. C'est dans ses murs que siège Casamémoire. Fondée par des Casaouis soucieux de préserver une architecture menacée, cette association a répertorié tous les hôtels, églises, villas, passages, cafés et cinémas pour remonter le temps jusqu'aux Années folles. On peut ainsi marcher dans les pas de Saint-Exupéry, depuis la poste de la place Mohammed-V, dont le fronton sculpté rend hommage à l'Aéropostale, jusqu'au Petit Poucet, café où le pilote dessinait sur des nappes en papier, aujourd'hui mises sous verre. Dans le même périmètre, l'ABC et le Rialto, où ont chanté Édith Piaf et Maurice Chevalier, sont toujours des salles de spectacle et de cinéma. Autre pâté de maisons, même époque : proche du Palais royal, le quartier des Habous, médina pittoresque avec ses ruelles et ses arcades, est, contre toute attente, un pur produit Art déco.
Depuis, Casablanca n'a cessé d'innover. Dans les années 40, d'élégantes villas ont adopté les courbes du style paquebot lancé par Le Corbusier. D'autres ont osé une architecture qui détonne plus, comme la "villa camembert", ronde comme une boîte à fromage, ou la très chic "villa Zevaco" où accourait la jet-set. Après l'indépendance du Maroc, en 1956, la ville a continué à se distinguer, ne serait-ce que par la monumentale mosquée Hassan-II surplombant l'océan. À proximité, des grues balisent la future marina promise à devenir l'une des plus belles au monde. Et, plus au centre, un théâtre-opéra de 2 000 places conçu par les deux architectes casaouis Christian de Portzamparc et Rachid Andaloussi sortira bientôt de terre. Casa n'a pas fini de surprendre.
Y aller
Paris-Casablanca. Avec Royal Air Maroc, à partir de 390 E l'A/R. 0.820.821.821, www.royalairmaroc.com.
Directours. 4 jours/3 nuits à l'hôtel Le Doge, à partir de 749 E/pers., vols et transferts inclus. 01.45.62.62.62, www.directours.com
Dormir
Sofitel Casablanca Tour blanche. Des 171 chambres, on embrasse la ville, l'océan et la mosquée Hassan-II. A partir de 214 E la nuit. (212) 05.22. 45.62. 00, www.sofitel.com
Se restaurer
Le Rouget de l'Isle. Sous les figuiers de la Villa Elise (1910), le jeune chef marocain Taki Kabbaj propose une cuisine française revisitée. De 16 à 20 E le plat. (212) 05.22.29.47.40.
Al-Mounia. Une cuisine marocaine traditionnelle (tajines, brochettes, pastillas). Incontournable. De 13 à 20 E le plat. (212) 05.22.22.26.69.
Villa Zevaco - Chez Paul. Cette villa classée accueille dans ses jardins et à l'étage un restaurant mettant à l'honneur la cuisine française (carpaccio de daurade, foie gras poêlé...). De 8 à 19 E le plat. (212) 05.22.95.07.52.
La Sqala. Avec son patio ombragé et sa belle carte d'entrées et de tajines, cette adresse ouvrant sur la médina est courue du Tout-Casa. De 7 à 15 E le plat. (212) 05.22.26.09.60.
Découvrir
Casamémoire. L'association propose un guide pour ne rien manquer du patrimoine architectural de Casa. www.casamemoire.org.
Fondation Abderrahman-Slaoui. Villa-musée réunissant les collections d'un chineur impénitent. Expositions de bijoux Cartier des années 30 et affiches orientalistes. Agréable salon de thé en terrasse. www.musee-as.ma.
Eglise du Sacré-Coeur. Surplombant le parc de la Ligue arabe, cette église désacralisée (1930) est à présent un espace multiculture
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Par laura VANEL-COYTTE
Nous avons aimé ce week-end à Montpellier:l'Ecusson de Montpellier où nous avons dîné et nous sommes baladés
Au centre de l'image : l’Écusson, centre ancien de Montpellier. Maquette de la Ville de Montpellier exposée dans le hall de l'Hôtel de Ville.
L’Écusson est le centre historique de Montpellier caractérisé par son contour en forme d'écu français ancien, proche d'un pentagone. Les boulevards l'entourant se trouvent aux emplacements des fossés médiévaux qui bordaient la muraille principale de la ville.
L’Écusson, correspondant à la partie la plus ancienne de la ville, s'est développé sur une colline.
Il est entouré, à partir de l'angle nord-ouest et dans le sens des aiguilles d'une montre, par :
- la place Albert Ier, les boulevards Louis Pasteur et Louis Blanc au nord,
- les boulevards Bonne Nouvelle et Sarrail à l'est,
- la place de la Comédie et le boulevard Victor Hugo au sud-est,
- le boulevard de l'observatoire au sud,
- les boulevards du Jeu de Paume et Ledru-Rollin au sud-ouest,
- le boulevard du Professeur Louis Vialleton à l'ouest,
- le boulevard Henri IV au nord-ouest.
Le quartier est limitrophe :
- du ruisseau endigué Verdanson qui le sépare du quartier des Beaux-Arts au nord,
- du palais des congrès du Corum au nord-est,
- de l'Esplanade et du jardin du Champ de Mars qui le séparent à l'est de la Citadelle construite au XVIIe siècle pour surveiller la population protestante de la ville,
- du faubourg de Lattes au sud-est,
- du quartier de la gare Saint-Roch au sud,
- des quartiers du boulevard Gambetta, plan Cabanes et Figuerolles au sud-ouest,
- du parc du Peyrou. Entre l'Écusson et cette place royale se trouve l'arc de triomphe,
- du jardin des plantes.
Depuis le Moyen Âge jusqu'à la construction de l'autoroute A9 et d'avenues contournant le centre de la ville, l'Écusson a été au carrefour des routes menant à Montpellier, siège des États de Languedoc, de l'intendance de Bas-Languedoc et du gouverneur militaire de Languedoc, puis préfecture de département et enfin préfecture de région. Par exemple, la Via Tolosane, un des parcours du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, traversait la vieille ville du nord-est au sud-ouest.
L’Écusson a été desservi par toutes les lignes de bus urbaines et suburbaines du district de Montpellier jusqu'en juillet 2000. En effet, tous les boulevards autour sont à sens unique et imposent d'en faire le tour dans le sens inverse des aiguilles d'une montre pour pouvoir se diriger vers les quartiers périphériques. Avec la mise en service de la ligne 1 du tramway, en juillet 2000, quatre stations desservent le centre historique sur ses marges orientales et septentrionales et trois lignes de bus son côté ouest.
À l'intérieur, la piétonnisation de l'Écusson a été élargie au début des années 2000. Au départ, seules les rues commerçantes du sud étaient libres d'automobiles. Désormais, seules les livraisons tôt le matin et les riverains peuvent circuler en véhicule motorisé dans les rues du quartier. La rue Foch reste ouverte car elle conduit à un parc de stationnement souterrain construit sous la place de la préfecture.
Histoire
Article connexe : Histoire de Montpellier.Au milieu du XIIe siècle, une première enceinte de taille réduite protège la ville. À la fin du XIIIe siècle, la ville s'étant beaucoup étendue, on décide la construction de l'enceinte qui marque encore de nos jours le cœur de la ville. Bien que très ancienne, l'enceinte survit à tous les événements que la ville traverse au cours de son histoire. Elle ne sera démantelée, progressivement, qu'à partir du XVIIe siècle. La ville médiévale ne se limita cependant pas à l'écusson, des faubourgs importants se développant aux XIIIe siècle et XIVe siècle, détruits par les guerres, et développés à nouveau à partir du XVIIe siècle1. La majorité des rues de l'Écusson sont des rues d'origine médiévale : étroites, tournantes. Une grande partie du bâti est également d'origine médiévale, modifié principalement aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle.
Au XIXe siècle, suivant l'exemple du baron Haussmann à Paris, le maire Jules Pagézy lança des travaux pour créer de larges avenues dans l'Écusson. Ils sont restés inachevés et ont laissé :
- la rue Foch entre l'arc de triomphe de la Porte du Peyrou et la place de la Préfecture,
- la rue de la Loge entre la place de la Préfecture et la place de la Comédie.
Ces deux rues sont les deux rues commerciales principales du centre historique de Montpellier.
En 1828 est ouvert le musée Fabre grâce à une donation du peintre François-Xavier Fabre (1766-1837) faite à la ville de Montpellier. C'est le principal musée d'art de la ville, situé sur l'Esplanade, dans l'hôtel de Massilian et l'un des musées les plus importants du Midi de la France. Depuis 2002, il a le statut de musée de France2.
Activités
L'ancienneté de ce quartier lui permet d'avoir en son sein plusieurs administrations de commandement d'importance régionale :
- la préfecture de région en son centre, installée dans l'ancien hôtel de l'intendant du Bas-Languedoc,
- le rectorat de l'académie de Montpellier au nord, dans l'ancien Hôtel-Dieu,
- l'Université Montpellier 1, qui conserve des disciplines au nord-ouest de ce quartier, comme la Médecine et le Droit,
- la cathédrale Saint-Pierre.
Les anciens métiers médiévaux ont disparu, laissant le nom de Verdanson au ruisseau bordant l'Écusson. Ce ruisseau était anciennement appelé Merdançon à cause de son odeur pestilentielle, les tanneurs se trouvant dans le nord de la vieille ville.
Bibliographie
- Robert Ferras, Écusson et polygone. Enfants et retraités dans le centre de Montpellier, Bulletin de la Société Languedocienne de Géographie, Montpellier, 1978.
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Par laura VANEL-COYTTE
Nous avons aimé ce week-end à Montpellier:Antigone
Place du Millénaire à Noël (vers Nombre d'or)Antigone est un quartier de Montpellier conçu par l'architecte catalan Ricardo Bofill en 1978 sous l'impulsion du maire de Montpellier Georges Frêche et de son adjoint, le géographe Raymond Dugrand, et construit à partir de 19831. La majorité des immeubles a été construite sur un style inspiré par l'architecture de la Grèce antique selon le projet de l'architecte suivant un axe qui se veut faire écho à l'est à celui qui a structuré la ville à l'ouest, avec la promenade du Peyrou et l'aqueduc des Arceaux1.
Le quartier se situe au sud-est du centre-ville l'Écusson, dans le « Polygone » qui était l'ancien champ de tir de la caserne Joffre. Il s'étend depuis le centre commercial du Polygone jusqu'au fleuve du Lez le long d'une perspective d'environ 900 mètres. Sur la rive gauche, l'Hôtel de la région Languedoc-Roussillon également construit par Ricardo Bofill garde une architecture proche de celle du quartier d'Antigone2.
L'aménagement des lieux s'est achevé au début des années 2000 avec trois grands équipements : la piscine olympique ouverte en 19963, la médiathèque centrale Émile Zola4 et le passage de la ligne 1 du tramway. Le percement d'un immeuble de la place du Nombre d'Or à la même époque a permis de créer une perspective complète à partir du centre commercial du « Polygone » au Conseil régional et de faciliter la circulation des piétons qui peuvent au hasard de leur promenade contempler de nombreuses copies de célèbres sculptures gréco-romaines, telles la Victoire de Samothrace, la Vénus d'Arles, la Diane à la biche ou Zeus.
Antigone a été la première grande étape dans l'urbanisation du sud-est de la ville près du Lez suivie par l’aménagement du quartier de Richter autour des UFR d'AES et des Sciences économiques de l'université Montpellier 1 lui-même suivi vers l'est par le complexe commercial et ludique d'Odysseum.
C'est grâce aux aménagements du cours du Lez que des terrains jusqu'alors inconstructibles ont pu être urbanisés permettant à la ville de se trouver un nouvel axe d’expansion suivant le Lez vers la mer, le long de ce que l'hebdomadaire local La Gazette de Montpellier nomme les futurs « Champs-Élysées montpelliérains ».
Démographie
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?Évolution démographique d'Antigone depuis 1999 1999 2007 2009 7 175 7 765 7 524 (Source : Diagnostic socio démographique par quartier [archive] sur opendata.montpelliernumerique.fr)Lieu de tournage
- Antigone 34 est une mini-série télévisée française en 6 épisodes de 52 minutes, créée par Alexis Nolent et Brice Homs, réalisée par Louis-Pascal Couvelaire et Roger Simonsz, elle a été diffusée entre le 23 mars 2012 et le 6 avril 2012 sur France 2.
Références
- [PDF] « Le quartier d'Antigone [archive] », page 12/16, publié le 29 juin 2017 par Odile Besème et Serena Palazzi, sur le site caue-lr.fr [archive] (consulté le 30 octobre 2018)
- « Hôtel de Région Languedoc-Roussillon [archive] », publié sur le site pss-archi.eu [archive] (consulté le 30 octobre 2018)
- « Piscine Olympique d'Antigone [archive] », publié sur le site pss-archi.eu [archive] (consulté le 30 octobre 2018)
- « Montpellier : les médiathèques Zola et Fellini fusionnent [archive] », publié le 21 juin 2017 par Cédric Nithard, sur le site e-metropolitain.fr [archive] (consulté le 30 octobre 2018)
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
- Antigone (Montpellier), sur Wikimedia Commons
Articles connexes
Liens externes
- Vue satellite du quartier sur Google Maps (lien direct) [archive]
- Visite en vidéo du quartier Antigone à Montpellier [archive]
Quartiers de MontpellierQuartier Centre (Écusson et ses faubourgs) Figuerolles • Gambetta • Antigone • Beaux-Arts • Boutonnet • Arceaux • Gare • Aubes Quartier Hôpitaux Facultés Aiguelongue • Plan des 4 Seigneurs • Malbosc Quartier Port Marianne Pompignane • Millénaire • Grammont • Odysseum Quartier Prés d’Arènes Saint Martin • Aiguerelles • Tournezy Quartier Croix d’Argent Lemasson • Pas du Loup • Estanove Quartier Mosson Paillade • Hauts de Massane • Celleneuve Quartier Cévennes Alco • Chamberte • Martelle -
Par laura VANEL-COYTTE
Trieste, l'exquise mélancolie
- Par François Simon
- Mis à jourle 06/05/2013 à 15:53
- Publiéle 03/05/2013 à 17:04
Rivale de Venise, la ville reste encore un port d'où partent de nombreuses croisières. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro Magazine
Le Grand Canal, creusé au XVIIIe siècle permettait aux navires d'entrer au coeur de la cité. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro Magazine
Rendez-vous des Triestins, la terrasse du Caffè degli Specchi établi en 1839. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro Magazine
L'architecture néo-classique est une constante en ville. Ici, le palais de la Bourse. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro Magazine
L'incroyable château de Miramare, résidence de l'archiduc Maximilien d'Autriche. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro Magazine
22 hectares de jardins entourent ce monument, l'un des plus visités d'Italie. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro Magazine
Nostalgique promenade sur les pas de Maximilien et de son épouse, Charlotte de Belgique. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro Magazine
Quand le glacial bora ne souffle pas, les températures grimpent: plus de 21° dès mai. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro Magazine
Situé à côté du Théâtre Verdi, le Caffè Tommaseo, ouvert en 1830, le plus ancien de Trieste. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro magazine
Un bon cappuccino? Normal! Le fabricant de café Illy est installé ici depuis 1933. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro Magazine
PrevNextSituée au bord de la mer Adriatique, la ville est jumelée avec d'autres ports, tel Le Havre. Crédits photo : FRANCK PRIGNET/Figaro Magazine
1 sur 11EN IMAGES - Voisine de Venise, Trieste, prise par le roulis d'une histoire hautement contrariée, goûte aujourd'hui une paix dans le calme d'un tourisme de discrétion, avec, à la clé, le souvenir d'écrivains illustres et l'incroyable dispositif de cafés dignes de Vienne.
Lorsque vous lirez ces lignes, il y a de fortes chances que la ville de Trieste soit sous un ciel bleu. Comme dans une chambre d'enfant trop bien rangée. Ces immeubles de haute prospérité, aux fronts hauts et intelligents feront comme si de rien n'était ; places lumineuses (le pavé le plus beau d'Europe), mer ondoyante, musées au taquet, cappuccino crémeux. C'est parfait, à présent, vous pouvez vous installer, boire à petites gorgées la mélancolie de la ville, vous laisser parfumer par la nature proche: châtaigniers, buissons de figuiers, de grenadiers, de myrtes et de jasmins… «La nature, poursuit l'écrivain Charles Nodier, a donné à Trieste une petite forêt de chênes verts, qui est devenue un lieu de délices ; on l'appelle dans le langage du pays, le Farnedo, ou le Bosquet (…) Le Bosquet joint souvent même à tous ces charmes celui de la solitude ; car l'habitant de Trieste, occupé de spéculations lointaines, a besoin d'un point de vue vaste et indéfini comme l'espérance.»
Neptune veille sur la Place de la Bourse. Crédits photo : Franck Prignet
Pourtant, fin mars, cette ville vous aurait vitrifié d'effroi et de glace. Elle rugissait, mettait un souk sans nom dans les penderies, soufflait comme une démone. Dans les rues, il fallait s'accrocher aux rambardes, car la bora, ce vent venu du nord, avait repris possession des lieux. Il poussait ces jours-là à 75 km/h, inutile de dire que l'on marchait en oblique (75°), en embardées, parfois même porté sur quatre pas en redoutant que des rafales historiques reviennent culbuter les records (225 km/h). Dans ces cas-là, on ne maudit personne. On s'envole sans doute, veste et jupon par-dessus tête. Trop heureux d'être en vie et surtout d'avoir connu le vrai caractère de la ville, une sorte de tumulte monstrueux qui attira ici l'un des plus beaux castings de la Mitteleuropa: Sigmund Freud, James Joyce, Rainer Maria Rilke, Italo Svevo, Stendhal, Casanova… Pfuit, la liste est interminable, on se demanderait presque si l'office de tourisme n'a pas traficoté Wikipédia. Pourtant, c'est bien ici que sont passés les Claudio Magris, les Jules Verne… Paul Morand fit mélanger ses cendres à celles de son épouse, Hélène Soutzo, au cimetière grec orthodoxe de Trieste.
Le tramway, toujours l'un des plus lents d'Europe
Le vent rend régulièrement cette ville marteau. Du reste, l'antipsychiatrie y connut des heures de gloire. On venait de toute l'Europe voir les «fous» gambader en liberté dans les jardins bordant la route. Véritable laboratoire du malaise, au bord de nulle part et de l'irréel, on réalise ce qu'un Rainer Maria Rilke venait puiser à Duino, auprès de la princesse von Thurn und Taxis: s'exposer à la tempête au-dessus du gouffre de l'immensité. Le château est terrible posé sur la roche comme le menton sur la paume. Egon Schiele venait y peindre des barques et des bateaux. Le tramway bleu et blanc, toujours en exercice, est sans doute l'un des plus lents d'Europe.
Ambiance viennoise au Caffè San Marco. Crédits photo : Franck Prignet
Tout cet esprit, ces vents contraires, vous les retrouverez résumés dans l'univers des cafés… Partout, ils prennent le relais comme s'ils vous tenaient par la main. Pour vous rassurer, vous apaiser. Voici un lieu de paix, de rédemption. Ici, on calme ses angoisses en buvant d'un trait les «capo in b» (cappuccino in bicchiere), petites bombinettes surdistillées. On se réveille des torpeurs molles nées de ce climat étrange à la fois suave et tumultueux. Les cafés de Trieste sont des lieux si vivants qu'on s'y endort. On y passe des après-midi entières. Peut-être rejoindrez-vous alors la compagnie des caféistes, groupe non identifié, ne se contentant pas seulement de boire le café sous toutes ses formes mais également de s'inspirer de cette façon quasi existentielle de pousser les arômes jusqu'au bout (la torréfaction), d'en puiser l'acuité et l'accélération. Véritable drogue légale que l'on tient à la pincée, le café est le trait d'union de la ville, c'est son réveille-matin, sa canne blanche. Il ne vous faudra pas longtemps pour gager cette torpeur amusée, passer son temps à ne rien faire, se promener lentement dans les jardins du château de Miramare. Lire et relire.
Folie végétale dans le parc Miramar. Crédits photo : Franck Prignet
Aller à Trieste, c'est un peu le contre-pied des voyages. L'offre culturelle n'est pas trop asphyxiante, les journées sont belles et l'exposition magnifique. Peut-être réussirez-vous à prendre l'accent triestin, une sorte de subtil zézaiement qui faisait la fierté de Joyce lorsqu'il écoutait ses enfants nés ici même. La ville a le cœur grand et gros, l'histoire l'a régulièrement bafouée et fait trébucher. Elle passa entre les mains du monde entier: l'Empire romain (deux siècles avant J.-C.), la Vénétie républicaine (1202), les Habsbourg (1303), l'Italie, puis les nazis et même Tito. Elle loupa l'arrivée des chemins de fer, perdit son ascendant sur Venise ; son port qui était un véritable emporium ne se consacra plus qu'au transit et se vit tour à tour dépossédé par Gênes, Naples, Palerme, Brindisi, puis Hambourg et Brême… «Mon regret, disait Julien Gracq qui regrettait beaucoup, est d'avoir manqué Trieste, le Trieste de Mathias Sandorf, de Stendhal et de Paul Morand. (…) J'y aurais cherché en vain les traces du deuil, du long deuil de l'empire du Milieu traîné par une ville qui fut le poumon de l'Autriche-Hongrie, la tristesse d'une Venise sans canaux, sans tableaux et sans touristes, le fantôme d'une City mort-née et d'un Llyod sans affrètements et sans navires, les ruelles herbues, désertes, grelottantes sous le fleuve d'air glacé de la bora, qui montent vers le désert sans arbres, le plateau africain du Karst tout proche.»
Las, Trieste pourtant ne renonce jamais. La culture lui redonne des couleurs ; les docks réhabilités (comme à Hambourg, Londres, Nantes…) redonnent du coffre à la ville. S'il existe une destination bien dissimulée, incroyablement féconde, ample dans ses tourments, c'est bien elle. De surcroît, ces villes aiguës, de paquebots et de fortunes perdues, de larmes et de neurasthénie, de renoncement et d'empêchement, vous donnent paradoxalement l'agréable et inattendu sentiment. Celui d'être bienheureux.
LE CARNET DE VOYAGE
Utile
L'office du tourisme italien (01.42.66.03.96 ; www.enit.it).
Y aller
En attendant que quelques vols directs desservent Trieste, il vous faudra transiter par Munich, Rome ou Milan. Notre recommandation: passer par Venise avec Air France (3654 ; www.airfrance.fr), à partir de 265 € l'aller-retour. Puis longez la côte en train (comptez 1 h 30 à 3 h de voyage, de 12 à 19 €) ou en voiture (1 h 30).
Elégance italienne au Savoia Palace. Crédits photo : Franck Prignet
Hôtels
Deux beaux hôtels se partagent des situations superbes, à commencer par le Savoia Excelsior Palace (00.39.040.77941 ; www.starhotels.it), idéalement placé face à la mer, récemment refait. Un décor calme et moderne ponctué de vastes abat-jour circulaires. A partir de 160 € . Le Grand Hotel Duchi d'Aosta (00.39.040.760.0011 ; www.duchi.eu) tient son rang sur la piazza Unità d'Italia, l'Urban Hotel (00.39.040.302.065 ; www.urbanhotel.it) quant à lui, assume le rôle du boutique-hôtel versant dans le design tout en bois blond rehaussé de meubles conçus par Ron Arad pour Moroso. A partir de 132 €.
Restaurants
Faut-il le rappeler, on mange régulièrement bien en Italie. Comme en France, il faut juste éviter de tomber sur les paresseux. Avec cette pincée d'adresses, vous pourrez traverser aisément votre séjour. Personne ne vous reprochera d'aller au Harry's Restaurant, 2, (00.39.040.660.606), 2 piazza Unità d'Italia, parce qu'il y a là une clientèle civilisée ravie de ronronner au-dessus de plats techniquement au point avec cette touche de modernité charmante voletant sur le répertoire local . 50 €.
Le restaurant du Savoia donne également dans ce genre d'exercice: coller aux classiques mais en faisant preuve de distinction. Vaste salle à manger enthousiasmante lorsqu'elle est vide (on y devinerait Rainer Maria Rilke venu alimenter sa neurasthénie). Pour les poissons, notez bien sur le front de mer Al Bragozzo (00.39.040.314.111) , 22, riva Nazario Sauro . 30 €. Ou Nastro Azzurro (00.39.040.305.789) , 12, riva Nazario Sauro. 40 €.
Le Buffet da Pepi (00.39.040.366.858) 3, via della Cassa di Risparmio, met tout le monde d'accord pour ses viandes grillées devant vous et parfois glissées dans des petits pains avalés le long du comptoir ; le tout pour moins de 10 €. L'un de nos restaurants préférés restant Al Bagatto (00.39.040.301.771) 7, via Cadorna, pour son ambiance stylée et ses plats francs et inspirés (bar en croûte de sel) . Un cran au-dessus, Chimera di Bacco (00.39.040.364.023) 2, via del Pane, avec Luca Morgan distribuant une cuisine de saveurs et de produits d'une remarquable exécution libérée et frontale. La meilleure table .
Douceurs exquises à la Bomboniera. Crédits photo : Franck Prignet
Cafés et pâtisseries
Nos préférés? Tout de suite: le Caffè San Marco, 18, via Battisti, pour son ampleur, ses climats et lumières et ce style sécession viennoise qui vous mettront en joie. D'autres vous précédèrent dans ce sentiment: Italo Svevo, Umberto Saba, James Joyce… Autre café remarquable, le Tommaseo, 4, piazza Tommaseo, déplie ses salles, recoins et miroirs réalisés en Belgique. Il délivre, le dimanche matin, un petit concert charmant. C'est le plus vieux café de Trieste. Plaisant dans ses boiseries et petit, le Torinese, 2, corso Italia, propose cafés et miels à emporter. Ou encore le Stella Polare pour son style austro-hongrois, sa terrasse à l'instar du Caffè degli Specchi, piazza Unità d'Italia. Au risque d'y sombrer, deux pâtisseries spectaculaires: Pirona (style art nouveau) 12, largo della Barriera Vecchia, et La Bomboniera 3, via Trenta Ottobre, pour ses strudels, kugelhopfs, putizza, presnitz.
Coup de cœur
Indispensable coup d'œil dans le magnifique fatras de la libreria antiquaria Umberto Saba, 30, via San Nicolo, avec son monument vivant Carlo Cerne.
Le bémol
L'accès quelque peu laborieux de la ville ; cela dit, ces escales de transit participent à la magie de cette cité italienne, à son éloignement précieux.
À voir
Le château-musée de Miramare (00.39.040.224. 143 ; www.castello-miramare.it). A 8 kilomètres du centre-ville, la résidence de l'archiduc Maximilien de Habsbourg et son parc luxuriant, à pic sur la mer. Entrée 4 € .
À lire
Si vous parvenez à mettre la main sur le petit livre Le Goût de Trieste, vous avez de la chance car il est épatant (mais épuisé), au Petit Mercure. Rainer Maria Rilke (Les Elégies de Duino), ltalo Svevo (La Conscience de Zeno), James Joyce. Il y a aussi Daniele Del Giudice et son roman, Le Stade de Wimbledon, dont Mathieu Amalric a tiré une version filmée plus que réussie.
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Trieste, l'exquise mélancolie
Par laura VANEL-COYTTEMaroc : retour à Casablanca
- Par Olivier Michel 5
- Mis à jourle 29/11/2013 à 18:05
- Publiéle 29/11/2013 à 16:44
Casablanca ne se livre pas dans l'instant. Il faut beaucoup marcher, s'arrêter dans les ruelles, les cours d'immeuble, les cages d'escalier pour en saisir le charme. Crédits photo : Eric Martin
L'océan joue un rôle important dans la vie des Casaouis. Ici, on vient le contempler depuis le front de mer. Crédits photo : Eric Martin
Le nouveau tramway, inauguré en décembre 2012, remporte un succès fulgurant. 80 000 passagers l'empruntent chaque jour. Crédits photo : Eric Martin
Dans les ruelles de l'ancienne médina, création et tradition se côtoient au quotidien et révèlent le caractère si particulier de la ville blanche. Crédits photo : Eric Martin
Casablanca succombe depuis quelques années aux joies de la liberté, on y croise des rois du tag, des geeks aux cheveux bleus ou de jeunes créateurs ne doutant de rien. Crédits photo : Eric Martin
La Villa des arts, un petit bijou art déco et premier musée privé de la ville, affiche l'ambition d'être un point de rencontre entre les artistes et le public. Crédits photo : Eric Martin
Casablanca compte une dizaine de galeries d'art. Ici, le vernissage pour l'ouverture d'une nouvelle librairie-galerie d'art «L'Artothèque Taschen». Crédits photo : Eric Martin
Le bar du restaurant de la Maison Blanche, un lieu de rendez-vous considéré aujourd'hui comme l'une des adresses les plus prisées de la ville. Crédits photo : ERIC MARTIN/Eric Martin
«L'Hôtel Des Arts Resort & Spa» de Dar Bouazza. Cette petite station balnéaire est le dernier rendez-vous branché. Crédits photo : Eric Martin
La banque Al-Maghrib (la Banque du Maghreb) de style Art déco a des allures de musée avec son portail en fer forgé et cuivre de 11 tonnes. Crédits photo : Eric Martin
Entre 1986 et 1993, 10 000 ouvriers et artisans ont participé à la construction de la gigantesque Mosquée Hassan II. Crédits photo : Eric Martin
Le quartier de l'ancienne médina offre un étonnant contraste avec l'architecture de la ville nouvelle toute proche. Crédits photo : Eric Martin
PrevNextCasablanca est une ville pleine de promesse et reste un musée à ciel ouvert. Crédits photo : Eric Martin
1 sur 15EN IMAGES - La capitale économique du pays revient en force parmi les villes à (re)découvrir. Son architecture Art déco exceptionnelle, la douceur de son climat et son dynamisme en font une destination très demandée pour un week-end sous le signe de l'évasion et de la culture.
Casablanca ne séduit pas d'emblée. La route qui mène de l'aéroport en ville n'est qu'un embouteillage entouré de terrains en friche, de végétations anarchiques, d'immenses panneaux promettant sous peu des immeubles de bureaux en verre et des compounds sécurisés avec piscine auxquels on voudrait croire. On arrive en ville avec le secret espoir d'un coup de foudre. Rien. Où est la statue à la gloire du maréchal Lyautey? Où sont les immeubles, les maisons, les monuments imaginés par les architectes qui ont fait de Casa un extraordinaire laboratoire d'urbanisme à partir des années 20? Quid du Rick's Café, où Humphrey Bogart, dans le film Casablanca, en 1942, résistait à la fois aux nazis et à l'amour? Dans le hall de l'hôtel, on se surprend à marmonner: rester ou partir? Mais une brochure posée sur une table qui titre en gras «De plus en plus de touristes se laissent séduire par Casablanca» règle le problème.
Casablanca est une ville que s'approprie volontiers la jeunesse à travers les tags, les concerts de rap, et en s'affichant dans les galeries d'art. Crédits photo : ERIC MARTIN
Dar al-Beïda (Casablanca en arabe) est peut-être autre chose qu'un fatras de cinq millions d'habitants planté au bord de l'océan Atlantique. «Casablanca est une ville difficile à aborder, car elle a grandi trop vite», explique Albane de Linarès, notre guide, qui, à travers l'association Casa Mémoire et une promenade de deux heures à pied, nous fait découvrir les quartiers historiques. «Il faut vraiment plonger dans ses entrailles, faire fi parfois du mauvais état des rues et des trottoirs, et s'engager sans crainte dans les passages et les cages d'escalier. Lever la tête en permanence pour découvrir de remarquables façades Art déco ou néomauresques. Vous n'en trouverez nulle part ailleurs autant, et dans leur “jus”. Il n'y a que comme ça que l'on comprend l'intérêt et le charme de Casablanca.»
Et en effet, pas après pas, le charme opère. Surgissent çà et là des édifices joyaux ; la ville se livre enfin. D'imposantes colonnades blanches bordant une large avenue et abritant une multitude de cafés “braguettes” (car on n'y trouve attablés que des hommes) mènent aux monuments phares de la place Mohamed-V, le centre historique: la Banque du Maghreb, le palais de justice, la poste, la préfecture. La banque a des allures de musée avec son portail en fer forgé et cuivre de 11 tonnes, sa cage d'escalier en marbre blanc et vert, son sol en granito brillant comme autant de pains de glace. Le plafond de verre à carreaux, suspendu à cause de son poids excessif, vaut à lui seul la visite. La préfecture voisine et son impressionnant patio-jardin ressemble à un palais andalou. On peut y jeter un long coup d'œil après quelques salamalecs et compliments d'usage à l'accueil, en jurant de ne prendre aucune photo. La poste, elle, séduit par ses zelliges extérieurs bleu lapis-lazuli, qui enserrent des boîtes à lettres d'époque, en cuivre. On y posterait volontiers quelques mots. À l'intérieur, une modernité élégante et dépouillée, Art déco, vole la vedette aux quelques fonctionnaires occupés à timbrer, tamponner et peser.
L'arrivée récente du tramway a accéléré la rénovation de Casa et créé un lien entre les différents quartiers plus ou moins favorisés. Crédits photo : ERIC MARTIN
Une seule villa remporte tous les suffrages
Casablanca est une ville pleine de promesses. Des musées? Il n'y en a qu'un seul pour le moment, mais étonnant ; la fondation Abderrahman Slaoui, créée par un homme d'affaires collectionneur éclairé. Dans les vitrines cristallines d'une maison particulière, on peut découvrir sur deux étages des porcelaines de Beykoz, des affiches XIXe, des bijoux marocains en or, de l'argenterie britannique ou de la cristallerie Napoléon III. «Pourquoi cherches-tu des musées, Casa est un musée», plaisante un piéton alors que nous sortons. Le quartier d'Anfa, Beverly Hills local, perché sur une colline dominant l'Océan est une des pièces maîtresses de ce musée à ciel ouvert. C'est là que, le 14 janvier 1943, Franklin Roosevelt et Winston Churchill invitent Joseph Staline et les généraux français de Gaulle et Giraud à se réunir à l'hôtel d'Anfa pour parler des suites à donner à la guerre. L'hôtel d'Anfa n'existe plus et la colline s'est peuplée de maisons qui rivalisent de légitimité pour les plus anciennes, de clinquant hollywoodien pour les plus récentes, et d'originalité pour les autres.
Les palmiers et massifs de fleurs y sont taillés en permanence. Des vigiles que l'on croit assoupis traquent en réalité des cambrioleurs potentiels de l'œil droit, et de l'œil gauche, regardent passer, au volant de voitures rutilantes, les riches Casaouis à la recherche d'un terrain au prix de l'or. Si Casablanca compte des dizaines de maisons exceptionnelles, comme la villa Zévaco, l'hôtel Excelsior, l'immeuble Assayag (entre autres), une seule villa remporte par son nom et sa forme tous les suffrages: la villa Camembert, boulevard du Lido. Les Casablancais l'ont surnommée ainsi à cause de sa forme cylindrique et plate. Construite en 1963 par Wolfgang Ewerth, son vrai nom est, en fait, villa du Dr B. Son aspect futuriste et la discrétion de son propriétaire en font une des maisons les plus mystérieuses de la ville.
Poumon économique du Maroc, Casablanca succombe depuis quelques années aux joies de la légèreté. Rien à voir avec Marrakech, insistent les Casablancais, qui tiennent à se démarquer d'une ville trop à la mode et trop dévergondée. Ici, les hommes d'affaires, le cigare aux lèvres, croisent une jeunesse dorée, un verre de touareg rouge ou rosé à la main, dans des restaurants en vue sur le port, ou sous le phare. On déjeune au Rouget de Lisle, on dîne au Cabestan, avant d'aller écouter de la musique au Rose. Au Rick's café, lieu mythique du film Casablanca, dans lequel Bogart n'a jamais mis les pieds puisqu'il n'est jamais venu ici, on vient pourtant écouter du jazz sous son portrait. Réaliser un fantasme. Le week-end, il faut absolument aller bruncher à La Sqala, forteresse hype donnant sur la mer avant une longue promenade sur la corniche, la plus longue d'Afrique du Nord. Les belles y bronzent autour de piscines qui donnent sur l'Océan aux premiers beaux jours.
La monumentale mosquée Hassan-II est l'une des curiosités de la ville. On se promène sur la belle esplanade avant une visite d'une heure à l'intérieur. Crédits photo : ERIC MARTIN
À la tombée de la nuit, après d'inévitables courses au Morocco Mall, ou à Anfaplace, fierté commerciale de la ville en verre et métal, où l'on vient se promener en famille, il est l'heure de faire la tournée des galeries d'art. Casablanca en compte désormais une dizaine. Et si par hasard, il n'y avait pas de vernissage, reste la possibilité d'aller écouter un concert de rap, de raï ou de rock aux Abattoirs. On y croise un Casa inattendu: des rois du tag, des geeks aux cheveux bleus, des jeunes créateurs ne doutant de rien. Dominant la ville, la gigantesque mosquée Hassan-II, qui rappelle qu'au Maroc les souverains commandent aux croyants, lance en direction du Miséricordieux son minaret de 201 mètres, le plus haut du monde. Entre 1986 et 1993 (année de son inauguration), 10 000 ouvriers et artisans ont participé à sa construction. On la visite, bluffé, en une heure et demie. La mosquée Mohamed-V, dans le quartier des Habous, est la préférée, dit-on, de Mohamed VI, souverain actuel. On vient aux Habous pour s'habiller traditionnellement.
Les artisans proposent aux touristes cendriers, peintures et tapis. Mais la seule boutique à faire l'unanimité est la pâtisserie Bennis Habous: toute petite, elle se résume à une pièce recouverte de zelliges, où se retrouve toute la ville. On y vient pour un oui ou pour un non. Le dimanche, le vendredi après la prière, pour faire un cadeau, avant de partir en voyage. C'est ici, dit-on, entre miel et sucre, que l'on s'attache définitivement à Casablanca.
Devenue le café Paul, la villa Zévaco ou villa Papillon est, avec la villa Camembert, un des chefs-d'oeuvre archituraux de Casablanca. Crédits photo : ERIC MARTIN
Le carnet de voyage
Utile
Office national marocain du tourisme (01.42.60.63.50 ; www.visitmorocco.com). Guides: le Petit Futé et le Guide du routard.
Y aller
Avec Air France (36.54 ; www.airfrance.fr): 4 vols par jour dont 1 au départ d'Orly-Ouest, et 3 au départ de Roissy. A partir de 128 € l'aller-retour. Avec Royal Air Maroc (0.820.821.821 ; www.royalairmaroc.com): 6 vols quotidiens au départ d'Orly-Sud. A partir de 262 €.
Organiser son séjour
Avec Directours (01.45.62.62.62 ; www.directours.com). Depuis 18 ans, Directours propose des voyages sur mesure, à des tarifs ultranégociés. L'agence propose deux séjours de 4 jours/3 nuits en 5 étoiles à Casablanca: à partir de 599 € au Sofitel Casablanca Tour Blanche, et à partir de 749 € à l'hôtel Le Doge Hôtel & Spa.
Notre sélection d'hôtels
Le Doge Hôtel & Spa (00.212.(0) 5 22.46.78.00 ; www.hotelledoge.com). Ce Relais & Châteaux 5 étoiles, petit bijou Art déco «caché» dans une ruelle tranquille, propose 16 chambres et suites réparties sur cinq étages desservis par un ascenseur et une très belle cage d'escalier. La décoration de chacune des chambres s'inspire d'une personnalité et d'un thème: Majorelle, Coco Chanel, Hemingway, etc. A partir de 253 € la nuit.
Le Sofitel Casablanca Tour Blanche (00.212.(0) 5.22.45.62.00 ; www.sofitel.com). Avec ses 141 chambres et 30 suites ultramodernes aux très beaux volumes, le Sofitel est une des réussites de Casablanca. Déco tendance, spa unique, lits moelleux, vue sur la mosquée Hassan-II et la médina. Dans l'immense hall, se mélangent avec succès les styles marocain et contemporain. A partir de 185 € la nuit.
Bonnes tables et saveurs
Le restaurant branché avec vue sur la mer, c'est le Cabestan (522.39.11.90), 90 bd de la Corniche. On y vient pour admirer les plus belles femmes de Casablanca, et des tycoons descendant de leur Porsche. Bon rapport qualité-prix: de 40 à 50 €. Situé au 248, bd Sour-Jdid, place du jardin public, le Rick's café (522.27.42.07 ; www.rickscafe.ma) est celui du film Casablanca, dans lequel jouait Humphrey Bogart. Idéal pour dîner ou déguster un verre de vin en écoutant du jazz. Compter 30 €. Les amateurs de poissons et fruits de mer, iront acheter huîtres de Oualidia, couteaux, pouces-pieds et oursins chez Zoubida (661.96.42.76) au Dar Kachon, sur le marché central, avant de les déguster cuisinés dans le bistrot de Michel et Hafida (661.07.33.97).
Les incontournables
Visiter la Fondation Abderrahman Slaoui, 12, rue du Parc (00.212 (0) 5.22.20.62.17 ; www.musee-as.ma). Ouvert du mardi au samedi de 10 à 18 h, le seul musée de Casablanca propose les trésors d'un collectionneur éclairé. Formidable. Entrée: 30 dirhams (2,68 €). Admirer la gigantesque mosquée Hassan-II, (00.212 (0) 5.22.48.28.86), ses salles sans fin, son minaret de 201 mètres. Visite d'une heure tous les jours à: 9 h, 10 h, 11 h, 14 h, (le vendredi à 9 h et 14 h). Entrée: 120 dirhams (10,72 €). Découvrir les plus belles maisons et façades Art déco et néomauresques autour de la place Mohamed-V et dans le quartier d'Anfa. Renseignements auprès de l'association Casa Mémoire (526.51.58.29 ; www.casamemoire.org).
Que rapporter
Dans les boutiques longeant la nouvelle médina, les amateurs de fossiles en dénicheront de toutes sortes, ammonites et autres dents de requin trouvées dans les sables du Sahara. Les gourmands ne rentreront pas sans une provision des gâteaux parfumés à la cannelle, à la fleur d'oranger de la pâtisserie Bennis située dans le quartier des Habbous.
Le Bon Plan
Séjourner à l'Hôtel Central (00.212 (0) 5.22.26.25.25). Situé sur la place Ahmed-el-Bidaoui, cet hôtel sans prétention (et aux prix très raisonnables) ne manque pas de charme! Carrelage d'époque, peinture blanche à la chaux, terrasse dominant la vieille médina, chambres et salles de bains très propres. À partir de 30 €.
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