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Kiki hésite. Elle est plus habituée à poser pour des peintres. Est-ce que la photographie ne risque pas d’être trop précise et moins flatteuse ?
Man Ray la rassure : il compte la photographier en "transformant le sujet, comme le ferait un peintre".
La jolie modèle accepte donc de poser nue pour lui. Mais au bout de quelques clichés, Man Ray doit bien admettre qu’il a la tête ailleurs… Troublé, il interrompt la séance.
Ce n’est que le lendemain que Kiki tombe sous le charme du photographe, très impressionnée en découvrant les tirages. Comme le dit Man Ray : "Nous ne prîmes aucune photo cet après-midi-là."
Commencent alors plusieurs années d’amour et de collaboration artistique. Man Ray photographie sans cesse sa muse.
Sensible aux idées surréalistes, l’artiste expérimente de nouveaux procédés : l’image de Kiki sera tronquée, déformée… et même transformée en violon !
Retrouvez Man Ray et Kiki de Montparnasse sur ARTE en suivant Les Aventuriers de l'art moderne. Adaptée de la trilogie de Dan Franck Le Temps des Bohèmes, cette série documentaire en 6 épisodes nous plonge dans la vie artistique et littéraire de Paris, du début du XXème à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Pour recommander cet Artips :
Accédez en avant-première aux deux premiers épisodes de la série qui seront diffusés le mercredi 16 décembre à 20h55 sur ARTE.
Les cheveux retenus par un ruban, il nous regarde malicieusement. Ce bambin potelé, sculpté dans le marbre par Jacques Saly, semble nous interpeller d’un air interrogateur. Malgré ses petites ailes, ce n’est pas un angelot ordinaire. Qui est-il ? Le carquois nous indique la réponse…
Ce garçonnet, c’est Cupidon, l’Amour en personne ! Fils de la déesse Vénus, c’est lui le responsable de nos coups de foudre et de nos chagrins d’amour. Et pour cela, il lui suffit de tirer deux flèches aux effets opposés...
On peut les voir dans sa main gauche. La première flèche est peu affûtée : elle sert à éteindre la passion ou à empêcher l’amour de naître. L’autre flèche, en revanche, a une pointe très aiguisée. Elle provoque un amour passionné chez celui qui la reçoit. Regardez, c’est celle dont Cupidon teste le tranchant d’un air fripon.
Il sait très bien quel genre de douleur cette flèche va provoquer chez nous, pauvres mortels !
Maurice Quentin Delatour, Portrait de la marquise de Pompadour, 1752-1755, musée du Louvre Voir en grand
Ce curieux mode d’emploi est d’ailleurs écrit en latin sur le ruban : “Deux flèches, un amour”. La citation vient de l’antique poète Ovide, dont l’œuvre est une source d’inspiration inépuisable pour les artistes du XVIIIe siècle.
Et ce Cupidon raffiné n’a pas été sculpté pour n’importe qui ! La commanditaire n’est autre que la marquise de Pompadour, la conseillère et surtout... la maîtresse du roi Louis XV. En matière d’amour, la Pompadour sait de quoi elle parle, ayant elle-même eu affaire aux flèches de l’espiègle Cupidon !
L'Amour a besoin de vous ! Pour permettre à cette œuvre exceptionnelle de rejoindre les collections nationales, le musée du Louvre sollicite la générosité de tous !
L’acquisition de cette œuvre éblouissante, classée Trésor national, constitue une occasion unique de révéler au public l’éclat de la collection de sculptures de la marquise de Pompadour, de présenter une œuvre majeure de l’art français et de rendre toute sa place à un artiste célébré en son temps comme l’égal des plus grands.
Elle était libre, Colette. Libre d’être écrivaine, mime, danseuse nue, comédienne, journaliste, publicitaire et pourquoi pas marchande de produits de beauté. Libre de disposer de son corps et de refuser à la fois les diktats de la mode et ceux de la bienséance… Féministe avant l’heure, un des écrivains préférés des Français, son œuvre transcrit comme nulle autre les soubresauts, les élans et les errements du XXesiècle. A l’occasion de l’ouverture au public de sa maison natale, à Saint Sauveur-en- Puisaye, dans l’Yonne, Le Monde consacre un hors-série à Colette, où Julia Kristeva, Mona Ozouf, Eric-Emmanuel Schmitt et Michel Schneider lui rendent hommage.
Portrait Les honneurs ont statufié Colette en vieille dame à cheveux touffus et regard malicieux écrivant parmi les châles et les chats dans sa tanière du Palais-Royal. Mais ne s’agit-il pas, interroge l’universitaire Martine Reid, de l’une de ces « poses » dont l’écrivaine, qui a passé une partie de sa vie de femme à jongler avec les prénoms et les doubles, était coutumière ? À l’heure où s’ouvre au public la maison natale de Colette, à Saint-Sauveur-en-Puisaye, en Bourgogne, son portrait peut s’envisager enfin loin des clichés et des idées reçues.
L’œuvre « Je n’ai jamais désiré écrire », clamait Colette. Elle a pourtant publié une soixantaine de volumes, plus de deux mille articles et une correspondance soutenue sur un peu plus d’un demi-siècle ! Les textes réunis ici témoignent de cette profusion. Issus de recueils trop souvent ignorés (La Vagabonde, Le Voyage égoïste, Prisons et Paradis…), articles, nouvelles et portraits montrent tout le talent de l’auteure du Blé en herbe sur la forme brève.
L’entretien Si elle compte, soixante ans après sa mort, parmi les écrivains préférés des Français, Colette semble peu lue et souvent mal comprise. Dans ses réponses à Frédéric Maget, président de la Société des amis de Colette, son biographe Gérard Bonal entend bien lever les malentendus. Selon lui, non seulement Colette a inventé l’autofiction, mais elle a préfiguré les études sur le genre et la défense de la cause animale. « Elle n’a donc jamais été aussi proche des préoccupations de ses lecteurs qu’aujourd’hui », assure-t-il.
Débats et hommages Colette, femme libre et en avance sur son temps, fut-elle pour autant une féministe ? La génération des années 1950, Simone de Beauvoir en tête, lui a reproché son indifférence à l’Histoire et son manque d’engagement. Les intellectuelles des années 1970 ont dit tout ce qu’elles devaient à leur aînée, une « révolutionnaire ». Aujourd’hui, l’heure est à la reconnaissance : spécialement pour ce numéro, onze auteurs confient leur admiration pour son indiscutable génie littéraire.
Et aussi : chronologie, portfolio, lexique, bibliographie.
Je rappelle à mes chers écrivains que vous pouvez aller lire les textes des participants puisque je met leur lien. Par ailleurs , je rappelle aussi, qu'un texte court est plus facilement lu, compte tenu des nombreux textes à lire..
L'atelier a lieu tous les 10, 20, 30 de chaque mois.
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Je vous propose 2 choix
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Pensez à donner votre lien
avant la parution de l'atelier suivant. Au plus tard les 9,19,29.
Du lundi jusqu'au samedi Pour gagner des radis Quand on fait sans entrain Son boulot quotidien Subi le propriétaire Le percepteur, la boulangère Et trimbalé sa vie de chien Le dimanche vivement Qu'on file à Nogent Alors brusquement Tout parait charmant
Quand on s'promène au bord de l'eau Comme tout est beau Quel renouveau Paris au loin nous semble une prison On a le coeur plein de chansons L'odeur des fleurs Nous met tout à l'envers Et le bonheur Nous saoule pour pas cher Chagrins et peines De la semaine Tout est noyé dans le bleu dans le vert
Un seul dimanche au bord de l'eau Au trémolo Des p'tits oiseaux Suffit pour que tous les jours semblent beaux Quand on s'promène au bord de l'eau
J'connais des gens cafardeux Qui tout le temps S'font des cheveux Et rêvent de filer ailleurs Dans un monde meilleur Ils dépensent des tas d'oseille Pour découvrir des merveilles Ben moi ça m'fait mal au coeur Car y a pas besoin Pour trouver un coin Où l'on se trouve bien De chercher si loin
Quand on s'promène au bord de l'eau Comme tout est beau Quel renouveau Paris au loin nous semble une prison On a le coeur plein de chansons L'odeur des fleurs Nous met tout à l'envers Et le bonheur Nous saoule pour pas cher Chagrins et peines De la semaine Tout est noyé dans le bleu dans le vert Un seul dimanche au bord de l'eau Au trémolo Des p'tits oiseaux Suffit pour que tous les jours semblent beaux Quand on s'promène au bord de l'eau
Un seul dimanche au bord de l'eau Au trémolo Des p'tits oiseaux Suffit pour que tous les jours semblent beaux Quand on s'promène au bord de l'eau
Droits paroles : paroles officielles sous licence MusiXmatch respectant le droit d'auteur.
Reproduction parole interdite sans autorisation. Writer(s): duvivier Lyrics powered by www.musixmatch.com
Quel est le plus grand danger de la vie chrétienne ? S’habituer, se résigner, déclarer forfait.
Face au péché évidemment, à cause de ce petit démon décourageant : « À quoi bon ? » À quoi bon, encore, des résolutions de carême ? Mais le pire serait de devenir des blasés de l’amour de Dieu. Jésus a donné sa vie pour moi, certes, et alors ? Cela va-t-il régler mes problèmes de famille, de travail ou de surpoids ?
"Je me lève et je te bouscule, tu n’te réveilles pas… Comme d’habitude. Sur toi je remonte le drap, j’ai peur que tu aies froid… Comme d’habitude. Ma main caresse tes cheveux… Comme d’habitude. Mais toi tu me tournes le dos… Comme d’habitude."
Et si cette chanson parlait aussi de la façon dont Dieu nous aime et prend soin de nous ? Et s’il suffisait de se réveiller et de se tourner vers Dieu pour réveiller l’amour éteint ? Et si c’était aussi simple que cela ? Alors notre carême prendrait un sens bien différent. Il ne s’agirait plus de se priver d’un peu de chocolat comme si cela pouvait avoir un quelconque intérêt. Il ne s’agirait plus d’essayer de se changer à grands coups de volonté. Car ce qu’il faut, c’est que le cœur change, que ça change au cœur pour se remettre en marche vers le Ciel. Réveillons-nous et commençons par jeûner, c’est-à-dire séparons-nous de ce qui nous encombre, de ce qui nous rend esclaves : gloutonnerie, temps gaspillé, bruit, médisances ou relations toxiques. Mais à quoi servirait le jeûne sans aumône, sans offrir le temps et l’argent ainsi libérés ? Et à quoi servirait l’aumône sans prière pour cette personne à qui je viens de donner ?
Alors le jeûne, l’aumône et la prière prendront tout leur sens : nous apprendre à aimer.
Marie, prenant une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s’emplit de la senteur du parfum.
Judas, tu me reproches cette dépense somptueuse ? N’as-tu pas vu comment il a ressuscité Lazare, mon frère ? N’as-tu pas entendu ces cris qui l’acclamaient hier comme notre roi ? Il m’a toujours parlé comme jamais aucun homme n’a parlé. Je me tenais à ses pieds, en buvant les paroles de la vie éternelle.
Oui, j’ai reconnu en lui le Seigneur de ma vie et par cette onction dispendieuse, irrévocable, je lui dis mon amour et ma gratitude.
Mais il y a plus. J’entends les rumeurs de jalousie. J’aperçois une haine sourde et une opposition franche. Ils sont nombreux ceux qui le rejettent. Ils me rappellent la prophétie du Serviteur souffrant, révélée par Isaïe, l’annonce de celui qui entre dans la mort pour nous guérir par ses blessures*. Un roi triomphant et une victime innocente tout à la fois – serait-ce lui ? Si l’ombre de la mort plane, par quoi puis-je répondre ?
Par l’amour. Par l’onction qui l’exprime – elle est une prophétie et une prière. Une prophétie, car elle clame qu’il est notre roi, notre maître, Celui qui a les paroles de vie. Une prière aussi : ce parfum remplit la maison et murmure : « Je t’aime, Seigneur, ma force. »
Judas, j’aurais tant voulu te le dire, mais ton regard me réduit au silence. Écoute Jésus, Il te répond : « Partout où sera proclamée la Bonne Nouvelle, dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu’elle vient de faire. »**
Cette parole s’accomplit aujourd’hui à vos oreilles : vous entendez ce que j’ai fait pour lui. Faites de même : là où la haine gronde, répondez par une onction d’amour. La charité est notre unique prophétie.
* Livre d’Isaïe, ch. 53, v. 5. ** Évangile selon saint Matthieu, ch. 26, v. 13.
Mon modèle d'élégance, c'est ma grand-mère (qui est décédée 2003 à plus de quatre-vingt dix ans). Comme elle, je porte le chapeau. Après son enfance miséreuse et son adolescence ouvrière, elle avait ouvert avec mon grand-père, un commerce qui tournait bien. Même si elle avait de l'argent, elle n('achetait pas des vêtements chers et/ou de marque. Un rien l'habillait et son élégance survolait celle des magasins chic. Tous les prétextes étaient bon pour aller la voir. Avec elle, même un verre d'eau était un plaisir. Elle était aussi jolie qu'à l'aurore de sa vie, peut-être même plus car les coiffures de sa jeunasse faisaient "vieille" alors qu'elle portait maintenant des cheveux courts(comme moi) soigneusement entretenus et coiffés. Je me souviens des volutes de sa laque, un tube dorée.
Je la regardais se maquiller les yeux avec du mascara à l'ancienne mode sans oublier un voile léger de poudre de riz. Mon goût des couleurs me vient d'elle. C'est mon histoire: avec elle, je n'avais pas besoin de faire la quête de l'amour.
« Tu ne peux rien tenir dans la main et te persuader que tu l’as pour toujours. Cela fuira inévitablement, s’évaporera, coulera. Tu ouvres ta main et tu n’y trouves rien, rien. À quatorze ans, j’ai compris ça. Depuis ce moment-là, je veux être comme cette chose dans la main, insaisissable, volatile et n’appartenant à personne. »
En relisant ces mots de Golshifteh Farahani, suscités par Nahal Tajadod dans le roman qu’elle lui consacra il y a tout juste dix ans, je ne doute pas un seul instant qu’il n’y ait au monde femme plus accordée à L’Éphémère. Celle qui commença au cinéma si jeune, à cet âge de l’adolescence où l’insouciance est censée triompher, en sait plus long que nous sur la destinée, les années de guerre, l’acide que l’on jette sur la beauté des jeunes filles en république islamique, la fougue des cheveux que l’on rase ou dissimule, la mort, le succès international, l’exil, les amours contrariées mais aussi la poésie.
Il y a ceux qui l’ont aimée dans Shirin d’Abbas Kiarostami, ceux dans Body of lies de Ridley Scott, ceux dans Poulet aux prunes de Marjane Satrapi, ceux dans Syngue Sabour d’Atiq Rahimi, ceux dans Les deux amis de Louis Garrel, ceux dans Paterson de Jim Jarmusch. La liste est longue, de The Pear tree à VTCen passant par Les filles du soleil ou Pirates des Caraïbes en compagnie de Johnny Depp.
Persan, français, anglais, quelle que soit la langue dans laquelle Golshifteh Farahani s’exprime, toujours cette même ardeur, cette même urgence à vivre, ce même irrésistible regard noir. Et la chance à ses côtés de célébrer l’équinoxe de mars à même la nouvelle année – inédit Norouz qui délivre à jamais des ténèbres pour un 24e Printemps des Poètes résolument tourné vers la lumière.
Sophie Nauleau
Citation extraite de Elle joue de Nahal Tajadod, Albin Michel, 2012
L’Opération Coudrier est le nouveau fer de lance des actions d’éducation artistique et culturelle du Printemps des Poètes. Après le concours de réécriture des vers les plus amoureux du « Lai du chèvrefeuille » de Marie de France, découvrez cette année :
AU PROGRAMME Bonsoir. Personne ne s’est rendu compte que vous avez caché deux cartouches de clopes et un litron de mezcal dans votre brushing, seul moyen de rendre à peu près supportable cet anniversaire de pisse-froids. Sous des prétextes de plus en plus tirés par les cheveux, vous disparaissez aux chiottes toutes les dix minutes: d’abord, c’était soi-disant pour accompagner la Petite Solange, puis pour tester le piano robotisé d’Edouard Ferlet, puis pour récupérer l’entrecôte de Chicandier, puis pour poser un couplet avec Vald, puis pour confondre un chanteur masqué... Mais là, votre histoire de fils adoptif de Maxime Gorki qui aurait mis la main sur la Vie invisible d’Euridice Gusmao derrière les waters obstrués par les bracelets électroniques des époux Balkany, franchement, ça commence à être un peu gros.
Photo: Pas un seul de ces tocards n'était à la hauteur de sa coiffure élaborée selon les proportions du nombre d'or et réhaussée d'une cascade de perles Pimkie. La Vie invisible d’Euridice Gusmao, de Karim Aïnouz. RT Features / Pola Pandora. Sony Pictures & Canal Brasil
mais grève du tram et incident m'ont fait rentrer chez moi, laver mes cheveux, choisir mes vêtements pour 2 jours, préparer mon repas du soir et du lendemain midi
ceci dit aussi, je suis moins enthousiaste depuis que ce festival est en intérieur à Tréfilerie
l'année dernière déjà
l'année devant, j'y étais allée seule et j'avais aimé
et avant le covid à 2... encore mieux
si je suis courageuse, j'irais vendredi soir à l'autre site(que je connais bien) de ce festival où je ne suis jamais allée
mais le vendredi avec bus pour rendez-vous pro
psy
et fin de semaine
braderie
cinéma
bien chargée
6,93 km en1 h de marche
fin de la soupe fanes de radis, vermicelle: miam
demain: chou cabu/pommes de terre; je sais que c'est bon...
+ gym du soir
massages et tisane
7: bus car grève des trains encore :30 minutes de sommeil en moins en 2 jours
et 30 minutes de perdues .... pour vivre comme je veux
marché de campagne
2,64 km en 1/2 heure
grande marche ce midi:2,18 km en 30 minutes
train
tram
médiathèque
courses
10,15 km en 1h17 de marche
+ gym du soir
8: gare et cdi de ville :23 minutes de marche en 2 fois
2,8 km
COURSES DU MIDI
j'ai vu un héron cendré au bord du GIER
PHOTO WIKI
un type l'a dit
je me suis arrêtée
et un autre type m'a dit avec colère: j'ai failli vous renter dedans!!!!
Août 1962-aôut 2022 : les 60 ans de la disparition de Marilyn Monroe " Le livre de Rosten offre le portrait le plus tendre qui existe sur Marilyn. Un récit aussi beau qu'intime " Norman Mailer Parmi la pléthore d'ouvrages consacrés à Marilyn Monroe, le témoignage de Norman Rosten, paru en 74 aux Etats-Unis, est certainement le plus authentique. Poète, romancier, dramaturge et scénariste, Norman Rosten a été (avec sa femme Hedda) l'un des proches de Marilyn durant les sept dernières années de vie. Il l'avait rencontrée un jour de pluie par l'intermédiaire du photographe Sam Shaw (l'un des plus importants de la carrière de Marilyn, auteur de la photo de couverture). Shaw, en balade avec la comédienne à Brooklyn, s'était réfugié chez ses amis les Rosten pour échapper aux trombes d'eau. En comprenant à tort qu'elle s'appelait " Marion ", les Rosten avaient d'abord pris la jeune fille aux cheveux trempés pour une starlette, petite amie de Shaw. Avant de comprendre que c'était la tête d'affiche de Sept ans de réflexion, récent triomphe au box-office. Ca ne les avait pas empêchés d'être d'emblée séduits par son charme. Toute leur relation sera ainsi placée sous le signe du naturel et de la spontanéité. Par la suite Rosten a d'autant plus fréquenté Marilyn qu'il était très ami avec son troisième mari Arthur Miller. Avec Arthur puis sans, Marilyn et les Rosten passeront quantités de dîners, week-ends, vacances ensemble, de Upper Manhattan à Brooklyn et aux plages de Long Island (où Norman la sauvera quasiment de la noyade un jour qu'elle voulait échapper à une horde de fans). Entre Norman et Marilyn, le lien était d'autant plus fort que la jeune femme, éprise de poésie, lui passait ses textes pour les soumettre à son jugement : " trouves-tu qu'il y ait de la poésie là-dedans ? ". Ils resteront proches jusqu'aux tout derniers instants de la vie de Marilyn. Tressé d'anecdotes drôles ou émouvantes, ce court témoignage, l'oeuvre d'un écrivain, raconte Marilyn avec respect, et affection, et dresse un portrait qui s'impose par sa sincérité, par sa délicatesse, la justesse de son regard. Un diamant brut pour qui veut saisir qui était vraiment Marilyn.
« Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint … Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lv 19, 1.18)
« Jamais le Seigneur ne se fatigue de donner, et ses miséricordes sont inépuisables : de notre côté, ne nous lassons pas de recevoir. Qu’il soit béni éternellement. Et que toutes les créatures chantent ses louanges ! Amen. »
(Livre de la Vie 19, 15)
Est-ce que je rends grâce pour cet appel à la sainteté, à aimer, que m’adresse le Seigneur ? Pour mieux y répondre, je (re)lis les n° 14 à 18 de l’exhortation « Gaudete et exultate » du Pape François.
En partenariat avec la province de Paris des Carmes Déchaux, cette retraite en ligne vous est proposée par MAGNIFICAT
Vous connaissez tous la grande fresque de Michel-Ange, dans la chapelle Sixtine, qui représente la création d’Adam ! Dieu est représenté sous les traits d’un homme âgé, puissant et majestueux, porté par des anges, qui donne la vie à l’homme. Cette image est sublime, mais est-elle juste ?
Dieu, me direz-vous, n’a pas de cheveux blancs. Il n’a pas d’âge, car il est éternel. Et d’une. Et puis de toute façon, Dieu n’a pas de corps, puisqu’il est Esprit, comme le dit Jésus à la Samaritaine*. Et de deux. Il n’est donc ni homme ni femme. Mais pourquoi, alors, s’est-il révélé à Israël comme un père ? Un père bon et fidèle qui a tout créé et qui veut faire de nous ses enfants d’adoption ?
Pour le savoir, regardons, de nouveau, la fresque de Michel-Ange, et en particulier le petit espace que le peintre a laissé entre l’index de Dieu et celui d’Adam. Le doigt de Dieu et le doigt de l’homme sont tout proches, mais ils ne se touchent pas. Cet espace représente la distance qui existe entre Dieu et l’homme, l’écart qui demeure, malgré la ressemblance, entre le Créateur et sa créature. C’est pour signifier cette séparation que Dieu s’est toujours présenté comme un père. Car le père engendre, mais à distance. Il ne porte pas, comme la mère, le bébé dans son ventre. D’une certaine manière, c’est lui qui coupe le cordon. L’image de la paternité est donc plus parlante que celle de la maternité pour exprimer le mystère de la transcendance de Dieu. Mais si Dieu est père, pourquoi le prophète Isaïe dit-il que Dieu console ses enfants « comme une mère»** ?
* Evangile selon st Jean, ch.4 , v.24 ** Livre d’Isaie ch. 66, v.13
Reconstitution artistique du visage de Brana-1. Crédits photo : Credit: CSIC
Des chercheurs ont réussi l'exploit de décrypter les gènes d'un chasseur-cueilleur qui vivait il y a 7000 ans.
Il avait 30 à 35 ans au moment de sa mort, il y a quelque 7000 ans. Il vivait dans ce qui est aujourd'hui le nord-ouest de l'Espagne. Grâce à une analyse fine de son ADN et à une reconstitution faciale à partir de son crâne, les chercheurs ont pu établir un véritable portrait-robot de cet homme préhistorique. Et en couleur puisque ses gènes ont parlé: il devait avoir la peau foncée, les cheveux bruns et… les yeux bleus.
C'est ce qu'une équipe internationale de 24 chercheurs (espagnols, américains, danois, australiens, hollandais), sous la houlette de l'Espagnol Carles Lalueza-Fox (Institut de biologie évolutive, Barcelone) vient de rendre publique dans la revue Nature.
Les chercheurs ont réussi à obtenir la séquence ADN quasi complète de Brana-1 (son appellation) à partir d'une dent très bien conservée. Il avait été trouvé en 2006 dans la grotte de La Brana-Arintero, dans la province de Leon, en compagnie d'un deuxième squelette masculin. À cette époque (nommée mésolithique, entre le paléolithique et le néolithique, la plus proche de nous), les hommes vivaient de leur chasse et de la cueillette de végétaux. Premier résultat des analyses, ces chasseurs-cueilleurs ibériques étaient génétiquement éloignés des populations européennes actuelles. Mais ils étaient cependant plus proches des Européens du Nord (Suédois ou Finlandais par exemple).
La séquence ADN quasi-complète de Brana-1 a été obtenue à partir d'une dent très bien conservée.
«Ses gènes montrent qu'il devait avoir la peau et les cheveux foncés, ce qui est une première surprise, mais il possède aussi des gènes qui, chez l'humain moderne, engendrent des yeux bleus, explique Carles Lalueza-Fox. Cette combinaison génétique n'existe pas dans les populations européennes modernes.» On pensait jusqu'ici que le teint de peau de ces hommes préhistoriques devait être plus clair. Le changement s'est donc fait plus tard. Les chercheurs ont également comparé l'ADN séquencé de Brana-1 à d'autres ADN anciens, comme celui d'un fossile humain vieux de 23.000 ans, découvert en Sibérie, près du lac Baïkal. «Il y a clairement une signature génétique commune entre eux», estime Carles Lalueza-Fox. «Ce qui montre qu'il y a une continuité génétique dans ce laps de temps entre l'Eurasie occidentale et l'Eurasie centrale.»
Les chercheurs ont également pu explorer les gènes du système digestif de ce chasseur-cueilleur. Il s'avère qu'il était intolérant au lactose et mal «équipé» pour digérer l'amidon (céréales ou pommes de terre). Les chercheurs estiment donc que c'est au sortir du mésolithique, il y a 5000 ans, et à l'entrée au néolithique, que le chasseur-cueilleur, devenu agriculteur et éleveur, a changé au fil du temps, privilégiant les individus pouvant boire du lait et assimiler les céréales.
Résistance à certains agents pathogènes et à certaines maladies
«Le travail de Carles Lalueza-Fox est remarquable, estime Philippe Charlier, médecin légiste et spécialiste de l'ADN ancien. Le connaissant, s'il suggère que tous ces caractères étaient vraisemblablement présents, il a sans nul doute raison.» L'autre squelette, Brana-2, pourrait-il confirmer le tableau? «Nous y travaillons très fort, nous a confirmé Carles Lalueza-Fox. Mais pour le moment, nous n'avons pas pu trouver un vraiment bon échantillon à partir de ce fossile. Peut-être que ce second squelette a été plus exposé à l'eau, ce qui a affecté la préservation de l'ADN.»
D'autres caractères génétiques de cet homme préhistorique ont été repérés, comme la résistance à certains agents pathogènes et à certaines maladies, variations génétiques encore présentes chez l'homme moderne. «Il est clair, affirme Carles Lalueza-Fox, que nous pouvons maintenant, grâce aux progrès techniques, étudier la génétique des hommes de la préhistoire à partir d'échantillons anciens. Et je prédis que l'archéo-génétique va révolutionner notre point de vue sur cette période et va entraîner de grands changements, générant ainsi un tableau plus complexe et fin du passé.»
Critique Gilles Kepel revisite les pays musulmans à l’heure des révolutions
Par JEAN-PIERRE PERRIN
Libération
Une affiche de cinéma, à la belle époque des documentaires militants sur les révolutions du tiers-monde. Gilles Kepel, alors «jeune gauchiste», n’a plus aucun souvenir du film qui exaltait la lutte du Floga, un mythique front de libération du sultanat d’Oman. Mais de l’affiche il n’a rien oublié et la décrit encore avec une manière d’adoration : «une jeune femme à la peau cuivrée, en short kaki, les cheveux courts bouclés, assise en tailleur à même le sol, jambes et cuisses bronzées, tenant droit un fusil dont la crosse reposait à terre, sourire conquérant aux lèvres». Le ravissement continue : «Elle évoquait ma première répétitrice d’arabe à la fac de Censier, Fayza. Pour les beaux yeux de cette Joconde yéménite, je m’étais épuisé en vain à réaliser à la perfection gutturales, laryngales et fricatives au laboratoire de langues.»Ce ne sont pas seulement les études des grands aînés, Rodinson, Massignon, ou la quête épique de Lawrence qui poussent à devenir orientaliste. Il y a aussi les femmes, présentes tout au long de cette Passion arabe, où Kepel raconte sous la forme d’un journal de voyage les récentes révolutions arabes, du Maghreb au Machreq, via la péninsule arabique. Passion, au sens amoureux du mot, et aussi christique : le livre peut se lire comme le récit de la montée au calvaire d’un monde arabe qui n’en finit pas de s’autocrucifier - comme les stations du Golgotha, il est divisé en 14 chapitres.
Pour ces femmes approchées ou rêvées, fini l’époque où elles pouvaient montrer leur «peau cuivrée».«Je me demande, écrit Kepel, ce qu’est devenue la jeune militante de l’affiche […]. Expie-t-elle ses péchés en marmonnant pieusement le Coran à ses petites-filles excisées, dans l’attente du jour du Jugement dernier, comme elle récitait autrefois avec zèle l’œuvre du grand Lénine ? Ou a-t-elle suivi à Moscou un jeune officier du KGB qui a craqué pour la gazelle socialiste, aujourd’hui opulente babouchka brune, mousmé d’un oligarque pétrolier ?» L’auteur a défroqué la bure universitaire pour un récit plein de verve et de fureur. C’est à son échappée libre qu’il nous convie, sur ces terres qu’il étudiait naguère avec la foi doctorale. Il joue au reporter pour raconter une douzaine de pays saisis - ou pas - par ces révolutions. Avec certaines limites : il ne se déplace guère sans filet - l’ambassade de France offre souvent son assistance et rares sont les pays où il ne retrouve pas d’anciens élèves qui l’accueillent comme une star. Parfois, il va trop vite. Une journée dans la Syrie insurgée, c’est trop peu pour appréhender les complexités d’une rébellion.
Poussière. Mais ne boudons pas notre plaisir. En entremêlant passé et présent, mémoire et impressions, érudition et notations picaresques, en allant de la grande à la petite histoire - celle sur les hypothétiques origines corses ou juives de Kadhafi est étonnante -, le livre offre des témoignages inattendus, de beaux moments de voyage et d’analyse. Tantôt on est dans la rue, tantôt chez le mollah salafiste du coin ou avec les coptes d’Egypte persécutés. L’auteur livre aussi ses aversions, pour l’Arabie Saoudite par exemple depuis qu’elle ne lui donne plus de visas, égratigne des collègues qui ont succombé aux sirènes de l’islamisme ou au fric du Qatar, moque la direction de Sciences-Po. En Egypte, on croise Alaa al-Aswany, Cavafy, et Flaubert : «De la maison abandonnée de l’almée Koutchouk Hanem, où Flaubert a passé cette nuit de mars 1850 qui ferait de lui le maître de notre style, il ne reste que la porte condamnée, barrée d’une chaîne, au-dessous du niveau de la rue moderne.» Autour, immondices, poussière et manque d’entretien général, spécifiques à la plupart des cités arabes. Les mots de Flaubert résonnent étrangement : «A 3 heures, je me suis levé pour aller pisser dans la rue ; les étoiles brillaient. Le ciel était clair et très haut.»
Béton. A présent, le ciel arabe est sombre et bas et si Flaubert se laissait aller dans la rue, il se ferait tabasser. Partout, la pudibonderie la plus noire gagne et la tolérance recule. Sans l’avouer franchement, Kepel signe un acte de décès, celui des villes arabes cosmopolites et bigarrées, où les cafés étaient un idéal, dix langues parlées, le commerce une religion commune, et où les filles montraient leurs cheveux. Triste Alexandrie où les salafistes prolifèrent et où on ne boit plus d’alcool. Malheureuse Beyrouth, rongée par le chancre du béton : «Et j’ai vu le Liban unique de ma jeunesse, dont la beauté avait ébloui mes 19 ans, […] devenir à peu près n’importe quoi.» Elle apparaît loin la nouvelle Andalousie dont rêvait le grand orientaliste Jacques Berque, utopie d’un monde arabe débarrassé de ses pulsions religieuses mortifères, renouant avec ses racines classiques et sa capacité à chercher liberté et modernité. Après la Passion, vient la Résurrection. Mais quand ?
Exposé à la Pinacothèque de Paris jusqu'au 18 juillet, ce tableau de Munch est d'abord intitulé 'Amour et douleur', avant d'être rebaptisé. Son nouveau titre, autrement plus effrayant, vient apporter un éclairage bien différent à la scène… Méfiez-vous !
Au moment de peindre cette toile, autour de 1893, Edvard Munch a entrepris un grand projet : 'La Frise de la vie', un ensemble de tableaux dont fera partie 'Le Cri'. Il s'agit d'un "vaste poème" sur l'amour sombre, la vie violente, la mort menaçante, qui agit comme un manifeste. Car l'artiste norvégien ne veut plus de ces tranquilles "intérieurs avec des hommes lisant et des femmes tricotant", mais "des êtres vivants qui respirent, ressentent, souffrent et aiment". Et la toile en question a été peinte en quatre versions. Si elle traite bien de vie bouleversée et de mort passionnelle, de peine exacerbée et de sentiments sensuels, il n'est pas sûr que l'identité exacte des personnages saute tout de suite aux yeux…
Que voit-on de prime abord ? Un couple lové en une étreinte. Un simple geste de tendresse. Ces amants veulent tenir face à l'obscurité de la toile, nuit bleutée d'un univers hostile qui aspire et qui perd. Pour tenter d'échapper, ils n'ont plus que leurs bras, et ils se serrent. L'homme, vêtu de sombre, semble appartenir déjà au fond menaçant : il est peint au moyen des mêmes biffures bleues et noires. La femme, aux bras dénudés et clairs, est le refuge provisoire. L'homme a passé ses mains sur le côté droit de son corps pour la tenir plus embrassée. En une attitude presque maternelle, elle le garde dans son giron, l'entourant de ses bras et de ses cheveux qui roulent sur lui. A première vue, donc, rien que de l'amour, une berceuse rassurante. Un moment de quiétude dans un monde de tourments.
Mais à y bien regarder, les cheveux de la femme, à force d'entourer l'homme tels des racines, ne commencent-ils pas à l'emprisonner ? Les doigts, serrés comme des griffes d'animal, plutôt que de caresser, n'enfoncent-ils pas en réalité leurs ongles dans la chair ? Que fabrique au juste cette demoiselle avec sa bouche ? Elle semble bien concentrée, contrairement à l'homme, abandonné. A-t-elle "par hasard" si bien visé le cou pour son baiser ? Non, vous l'aurez deviné, cette femme à la peau si blanche, à l'aise dans la nuit comme un poisson dans l'eau, est bel et bien... un vampire ! Le tableau est aujourd'hui exposé sous ce seul titre : 'Vampire'...
Vieille de plus d'un siècle, cette vamp n'est pas le moins du monde démodée. Peinte à la fin du XIXe siècle, en pleine découverte de l'inconscient, elle est toujours aussi actuelle aujourd'hui, où les histoires de vampires pullulent. A l'époque, avec sa belle chevelure rousse, la vampire de Munch incarne les désirs sexuels féminins diaboliques, la prostitution et l'animal. Comme le sobriquet euphémistique "vamp" le dit si bien, la femme fatale est un dangereux individu qui vous hypnotise avant de vous laisser exsangue sur le carreau. Munch est lié aux dramaturges August Strindberg et Henrik Ibsen, auteurs de 'Mademoiselle Julie', 'Une maison de poupée' ou 'Hedda Gabler', pièces qui traitent toutes de l'émancipation des femmes. Vu le traitement que lui réserve le peintre dans ce tableau, on voit que cette libéralisation fait encore peur. Elle effrayera encore davantage pendant le nazisme, où considéré dégénéré, l'art de Munch sera retiré des musées allemands.
La figure du vampire, omniprésente ces dernières années, a-t-elle gardé la même symbolique ? Dans 'Twilight', virage à 180 degrés : le vampire contemporain n'est plus ni sexuel ni dangereux, mais un pâle jouvenceau bien sous tous rapports, une sorte de gendre idéal qui connaît les bonnes manières, à savoir : on ne boit pas le sang de ses amis, merci, et on ne touche pas non plus aux jolies pom-pom girls "under age", même si elles vous font des avances et qu'elles sont court vêtues. Ecrit par une mère de famille mormone, la fiction n'est pas sous-titrée pour rien 'La Saga du désir interdit'. Sorte de comble de la civilisation, le vampire castré et abstinent prouve à la jeunesse la possibilité d'une vie rangée… même pour ceux qui en sont a priori le plus éloignés.Alan Ball, le créateur de 'Six Feet Under', ne l'entend pas de cette oreille. Dans sa nouvelle série 'True Blood', les vampires vivent en Louisiane au milieu des vestiges du Ku Klux Klan et des fantômes d'esclaves. Aspirant à l'intégration, ils luttent pour leurs droits civils et… boivent du sang de synthèse. Mais il leur arrive de déraper…
Depuis leur création, puis chez Munch, jusqu'à la fiction contemporaine, la figure du vampire a donc régulièrement servi de métaphore sociale. Les vampires ont incarné et continuent d'incarner une communauté redoutée (hérétiques religieux, malades contagieux, femmes, Afro-Américains, etc.) qui aspire, dans la difficulté, à l'égalité. Le vampire, c'est l'autre.
John Lennon pose à Cannes le 17 mai 1971 / AFP/Archives
New York, 8 décembre 1980, il est bientôt 23h00. John Lennon et son épouse Yoko Ono rentrent chez eux après une séance d'enregistrement, quand un homme surgit devant leur immeuble et tire cinq balles en direction du chanteur.
Gravement blessé, Lennon est transporté d'urgence à l'hôpital sur la banquette arrière d'une voiture de police. Mais il a perdu beaucoup de sang et «n'avait pas la moindre chance de survivre», expliquera un médecin.
«L'ancien Beatles John Lennon a été assassiné lundi soir devant son domicile de New York»: la première dépêche cette nuit-là marque le début d'une abondante couverture de cet événement tragique par l'AFP. A la mesure de la popularité planétaire de l'artiste.
Le meurtrier, interpellé sur les lieux du crime, s'appelle Mark Chapman, il a 25 ans et il n'a pas pu résister aux «voix» qui l'ont poussé au meurtre.
Photo de Mark Chapman, prise par la police de New York le 9 décembre 1980 / NYPD/AFP/Archives
Quelques heures avant de passer à l'acte, Chapman s'était mêlé à des fans devant le domicile de Lennon, qui lui avait griffonné un autographe sur un exemplaire de «Double Fantasy», son tout nouveau 33 tours.
A 40 ans, avec cet album, le musicien britannique revenait à peine sous les projecteurs, après plusieurs années de silence. Mais personne ne l'avait oublié, même dix ans après la fin des «Fab Four», comme en témoignent les archives de l'AFP retraçant les hommages qui ont suivi.
- «Grande tragédie» -
John Lennon, seen here during his 1969 'bed in' with Yoko Ono, was very short-sighted but didn't wear glasses in public in his early Beatles days / ANP/AFP
C'est une «grande tragédie», réagit le président élu américain Ronald Reagan peu après l'annonce du décès, tandis que des milliers d'admirateurs ne tardent pas à affluer près de Central Park, devant le prestigieux «Dakota Building» où Lennon résidait avec Yoko Ono et leur fils Sean.
«Irritée par le tumulte», la veuve prévient rapidement qu'il n'y aura pas de funérailles publiques: elle ne veut pas de «cirque», explique alors David Geffen, le président de la nouvelle maison de disques du couple.
Cela n'empêchera pas John Lennon, qui avait fait scandale quelques années plus tôt en comparant la popularité des Beatles à celle de Jésus, de recevoir des adieux hors du commun.
Le 14 décembre, entre cent et deux cent mille personnes bravent le froid à Central Park, à deux pas de la scène du crime, pour lui rendre hommage. La municipalité fait diffuser du Beethoven et «des chansons tendres des Beatles, avec Lennon en vedette».
L'immeuble où habitait John Lennon à New York, face à Central Park / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP
A Miami, Los Angeles, Chicago, Seattle ou encore Boston, des dizaines de milliers d'admirateurs se réunissent «dans des parcs, sur des places, dans de simples parkings ou dans l'amphithéâtre naturel des Red Rocks, au coeur des Rocheuses, où les Beatles avaient donné un concert en 1964».
Des centaines de radios américaines diffusent non-stop des morceaux des Beatles pendant une journée entière et observent les dix minutes de silence souhaitées par la veuve du musicien.
- Jusqu'à Moscou -
«Il faut remonter à la mort tragique de John Kennedy ou du Pasteur Martin Luther King dans les années 60 pour trouver une telle émotion suscitée par la mort d'une personnalité», relève ce jour-là l'AFP.
Au Royaume-Uni aussi, l'émotion est forte. En particulier à Liverpool, la ville natale du chanteur pacifiste, où «quelque 20.000 personnes ont entonné en choeur +Give Peace a Chance+», à la fin d'un concert organisé en sa mémoire ce même 14 décembre.
Comme au temps de la Beatlemania, des fans pleurent et s'évanouissent. «John Lennon n'est pas mort. Tant que sa musique vivra, il ne pourra mourir», lance l'ancien impresario du groupe devant la foule endeuillée.
Des hommages auront lieu jusqu'à Moscou, où la police soviétique devra intervenir quelques jours plus tard pour disperser plusieurs centaines de jeunes gens rassemblés près de l'université, brandissant des portraits de Lennon.
La mèche de cheveux de John Lennon vendue 35,000 dollars aux enchères / Heritage Auctions/AFP
L'Union soviétique n'avait pas échappé au phénomène du groupe pop du siècle, dont les enregistrements importés se négociaient au marché noir.
Des décennies après sa mort, c'est lors de ventes aux enchères officielles que se négocient au prix fort certaines reliques de John Lennon.
Le piano sur lequel il composa «Imagine» a trouvé preneur en 2000 à Londres pour 2,45 millions d'euros et une de ses guitares pour plus de 2 millions de dollars aux Etats-Unis en 2015.
Des nostalgiques n'ont pas hésité non plus à débourser plus de 137.500 livres à Londres en 2019 pour s'offrir une paire de ses fameuses lunettes de soleil rondes, et même 35.000 dollars au Texas en 2016 pour une mèche de ses cheveux.
Albrecht Dürer (1471-1528) est originaire de Nüremberg. Peintre et surtout graveur, il propulse la gravure sur bois mais surtout la gravure sur cuivre, art nouveau pour l'époque, à un niveau encore jamais dépassé aujourd'hui. Il voyagea à de nombreuses reprises aux Pays-Bas et en Italie et fut influencé par les artistes qu'il y rencontra.C'est un homme de la Renaissance, il est d'ailleurs un des premiers artistes à avoir acquis une réputation personnelle. Le nombre d'autoportraits qu'il a réalisés montre bien son détachement de l'art médiéval, même si l'influence du gothique reste forte chez lui, surtout au début de sa carrière.Lié à l'Humanisme, Dürer est aussi un théoricien, intéressé par les mathématiques et la géométrie euclidienne - qu'il étudie en vue de travailler la perspective dans ses oeuvres - mais aussi par l'anatomie, les sciences naturelles... Par tous ces aspects, il est proche de Léonard de Vinci.Pour en savoir plus sur la biographie de Dürer:
Melancholia IDürer réalisa cette célèbre gravure (peut-être la plus célèbre) en 1514. C'est une allégorie qui représente la mélancolie dans la création de l'artiste. Ses interprétations sont nombreuses: certains y voient un autoportrait symbolique ("portrait spirituel" pour Panovsky), d'autres des symboles alchimiques nombreux. Enfin, on a aussi envisagé que cette oeuvre soit une représentation de la géométrie de l'artiste, telle qu'il la développe dans "l'excursus esthétique" du livre 3 du Traité des proportions du corps humain.
Il semble que Dürer ait puisé son sujet dans De occulta philosophia de Heinrich Agrippa Von Nettesham (1510). Sans doute connaissait-il aussi les textes de Marsile Ficin. Pour le Moyen Age, quatre "humeurs" seraient responsables des tempéraments humains: le sang, la bile jaune, le phlegme et la bile noire ou mélancolie, au sens étymologique. Ces humeurs sont associées aux saisons, aux quatre âges de l'homme, aux éléments. C'est surtout la mélancolie qui a retenu l'attention, considérée comme une manifestation du génie auquel elle ouvre les portes de l'imagination. La mélancolie est ensuite considérée comme un était dépressif qui enlève à l'artiste son enthousiasme, et les astrologues de la Renaissance pensent que le carré magique peut servir de traitement.CitationsLa mélancolie, c'est le bonheur d'être triste (Victor Hugo)
Il y a quelque ombre de friandise et délicatesse qui nous rit et qui nous flatte au giron même de la mélancolie. (Michel de Montaigne)
D'où vient à l'homme la plus durable des jouissances de son coeur, cette volupté de la mélancolie, ce charme plein de secrets, qui le fait vivre de ses douleurs et s'aimer encore dans le sentiment de sa ruine?(Senancour)
La mélancolie est l'état de rêve de l'égoïsme(E.M.Cioran)
Quand elle n'est pas engendrée, c'est la gaieté la plus totale.("Ce spectacle n'engendre pas la mélancolie") (Alain Schiffres, Le nouveau dictionnaire des idées reçues, des propos convenus et des tics de langage.)
C'est un concept très ancien qui semble originaire d'Inde et de Chine, 2000 ans avant Jésus-Christ; on le retrouve chez les Arabes et des mathématiciens comme Fermat et Euler s'y sont intéressés.Sa propriété a fasciné: l'addition des nombres de chaque ligne, chaque colonne et chaque diagonale donnent le même résultat (34, dans le cas du carré de Jupiter). On lui a prêté un caractère ésotérique, d'autant plus que le 3 et 4 sont des chiffres particulièrement importants en alchimie, le 3 symbolisant la vie du monde physique et le 4, celle de l'esprit.On remarquera également que les deux cases centrales de la dernière ligne indique la date de création de l'oeuvre.
Melancholia Isource d'inspirationL'oeuvre de Dürer a inspiré énormément d'artistes (à commencer par une oeuvre de Picasso, avec laquelle elle présente de nombreux points communs selon les spécialistes), surtout à partir de l'époque romantique.
Le titre a ainsi été utilisé pour un poème fameux de Victor Hugo, publié dans le recueil Les Contemplations .(Hugo est également l'auteur d'un poème intitulé "A Dürer" dans le recueil Les Voix intérieures). Melancholia est aussi le titre que Verlaine donne à un groupe de poèmes du recueil Poèmes saturniens. On se souvient également que c'est sous ce titre que Sartre proposa le manuscrit - par ailleurs refusé - de La Nausée aux éditions Gallimard.
Gautier, dans son roman fantastique Avatar, y fait référence:
Quelquefois une bizarre syncope le faisait pâlir et froidir comme un marbre. Pendant une ou deux minutes, on eût pu le croire mort; puis le balancier, arrêté par un doigt mystérieux, n'étant plus retenu, reprenait son mouvement et Octave paraissait se réveiller d'un songe. On l'avait envoyé aux eaux; mais les nymphes thermales ne purent rien pour lui. Un voyage à Naples ne produisit pas un meilleur résultat. Ce beau soleil si vanté lui avait semblé noir comme celui de la gravure d'Albert Dürer; la chauve-souris qui porte écrit dans son aile ce mot:melancholia, fouettait cet azur étincelant de ses membranes poussiéreuses et voletait entre la lumière et lui; il s'était senti glacé sur le quai de la Mergellina, où les lazzaroni demi-nus se cuisent et donnent à leur eau une patine de bronze.(chap.1)lire le roman sur le site de Gallica: http://gallica.bnf.fr/Fonds_Frantext/T0101448.htm
Et, bien sûr, on ne peut que penser au "Spleen" baudelairien...
On lira avec intérêt les pages que Michel Tournier consacre à l'oeuvre et au thème de la mélancolie dans Célébrations, Mercure de France, 1999 et 2000 (Folio).
Les deux textes proposés ci-dessous associent explicitement cette gravure à un processus de rêve.
Gérard de NERVAL
Cette nuit-là, je fis un rêve qui me confirma dans ma pensée.- J'errais dans un vaste édifice composé de plusieurs salles, dont les unes étaient consacrées à l’étude, d'autres à la conversation ou aux discussions philosophiques. Je m'arrêtai avec intérêt dans une des premières, où je crus reconnaître mes anciens maîtres et mes anciens condisciples. Les leçons continuaient sur les auteurs grecs et latins, avec ce bourdonnement monotone qui semble une prière à la déesse Mnémosyne.- Je passai dans une autre salle, où avaient lieu des conférences philosophiques. J’y pris part quelque temps, puis j'en sortis pour chercher ma chambre dans une sorte d'hôtellerie aux escaliers immenses, pleine de voyageurs affairés.
Je me perdis plusieurs fois dans les longs corridors, et, en traversant une des galeries centrales, je fus frappé d'un spectacle étrange. Un être d'une grandeur démesurée, - homme ou femme, je ne sais -, voltigeait péniblement au-dessus de l’espace et semblait se débattre parmi des nuages épais. Manquant d'haleine et de force, il tomba enfin au milieu de la cour obscure, accrochant et froissant ses ailes le long des toits et des balustres. Je pus le contempler un instant. Il était coloré de teintes vermeilles, et ses ailes brillaient de mille reflets changeants. Vêtu d'une robe longue à plis antiques, il ressemblait à l’Ange de la Mélancolie, d'Albrecht Dürer. - Je ne pus m'empêcher de pousser des cris d'effroi, qui me réveillèrent en sursaut. (Aurélia, 1855)
Théodore de Banville, Le Stigmate
Et in fronte ejus nomenscriptum:
Mysterium...
Apocalypsis,caput XVII.
Une nuit qu'il pleuvait, un poète profane
M'entraîna follement chez une courtisane
Aux épaules de lys, dont les jeunes rimeurs
Couronnaient à l'envi leur corbeille aux primeurs.
Donc, je me promettais une femme superbe
Souriant au soleil comme les blés en herbe,
Avec mille désirs allumés dans ces yeux
Qui reflètent le ciel comme les bleuets bleus.
Je rêvais une joue aux roses enflammées,
Des seins très à l'étroit dans des robes lamées,
Des mules de velours à des pieds plus polis
Que les marbres anciens par Dypoene amollis,
Dans une bouche folle aux perles inconnues
La Muse d'autrefois chantant des choses nues,
Des Boucher fleurissants épanouis au mur,
Et des vases chinois pleins de pays d'azur.
Hélas! qui se connaît aux affaires humaines?
On se trompe aux Agnès tout comme aux Célimènes:
Toute prédiction est un rêve qui ment!
Ainsi jugez un peu de mon étonnement
Lorsque la Nérissa de la femme aux épaules
Vint, avec un air chaste et des cheveux en saules,
Annoncer nos deux noms, et que je vis enfin
L'endroit mystérieux dont j'avais eu si faim.
C'était un oratoire à peine éclairé, grave
Et mystique, rempli d'une fraîcheur suave,
Et l'oeil dans ce réduit calme et silencieux
Par la fenêtre ouverte apercevait les cieux.
Le mur était tendu de cette moire brune
Où vient aux pâles nuits jouer le clair de lune,
Et pour tout ornement on y voyait en l'air
La Melancholia du maître Albert Dürer,
Cet Ange dont le front, sous ses cheveux en ondes,
Porte dans le regard tant de douleurs profondes.
Sur un meuble gothique aux flancs noirs et sculptés
Parlant des voix du ciel et non des voluptés,
Souriait tristement une Bible entr'ouverte
Sur une tranche d'or ouvrant sa robe verte.
Pour la femme, elle était assise, en peignoir brun,
Sur un pauvre escabeau.
Ses cheveux sans parfum
Retombaient en pleurant sur sa robe sévère.
Son regard était pur comme une primevère
Humide de rosée.
Un long chapelet gris
Roulait sinistrement dans ses doigts amaigris,
Et son front inspiré, dans une clarté sombre
Pâlissait tristement, plein de lumière et d'ombre!
Mais bientôt je vis luire, en m'approchant plus près
Dans ce divin tableau, sombre comme un cyprès,
Dont mon premier regard n'avait fait qu'une ébauche,
Aux lèvres de l'enfant le doigt de la débauche,
Sur les feuillets du livre une tache de vin.
Et je me dis alors dans mon coeur:
C'est en vain
Que par les flots de miel on déguise l'absinthe,
Et l'orgie aux pieds nus par une chose sainte.
Car Dieu, qui ne veut pas de tare à son trésor
Et qui pèse à la fois dans sa balance d'or
Le prince et la fourmi, le brin d'herbe et le trône,
La prodigieuse Laura Kasischke tisse en une intrigue au suspense glaçant l’histoire d’une mère confrontée au changement de sa fille adolescente.
28/8/13
Esprit d’hiver de Laura Kasischke Traduit de l’anglais (États-Unis) par Aurélie Tronchet Éditions Christian Bourgois Éditeur, 278 p., 20 €
Ce matin de Noël, Eric et Holly se sont levés plus tard qu’ils n’auraient dû. Ils doivent se hâter, l’un vers l’aéroport pour chercher ses parents, l’autre aux préparatifs du déjeuner familial annuel. Tatiana, leur fille de quinze ans, dort encore dans sa chambre, ou bien elle est déjà réveillée, puisque Holly retrouve bientôt dans le salon celle dont le caractère changeant et les allers et venues ne cesseront de désorienter sa mère tout au long de la journée.
Depuis l’aube, Holly est hantée par une phrase. Autrefois, avant que la maternité ne lui confère une nouvelle identité et d’autres priorités, elle avait voué sa vie à l’écriture, souvent saisie par le désir de mettre sur le papier des phrases comme celle-ci, « ce désir d’arracher d’un coup sec cette chose d’elle et de la transposer en mots avant qu’elle ne se dissimule derrière un organe au plus profond de son corps ». Mais « aucun poème ne lui était venu depuis une décennie et demie ».
« Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux. » La phrase qui avait surgi ce matin-là évoquait l’orphelinat Pokrovka n° 2, en Sibérie, où, treize ans auparavant, le couple était allé rencontrer la petite fille qu’il s’apprêtait à adopter. Les nurses l’avaient surnommée « Raiponce Noir de Jais », tant la couleur des cheveux de la fillette était intense, et le blanc de sa peau semblable au lait.
Retrouvant la blancheur immaculée de la nature et du ciel d’hiver qui avaient fourni le décor frissonnant de son deuxième roman, Un oiseau blanc dans le blizzard, Laura Kasischke va et vient de Sibérie vers le Michigan.
Toujours, chez elle, un duo féminin prêt à être englouti dans les sables mouvants de la culpabilité et du mensonge ; toujours, une vie étirée en une minute, une saison ou, comme ici, une journée. Dans le mythe antique, c’est une errance de neuf jours que connut Déméter, la déesse des moissons partie à la recherche de sa fille Perséphone, enlevée par Hadès, le souverain des morts, tandis que la terre connaissait l’hiver.
Les éléments vont tenir amis et famille à distance de la maison où mère et fille remontent à huis clos leur histoire commune, leurs silences, leurs incompréhensions, rejouent des scènes, tantôt brutales, tantôt tendres, en se cherchant l’une l’autre.
La littérature américaine compte aujourd’hui deux immenses femmes écrivains : Laura Kasischke et Joyce Carol Oates. Leurs talents sont singuliers, mais l’on ne peut s’empêcher de les rapprocher dans le suspense et la finesse psychologiques qu’elles savent distiller et leur penchant pour l’étrange. Peut-être ont-elles été portées vers l’écriture par les mêmes lectures, héritant aussi bien du souffle faulknérien que des ambiances feutrées des cottages intrigants des romancières anglaises ?
Cet Esprit d’hiver, quant à lui, entretient une lointaine parenté avec Le Tour d’écrou d’Henry James ; une autre avec le conte traditionnel russe L’Enfant de neige, où des parents désolés de ne pouvoir enfanter décidaient de fabriquer une petite fille avec les flocons fraîchement tombés. Et s’il faut lire et savourer chacune des histoires prodigieusement tressées de Laura Kasischke, cette dernière réclamera impérieusement à son lecteur de la lire deux fois. Pour son plus grand effroi.
Anne Wiazemsky raconte comment, à 17 ans, elle fut choisie par Bresson pour jouer dans « Au hasard Balthazar »
Rien n'est plus difficile, pour un écrivain parvenu à la pleine possession de ses moyens, que de reconstituer, sans le fausser par les rajustements de l'expérience, l'état de fragilité, de précarité psychologique traversé dans l'adolescence. Le danger serait de le raconter de haut, avec l'autorité du jugement. Or Anne Wiazemsky raconte son histoire d'autrefois en restant au niveau de ses émotions d'autrefois : c'est le miracle de ce livre. Elle se met dans la peau, les yeux, le coeur d'une jeune fille de 17 ans qui se trouve dans la presque intimité d'un monstre sacré (65 ans, cheveux blancs). Bresson ne l'a pas seulement choisie : il ne se contente pas de la diriger, il entend la former, la façonner, la plier à sa volonté, la déconstruire et reconstruire à sa guise, avec une souveraineté manipulatrice qui frise la tyrannie. Il est vrai qu'Anne n'est pas la première venue : elle est la petite-fille de François Mauriac. Ce qui complique les choses pour elle. A cette époque, on voyait d'un mauvais oeil, chez les grands bourgeois, leur enfant se risquer dans les milieux forcément louches du cinéma. Que de pièges pour sa vertu... La jeune fille les déjouera avec la virtuosité de l'innocence, quitte à franchir le pas redouté par sa mère : ce qui donne lieu à une délicieuse scène de comédie, entre mère et fille, un morceau d'anthologie pour comprendre les moeurs de 1965.
Les portraits de François Mauriac (oh ! ce regard «à la fois tendre et féroce, qui avait le pouvoir de décontenancer tout le monde»), de Robert Bresson, exigeant jusqu'au sadisme, sujet néanmoins à des accès de faiblesse, de Pierre Klossowski, figurant dans le film, tout cabossé et avec l'air d'un crabe, du jeune Jean-Luc Godard, venu sur le tournage en visiteur, la mauvaise volonté de l'âne, second héros du film, tout ce pittoresque relaté avec saveur et drôlerie fait de ce livre un document inappréciable. L'essentiel, pourtant, est ailleurs : dans l'évocation de ce bref passage de l'enfant à l'adulte. Imaginez cette actrice débutante : elle n'était jamais sortie de sa famille catholique, très enveloppante, sinon étouffante, et la voilà lancée dans le monde des faux-semblants, sous la direction toutefois d'un homme droit et vrai, modèle de rectitude malgré son absolutisme. Première contradiction, premier trouble. Elle profite du fait qu'elle est en vacances de son foyer pour devenir femme, à l'aide d'un jeune gars de l'équipe. Deuxième mutation. Revenue parmi les siens, elle s'aperçoit qu'elle est devenue radicalement autre. Grâce au cinéma, qui prend ici figure de symbole : avant de monter sur le plateau, elle se tenait dans l'ombre de sa famille. Une fois sous les projecteurs, elle découvre la lumière d'une nouvelle vie. « Jeune Fille »n'est pas seulement l'histoire des débuts d'Anne Wiazemsky dans un métier qu'elle illustrera avec un talent notoire. Si ce livre est aussi émouvant, c'est qu'il est celui de toutes les jeunes filles, l'histoire universelle du passage d'un âge à un autre, le récit de l'initiation au bout de laquelle on cesse d'appartenir à son milieu d'origine pour n'être plus que soi-même.
«Jeune Fille», par Anne Wiazemsky, Gallimard, 224 p., 16,90 euros.
Née en 1947, Anne Wiazemsky, comédienne et romancière, a tourné avec Godard, Pasolini, Deville, et reçu le grand prix du roman de l'Académie française en 1998 pour « Une poignée de gens ».
Marie Rosalie Bonheur, dite Rosa Bonheur, née le 18 mars1822 à Bordeaux (au 29 de la rue Saint-Jean à Saint-Seurin, aujour'hui 55 rue Duranteau à Bordeaux) et décédée le 25 mai1899 à By (près Thomery, en Seine-et-Marne) est une peintre française qui s'est spécialisée dans les représentations animalières
Son père, Raymond Bonheur, est peintre, et l'a encouragée et soutenue dans sa voie alors qu'elle était encore enfant. Sa mère, de père inconnu, est adoptée par un riche commerçant bordelais, Jean-Baptiste Dublan de Lahet. Rosa Bonheur se plaira à imaginer que le mystère de ses origines cache quelque secret d'état, qu'elle est de sang royal, mais on sait à présent que son protecteur, Dublan de Lahet, était en fait son véritable grand-père. Elle passe plusieurs années à la campagne, au Château Grimont (Quinsac) où elle a la réputation d'être un garçon manqué («J'étais le plus garçon de tous»), réputation qui la suivra toute sa vie et qu'elle ne cherchera pas à faire mentir, portant les cheveux courts et fumant des havanes. Homosexuelle, elle a vécu deux passions. L'une pour Nathalie Micas, rencontrée en 1837 (Rosa avait 14 ans et Nathalie 12), qui deviendra peintre comme elle et dont elle ne sera séparée qu'en 1889, lorsqu'elle décèdera ; l'autre (après le décès de Nathalie Micas) pour une américaine, Anna Klumpke, également peintre, avec qui elle vivra dix ans, jusqu'à sa mort, et qui sera sa légataire universelle. Paradoxalement, la vie excentrique que menait Rosa Bonheur n'a pas fait scandale à une époque pourtant très soucieuse de conventions.
Elle expose pour la première fois au Salon en 1843. Elle obtient une médaille de 3e classe au salon de 1845 et une médaille d'or au salon de 1848. L'année suivante, elle y expose le Labourage nivernais (Musée d'Orsay), commande de l'état. Avec le Marché aux chevaux (MET, New York), présenté au salon de 1853, elle connaît une gloire internationale qui lui vaudra d'effectuer des voyages au cours desquels elle sera présentée à des personnalités telles que la reine Victoria. Elle rencontrera aussi l'impératrice Eugénie, ou encore le Colonel Cody (Buffalo Bill), qui lui offre une authentique panoplie de sioux.
Première femme artiste à avoir été décorée dans l'ordre de la Légion d'honneur en 1865 - elle reçoit cette distinction des mains de l'Impératrice elle-même - elle est promue officier en cet ordre en avril (1894). Pour l'anecdote, Rosa Bonheur dut réclamer aux autorités policières l'autorisation de s'habiller en homme - ou plus précisément, de porter des pantalons - pour fréquenter les foires aux bestiaux (autorisation de travestissement, renouvelable tous les six mois auprès de la préfecture de Paris).
On peut aujourd'hui visiter l'Atelier de Rosa Bonheur dans le Musée-Château de By, à Thomery.
CITATIONS
« Quel ennui d'être limité dans ses gestes quand on est une fille ! » — à propos du port du pantalon
« J'ai une passion véritable pour cette race infortunée, appelée à disparaître devant les Blancs usurpateurs » — à propos des indiens d'Amérique.
Mis à jourle 22/03/2012 à 15:24| publiéle 21/03/2012 à 19:34
Portrait de l'empereur Napoléon III.Crédits photo : Osénat
Avec la vente d'un ensemble historique provenant de la famille Pietri, Napoléon III aura lui aussi sa cote.
La collection Franceschini Pietri réussira-t-elle à dissiper la «légende noire» de Napoléon III? Les souvenirs de «Napoléon le petit» sont mis en vente par la famille de celui qui fut son «secrétaire particulier» avec un dévouement sans faille jusqu'à sa mort, en 1915. Arlette de Baciocchi Adorno les tient de son grand-oncle Pietri. Il n'y avait encore jamais eu sur le marché un ensemble aussi important pour alimenter la mémoire de ce neveu de Napoléon Ier, troisième fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et d'Hortense de Beauharnais, fille de l'impératrice Joséphine. Il devint l'héritier présomptif du trône impérial après la mort de son frère aîné Napoléon Louis en 1831, puis de Napoléon II, roi de Rome, en 1832. «Napoléon III n'a pas eu la chance de son prédécesseur Napoléon Ier d'avoir de grands mémorialistes comme Las Cases, Montholon ou Gourgaud, observe Pierre Jean Chalenon, spécialiste et collectionneur de l'Empire. Si le second Empire a eu si longtemps mauvaise presse, il le doit au caractère autoritaire et répressif de son souverain, à sa fin sans gloire dans la désastreuse guerre franco-prussienne et à sa déchéance physique qui l'a plombé de 1865 jusqu'à son exil à Camden Place.»
À travers plus de 200 lettres, objets, peintures, photographies et reliques (de 3000 à 5000 € son masque mortuaire en plâtre), cette vente devrait permetttre de réhabiliter quelque peu ce second Empire toutefois plus fécond dans le domaine des sciences, de l'industrie et de l'architecture que des arts.
Une pièce émouvante
Les prix ne devraient pas atteindre ceux de l'Empire, mais ils devraient amorcer la cote. Après les chemises de Napoléon Ier qui ont atteint des records à Fontainebleau, voici celles de Napoléon III, elles aussi en batiste et brodées au «N», à une estimation très raisonnable comprise entre 1000 à 1500 €. Et aussi celles de son fils, le jeune prince impérial sur lequel veilla l'impératrice Eugénie: de 500 à 600 € son ombrelle en satin noir à volants ivoire. Dans leur sillage, on trouve des épaulettes brodées d'or et doublées de velours bleu (de 2000 à 3000 €), des chaussettes en fil de soie ivoire (de 400 à 500 € la paire), des gants en peau blanche (de 1500 à 2500 €) et, bien sûr, de traditionnelles mèches de cheveux de Napoléon III.
Pour les dents, à chacun de juger. «L'incisive centrale définitive supérieure droite» a été retrouvée dans la même boîte en carton que celle de Napoléon Ier, enveloppée dans un petit papier bistre avec une inscription datée à l'encre « Chislehurst 1872». Celle de Napoléon III affiche un prix de quatre fois inférieur au catalogue: entre 2000 et 3000 €. Une certaine nostalgie émane de cet ensemble conservé par Pietri - on peut s'offrir l'uniforme de secrétaire de ce dernier, en parfait état, avec pantalon blanc brodé d'or et képi en drap noir à trois galons (de 2000 à 3000 €). Il est truffé de peintures, telle la paire de copies de l'Empereur et sa femme d'après Winterhalter (de 60.000 à 80.000 €), ou de meubles, tel ce siège de souffrance en acajou à roulettes dans lequel Napoléon III passa ses derniers jours (de 15.000 à 20.000 €). Une pièce émouvante qui pourrait inciter à l'infidélité les inconditionnels de l'autre empereur…
• Osenat, 5, rue Royale, Fontainebleau (77), exposition les 30 et 31 mars ; vente le 1er avril, 14 h 30. www.osenat.com
«J'avais une jolie voix, mais j'ai compris que seule la comédie me permettrait de rentrer dans la peau d'une autre», confie Julie Gayet. Crédits photo : DR
Face à Denis Podalydès, elle interprète avec justesse l'héroïne larguée, trébuchante de 8 fois debout du réalisateur bayonnais Xabi Molia.
Julie Gayet est un cabinet de curiosités. Elle s'intéresse à tout. Son sac est une bibliothèque. Mais elle n'est pas un bas-bleu. Ravissante, drôle, spirituelle, enthousiaste. Insolente de naturel, de légèreté. En un mot, Mademoiselle Julie n'est pas une diva. Partante pour aller donner le coup d'envoi d'un match de l'OM à Marseille, apprendre les claquettes ou sauter en parachute.
Si elle a fait la connaissance de Xabi Molia, c'est grâce à une coupe de cheveux. «C'est un coiffeur qui m'a transmis le scénario de son premier court-métrage. J'ai tellement apprécié l'expérience du court, que j'ai eu envie d'aller plus loin.» Ce talentueux réalisateur bayonnais de 31 ans lui a écrit 8 fois debout, comédie dramatique dont elle est également productrice, sur le sujet délicat de la précarité, sur ceux qui trébuchent et finissent par se relever. «Xabi explore les mécanismes de la honte. J'aime son regard décalé, sa fantaisie, son humour qui rendent la douleur finalement plus vive, à la façon des films sociaux anglo-saxons.» Elsa est une héroïne irritante, attachante, larguée, que Julie Gayet, subtile équilibriste, incarne dans la nuance. «Je travaille à ma sauce en écrivant dans mes carnets tous les paradoxes du personnage et j'apprends mon texte avec la comédienne Violaine Gillibert.»
L'Actor's Studio et l'école du cirque
Elle a 37 ans, mais déjà une filmographie digne de l'annuaire du téléphone. «J'avance en expérimentant. Il y a des films que je ne referais plus! Et comme j'ai toujours interprété des rôles différents, je n'ai jamais été identifiable ou cataloguée. Au début, cela m'a desservie», reconnaît -elle en agitant son poignet alourdi par un bracelet chargé de breloques représentant des vanités. À son doigt aussi, une bague en forme de tête de mort, offerte par l'un de ses jeunes fils. Pas vaniteuse, elle adore les vanités. «Vivre chaque instant comme si c'était le dernier.» La mort, elle a appris à l'apprivoiser au contact de son père professeur de chirurgie digestive. «C'est un humaniste et un passionné. À l'hôpital, quand il savait que les gens ne recevaient pas de visites, il me demandait d'aller faire de l'animation dans leurs chambres.» Elle a vu son premier mort à 7 ans. À 15, elle assistait aux transplantations du foie réalisées par son père.
Mais c'est l'art lyrique qui l'attire. «J'avais une jolie voix, mais j'ai compris que seule la comédie me permettrait de rentrer dans la peau d'une autre.» Elle a suivi les cours de l'Actor's Studio à Londres et l'école du cirque pendant un an: «J'adorais la voltige et le fil de fer.» Grande sportive, elle qui sait si bien tirer à l'arc, s'amusait de voir Denis Podalydès, son compagnon d'infortune de 8 fois debout, lancer maladroitement ses flèches. «Dans le film, il imagine que le tir à l'arc est un plus dans son CV. J'étais pliée de rire.»
Julie Gayet sera de la prochaine aventure d'Emmanuel Mouret avec lequel elle jouait au jeu de l'amour et du hasard dans Un baiser s'il vous plaît, et du premier film de l'ancienne mannequin et écrivain Géraldine Maillet. À la tête de sa société de production, Rouge International, elle produira pêle-mêle L'Homme d'après de Clarisse Canteloube, un film serbe et une comédie israélienne. «Trouver le financement m'amuse», dit-elle . Décidément très joueuse, elle est aussi douée pour les chiffres que pour les lettres.
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