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Rechercher : cheveux

  • Les dicos font de la résistance

    La rentrée 2010 compte pourtant un nombre impressionnant de publications à l'ancienne, avec du papier imprimé, des couvertures cartonnées et un parfum d'encre qui vaut toutes les madeleines. Le Dictionnaire de l'argot, d'Albert Doillon (Robert Laffont, "Bouquins", 1 792 p., 35 €) est un monument dans lequel l'argent compte à lui seul plus de 3 000 entrées. Pour sa part, Agnès Perron a établi un Dictionnaire des mots du sexe (Balland, 924 p., 35 €), où les mots sont accompagnés de 5 000 expressions pour... donner de la chair à l'ouvrage. Les amateurs de métaphores y apprendront ce que signifie appuyer sur le bouton de l'ascenseur, se taquiner le hanneton ou prendre les chemins de Fatima.

    Balland publie également un Dictionnaire des mots des flics et des voyous, de Philippe Normand (412 p., 26,90 €), qui n'est pas piqué des vers, et un dictionnaire des expressions quotidiennes, de Charles Bernet et Pierre Rézeau, intitulé C'est comme les cheveux d'Eléonore (946 p., 35 €). Ces deux auteurs avaient signé, en 2008, un ouvrage similaire (On va le dire comme ça) qui faisait déjà 766 pages. Visiblement, ils n'avaient pas tout dit. Le succès du livre précédent, vendu à 30 000 exemplaires, les a incités à puiser plus de 2 000 autres pépites dans les journaux, les romans, les films, les chansons et, naturellement, sur Internet. Des dirigeants politiques pourraient réclamer des droits d'auteur pour "nettoyer au Kärcher" ou "dégraisser le mammouth". Beaucoup d'autres expressions, assez ésotériques, ne sont connues que d'une classe d'âge, d'une profession ou d'une région. Tout le monde, en revanche, sourit en entendant "Vaut mieux être saoul que con, ça dure moins longtemps".

    Le succès de ce type d'ouvrages s'explique en partie par la culture du dictionnaire qui reste vivace en France. Mais, pour s'imposer face à la Toile, il faut jouer à fond l'exhaustivité et la qualité. Les dictionnaires de français (Robert, Larousse ou Littré) ont beau se renouveler en permanence, ils ne sont pas en mesure de refléter l'infinie richesse de la langue : la phraséologie ne peut y trouver la place qu'elle occupe dans le parler quotidien.

    Des livres de poche ont également réussi à gagner un public, en abordant le vocabulaire de manière originale et ludique : c'est le cas de la collection "Le goût des mots", dirigée par Philippe Delerm chez Points. On y explore aussi bien l'art de la ponctuation que la langue de bois ou les dessous affriolants des petites phrases. C'est sans fin, et c'est très bien. "Quand y en a plus, y en a encore", selon une expression qui date, elle, de 1828.

    Robert Solé

     

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/09/30/les-dicos-font-de-la-resistance_1418083_3260.html

  • Concours Chopin: la passion à l'honneur en cette année du bicentenaire

    Publié le 16/10/2010 à 12:34 AFP

     

     

    Concours Chopin: la passion à l'honneur en cette année du bicentenaire

    Visiblement épuisé après sa prestation de plusd'une heure, le plus jeune participant du XVIe concours international Frédéric Chopin, le Russe Nikolaï Khoziaïnov, 18 ans, semble ne pas croire à la réaction du public: une vague d'applaudissements et des cris d'émerveillement.

    Visiblement épuisé après sa prestation de plus d'une heure, le plus jeune participant du XVIe concours international Frédéric Chopin, le Russe Nikolaï Khoziaïnov, 18 ans, semble ne pas croire à la réaction du public: une vague d'applaudissements et des cris d'émerveillement.

    "Je n'ai ressenti aucun stress, je me moque du stress, j'ai tout simplement joué", explique aux journalistes ce jeune homme dont les cheveux bouclés le font ressembler aux angelots des peintures baroques.

    Vendredi, lors de la troisième étape de ce prestigieux concours, il a joué la puissante et passionnée sonate en Si mineur, la très difficile Polonaise-fantaisie, ainsi que le scherzo en Mi majeur et la douce ballade en Fa mineur.

    Nikolaï Khoziaïnov pourrait être un des favoris de ce grand concours qui cette année mise sur l'émotion, la passion et de grandes personnalités, loin de l'esprit académique des éditions précédentes.

    Cet esprit de renouvellement est visible dans la composition du jury.

    "Le jury est de loin moins conservateur et moins attaché au respect strict de la tradition que lors des éditions précédentes. Cette année, il est beaucoup plus ouvert", explique le pianiste américain d'origine chinoise Mei-Ting Sun, 29 ans, qui participe pour la deuxième fois au concours.

    "Il y a cinq ans, j'ai échoué de façon magistrale au premier tour", explique-t-il en riant.

    A la différence des éditions précédentes, le jury de ce concours, qui se déroule tous les cinq ans et dont la première édition a eu lieu en janvier 1927, est en effet composé non plus en majorité de pédagogues, mais de grandes personnalités artistiques, telles que Martha Argerich, Dang Thai Son, Philippe Entremont ou Fou Ts'ong.

    Au total, 81 jeunes pianistes de 23 pays se sont qualifiés pour cette épreuve, lancée le 30 septembre et dont le vainqueur sera désigné le 20 octobre. Réputé pour sa difficulté, le concours exige la perfection dans l'exécution de toutes les formes musicales pratiquées par Chopin: les études, les nocturnes et mazurkas, les polonaises, les sonates et les deux concertos.

    Cette année, la pression sur les candidats semble être encore plus forte que d'habitude. Le monde entier fête le bicentenaire de la naissance du génie du piano romantique à Zelazowa Wola, près de Varsovie.

    Une dizaine de candidats arriveront jusqu'à la finale et le vainqueur sera récompensé par une médaille d'or accompagnée d'un chèque de 30.000 euros. Le lauréat aura l'honneur de jouer ensuite avec le New York Philharmonic et le NHK Symphony Orchestra.

    "Cette année, le niveau du concours est très élevé. Hors du commun. Rarement il y a eu autant de talents à la fois. Ca va être difficile" de désigner le vainqueur, explique Philippe Entremont, grand pianiste, chef d'orchestre français et membre du jury du concours.

    "Cette année, le niveau est de loin plus élevé qu'en 2005. Il y a beaucoup de génies parmi les pianistes, ainsi qu'au sein du jury", affirme également Mei-Ting Sun.

    "Au début, je n'étais pas satisfaite de mon jeu. J'étais un peu nerveuse. Avec le temps, ça s'est amélioré", explique la Chinoise Wai-Ching Cheung après sa prestation, serrant nerveusement dans la main un mouchoir blanc.

    "Et puis de toute façon, en venant à Varsovie je ne pensais pas arriver jusqu'à la troisième étape. C'est une surprise pour moi", explique-t-elle.

    "La dernière fois que j'ai été content de mon jeu, c'était lorsque j'avais 16 ans", explique encore Mei-Ting Sun. Après, vous n'êtes jamais content de ce que vous jouez. C'est tout à fait normal", explique-t-il quelques heures avant sa prestation.

    http://www.lepoint.fr/culture/concours-chopin-la-passion-a-l-honneur-en-cette-annee-du-bicentenaire-16-10-2010-1250378_3.php

  • Êtes-vous Larousse ou Robert ?

    Par Sebastien Lapaque
    28/07/2010 | Mise à jour : 18:42

    DUELS AU SOLEIL (16) - D'un côté, pages roses, petits drapeaux et une orthographe immuable, ou presque. De l'autre, les mystères de l'alphabet phonétique et le souvenir des dissertations difficiles. C'est le jour et la nuit. 

     

     

    Le lecteur du Petit Larousse, c'est d'abord quelqu'un qui aime retrouver son enfance et ces longs après-midi méditatifs passés dans les pages de la fin, avec la reproduction en couleur des drapeaux de tous les pays du monde. Qui s'en souvient? C'était l'époque où l'on apprenait à voyager autour de sa chambre en s'appliquant à reproduire le drapeau du Vanuatu, de la Syrie, du Zimbabwe ou du Pakistan.

    Pour rêvasser en lisant Le Petit Larousse, pas besoin de savoir lire. Il y a des photographies, des schémas, des cartes, des images. On ne peut pas en dire autant du Petit Robert. Ses concepteurs se retrouvent avec Jacques Tati pour penser que trop de couleurs distrait le spectateur. Mettez-le entre les mains d'un petit garçon de quatre ans un jour de pluie ou de vent cet été, il pourrait de ne pas rêver très longtemps. Même sa grande sœur de huit ans risque de s'y perdre dans tous ces hiéroglyphes, ces prononciations phonétiques entre crochets, ces abréviations et ces étymologies latine, grecque, allemande, italienne, espagnole ou arabe. Pour ce qui est de l'aîné, le grand frère de seize ans qui s'apprête à entrer en première, espérons qu'il comprenne tout ça, mais les laborantins fous de l'expérimentation pédagogique ont fait tant de ravages depuis vingt ans qu'on ne le jurerait pas.

     

     

    Après les drapeaux, ce qu'affectionne le lecteur du Petit Larousse, ce sont les pages roses et cette belle collection de maximes latines que Goscinny a glissées dans les phylactères des pirates jetés sur la route d'Astérix et Obélix: Non omnia possumus omnes; Desinit in piscem; Donec eris felix, multos numerabis amicos; Ubi solitudinem faciunt, pacem appellant. M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir. Grâce au Petit Larousse, nous sommes quelques-uns à avoir marmonné du Virgile (Non omnia), du Horace (Desinit), du Ovide (Donec eris) ou du Tacite (Ubi solitudinem) sans savoir ce qu'étaient un verbe déponent ou un gérondif. Revenir au Petit Larousse c'est retrouver la maison de son enfance. C'était tellement mieux avant. Le souvenir embellit les choses à mesure qu'elles s'éloignent. Les pages roses le disent: Majore longinquo reverentia, «L'éloignement augmente le prestige» (Tacite, Annales I, 47).

    L'ami du Petit Robert aime lui aussi renouer avec le passé, mais celui des premières rédactions au collège, des dissertations difficiles au lycée, des devoirs en classe préparatoire ou à l'université. Le vert paradis des journées passées à la bibliothèque Sainte-Geneviève. Forcément moins ensoleillé. Choisir entre Le Petit Robert et Le Petit Larousse, c'est un peu choisir entre l'hiver et l'été. On se voit volontiers feuilleter celui-ci dans un hamac, pas celui-là.

    En mai 1968, nous rappelait récemment Jean Dutourd, les insurgés du Quartier latin proclamaient: «L'orthographe est un mandarinat». Les enfants gâtés de la génération lyrique ont rangé leurs drapeaux rouges mais ils se sont accrochés à ce slogan. Ouvertement réformateur, Le Robert est leur dictionnaire de prédilection. Faut-il écrire charriot ou chariot? Sèche-cheveux ou sèche-cheveu? Dans les maisons d'édition et les journaux, les correcteurs octroient souvent l'avantage au Petit Larousse en cas de litige. C'est le dictionnaire des gens rigoureux qui aiment les choses stables. Ses lecteurs n'ont pas le culte de la nouveauté, ils n'aiment guère qu'on leur parle de «corpus» ou de «balisage logique». Le Larousse est d'avant-hier et d'après-demain. Tellement intemporel qu'il ne sera jamais démodé. Dans le film François Ier de Christian-Jaque (1937), il permet à Honorin, le personnage interprété par Fernandel, de lire dans l'avenir après avoir remonté le temps jusqu'au XVIe siècle avec son «livre magique» sous le bras.

     

     

    LIRE AUSSI :

    » Les précédents «Duels au soleil»

     

  • L’artiste au service de l’art


    [samedi 09 juillet 2011 - 10:45]
     
    Littérature
    Couverture ouvrage
    Théophile Gautier
    Stéphane Guégan
    Éditeur : Gallimard
     
    700 pages / 25,65 € sur
     
     
     
    Résumé : “L’homme au gilet rouge de la bataille d’ Hernani : c’est l’image légendaire que conserve Théophile Gautier dans la mémoire collective. Et la légende dit vrai.”
     
     
     
     
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    À l’occasion du bicentenaire de Théophile Gautier (1811-1872), Stéphane Guégan propose de revenir sur la carrière du Jeune France. Il nous emmène à la [re]découverte de l’artiste : car Gautier n’est pas seulement le “parfait magicien ès lettres françaises”  ou le romancier de Fracasse, pas seulement le feuilletoniste ou le conteur fantastique, il est également et avant cela l’esthète au service de l’art, au sens pluriel du terme. Que l’on songe, pour s’en convaincre s’il y a lieu, à son apprentissage pictural dans l’atelier de Rioult, à ses livrets d’opéras et ballets, à ses colonnes de descriptions archéologiques ou à ses comptes-rendus aux Salons annuels. Artiste “polygraphe” donc, il ne pouvait trouver meilleur plume pour sa biographie que celle de l’historien et critique d’art chargé de mission à la conservation du musée d’Orsay. Aussi, le lecteur ne s’étonnera guère, ou fort heureusement, de découvrir deux dossiers d’archives joints à l’intérieur de l’ouvrage. Peintures, sculptures, extraits de journaux, photographies ou encore caricatures viennent enrichir davantage ce colossal travail de recherches et d’illustrations du XIXe gautierien. Traiter de Théophile Gautier, c’est aborder l’art sous son angle protéiforme : l’amoureux des formes et des contours sculpte ses vers et colore ses récits en véritable peintre à la plume.

    À la première d’Hernani, il sera tête de file hugolâtre aux cheveux longs et au gilet rouge : l’ami de Gérard de Nerval prend le parti de “l’armée romantique” aux côtés de Pétrus Borel, Balzac ou Dumas. Deux ans plus tard, “l’idole”  emménage à côté de chez lui : en admirateur inconditionnel, Gautier confiera plus tard à son gendre Émile Bergerat : “Causer de poésie avec Hugo, c’est causer de divinité avec le bon Dieu” . En 1835, la préface-manifeste de Mademoiselle de Maupin en fait le fervent défenseur de la souveraineté du beau, de l’utilité de l’art inutile. Récits de voyages, nouvelles, contes fantastiques et romans cohabitent dans sa production narrative à côté des vers ciselés du recueil Émaux et Camées, sommet de son art poétique.

    Chroniqueur de son époque dissipant son talent pour payer quotidiennement son lourd tribut au métier de journaliste, le feuilletoniste écrit et met en scène dans ses colonnes : il se fait l’homme incontournable des milieux artistiques, fréquentant les plus grands, les plus érudits, les plus populaires. Dans ce siècle tourmenté politiquement, socialement, et artistiquement, il est présenté comme un homme sympathique et obligeant, autant que comme figure du romantisme jeune France, auquel il consacrera ses dernières forces dans son Histoire inachevée. La “littérature” restera “sa primitive et utile passion” , “dans ce monde où [il]devai[t] tant faire de copie” . S’il reçut la Légion d’honneur, sa consécration à l’Académie française, la sinécure qu’il convoitait, ne lui fut en revanche jamais accordée.

    Le style rédactionnel de cette biographie est volontairement libre, informel : à l’instar de Balzac, qui “en quelques semaines […] pass[e] du ‘cher Gautier’ au ‘cher Théo’” , le lecteur, en quelques pages, se rapproche intimement de l’écrivain. Lorsqu’il n’est pas Théo, le voilà Albertus  ou Fortunio . À la manière de Maxime Du Camp  ou de Victor Hugo , Stéphane Guégan fait de Gautier l’avatar de ses propres personnages : comme eux, il se distingue par son inextinguible soif d’idéal.

     
     
    Titre du livre : Théophile Gautier
    Auteur : Stéphane Guégan
    Éditeur : Gallimard
    Collection : Biographies
    Date de publication : 02/04/11
    N° ISBN : 207076723X
    http://www.nonfiction.fr/article-4838-lartiste_au_service_de_lart.htm
     
  • Une voix sous le voile

    Zeina" est le pseudonyme d'une jeune femme née dans une banlieue française qui a été contrainte de porter le voile intégral, et dont le témoignage a été recueilli par la journaliste Djénane Kareh Tager. Zeina connaît d'abord un parcours ordinaire : elle grandit au sein d'une famille musulmane traditionnelle, va à l'école puis, plus tard, trouve un travail. Enfin, elle tombe amoureuse et se marie avec un coreligionnaire.

    Mais, quelques mois après la naissance de son premier enfant, le mari devient de plus en plus exigeant sur sa tenue vestimentaire. Le ton se durcit, et celui-ci se radicalise. Zeina doit alors quitter le travail, qui lui assurait une certaine autonomie, et se consacrer exclusivement à son nouveau foyer : "Ton paradis est sous les pieds de ton mari", ressasse son époux.

    Pour ne pas mourir sous les coups d'un mari violent, étouffée sous le voile, elle s'échappe, aidée par une voisine, en emmenant son enfant. De foyers sociaux en bouts de trottoir, elle errera à la recherche d'une vie décente et libre. Avec l'aide d'un oncle, considéré comme un "mécréant" par le reste de la famille, Zeina finira par retrouver un emploi.

    Dans le contexte actuel, cet ouvrage veut aider à éclairer un débat difficile. Ecrit à la première personne, il constitue un témoignage à vif. Car c'est bien une descente aux enfers qui est décrite. Quand Zeina pratique sa religion, c'est dans un état d'asservissement, par peur plutôt que par conviction. Conditionnée par une éducation religieuse et parentale oppressante, elle ne choisit pas : elle obéit. Elle aime pourtant rappeler un verset du Coran selon lequel "il n'y a pas de contrainte en religion".

    Pour Zeina, le port quotidien du niqab relève de la meurtrissure intime. Le voile joue un rôle-clé dans un processus de déshumanisation, dit-elle. Ce bout de tissu devient une sorte de doublure fantomatique, vidée de sa substance charnelle : "Je ne me suis jamais regardée dans un miroir quand j'étais revêtue du niqab, je ne me suis jamais vue en fantôme", écrit-elle.

    Qu'il couvre simplement les cheveux (le hidjab), le corps à l'exception du visage (le jilbab) ou qu'il dérobe la femme au regard masculin (le niqab), le voile lui apparaît non plus comme le garant d'une "pureté" et d'une "perfection" mais comme une asphyxie morale et physique.

    "J'ai espéré que quelques lavages viendraient à bout de cette résistance, à bout de cette noirceur, mais les jours qui ont suivi m'ont vite détrompée : ce tissu était condamné à rester aussi raide qu'une cage, aussi raide que la mort." Elle se résignera silencieusement aux interdictions et aux coups, jusqu'à disparaître intimement : "En moi, il n'y avait plus rien. J'étais devenue rien."

    C'est dire si ce récit singulier apporte une contribution utile au débat en cours sur le voile intégral. Paradoxalement, Zeina ne se prononce nullement pour l'interdiction de celui-ci. La conséquence serait la réclusion des femmes. De même ne condamne-t-elle pas l'islam, mais l'interprétation fallacieuse que certains en font.

    Dans une lettre adressée "à (s)es soeurs musulmanes", elle évoque sa véritable conception de l'islam : le refus de l'ostentation, au profit de la sincérité. L'ouvrage signale ainsi les dérives d'une religion, tout en ouvrant sur la possibilité d'en trouver une pratique à la fois plus juste et plus modérée.


     

    Sous mon niqab, Zeina avec Djénane Kareh Tager, Plon, 154 p., 14,90 €

     

    Ambre Viaud

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/06/25/une-voix-sous-le-voile_1378673_3260.html

  • J'ai lu:L'homme sans postérité” d'Aldabert Stifter(Pour Xavier)

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    "Bien des choses dont tu ne comprends ni le but ni la fin peuvent te paraître rudes. Il n'y a rien d'étrange dans ma conduite, elle est au contraire claire et nette. Je voulais te voir parce qu'un jour tu vas hériter de mon argent et je voulais t'observer. Personne ne m'a donné d'enfant parce que tous les parents gardent les leurs pour eux ; quand une personne que je connaissais bien est morte, je suis allé habiter ailleurs et finalement je suis entré dans cette île dont j'ai acquis le sol et les terrains, avec la bâtisse qui servait jadis de tribunal aux moines ; je voulais laisser pousser l'herbe et les arbres sans les tailler, pour m'y promener. Je voulais te voir. Je voulais voir tes yeux, tes cheveux, tes membres, je voulais voir comment tu es, te voir avec les yeux d'un père. C'est pourquoi il me fallait t'avoir seul et te retenir. S'ils avaient continué à t'écrire, eux, ils t'auraient maintenu dans la même affection douceâtre que par le passé. Il me fallait te mener au soleil et au grand air, je craignais que tu ne sois une nature molle comme ton père, inconsistant comme lui, au point de trahir ce que tu crois aimer. Certes tu es à présent plus vigoureux que lui, tu sais te servir de tes armes comme un jeune oiseau de proie ; c'est très bien, je t'en fais compliment : cependant tu ne devrais pas exercer ton cœur auprès de femmes tremblantes mais sur des rocs, et moi je suis un roc, pas autre chose. Il me fallait te retenir ici. Qui ne sait pas de temps à autre lancer le bloc de granit de l'action violente, celui-là ne sait pas non plus aider et porter secours du fond de l'âme. Il t'arrive de montrer les dents et pourtant tu as bon cœur. Cela est bien."

    "Chacun existe pour soi, mais n'existe qu'autant que les forces qui lui ont été données en partage se sont transformées en actes et en faits : c'est cela qui s'appelle vivre et jouir. Il n'existe que quand il a bu à fond la vie. Aussitôt qu'il est assez fort pour pour déployer ses forces en toutes choses, les grandes comme les petites, il peut alors donner le meilleur de lui-même aux autres puisque aussi il ne peut en être autrement : nous devons agir sur ceux qui nous entourent ; car la compassion, la pitié, l'obligeance sont elles aussi des forces qui demandent à agir. Je te le dis : même le sacrifice de soi-même pour autrui, la mort y compris, n'est précisément rien d'autre, passe-moi l'expression, que la fleur la plus vigoureuse et la plus épanouie de la vie."

    "Quand un très vieil homme se retrouve debout sur une montagne d'actions diverses, à quoi cela lui sert-il? J'ai fait beaucoup de choses diverses, qu'est-ce que j'en ai de plus? Tout s'effondre dès l'instant que vous n'avez pas créé une existence qui continue par-delà la tombe : celui qu'en son âge assiste fils, petits-enfants et arrière-petits-enfants, celui-là souvent vivra mille ans. Et quand il s'en est allé, elle continue semblable à elle-même après la mort : elle se perpétue si bien que personne ne remarque qu'avec lui une petite parcelle de cette vie est passée de l'autre côté pour ne plus revenir. Mais avec ma mort, ce sera la ruine de tout ce que j'ai été en tant que personne... Voilà pourquoi tu dois te marier, Victor, et te marier très jeune. Voilà aussi pourquoi il te faut de l'air et de l'espace pour remuer tes membres."

    http://www.moncelon.com/postérité.htm

    C'est Xavier Laurent(dans mes blogs amis):

    http://quelindo.over-blog.com/

    qui m'a fait découvrir cet auteur-peintre et illico presto, j'ai pris ce livre à la bibliothèque.

    Pour aller au-delà de cette note:

    http://www.moncelon.com/stifter.htm

    Merci à Xavier pour cette découverte.

  • Ma première fiche de lecture pour le défi de littérature policière des 5 continents

    d'ombre et de lumière.gifAuteur : John Harvey
    Traduit de l’anglais par Jean-Paul Gratias.
    Titre : « D’ombre et de lumière »
    Titre original : « Darkness and light »
    Editions : Payot et Rivages
    http://www.payot-rivages.net/livre_D-ombre-et-de-lumiere-John-Harvey_ean13_9782743618001.html
    Collection : Thriller dirigée par François Guérif
    2006 pour l’édition originale,  mars 2008 pour la traduction française
    345  pages
     ISBN : 978-2-7436-1800-1
    Source : ma bibliothèque municipale
    Terminé :le 17 janvier 2009

    Dernier tome d’une trilogie consacrée à Frank Elder, les deux autres s’intitulant : « De chair et de sang » et « De cendre et d’os »

    Auteur : A part la trilogie « Franck Elder », John Harvey a écrit un cycle consacré à Charlie Resnick (un policier d’origine polonaise) et ainsi porté le roman de procédure policière à des sommets. Il a été récompensé par le Diamond Dagger Award pour l’ensemble de son œuvre.
    Il est né à Londres, le 21 décembre 1938. Après avoir été enseignant au lycée puis à l’Université de Nottingham jusqu’en 1986, John Harvey vit de son écriture. Il a fondé puis dirigé (1977-1999) une petite maison d'édition Slow Dancer Press qui est spécialisée dans la poésie.

    Lieu de l’action : Cornouailles et surtout Nottingham où  vit l’auteur et enquêtent ses deux héros.

    Personnages : l’inspecteur Frank Elder qui a quitté la police pour se retirer en Cornouailles.
    Maureen Prior, sa collègue
    Son ex-épouse, Joanne
    Sa fille Katherine
    Jennie, la sœur de la dernière victime, Claire (la première se prénommait Irène)
    Anna, l’amie d’un des suspects

    Résumé : Lorsque Joanne lui  parle de la sœur d’une amie disparue depuis plusieurs jours à Nottingham, Elder est contrarié à l’idée de quitter les Cornouailles où il s’est retiré. Mais il  pense aussi à renouer à cette occasion avec sa fille.
    Il découvre que la disparue, veuve à la vie apparemment terne, rencontrait des hommes connus sur internet.
    Peu de temps après, Claire est retrouvé morte. La mise en scène du cadavre rappelle à Elder une de ses vieilles affaires non élucidée. Avec Maureen qui est chargée de ce meurtre, Elder va, en tant que consultant civil, interroger les hommes fréquentés par les deux victimes.
    Parallèlement, on assiste aux séances d’analyse d’un petit garçon perturbé, par les yeux de l’analyste.

    Avis : La psychologie des personnages est fournie et intéressante. On s’attache à eux.
    Elder, cultivé et rongé par la culpabilité après ce qui est arrivé à sa fille.
    A part  l’enquête, les retrouvailles du père et de la fille sont émouvantes.
    Les rapports avec son ex-femme.
    Maureen est aussi un personnage complexe

     Ressenti : ce tome donne envie de lire les précédents et de découvrir l’autre personnage de John Harvey.
     
    Citations en exergue :

    John Beeyman, « Dante’s tomb » :
    « Refais-moi ça. Et puis l’autre truc aussi. »

    D.H. Lawrence, « Amants et fils » :
    « L’idée d’engendrer des hommes lui réchauffait le cœur. Elle regarda l’enfant, il avait les yeux bleus, une masse de cheveux blonds, et il était eau. Un amour brûlant monta en elle, en dépit de tout le reste. Elle l’avait près d’elle, dans son lit. »

    Pour tout savoir sur ce défi:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2009/01/19/defi-litteraire-litterature-policiere-sur-les-5-continents.html#comments

    et voir ma liste de 5 polars:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2009/01/19/ma-liste-de-polar-pour-le-defi-litteraire-de-litterature-pol.html#comments

     

  • Mormeck face à Haye, un choc au sommet

    8e0f97dff39609fba25a42046a6a1c14.jpg Blaise de Chabalier 10/11/2007 | Mise à jour : 23:22 Les deux boxeurs à la pesée, hier soir. En affrontant Haye (avec le chapeau), qui a mis K.-O. 18 des 19 adversaires qu’il a battus, Mormeck n’a pas choisi la facilité. Le Français Jean-Marc Mormeck remet en jeu ses ceintures WBA et WBC des lourds légers, samedi soir face au Britannique David Haye. Suspense avant le championnat du monde des lourds légers qui opposera, ce soir à Levallois-Perret, Jean-Marc Mormeck à David Haye. Qui du Français de 35 ans, champion WBA et WBC, ou de l’Anglais David Haye, étoile montante de 27 ans, l’emportera ce soir dans un Palais des sports Marcel-Cerdan plein à craquer ? Si le Guadeloupéen a engrangé un maximum de confiance en reprenant ses ceintures en mars dernier au Jamaïquain O’Neil Bell, le Britannique au visage sympathique n’en est pas moins un redoutable puncheur. Sur ses 19 victoires en 20 combats, il a mis 18 fois ses adversaires K.-O. … Dans ce match qui devrait démarrer vite et fort entre deux hommes qui vont de l’avant, difficile de donner un favori. «Ce sera un combat dur pour lui comme pour moi. Je suis motivé, j’ai repris mes ceintures et je tiens à les conserver», déclarait Jean-Marc Mormeck mercredi lors de la conférence de presse d’avant-match, qui se tenait dans un climat particulièrement détendu, presque amical. Le Français affichait une belle détermination : «Il est prêt et moi aussi. Je me sens fort, plus fort que contre Bell, et quoi qu’il arrive j’assumerai comme je l’ai toujours fait», poursuivait le champion d’expérience (36 combats, 33 victoires) qui soulignait ensuite qu’il avait progressé depuis sa revanche victorieuse mais difficile face à O’Neil Bell. «Face à Bell, j’avais terminé à l’agonie, mais depuis j’ai beaucoup travaillé. J’ai notamment engagé de nouveau mon préparateur physique qui était absent lors de mon dernier match. Aujourd’hui, je pense que je peux tenir largement les 12 rounds.» Pour tenir la distance, le Guadeloupéen pourra compter sur sa préparation particulièrement poussée de sept semaines, dont deux en altitude à l’Alpe-d’Huez, et sur les conseils techniques de son coach américain Richie Giachetti, bien remis d’une attaque cardio-vasculaire survenue le 18 octobre dernier. «Je vais sortir comme une bombe dès le premier round» De son côté, David Haye, tout sourire, avec ses cheveux soigneusement tressés, se montrait particulièrement respectueux vis-à-vis de son adversaire. «J’ai commencé à boxer à l’âge de 10 ans, et quand Mormeck a remporté son premier titre mondial (en 2002), j’étais encore amateur… c’est un grand champion, il est le numéro un et moi le numéro deux. Le match va être dur, nous avons la même façon de combattre. Mormeck est rapide, en forme. Mais je vais sortir comme une bombe dès le premier round… Je suis en forme et je n’aurai pas d’excuse si je ne gagne pas », confiait le Britannique qui est un poids lourd naturel. «J’ai perdu 15 kg pour atteindre les 90 kg requis », précisait-il. «Je vais devoir m’adapter, la clé pour moi sera de m’imposer, que ce soit physiquement ou techniquement», glissait Jean-Marc Mormeck. L’Antillais devra notamment se méfier du direct du droit de son challenger officiel. «Quand je frappe du droit, une sensation de chaleur m’envahit, c’est le don que Dieu m’a offert…», expliquait David Haye. Pas de quoi, toutefois, impressionner le champion du monde : «J’ai les ceintures et je ne vois pas pourquoi il serait plus fort que moi. Avec David, on ne se connaît pas encore, mais on va se découvrir…» Interrogés sur le calme affiché avant le match, à la différence de l’agressivité qui avait entouré la revanche face à Bell, Jean-Marc Mormeck soulignait que «B ell n’était pas un gentleman», et qu’avec Haye les choses sont différentes : «Nous sommes là pour un combat sur le ring, mais pas pou r nous faire la guerre en dehors. » Une position partagée par le Britannique, qui ajoutait, non sans humour : «Si vous voulez, je peux renverser la t able, mais ce n’est pas mon style…» Reste à laisser parler les poings. Et si les sites de paris sportifs sur Internet du Royaume-Uni donnent l’Anglais vainqueur, Jean-Marc Mormeck fera parler son expérience. Le combat devrait être palpitant. http://www.lefigaro.fr/sport/2007/11/10/02001-20071110ARTFIG00215-mormeck-face-a-haye-un-choc-au-sommet.php

  • La jeune fille parfaite

    Le syndicat des héros littéraires - atelier d'écriture spécial Cigale

    C'est mon tour de mettre mon grain de sucre (quelqu'un a dit "enfin" ?) dans ce blog en vous proposant un atelier d'écriture...
    Vous l'aurez sûrement remarqué, les équipières sont assez différentes les unes des autres... (c'est la richesse et l'intérêt d'un blog en commun non ?) : moi, je suis une équipière discrète -mais présente- et ma spécialité dans l'atelier d'écriture, ce sont les "tournantes de poésie" (vous pouvez accéder aux éditions précédents par la rubriques "atelier d'écriture" sur mon blog perso :
    captainelili.blogs.psychologies.com) Seulement la Cigale, bien qu'elle s'en sorte toujours bien, n'est pas très à l'aise avec la poésie (et les rimes en particulier)... Heureusement, je sais m'adapter donc voici une proposition différente (mais ce n'est que partie remise pour la tournante de poésie parce que j'ai une idée de thème qui pourrait être bonne... si, si... à tenter quand Irène aura retrouvé Internet à disposition dans son nouveau chez elle ?)...

    Vous êtes un héros ou une héroïne imaginaire de roman ou de conte (si ce n'est pas un personnage très connu, n'hésitez pas à préciser ses caractéristiques et où on peut le trouver !) Vous écrivez une lettre au SYNDICAT DES HEROS LITTERAIRES pour vous plaindre (ou vous réjouir, après tout, pourquoi pas ?) de l'histoire, de l'auteur, de vos conditions de vie, etc. (La lettre est adressée au Secrétaire du Syndicat des Héros Littéraires.)

    Pas de date de participation mais comme d'habitude, le blog des Equipières est là pour faire le lien vers les textes donc tenez-nous au courant quand vous avez publié la lettre... 

    On pourrait ensuite imaginer, dans un délai de temps raisonnable (du genre, on voit dans 10 ou 15 jours combien de lettres ont été écrites ?), de "poster" les lettres au hasard et que chaque participant imagine une réponse du Syndicat à la lettre d'un autre... Qu'en pensez-vous ?

     

     

    http://lequipedechoc.over-blog.com/article-13398719.html

     

    MA LETTRE:

     

     

    Monsieur le Secrétaire du Syndicat des héros littéraires,

     

     

    Je viens par la présente vous faire part de ma situation  déplorable d’archétype féminin. Je m’appelle Cendrillon, Blanche-neige ou Peau d’âne. Je suis blonde ou brune mais toujours belle, souvent pauvre, exploitée par des riches laids. Surtout, j’attends le prince charmant qui viendra me réveiller, me délivrer de ma triste vie. Et j’en ai marre d’attendre ! …

    Le pire c’est qu’on force à toutes les petites filles dès leurs plus jeune âge à s’identifier à moi.

    Et devenues jeunes filles, elles attendent comme moi un prince charmant qui je le dis ici très haut, n’existe pas ! …

    Quelquefois ces jeunes filles deviennent des femmes sans avoir croisé le beau petit brun ou le grand blond charmant qu’elles ont vu dans leurs livres de petites filles. En attendant, elles font tout pour me ressembler : elles se pomponnent, apprennent la cuisine avec maman qui est ravie : « Tu feras de bons petits plats à ton mari. » Et puis, tiens –toi bien, sois sexy mais pas trop. Tu plais aux hommes tant que tu ne leur cèdes pas.  Garde-toi pour l’homme de ta vie. »

    Quand j’ai vu de loin les années hippies, l’arrivée de la pilule etc. Je me suis dit, c’est fini tous ces clichés. Tu parles ! … Ca n’a pas fait long feu, cette « libération des mœurs » et on appelle toujours une femme qui a couché avec plusieurs hommes une salope alors que l’homme qui a de nombreuses aventures est un Don Juan. Et ce sont les femmes souvent qui perpétuent cette vision culturelle d’elles-mêmes et la transmettent à leurs filles.

    Ca suffit !!! Je ne veux pas qu’elles attendent le « bon » comme moi jusqu’à avoir des cheveux blancs ; je veux que Cendrillon, Blanche-Neige et leurs semblables aient une ou … quelques aventures avant de se marier… pour pouvoir comparer. J’en ai marre d’être une gourde qui doit se dépêcher pour ne pas rater la dernière citrouille…

     

     

                La jeune fille parfaite

     

  • Halloween

    Images de Kri:

    http://aurendezvous.over-blog.net/

     

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    De fait, tous les éditeurs sont aujourd'hui à la recherche du nouveau Twilight. Les aventures du vampire végétarien Edward Cullen et de sa compagne Bella suscitent envie et vocation, depuis que les quatre tomes de la série, créée par l'Américaine Stephenie Meyer, se sont vendus à 45 millions d'exemplaires.

    Dans cette compétition, Jean-Claude Gawsewitch estime avoir une longueur d'avance. L'ancien éditeur de La Bicyclette bleue, de Régine Deforges, chez Ramsay, est convaincu d'avoir découvert "le nouveau Twilight". Paru le 1er octobre, Le Cas Jack Spark, saison 1 - Eté mutant (608 p., 21 €) est le premier tome d'une série de quatre, écrite par Victor Dixen. Derrière ce pseudonyme né de la contraction du nom des écrivains Dickens et Blixen, se cache un auteur franco-danois de 30 ans.

    Son héros, Jack Spark, est un adolescent dont la peau ne scintille pas au soleil, contrairement à celle d'Edward Cullen, mais dont les cheveux deviennent bleus dès qu'il use de ses pouvoirs.

    Le Cas Jack Spark se situe dans le sillage d'Harry Potter et de Twilight. Le deuxième tome, Automne traqué, paraîtra en mars 2010. Les ventes sont pour l'instant modestes (de 150 à 200 exemplaires par jour), mais Jean-Claude Gawsewitch mise sur une notoriété qui croît grâce aux blogs et aux sites Internet.

    Le problème, pour cet ouvrage, est toutefois de ne pas se faire trop vite étouffer par le "nouveau nouveau Twilight". Sorti le 15 octobre, Comment se débarrasser d'un vampire amoureux (Le Masque, 410 p., 16 €), de Beth Fantaskey, connaît un engouement croissant auprès du même lectorat. Le livre est présenté comme un mélange détonnant de Stephenie Meyer et de Jane Austen...

    Une deuxième menace se profile, elle aussi liée à la romancière anglaise. Flammarion sort en effet, le 28 octobre, Orgueil et préjugés et zombies (318 p., 17 €), de Seth Grahame-Smith et... Jane Austen. Le scénariste, pour un quart de ce nouveau roman, a transformé les soeurs Bennett, héroïnes du livre d'Austen, en tueuses de zombies qui ont envahi l'Angleterre suite à l'infection de sa population par un virus.

    Le texte s'est taillé un franc succès aux Etats-Unis, avec plus de 1 million d'exemplaires écoulés.

    Les zombies supplantant les vampires ? L'histoire ne le dit pas encore, mais l'éditrice Hélène Fiamma a eu l'excellente idée de republier Orgueil et préjugés dans la même collection et dans une nouvelle traduction (366 p., 13 €). Si d'aventure des adolescent(e)s s'entichaient du roman phare de Jane Austen, cette mode néoromantique se révélerait excellente.

    Alain Beuve-Méry

    http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/10/29/vampires-contre-zombies-une-rentree-saignante_1260062_0.html

  • Béatrice de Dié

    Il me faut chanter ici ce que je ne voudrais point chanter
    Car j'ai fort à me plaindre de celui dont je suis l'amie
    Je l'aime plus que tout au monde
    Mais rien ne trouve grâce auprès de lui
    Ni Merci, ni Courtoisie, ni ma beauté, ni mon esprit,
    Je suis trompée et trahie comme je devrais l'être
    Si je n'avais pas le moindre charme.

     

    Une chose me console: jamais, je n'eus de torts
    Envers vous, ami. Je vous aime, au contraire
    Plus que Seguin n'aima Valence
    Et il me plait fort de vous vaincre en amour,
    Ami, car vous êtes le plus vaillant de tous.
    Mais vous me traitez avec orgueil en paroles et en actes,
    Alors que vous êtes si aimable envers d'autres.

     

    Je suis surprise de l'arrogance de votre coeur,
    Ami, et j'ai bien sujet d'en être triste
    Il n'est point juste qu'un autre amour vous éloigne de moi
    Quel que soit l'accueil qu'il vous réserve,
    Qu'il vous souvienne du début
    De notre amour. A Dieu ne plaise
    Que par ma faute il s'achève.

     

    La grande vaillance qui loge en votre coeur
    Et votre grand mérite me sont sujets de tourments,
    Car je ne connais point dame , proche ou lointaine,
    Et en désir d'amour qui vers vous ne soit attirée
    Mais vous, ami de si bon jugement,
    Vous devez bien reconnaître la plus sincère
    Ne vous souvient-il pas de nos jeux-partis?

     

    Ma valeur et mon lignage, ma beauté
    Et plus encore la sincerité de mon coeur, doivent me secourir
    C'est pourquoi je vous envoie, là-bas,
    Cette chanson qui me servira de messager
    Je veux savoir, mon bel et doux ami,
    Pourquoi vous m'êtes si dur et si farouche,
    Est-ce orgueil ou indifférence?

     

    Mais je veux, messager, que tu lui dises
    Que trop d'orgueil peut nuire à maintes gens.

     La comtesse de Die fut l'épouse du seigneur Guillaume de Poitiers, belle et bonne dame. Elle s'enamoura du seigneur Raimbaut d'Orange, et fit sur lui maintes bonnes chansons ". 

     Cette " vida " est la seule mention claire et plausible qui nous soit parvenue sur le personnage mystérieux de la comtesse Béatrice de Die, bien que la vida en question ait été écrite, comme pour la plupart des troubadours, au siècle suivant leur vie réelle. Les autres sources sont encore plus tardives et ont plus de risques de s'éloigner des réalités, en l'absence de documents irréfutables. Malgré les nombreuses recherches des musicologues, le personnage reste enrobé de mystère, et l'essai d'identification de Janine Monier, cité en référence, se raccroche finalement à la vida, source la plus proche de l'époque évoquée.
    Pour augmenter notre frustation, seulement quelques poèmes de Béatrice de Die nous sont parvenus, dont un seul avec sa musique:
    Le miracle est que cette seule chanson, belle et poignante, suffise pour maintenir la célèbrité du personnage et l'admiration des amoureux du répertoire troubadouresque...La redécouverte de cette oeuvre n'est pas aussi récente qu'on le pense parfois, puisqu'au XIXeme siècle, les félibres de la Drôme rendaient hommage à la trobairitz. Ainsi, le 10 août 1888, une statue fut inaugurée en son honneur dans la ville de Die, avec discours de Maurice Faure, député de la Drôme. Cette statue, oeuvre d'imagination de Mme Clovis Hugues, est toujours visible sur une jolie petite place de la ville, où l'accompagnent le chant des oiseaux et le murmure d'une fontaine. Lors de l'inauguration, des félibres lui dédièrent des odes enflammées dont voici un court extrait:
    " Belle dame de Die, étoile de l'amour,
    Ton front serein et pur rayonne comme une aube,
    La natte de tes cheveux qui sur ta robe ondoie,
    Nous embaume le coeur comme un jardin fleuri "

     

     

     

     
     DESSIN DE 1888
     
     
     PRINTEMPS 2000

     

     Cliquez sur l'ange harpiste pour entendre la chanson "A chantar m'er de so q'ieu no volria"
    ( chant: Geneviève Judes )
    Lecteur winamp téléchargeable à:
    http://winamp.com
     
    BIBLIOGRAPHIE
    Sur le "mystère" Béatrice de Die, on peut consulter la publication suivante, qui fournit également d'importantes références bibliographiques:
    Janine Monier. Essai d'identification de la comtesse de Die.
    Société d'archéologie et de statistique. LXXV. Volume 1962 n° 346 
    http://marcel.arnoux.free.fr/BEATRICE%20DE%20DIE.html
  • Après le théâtre, Sophie Marceau(je l'y avais vue à Lyon) renoue avec ”Une histoire d'âme” d'Ingmar Bergman pour Arte

    02/12/15 - 07h06

     

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     - AFP PHOTO / LOIC VENANCE

    - AFP PHOTO / LOIC VENANCE

    (AFP) - Après avoir interprété Viktoria, unique personnage de "Une histoire d'âme", au Théâtre du Rond-Point en 2011, la comédienne Sophie Marceau renoue avec ce texte du cinéaste suédois Ingmar Bergman dans un film diffusé jeudi soir sur Arte.

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    Première pièce et premier film mis en scène par Bénédicte Acolas, "Une histoire d'âme", est une réflexion sur la solitude et la liberté incarnée par Viktoria, fille d'évêque, épouse de pasteur, au tournant du XXe siècle.

    Jouée par une Sophie Marceau sensuelle et lumineuse, la belle bourgeoise suédoise s'affranchit par la parole de tout ce qui l'oppresse, l'obsède et l'humilie depuis toujours.

    "Je crois que ce n'est pas une dingue", estime la comédienne qui vient de célébrer ses 49 ans. "C'est plutôt une femme qui se retrouve dans sa vérité, enfin".

    De son enfance à l'hôpital psychiatrique, en passant par sa vie de couple et les frasques amoureuses de son mari, elle passe en revue le chemin parcouru, dissèque ses états d'âme, évoque ses désirs et ses déceptions. 

    "Elle veut s'entendre parler pour être sûre qu'elle est toujours vivante", relève Sophie Marceau. 

    "On peut aussi imaginer que c'est une femme sur son lit de mort, ou en train de rêver, dit-elle. Ou comme on peut se parler, le matin, seul, devant le miroir de la salle de bains".

    Vêtue de soie chatoyante, les cheveux libres ou relevés en chignon, la comédienne évolue dans un décor minimaliste, passant d'une pièce à l'autre d'un hôtel particulier.

    - 'La force de Bergman' -

    Le réalisateur de films cultes comme "Personna" ou "Le Septième sceau", peu avant sa mort, avait accordé les droits du scénario, écrit en 1972, à Bénédicte Acolas.

    Cette ex-danseuse contemporaine, formée sur le tard au théâtre et au cinéma, avait fait traduire le texte avant de l'adapter au théâtre avec Sophie Marceau en 2011.

    L'héroïne de "La Boum" n'était plus montée sur des planches depuis "Eurydice" de Jean Anouilh, dirigée en 1991 par Georges Wilson, et "Pygmalion" de l'écrivain Bernard Shaw en 1993, mis en scène par Bernard Murat.

    "Une histoire d'âme" avait tourné aussi à Lorient, Nice et Aix-en-Provence. "Le texte a eu une grande résonance auprès de gens qui ne connaissaient pas spécialement Bergman", se souvient l'actrice.

    Seule en scène et à l'écran, la performance dure près d'une heure trente.

    L'adaptation à la télévision est "autre chose", dit-elle, "c'est comme une chanson jouée en bossa nova ou en rock, on va danser différemment mais c'est la même chanson".

    L'aventure lui a semblé "indispensable". "Il était important que ce personnage soit gravé sur la pellicule", dit-elle.

    Pour Bénédicte Acolas, il s'agit "d'approfondir les émotions de Viktoria et de les concrétiser dans une image, un état, une lumière".

    La réalisatrice dit avoir essayé de livrer "une lecture déconstruite" de ce texte difficile. 

    "Complètement détachée" du maître suédois auquel elle voue "une grande admiration", elle a choisi "de s'approprier les choses pour tracer son propre chemin".

    http://www.lamontagne.fr/auvergne/mag/tv/actu-medias/2015/12/02/apres-le-theatre-sophie-marceau-renoue-avec-une-histoire-d-ame-d-ingmar-bergman-pour-arte_11688237.html

     

  • Mon poème inédit sur ce blog: Mon paysage imaginaire

    Défi #436

    Placez ces expressions dans un texte poétique :

    - Le Grenier des Anges

    - L'Encrier

    - Les Orangers

    - Grandeur Nature

    - Hémisphère Sud

    - La Maison Bleue

    - Passion

    - La Plume d'Oie

    - Couleurs du Temps

    - Vie Privée

    - Bleu Ardoise

    -D'après une idée proposée par Joe Krapov-

     

    Bonne Année

    Nous attendons vos participations à

    samedidefi@gmail.com

    A tout bientôt !

    samedidefi

    Mon paysage imaginaire

     

     

    Dans Le grenier des anges, il y a mon petit train de mon enfance                                                                                                                                                                             Que je voudrais offrir à mon ingénieur préféré: un relais-symbole

     

    Il doit y rester  aussi une lettre écrite avec L'encrier d'un peintre

     

    Qui changea une timide  jeune fille gauche  timide en fière amante.

     

     

     

    Je me suis allongé sous Les orangers pour finir Irezumi un polar

     

    Japonais qui mêle intrigue fine et psychologique et culture nippone.

     

    Mes paysages Grandeur nature dépasseront-ils un jour la dérive

     

    De mes rêves de découverte paysagère et picturale? Serais-je un jour repue?

     

     

     

    Irais-je un jour jusqu'à l'Hémisphère sud tester les limites de ma curiosité?

     

    Y  chanterais-je une Maison bleue en grattant une guitare de Georges Braque?

     

    Passion et savoir sont les mamelles de ma résistance aux souffrances.

     

    Je me souviens de La plume d'oie qui traçaient sur moi confiance et plaisir

     

     

     

    Si les Couleurs du temps blanchissement peu à peu mes cheveux

     

    Ma soif d'apprendre est de plus affûtée par l'incompréhension crasse

     

    Vie privée n'est -il pas un titre de film ou une limite à ne pas dépasser

     

    Dans ce poème qui hésite entre culture et nature, entre campagne et ville?

     

     

     

    Je m'arrête en haut de la colline et je regarde le Bleu Ardoise des toits

     

    D'une cité qui mêle tous mes paysages passés  parcourus et lus.

     

    Je lirais toujours la presse sans me soucier de leur orientation

     

    Je noircirais mes doigts à l'encre de tes yeux qui me cherchent.

  • Jean-Louis Forain, un Zorro du crayon au Petit Palais(je viens de lire un catalogue d'une vieille expo sur lui au musée

     

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    Par Ariane Bavelier
    20/04/2011 | Mise à jour : 19:38
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    Ritratto di Andrea Odoni portrait du marchand d'art de Lorenzo Lotto (1527). Crédits photo : Crédit en bas svp

    Première rétrospective de ce peintre incisif qui fut également caricaturiste au Figaro au tournant du XXe siècle.

    Jean-Louis Forain pousse le trait, pourfend l'injustice, sabre la bêtise satisfaite du plus fort. Il a l'humeur féroce et l'œil à l'affût. C'est une sorte de Zorro du crayon et du pinceau. S'il finit à l'Institut, un peu raide dans son habit vert, tandis que Picasso débutant s'entraîne à imiter le «f» bouclé de sa signature, ses débuts sentent le Gavroche. Fils de peintre en bâtiment, il copie les maîtres du Louvre, ambitionnant les beaux-arts plutôt que les enseignes.

    Carpeaux le remarque et le prend comme apprenti. Son art de dessinateur, dans les nus, se souviendra des coups de ciseaux dans le marbre. Une sculpture est endommagée. Carpeaux, féroce dans la colère, promet la porte au coupable. Forain se dénonce pour sauver un camarade chargé de famille. Sur le pavé, il cherche la protection d'André Gil, rencontre Verlaine dont il illustre les poèmes et Rimbaud avec qui il partage une chambre «pleine de jours sales et de bruits d'araignée». Huysmans, son ami le plus proche, le décrit comme «le plus jeune et le plus incisif des impressionnistes».

    Toulouse-Lautrec le tiendra pour son maître

    Forain fuit les ciels, préfère l'artificiel et la lumière canaille des becs de gaz sur les bas rayés des filles des maisons, les cocottes au bar des Folies-Bergère, les abonnés chassant la petite danseuse à l'Opéra où Degas l'introduit. Il s'achète un habit pour paraître aux buffets mondains où sa faconde et son humour le font rechercher sans endormir sa verve: il mord d'un trait la ruée des messieurs en frac, courant sus aux petits fours. Il a le sens de la mise en page: duo de moustaches sans visage surplombant un décolleté (Au Skating Cafe); jeune beauté regardant si loin par-dessus bord que ne reste d'elle qu'une paire de fesses et deux pieds (Jeune femme sur un yacht). À cause de sa fascination d'oiseau de nuit pour les boulevards, Toulouse-Lautrec le tiendra pour son maître.

    Trait rapide

    Lorsqu'il cède à la tentation du plein air, Forain cherche les personnages. Un couple comme seul au monde flotte sur le gazon d'un champ de course. Le Pêcheur rêve au bout d'une longue planche, jambes ballantes dans un vide bleuté. S'il n'a pas d'ombre, son chien veille. Forain ne résiste pas au clin d'œil. Comme Daumier, il est peintre et caricaturiste. Déformation professionnelle? Il a le trait rapide, qui griffe et cingle. «À 300 francs pièce, vous pourriez au moins faire des hachures!», s'indigne devant la simplicité maximale de ses dessins, le directeur du Figaro pour qui il signera 2500 dessins entre 1893 et 1925. Leur puissance tient à cette volonté d'aller droit au but, d'un seul coup.

    Au reste, si l'âge venant, il trouve l'apaisement dans des eaux-fortes à la Rembrandt sur des thèmes religieux, sa peinture souffre de trop de bonté. Un séjour qu'il fait dans les ateliers de camouflage de l'armée où il se porte engagé volontaire en pleine guerre de 14, à 62 ans, brouille sa palette d'excès de bruns et de gris. Rentré du front, il court derrière la mode des Années folles, coupe à la garçonne les cheveux des filles, peint des amours saphiques si longtemps après Baudelaire, et dans les cabarets, des scènes de tango, obscures et confuses. Dommage. Forain était né pour le french cancan.

    Au Petit Palais, Paris VIIIe, jusqu'au 5 juin.

     

  • J'ai fini hier soir:Rien n'est noir / Claire Berest(médiathèque rayon best-seller)

    Rien n'est noir par Berest

    Claire Berest

    Edité par Stock , DL 2019

    Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé par un accident de bus et ses manières excessives d'inviter la muerte et la vida dans chacun de ses gestes. Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila, et elle ne voit pas où est le problème. Elle aime les manifestations politiques, mettre des fleurs dans les cheveux, parler de sexe crûment, et les fêtes à réveiller les squelettes. Et elle peint. Frida aime par-dessus tout Diego, le peintre le plus célèbre du Mexique, son crapaud insatiable, fatal séducteur, qui couvre les murs de fresques gigantesques.

    http://mediatheques.saint-etienne.fr/EXPLOITATION/Default/rsc/436856/rien-n-est-noir-claire-berest

    Rien n'est noir par Berest

    p.9:

    p.9-40

    p.46:

    Le jaune, c'est mauvais signe. Elle lit aussi un peuWalt Whitman beaucoupelle le connaît par cœur. – Et puisdites-moic'est quoi un homme ? c'est quoi, moi ...

    p.56:

    Claire Berest ... elle peint pour son père qui s'enferme seul pour jouer du Strauss au piano ou lire Schopenhauer, elle peint pour ses potes à casquette qui ont ...

    p.63:

    II États-Unis, 1930-1932 Rouge Aztèque. Tlapali vieux sang de figue de Barbarie le plus vif et ancien. Sang ? Eh bien, qui sait ! Journal de Frida ...

    p.74:

    M'apprêter de parures pour m'offrir au premier qui voudra de moi, comme l'écrit Whitman. C'est long, sophistiqué et ...

    p.77:

    Il faut bien se nourrir, Fisita. – Et moi, je suis un plat délicieux ? – Ton jus est plus délicat que celui d'une cerise de capulin. – Et qu'est-ce que ...

    p.106:

    Le couple est donc à Detroit depuis le mois d'avril quand Frida prend conscience que F. Lune n'est pas venue au rendez-vous : pas de sang. F. Lune c'est comme ça que Frida appelle ses règles, parce que la lune apparaît et ...

    p.112:

    mot paix, Fried. Un bien joli mot, quoique mis à mal avec l'arrivée des nazis dans le paysage politique. L'Allemagne est en pleine élection ...

    p.158:

    https://www.universalis.fr/encyclopedie/juan-o-gorman/

    p.155:

    III Mexico – New York – Paris 1933-1940 Jaune Foliemaladiepeur. Part du soleil et de la joie Jaune verdâtre, davantage de folie et de mystère.

    p.174:

     On raconte que le peuple Tehuana de la vallée d'Oaxaca a gardé une culture matriarcale qui lui viendrait de ses origines zapotèques.

    p.176:

    pour les respirer, ses livres de Walt Whitman – Je suis trahiParle sans raison, perds la tête, à moi-même mon plus grand traître, elle a ..

    https://destioaxaca.com/Geographie_Groupes_Ethniques_Oaxaca.html

    p.185:

    Je bois pour noyer ma peine, mais cette garce apprend très vite à nager

    p.196:

     La maison comme un autre visage de celui qui l'habite », qui est une citation de Georges Gusdorf.

    p.213:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_Levy

    p.219:

    https://www.deslettres.fr/lettre-de-fridakahlo-a-nickolas-muray-tas-de-fils-de-pute-surrealistes/

    p.226:

    https://frida-kahlo.skyrock.com/2925292421-Le-suicide-de-Dorothy-Hale-1938-El-suicidio-de-Dorothy-Hale.html

    p.227:

    https://www.deslettres.fr/lettre-de-frida-kahlo-a-jaqueline-lamba-continuerai-toujours-a-tecrire-yeux/

    p.283:

    Note. Les mots et phrases en italique, si ce n'est quelques coquetteries de l'auteur et termes en langues étrangères, sont tirés des écrits de Frida ...

    http://www.lauravanel-coytte.com/apps/search?s=feuilles+d%27herbe&search-submit-box-search-1092=OK

    https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/le_voyage

    https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/charles_baudelaire/la_musique

    https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/paul_verlaine/art_poetique

  • Grâce à la médiathèque qui vendait certains de ses livres, j'ai acheté à un euro(chaque livre):«L’aquarelliste» de Beatr

    L'aquarelliste par Masini

     

    Promenade romanesque au jardin de l’insouciance trompeuse

    Publié le 13 août 2014 par Isabelle Léger

    L’aquarelliste raconte le séjour d’une jeune femme de 20 ans au domaine d’un riche poète italien. Engagée pour immortaliser sur papier l’éphémère beauté des fleurs de la campagne lombardienne, Bianca y vivra une année charnière, une année de découverte, d’émancipation et de bouleversements, à l’image de ce royaume lombardo-vénitien en ce début de XIXe siècle, gouverné par les Autrichiens, mais bouillonnant d’espoirs nationalistes. Orpheline, Bianca se montre fière et indépendante, comme son père l’avait souhaité, mais est rattrapée par son éducation, les mœurs et les convenances. Placée dans la catégorie des romans historiques, cette œuvre de fiction traduit avec éloquence le passage à l’âge adulte aussi bien que les relations familiales et sociales d’une époque en changement.

    Dans sa volonté de mener sa vie à sa manière et de réfléchir par elle-même, Bianca cherchera à élucider l’énigme de la naissance de Pia, enfant abandonnée, petite servante que toute la famille chérit. Menant son enquête jusque dans les ruelles de Milan, bien décidée à forcer le destin, elle se prendra au jeu de ses déductions et en oubliera un peu sa propre vulnérabilité. Par petites touches, les gestes et les événements s’impriment sur la toile, la sienne, celle de chacun. Mais à la manière de l’aquarelle, ils sont irréversibles et ne peuvent être masqués par une nouvelle couche le lendemain.

    «Pourtant, elle n’a pas peur. Pas la moindre crainte. Avant elle, des dizaines d’héroïnes se sont aventurées dans des bas-fonds encore plus ténébreux, armées de leur courage, protégées par des boucliers de sincérité, et elles ont débusqué le mensonge pour faire triompher le juste et le vrai. Elle est un peu exaltée, et c’est pourquoi elle n’a pas peur; mais elle a froid: dans ces ruelles, le soleil n’entre que de biais, et certainement pas à cette heure du jour; et les murs ébréchés dégagent une haleine de dragon.»

    Ce premier roman d’une auteure de littérature jeunesse prolifique et traductrice chevronnée (série des Harry Potter en italien, entre autres) est étonnant de finesse et de richesse. Loin de camper ses personnages dans des oppositions manichéennes ou archétypales, il les dévoile peu à peu, sobrement sur le plan dramatique, mais dans une profondeur narrative et linguistique qui entortille le lecteur dans sa spirale à la manière de petites tiges grimpantes. Ainsi par exemple, le poète et maître de maison Don Titta apparaît tantôt solitaire et inaccessible, tantôt aimant et généreux avec ses enfants et ses invités, ce qui intrigue et charme Bianca.

    La beauté du texte (traduit de l’italien par François Rosso) équilibre le rythme modéré du récit, dont la progression suit l’adaptation de la protagoniste à son nouvel environnement. Sans focaliser sur les motivations psychologiques, les descriptions regorgent de petits bijoux de métaphores aux qualificatifs parfois singuliers qui font image ou qui installent et perpétuent une atmosphère de drame sans tragédie, lumineux. «Le bleu tout neuf des ciels, qui n’ont jamais été ainsi, qui ont toujours été ainsi, mais la mémoire rend les armes devant la joie et le soulagement: le printemps arrive toujours pour la première fois. (…) L’air est un vin jeune qui échauffe et rafraîchit à la fois, et on le boit par la peau, par les cheveux, par tout le corps; on le boit en allant, tout simplement.»

    «L’aquarelliste» de Beatrice Masini (traduit de l’italien par François Rosso), Éditions Fides, 384 pages, 2014, 29,95 $.

    http://www.labibleurbaine.com/litterature/l-aquarelliste-de-beatrice-masini-promenade-romanesque-au-jardin-de-l-insouciance-trompeuse/

    Précédente publication:

    /2014/10/26

    Autre note à ce sujet:

     

  • J'ai visité(et adoré) le 27 juillet 2019 au Petit Palais et j'ai lu (et adoré) le catalogue afférant

    © Klassik Stiftung Weimar

    Avenue Winston-Churchill 75008 Paris

    Tel : 01 53 43 40 00

    Plein tarif : 11 euros
    Tarif réduit : 9 euros
    Gratuit : - 18 ans

    Du mardi au dimanche de 10h à 18h

    Tous les vendredis jusqu'à 21h

     

    Le Petit Palais présente pour la première fois en France une sélection de 140 dessins, provenant de la riche collection des musées de Weimar en Allemagne. Ces feuilles d’exception, alors choisies par Goethe (1749-1832) pour le Grand-Duc de Saxe-Weimar-Eisenach mais aussi pour sa propre collection, offrent un panorama spectaculaire de l’âge d’or du dessin germanique de 1780 à 1850 environ.

     

     

    À la fin du XVIIIe siècle, la ville de Weimar, résidence des ducs de Saxe-Weimar joue un rôle éminent en tant que centre intellectuel de l’Allemagne. Personnalité centrale de cette cour éclairée, Goethe y accumule de nombreuses responsabilités liées à la politique culturelle et y rédige la plupart de ses œuvres. Collectionneur averti et dessinateur lui-même, il choisit pour le compte du Grand-Duc de très belles feuilles représentant toutes les facettes du dessin allemand.

    À cette époque, la littérature, les arts plastiques et la musique connaissent de profondes transformations qui bouleversent leurs règles et leur pratique. Si le mouvement romantique n’a jamais eu de chef de file et s’il existe une grande disparité de styles, les artistes s’accordent à privilégier l’expression des passions et la subjectivité de leur vision. Cette période voit s’épanouir, chez un grand nombre d’artistes allemands, un génie du dessin qui s’impose comme l’expression la plus novatrice de la création d’alors.

    Outre les figures emblématiques de Caspar FriedrichPhilipp Runge et Johann Füssli, le visiteur découvre plus de trente-cinq artistes essentiels dans l’histoire du dessin : TischbeinCarstensFohrHornyvon SchadowSchinkelvon SchwindRichter ou encore les nazaréens,Overbeck et Schnorr von Carolsfeld, qui étaient portés par la spiritualité chrétienne et le sentiment national.

    Exposition organisée avec 

    Commissaires : 

    Hermann Mildenberger, professeur et conservateur au Klassik Stiftung Weimar

    Gaëlle Rio, directrice, musée de la Vie romantique

    Christophe Leribault, directeur du Petit Palais

     

     

     

    catalogue_exposition_allemagne_romantique

    L’Allemagne romantique 1780-1850. Dessins des musées de Weimar

     

    À l’époque de Goethe (1749-1832), la littérature, les arts plastiques et la musique connaissent de profondes transformations qui bouleversent les règles et la pratique de ces arts dans le monde germanique. La période romantique, voit s’épanouir, chez un grand nombre d’artistes allemands, un...

     

    Voir la fiche
  • En lisant ”Hével”

    Résultat de recherche d'images pour "la bandera"

    http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=6448.html

    l

    http://www.cnrtl.fr/definition/cilice

    Les trente Glorieuses sentaient le cendrier

    http://www.ina.fr/emissions/le-magazine-des-explorateurs/

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2018/08/21/sa-jeunesse-dans-hevel-6073685.html

     

    Elle se réveille à midi, 
    pour déjeuner dans son lit, 
    paresseuse, capiteuse, 
    langoureuse, alanguie. 

    Elle prend son bain parfumé, 
    elle se pomponne les doigts de pied, 
    elle m'enlace, quelle angoisse, 
    me voici piégé. 

    Et je suis là, comme un con, sous son balcon, 
    comme disait il y a longtemps Claude Nougaro. 
    Et je suis là, comme un con, sous son balcon, 
    étendu de tout mon long dans une flaque de Bourbon. 

    Et on est tous là, comme des cons, sous leurs balcons, 
    (je n'ai pas beaucoup changé depuis Cro-Magnon.) 
    On est tous là, comme des cons, sous leurs balcons, 
    empêtrés dans les remords et la désabusion. 


     

    (Mais on est pas si mal que ça 
    sur une plaque de Bourbon)

     

     
     

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2018/08/21/sa-jeunesse-dans-hevel-6073685.html

    https://www.chocolatpoulain.fr/la-marque/la-saga-des-images

     

    Comme Moi par Edith Piaf

    Peut-être bien qu'ailleurs 
    Une femme a le coeur 
    Eperdu de bonheur 
    Comme moi 
    Et que d'un geste heureux 
    Elle soulève un peu 
    Le rideau de soie bleue 
    Comme moi, 
    Pour regarder en bas 
    Son amour qui viendra 
    La prendre dans ses bras. 
    Comme moi, 
    Elle attend son Amour, 
    Les yeux de son Amour, 
    Les bras de son Amour, 
    Comme moi 

    Peut-être bien aussi 
    Qu'à l'instant elle vit 
    Le meilleur de sa vie 

     


    Comme moi, 
    Et qu'en fermant les yeux 
    Elle abandonne un peu 
    Sa main dans ses cheveux 
    Comme moi, 
    Peut-être qu'à son coeur 
    Elle épingle une fleur 
    Et puis regarde l'heure 
    Comme moi, 
    Et pense à son Amour, 
    Aux yeux de son Amour, 
    Aux bras de son Amour, 
    Comme moi, 

    Peut-être bien encor 
    Qu'elle entendra plus fort 
    Son coeur battre et alors, 
    Comme moi, 
    Elle voudra crier 
    En écoutant monter 
    Un pas dans l'escalier 
    Comme moi. 
    Comme moi dans l'instant 
    Où mon coeur en suspens 
    Se retient un moment 
    Contre toi, 
    Et puis meurt, mon Amour, 
    Dans tes yeux, mon Amour, 
    Dans tes bras, mon Amour, 
    Mon Amour !?

  • Lire mes ”Paysages nervaliens”

    "d'abord pour le texte de Nerval:

     

     

     

    Le soleil noir de la mélancolie, qui verse des rayons obscurs sur le front de l'ange rêveur d'Albert Dürer, se lève aussi parfois aux plaines lumineuses du Nil, comme sur les bords du Rhin, dans un froid paysage d'Allemagne.

     

     Femmes du Caire

     La nuit tombait lorsque nous entrâmes dans le port de Saint-Jean d’Acre... la ville endormie ne se révélait encore que par ses murs à créneaux, ses tours carrées et les dômes d’étain de sa mosquée, indiquée de loin par un seul minaret. ہ part ce détail musulman, on peut rêver encore la cité féodale des templiers, le dernier rempart. Le jour vint dissiper cette illusion en trahissant l’amas des ruines informes". (Cf.: Druses et Maronites - IV- Les Akkals et l’Antiliban 3) Un déjeuner à Saint Jean d’Acre).

    "Madame Bonhomme appartient à ce type de beauté blonde du midi que Gozzi célébrait dans les Vénitiennes, que Pétrarque a chanté en l’honneur des femmes de notre Provence. Il semble que ces gracieuses anomalies doivent au voisinage des pays alpins l’or crespelé de leurs cheveux, et que leur œil noir se soit embrasé seul aux ardeurs des grèves de la Méditerranée. La carnation fine et claire comme le satin rosé des Flamandes, se colore aux places que le soleil a touchées d’une vague ambrée..." (Cf. Femmes du Caire - V - La Cange 1. Préparatifs de navigation)

     

     

    « Le sommeil occupe le tiers de notre vie. Il est la consolation des peines de nos journées ou la peine de leurs plaisirs ; mais je n'ai jamais éprouvé que le sommeil fût un repos.  »(Aurélia)

     

     

    « Les illusions tombent l’une après l’autre, comme les écorces d’un fruit, et le fruit, c’est l’expérience. Sa saveur est amère.  »(Sylvie)

     

     

    « Je crois que l'imagination humaine n'a rien inventé qui ne soit vrai. »

     

    "Pourtant, j’en conviens, l’Orient n’est plus la terre des prodiges, et les péris n’y apparaissent guère, depuis que le Nord a perdu ses fées et ses sylphides brumeuses."

     

    Gérard de Nerval, Voyage en Orient

     

    "Je quitte à regret cette vieille cité du Caire, où j’ai retrouvé les dernières traces du génie arabe, et qui n’a pas menti aux idées que je m’en étais formé d’ après les récits et les traditions de l’Orient. Je l’avais vue tant de fois dans les rêves de la jeunesse, qu’il me semblait y avoir séjourné dans je ne sais quel temps ; je reconstruisais mon Caire d’autrefois au milieu des quartiers déserts ou des mosquées croulantes ! Il me semblait que j’imprimais les pieds dans la trace de mes pas anciens ; j’allais, je me disais : En contournant ce mur, en passant cette porte, je verrai telle chose... et la chose était là, ruinée, mais réelle". (Cf. Femmes du Caire - IV Les Pyramides - 4 - Le départ)

     

    "On sent une grande privation en Orient, c’est la musique et les intérieurs éclairés. Ensuite on sait trop ce qu’on va voir. Partout les peintres nous ont découpé l’Asie en petits carrés pendus au mur ; hormis en Syrie, je n’ai pas trouvé un paysage imprévu".

     

    J’interromps ici mon itinéraire, je veux dire ce relevé jour par jour, heure par heure, d’impressions locales, qui n’ont de mérite qu’une minutieuse réalité". (Cf. Druses et Maronites - IV les Akkals - l’Antiliban - chapitre 4 )

     

     

     

    "En somme, l’Orient n’approche pas de ce rêve éveillé que j’en avais fait il y a deux ans, ou bien c’est que cet Orient-là est encore plus loin ou plus haut, j’en ai assez de courir après la poésie ; je crois qu’elle est à votre porte, et peut-être dans votre lit. Moi je suis encore l’homme qui court, mais je vais tâcher de m’arrêter et d’attendre."

     

    Gérard de Nerval,Voyage en Orient

     

    Achetez "Paysages nervaliens"
    J'ai été patraque et somnolente toute la journée
    Je n'avais pas mangé depuis hier matin
    J'espère que ça va passer
    et que vous aurez profité de ma maladie pour acheter mes livres

     

  • Etienne Daho : ces films qui ont inspiré son tube ”Week-end à Rome”

    Etienne Daho aura 65 ans demain. L'occasion dans "Bonus Track" de revenir sur l'histoire de son premier succès, écrit dans un bar de sa ville d'enfance, à Rennes...

    Eric Jean-JeanBonus Track Éric Jean-JeanITUNES RSS 
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    E. Daho : ces films qui ont inspiré son tube "Week-end à Rome"Crédit Image : BERTRAND GUAY / AFP | Crédit Média : RTL | Durée :  | Date : La page de l'émission
     
    Thibaud Chaboche

    Etienne Daho fêtera demain ses 65 ans. Arrivé en France à l'âge de 8 ans, c'est finalement en 1984 que le chanteur se fera connaitre, avec son premier succès, Week-end à Rome. À ce moment là, Daho a 27 ans. Il écume, avec sa bande de copains, les bars branchés ainsi que les discothèques de Rennes. Il collectionne également les vinyles du Velvet Underground et de Françoise Hardy. Mais l'artiste se passionne aussi pour le cinéma... Le cinéma italien ! Vacances romaines (1953), avec Audrey Hepburn et Gregory Peck, La dolce vita (1960) de Fellini ou encore La Notte (1961) d’Antonioni, sont ses références… 

    C’est en pensant à ces films qu’un soir, à "L’aventure", un bar de Rennes, il écrit sur un coin de table les paroles de cette chanson, Week-end à Rome. Par la suite, il répète les 10 morceaux de son album La notte, la notte dans une école abandonnée de sa ville d'enfance, avant de l'enregistrer à Paris, dans un studio du 8e arrondissement. Pour le passage en italien, Etienne Daho a demandé à sa copine, Lio, de l’interpréter. Week-end à Rome à peine enregistrée, il s'en va la tester dans des boîtes de nuit et des bars, comme à "L’aventure", là où la chanson est née. 

    À l'époque, le patron du bar était convaincu que la chanson serait un succès, et il avait vu juste. Le tube cartonne et permet à Etienne Daho de faire un premier Olympia, à guichet fermé, et de recevoir un "Bus d’Acier" de l’artiste rock de l’année. Pour la photo de la pochette du 45 tours, il fait appel aux photographes Pierre et Gilles, dont il apprécie beaucoup le travail. Ils photographient Daho en marinière, les cheveux mouillés, et sur l’épaule, une perruche. La photo plaira tellement au chanteur, qu’elle illustrera finalement l’album entier... 

    Au sommaire de l'émission :

    L'histoire des chansons : 
    My sweet lord, George Harrisson
    Over The Rainbow, Iz

    https://www.rtl.fr/culture/musique/etienne-daho-ces-films-qui-ont-inspire-son-tube-week-end-a-rome-7800955276

  • Prix records pour une danseuse de Degas et un bronze de Picasso lors d'une vente aux enchères

    Prix records pour une danseuse de Degas et un bronze de Picasso lors d'une vente aux enchères Flickr

    A New York, les prix ont atteint des records pour une sculpture de Degas et un bronze de Picasso lors d'une vente aux enchères qui avait lieu jeudi 12 mai.

    Une "Petite danseuse de quatorze ans", sculpture d'Edgar Degas, a fait sensation jeudi 12 mai au soir chez Christie's à New York, où elle a été vendue 41,6 millions de dollars, plus haut prix aux enchères pour une oeuvre de l'artiste français, tandis qu'un record a aussi été battu pour un bronze de Picasso. L'oeuvre de Degas (1834-1917) est un bronze délicat à patine brune, qui représente avec réalisme et détails une jeune ballerine dans sa jupe en mousseline, avec un ruban aux cheveux. Ce n'est pas l'original de l'artiste, exposé à la National Gallery of Art de Washington, mais l'une des épreuves exécutées dix ans après la mort de l'impressionniste français par le fondeur Adrien-Aurélien Hébrard.

    Cela n'a pas empêché d'établir un nouveau record pour Degas. Le précédent, en 2015 à Londres, à 22,2 millions d'euros, venait d'une autre version de la petite danseuse. La sculpture, estimée à 20 à 30 millions par Christie's, faisait partie des douze pièces de la collection d'Anne Bass, une femme d'affaires américaine décédée en 2020, mécène pour plusieurs grands musées américains et les ballets de New York, qui fut l'épouse du milliardaire et héritier d'un empire du pétrole au Texas Sid Bass.

    La Tête de femme de Picasso vendu à près de 50 millions de dollars

    Toutes les oeuvres étaient exposées de son vivant dans son luxueux appartement de la 5e avenue à Manhattan: parmi elles, deux peintures de l'expressionniste américain Marc Rothko (1903-1970), dont un "Untitled (Shades of red)" est parti à 66,8 millions de dollars, et trois peintures de Claude Monet (1840-1926). Son "Parlement, soleil couchant", une huile sur toile à la fois sombre et lumineuse, a été vendue 75,96 millions de dollars.

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    Durant la même soirée, Christie's a annoncé qu'une sculpture de Pablo Picasso, "Tête de femme (Fernande)", est devenu le bronze le plus cher de l'artiste jamais vendu aux enchères, à 48,48 millions de dollars. Lundi soir, le peintre espagnol (1881-1973) avait perdu le titre de l'oeuvre la plus chère du 20e siècle aux enchères, "Les Femmes d'Alger (version 0)", vendue 179,4 millions de dollars en 2015, ayant été dépassé par un portrait de Marilyn Monroe par Andy Warhol, qui a atteint 195 millions de dollars.

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    © CAPITAL (AVEC AGENCE FRANCE PRESSE)
  • Baudelaire et les femmes 6. Les yeux de Marie Daubrun

    efbb39fbc4ac5d77f269ac9e59750907.jpg Dans mon mémoire de maîtrise,  

    « Le paysage dans les œuvres poétiques de Baudelaire et Nerval »  

     (en vente sur Lulu : http://stores.lulu.com/store.php?fAcctID=617288)   Dans la 1 ère partie consacrée à la poétique du paysage,  

    La symbolisation du paysage  

    2.2. La sexualisation du paysage dans « Les Fleurs du Mal »      

    2.2.4. Les yeux

     

      Marie Daubrun jouait La Belle aux cheveux d'or au théâtre de la Porte-Saint-Martin en 1848. La fée, apparue "au fond d'un théâtre banal", inspira le poème L'Irréparable (précédemment publié sous le titre A la Belle aux cheveux d'or dans la Revue des Deux Mondes). Baudelaire s'aventure dans les bras de sa muse, pour une liaison brève et orageuse, mais à l'issue féconde pour l’œuvre du poète (Les Chats, Le Poison, Ciel Brouillé, L’Invitation au Voyage). Par deux fois l'amitié de Baudelaire et de Banville, qui avait été son amant, sera en péril à cause de la jeune actrice.

    (http://baudelaire.litteratura.com/?rub=vie&srub=per&id=17)  

    Dans le Ciel brouillé  - comme dans La chevelure  les analogies se succèdent selon le système de l'infini diminutif jusqu'à: « Comme tu resplendis, paysage mouillé/ Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé! »( v. 11-12). Or ces deux vers confèrent au poème une plus grande indétermination encore, puisque ce « paysage mouillé », à l'image du regard de la femme » (certainement Marie Daubrun) «  d'une vapeur couvert » (v. 1), ne peut être mentalement immobilisé par le lecteur. ( Emmanuel Adatte, « Essai sur le dépassement du réel », p.  132.) »  Il s'agit  d'un « dépassement du réel » qui atténue l'angoisse des derniers vers fondés sur une analogie, entre la femme aimée et cruelle et l'hiver « implacable » :

     

     


    O femme dangereuse, ô séduisants climats!                                                                       

     

    Adorai-je aussi ta neige et vos frimas,                                                                         

     

    Et saurai-je tirer de l'implacable hiver                                                                           

     

    Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer? (v. 13-16)                                    

     

      De même dans L'invitation au voyage, le regard féminin et le paysage évoqué par celui-ci sont marqués par l'indétermination :  

    Les soleils mouillés                                                                                               

     

    De ces ciels brouillés                                                                                       

     

     Pour mon esprit ont les charmes                                                                                  

     

    Si mystérieux                                                                                                   

     

    De tes traîtres yeux                                                                                              

     

    Brillant à travers leurs larmes.  ( V.  7-12). 

     

     

     

  • Werner Schroeter, la mort en face par Philippe Azoury

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    CC BY spaceodissey

    Imaginez deux hommes allongés sur la moquette d’un petit appartement, au mois de décembre 1981. Le premier est un immense philosophe chauve. Le second, un jeune cinéaste underground allemand, très grand, les mains pleines de bagues, visage à la Dürer, de longs cheveux blonds portés jusqu’à la taille, qu’il coiffe d’un Stetson. Ils ont en commun l’intelligence, la culture, l’homosexualité et une idée peu commune du suicide : ils disent n’avoir plus peur de la mort. Et comme pour défier cette dernière, ils préféreront toujours la passion à l’amour, parce que, selon le philosophe, « elle est portée à l’incandescence, elle se détruit elle-même ». Le philosophe est mort en 1984, c’était Michel Foucault (1). Lundi soir, les suites d’un cancer de la gorge contre lequel il n’avait cessé de lutter ces dernières années ont emporté le cinéaste : Werner Schroeter est mort à l’hôpital de Cassel (Allemagne). Il était né à Georgenthal, le 7 avril 1945.

    Décrivant l’hystérie de la passion, Foucault savait qu’il ne faisait que dire ce qui se passe dans un plan sidérant de Werner Schroeter : la passion et son corollaire la souffrance s’y communiquent de visage à visage. Visages de femmes, vivant le plus souvent entre elles (la Mort de Maria Malibran, 1972, son chef-d’œuvre underground), dans des lieux hors du temps, déconnectés : des motels dans le désert (Willow Springs, 1973), des maisons à l’abandon (Deux, 2002), des asiles de fous (le Jour des idiots, 1981), des scènes de théâtre (Eika Kattapa, 1969), des chambres de bordels dans tous les ports du monde (Weiße Reise, 1980).

    Des femmes, ou plutôt des représentations de femmes : il fit jouer ensemble des actrices (Isabelle Huppert, Carole Bouquet, Bulle Ogier, Amira Casar, Maria Schneider, Margareth Clémenti), des chanteuses d’opéra (la Callas, Anita Cerquetti, Elisabeth Cooper, Ingrid Caven) et des travestis (Magdalena Montezuma, Candy Darling). Non par provocation, mais par indistinction naturelle : elles ont en commun de n’exister pleinement qu’en représentation. Et Schroeter était précisément le cinéaste du cérémonial, de l’artifice comme vérité, de la représentation au carré.

    Symboliste jusqu’au bout des ongles, mélancolique comme un dernier romantique allemand, moderne et expérimental, baroque et opératique : un décadent traversant les poussières de Mai 68 en portant sur ses épaules un cinéma pur venu tout à la fois de l’underground pédé, du muet (les divas, les fantômes, la grandiloquence des primitifs) et de l’écoute passionnelle des disques de la Callas, sa « messagère de Dieu ». Le tout, unique en son genre, arrivait à nous sous la forme de stupéfiants échos du silence.

    « Je suis arrivé au cinéma presque par hasard, racontait-il à Libération en janvier 2009. J’avais arrêté des études de psychologie et j’envisageais reprendre mes activités de putain. J’avais fait ça quelques mois, à Mannheim, et c’était très instructif. J’avais une clientèle de pères de famille. Mais mes parents n’étaient pas enchantés que je reprenne mes occupations érotiques, aussi m’ont-ils encouragé à m’inscrire dans une école decinéma tout à fait théorique. Moi qui suis tactile, j’ai tenu trois mois, avant d’aller au festival underground de Knokke-le-Zoute. Là, dans une atmosphère de liberté incroyable, j’ai découvert les films de Gregory J. Markopoulos. Je ne connaissais ni le cinéma de Warhol, ni Jack Smith, et je suis tombé amoureux d’un garçon de 25 ans, qui répondait du doux nom de Rosa Von Praunheim. Rosa ne supportait l’autre que si l’autre était créatif, alors je me suis mis à faire des films avec la caméra 8 mm de mon enfance. Un an après, mes films étaient montrés dans un cinéma d’art et essai à Munich. Puis j’ai acheté une caméra Baulieu 16 mm et j’ai enchaîné, avec mesamis travestis qui constituaient pour moi une famille. De fil en aiguille, la télévision me passa commande de films, puis les gens du théâtre et de l’opéra sont venus à moi. »

    L’époque l’assimila à la nouvelle vague allemande : Rainer Werner Fassbinder, Daniel Schmidt (qui était suisse), Werner Herzog. Ses films étaient sans doute plus proches des premiers Garrel. Il était alors son propre chef opérateur, se faisait un point d’honneur à faire lui-même les costumes. En démiurge artisan. Il mène films expérimentaux et mises en scène d’opéra (dont à l’écran, il mélangeait les airs avec des vieux calypsos ou des ballades d’Elvis Presley). Il n’est nulle part et partout à la fois, insituable comme ses personnages, développant une esthétique de l’isolement et de la redéfinition de soi. Il se rêvait déjà en exil, vivant à la fin des années 70 au Mexique « avec une famille dans une lagune, confiait-il à Gérard Courant. Ce sont des gens très pauvres qui ont quatorze enfants et qui sont sans emploi. Ils vivent un peu du trafic. Ils m’ont adopté. »   Il sort de l’underground en tournant le Règne de Naples, en 1981, qui est, de toute sa période narrative, son film le plus vibrant, tentative de transcrire à l’image toute la violence et le raffinement d’un Jean Genet. Son lyrisme baroque se confirmera à chaque grand film suivant : Palermo, le Jour des idiots, le Roi des roses, Malina, ou le récent Nuit de chiens (présenté à Venise en 2008, la Mostra lui décernant pour l’occasion un lion d’or couronnant son œuvre). Ce film crépusculaire, adapté d’Onetti, s’ouvrait sur une citation du Jules César de Shakespeare que Schroeter avait tenu à lire lui-même : « De tous les prodiges dont j’aie jamais entendu parler, le plus étrange, pour moi, c’est que les hommes ont peur, voyant que la mort est une fin nécessaire qui doit venir quand elle doit venir. »

    En janvier de l’année dernière, il nous confiait : « Maintenant, je sais que la brutalité, la violence, sont créées par ceux qui ont peur de la mort. Ça rejoint mon seul sujet, depuis toujours, dans ma vie comme dans mes films : la quête de l’amour. » Il exprimait son admiration pour Onetti avec des mots qui lui allaient comme un gant : « Il était le contraire du capitalisme : un homme qui a vécu avec son intelligence seule. »

    Au festival de Vienne, qui lui rendait hommage, en novembre 2009, alors que la maladie le terrassait, il assista, mutique et assis sur un canapé placé au centre de la scène, à un défilé d’acteurs et d’actrices venus lui rendre un hommage anthume. À la fin de chaque éloge, il se levait, avec des gestes nobles, et venait accrocher en silence une rose dans les cheveux des filles et à la boutonnière des garçons. « Si je prends mon briquet et une cigarette, c’est banal, glissait-il en 1981 à Foucault. L’important, c’est de faire le geste. C’est ce qui me donne ma dignité. »

    (1) Anecdote rapportée par Gérard Courant dans sa monographie (Goethe Institut/Cinémathèque, 1982).

    Paru dans Libération du 14 avril 2010

    Sur le même sujet :

    - Schroeter, le retour d’outre-nuit
    - Souvenirs de plages et morts à Venise

    http://www.ecrans.fr/Werner-Schroeter-la-mort-en-face,9660.html

  • Une oeuvre encore amplement incomprise

    par Philippe Delaroche
    Lire, février 2008

     Comment et pourquoi Sagan a fait date dans l'histoire des lettres et des moeurs: les regards croisés du psychanalyste Philippe Porret, qui montre avec quelle habileté l'auteur de Bonjour tristesse sut décrire le choc de l'adolescence, et de Philippe Delaroche, rédacteur en chef de Lire.

    Son nom, le scandale joliment orchestré qui la lança dans la carrière, son apparente désinvolture mâtinée d'une pudeur tenace, cette expression altière qui suggérait qu'elle n'avait pas à redouter le lendemain, ni misère, ni maladie, et moins encore l'abandon, le plaisir qu'elle prenait à éprouver et à partager toutes les griseries à sa portée, jusqu'à se dévisser la tête à force d'ivresse, à force d'argent facile, à force de portes où il n'y avait qu'à frapper, à force de s'entourer de brillantes compagnies, à force d'amours prometteuses inévitablement contrariées, à force de vitesse, à force de rencontrer de nouvelles limites que, dans une heure ou dans un jour, elle se ferait une joie de franchir pour enfin devenir ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre: tout, dans l'existence et dans l'oeuvre de Françoise Sagan dit oui à la vie. Aussi résolument qu'elle disait oui dans sa vie. Aussi sûr que cuistres et vieilles badernes qualifièrent ses ouvrages de sous-littérature.

    Mieux qu'une banale célébration de la jeunesse, elle qui n'a jamais eu le mauvais goût de céder au jeunisme, ce combustible des dictatures d'hier qui fait la fortune des capitalismes d'aujourd'hui, l'oeuvre de Sagan immortalise un autoportrait inavoué, génialement saisi à la sortie de l'adolescence. De plus, elle montre quel tournant est en train de se négocier dans les moeurs de la société d'où elle est issue, celle des gens «évolués» ainsi qu'ils se qualifiaient eux-mêmes. Et son talent, en la matière, est éclatant. C'est la conviction du psychanalyste et écrivain Philippe Porret, 54 ans, auteur d'Une écoute lumineuse, la biographie d'une psychanalyste dont la fantaisie n'aurait pas déplu à Sagan. D'origine néo-zélandaise et Parisienne d'adoption, à 80 ans passés, Joyce McDougall demeure en effet «une dame excentrique, légèrement scandaleuse, qui ne parle pas la langue de bois, bohème et voyageuse». Elle n'en a pas moins jeté un regard nouveau, entre autres apports, sur les addictions...

    Ce n'est pas Sagan dans le texte qu'a d'abord rencontrée Philippe Porret, mais Sagan dans l'opinion: «Quand ma famille est rentrée d'Algérie en 1963, j'avais presque dix ans. Mes soeurs étaient adolescentes. L'une d'elles a rapporté Bonjour tristesse. Ma mère a poussé les hauts cris. Je n'ai jamais su si elle lui avait défendu le livre après l'avoir lu (ce que je crois) ou en raison de la mauvaise réputation qui l'entourait. Je me souviens encore aujourd'hui m'être dit: "C'est bizarre, ce bonjour et ce tristesse." Le rapprochement de ces deux mots antinomiques faisait étincelle.»

    C'est en 1968 que Philippe Porret, à quinze ans, lit Bonjour tristesse. Juste après le roman de François Mauriac, Thérèse Desqueyroux: «Il y avait quelque chose d'empesé dans l'écriture de Mauriac. Mais je l'aimais bien. Il mettait l'accent sur la morale du lien, le lien comme il devrait être ou comme il aurait dû être. En passant à Bonjour tristesse, j'ai découvert un tout autre climat: hors de la morale, une façon inédite jusque-là en littérature d'envisager les choses. J'avais été frappé par la capacité de la jeune fille à mener jusqu'au bout et sans faiblesse son plan, ce plan qui lui tombe dessus et sur lequel elle n'a aucun atermoiement.»

    Par la suite, Philippe Porret a lu les autres oeuvres de Sagan. Et puis il est revenu, régulièrement, à Bonjour tristesse. Pourquoi? Ce premier roman fait date. Sur trois registres: l'invention littéraire, l'histoire des moeurs (au temps où les enfants de divorcés rasent les murs) et la clinique de l'adolescence. Car Sagan est l'écrivain qui a formulé de façon concise, aussi chirurgicale que poétique, les émotions ambivalentes qui jalonnent le périlleux passage à l'âge adulte, à commencer par les sentiments d'extrême vulnérabilité et de toute-puissance.

    En une poignée de mots, la romancière met en lumière les trois phases de la mue*. Primo, la séparation et l'altérité: «Quelque chose se replie sur moi comme une soie, énervante et douce, et me sépare des autres.» Secundo, la dualité entre le moi qui observe et le moi qui manigance: «Etant simplement moi, n'étais-je pas libre d'éprouver ce qui arrivait? Pour la première fois de ma vie, ce "moi" semblait se partager...» Tertio, la capacité - découverte entre deux couches du nouveau «moi» - de causer du tort sans culpabilité: «C'était là mon premier contact avec la cruauté: je la sentais se nouer en moi, se resserrer au fur et à mesure de mes idées.»

    Mais cet échantillon ne dit pas tout du talent de Sagan, pas plus qu'il ne souligne sa radicale nouveauté. On sait quel mauvais tour la polarisation sur sa personne a joué à la réception de son oeuvre. «Après Bonjour tristesse, poursuit Philippe Porret, son oeuvre a été perçue comme celle d'un écrivain mineur. Sagan n'a jamais reçu de prix littéraire. On a estimé qu'en dépit de son talent elle ne parlait pas des choses qui font vibrer: l'amour, la mort, etc. Sagan est dans le jeu. Cécile, l'héroïne de Bonjour tristesse, prend les choses comme elles viennent et, en cela, elle dit quelque chose du désir. Elle est libre parce qu'elle ne s'embarrasse pas de conflits ou de ratiocinations, type "tempête sous un crâne". C'est son absence de sentiments moraux qui choque. Là, Sagan fait un pas d'écart par rapport à la culture occidentale, qui a toujours ménagé sa place au tragique.»

    Pas plus qu'elle n'indiqua qu'il était indécent, même après Auschwitz, de jouir de la vie - cheveux au vent en Aston Martin, écumant les casinos ou écrivant des dialogues sans pétard métaphysique apparent à distance respectable des bidonvilles de Nanterre - la romancière ne fit sienne la méditation d'un saint Paul: «Le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais.» (Epître aux Romains VII, 20) C'est le vouloir-vivre à la puissance maximum, son diable au corps. On comprend que René Julliard ait reconnu en elle la cadette de Radiguet.

    Faut-il rappeler de quelle époque elle s'est échappée? Sagan est la petite fille de la «drôle de défaite», la fillette des années de l'Occupation (pas noires pour tout le monde) et, par-dessus tout, l'adolescente des lendemains qui tardaient à chanter. Si elle frappe si fort les touches du clavier de sa machine à écrire, si elle ne coupe pas les cheveux en quatre, c'est à proportion de l'impatience qui tenaille celles et ceux sa génération, et que relaieront bientôt les plus jeunes.

    «Si l'on peut trouver dans sa vie de quoi renvoyer à saint Paul, au tragique, estime Philippe Porret, il est manifeste que son oeuvre s'en écarte. Mais c'est précisément son écriture qui est étonnante, aussi étonnante que le malentendu dont son oeuvre est l'objet. Pourquoi, quand il s'agit de l'évaluer, la rapprocher de celle de Colette? S'il est possible de rapprocher leurs modes de vie, ça me paraît discutable sous l'angle de la plume. Est-ce en raison d'un effet de date? La même année, en 1954, Colette meurt et Sagan se fait connaître avec Bonjour tristesse. Il y a chez Sagan un génie de la formule, éclatant dans le choix de ses titres, qu'on ne rencontre pas chez Colette. En revanche, il y a un génie de l'intrigue chez Colette qu'on ne sent pas chez Sagan. Mais cette dernière ne témoigne pas seulement d'une rare élégance et d'un sens de la formule, elle est la première de cette époque-là à écrire sans absolument faire de psychologie. Par principe. Pas par combat. Et c'est en cela qu'elle fait date.»

    La psychologie? Le «cancer du roman français», disait Maurice Blanchot - ce qui n'avait pas empêché en 1954 le juré du prix des Critiques de voter pour André Dhôtel (Le maître de pension, Grasset) quand ses pairs lui préféraient l'inconnue Sagan, par ailleurs beaucoup moins ingénue qu'il n'y paraissait. Fâchée avec certaines réalités fiscales et autres, attitude commune à tant d'artistes et écrivains (ainsi feu Jacques Laurent, à qui le fisc fit regretter d'avoir omis de libeller ses talons de chèque!), Sagan a-t-elle oeuvré comme une adolescente attardée? Aurait-elle été malgré elle le prototype de l' «adulescente». Rien n'est plus faux, objecte Philippe Porret: «Tout en reconnaissant sa valeur, il est arrivé par exemple à Françoise Giroud d'abonder dans cette idée que Sagan serait une enfant attardée, ou une enfant obstinée. Surtout, elle lui reprochait l'absence de pathétique. Or c'est dans ce refus du pathos qu'éclate la modernité de Sagan.»

    Curieusement, son oeuvre a tardé à trouver la considération et la place qui lui reviennent. Sagan incomprise? Même par les siens. Le dictionnaire des oeuvres Laffont-Bompiani, auquel collabora pourtant l'ami Jacques Brenner, et qu'accueille la collection Bouquins chez Laffont, créée et dirigée par le regretté Guy Schoeller, l'ex-mari de Sagan, omit pendant dix ans de mentionner Bonjour tristesse. Lacune réparée depuis l'édition de 1994, trente ans après le lever de rideau! L'auteur de la notice, Philippe Barthelet, y salue ses «remarquables qualités d'analyse des profondeurs de l'âme et des passions» et une «lucidité sans défaillance». Voilà qui put faire sourire Sagan. Quoique d'obédience proustienne, ne se gardait-elle pas d'analyser, elle qui prenait tant plaisir à créer? C'est le sentiment de Philippe Porret: «Ce qu'il y a d'unique chez Sagan, c'est sa façon de jouer avec les mots, de les articuler. Par exemple, elle prend un mot du corps (le sang, le rire, les yeux); elle l'accouple à un mot puisé dans un autre registre: aquarelle pour le sang, la soie pour les yeux, incassable pour le rire. Elle crée une réalité singulière, inédite.»

    Ce plaisir de jouer, ce goût de la surprise et du contre-pied (Château en Suède quand on attendait Château en Espagne), n'est-ce pas le propre du vif enfant qui chuchote à chacun, y compris au soir de sa vie, qu'il n'est peut-être pas indispensable de se trouver précisément là où tout le monde, - c'est-à-dire personne ou quelque puissance de mort - l'attend?

    * Cf. l'analyse de Philippe Porret, in Le malaise adolescent dans la culture (pp. 50-53), collectif, Campagne Première (diffusion PUF).

    http://www.lire.fr/enquete.asp/idC=52060/idR=200