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  • Mon poème inédit sur ce blog:Sérieux !

     

    Ohé matelots !  

    A la barre du bateau des croqueurs de mots pour cette quinzaine,

    Jazzy nous propose  de jouer aux centons pour le lundi 6 mai .

    Attention, elle n’a pas dit santons,  pas question de manipuler

    ces fragiles figurines en argile des crèches provençales…

    Dans la Rome impériale on appelait “cento” les morceaux de tissu dépareillés

    que cousaient les légionnaires afin de se fabriquer un sous – vêtement

    qui puisse leur tenir chaud sous la cuirasse de métal .

    Par analogie le centon est un jeu littéraire qui consiste à composer

    un poème original à partir de vers empruntés à divers auteurs .

    Centons donc ( pas sous la pluie j’espère  ) au mois de mai comme il nous plaira ,

    poème, histoire ou chanson, tout est permis.

     

    Pour le jeudi poésie du 2  mai 

    Un poème en calligramme personnel ou non

    Exemple, Arbre généalogique de Toulmonde

                                        ô                                   a a                                  ma ta                                 oui non                                tout rien                               fleur ortie                              oiseau vipère                             univers cellule                            ordre un désordre                           astérisme nébuleuse                          atome pain beurre feu                         air liberté eau esclave                        soleil champ ville ruelle                       planète terre globe lunaire                      lumière jardin ombre asphalte                     arbre joie jour nuit pleur peur                    maison table blé chambre province                   pays pierre temps espace poussières                  orient plein amour occident vide faim                 sourire caresse toi lui crainte travail                bonheur printemps on eux muscles fer pied               main sein femme bonté sexe bras femme roche              coeur essence soif foi corps existence prison             lumière feuille été jus automne plastique béton            montagne cheval sentiers vallée automobile ciment           oeuf éclosion santé maman bombe explosion sang bobo          musique étoile neige sapin cri sommeil crépuscule loi         couleur rythme papillon jeu ver gris vitesse stop meute        danse vague océan rivage sel accident visage écume coulée       chant prière parole livre sol machine radio télévision plan      dessin ligne courbe volume pas building argent électricité go     fruit légume lait miel céréales hot dog hamburger steak patates    enfant femme beauté  paix  HOMME HOMME  animal végétal minéral mû

    Raôul Duguay

    Pour le jeudi poésie du 9 mai

    Prenez un poème que vous aimez, volez les verbes

    et utilisez les dans votre propre poème sans changer l’ordre des verbes

    ( ils peuvent être conjugués différemment ) 

    ou écrire ou trouver un poème de 56 mots pas un de plus pas un de moins.

     

    Le Môt de Dômi

     

    Voilà un défi fort plaisant.

    Je n’ai pas su insérer ton image Jazzy

    et comme j’avais publier un poème en calligramme

    tout récemment sur mon blog, je l’ai apporté ici à titre d’exemple..

    Pour le centon, ne pourrions nous pas dire aussi

    que c’est un patchwork poétique, vu ta photo

    c’est à ça que j’ai pensé tout de suite.

    Alors un poème en 56 mots, je suis curieuse de voir

    qui sera capable de nous le pondre, cela dit je ne doute

    pas un seul instant de votre talent poétique 

    A vos plumes chers matelotes (ça me plait bien au féminin   )

     

    Bises amirales.

    Dômi.

    http://croqueursdemots.apln-blog.fr/patchwork-poetique-pour-le-defi-220/

    Sérieux !

    C’est un paysage et je donnerais cher pour le contempler                                                              Il a  l’apparence plate du pays d’où je viens                                                                                 

    Et je peux y entendre des expressions chtis                                                                                          

    Il ne rajeunit pas jusqu’à perdre ses rides ariégeoises
    Il est auvergnat mais je le crois aussi rhônalpin                                                                        

    Je pourrais y voir aussi la ville blanche                                                                               

     S’étendre jusqu’à la Drôme des collines
    Le ciel jaunit, alors que les Verts rentrent dans le chaudron                                                          

    Mes cheveux sont teints de jeunesse éternelle                                                                             

    Mon front est ceint du bandeau de mes cheveux adolescents                                                          

    Baignant mon visage, la mèche lourde cache une larme                                                                

    Qui coule pour rejoindre la Seine qui vers Notre-Dame
    J’ai vu sa grandeur, sa chute et reverrais sa splendeur                                                                     

    Je  me souviens ; je me suis souvenu et me souviendrais des paysages vus.

    D’après Fantaisie de Gérard de Nerval

     

  • Le Gange né de l'Himalaya

    Home VOYAGE Voyages

    EN IMAGES - Cet été, notre série Evasion vous emmène à la découverte des sources des grands fleuves. Après le Colorado, voici le Gange. Nombreux sont les hindous qui se rendent en pèlerinage à ses sources, au pied d'un glacier de l' Himalaya, à 4 000 mètres d'altitude

    Les véritables sources du Gange sont inaccessibles au commun des mortels. Elles flottent quelque part dans l'immensité cosmique, tapies au cœur des textes sacrés de l'hindouisme, ce maquis fantastique qui est un défi à notre rigueur cartésienne et dans lequel il est probable que seuls les hindous soient tout à fait capables de se repérer.

    En Inde, où tout est religion, le fleuve est évidemment une divinité: la déesse Ganga. On raconte que, pour la concevoir, Brahma, le dieu créateur, aurait récolté la transpiration jaillie de la plante des pieds de Vishnou: le dieu bienveillant fondait de bonheur alors qu'il écoutait, ravi, la musique que jouait Shiva, dieu de violence et de paix. La déesse est également fille de l'Himalaya, la reine des montagnes, et d'Himavat, le puissant esprit qui les anime. C'est du moins ce qu'affirme le Ramayana, ce texte majeur de l'hindouisme. Le fleuve ayant la particularité de purifier les êtres de leurs péchés, les dieux demandèrent à la montagne qu'elle le leur prête afin qu'il nettoyât les cieux. «Montée au ciel, raconte le Ramayana, Ganga brilla à travers la voûte étoilée, là où tu peux la voir aujourd'hui encore.» Faute de pouvoir grimper jusqu'à la Voie lactée, on se contentera ici de la source terrestre du fleuve: bien qu'elle ne soit pas d'un accès particulièrement facile non plus, elle a le mérite d'être à portée d'humain.

    La géographie, qui est bien plus prosaïque que les textes sacrés, établit que le Gange prend sa source dans le glacier Gangotri, à environ 4 000 mètres d'altitude, dans le district d'Uttarkashi, Etat de l'Uttarakhand, non loin de la frontière tibétaine. Ce glacier mesure environ 30 kilomètres de long et est protégé par une formidable muraille de montagnes dont les sommets dépassent les 6 000 mètres de haut: le Shivling, le Thalay Sagar, le Meru…

    Dans la ville sainte de Haridwar, les pélerins venus de toute l'Inde se pressent au bord du Gange pour se purifier dans ses eaux sacrées.

    Dans la ville sainte de Haridwar, les pélerins venus de toute l'Inde se pressent au bord du Gange pour se purifier dans ses eaux sacrées. Crédits photo : STAN FAUTRE

    La ville de Haridwar reçoit un incessant flot de pèlerins

    Atteindre la source du Gange est un pèlerinage prisé qui démarre à Haridwar, une ville sainte. Alors que les dieux et les démons se disputaient le nectar d'immortalité, quatre gouttes tombèrent de la cruche dans laquelle il était contenu. Une à Allahabad, une à Nashik, une à Ujjain et une à Haridwar. Pour cette raison, chacune de ces villes accueille à tour de rôle, tous les douze ans, la Kumbha Mela, une des plus grandes manifestations religieuses au monde. La prochaine grande Kumbha Mela à Haridwar aura lieu en 2022…

    En attendant, la ville reçoit un flot incessant de pèlerins qui viennent se purifier dans les eaux du Gange. Ici le fleuve déboule des montagnes, au terme d'une course de 250 kilomètres pendant laquelle il a chuté de plus de 3 500 mètres d'altitude! A partir de Haridwar, qui se trouve à 311 mètres au-dessus de la mer, il traversera, paresseux, l'immense plaine du Gange: 2 250 kilomètres le séparent encore de son delta et du golfe du Bengale. A la fin de la journée, un peu avant le coucher du soleil, alors qu'un vent chaud remonte le cours du fleuve, démarre sur les ghats de Haridwar le Ganga Aarti, la prière du soir: un incroyable spectacle.

    Dans un décor minéral à couper le souffle, des saddhus font une pause avant de reprendre leur ascension vers la source du fleuve sacré.

    Dans un décor minéral à couper le souffle, des saddhus font une pause avant de reprendre leur ascension vers la source du fleuve sacré. Crédits photo : STAN FAUTRE

    Chaque jour, pour célébrer cet instant, une foule bruyante et sereine à la fois se rassemble là. Ce sont des familles dont le petit enfant s'est fait raser le crâne: une touffe de cheveux épargnée par le barbier flotte au sommet de son crâne. Il y a des gens de l'Inde entière: des paysans du Rajasthan ou du Maharashtra, des employés de bureau de Delhi ou de Calcutta. Des sadhus, ces ermites errants, maigres et absents, accomplissent leurs rituels avec détachement. Armés de lances et de sabres courbes, des Sikhs enturbannés et barbus fendent la multitude. On voit aussi des vendeurs de barbe à papa, des mendiants, des vaches ; quelques responsables de l'ordre aspergent de temps à autre la foule massée sur les escaliers d'une volée de gouttes d'eau sacrée.

    Les pèlerins s'immergent en s'accrochant aux lourdes chaînes qui trempent dans le fleuve, les femmes en sari, les hommes en caleçons et les enfants tous nus. A la sortie du bain, ils se sèchent sur les dalles de grès rouge, créant de grandes flaques d'eau qui luisent dans l'air brûlant. Il y a des vendeurs de coupes votives, faites de feuilles emplies de roses d'Inde dans lesquelles est piqué un bâton d'encens. On peut aussi acheter des cornets de pois chiches ou des bonbons, des sifflets pour les enfants et des petits bidons à remplir d'eau sacrée. Debout, au bord du fleuve, près du temple dédié à Vishnou - l'empreinte de son pied est inscrite dans un rocher - neuf brahmanes vêtus de blanc psalmodient en sanskrit. Les pèlerins les écoutent avec un sourire béat: c'est la prière et c'est la fête. La cérémonie prend fin après que le soleil a disparu derrière les premières collines de l'Himalaya. La chaleur est toujours aussi enveloppante, la foule reflue vers la ville et déjà des sadhus, allongés sur rien, à quelques mètres du fleuve, s'endorment avec une étonnante facilité.

    C'est au niveau du village de Devaprayag que la verte Alaknanda se joint aux eaux limoneuses du Bhagirathi. De cette fusion naît le Gange.

    C'est au niveau du village de Devaprayag que la verte Alaknanda se joint aux eaux limoneuses du Bhagirathi. De cette fusion naît le Gange. Crédits photo : STAN FAUTRE

    Délaissant la ville sacrée, une petite route s'élance dans l'Himalaya: des bus monstrueux et héroïques montent à l'assaut de ces montagnes en dents de scie à grands renforts de klaxon, secouant sans relâche leurs convois de pèlerins d'un nid-de-poule à l'autre pendant deux longues journées. C'est le temps qu'il faudra à ces malheureux voyageurs pour rejoindre Gangotri, la dernière ville avant les sources, à 3 000 mètres d'altitude. En chemin, certains font le choix de s'arrêter à Devaprayag.

    Là, au pied d'un piton rocheux, la rivière Alaknanda rencontre la Bhagirathi: c'est de leur fusion que naît le Gange, bien qu'il soit admis que les sources du Gange se confondent avec celles de la Bhagirathi. Cette rivière doit son nom à Bhagiratha, un saint homme qui a vécu il y a bien longtemps. Le Ramayana raconte que, pour son malheur, ses soixante mille aïeux furent détruits d'un seul regard de courroux lancé par l'ascète Kapila. Depuis, leurs âmes erraient sans repos. Baghirata entreprit de les délivrer. Il se réfugia dans les montagnes et médita si longuement que Vishnou consentit à faire descendre le Gange sur la Terre afin que les cendres de ses ancêtres soient purifiées par le fleuve divin. Mais le risque était grand que Ganga, en tombant sur la Terre, ne l'anéantisse. Alors Shiva accepta de protéger notre planète. Il emprisonna la déesse dans ses cheveux: le fleuve y erra plusieurs années. Pour cette raison, Ganga est souvent associée aux représentations du dieu, flottant dans les cheveux de Shiva. Assagi, le fleuve jaillit enfin de la divine chevelure et depuis il s'écoule, paisible et joyeux, à travers l'Inde.

    Au fur et à mesure qu'elle prend de l'altitude, la route se fait étroite et poussiéreuse, bordée de ravins vertigineux. Mais la brume de la plaine est bien vite un mauvais souvenir: le soleil luit désormais dans un ciel franc et pur, l'air se rafraîchit. La route s'arrête devant Gangotri. De prime abord, cette petite ville ressemble aux autres villages indiens, avec son incroyable vacarme, son flot de mendiants et de rickshaws, ses vaches et ses boutiques minuscules. Mais sur les étals des marchands, on trouve principalement deux types de produits. Des objets de culte et des sachets de fruits secs: les indispensables compagnons du pèlerin. Car demain, dans un ultime effort, il faudra partir à pied. S'engager dès l'aube sur le sentier qui grimpe entre les cèdres et marcher vers la source sacrée qui gronde, impassible et austère, au fond de la vallée.

    Un pélerin solitaire médite dans un paysage lunaire où le fleuve dévide le ruban moiré de ses premières eaux.

    Un pélerin solitaire médite dans un paysage lunaire où le fleuve dévide le ruban moiré de ses premières eaux. Crédits photo : _CYR

    C'est ici que la rivière jaillit du ventre du glacier

    Dix-huit kilomètres de marche sous un soleil de plomb, dans un paysage grandiose et sévère où des ruisseaux dévalent en écumant les pentes caillouteuses de montagnes immenses. Puis, la source. Elle est annoncée par les craquements de la glace, le bruit sourd d'un rocher qui se précipite dans les eaux, le grondement de la rivière qui jaillit du ventre du glacier. Les pèlerins qui arrivent ici sont rares.

    A moitié nus, trois sadhus sont assis sur des cailloux. Ils méditent en silence, le visage tourné vers le soleil, dans la fumée d'un bâton d'encens. D'autres pèlerins se débarrassent de leurs vêtements, heureux de se plonger dans la rivière glacée. Puis ils remplissent d'eau le petit bidon qu'ils rapporteront chez eux: un précieux cadeau à partager avec la famille, l'eau du Gange étant indispensable pour accomplir les rites de la religion hindoue. Leur prière terminée, les sadous se lèvent et rangent méticuleusement le peu qu'ils possèdent: une couverture, une bouteille d'eau, des sandales… L'un de ces hommes s'appelle Tchakour Dass. Il est maigre et porte sur son front le symbole de Vishnou. Il marche pieds nus. Fin comme un trait de fusain, il se faufile avec grâce entre les rochers, fait quelques ablutions, lance des gouttes d'eau vers le ciel puis remplit une bouteille en plastique. Il ira la vider sur le lingam de Rameshvara. «J'espère, explique-t-il, vivre assez longtemps pour accomplir ce pèlerinage.» Question légitime: cette pierre particulièrement sacrée se trouve dans l'Etat du Tamil Nadu, tout au sud de l'Inde, à plusieurs milliers de kilomètres de là. Il s'y rendra à pied.

     


    Le carnet de voyage

    Avant de partir

    Décalage horaire. Heure de Delhi: GMT + 5 h 30. Quand il est midi à Paris, il est 16 h 30 à Delhi. Taux de change: un euro vaut 69 roupies indiennes. Visa: la procédure d'obtention du visa est relativement longue. L'agence VFS est un courtier efficace ( www.vfs in-fr.com). Tarif du visa tourisme valide six mois: 65,50 €, une seule entrée.

    L'agence de voyage

    Terres d'Aventure (0825.70.08.25 ; www.terdav.com) propose un voyage de quatorze jours aux sources du Gange. Au programme, la visite des villes sacrées de Haridwar et Rishikesh, puis le voyage jusqu'à Gangotri et un trek jusqu'aux sources du Gange avec nuits sous la tente et porteurs. A partir de 2 350 € par personne, incluant: l'avion, les transports terrestres, un guide francophone, le permis de trek, l'hébergement en pension complète et le transport des bagages. Les pourboires ne sont pas compris.

    L'avion

    Air France (36.54 ; www.airfrance.fr). Un vol quotidien à destination de Delhi au départ de Paris-Charles- de Gaulle. A partir de 779 € l'aller - retour. Tarif valable du 17 août au 31 octobre 2013.

    A Gangotri, le dernier temple sur le chemin qui mène à la source du fleuve.

    A Gangotri, le dernier temple sur le chemin qui mène à la source du fleuve. Crédits photo : STAN FAUTRE

    L'hébergement

    A Haridwar. Le Haveli Hari Ganga (www.havelihariganga.com) est un ancien ashram reconverti en hôtel. Il se trouve sur le bord du fleuve: quelques marches et l'on peut s'y immerger, comme tout bon pèlerin. Assez charmant. Un restaurant de bonne qualité. La chambre à partir de 79,50 €, petit déjeuner inclus.

    De Haridwar à Gangotri, pas d'hôtels intéressants, mais des adresses propres qui offrent l'intérêt de partager, ne serait-ce que brièvement, le quotidien d'Indiens en pèlerinage vers la source du Gange. A Rishikesh, le Ganga Beach Resort (www.gangabeachresort.com) est correct. Chambre à partir de 50 €.

    Campement à Bhojvasa: ce camp de base, à deux heures de marche des sources du Gange, est installé au bord du fleuve. La propreté n'est pas son meilleur atout. Heureusement, le campement proposé par Terres d'Aventure est de bonne qualité: cuisinier, vaste tente… Pour se remettre de ces émotions, à Delhi, The Rose (www.therosenewdelhi.com) est un charmant boutique hôtel. Tenu par un couple de Français, il est installé dans le village de Hauz Khas, qui présente la particularité d'être entièrement entouré de parcs, situation enviable au cœur de la capitale indienne. C'est un quartier assez branché où l'on trouve de très nombreux bars et restaurants. Chambre à partir de 50 €. Dans l'hôtel, un restaurant sert de la cuisine française.

    Restaurants

    De Haridwar à Gangotri, aucune adresse notable mais la nourriture, quoique peu variée, est bonne.

    A Delhi, le village de Hauz Khas regorge de bonnes adresses. Parmi elles, Raas (rue principale, N° 9A, premier étage), un restaurant qui sert une excellente cuisine indienne et pakistanaise dans un cadre assez chic. Le spectacle est autant dans l'assiette que dans la salle, qui est prisée de la jeunesse dorée de Delhi. Autour de 40 €.

    Bon à savoir

    Entre Haridwar et Gangotri, vous traverserez un pays sacré: alcool interdit, nourriture strictement végétarienne. La randonnée est facile, la seule difficulté étant causée par l'altitude (on monte de 3 000 à 4 000 mètres).

    Lire

    L'Hindouisme, d'Alexandre Astier, éditions Eyrolles, 220 p., 10 €. Petite histoire de l'Inde, d'Alexandre Astier, Eyrolles, 210 p., 10 €.

    Le Râmâyana conté selon la tradition orale, Albin Michel, 500 p., 10,90 €.

    L'Odeur de l'Inde, de Pier Paolo Pasolini, Folio, 155 p., 4,40 €.

    Une certaine idée de l'Inde, d'Alberto Moravia, Arléa, 135 p., 8,50 €.

    Guide du routard, Inde du Nord, 15 €.

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      Le Gange né de l'Himalaya

      EN IMAGES - Cet été, notre série Evasion vous emmène à la découverte des sources des grands fleuves. Après le Colorado, voici le Gange. Nombreux sont les hindous qui se rendent en pèlerinage à ses sources, au pied d'un glacier de l' Himalaya, à 4 000 mètres d'altitude.

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  • Pierre Sarkozy : celui dont on ne parle pas

    PAR JACQUES BRAUNSTEIN
    12/05/2010 | Mise à jour : 18:56
    Réactions (5)

    Producteur de rap d'une extrême discrétion à Paris, Pierre Sarkozy n'hésite pas à se montrer à l'étranger. Comme ici, le 1er février dernier, à Cologne, où il se produisait comme disc-jockey lors d'une soirée mode. Crédits photo : SCHROEWIG/ABACA
    Producteur de rap d'une extrême discrétion à Paris, Pierre Sarkozy n'hésite pas à se montrer à l'étranger. Comme ici, le 1er février dernier, à Cologne, où il se produisait comme disc-jockey lors d'une soirée mode. Crédits photo : SCHROEWIG/ABACA

    L'autre fils du chef de l'Etat se tient à l'écart de la politique. Fou de musique, producteur de disques, il s'est fait une place et un nom - Mosey - dans un milieu, celui du rap, qui ne passe pas pour être sarkozyste.

    La scène se déroule à Neuilly par une nuit calme. Jacques Chirac est encore à l'Elysée, Nicolas Sarkozy est son ministre de l'Intérieur. Pierre, son fils aîné, est chez lui en compagnie d'une amie venue écouter des «sons» qu'il a produits. Il est tard, et le garçon, bien élevé, craint de déranger ses voisins. Afin de pouvoir profiter des morceaux à plein volume, il décide de descendre et de s'installer dans la voiture de la jeune femme. La musique est à fond. Une patrouille de police s'arrête. Contrôle d'identité. Mais Pierre, dans sa précipitation, a oublié de prendre ses papiers avec lui. Les policiers fouillent longuement le véhicule, puis repartent. L'apprenti producteur remonte chez lui chercher sa carte d'identité. Lorsqu'une seconde patrouille s'arrête, quelques minutes plus tard, il la tend à l'officier. En voyant le nom du jeune homme, le policier la lui rend bien vite. A aucun moment Pierre n'a indiqué qu'il est le fils du ministre de l'Intérieur. Et toutes les anecdotes qu'on vous rapporte sur Pierre Sarkozy vont dans le même sens. Il fait profil bas, la discrétion même.

    Pierre et Jean Sarkozy à l'Elysée en 2007. Depuis son entrée en politique, Jean, lui, s'est coupé les cheveux. Crédits phot o : MEHDI FEDOUACH/AFP
    Pierre et Jean Sarkozy à l'Elysée en 2007. Depuis son entrée en politique, Jean, lui, s'est coupé les cheveux. Crédits phot o : MEHDI FEDOUACH/AFP

    «Le fils de Sarkozy fait du rap»…Lorsqu'on a entendu pour la première fois cette phrase, il y a quelques années, personne n'y a cru. C'était trop énorme. Une sorte de pied de nez qui sentait bon la légende urbaine. Le fils du ministre de l'Intérieur aurait choisi le genre musical qui n'hésite pas à traîner dans la boue le nom de Sarkozy. En fait, le fils de l'ex-premier flic de France ne «fait» pas du rap : il en produit. Il compose, échantillonne, construit des bandes électroniques sur lesquelles on peut chanter. Du rap violent dans le cas de Poison, le premier artiste pour lequel il a«fait du son». Du rap plus doux et «Sarkocompatible» dans le cas de Doc Gynéco, dont il a composé l'album l'an passé. Comment un fils de Neuilly s'est-il mis à produire le son du ghetto ? C'est ce qui fait l'originalité du parcours de Pierre Sarkozy, l'autre fils du président de la République, celui qui ne fait pas parler de lui. Voilà l'histoire improbable et profondément moderne de celui que Puff Daddy, le roi des rappeurs américains, a surnommé«The Prince of France». Elle commence en 1985. Pierre est le premier enfant de Nicolas Sarkozy et de Marie- Dominique Culioli. Son frère Jean naîtra l'année suivante. Les deux garçons feront leurs études à Sainte-Croix de Neuilly, puis au lycée Pasteur. Pour eux, leur père veut le meilleur, même s'il n'a pas beaucoup de temps à leur consacrer. A propos de la prise d'otages de Neuilly en 1993, dans laquelle le futur Président se taille la stature d'un homme d'action, Pierre aura cette phrase dans le Vanity Fair espagnol : «Mon frère et moi étions jaloux, car nous avons vu notre père avec un enfant dans les bras et que ce n'était pas nous.»

    Avec Daniel Cohn- Bendit lors d'un match de gala : Pierre joue avec l'équipe des politiques contre le Variétés Club de France. Crédits photo : G.MÉRILLON/LE FIGARO MAGAZINE
    Avec Daniel Cohn- Bendit lors d'un match de gala : Pierre joue avec l'équipe des politiques contre le Variétés Club de France. Crédits photo : G.MÉRILLON/LE FIGARO MAGAZINE

    Car Nicolas Sarkozy a quitté la maisonnée en 1989 pour vivre avec Cécilia Ciganer-Albéniz, leur future belle-mère, avec laquelle ils ne s'entendront jamais vraiment. Leur père, ils le verront un week-end sur deux et pendant les vacances, comme beaucoup d'enfants du divorce. Très jeunes, les deux frères s'intéressent à la musique. Mais, chez Pierre, cela tourne à l'obsession. Il aime la soul, le funk, Curtis Mayfield, Marvin Gaye et les grands artistes noirs américains des années 70. Peu à peu, il se met au rap. Avec une préférence pour celui de la côte Ouest des Etats-Unis, plus doux, moins revendicatif, mais aussi plus tourné vers la mythologie des gangsters : Dr. Dre, Snoop Doggy Dogg… C'est un vrai passionné, il connaît les notes de pochettes par coeur, débusque les producteurs obscurs derrière les stars bling-bling…

    Il adopte le look qui va avec, pantalon baggy, casquette à l'envers… Mais pas quand il voit son père. Nicolas Sarkozy est un ministre très occupé, alors, de temps à autre, il fait d'une pierre deux coups et fait ajouter une chaise et un couvert pour lui dans ses déjeuners avec les journalistes. Ceux-ci se souviennent d'un garçon calme au regard vif, qui écoutait sagement son père expliquer son action. Car, avec Nicolas Sarkozy, c'est toujours la politique d'abord. Sait-il seulement que son aîné a monté un groupe avec des copains ? Celui-ci n'a pas dû s'en vanter au début : «Nous étions tellement nuls que personne ne voulait composer pour nous. J'ai donc dû apprendre à le faire moi-même.»

    Parallèlement, Pierre est plutôt bon élève, il passe un bi-Deug à Nanterre, une licence de droit, commence une maîtrise... comme le souhaite son père, avocat de formation. Ces diplômes que l'on reproche tant à son frère Jean de ne pas avoir, lui, il les a. Mais peu importe. «Je préfère être un musicien sans avenir qu'un brillant avocat», tranche-t-il, toujours dans le Vanity Fair espagnol. Une provocation contre un père à la personnalité imposante ? Peut-être. Mais pas seulement. Il n'est pas le seul garçon d'origine bourgeoise à apprécier cette musique. Rockin'Squat, du groupe Assassin, est le frère de Vincent Cassel, et donc le fils de l'élégant acteur Jean-Pierre Cassel. Et le producteur de reggae Frenchie n'est autre que le fils de Claude Allègre. Quand Nicolas Sarkozy apprendra que son fils veut faire du rap un métier, il aura cette phrase : «OK pour le hip-hop (...), tant que tu continues tes études. Mais, attention, je ne te donnerai pas un rond.» Devant les journalistes qui le suivent, il préférera ironiser sur les choix de son fils : «Pierre a des dreadlocks et sort avec une Noire ! On ne pourra pas dire que j'ai brimé mes enfants !» Depuis, Pierre a coupé ses dreadlocks, et il garde secrète sa vie privée.

    La bande-son des boîtes chics de Neuilly

    Aujourd'hui, dans les médias, les rôles semblent bien établis. Pierre l'artiste, Jean le politique. En fait, ça n'a pas toujours été aussi clair. Jean aussi se voyait bien artiste. Son professeur de comédie, Jean-Laurent Cochet, le décrit comme un élève doué. Il a composé quelques chansons qu'il a déposées à la Sacem… Mais dans un genre plus variété, puisqu'il a été, un temps, question d'une collaboration avec Didier Barbelivien. Jean a changé de voie, Pierre, lui, s'est obstiné. Au départ, il ne sait pas comment entrer dans ce monde de la musique qu'il ne connaît pas. Il placera d'ailleurs ses premiers «sons» comme générique d'une émission pas vraiment rap, présentée par les frères Bogdanov. Il fait également un stage dans une maison de disques, AZ Universal, sous le nom de sa mère : Culioli.

    C'est qu'il n'est pas facile de s'intégrer dans un milieu qui affiche sa détestation de la droite et de la police, quand votre père est désormais ministre de l'Intérieur. Et surtout quand il promet de passer une cité au Kärcher ou de débarrasser une autre de ses «racailles». Avec ces mots, Nicolas Sarkozy est devenu la tête de Turc du monde du rap. C'est dans les boîtes de nuit où la jeunesse dorée de Neuilly se retrouve que Pierre Sarkozy, qui se fait désormais appeler Mosey, noue ses premiers contacts avec le milieu qui l'intéresse. Aussi curieux que cela puisse paraître aux non-initiés, cela fait bien longtemps que le rap américain est la bande-son des boîtes chics.

    Olivier Amiel (alias DJ Sub Zero), son ami d'enfance qui travaille encore aujourd'hui avec lui, passe régulièrement des disques dans des endroits comme le Queen, sur les Champs-Elysées. Pierre, lui, sympathise avec JC Sindres, DJ house. C'est lui qui lui présentera la journaliste et productrice Fatou Biramah : «C'était un jeune homme de 20 ans, avec de drôles de cheveux longs, des boutons. Il était attachant et ne faisait rien pour ressembler à un rappeur… Il avait une chambre de petit garçon avec un lit une place, mais équipée comme un vrai studio de pro.» Pierre ne lui cache pas qui il est. Et, d'emblée, elle lui fait comprendre que, dans ce milieu-là, ce n'est pas un «plus» : «J'avais envie de l'aider. On passe notre temps à se battre contre les a priori sous prétexte qu'on s'appelle Mamadou, et nous, on va lui fermer notre porte parce qu'il s'appelle Sarkozy ? Il ne faut pas lui faire ce qu'on n'aime pas qu'on nous fasse.» Avec ses deux acolytes (Sub Zero et J Looz), Pierre forme le groupe Da Cream Chantilly, qui commence à se faire un nom dans le milieu du rap… Des DJ influents dans le microcosme jouent leurs sons, comme Cut Killer, El Matador ou Spank (le DJ de Joey Starr). Ils composent également la musique du DVD Jamel, 100 % Debbouze. Ou, plus tard, celle du DVD de Seuls Two, le film d'Eric Ramzy. Bref, tout va bien pour eux.

    L'accession de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, le 6 mai 2007, va changer la donne. Les projecteurs sont désormais braqués sur ses enfants. La France entière se familiarise avec leurs visages. Le soir de la victoire, à l'entrée du Showcase, une boîte de nuit où les jeunes de l'UMP font la fête, Pierre s'avance vers les journalises pour mettre les choses au clair : «Moi, j'appartiens au domaine du privé, de l'intime, je ne veux pas me mettre en avant (...). Je vous le dis à vous, parce que, comme ça, vous le saurez pour les cinq ans à venir : aucune interview, rien du tout, j'espère que vous le comprendrez.» Profession de foi un peu naïve à l'heure du tout-people.

    «Je vais vous l'envoyer en stage, il a besoin d'autorité»

    Pierre Sarkozy ne se montre pas, mais ne se cache pas non plus. En 2008, il accompagne son père en voyage officiel en Chine. Nicolas Sarkozy aura cette phrase en le présentant à Hu Jintao, le président chinois : «Je vais vous l'envoyer en stage, il a besoin d'autorité…» Manière de dire que, s'il a accepté le choix de carrière de son fils, il n'en pense pas moins. Les journalistes qui étaient du voyage ont le souvenir d'un jeune homme très proche de sa grand-mère, présente elle aussi, qui respecte le programme de la délégation et ne fait pas de vagues.

    S'il a choisi la musique, il ne se désintéresse pas pour autant de la politique, notamment à Neuilly, la ville où il a grandi. Lors des dernières municipales, il apporte un soutien discret à David Martinon, que son frère Jean soutient encore «à fond». Il est responsable du groupe Solidarité et partage des jeunes UMP de Neuilly-sur-Seine. Lors d'une rencontre avec des militants, le 16 décembre 2007, il se présente ainsi : «Je suis Pierre Sarkozy, on me confond souvent avec mon frère, mais c'est moi l'aîné.» Et il enchaîne sur la question du logement : «A chaque fois qu'on parle de Neuilly dans les médias, on parle de ces fameux 20 % de logements sociaux qui ne sont pas respectés dans notre ville.»Lui est favorable à ce que la mairie achète des «appartements sociaux» dans des immeubles indifférenciés. C'est une proposition, pas une critique frontale de la politique municipale familiale… Mais quand même. Après l'éviction de David Martinon, Pierre retourne à son grand amour, le rap.

    L'anonymat n'étant plus de mise, Pierre Sarkozy va donc se rapprocher du seul rappeur à ne pas être sarkophobe : Doc Gynéco, qui a soutenu le candidat UMP en se mettant à dos pas mal de ses anciens amis. Celui-ci raconte : «J'ai rencontré Pierre lors d'un cocktail au siège de l'UMP, pendant la campagne de 2007, à un moment où Nicolas avait des soucis personnels et avait besoin d'être avec ses enfants.»Très vite, ils parlent musique, mais le Doc n'y voit qu'une simple conversation mondaine.«Je ne l'ai pas pris au sérieux tout de suite. Des mecs de son âge qui font du son et le mettent sur My- Space, il y en a des milliers.» Ce n'est que plus tard, en découvrant les maquettes de Pierre, que Gynéco envisage une collaboration :«Il maîtrisait les machines. Sa musique était tellement loin du son des cavernes du mauvais rap !» L'album Peace Maker sort en novembre 2008, mais ne marche pas. Pourtant, la production est ciselée, le son plutôt original. Mais, comme le dit le journaliste et écrivain Olivier Cachin : «Le match était perdu d'avance. Entre l'image de Doc Gynéco, son amitié avec Sarkozy, et la participation de Johnny Hallyday, le disque était inaudible.»

    Depuis, Mosey et sa bande travaillent, toujours discrètement, dans leur studio vers Pigalle. Ils ont embauché une manageuse qui retransmet ses refus aux demandes d'interviews. Ils ont postulé pour une subvention sans l'obtenir. L'intervention malencontreuse d'un conseiller de l'Elysée dans le dossier n'a sûrement pas arrangé les affaires de Pierre Sarkozy. C'est finalement dans la presse people qu'on voit le plus Pierre, fan de concerts et de fêtes. Il est shooté par les photographes à chaque apparition. Et s'il la joue profil bas dans l'Hexagone, Mosey redevient Pierre Sarkozy à l'international. «Les rappeurs US, qui sont plus bling-bling, sont fiers de le connaître, constate Doc Gynéco. Ils aiment la notoriété, la réussite, ils sont moins dans le jugement. Pour eux, c'est le fils du roi de France. Je ne serais pas étonné que Puff Daddy le signe un jour sur son label. D'ailleurs, sur la Côte d'Azur, ils sont tout le temps fourrés ensemble.» On a ainsi vu Pierre Sarkozy au Festival de Cannes, à Saint-Tropez, à Munich lors des MTV Europe Music Awards, ou à New York aux côtés des producteurs américains les plus influents. En mars dernier encore, il était photographié au VIP Room à Paris avec Puff Daddy. Plus récemment, il est apparu dans le vidéoclip Download Me I'm Free de Laszlo Jones, chanteur haut en couleur et rigolo, qui n'a rien d'un rappeur. Vêtu d'un costume, les cheveux gominés en arrière et de grosses chaînes bling-bling autour du cou, Pierre Sarkozy est présenté comme «le prince du hip-hop». En produisant cet album, il démontre que, si son avenir est bien dans la musique, ce n'est pas forcément du côté du rap. Dans la seule interview qu'il ait accordée à la presse française (VSD), le fils aîné du chef de l'Etat affiche sa sérénité : «Je n'ai pas envie d'entrer dans le champ de la complainte. Il y a pire, dans la vie, comme départ, que d'être le fils du président de la République.»

    http://www.lefigaro.fr/politique/2010/05/12/01002-20100512ARTFIG00632-pierre-sarkozy-celui-dont-on-ne-parle-pas.php

  • Exposition ”Les années folles (1919-1929)”

    1579912683.jpgRobe à danser, vers 1925. Anonyme - Les Années folles à Galliera Photo : Anonyme © Galliera / Roger-Viollet
    Le musée Galliera prolonge jusqu'au 30 mars 2008 une exposition consacrée aux années folles

    Au sortir de la Première Guerre mondiale, la mode des années folles reflète l’appétit d’une génération éprise de mouvement, de vitesse et de frénésie.
    Entre 1919 et 1929, l’esprit du temps est à l’émancipation des femmes et de leur corps.

    L’élégante des années 1920 connaît l’ivresse de conduire une automobile, la liberté de se couper les cheveux, de se maquiller, de fumer en public, de s’afficher en «garçonne» et d’avoir un style de vie moderne. En témoignent les 170 modèles, 200 accessoires et 50 parfums et cosmétiques présentés dans l’exposition et provenant principalement du fonds Galliera.

     

    L'exposition se déroule dans un des quatre anciens réfectoires de l'Hôtel des Invalides. La scénographie, qui met en évidence des grands lieux scéniques français et étrangers, présente une centaine de costumes, quatre uniformes issus des collections du musée de l'Armée et des affiches.

    Corinne JEAMMET
    Publié le 02/03 à 20:59
    La mode des Années folles

    Madeleine Vionnet, vers 1924. Robe du soir en mousseline de soie vert Les Années folles à Galliera © Stéphane Piera / Galliera / Roger-Violletdégradé.Le style de vie est moderne : avion, voiture, loisirs de plein air... Sur un rythme de charleston, ces Années folles révèlent en même temps que les chevilles, puis les genoux, une mode cheveu court et chapeau cloche, taille basse et forme tubulaire… Au-delà de ces clichés, c’est l’avènement d’une mode libérée, facile à vivre.

    Les tableaux scénographiés de l’exposition sont une invitation à partager vingt-quatre heures de la vie d’une parisienne élégante. Le soir, la pureté des lignes du vêtement alliée à la préciosité des effets décoratifs révèle, tout en jeux de lumières, les lamés, dentelles métalliques et franges, les satins et mousselines brodés de perles, pierreries, plumes et strass. Le jour, la sobriété est de mise : la simplicité de la coupe est associée à des matières confortables, les broderies laissent place à des rubans, galons et lacets. La femme des années 20 éprouve la souplesse et l’aisance de vêtements calqués sur le vestiaire masculin ou sportif - sweater, ensemble en maille, pyjama… Elle connaît l’ivresse de conduire, la liberté de se couper les cheveux, de se maquiller, de fumer en public et de s’afficher en «garçonne».

    Les soeurs Callot, Chanel, Heim, Jenny, Patou, Poiret, Talbot, Worth sont parmi les grands noms présents dans l’exposition, de même que Lanvin, avec l’évocation du Pavillon de l’Élégance (Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925, à Paris). Le parcours s’achève sur les grands courants qui ont traversé la mode des années 20 : la modernité avec Vionnet, Lelong, l’Art déco avec Dunand, la peinture avec Delaunay, Gontcharova… et les influences qui, du Japon à la Russie en passant par l’Afrique, ont inspiré imprimés et broderies typiques de ces Années folles.

    Scénographie selon M. Jeanclos et A.Fontaine

    Robe du soir vers 1925 (Anonyme). Crêpe de soie noir, broderies de paillettes, de tubes et de strass. Les Années folles à Galliera © R.Briant et L.Degrâces / Galliera / Roger-ViolletFaire vivre le vêtement sans le porter, qui plus est lui faire exprimer la folie malgré son immobilité n’est pas chose facile. Il nous a paru plus sûr de faire tourner, chercher, le visiteur ; lui donner l’envie, à travers la profusion d’une collection et un parcours complexe et labyrinthique, de trouver cette ivresse propre à la richesse de cette période. La présentation des oeuvres s’articule autour du paravent et du kiosque. Le paravent est lié au vêtement, on se réfugie derrière, on apparaît devant, c’est un écrin à taille humaine. Architecturalement, c’est un support en deux dimensions qui se développe dans l’espace, tout comme le tissu prend vie sur le volume du corps. Pour cette époque, c’est un élément qui rappelle la décomposition de l’espace, le cubisme et l’architecture modulaire. Il en va de même du kiosque, élément géométrique distinct, cellule autonome. Il a beaucoup été utilisé comme pavillon éphémère dans les expositions universelles, symbole de la boutique construite dans un but de représentation.

    En combinant ces deux éléments, les couloirs de paravents et l’enchevêtrement de kiosques, complétés par de grandes projections aériennes scintillantes et argentées, nous provoquons des points de vue accidentels, propres à favoriser la rencontre avec les oeuvres. L’éclairage de faible intensité, pour des raisons de conservation, reprend celui des devantures de magasins brillant dans la nuit, tels des lampions de fête.

    Les prémices

    Agnès, vers 1925. Robe du soir en satin et en tulle de soie rose, broderies de strass et fils métalliques. Les Années folles à Galliera © Stéphane Piera / Galliera / Roger-ViolletLa mode des années 20 consacre la libération du corps de la femme. Cette libération, dont Fortuny et Poiret sont les ardents défenseurs, se dessine en France dès le début du siècle, réactualisant le mouvement de réforme né en Angleterre vers 1880 ; les préraphaélites avaient tenté de transformer le vêtement et de supprimer le corset. En Autriche, la Sécession viennoise avait poursuivi le même objectif.

    C’est à partir de 1906 que Mariano Fortuny, artiste d’origine espagnole installé à Venise, peintre, graveur, photographe, designer se tourne vers le textile. Imprégné d’influences multiples dont l’Antiquité mais aussi le Moyen Âge et la Renaissance, Fortuny s’attache à la souplesse du vêtement sans taille, en créant des pièces sobres et intemporelles, aux lignes droites, parfaitement adaptées aux formes du corps qu’elles révèlent. Ainsi, la robe «Delphos», qui tire son nom de l’Aurige de Delphes, s’inspire du chiton ionien. Coupée dans une soie unie, finement plissée, elle reflète l’engouement pour la Grèce dont Isadora Duncan se fait alors l’interprète. Le succès de cette robe, brevetée en 1909, de taille unique, et dont le décolleté et les manches font l’objet de subtiles variantes, ne se dément pas durant plus de 40 ans auprès de l’élite mondaine avide de modernité.

    Paul Poiret ouvre sa maison en 1903, rue Auber, puis rue Pasquier, avant de s’installer en 1909 avenue d’Antin. Denise, qu’il épouse en 1905, est son inspiratrice et son mannequin privilégié. Elle le restera jusqu’en 1928, date de leur séparation. Pour cette femme indépendante qui bat en brèche les canons de la mode sont créées d’innombrables tenues où s’affirme la volonté du couturier de libérer le corps. En 1906 Denise Poiret porte ainsi des robes étroites, à la taille très haute, de ligne Directoire. Une large ceinture intérieure en gros grain a remplacé le corset, dont Poiret est l’adversaire.

    Une garde-robe adaptée aux circonstances

    Suzanne Talbot, 1927. Robe du soir en crêpe et mousseline de soie, frange de cordonnets, fils métalliques or. Les Années folles à Galliera © Ph. Ladet et Cl. Pignol / Galliera / Roger-ViolletLe dancing. Ces années raffolent de la robe à danser qui accompagne le mouvement sans l’entraver. Décolletée, sans manches, elle est de forme droite dite tubulaire- l’aisance est donnée à partir de la taille abaissée au niveau des hanches par des astuces de coupe : quilles, panneaux flottants, fentes et franges. La sobriété de sa ligne contraste avec la richesse de son décor brodé de fils d’or, d’argent, de strass, de perles, de pierreries qui étincèlent de mille feux. Certaines de ces broderies dessinent des bijoux en trompe-l’oeil – sautoirs, ceintures… De 1925 - à l’apparition du charleston en France - à 1927, l’accélération des rythmes de la danse va de pair avec le raccourcissement de la robe pour atteindre le genou.

    Le petit soir.
    Les soirées mondaines, au théâtre, au restaurant, au casino autorisent un déploiement d’élégance dont les modèles de la petite galerie donnent un aperçu. Les tenues du soir se déclinent à partir de 1922-1923 en ensembles raffinés, robe et manteau. Parfois accessoires et tenue sont assortis tandis que la doublure du manteau est taillée dans la même étoffe que la robe… En 1926 apparaît la dalmatique, manteau intermédiaire et sans manches, assorti à la robe et que l’on peut garder lors d’un dîner au restaurant.

    Le grand soir. La robe longue - souvent prolongée d’une traîne - est de mise lors des «galas de mode» (au cours desquels un défilé de mannequins présentait les dernières créations des maisons de haute couture) et lors de nombreux galas de bienfaisance organisés après guerre. Dans leurs colonnes, les chroniqueurs mondains détaillaient les modèles de haute couture que lançaient les invités du Tout-Paris et les mannequins.

    Les accessoires du soir. Diadèmes et coiffures du soir, perruques de couleur, longs sautoirs, éventails, réticules et pochettes, bas brodés de paillettes, chaussures aux talons de strass viennent rehausser les tenues de leur éclat.

    Le jour sportswear. La mode des années 20 introduit des «valeurs» appelées à devenir celles du siècle. Dynamisme, jeunesse, minceur, deviennent de nouvelles exigences que martèlent les publicités. La femme conquiert une liberté gestuelle à l’égal de celle des hommes. C’est ainsi que les couturiers font du mouvement un des fondements de leur coupe et de la maille un matériau aussi noble que la soie. (La maille était jusque-là réservée à la bonneterie). Ils créent des tenues de jour, de villégiature et de sport éclatantes de modernité. C’est un paradoxe de ces années où la simplicité du jour contraste avec la sophistication du soir. Confort, sobriété des matériaux - crêpe et jersey de soie ou de laine - s’opposent à la délicatesse, la fragilité des lamés, des mousselines du soir. Ainsi l’ensemble en maille - sweater et jupe – devient-il l’uniforme porté par toutes les femmes depuis le matin jusqu’à la fin d’après-midi. Les couturiers marquent une prédilection pour les motifs géométriques et les couleurs contrastées. En 1916, ayant récupéré un stock du fabricant de jersey Rodier, Chanel produit des tailleurs qui marqueront à jamais l’histoire de la mode.

    Le jour habillé. La fin de l’après-midi marque une rupture dans la journée d’une élégante. Le costume de sport fait place à une tenue habillée et que l’on peut garder pour se rendre à un cocktail, à un dîner ou au théâtre. On s’habille de même pour aller aux courses. Il est parfois difficile de distinguer ces modèles habillés de ceux du soir car, vers 1925, les nuances tendent à s’atténuer. «Le lamé ne connaît plus aucune retenue et s’impose même de jour», constate alors la Gazette du Bon Ton. Jusqu’alors réservé au deuil, le noir devient, sous les doigts de Chanel, symbole du chic. C’est en 1926 que le Vogue américain baptise la petite robe noire «la Ford de Chanel». Le succès est foudroyant. Promise à un long avenir, la petite robe noire opère la synthèse entre élégance et sobriété.

    L'influence du vestiaire masculin

    Jérôme, 1923. Robe du soir en satin de soie noir brodé de fils Dior. Les Années folles à Galliera © L.Degrâces et P. Ladet/ Galliera / Roger-ViolletL’influence du vestiaire masculin sur la garde-robe féminine. Le goût toujours plus affirmé de la femme moderne pour les tenues de sport contribue à estomper les frontières entre le vestiaire masculin et la garde-robe féminine. Dès 1923, hommes et femmes portent des chandails similaires. La cravate est si appréciée que l’on en fait des trompe-l’oeil en maille. La vogue du pyjama se répand vers 1923-1924. Sous un manteau d’intérieur, le pyjama est réservé à l’intimité. Les élégantes - en villégiature - l’adoptent rapidement comme tenue de plage. La haute couture crée des pyjamas de plus en plus raffinés.

    La garçonne. (cf. l’extrait du texte de Christine Bard p. 20). Figure emblématique des années 20, la garçonne* est une femme émancipée et rebelle, aux moeurs libérées. Dans une acception plus large, c’est une femme à la mode, à la silhouette jeune, plate et androgyne, active et sportive, éprise de mouvement, de liberté et de danse, qui conduit son automobile et fume la cigarette. Avec ses tenues sobres et masculines le jour, ultra féminines le soir, la garçonne est ambivalente. Elle ouvre la voie à la femme moderne. La garçonne se coupe les cheveux courts au carré à l’instar de Colette, dès 1902, puis de Mistinguett et de Chanel pendant la guerre. Elle porte un tailleur jupe de coupe masculine, une chemise à col et à manchettes. Les accessoires : chapeau melon, noeud papillon ou cravate, gants, canne… accentuent le caractère masculin de cette panoplie. Le monocle, accessoire emblématique de l’homosexualité est d’ailleurs le nom  d’une boîte célèbre, boulevard Edgar Quinet…

    Le sport. Les maisons de couture ouvrent des rayons spécialisés pour le sport. Ainsi Lanvin en 1923, Patou avec «le coin des sports» en 1925, Lelong, Vionnet, Worth, Schiaparelli ou Régny. Les femmes émancipées multiplient les activités. Cette tendance favorise les similitudes entre modèles masculins et féminins. Les golfeuses portent une jupe de lainage, parfois une jupe-culotte, un sweater de jersey, une cravate, des bas de laine et un chapeau de feutre. La maille est le matériau le plus adapté aux maillots de bain. Leur ligne est masculine. Les deux-pièces sont composés d’un jumper long, rayé ou à motifs, et d’une culotte unie et ceinturée. Les maillots une-pièce jouent le contraste entre haut décoré et bas uni. Dans les stations de ski à la mode les élégantes portent la culotte resserrée sous le genou ou le pantalon de ski (la jupe est encore portée pour le patinage). Gants, bonnet, écharpe, chaussettes de teintes vives sont assortis à des chandails très colorés.

    L’exposition de 1925 (cf. le texte de Hélène Guéné p. 19). En 1925, l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes est organisée à Paris, dans le but de fonder la création d’un art nouveau adapté à la vie moderne, tout en soulignant la supériorité de la France face aux mouvements artistiques qui se sont progressivement développés dans les pays voisins. La mode s’insère parfaitement dans ce projet, l’exposition veut rappeler que Paris reste la capitale de l’élégance et du goût. Elle est divisée en 5 groupes : Architecture, Mobilier, Parure, Arts du théâtre, de la rue et des jardins et Enseignement. Vêtements sont classés dans le troisième groupe, Parure. Élevés au rang d’arts décoratifs, les arts de la mode revendiquent une place à la hauteur des enjeux économiques qu’ils génèrent. Avec la Rue des boutiques sur le Pont Alexandre III, les péniches de Paul Poiret sur la Seine, le Pavillon de l’Élégance sur le cours La Reine, le Grand Palais où sont regroupés les stands du groupe III-Parure ainsi que des défilés de mannequins au pavillon Pomone, la mode envahit tous les espaces de l’exposition.

    Parfums, cosmétiques, broderies

    Les Années folles à GallieraLes parfums et cosmétiques (cf. l’extrait du texte de Florence Muller p. 24). Reflets d’une mutation du mode de vie, les canons de la beauté changent. Il convient désormais d’être svelte et jeune pour être à la mode, le maquillage devient synonyme d’élégance. Crèmes de beauté et cosmétiques connaissent une véritable explosion, les marques rivalisent d’ingéniosité et déposent des brevets. La haute couture propose lignes de maquillage et parfums : en 1921 Chanel lance le N°5, en 1925 Guerlain commercialise Shalimar, Lanvin My Sin…

    Les broderies. Six détails de robes illustrent différentes techniques de broderies. Un diaporama présentant une cinquantaine de macrophotographies de broderies complète la démonstration.

    Les différents styles

    Paul Poiret, 1923 - Manteau de grand soir «Sésostris» en crêpe satin noir broché or, velours orange. Les Années folles à Galliera. © R. Briant et L. Degrâces /Galliera / Roger-ViolletLes styles mode et art. Les liens noués avant-guerre entre couturiers et artistes ou personnalités des Arts décoratifs tels Paul Poiret et Raoul Dufy se renforcent au cours des années 20 avec Jeanne Lanvin et Armand-Albert Rateau, Madeleine Vionnet et Ernesto Thayath, Charles Frédéric Worth ou Madame Agnès et Jean Dunand. Appliquant au textile ses recherches picturales tout comme celles de Robert Delaunay, Sonia Delaunay réalise en 1913 sa première robe «simultanée», assemblage de tissus de formes géométriques aux couleurs contrastées. Composition, couleurs et coupe sont liées. Le succès de ses créations l’amène à ouvrir son propre atelier sous l’enseigne «Sonia» et à déposer la marque «Simultané» en 1925. Elle édite ses premiers tissus imprimés. À l’Exposition de 1925, Sonia Delaunay présente avec Jacques Heim tenues, accessoires et tissus dans la «boutique simultanée» du pont Alexandre III. En 1926, elle dessine les costumes et les décors des films, Le Vertige de Marcel l’Herbier et Le P’tit Parigot de René Le Somptier. Entre 1922 et 1926 Natalia Gontcharova travaille pour la maison de couture Myrbor. Marqué par sa collaboration avec Diaghilev, son travail met en oeuvre applications et broderies aux couleurs vibrantes. Le décor lamé or d’une robe du soir, plus figuratif, relève de l’esthétique art déco. Myrbor présente des modèles à l’Exposition de 1925.

    Modernité. Logique constructive, rigueur formelle, économie de moyens : telles sont les valeurs de «l’esprit moderne» auxquelles adhèrent Lucien Lelong et Madeleine Vionnet. Ainsi, Lelong proclame-t-il en 1925 : «En matière de mode une seule époque est intéressante : celle où nous vivons. Une seule psychologie doit entrer en ligne de compte : celle de la vie moderne.» «Chacun de mes modèles est préparé en analysant l’effet qu’il produira en mouvement.» «Envisageant l’élément décoratif comme simple accessoire, je concentre toute mon attention sur la technique de la coupe» affirme-t-il en 1926. L’emploi du biais, dont elle exploite toutes les possibilités, et des incrustations permet à Madeleine Vionnet d’exalter le corps en volume et de réinventer le vêtement. Son travail - proche de la sculpture - échappe aux courants de la mode et lui vaut une place à part. Ses créations, d’une grande sobriété, lui apportent le succès dès 1912 et révèlent une savante maîtrise de la coupe. «Ses robes réalisent au premier chef l’expression de notre temps, synthèse harmonieuse de la pureté classique des lignes et du sens moderne de la couleur» note la Gazette du Bon Ton en 1924.

    Art déco. Né avant la Grande Guerre, le style Art déco, terme qui n’apparaît que dans les années 1960, est à son apogée lors de l’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925. Synthèse de multiples tendances, ce style connaît une diffusion internationale. L’éclectisme en est la caractéristique majeure. La mode reflète cet éclectisme au plus haut degré. Les décors à motifs végétaux - en particulier la rose «Iribe» - et animaliers sont parmi les plus courants. Pour la première fois, la représentation de l’eau et de la lumière est prédominante sous forme de jets d’eau, de rayons lumineux et d’éclairs qui étincellent comme autant de feux d’artifices. Les motifs géométriques sont récurrents. Le rythme des lignes circulaires ou brisées exprime le mouvement, la vitesse…

    Les sources d’inspiration.
    L’imagination des couturiers est sans bornes, leur soif d’exotisme sans limites : les décors brodés, les motifs des textiles et la dénomination des modèles en sont le reflet. Les sources d’inspiration sont multiples, parfois entremêlées. Cette frénésie d’accumulations, de croisements, ne doit rien à l’esprit moderne.

    Historicisme. La volonté de modernité n’empêche pas les couturiers de s’inspirer des décors et des modes d’autrefois. Ainsi, le style Louis XV - apothéose de l’art français - est la source d’inspiration majeure. On conserve la nostalgie de la robe à la française qui devient, sous les doigts de Jeanne Lanvin et de Boué Soeurs, la «robe de style».

    Musée, mode d'emploi

    Musée Galliera. 10, avenue Pierre 1er de Serbie. 75116 Paris.
    Tél.: 01 56 52 86 00. Site internet:
    www.galliera.paris.fr

    http://cultureetloisirs.france2.fr/mode/expos/35255664-fr.php
  • Un Cœur sous une soutane(pour le jeudi poésie du défi 241 des Croqueurs de mots)

    Pour les jeudis en poésie des 19 et 26 novembre :

    Dans l’ordre que nous voudrons, nous écrirons ou nous choisirons

    des poèmes portant sur les deux thèmes suivants :

    Un doux zéphir

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    Un vent mauvais (comme celui de Verlaine).

     

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    - Intimités d'un séminariste. -

    O Thimothina Labinette ! Aujourd'hui que j'ai revêtu la robe sacrée, je puis rappeler la passion, maintenant refroidie et dormant sous la soutane, qui l'an passé, fit battre mon cœur de jeune homme sous ma capote de séminariste !...

    1er mai 18...

    ... Voici le printemps. Le plant de vigne de l'abbé*** bourgeonne dans son pot de terre : l'arbre de la cour a de petites pousses tendres comme des gouttes vertes sur ses branches ; l'autre jour, en sortant de l'étude, j'ai vu à la fenêtre du second quelque chose comme le champignon nasal du sup***. Les souliers de J*** sentent un peu ; et j'ai remarqué que les élèves sortent fort souvent pour... dans la cour ; eux qui vivaient à l'étude comme des taupes, rentassés, enfoncés dans leur ventre, tendant leur face rouge vers le poêle, avec une haleine épaisse et chaude comme celle des vaches ! Ils restent fort longtemps à l'air, maintenant, et, quand ils reviennent, ricanent, et referment l'isthme de leur pantalon fort minutieusement, - non, je me trompe, fort lentement, - avec des manières, en semblant se complaire, machinalement, à cette opération qui n'a rien en soi que de très futile...

    2 mai.

    Le sup*** est descendu hier de sa chambre, et, en fermant les yeux, les mains cachées, craintif et frileux, il a traîné à quatre pas dans la cour ses pantoufles de chanoine !...

    Voici mon cœur qui bat la mesure dans ma poitrine, et ma poitrine qui bat contre mon pupitre crasseux ! Oh ! je déteste maintenant le temps où les élèves étaient comme de grosses brebis suant dans leurs habits sales, et dormaient dans l'atmosphère empuantie de l'étude, sous la lumière du gaz, dans la chaleur fade du poêle !... J'étends mes bras ! je soupire, j'étends mes jambes... je sens des choses dans ma tête, oh ! des choses !...

    4 mai...

    ... Tenez, hier, je n'y tenais plus : j'ai étendu, comme l'ange Gabriel, les ailes de mon cœur. Le souffle de l'esprit sacré a parcouru mon être ! J'ai pris ma lyre, et j'ai chanté :

    Approchez-vous,
    Grande Marie !
    Mère chérie ! Du doux Jhésus !
    Sanctus Christus !
    O vierge enceinte
    O mère sainte
    Exaucez-nous !

    O ! si vous saviez les effluves mystérieuses qui secouaient mon âme pendant que j'effeuillais cette rose poétique ! je pris ma cithare, et comme le Psalmiste, j'élevai ma voix innocente et pure dans les célestes altitudes !!! O altitudo altitudinum !...

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    7 mai...

    Hélas ! Ma poésie a replié ses ailes, mais, comme Galilée, je dirai, accablé par l'outrage et le supplice : Et pourtant elle se meut ! - Lisez : elles se meuvent ! - J'avais commis l'imprudence de laisser tomber la précédente confidence... J*** l'a ramassée, J***, le plus féroce des jansénistes, le plus rigoureux des séides du sup***, et l'a portée à son maître, en secret ; mais le monstre, pour me faire sombrer sous l'insulte universelle, avait fait passer ma poésie dans les mains de tous ses amis !

    Hier, le sup*** me mande : j'entre dans son appartement, je suis debout devant lui, fort de mon intérieur. Sur son front chauve frissonnait comme un éclair furtif son dernier cheveu roux : ses yeux émergeaient de sa graisse, mais calmes, paisibles ; son nez semblable à une batte était mû par son branle habituel : il chuchotait un oremus : il mouilla l'extrémité de son pouce, tourna quelques feuilles de livre, et sortit un petit papier crasseux, plié...

    Grananande Maarieie !...
    Mèèèree Chééérieie !

    Il ravalait ma poésie ! il crachait sur ma rose ! il faisait le Brid'oison, le Joseph, le bêtiot, pour salir, pour souiller ce chant virginal ; Il bégayait et prolongeait chaque syllabe avec un ricanement de haine concentré : et quand il fut arrivé au cinquième vers,... Vierge enceininte ! il s'arrêta, contourna sa nasale, et ! il éclata ! Vierge enceinte ! Vierge enceinte ! il disait cela avec un ton, en fronçant avec un frisson son abdomen proéminent, avec un ton si affreux, qu'une pudique rougeur couvrit mon front. Je tombai à genoux, les bras vers le plafond, et je m'écriai : O mon père !...

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    - Votre lyyyre, ! votre cithâre ! jeune homme ! votre cithâre ! des effluves mystérieuses ! qui vous secouaient l'âme ! J'aurais voulu voir ! Jeune âme, je remarque là dedans, dans cette confession impie, quelque chose de mondain, un abandon dangereux, de l'entraînement, enfin ! -

    Il se tut, fit frissonner de haut en bas son abdomen puis, solennel :

    - Jeune homme, avez-vous la foi ?...

    - Mon père, pourquoi cette parole ? Vos lèvres plaisantent-elles ?... Oui, je crois à tout ce que dit ma mère... la Sainte Église !

    - Mais... Vierge enceinte !... C'est la conception ça, jeune homme ; c'est la conception !...

    - Mon père ! je crois à la conception !...

    - Vous avez raison ! jeune homme ! C'est une chose...

    ... Il se tut... - Puis : Le jeune J*** m'a fait un rapport où il constate chez vous un écartement des jambes, de jour en jour plus notoire, dans votre tenue à l'étude ; il affirme vous avoir vu vous étendre de tout votre long sous la table, à la façon d'un jeune homme... dégingandé. Ce sont des faits auxquels vous n'avez rien à répondre... Approchez vous, à genoux, tout près de moi ; je veux vous interroger avec douceur ; répondez : vous écartez beaucoup vos jambes, à l'étude ?

    Puis il me mettait la main sur l'épaule, autour du cou, et ses yeux devenaient clairs, et il me faisait dire des choses sur cet écartement des jambes... Tenez, j'aime mieux vous dire que ce fut dégoûtant, moi qui sais ce que cela veut dire, ces scènes-là !... Ainsi, on m'avait mouchardé, on avait calomnié mon cœur et ma pudeur, - et je ne pouvais rien dire à cela, les rapports, les lettres anonymes des élèves les uns contre les autres, au sup***, étant autorisées, et commandées, - et je venais dans cette chambre, me f... sous la main de ce gros !... Oh ! le séminaire !...

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    10 mai -

    Oh ! mes condisciples sont effroyablement méchants et effroyablement lascifs ! À l'étude, ils savent tous, ces profanes, l'histoire de mes vers, et, aussitôt que je tourne la tête, je rencontre la face du poussif D***, qui me chuchote : Et ta cithare, et ta cithare ? et ton journal ? Puis l'idiot L*** reprend : Et ta lyre ? et ta cithare ? Puis trois ou quatre chuchotent en chœur :

    Grande Marie...
    Mère chérie !

    Moi, je suis un grand benêt : - Jésus, je ne me donne pas de coups de pied ! - Mais enfin, je ne moucharde pas, je n'écris pas d'ânonymes, et j'ai pour moi ma sainte poésie et ma pudeur !...

    12 mai...

    Ne devinez-vous pas pourquoi je meurs d'amour ?
    La fleur me dit : salut : l'oiseau me dit bonjour :
    Salut ; c'est le printemps ! c'est l'ange de tendresse !
    Ne devinez-vous pas pourquoi je bous d'ivresse ?
    Ange de ma grand'mère, ange de mon berceau,
    Ne devinez-vous pas que je deviens oiseau,
    Que ma lyre frissonne et que je bats de l'aile
    Comme hirondelle ?...

    J'ai fait ces vers là hier, pendant la récréation ; je suis entré dans la chapelle, je me suis enfermé dans un confessionnal, et là, ma jeune poésie a pu palpiter et s'envoler, dans le rêve et le silence, vers les sphères de l'amour. Puis, comme on vient m'enlever mes moindres papiers dans mes poches, la nuit et le jour, j'ai cousu ces vers en bas de mon dernier vêtement, celui qui touche immédiatement à ma peau, et, pendant l'étude, je tire, sous mes habits, ma poésie sur mon cœur, et je la presse longuement en rêvant...

    15 mai. -

    Les événements se sont bien pressés, depuis ma dernière confidence, et des événements bien solennels, des événements qui doivent influer sur ma vie future et intérieure d'une façon sans doute bien terrible !

    Thimothina Labinette, je t'adore !

    Thimothina Labinette, je t'adore ! je t'adore ! laisse-moi chanter sur mon luth, comme le divin Psalmiste sur son Psaltérion, comment je t'ai vue, et comment mon cœur a sauté sur le tien pour un éternel amour !

    Jeudi, c'était jour de sortie : nous, nous sortons deux heures ; je suis sorti : ma mère, dans sa dernière lettre, m'avait dit : "... tu iras, mon fils, occuper superficiellement ta sortie chez monsieur Césarin Labinette, un habitué à ton feu père, auquel il faut que tu sois présenté un jour ou l'autre avant ton ordination..."

    ... Je me présentai à monsieur Labinette, qui m'obligea beaucoup en me reléguant, sans mot dire, dans sa cuisine : sa fille, Thimothine, resta seule avec moi, saisit un linge, essuya un gros bol ventru en l'appuyant contre son cœur, et me dit tout à coup, après un long silence : Eh bien, monsieur Léonard ?...

    Jusque là, confondu de me voir avec cette jeune créature dans la solitude de cette cuisine, j'avais baissé les yeux et invoqué dans mon cœur le nom sacré de Marie : je relevai le front en rougissant, et, devant la beauté de mon interlocutrice, je ne pus que balbutier un faible : Mademoiselle ?...

    Thimothine ! tu étais belle ! Si j'étais peintre, je reproduirais sur la toile tes traits sacrés sous ce titre : La Vierge au bol ! Mais je ne suis que poète, et ma langue ne peut te célébrer qu'incomplètement...

    La cuisinière noire, avec ses trous où flamboyaient les braises comme des yeux rouges, laissait échapper, de ses casseroles à minces filets de fumée, une odeur céleste de soupe aux choux et de haricots ; et devant elle, aspirant avec ton doux nez l'odeur de ces légumes, regardant ton gros chat avec tes beaux yeux gris, ô Vierge au bol, tu essuyais ton vase ! les bandeaux plats et clairs de tes cheveux se collaient pudiquement sur ton front jaune comme le soleil ; de tes yeux courait un sillon bleuâtre jusqu'au milieu de ta joue, comme à Santa Teresa ! ton nez, plein de l'odeur des haricots, soulevait ses narines délicates ; un duvet léger, serpentant sur tes lèvres, ne contribuait pas peu à donner une belle énergie à ton visage ; et, à ton menton, brillait un beau signe brun où frissonnaient de beaux poils follets : tes cheveux étaient sagement retenus à ton occiput par des épingles ; mais une courte mèche s'en échappait... je cherchai vainement tes seins ; tu n'en as pas : tu dédaignes ces ornements mondains : ton cœur est tes seins !... Quand tu te retournas pour frapper de ton pied large ton chat doré, je vis tes omoplates saillant et soulevant ta robe, et je fus percé d'amour, devant le tortillement gracieux des deux arcs prononcés de tes reins !...

    Dès ce moment, je t'adorai : J'adorais, non pas tes cheveux, non pas tes omoplates, non pas ton tortillement inférieurement postérieur : ce que j'aime en une femme, en une vierge, c'est la modestie sainte, ce qui me fait bondir d'amour, c'est la pudeur et la piété ; c'est ce que j'adorai en toi, jeune bergère !...

    Je tâchais de lui faire voir ma passion ; et, du reste, mon cœur, mon cœur me trahissait ! je ne répondais que par des paroles entrecoupées à ses interrogations ; plusieurs fois, je lui dis Madame, au lieu de Mademoiselle, dans mon trouble ! Peu à peu, aux accents magiques de sa voix, je me sentais succomber ; enfin je résolus de m'abandonner, de lâcher tout ; et, à je ne sais plus quelle question qu'elle m'adressa, je me renversai en arrière sur ma chaise, je mis une main sur mon cœur, de l'autre, je saisis dans ma poche un chapelet dont je laissai passer la croix blanche, et, un œil vers Thimothine, l'autre au ciel, je répondis douloureusement et tendrement, comme un cerf à une biche :

    - Oh ! oui ! Mademoiselle... Thimothina !!!!

    Miserere ! miserere ! - Dans mon œil ouvert délicieusement vers le plafond tombe tout à coup une goutte de saumure, dégouttant d'un jambon planant au-dessus de moi, et, lorsque, tout rouge de honte, réveillé dans ma passion, je baissai mon front, je m'aperçus que je n'avais dans ma main gauche, au lieu d'un chapelet, qu'un biberon brun ; - ma mère me l'avait confié l'an passé pour le donner au petit de la mère chose ! - De l'œil que je tendais au plafond découla la saumure amère : - mais, de l'œil qui te regardait, ô Thimothina, une larme coula, larme d'amour, et larme de douleur !...

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    Quelque temps, une heure après, quand Thimothina m'annonça une collation composée de haricots et d'une omelette au lard, tout ému de ses charmes, je répondis à mi-voix : - J'ai le cœur si plein, voyez-vous, que cela me ruine l'estomac ! - Et je me mis à table ; oh ! je le sens encore, son cœur avait répondu au mien dans son appel : pendant la courte collation, elle ne mangea pas : - Ne trouves-tu pas qu'on sent un goût ? répétait-elle ; son père ne comprenait pas ; mais mon cœur le comprit : c'était la Rose de David, la Rose de Jessé, la Rose mystique de l'écriture ; c'était l'Amour !

    Elle se leva brusquement, alla dans un coin de la cuisine, et, me montrant la double fleur de ses reins, elle plongea son bras dans un tas informe de bottes, de chaussures diverses, d'où s'élança son gros chat ; et jeta tout cela dans un vieux placard vide ; puis elle retourna à sa place, et interrogea l'atmosphère d'une façon inquiète ; tout à coup, elle fronça le front, et s'écria :

    - Cela sent encore !...

    - Oui, cela sent, répondit son père assez bêtement : (il ne pouvait comprendre, lui, le profane !)

    Je m'aperçus bien que tout cela n'était dans ma chair vierge que les mouvements intérieurs de sa passion ! je l'adorais et je savourais avec amour l'omelette dorée, et mes mains battaient la mesure avec la fourchette, et, sous la table, mes pieds frissonnaient d'aise dans mes chaussures !...

    Mais, ce qui me fut un trait de lumière, ce qui me fut comme un gage d'amour éternel, comme un diamant de tendresse de la part de Thimothina, ce fut l'adorable obligeance qu'elle eut, à mon départ, de m'offrir une paire de chaussettes blanches, avec un sourire et ces paroles :

    - Voulez-vous cela pour vos pieds, Monsieur Léonard ?

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    16 mai -

    Thimothina ! je t'adore, toi et ton père, toi et ton chat :

    Thimothina :

    ...Vas devotionis,
    Rosa mystica,
    Turris davidica,    Ora pro nobis !
    Coeli porta,
    Stella maris,

    17 mai. -

    Que m'importent à présent les bruits du monde et les bruits de l'étude ? Que m'importent ceux que la paresse et la langueur courbent à mes côtés ? Ce matin, tous les fronts, appesantis par le sommeil, étaient collés aux tables ; un ronflement, pareil au cri du clairon du jugement dernier, un ronflement sourd et lent s'élevait de ce vaste Gethsémani. Moi, stoïque, serein, droit, et m'élevant au-dessus de tous ces morts comme un palmier au-dessus des ruines, méprisant les odeurs et les bruits incongrus, je portais ma tête dans ma main, j'écoutais battre mon cœur plein de Thimothina, et mes yeux se plongeaient dans l'azur du ciel, entrevu par la vitre supérieure de la fenêtre !...

    - 18 mai :

    Merci à l'Esprit Saint qui m'a inspiré ces vers charmants : ces vers, je vais les enchâsser dans mon cœur ; et, quand le ciel me donnera de revoir Thimothina, je les lui donnerai, en échange de ses chaussettes !...

    Je l'ai intitulée La Brise :

    Dans sa retraite de coton
    Dort le zéphyr à douce haleine :
    Dans son nid de soie et de laine :
    Dort le zéphyr au gai menton !

    Quand le zéphyr lève son aile
    Dans sa retraite de coton,
    Quand il court où la fleur l'appelle,
    Sa douce haleine sent bien bon !

    O brise quintessenciée !
    O quintessence de l'amour !
    Quand la rosée est essuyée,
    Comme ça sent bon dans le jour !

    Jésus ! Joseph ! Jésus ! Marie !
    C'est comme une aile de condor
    Assoupissant celui qui prie !
    Ça nous pénètre et nous endort !

    La suite là-bas

    La littérature comme tout(s) ce (ux) que j’aime (2 e partie de ce blog)

    Et que j'évoque dans ce blog 

    Inspire ce que j’écris (1 ère partie de ce blog)

    Dont mes 14 livres à acheter et offrir pour NOEL

    En passant par les bannières sur ce blog

  • Bassin loufoque.Là où Alphonse allait...

    Une lignée de pharmaciens lascars, des peintres de plein air et un pataphysicien du nom d'Alphonse Allais: Honfleur n'est pas un port aussi tranquille qu'il y paraît. Le vent du large souffle aussi sous les crânes.

     

     

    «Hiour môdeu iz il, aille tinnk?» (Votre mère est malade, je pense?). «Houair âr Robeut ann Pol? Dé âr inn de gâdenne» (Où sont Robert et Paul? Ils sont dans le jardin). L'auteur de la méthode la plus rapide du monde pour apprendre à parler anglais avec un pur accent tout en restant chez soi, M. Démarais, chimiste de 1re classe, directeur du «Journal des écrasés de la nation», était décidément un bien curieux paroissien. Mais les Honfleurais ont depuis belle lurette l'habitude des têtes folles. Friand de décorations, Paul Démarais revêtait sans se faire prier le grand cordon de l'ordre du Mérite humain, combattait l'oisiveté volontaire et faisait acte de candidature à la présidence de la République en 1939. L'illustre Popaul, défenseur des ouvriers et des petits commerçants, poujadiste avant la lettre, haranguait la foule honfleuraise de son balcon, place Hamelin. On raconte qu'il attirait le chaland en distribuant des sucreries aux enfants, des sandwiches aux nécessiteux et des billets de 5 francs aux électeurs potentiels: un ancêtre de Papv Dassault. Dans les années 1930 et 1940, la popularité du pharmacien était immense autour du Vieux Bassin. Comme nombre de politiciens actuels, il avait une idée sur toute chose et en toutes circonstances. Pour la suppression du chômage, il prônait la diminution du nombre d'heures de travail pour occuper plus de monde et faire fondre d'autant le chiffre des chômeurs. Un pionnier de la semaine de 35 heures. Quant à la natalité galopante, ce brave homme n'était pas si éloigné de la «Modeste proposition» de Jonathan Swift: les enfants ne sont jamais meilleurs que mitonnes à la marinière... Paul Démarais était une boîte à idées ambulante: non seulement il connaissait la parade contre les comédons et les couperoses, mais il n'avait pas son pareil pour éclaircir la voix des ténors, empêcher les cheveux de blanchir et écouter pousser ses ongles. Sa théorie sur la formation de la rosée matinale faisait autorité. Bref, le sieur Démarais passait pour un homme providentiel. C'est tout juste si on ne lui imputait point la richesse picturale et littéraire d'Honfleur.



    Il est vrai que toute la vie artistique du Vieux Bassin se refléta dans les bocaux multicolores de bonbons pour la toux. Chaque rimailleur, chaque aquarelliste du dimanche passa au moins une fois tirer le cordon nocturne de la pharmacie du Passocéan, 6, place Hamelin. Les habitués de la Croix Verte sont légions. Qui pour un herpès fessier, qui pour un début de phlébite, qui pour des migraines persistantes. Pharmacien en Normandie, une vocation, presque un sacerdoce, comment ne pas penser à cet autre potard illustre immortalisé par Flaubert et dont le nom rime avec Allais, justement?

    «MERVEILLEUX NUAGES»
    Les jeux de lumière de l'estuaire, le fantasque firmament normand fixèrent nombre de peintres célèbres aux colombages d'Honneur, comme des phalènes sur les pare-brise des premières limousines. Corot et Isabev furent les premiers à y séjourner. C'était le début de la peinture «de plein air», ce furent aussi les prémisses du tourisme. Puis défilèrent, leurs inséparables albums de croquis sous le bras, Daubigny, Bazille, Sisley.Whistier.Vallotton, Marquet et tant d'autres. Ils parcouraient la Seine, toute en entourloupes, jusqu'à la mer. Honneur était au bout, c'était le meilleur gîte, c'était la meilleure table. Le séraphique Eugène Boudin initia Monet au chevalet et créa au mitan du XIXe siècle le berceau du mouvement impressionniste chez la mèreToutain, aujourd'hui Ferme Saint-Siméon. Lui seul savait peindre les cieux rapides du littoral, ces «merveilleux nuages» que sut capter plus tard le regard désenchanté de Françoise Sagan, une habituée de la Côte de Grâce. En son temps, Charles Baudelaire, grand admirateur de la facture de Boudin, fut le meilleur prosélyte de la cité: «Mon installation à Honfleur a toujours été le plus cher de mes rêves», clamait-il aux terrasses fleuries. Il séjourna dans le pavillon de sa génitrice, la générale Aupick, au-dessus de la rue de l'Homme-de-Bois. Souvent, il passait à la pharmacie quémander un chouïa d'opium. L'apothicaire restait inflexible. Plus tard, les poètes Henri de Régnier et Lucie Delarue-Mardrus louèrent à leur tour le charme unique de ce doux talisman niché dans un écrin de verdure qui hésita et hésite encore entre le bocage et la mer. Honfleur: son vieux bassin, ses colombages, son microclimat. «En été, il y fait rudement chaud pour une si petite ville.» L'échoppe de la pharmacie du Passocéan était ouverte jour et nuit. Sur la vitrine, ce carton: «Malgré qu'elle soit fermée à 2 heures, il faut sonner sans crainte de déranger, si le cas présente un caractère de quelque urgence.»



    A ses patients qui voulaient se rendre en Angleterre, M. Démarais proposait le Passocéan, un remède radical contre le mal de mer. M. Démarais avait réponse à tout. Au siècle précédent, enfin celui de la vapeur, la famille Allais fut la reine de l'herboristerie. Dans cette même officine, elle avait succédé à M. Lemercier, lui-même héritier de M. Hamelin, fondateur de la pharmacie. La maison avait excellente réputation, le négoce était prospère, les ordonnances amoureusement concoctées.

    Alphonse Allais est né là, le 20 octobre 1854, en même temps que Rimbaud et que l'éclairage au gaz. Il faillit bien suivre la carrière paternelle. Il y commença même distraitement une formation de préparateur avant de «monter» à Paris où, par bonheur pour la famille des humoristes, il préféra narrer les mésaventures de l'abbé Charnel ou de l'ingénieur Elie Coïdal, pour devenir bientôt la plus grande force de frappe comique hexagonale de la fin du XIXe siècle. Pendant ses tendres années, c'est un long rêveur blond filasse, un éphèbe aux yeux bleus souvent pleins d'une extase effarée. S'il n'avait écouté que ses sentiments, c'était dans l'azur infini qu'il aurait passé le plus clair de son temps, mais une famille inexorable - la sienne, précisément - avait exigé qu'il vécût dans un milieu moins vague, et il était écrit qu'il devait devenir pharmacien... «La vérité, c'est que je considère la vie comme beaucoup trop provisoire pour être jamais prise au sérieux, et pas assez facétieuse pour inspirer de rires allégresses. Alors, quoi!» Au pied du robuste clocher Sainte-Catherine en bardeaux de châtaignier, Alphi ne se souciait pas du grand large et de ses steamers, il préférait de beaucoup les étangs d'absinthe et les lagons d'eau-de-vie. Ses décoctions préférées se nommaient à-peu-près, vers holorimes et sentences détergentes. «La mer aussi a l'fond salé...» Naquirent donc aussi à Honfleur Lucie Delarue-Mardrus, dont le mari traduisit le premier «les Mille et Une Nuits», et Henri de Régnier, dont la femme fut, entre autres, célèbre pour sa liaison avec Pierre Louÿs.

    On raconte qu'une sirène particulièrement gironde a pris pension à l'entrée du Vieux Bassin.

    La pharmacie du Passocéan est riveraine de la Lieutenance, ancienne porte de Caen, cible préférée de tous les rapins de Haute- et Basse-Normandie, et du Vieux Bassin avec ses pignons écaillés et ses porches à pans de bois d'où sont partis caravelles, frégates, goélettes, terre-neuvas, grands capitaines, corsaires et pêcheurs. C'est d'ici que Samuel Champlain s'embarqua en 1608 pour fonder le Québec. C'est là qu'en 1832, face aux greniers à sel, Frédéric Sauvage fit ses premiers essais de bateau à hélice. On rapporte aussi, selon messire François Rabelais, que c'est dans le Bassin «d'Honnefleur» que Pantagruel fit trempette avant de mettre le cap vers le royaume d'Utopie. Autant de doux dingues sur leurs engins bizarres.

    PHARMACIE BURLESQUE
    Les marins d'Honfleur, c'est bien connu, ne se soignent jamais. Ou alors quand ils ont déjà un pied dans le gouffre. Quand la vase est reposée, ils ne rendent visite à l'officine que pour faire vérifier la trousse médicale légale de leur bateau. Ils se nomment Gigot d'Bouf, le Sioux, le Sueur, Sans Bite, Ti Tonneau, etc. Ils sont spécialisés dans la crevette grise ou les coquilles Saint-Jacques, ils luttent pour que leur port d'attache ne devienne jamais un gros bourg touristique aux volets clos. Reste l'hypocondrie des Parisiens sur le retour, des «cheveux bleus», vieux fonds de commerce de tous les bobologues de la planète et de ceux d'Honfleur particulièrement.
    Aujourd'hui, Daniel et Pierre Barré, père et fiston, perpétuent la loufoquerie de cette longue saga de pharmaciens. En vitrine de leur pimpante échoppe, chaque ler avril, entre élixirs, suspensoirs, sirops, sinapismes, liniments, ils proposent à leurs chers valétudinaires des préservatifs en dentelle, un crâne d'Alphonse Allais à 16 ans, un sirop purgatif du Captain Cap, des tasses pour gauchers atteints de la maladie de Parkinson, des boîtes de vingt doses d'eau bénite de Lourdes. Toute la magie de ce vieux monde tient dans un mouchoir de poche, baignée par les fragrances de camphre et les reflets irisés des vieux gréements.

    Ici, la vie est ineffablement bonne et douée. Tout y concourt. L'huître, la poésie, le goéland et la pomme. Dans les cailloutis, la limite du flot se ponctue par le liseré noir du varech. Les chalutiers dorment de guingois. Au large de la grève, une flottille de périssoires joue les funambules. Les derniers pêcheurs s'habillent en messieurs de la ville, avec longues redingotes et chapeaux ronds. Les citadins, eux, s'affublent en forbans emmaillotés de goémon. Tout cela se coudoie avec le minimum de tolérance. On vocalise, on gazouille, on solfie, c'est merveille, le soir à la fraîche, d'entendre les trilles des cantatrices débutantes faire la nique aux rossignols et se répondre de pergolas en charmille.

    A l'ombre des jeunes filles d'Honneur, dans les ourlets de la Manche, quand les mouettes crient comme des cabestans, les pèlerins du non-sens ne cessent d'affluer. Connaissez-vous leur dernière élucubration? Pour ne pas être en reste sur les vaticinateurs phocéens et leur légendaire «Sardine» qui boucha le Vieux Port, il se colporte à l'envi qu'une sirène à la voix de rogomme, particulièrement gironde (bien que ce ne soit pas son département d'origine), a pris pension à l'entrée du Vieux Bassin et fait commerce nuitamment de ses charmes dodus avec les plaisanciers qui n'ont pas eu le temps de lire Homère. Allaisluia!

     

    Patrice Delbourg
    Le Nouvel Observateur

    http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/supplement/p2228_2/articles/a350712-là_où_alphonse_allait.html 

    13/08/2007 02:50

  • Qu'est-ce qu'une statue-menhir ?

    Statue-menhir, provenant de Tauriac (2) - Non applicable

    Une statue-menhir est une sculpture fichée en terre dont la forme générale, à bords parallèles et partie supérieure arrondie, fait penser à un menhir, d'où son nom. La surface est sculptée en bas-relief ou gravée, de façon à représenter des personnages féminins ou masculins.

    Les figures sont reproduites en pied, les jambes droites, la taille marquée par une ceinture. Les bras repliés sur le buste sont prolongés dans le dos par des omoplates en forme de crosse. Les traits du visage sont simplifiés : seuls les yeux et le nez sont tracés, ainsi que des tatouages en forme de traits parallèles sur les joues ; il est très rare que la bouche soit dessinée. Souvent, les corps sont revêtus d’un grand manteau aux lourds plis parallèles.

    Selon leur sexe, les statues-menhirs portent des attributs différents. Les femmes ont des seins en forme de boutons, des colliers à plusieurs rangs autour du cou et des cheveux tirés en arrière. Les hommes portent des armes (arc, flèche, hache) et un baudrier disposé en travers de la poitrine, maintenu à l’arrière par une bretelle qui rejoint la ceinture. Un accessoire de forme triangulaire et pourvu d’un anneau y est suspendu. Cet ustensile étant difficilement identifiable, certains archéologues lui ont donné le nom d’ ”objet ”.

    Les statues-menhirs complètes conservées au musée Fenaille mesurent entre 0,85 m et 2,10 m de haut. Leur poids varie de 90 à 870 kg.
    La datation des statues-menhirs rouergates est délicate, car toutes ont été retrouvées isolées en pleine nature, sans rien qui permette d’en préciser la chronologie. Toutefois, en comparant certains attributs figurés sur les statues avec des objets trouvés en fouille, on peut proposer avec vraisemblance une fourchette couvrant la période comprise entre 3 300 et 2 200 av. J.C.

    Les statues-menhirs sont contemporaines, sinon légèrement antérieures aux pyramides d’Égypte, bâties autour de 2 600 avant notre ère.

    Où trouve-t-on des statues-menhirs ?

    Les statues-menhirs appartiennent à la famille des représentations anthropomorphes de grand format, érigées entre le milieu du IVe et la fin du IIIe millénaire avant notre ère, et disséminées sur tout le pourtour nord de la Méditerranée.
    Le sud de la France connaît une grande concentration de figures anthropomorphes, essentiellement en Rouergue, en Languedoc et en Provence. Les statues-menhirs corses sont bien plus récentes (elles datent de l’Age du Bronze, IIe millénaire av. J.C.).

    Le groupe Rouergat

    C'est un archéologue aveyronnais, l'abbé Hermet, qui est considéré comme " l'inventeur " des statues-menhirs. La découverte fortuite de la “Dame de Saint-Sernin”, en 1888, va le pousser à rechercher d’autres dalles sculptées, qu’il étudie et fait connaître à la communauté scientifique, entre 1892 et 1926. Le nom de statue-menhir, créé par l'abbé Hermet, apparaît en 1898 dans un article du Bulletin archéologique. “ C’est une grande découverte dont les conséquences ne sont pas toutes soupçonnées ou comprises ” commenteront ses confrères. A sa suite, de nombreux savants s’intéressent à ces antiquités et leur recensement commence, en France et à l’étranger. A compter de 1940, sous l'impulsion de Louis Balsan les découvertes se multiplient dans l'Aveyron.

    Actuellement le groupe des statues-menhirs rouergates compte plus de 110 monuments répartis dans les 3 départements de l'Aveyron, du Tarn et de l'Hérault. L’aire de répartition reste limitée : le territoire occupe sensiblement un quadrilatère d’une cinquantaine de kilomètre de côté, limité au nord par la vallée du Viaur, à l’est par les Causses du Larzac, à l’ouest par une ligne qui va du confluent du Tarn et du Rance jusqu'à Mazamet (sauf pour Brassac) et au sud par le cours de l’Agout.

    L’iconographie des statues-menhirs rouergates est particulièrement remarquable. Ces stèles figurent un personnage entier, pourvu de jambes, avec face, côtés et dos sculptés. Ce sont de véritables statues.

    D’autres exemples en France

    Les statues-menhirs du Languedoc se divisent en deux groupes. Dans l'Hérault, on connaît des stèles asexuées de forme rectangulaire, ayant pour tout décor un visage en "tête de chouette", appelé ainsi en raison du dessin des sourcils et du nez en forme de « T ». Le Gard fournit des statues-menhirs féminines et masculines, avec visage, bras et collier. Certaines sont ornées d'une crosse courbée qui pourrait être l'équivalent de l'« objet » aveyronnais.

    Le groupe provençal possède des traits originaux, avec ses stèles groupées par cimetières. Leur décor se réduit à la représentation du visage, composé de deux arceaux-sourcils, séparés par le nez. Certaines portent des symboles solaires, d'autres un décor de chevrons encadrant le visage.

    Pour le reste de la France, le Bassin-Parisien et la Bretagne possèdent quelques exemples marginaux beaucoup moins importants.

    Les statues-menhirs, un phénomène européen

    En Europe occidentale, la péninsule ibérique, la Sardaigne, la Suisse et surtout l’Italie, ont livré des séries significatives.

    Un groupe considérable et bien connu de stèles anthropomorphes a été localisé en Italie entre la Ligurie et la Toscane (Lunigiana). Dans l'aire mégalithique du Val d'Aoste a été retrouvé un sanctuaire constitué d'alignements de stèles anthropomorphes, dont on a dénombré 40 exemplaires. Une autre zone de concentration importante de stèles se situe dans la partie centro-occidentale de la Sardaigne.
    A la différence des autres territoires étudiés, dans la Péninsule Ibérique, le phénomène des stèles anthropomorphes ne semble pas se concentrer au sein de zones géographiques spécifiques ; il couvre presque totalement la moitié occidentale de la péninsule.

    Dans le centre et l’Est de l’Europe le phénomène de la statuaire anthropomorphe est plus ou moins développé suivant les régions.
    En Allemagne, quelques vestiges sont localisés dans des chambres funéraires. Plus à l’est, un petit nombre d’exemplaires a été mis au jour en Bulgarie et en Grèce. L’ensemble le plus important se trouve à la limite orientale de l’Europe, sur la rive nord de la mer Noire, en Roumanie et en Ukraine. La plus importante concentration de statues-menhirs reste celle de Crimée, où les steppes d’Ukraine ont livré un ensemble de 300 stèles et statues-menhirs.

    Au Proche-Orient, les découvertes se situent sur une bande aux confins de la Turquie et de la Syrie.

    Représentations de statues-menhirs - Non applicable

    © Musée Fenaille

  • Qu'est-ce qu'une statue-menhir ?

    Statue-menhir, provenant de Tauriac (2) - Non applicable

    Une statue-menhir est une sculpture fichée en terre dont la forme générale, à bords parallèles et partie supérieure arrondie, fait penser à un menhir, d'où son nom. La surface est sculptée en bas-relief ou gravée, de façon à représenter des personnages féminins ou masculins.

    Les figures sont reproduites en pied, les jambes droites, la taille marquée par une ceinture. Les bras repliés sur le buste sont prolongés dans le dos par des omoplates en forme de crosse. Les traits du visage sont simplifiés : seuls les yeux et le nez sont tracés, ainsi que des tatouages en forme de traits parallèles sur les joues ; il est très rare que la bouche soit dessinée. Souvent, les corps sont revêtus d’un grand manteau aux lourds plis parallèles.

    Selon leur sexe, les statues-menhirs portent des attributs différents. Les femmes ont des seins en forme de boutons, des colliers à plusieurs rangs autour du cou et des cheveux tirés en arrière. Les hommes portent des armes (arc, flèche, hache) et un baudrier disposé en travers de la poitrine, maintenu à l’arrière par une bretelle qui rejoint la ceinture. Un accessoire de forme triangulaire et pourvu d’un anneau y est suspendu. Cet ustensile étant difficilement identifiable, certains archéologues lui ont donné le nom d’ ”objet ”.

    Les statues-menhirs complètes conservées au musée Fenaille mesurent entre 0,85 m et 2,10 m de haut. Leur poids varie de 90 à 870 kg.
    La datation des statues-menhirs rouergates est délicate, car toutes ont été retrouvées isolées en pleine nature, sans rien qui permette d’en préciser la chronologie. Toutefois, en comparant certains attributs figurés sur les statues avec des objets trouvés en fouille, on peut proposer avec vraisemblance une fourchette couvrant la période comprise entre 3 300 et 2 200 av. J.C.

    Les statues-menhirs sont contemporaines, sinon légèrement antérieures aux pyramides d’Égypte, bâties autour de 2 600 avant notre ère.

    Où trouve-t-on des statues-menhirs ?

    Les statues-menhirs appartiennent à la famille des représentations anthropomorphes de grand format, érigées entre le milieu du IVe et la fin du IIIe millénaire avant notre ère, et disséminées sur tout le pourtour nord de la Méditerranée.
    Le sud de la France connaît une grande concentration de figures anthropomorphes, essentiellement en Rouergue, en Languedoc et en Provence. Les statues-menhirs corses sont bien plus récentes (elles datent de l’Age du Bronze, IIe millénaire av. J.C.).

    Le groupe Rouergat

    C'est un archéologue aveyronnais, l'abbé Hermet, qui est considéré comme " l'inventeur " des statues-menhirs. La découverte fortuite de la “Dame de Saint-Sernin”, en 1888, va le pousser à rechercher d’autres dalles sculptées, qu’il étudie et fait connaître à la communauté scientifique, entre 1892 et 1926. Le nom de statue-menhir, créé par l'abbé Hermet, apparaît en 1898 dans un article du Bulletin archéologique. “ C’est une grande découverte dont les conséquences ne sont pas toutes soupçonnées ou comprises ” commenteront ses confrères. A sa suite, de nombreux savants s’intéressent à ces antiquités et leur recensement commence, en France et à l’étranger. A compter de 1940, sous l'impulsion de Louis Balsan les découvertes se multiplient dans l'Aveyron.

    Actuellement le groupe des statues-menhirs rouergates compte plus de 110 monuments répartis dans les 3 départements de l'Aveyron, du Tarn et de l'Hérault. L’aire de répartition reste limitée : le territoire occupe sensiblement un quadrilatère d’une cinquantaine de kilomètre de côté, limité au nord par la vallée du Viaur, à l’est par les Causses du Larzac, à l’ouest par une ligne qui va du confluent du Tarn et du Rance jusqu'à Mazamet (sauf pour Brassac) et au sud par le cours de l’Agout.

    L’iconographie des statues-menhirs rouergates est particulièrement remarquable. Ces stèles figurent un personnage entier, pourvu de jambes, avec face, côtés et dos sculptés. Ce sont de véritables statues.

    D’autres exemples en France

    Les statues-menhirs du Languedoc se divisent en deux groupes. Dans l'Hérault, on connaît des stèles asexuées de forme rectangulaire, ayant pour tout décor un visage en "tête de chouette", appelé ainsi en raison du dessin des sourcils et du nez en forme de « T ». Le Gard fournit des statues-menhirs féminines et masculines, avec visage, bras et collier. Certaines sont ornées d'une crosse courbée qui pourrait être l'équivalent de l'« objet » aveyronnais.

    Le groupe provençal possède des traits originaux, avec ses stèles groupées par cimetières. Leur décor se réduit à la représentation du visage, composé de deux arceaux-sourcils, séparés par le nez. Certaines portent des symboles solaires, d'autres un décor de chevrons encadrant le visage.

    Pour le reste de la France, le Bassin-Parisien et la Bretagne possèdent quelques exemples marginaux beaucoup moins importants.

    Les statues-menhirs, un phénomène européen

    En Europe occidentale, la péninsule ibérique, la Sardaigne, la Suisse et surtout l’Italie, ont livré des séries significatives.

    Un groupe considérable et bien connu de stèles anthropomorphes a été localisé en Italie entre la Ligurie et la Toscane (Lunigiana). Dans l'aire mégalithique du Val d'Aoste a été retrouvé un sanctuaire constitué d'alignements de stèles anthropomorphes, dont on a dénombré 40 exemplaires. Une autre zone de concentration importante de stèles se situe dans la partie centro-occidentale de la Sardaigne.
    A la différence des autres territoires étudiés, dans la Péninsule Ibérique, le phénomène des stèles anthropomorphes ne semble pas se concentrer au sein de zones géographiques spécifiques ; il couvre presque totalement la moitié occidentale de la péninsule.

    Dans le centre et l’Est de l’Europe le phénomène de la statuaire anthropomorphe est plus ou moins développé suivant les régions.
    En Allemagne, quelques vestiges sont localisés dans des chambres funéraires. Plus à l’est, un petit nombre d’exemplaires a été mis au jour en Bulgarie et en Grèce. L’ensemble le plus important se trouve à la limite orientale de l’Europe, sur la rive nord de la mer Noire, en Roumanie et en Ukraine. La plus importante concentration de statues-menhirs reste celle de Crimée, où les steppes d’Ukraine ont livré un ensemble de 300 stèles et statues-menhirs.

    Au Proche-Orient, les découvertes se situent sur une bande aux confins de la Turquie et de la Syrie.

    Représentations de statues-menhirs - Non applicable

    © Musée Fenaille

  • L'exposition en Allemagne des photos du peintre a été finalement censurée

    peverelli DR

    Les polaroïds censurés de Balthus

     

    C’était la dernière muse de Balthus, Anna. Pendant huit ans, tous les mercredi après-midi, à la fin des années 1990, elle a posé pour le peintre dans le Grand Chalet de Rossinière en Suisse.

    Anna avait huit ans quand elle a commencé à poser pour le peintre, 16 quand cela s’est achevé. Balthus, lui, vivait ses dernières années. Diminué - il avait perdu le contrôle de son regard et de sa main - l’artiste a du abandonner ses crayons pour se résigner à utiliser un appareil polaroïd afin de capturer les pauses de son modèle.


    © Harumi Klossowski de Rola

    Les milliers de clichés, témoins des dernières études du maître, ont quitté mi-janvier la galerie Gagosian à New York où ils étaient exposés sans encombre depuis octobre. L’exposition prévue en avril en Allemagne a été censurée par le musée Folkwang à Essen, relançant le débat autour de Balthus et de ses modèles nubiles. 


    © Harumi Klossowski de Rola

    Benoît Peverelli, photographe et mari de la fille du peintre Harumi Klossowski de Rola, a retrouvé les clichés (plus de 1900) éparpillés dans l’atelier de dessin du maître. « J’ai décidé de faire le livre il y a cinq ans. Déjà parce que je trouve les photographies magnifiques. Mais surtout parce qu’elles constituent, au sein de l’œuvre globale de Balthus, un travail atypique : sa matière, c’était exclusivement la peinture, le pigment.»

    © Harumi Klossowski de Rola

    Le beau livre à l’origine des expositions, édité chez Steidl, contient 1200 clichés. « C’était un travail d’archéologue d’exhumer ces photos, explique le photographe. J’ai du écrémer : les polaroïds reproduisent quasiment tout le temps la même image, à quelques détails près. C’était une recherche sur quelques compositions. »


    © Harumi Klossowski de Rola

    « Ces clichés ont leur place dans l’histoire de l’art et de la photographie. Au même titre que n’importe quelle étude, de n’importe quel autre artiste. Les images ont une existence propre » souligne le photographe, visiblement attristé par la réception de son travail en Allemagne. « Anna, la principale concernée, était là au vernissage à New York, elle a aussi écrit un très beau texte pour le livre ».


    © Harumi Klossowski de Rola

    Extraits de « Mercredi Après-Midi », le texte d’Anna Wahli pour Balthus : les dernières études, édité chez Steidl.

    J’ai commencé à poser pour Balthus lorsque j’avais huit ans. A cette époque-là, je vivais ma vie de petite fille et Balthus n’était pour moi que mon voisin, un patient de mon père, un viel homme sympathique que je croisais quand j’allais jouer chez mon amie, fille du personnel de maison du Grand Chalet. L’histoire veut que son choix se soit porté sur moi pour devenir son modèle, quand un jour en rentrant de l’école il m’entendit chantonner l’air de la Reine de la Nuit de Mozart. Balthus lui-même féru de ce compositeur aurait eu comme une vision. Il a alors demandé à mon père s’il était d’accord que je pose pour lui. Je sais que mes parents m’ont demandé mon avis, mais je ne me souviens pas avoir réfléchi à ma réponse, j’ai dit oui et je suis allée poser pour la première fois au Grand Chalet, quelques jours plus tard.

    Huit ans après j’y étais encore.

    Je me souviens que la première séance de pose m’a mis vraiment mal à l’aise. J’étais très impressionnée, on ne se connaissait pas encore. C’était une sensation très étrange d’être à ce point dévisagée et observée. Je n’avais pas l’habitude que quelqu’un me regarde avec autant d’insistance. (...)

    Balthus m’a avoué bien plus tard, que lui aussi avait été terrifié ce jour-là face à moi. Mon regard l’impressionnait tout autant que le sien envers moi.

    Au fil du temps, nous nous sommes peu à peu « apprivoisés » comme il aimait le dire, jusqu’à devenir bien plus complices par la suite et cette séance de pose si inconfortable a fini par faire partie de mon quotidien. (...).

    Un jour, dans une autre pièce du Grand Chalet et dans une autre posture, Balthus s’énervait avec son crayon. Il n’arrivait plus à l’utiliser comme il le souhaitait et le faisait tomber car ses doigts n’arrivaient plus à tenir cet objet si fin. (...)

    Balthus a donc dû très rapidement changer d’outil de travail pour passer aux polaroïds. (...)

    A chaque séance, il prenait un long moment d’observation, faisait de nombreux polaroïds et entre deux prises s’approchait de moi avec sa canne puis déplaçait un bras, une jambe, dégageait mes cheveux ou tournait légèrement mon visage. Je n’avais pas l’impression qu’il changeait grand chose, cela m’agaçait même parfois lorsqu’il se levait difficilement de son siège pour la énième fois pour modifier un détail dans la pose. (...) 

    De l’âge de 8 ans à 16 ans, je n’ai pas cessé d’aller passer mes mercredis après-midi poser pour Balthus. Je dois dire que cela ne me paraissait pas extraordinaire. Cela faisait partie de mon quotidien. Je mesurais parfois l’ampleur de ce que j’étais en train de vivre lorsque des journalistes ou des photographes souhaitaient me rencontrer, m’interviewer ou me photographier. Dans ces cours instants, je me rendais compte que j’étais probablement en train de vivre quelque chose d’exceptionnel, d’unique. Le reste du temps, je redoutais plutôt l’appel de Balthus à la maison pour me demander de venir poser.

    Je me demande aujourd’hui pourquoi je retournai poser pratiquement chaque semaine ? Certes, je n’osais parfois pas dire non mais j’aurais pu demander à mes parents de le faire à ma place. Régulièrement cela m’embêtait vraiment de devoir y aller. J’aurai préféré aller jouer avec mes amis ou partir faire du ski lorsque la neige venait de tomber. Il faut croire que j’y trouvai un intérêt puisque personne ne me forçait. Peut-être que je sentais une nécessité ou je me faisais un devoir d’être présente pour Balthus qui me réclamait. Mon père disait en plaisantant que j’étais « son meilleur médicament »… Je ne trouve pas de réponse en ce qui me concerne.

    Il y avait quelque chose d’indescriptible dans ce qui nous liait Balthus et moi. Il m’avait demandé de le tutoyer, je n’ai jamais pu, mais je me sentais proche de lui, à mi-chemin entre un grand-père et un ami. Une complicité à quelque part et des rituels, qui nous ont permis de nous supporter durant 8 ans, lors de ces moments hors du temps et presque irréels qu’était nos séances de pose…

    Photographie de une : Benoît Peverelli

     
  • L’éternel féminin

    Signature : Jérôme Coignard - 5 juillet 2013
     
    Tamara de Lempicka, Nu aux buildings, 1930, huile sur toile, 92 x 73 cm (Collection Caroline Hirsch).

    Tamara de Lempicka, Nu aux buildings, 1930, huile sur toile, 92 x 73 cm (Collection Caroline Hirsch).

     

     

    Un périple à travers quelques-unes des grandes expositions de l’été montre que le corps féminin n’a cessé d’inspirer les plus grands artistes du XXe siècle. De Gauguin à Matisse, de Picasso à Louise Bourgeois.

     

    Dans leur Manifeste du 11 avril 1910 à Milan, les peintres futuristes partaient en guerre « contre le Nu en peinture, aussi assommant et nauséeux que l'adultère en littérature » et exigeaient sa suppression totale pendant dix ans. Pourtant, ni l'agonie de la tradition académique, ni les coups de boutoir d'une avant-garde radicale ne parvinrent à rayer de la carte artistique un genre qui avait fait la gloire de la peinture occidentale depuis la Renaissance. Au musée Bonnard du Cannet, la figure mythique d'Ève a inspiré l'exposition conçue par Véronique Serrano. Gauguin avait cherché son ève en Bretagne, avant de la trouver à Tahiti et aux îles Marquises, incarnée par de très jeunes filles aux longs cheveux noirs.

    Leur innocence se drapait de la virginité salvatrice des Tropiques, jardin d'Eden que le serpent de la civilisation n'avait pas encore profané. Pour Pierre Bonnard, Ève s'incarna en Marthe, le bel oiseau effarouché rencontré en 1893. Elle fut son modèle et sa muse. Il la peignit inlassablement et photographia son corps laiteux, éblouissant dans la pénombre du jardin. La richesse du thème se décline en une série de chefs-d'oeuvre, du Paradis terrestre imaginé par Maurice Denis comme une sombre forêt aux arbres sans feuilles, au jardin merveilleux où le Douanier Rousseau fait d'Ève l'ancêtre d'Alice au pays des merveilles. Et jusqu'aux bas-fonds où Georges Rouault pêcha sa Fille au miroir, femme déchue aux chairs ombrées de bleu. L'artiste se souvenait de Rembrandt, le premier à faire entrer la misère d'un corps imparfait dans la peinture, avec ses figures de Suzanne ou Bethsabée, aux seins pesants, au ventre flasque.

    Au début du XXe siècle, exposer au public un nu féminin pouvait verser dans l'outrage aux bonnes moeurs. Souvenons-nous, devant les deux nus somptueux d'Amedeo Modigliani (1884-1920) présentés à la Fondation Pierre Gianadda, du scandale déclenché par l'exposition des nus de l'artiste à la galerie Berthe Weill en 1917. Devant l'attroupement de badauds suscité par les oeuvres en vitrine, le commissaire avait sommé la galeriste « d'enlever toutes ces ordures ». Il y avait vu « des poils » ! Or la police ne supportait en peinture que le lisse et l'épilé, façon Bouguereau. Il est vrai que Modigliani se targuait d'avoir appris davantage dans les bordels que dans n'importe quelle académie...La consécration attendue tourna à la déroute. Renouant avec l'art luxurieux des grands maîtres italiens de la Renaissance, étudiés dans les musées de Florence et Venise, mais proche de Brancusi, Modigliani donne à ces figures opulentes le visage effilé et les yeux vides des idoles africaines.

    Lire la suite dans le Magazine Connaissance des Arts juillet-août 2013
     

    Infos pratiques

     
    Le Nu de Gauguin à Bonnard
     
    Sculptrices
     
    Max Ernst
     

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    La sculpture se décline au féminin à la Villa Datris

    [6 clichés] – 3 mai 2013
     
  • Montrer l'art dans des lieux bizarres

    "Allo? T'es une fille et t'as pas de shampooing? Non mais allo quoi! C'est comme si j'te disais: t'es une fille et t'as pas de cheveux!": si l'extrait d'un récent reality show télévisé, montrant la belle Nabila s'exprimant ainsi, a déjà été regardé plus de deux millions de fois sur You Tube, c'est parce que ces mots incarnent justement, ici et maintenant, la manière populaire de formuler des évidences.
    Allo? T'aimes l'art et t'es pas heureux? C'est comme si j'te disais: t'aimes l'art et tu lis pas Artension! Au fil des pages qui suivent, faufilez-vous dans l'atelier époustouflant de Gaël Davrinche ou parmi les souvenirs de Konrad Klapheck et les rêves de Mark Ryden. Découvrez la chaleur de La Nuit des Soudeurs ou la sensualité de l'exposition Silhouettes. Sachez tout du dialogue entre les lieux anciens et les oeuvres récentes, si cher à la postmodernité. Et riez des rouages éculés qui génèrent l'artiste dit contemporain.
    À l'eau, la fricassée des mondanités. À nous la ratatouille de vitalité. Bel été

    • Ça guinche avec Gaël Davrinche — Par Keff Joons · Visuels : Galerie Magda Danysz

      "La peinture a toujours été évidente pour moi, mais il fallait d'abord que j'apprenne un métier. C'était un deal parental."
      Né en 1971 à Saint Mandé, à Paris G. Davrinche a donc étudié l'architecture d'environnement à l'École Olivier de Serres - cela lui donnera l'idée de créer en 2006 une Toile de Joie faisant la nique à la traditionnelle Toile de Jouy - avant d'entrer à l'École Nationale Supérieure des Beaux-arts. S'inspirant de dessins d'enfants, ses professeurs le jugent "à la fois contestataire et réac". Mais sitôt diplômé, la galeriste Nathalie Pariente le défend. Puis les critiques d'art Philippe Piguet, Laurence d'Ist ou Michel Nurisdany, l'artiste Nicolas Ledoux et la galeriste Magda Danysz prennent le relais.

    • Mark Jenkins Destabilisantes installations — Par Patrick Le Fur · Visuels : Mark Jenkins

      Des corps... de théâtre! Ceux d'êtres humains grandeur nature, adultes ou bébés, d'animaux parfois; installés au coeur de la ville, allongés en pleine rue ou enchâssés dans l'architecture, le mobilier urbain. Intrigué, amusé ou gêné, le passant est toujours scotché. Normal, il s'agit du tape art, création en ruban adhésif. Décontenancé, bluffé aussi lorsqu'il s'aperçoit qu'il s'agit d'une sculpture, de leurre. En à peine dix ans, Mark Jenkins est devenu l'un des plus intéressants représentants de l'art contemporain urbain.

    • Sergio Moscona Inhumaine Comédie — Par Marion Kling · Visuels : Sergio Moscona

      À trente quatre ans, ce prodigue argentin apparait comme une des figures montantes de l'art contemporain mondial. Nourri au génie de Picasso, il tisse une épopée humaine, brutale et raffinée, tragicomique et monumentale.

    • Jorge Queiroz La folie consciente — Par Frédéric Baitinger · Visuels : Jorge Queiroz

      "Une oeuvre d'art est toujours une image de la pensée. Et en tant que telle, cette image n'existe qu'à la condition d'être actualisée par l'esprit qui la contemple. C'est pourquoi je ne propose pas de but quand je crée. Je m'efforce, plutôt, de répondre à des prémonitions, de faire écho à un appel." Jorge Queiroz

    • Mark Ryden Sous les duvets, la viande — Par Françoise Monin · Visuels : Mark Ryden

      Peintre archi médiatique auquel les éditions Taschen viennent de consacrer un livre très beau, très gros et très rose, Mark Ryden affole les fans. Et s'affirme comme l'inventeur d'un Nouveau Maniérisme, sinon comme le chef de fil du Néo Pop Surréalisme ainsi que disent ses compatriotes. Rencontre parisienne avec une star typiquement américaine.

    • Maël Nozahic L'étrangeté séraphique — Par Amélie Adamo · Visuels : Maël Nozahic

      Chevelure d'or et sourire angélique, attirée par les chevauchées fantastiques, Maël Nozahic est un ange du bizarre qui conte de drôles histoires. Avec elle, nous traversons des cieux imaginaires, voguant d'obscures forêts en chatoyantes terres. Et nous croisons en chemin des arbres roses majestueux où poussent des monstres d'or venimeux, des squelettes papillons aux ailes de frisson bleu, des Piranhas rouge sang et des oiseaux d'espoirs volant au firmament. Et nous attrapons dans nos filets, des astres noirs grimés de beauté.

    • Mâkhi Xenakis Au nom de la fille — Par Laurence d'Ist

      Chemin singulier et personnel que celui de Mâkhi Xenakis, qui livre un itinéraire d'artiste en prise avec le cocon familial. Un travail proche du déséquilibre, sur le fil de la folie et cependant dans l'attente d'une éclosion, d'une transformation.

    • Barthélémy Toguo Le rêve d'un monde meilleur — Par Ileana Cornea

      "Tout acte créateur est politique. L'engagement d'un artiste doit être total dans les faits, dans les gestes et dans l'action": à la tronçonneuse il découpe dans des troncs d'arbres des tampons surdimensionnés évoquant des bustes. Il crie sa colère à coups de slogans, de rêves et de liberté. En 2008, au Nord ouest du Cameroun, il a créé Bandjoun Station, le premier centre d'art du pays. On y cultive la terre, et l'art.

    • http://www.scopalto.com/artension/120/montrer-l-art-dans-des-lieux-bizarres

  • Apollinaire - Le bestiaire ou Cortège d'Orphée (1911

    A Elémir Bourges

    Orphée

    Admirez le pouvoir insigne
    Et la noblesse de la ligne :
    Elle est la voix que la lumière fit entendre
    Et dont parle Hermès Trismégiste en son Pimandre.

    La tortue

    Du Thrace magique, ô délire !
    Mes doigts sûrs font sonner la lyre.
    Les animaux passent aux sons
    De ma tortue, de mes chansons.

    Le cheval

    Mes durs rêves formels sauront te chevaucher,
    Mon destin au char d'or sera ton beau cocher
    Qui pour rênes tiendra tendus à frénésie,
    Mes vers, les parangons de toute poésie.

    La chèvre du Thibet

    Les poils de cette chèvre et même
    Ceux d'or pour qui prit tant de peine
    Jason, ne valent rien au prix
    Des cheveux dont je suis épris.

    Le serpent

    Tu t'acharnes sur la beauté.
    Et quelles femmes ont été
    Victimes de ta cruauté !
    Eve, Eurydice, Cléopâtre ;
    J'en connais encor trois ou quatre.

    Le chat

    Je souhaite dans ma maison :
    Une femme ayant sa raison,
    Un chat passant parmi les livres,
    Des amis en toute saison
    Sans lesquels je ne peux pas vivre.

    Le lion

    O lion, malheureuse image
    Des rois chus lamentablement,
    Tu ne sais maintenant qu'en cage
    A Hambourg, chez les Allemands.

    Le lièvre

    Ne soit pas lascif et peureux
    Comme le lièvre et l'amoureux.
    Mais que toujours ton cerveau soit
    La hase pleine qui conçoit.

    Le lapin

    Je connais un autre connin
    Que tout vivant je voudrais prendre.
    Sa garenne est parmi le thym
    Des vallons du pays de Tendre.

    Le dromadaire

    Avec ses quatre dromadaires
    Don Pedro d'Alfaroubeira
    Courut le monde et l'admira.
    Il fit ce que je voudrais faire
    Si j'avais quatre dromadaires.

    La souris

    Belles journées, souris du temps,
    Vous rongez peu à peu ma vie.
    Dieu ! Je vais avoir vingt-huit ans,
    Et mal vécus, à mon envie.

    L'éléphant

    Comme un éléphant son ivoire,
    J'ai en bouche un bien précieux.
    Pourpre mort !.. J'achète ma gloire
    Au prix des mots mélodieux.

    Orphée

    Regardez cette troupe infecte
    Aux mille pattes, au cent yeux :
    Rotifères, cirons, insectes
    Et microbes plus merveilleux
    Que les sept merveilles du monde
    Et le palais de Rosemonde !

    La chenille

    Le travail mène à la richesse.
    Pauvres poètes, travaillons !
    La chenille en peinant sans cesse
    Devient le riche papillon.

    La mouche

    Nos mouches savent des chansons
    Que leur apprirent en Norvège
    Les mouches ganiques qui sont
    Les divinités de la neige.

    La puce

    Puces, amis, amantes même,
    Qu'ils sont cruels ceux qui nous aiment !
    Tout notre sang coule pour eux.
    Les bien-aimés sont malheureux.

    La sauterelle

    Voici la fine sauterelle,
    La nourriture de saint Jean.
    Puissent mes vers être comme elle,
    Le régal des meilleures gens.

    Orphée

    Que ton coeur soit l'appât et le ciel, la piscine !
    Car, pêcheur, quel poisson d'eau douce ou bien marine
    Egale-t-il, et par la forme et la saveur,
    Ce beau poisson divin qu'est JESUS, Mon sauveur ?

    Le dauphin

    Dauphins, vous jouez dans la mer,
    Mais le flot est toujours amer.
    Parfois, ma joie éclate-t-elle ?
    La vie est encore cruelle.

    Le poulpe

    Jetant son encre vers les cieux,
    Suçant le sang de ce qu'il aime
    Et le trouvant délicieux,
    Ce monstre inhumain, c'est moi-même.

    La méduse

    Méduses, malheureuses têtes
    Aux chevelures violettes
    Vous vous plaisez dans les tempêtes,
    Et je m'y plais comme vous faites.

    L'écrevisse

    Incertitude, ô mes délices
    Vous et moi nous nous en allons
    Comme s'en vont les écrevisses,
    A reculons, à reculons.

    La carpe

    Dans vos viviers, dans vos étangs,
    Carpes, que vous vivez longtemps !
    Est-ce que la mort vous oublie,
    Poissons de la mélancolie.

    Orphée

    La femelle de l'alcyon,
    L'Amour, les volantes Sirènes,
    Savent de mortelles chansons
    Dangereuses et inhumaines.
    N'oyez pas ces oiseaux maudits,
    Mais les Anges du paradis.

    Les sirènes

    Saché-je d'où provient, Sirènes, votre ennui
    Quand vous vous lamentez, au large, dans la nuit ?
    Mer, je suis comme toi, plein de voix machinées
    Et mes vaisseaux chantants se nomment les années.

    La colombe

    Colombe, l'amour et l'esprit
    Qui engendrâtes Jésus-Christ,
    Comme vous j'aime une Marie.
    Qu'avec elle je me marie.

    Le paon

    En faisant la roue, cet oiseau,
    Dont le pennage traîne à terre,
    Apparaît encore plus beau,
    Mais se découvre le derrière.

    Le hibou

    Mon pauvre coeur est un hibou
    Qu'on cloue, qu'on décloue, qu'on recloue.
    De sang, d'ardeur, il est à bout.
    Tous ceux qui m'aiment, je les loue.

    Ibis

    Oui, j'irai dans l'ombre terreuse
    O mort certaine, ainsi soit-il !
    Latin mortel, parole affreuse,
    Ibis, oiseau des bords du Nil.

    Le boeuf

    Ce chérubin dit la louange
    Du paradis, où, près des anges,
    Nous revivrons, mes chers amis,
    Quand le bon Dieu l'aura permis.



    http://www.mediterranees.net/mythes/orphee/bestiaire.html

  • Laura Kasischke, le calme trompeur

    LE MONDE DES LIVRES | 22.08.2013 à 16h08 | Florence Noiville

    Laura Kasischke.

    Envoyée spéciale à New York

     

    Elle est venue de Chelsea, dans l'Etat du Michigan. "Chelsea où je vis, oui... Une petite ville modeste, encore sauvage, où on peut, certaines nuits, entendre les coyotes hurler..." Laura Kasischke est venue spécialement du Midwest jusqu'à New York, "parce qu'il est important pour [elle] de rencontrer la presse française", dit-elle. "Je ne sais pas pourquoi, mais l'accueil que je reçois chez vous est bien meilleur qu'ici. Mes livres se vendent mieux en France qu'en Amérique..."

    Chelsea. On voit soudain sa ville comme un endroit pavillonnaire, lisse, bien rangé. Et puis, la nuit, les coyotes rôdant et hurlant... On se dit que ce contraste est un peu à l'image de Laura Kasischke elle-même. Ce jour-là, dans un restaurant de l'Upper West Side, elle arrive avec une robe à fleurs fraîche et froufroutante. Aucune de ses boucles noires ne dépasse. Elle vous fixe de ses grands yeux bleu pâle, timide peut-être, mais apparemment sereine. Apparemment. Car, avant notre rencontre, elle nous a bombardée de mails. Courriels anxieux, trahissant le trouble sous le calme trompeur, les sombres tourbillons sous la surface. Dr Jekyll & Mrs Kasischke.

    Il suffit d'ailleurs d'ouvrir un livre de Laura Kasischke, n'importe lequel, pour constater qu'une angoisse étrange et sourde est à l'oeuvre. Dès les premières lignes de son premier roman, A Suspicious River (Bourgois, 1999, adapté au cinéma par Lynne Stopkewich), tout l'était déjà, "suspicious", c'est-...

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    Laura Kasischke.

    Laura Kasischke, le calme trompeur

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    Parcours

    1961 Laura Kasischke naît à Grand Rapids (Michigan).

    1991 Elle publie un premier recueil de poésies, Wild Brides.

    1996 À Suspicious River, Son premier roman, paraît (Christian Bourgois, 1999). Il est porté à l'écran en 2000.

    2002 La Vie devant ses yeux (Christian Bourgois). Le roman est porté à l'écran en 2007.

    2011 Les Revenants (Christian Bourgois).

    Déméter dans le Midwest. Critique et extrait

    Un jour, Laura Kasischke s'est réveillée avec une phrase en tête. "Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux." Une phrase qui ne voulait pas s'en aller. Qui cognait, qui insistait. "Pourquoi ? Mystère ? Avais-je lu des choses sur la Russie ? En tout cas, j'ai su que je devais en faire le début d'un nouveau roman."

    Dans Esprit d'hiver, c'est Holly, la mère, qui s'éveille un jour de Noël avec cette certitude. Quelque chose les a suivis. Et cette chose - qu'elle a toujours sue mais a enfouie au plus profond - a à voir avec sa fille, Tatiana, une adolescente adoptée en Sibérie quinze ans plus tôt.

    Tandis que le père, Eric, est parti chercher ses parents à l'aéroport, une tempête de neige se déchaîne. Les invités un à un se décommandent. Le père et les grands-parents se retrouvent bientôt, eux aussi, coincés sur la route. Si bien que le champ se trouve soudain libre pour un âpre et terrifiant tête-à-tête, dans une maison vide, en plein blizzard. C'est Déméter et Perséphone dans le Midwest. Une mère et une fille se cherchent. Et se trouvent. Dans la douleur et dans le drame.

    La prose de Kasischke est comme un collier. L'auteur donne un tour de vis à chaque chapitre. Et l'oxygène, au fil des pages, vient à manquer. De ce huis clos étrange et oppressant se dégagent des visions, des flashs dérangeants : un orphelinat en Russie, un bébé à la peau trop bleue, une porte qui n'aurait jamais dû être ouverte... Et une conclusion faussement simple : "Personne ne naît sans héritage (...). Le passé réside en soi. A moins de le trancher ou de se le faire amputer par opération chirurgicale, il vous suit jusqu'au jour de votre mort."

    Esprit d'hiver (Mind of Winter), de Laura Kasischke, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Aurélie Tronchet, Christian Bourgois, 294 p., 20 €.

     

    EXTRAIT

    "Ce matin-là, elle se réveilla tard et aussitôt elle sut : quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux.

    C'était dans un rêve, pensa Holly, que cette bribe d'information lui avait été suggérée, tel un aperçu d'une vérité qu'elle avait portée en elle pendant - combien de temps au juste ?

    Treize ans ? Treize ans !

    Elle avait su cela depuis treize ans, et en même temps, elle l'avait ignoré (...). Elle se leva du lit (...), pressée de voir qu'elle était là, encore endormie, parfaitement en sécurité.

    Oui, elle était là, Tatiana, un bras blanc passé sur un couvre-lit pâle. Les cheveux bruns répandus sur l'oreiller. Si immobile qu'on aurait dit une peinture. Si paisible qu'on aurait pu la croire...

    Mais ce n'était pas le cas. Elle allait bien. Rassurée, Holly retourna dans sa chambre et se glissa de nouveau dans le lit près de son époux - mais à peine allongée, elle pensa encore une fois :

    Cela les avait suivis jusque chez eux ! "

    Esprit d'hiver, pages 11-12

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2013/08/22/laura-kasischke-le-calme-trompeur_3464661_3260.html

  • Louis ARAGON, extrait du ”Cantique à Elsa”

     

    Comme autour de la lampe un concert de moustiques

    Vers le plafond spirale et la flamme convoie

    Du fin fond du malheur où reprend le cantique

    Dans un fandango fantastique

    Un choeur dansant s'élève et répond à ta voix

     

    Ce sont tous les amants qui crurent l'existence

    Pareille au seul amour qu'ils avaient ressenti

    Jusqu'au temps qu'un poignard l'exil ou la potence

    Comme un dernier vers à la stance

    Vienne à leur coeur dément apporter démenti

     

    Si toute passion puise dans sa défaite

    Sa grandeur, sa légende et l'immortalité

    Le jour de son martyre est celui de sa fête

    Et la courbe en sera parfaite

    A la façon d'un sein qui n'a point allaité

     

    Toujours les mêmes mots à la fin des romances

    Comme les mêmes mots les avaient commencées

    Le même cerne aux yeux dit une peine immense

    Comme il avait dit la démence

    Et l'éternelle histoire est celle de Rancé

     

    Saoulé par le grand air il quitte ses domaines

    Ayant fait bonne chasse et plus heureux qu'un roi

    Son cheval et l'amour comme un fou le ramènent

    Après une longue semaine

    A la rue des fossés Saint Germain l'Auxerrois

     

    Il voit déjà les longs cheveux et les yeux tendres

    De Madame la Duchesse de Montbazon

    Il la voit il l'entend ou du moins croit l'entendre

    Qui se plaint de toujours attendre

    Et lui tend ses bras nus plus beaux que de raison

     

    L'escalier dérobé la porte et c'est l'alcôve

    Les rideaux mal tirés par des doigts négligents

    Il reconnaît ces yeux que souffrir a fait mauves

    Cette bouche et ces boucles fauves

    Cette tête coupée au bord d'un plat d'argent

     

    Aveugles chirurgiens qui déchirent les roses

    Les embaumeurs entre eux parlaient d'anatomie

    Autour du lit profond où le beau corps repose

    Qui trouve son apothéose

    Comme le pain rompu la blancheur de sa mie

    Au cloître que Rancé maintenant disparaisse

    Il n'a de prix pour nous que dans ce seul moment

    Et dans ce seul regard qu'il jette à sa maîtresse

    Qui contient toutes les détresses

    Le feu du ciel volé brûle éternellement

      http://patbdm.over-blog.com/article-6640524.html

    Ce moment de Rancé sur le seuil de la chambre

    Qui ne l'a fût-ce un soir vaguement éprouvé

    Et senti le frisson glacé comme un décembre

    Envahir son coeur et ses membres

    A-t-il aimé vraiment a-t-il vraiment rêvé

     

    Un soir j'ai cru te perdre et chez nous dans les glaces

    Je lisais les reflets des bonheurs disparus

    Ici tu t'asseyais c'était ici ta place

    De vivre étais-tu donc si lasse

    On entendait siffler un passant dans la rue

     

    Un soir j'ai cru te perdre et de ce soir je garde

    Le pathétique espoir d'un miracle incessant

    Mais la peur est entrée en moi comme une écharde

    Il me semble que je retarde

    A tenir ton poignet la fuite de ton sang

     

    Un soir j'ai cru te perdre Elsa mon immortelle

    Ce soir mortel pour moi n'a jamais pris de fin

    Nuit d'un Vendredi-Saint que tes grands yeux constellent

    La mort comme la vie a-t-elle

    La saveur de l'ivresse ô mon verre de vin

     

    Cauchemar renaissant souvenir tyrannique

    Il éveille en mon coeur des accords souterrains

    Il déchaîne à l'écho tout un jeu d'harmoniques

    D'autres soirs et d'autres paniques

    Les couplets interdits dont il est le refrain

     

    Le beau corps déchiré gisait dans sa demeure

    On entendait pleurer tout bas dans les fossés

    On entendait parler tout haut les embaumeurs

    Mon pays faut-il que tu meures

    Et tout un peuple avait le regard de Rancé

     

    Tu vivras Nous voici de retour de la chasse

    C'est assez de sanglots emplir notre logis

    Ils ont voulu pourtant que nos mains te touchassent

    O Sainte déjà dans ta châsse

    Ecartez-vous de moi Démons Analogies

     

    Le deuil que dans mon sein comme un renard je cache

    Dites si vous voulez qu'il n'est pas de saison

    Le sens de ma chanson qu'importe qu'on le sache

    Puisque règne aujourd'hui la hache

    Que venez-vous parler au nom de la raison

     

      http://patbdm.over-blog.com/article-6640524.html

  • Quand Flaubert et Baudelaire ”offensaient” (Pour Ambroise et Elisabeth)

    Par Jean-Claude Zylberstein.
     Publié le 01 février 2007
    Actualisé le 01 février 2007 : 11h27

    Il y a cent cinquante ans, Flaubert et Baudelaire comparaissaient devant la justice. Aujourd'hui encore, des romanciers sont poursuivis. Qu'en est-il de l'antagonisme entre la société et les lettres ?

    LES ESPRITS forts, qui crient aujourd'hui à la censure, devraient se souvenir de l'époque - récente - où les auteurs n'avaient pas la chance d'être régis par la loi de 1881 et la jurisprudence de nos tribunaux. Deux auteurs fameux, Gustave Flaubert et Charles ­Baudelaire, en ont fait les frais. Si on cite toujours leurs noms à propos de toute forme de censure, c'est parce qu'ils ont été victimes d'une mesure inique.
    Madame Bovary et Les Fleurs du mal ont eu le malheur d'être publiés trop tard ou trop tôt. En ces années-là, la liberté révolutionnaire, qui avait engendré un « raz de marée » de pamphlets, relevait du passé. Le premier Empire et les régimes qui lui ont succédé ont remis l'imprimerie et la librairie, bref l'édition, sous très haute surveillance. Et ce ne sont pas seulement les libelles politiques qui sont mis au pas, l'ordre moral est de rigueur. C'en est fait du colportage qui risquait de diffuser des écrits pernicieux. Car le mauvais livre est un poison dangereux pour la santé morale du peuple. Surtout s'il est de nature à rencontrer le succès. Le « redoutable » (dixit Baudelaire), l'avocat impérial Ernest Pinard, qui va requérir contre lui le 18 août 1857, le dit bien : « On ne poursuivra pas un livre immoral qui n'aura nulle chance d'être lu ou d'être compris ; le déférer à la justice, ce serait l'indiquer au public, et lui assurer peut-être un succès d'un jour qu'il n'aurait point eu sans cela» Bel argument en effet et que tels esprits chagrins qui ces derniers temps ont « fait de la publicité » à diverses brochures qui se voulaient poivrées en les poursuivant en vain auraient dû méditer.
    Flaubert ne s'y était pas trompé. Il aura beau être acquitté le 7 février 1857, au terme d'un jugement qui, après l'avoir assez sévèrement étrillé, conclut enfin à l'acquittement, motif pris de ce qu'« il n'apparaît pas que son livre ait été, comme certaines oeuvres, écrit dans le but unique de donner une satisfaction aux passions sensuelles, à l'esprit de licence et de débauche, ou de ridiculiser des choses qui doivent être entourées du respect de tous ». L'auteur de Madame Bovary hésite à publier son roman en volume, demande à son éditeur, Michel Lévy, de « tout arrêter », se dit honteux, dégoûté du « mauvais » succès qui attend son roman. « Et puis l'avenir m'inquiète : quoi écrire qui soit plus inoffensif que ma pauvre Bovary traînée par les ­cheveux comme une catin en pleine police correctionnelle ?» écrit-il à Louise Pradier. Et à Elisa Schlesinger : « Mon livre va se vendre de façon inusitée. »
    Baudelaire à l'aune de cette décision pouvait s'attendre au pire. Tant les fameuses « pièces condamnées » en effet pouvaient « donner satisfaction aux passions sensuelles » ou du moins y inciter. Le réquisitoire de M. Pinard fut presque moins sévère mais plus habile sans doute que contre Flaubert. « Poursuivre un livre pour offense à la morale publique est toujours chose délicate », ainsi entame-t-il sa péroraison. Mais il terminera en force : « Réagissez (...) contre cette fièvre malsaine qui porte à tout peindre, à tout décrire, à tout dire. » Et il termine ainsi : « Soyez indulgent pour Baudelaire, qui est une nature inquiète et sans équilibre. (...) Mais donnez, en condamnant au moins certaines pièces du livre, un avertissement devenu nécessaire. »
    La longue plaidoirie de l'avocat de Baudelaire, Gustave Chaix d'Ange, fut admirable d'analyse et de style (et bien de nature, comme celle de l'avocat de Flaubert, à ramener à la modestie plus d'un praticien du droit d'aujourd'hui !). S'il obtint satisfaction sur la prévention d'offense à la morale religieuse, le tribunal jugea le 27 août, comme on sait, que « les pièces incriminées conduisent nécessairement à l'excitation des sens par un réalisme grossier et offensant pour la pudeur ». Ce n'est que le 31 mai 1949 que la chambre criminelle de la Cour de cassation devait réhabiliter le poète et son oeuvre.
  • «Casablanca, il y a un million d’années…».

    medium_culturearcheologie1.jpg Le ministère de la Culture organise en ce moment une très belle exposition au titre énigmatique, «Casablanca, il y a un million d’années…». Il s’agit de la première exposition marocaine d’une telle envergure consacrée à l’archéologie. Destinée au grand public, l’exposition se veut aussi didactique que simple et propose aux visiteurs un voyage à travers le temps et l’espace, un voyage à la recherche de nos origines. Saviez-vous que les premières traces de vie humaine à Casablanca remontent à de cela un million d’années? Ou que pour faire du feu, ces hommes préhistoriques ne se servaient pas de silex (trop rare dans cette région) mais de galets taillés ? Ou encore que la région casablancaise regorge de richesses menacées par l’explosion démographique et l’urbanisation galopante ? Car à moins d’être paléontologue, archéologue ou un inconditionnel des albums de Rahan (plus connu sous le pseudonyme “Cheveux de feu” parce qu’il le vaut bien) on ne s’intéresse que très rarement à cette période obscure et lointaine depuis nos manuels scolaires. C’est un tort, et l’exposition qui se tient actuellement à la Cathédrale du Sacré-Cœur à Casablanca nous le prouve. Objectif grand public Sollicité pour prendre en main la scénographie de l’exposition, Philippe Delis explique que le premier souci a été de faire de «Casablanca, il y a un million d’années…» une exposition grand public. «Le projet avait au départ des dimensions spectaculaires», se souvient Philippe Delis, mais le manque de moyens, notamment, a provoqué une ambition revue à la baisse, sans pour autant avoir raison de la qualité de l’ensemble présenté. «Nous avons opté pour un séquençage très clair, permettant cette idée de voyage dans le temps et dans l’espace», ajoute Philippe Delis. Avancer au fil de grandioses panneaux lumineux donne l’impression d’avancer sur une frise chronologique. Point de départ : il y a 2,5 millions d’années, avant l’arrivée de l’homme à Casablanca. Le visiteur avance dans le temps, découvrant au fil des espaces, délimités par ces panneaux lumineux, les différentes périodes mais aussi les sites qui ont permis ces découvertes. Les contraintes liées au sujet même de l’exposition, souvent considéré comme barbant ou aride, exigeaient de mettre en œuvre un maximum d’astuces pour capter l’attention des visiteurs. De manière très claire, des vitrines, dotées pour certaines de commentaires explicatifs, présentent outils et fossiles de la riche faune d’antan. Les os ou restes des dentitions ont été agrémentés de silhouettes prédécoupées pour mieux représenter les animaux : rhinocéros, camélidés, souris, singes girafes, antilopes, guépard... La liste est longue. Par contre, on ne peut pas en dire autant de nos ancêtres préhistoriques. On en découvre à peine trois, vers la fin de l’exposition. Le crâne d’un homo sapiens safiot, ainsi que celui d’un homo sapiens rbati, précédés toutefois par un fragment de mandibule d’un homo erectus découvert à Casablanca. Ouf, l’honneur bidaoui est sauf ! Les crânes attirent l’attention d’une petite fille qui, intriguée, demande à son père : «est-ce qu’on a dû lui couper la tête ?». «Les découvertes dans la région Casablanca sont très importantes, rappelle Mohamed Abdeljalil El Hajraoui, Commissaire général de l’exposition et Directeur du Patrimoine Culturel. Elles sont reconnues internationalement mais méconnues du grand public marocain». Par sa richesse, l’exposition y remédie en s’adressant aussi bien aux connaisseurs qu’aux profanes, étudiants et écoliers en tête. «L’exposition a beaucoup de succès», analyse le gardien de la Cathédrale. «En deux jours, un peu plus de 1100 visiteurs sont venus», ajoute-t-il, cochant scrupuleusement d’une petite croix dans un lourd cahier noir chaque nouveau visiteur. Un bouche-à-oreille favorable pourrait expliquer ce début de succès, «Casablanca, il y a un million d’années…» ayant l’avantage de créer une ambiance particulière (la couleur terre est omniprésente tout au long de l’exposition, un petit carré de fouilles a été reconstitué et enrichi d’outils de prospection, les étapes des recherches archéologiques sont explicités) et de positionner le visiteur dans un rôle d’investigateur, à même de mieux lui faire comprendre le travail patient et fastidieux des archéologues. Recherche partenaires Si les premières trouvailles archéologiques au Maroc datent de la fin du 19ème siècle, ce n’est qu’au cours des trente dernières années que la recherche préhistorique a connu son plus important développement. Dans la région de Casablanca, plusieurs sites ont été ou sont encore exploités, comme la grotte d’Ahl Al Oughla (sud-est de Casablanca), la carrière Thomas (qui a livré la plus ancienne trace de la présence humaine au Maroc), la Grotte des Ours ou encore la Grotte des Rhinocéros, dans la carrière Oulad Hamida 1. Ces sites ne sont pas toujours correctement exploités, à l’image de la Grotte des Félins. Situé dans la carrière Oulad Hamida 2, le site a été découvert fortuitement en 1991 mais rapidement détruit pour permettre l’exploitation de la carrière. Pour sauvegarder et mettre en valeur ce patrimoine, le Ministère envisage (et conclut l’exposition sur ce projet) la création d’un Parc Archéologique de Casablanca. Pour l’accueillir, c’est le site préhistorique de Sidi Abderrahmane, près de la mosquée Hassan II, qui a été choisi. «Cette zone, à proximité de la mer et de la corniche, est très visitée. Nous souhaitons intégrer ce Parc dans cet ensemble à vocation touristique», confie Mohamed Abdeljalil El Hajraoui. Le projet est en cours de financement et en recherche de partenaires, pour un budget estimé à 60 millions de dirhams. Le Parc Archéologique de Casablanca devrait comprendre une partie reconstituant des scènes préhistoriques, la construction d’un musée et, pour sauvegarder une partie de notre mémoire, des locaux destinés aux chercheurs. Pour que l’Homo Casablancus continue de livrer ses secrets. Aïda Semlali http://www.lejournal-hebdo.com/sommaire/culture/a-la-d-couverte-de-lhomo-casablancus.html

  • Ma participation au jeu d'Enriqueta

    http://c-estenecrivantqu-ondevient.hautetfort.com/ le 29 août sur le blog de "L'équipe de choc": http://lequipedechoc.over-blog.com/article-11852968.html Voici un nouveau jeu d’écriture : Aujourd’hui Mercredi 29 Août 2007, en ouvrant ma messagerie, j’y découvre un mail anonyme qui me dit la chose suivante : « Bonjour, Si tu crois au destin et si tu veux mettre un peu de sel dans ta vie, briser la routine, connecte-toi le Jeudi 13 Septembre 2007 à 21h00 sur le site suivant : http://misterio13.over-blog.com Et que l’aventure commence… » A vous d ‘écrire la suite avec un récit à la première personne du singulier, vous pouvez décrire la situation de départ, puis l’attente jusqu’au 13, et surtout la décision le faire ou non, et si vous vous connectez, que se passe-t-il ? Si vous voulez participer merci de vous inscrire ici. Et ce serait gentil de relayer cette information pour qu’il y ait le plus de participants possibles. Votre récit devra être publié sur votre blog le Jeudi 13 Septembre à 21h00 si possible. Amusez-vous bien ! Ne vous précipitez pas sur le lien ci-dessus, il a été inventé pour le jeu (précision faite par Irène suite à vos mails) VOICI MA SUITE Enfin…. l’aventure…. J’ai débord cru que c’était un spam comme j’en reçois tant. Comme les demandes d’aide venant de Côte d’Ivoire. Les annonces de gains fabuleux à la grande loterie irlandaise. Les propositions pour agrandir mon penis ou des offres spéciales pour du viagra. Bref, j’ai failli mettre directement le message à la poubelle. Parce qu’en ce qui concerne « le sel » dans ma vie, j’avais tout ce qu’il me fallait et j’étais bien loin de la routine qu’on me promettais de briser. J’étais plutôt dans la situation où j’aurais voulu du calme, de la sérénité. Mais…. Je ne sais quoi …m’a retenue. Peut-être que j’ai pensé au déclic dont m’avait parlé une amie ; un déclic qui débloquerait ma situation dans un sens ou un autre. Quoique je fasse, quoique je décide, je me retrouvais dans une impasse à la merci de gens malhonnêtes qui avait exploité ma gentillesse. Je ne pouvais ni avancer, ni reculer. J’avais tout tenté mais j’étais prise dans une toile d’araignée qui finissait par laisser des fils blancs dans mes cheveux. Je passais la moitié de ma vie sur internet pour chercher (et trouver) une solution et n’avais plus le temps de faire grand chose d’autre. Alors pourquoi ne pas m’attarder sur ce mail mystérieux. Je n’étais plus à ça près. J’avais perdu tant de temps ; plus rien à perdre… D’abord, je suis allée sur le site : http://misterio13.over-blog.com Mais…. Il n’y avait rien d’autre que le même mystérieux message contenu dans le mail. Idem dans la pièce jointe. Alors, énervée, je pensais à nouveau à un canular et je faillis mettre le message à la poubelle mais je mis finalement un drapeau pour le garder dans ma boîte de réception. Puis je passais au message suivant, je répondais à certains, j’en jetais d’autre, mettais d’autres drapeaux, signalaient d’autres messages comme des spams. Je m’occupais de mes blogs, mon site ; je faisais la tournée des blogs, sites et forums favoris comme tous les jours. Comme tous les jours depuis la création de mon premier espace sur internet. Des articles intéressants mais les ventes de mes livres stagnaient ; pas de message d’un éditeur qui aurait eu le coup de foudre pour mes écrits ou d’un employeur subjugué par mon CV. Bref une journée tristement banale. Les tâches ménagères, les courses, les tâches ménagères encore, la préparation du repas solitaire puis à nouveau l’écriture, internet, de la musique, d’autres messages, de la lecture. En fin de journée pour se vider la tête, la gym, vélo et musculation. Enfin, les retrouvailles avec mon mari, le soleil de ma vie (et réciproquement, je crois) et le double apéritif du mercredi. Je demandais à mon mari comment s’était passée sa journée de travail et lui racontais les menus détails de ma journée d’écrivaine au foyer… Les infos à la télé, un gentil téléfilm mais surtout des baisers et des caresses. Une belle soirée pour clore une journée malheureusement semblable à toutes les dernières autres. Je ne lui ai pas parlé du mystérieux message car je l’avais oublié. Nous nous couchâmes et comme d’habitude, je lus mon polar au lit avant de sentir mes yeux se fermer ; là, je fis le même vœu que la veille : qu’il se produise enfin quelque chose dans ma vie. Réveil difficile, retour à la réalité ; rien n’avait changé dans la nuit… bien sûr. Mon mari partit à son travail et nous espérions tous les deux qu’il allait se passer quelque chose … de positif … si possible mais après avoir tant attendu en vain, nous n’y croyions plus guère. Quand j’ouvris ma messagerie électronique ce matin là et les suivants, j’avais parmi mes nouveaux messages, le même mystérieux message avec un compte à rebours. J-14 J-13 Un week-end en amoureux Une autre semaine Lundi 3 septembre : J-10 J-9 Mercredi 5 septembre : ça faisait une semaine que j’avais reçu pour la première fois le mystérieux message et chaque jour, j’avais failli jeter le message qui prenait de la place dans ma boîte de réception mais je ne fis pas… J-8 J-7 J-6 Un autre week-end en amoureux Une autre semaine J-3 Mis à part mon amour qui m’apportait pleine satisfaction, les jours passaient sans apporter de récompense à tout le travail que j’accomplissais. Toujours le même message dont seul le compte à rebours avait changé J-2 J-1 Jeudi 13 septembre Une journée commence, a priori semblable aux autres Ici, c’était le début du ramadan et la rentrée scolaire. Je ne savais qu’à 21h, ma vie allait changer bien au-delà de mes espérances. Le message du jour me l’annonçait pour 21 h mais je l’oubliais dans le déroulement habituel d’une journée habituelle. Mon mari rentra, nous mangeâmes et un peu avant 21h, mon mari alla lire ses messages et moi les miens avant d’éteindre le PC. Plusieurs de ses dossiers professionnels en souffrance depuis longtemps avaient évolué de façon plus que significative. Comme c’était inespéré, il m’appela pour me le dire ; je le félicitais. A mon tour de consulter mes messages. Le matin, j’avais fait le tri dans ma boîte de réception et il ne restait plus comme message avec drapeau que le mystérieux message que je n’avais pas réussi à supprimer. Je vis l’horloge du PC et je repensais au site à visiter sur lequel il n’y avait que la date et l’heure(21h) mais au même moment, une avalanche de messages arriva dans ma boîte de réception : - des prix à des concours d’écriture dont j’attendais les résultats avec pour la première fois de l’argent à la clé - une réponse positive d’une maison d’édition que j’avais contacté il y a très longtemps - un bond spectaculaire dans les ventes de mes livres - un voyage pour les vacances gagné à un concours que j’avais oublié etc. C’est alors qu’une fusillade dans le film qui passait à la télé me réveilla pendant que les poubelles passaient dans notre rue et que mon mari me disait malicieusement et tendrement : « Tu as bien dormi, ma chérie ? » Et moi, ahurie, « Tu as éteint l’ordinateur ? » Comme il retournait au film en me disant non, je courus vers le PC mais il n’y avait aucune nouvelle sensationnelle…. Encore un tour du monde virtuel des blogs et d’internet….

  • Décès de Vaclav Havel, autorité morale de la République tchèque

     

     

    PRAGUE (Reuters) - L'ancien dissident puis président tchèque Vaclav Havel, décédé dimanche à 75 ans des suites d'une longue maladie, incarnait aux yeux de beaucoup l'autorité morale par excellence dans l'Europe de l'Est post-communiste.

    La "conscience éclairée" de la République tchèque, usée par ses problèmes de santé, s'était retirée de la vie politique en janvier 2003, après une douzaine d'années à la présidence, tout d'abord de la Tchécoslovaquie, puis, après une brève interruption, de la République tchèque.

    Dramaturge et dissident, il passa près de cinq années en prison dans les années 1970. Politique et intelligent, il fut l'artisan de la "Révolution de Velours" qui mit fin, en novembre 1989 à quatre décennies de régime communiste.

    La Tchécoslovaquie se tournait alors vers l'économie de marché, mais Havel fut là pour rappeler à ses compatriotes que la recherche de la prospérité ne devait pas effacer la mémoire d'un peuple, et il fustigea, lui, grand amateur de rock et de Frank Zappa, la culture occidentale lorsqu'elle se résumait aux fast-food et aux sodas.

    Durant ses années de présidence, loin des moments où il s'était adressé aux foules immenses sur la place Wenceslas, le président occupa une place plus distante mais toujours privilégiée dans le coeur des Tchèques.

    Peut-être parce que, comme il l'admettait, il avait conservé "certains traits du dissident dans son comportement de chef de l'Etat".

    En janvier 1997, une bande de dissidents aux cheveux longs se réunit au Château de Prague, la résidence présidentielle, pour célébrer le 20e anniversaire de la signature de la Charte 77, manifeste pour les droits de l'Homme et pavé dans la mare du communisme.

    Paradoxalement, Havel, qui venait d'être opéré d'un cancer, ne put participer à la fête, mais il s'adressa aux participants dans un message enregistré.

    "Ceux qui sont à l'origine de la Charte 77 ou qui, sachant parfaitement à quoi ils devaient s'attendre, l'ont signée plus tard, pouvaient-ils imaginer alors qu'ils la célèbreraient dans la salle espagnole du Château de Prague, comme citoyens d'un Etat libre ?" souligna alors le président.

    UN RÔLE D'ARBITRE

    Le chef de l'Etat, timide et nerveux en public, frôla la mort une première fois en 1996. Il fut hospitalisé pour une pneumonie mais les médecins découvrirent une tumeur maligne, qu'ils retirèrent. L'opération se passa mal, Havel fut atteint de fortes fièvres. La même année, il perdit Olga, épousée 32 ans auparavant, vaincue par un cancer en janvier.

    Un an plus tard, il se remariait avec une actrice de 43 ans, Dagmara Veskrnova, et arrêtait le tabac. Mais les ennuis de santé ne cessèrent pas pour autant. Cancer du poumon, occlusion intestinale, bronchite aiguë, hernie, les séjours à l'hôpital du chef de l'Etat furent réguliers.

    Malgré cela, il se représenta à la présidence tchèque en 1998 et le Parlement le réélit pour un mandat de cinq ans.

    Havel appréciait son rôle d'arbitre, celui-là même qui l'avait propulsé sur le devant de la scène en 1989, lorsqu'il avait négocié la capitulation du pouvoir pro-soviétique.

    Vaclav Havel est né en 1936 dans une famille d'entrepreneurs en bâtiment très impliquée dans la vie culturelle et politique tchécoslovaque de l'entre-deux-guerres.

    L'arrivée au pouvoir des communistes, en 1948, prive la famille de la plupart de ses biens et à quinze ans, une fois terminée la scolarité obligatoire, le jeune Vaclav n'est pas autorisé à poursuivre des études au lycée.

    Il devient apprenti dans un laboratoire de chimie et prend des cours du soir pour achever sa formation secondaire, ce qu'il parvient à faire en 1954.

    Mais, pour des raisons politiques, l'accès à l'étude des sciences humaines dans un établissement d'enseignement supérieur lui est interdit. Il s'inscrit alors à la Faculté d'Economie de l'Université technique Tchèque, qu'il quitte au bout de deux ans.

    A son retour du service militaire, il travaille comme technicien dans des théâtres, au Divadlo ABC puis, au Divadlo Na zabraldi et, de 1962 à 1966, il suit des cours par correspondance à la Faculté de Théâtre de l'Académie des Arts musicaux.

    Depuis l'âge de vingt ans, Vaclav Havel a publié divers articles et critiques dans différents périodiques littéraires. Ses premières oeuvres seront montées au Divadlo Na zabraldi, notamment "La garden party", en 1963.

    QUAND LE PRÉSIDENT ET L'ÉCRIVAIN SE REJOIGNENT

    Il est l'une des figures de la prise de conscience civique du Printemps de Prague, en 1968, période au cours de laquelle il produit "Le mémorandum" (1965) et "La difficulté accrue de se concentrer (1968).

    Après l'écrasement du Printemps de Prague, ses oeuvres seront interdites de publication en Tchécoslovaquie.

    Cofondateur de la Charte 77 dont il fut l'un des trois porte-parole, il a effectué plusieurs séjours en prison. Mais en pleine effervescence, en plein tumulte de la fin de l'empire soviétique, il garda la tête froide.

    Dès le début de la Révolution de Velours, en novembre 1989, il devient la figure de proue du Forum civique, qui regroupe des organisations et des personnalités réclamant des changements fondamentaux du système politique tchécoslovaque.

    Il négocie la fin du régime communiste et, sept semaines plus tard, après avoir été élu président de l'Assemblée fédérale de Tchécoslovaquie, il s'installe au Château, d'où il voit arriver de nouveaux dirigeants, des technocrates avec lesquels il ne s'entend guère.

    Comme par exemple Vaclav Klaus, nommé Premier ministre en 1992, monétariste convaincu, qui s'oppose à Havel pour imposer la partition de la Tchécoslovaquie la même année.

    Havel démissionne alors de la présidence tchécoslovaque pour devenir président de la nouvelle République tchèque un an plus tard. Mais ses relations restèrent tendues avec Klaus et les deux hommes apparurent très rarement ensemble en public.

    De son château, Havel défendit l'intégration de la République tchèque au bloc occidental, de l'Otan à l'Union européenne. Mais, devant le parlement de Strasbourg, il mit l'Europe en garde contre les "symptômes de l'égoïsme national, de la xénophobie et de l'intolérance raciale", l'invitant à faire l'"examen critique" de ses valeurs.

    Le président et l'écrivain se rejoignirent alors. De ses "Lettres à Olga" à "Largo Desolato", Vaclav Havel n'aura jamais cessé de s'interroger sur les responsabilités morales de l'homme et le respect des libertés.

    Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Benjami Massot

  • La collection Michael Werner

    /5octobre2012-3mars2013/

    J’ai assis la Beauté sur mes genoux. (…) Et je l’ai injuriée. Rimbaud

    Gaston Chaissac Grande porte de bois peint 1953 Peinture sur bois Donation Michael Werner au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris © ADAGP, Paris 2012 photo © Lothar Schnepf, Köln

    L’exposition « La Collection Michael Werner » réunit près de 900 œuvres dont une partie des 127 peintures et sculptures données récemment au musée par le marchand d’art allemand.  Rassemblant une quarantaine d’artistes, cette présentation rend hommage au travail accompli par Michael Werner au cours des cinquante années de son activité de galeriste et de collectionneur.

    La collection de Michael Werner se distingue par l’intérêt que celui-ci porte à des tendances qui vont à l’encontre des canons établis, et particulièrement au travail du « peintre-sculpteur » s’exprimant librement et sans hiérarchie dans les domaines de la peinture, de la sculpture ou du dessin. Plutôt que de présenter les mouvements d’avant-garde, cette exposition propose un regard singulier sur la création artistique du XXe siècle, et offre une lecture différente de l’art moderne et contemporain. Les œuvres ont en effet été choisies non selon les classifications traditionnelles, mais selon les affinités profondes qui lient les artistes, si diverses que soient leurs pratiques et leurs démarches, dans leur recherche inlassable de formes et de figures nouvelles. Les œuvres sont saisies à leur origine, dans ce qu’elles ont d’inédit dans l’art de leur époque. Les regroupements, les rapprochements que fait toute exposition sont ici atypiques, non conformes au discours historique, mêlant des œuvres restées dans l’ombre et celles devenues emblématiques d’un mouvement artistique.

     

    La référence centrale de l’exposition est Paris - terre d’adoption pour de nombreux artistes étrangers comme Wilhelm Lehmbruck et Otto Freundlich, rassemblés autour de l’Ecole de Paris – mais aussi le point de départ de l’intérêt de Michael Werner pour l’art contemporain. C’est en effet à partir d’artistes parisiens, en particulier, Jean Fautrier et Francis Gruber, découverts au musée d’Art moderne de la Ville de Paris dès les années soixante, que Michael Werner commence sa collection et l’enrichit des plus grands artistes allemands de son temps, constituant au fil des années une « Ecole du Nord », véritable alternative à la scène parisienne.

     

    Michael Werner ouvre la galerie Werner & Katz, à Berlin en 1963 avec la première exposition de peintures de Georg Baselitz. En 1968, il s’installe à Cologne puis à New York en 1990. Il découvre des artistes majeurs de l’après-guerre, tels que Georg Baselitz, Marcel Broodthaers, James Lee Byars, Jörg Immendorff, Markus Lüpertz, Per Kirkeby, A. R. Penck et Sigmar Polke et les a soutenus durant toute leur carrière. Sa vision et sa volonté de défendre avec ferveur et constance les mêmes artistes durant près de cinquante ans lui donnent une place toute particulière parmi ses contemporains. Cette singularité se double d’une grande ouverture de ses champs d’intérêt en histoire de l’art allant de Jean Arp, Jean Fautrier, Ernst Ludwig Kirchner, Yves Klein, Piero Manzoni, Francis Picabia, à Kurt Schwitters. Dans les années 1980, la collection de Michael Werner s’étend à des œuvres plus conceptuelles, comme celles de Marcel Broodthaers, James Lee Byars, Joseph Beuys, Robert Filliou, Tomas Schmit et Niele Toroni.

     

    Liste des artistes exposés :

    Arman, Georg Baselitz, Joseph Beuys, Marcel Broodthaers, Günter Brus, James Lee Byars, Gaston Chaissac, André Derain, Gérard Deschamps, Otto Dix, Louis Michel Eilshemius, Étienne-Martin, Jean Fautrier, Robert Filliou, Lucio Fontana, Otto Freundlich, Francis Gruber, Raymond Hains, Antonius Höckelmann, Jörg Immendorff, Per Kirkeby, Yves Klein, Jannis Kounellis, Wilhelm Lehmbruck, Eugène Leroy, Markus Lüpertz, Henri Michaux, A. R. Penck, Francis Picabia, Sigmar Polke, Raymond Queneau, Bernard Réquichot, Mimmo Rotella, Tomas Schmit, Eugen Schönebeck, Friedrich Schröder-Sonnenstern, Niele Toroni, Don Van Vliet, Jacques Villeglé.



    Donation Michael Werner

    Le marchand d’art et collectionneur allemand Michael Werner fait un don exceptionnel de 127 œuvres de sa collection personnelle au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Cette donation rassemble les œuvres de Marcel Broodthaers, James Lee Byars, Gaston Chaissac, André Derain, Otto Freundlich, Etienne-Martin, Robert Filliou, Antonius Höckelmann, Jörg Immendorff, Per Kirkeby, Wilhelm Lehmbruck, Markus Lüpertz, A. R. Penck, Bernard Réquichot, Niele Toroni et Don Van Vliet.

    La donation reflète les artistes contemporains promus par Michael Werner au fil de sa carrière, ainsi qu’un ensemble d’œuvres de maîtres modernes tels que Lehmbruck, Freundlich et Derain. Les œuvres données ont été sélectionnées par le directeur du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Fabrice Hergott, en fonction de leur pertinence pour les collections du musée.

    Présent à Berlin, Cologne, New York et prochainement à Londres, Michael Werner est l’un des galeristes les plus influents sur le plan international. Il a apporté son soutien à des artistes majeurs du vingtième siècle tels que Georg Baselitz, Markus Lüpertz, Jörg Immendorff et Sigmar Polke et a contribué à la reconnaissance internationale de l’art allemand de l’après-guerre. Constituée à partir des années soixante, sa collection documente plus de cinquante années d’activité.

    A propos de cette donation, Michael Werner précise : « C’est fondamentalement un choix sentimental. C’est une visite dans ce musée, très tôt dans ma carrière, qui a profondément modifié ma compréhension et mon rapport à l’art. En 1962, j’étais venu à Paris avec Georg Baselitz voir ici une exposition de Jean Fautrier qui m’a bouleversé. L’exposition, qui réunissait plein de peintures étranges et extraordinaires, et son atmosphère prenante m’ont vivement ému. Bien que travaillant dans une galerie depuis quelques années déjà, je n’avais jamais encore été touché aussi fortement par l’art. L’effet que m’avait fait cette exposition a marqué ma véritable entrée dans le monde de l’art et déterminé mon parcours. Je ne suis pas un homme religieux, mais cela ressemblait bien à une conversion religieuse. »

    Fabrice Hergott, directeur du musée d’Art moderne de la Ville de Paris se félicite : « La donation Michael Werner est le plus grand enrichissement de nos collections depuis le legs du docteur Maurice Girardin en 1951, qui fut à l’origine de la création du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. »

    http://www.mam.paris.fr/fr/expositions/la-collection-michael-werner

  • Fin de l'expo:La collection Michael Werner

    octobre2012-3mars2013/

    J’ai assis la Beauté sur mes genoux. (…) Et je l’ai injuriée. Rimbaud

    Gaston Chaissac Grande porte de bois peint 1953 Peinture sur bois Donation Michael Werner au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris © ADAGP, Paris 2012 photo © Lothar Schnepf, Köln

    L’exposition « La Collection Michael Werner » réunit près de 900 œuvres dont une partie des 127 peintures et sculptures données récemment au musée par le marchand d’art allemand.  Rassemblant une quarantaine d’artistes, cette présentation rend hommage au travail accompli par Michael Werner au cours des cinquante années de son activité de galeriste et de collectionneur.

    La collection de Michael Werner se distingue par l’intérêt que celui-ci porte à des tendances qui vont à l’encontre des canons établis, et particulièrement au travail du « peintre-sculpteur » s’exprimant librement et sans hiérarchie dans les domaines de la peinture, de la sculpture ou du dessin. Plutôt que de présenter les mouvements d’avant-garde, cette exposition propose un regard singulier sur la création artistique du XXe siècle, et offre une lecture différente de l’art moderne et contemporain. Les œuvres ont en effet été choisies non selon les classifications traditionnelles, mais selon les affinités profondes qui lient les artistes, si diverses que soient leurs pratiques et leurs démarches, dans leur recherche inlassable de formes et de figures nouvelles. Les œuvres sont saisies à leur origine, dans ce qu’elles ont d’inédit dans l’art de leur époque. Les regroupements, les rapprochements que fait toute exposition sont ici atypiques, non conformes au discours historique, mêlant des œuvres restées dans l’ombre et celles devenues emblématiques d’un mouvement artistique.

     

    La référence centrale de l’exposition est Paris - terre d’adoption pour de nombreux artistes étrangers comme Wilhelm Lehmbruck et Otto Freundlich, rassemblés autour de l’Ecole de Paris – mais aussi le point de départ de l’intérêt de Michael Werner pour l’art contemporain. C’est en effet à partir d’artistes parisiens, en particulier, Jean Fautrier et Francis Gruber, découverts au musée d’Art moderne de la Ville de Paris dès les années soixante, que Michael Werner commence sa collection et l’enrichit des plus grands artistes allemands de son temps, constituant au fil des années une « Ecole du Nord », véritable alternative à la scène parisienne.

     

    Michael Werner ouvre la galerie Werner & Katz, à Berlin en 1963 avec la première exposition de peintures de Georg Baselitz. En 1968, il s’installe à Cologne puis à New York en 1990. Il découvre des artistes majeurs de l’après-guerre, tels que Georg Baselitz, Marcel Broodthaers, James Lee Byars, Jörg Immendorff, Markus Lüpertz, Per Kirkeby, A. R. Penck et Sigmar Polke et les a soutenus durant toute leur carrière. Sa vision et sa volonté de défendre avec ferveur et constance les mêmes artistes durant près de cinquante ans lui donnent une place toute particulière parmi ses contemporains. Cette singularité se double d’une grande ouverture de ses champs d’intérêt en histoire de l’art allant de Jean Arp, Jean Fautrier, Ernst Ludwig Kirchner, Yves Klein, Piero Manzoni, Francis Picabia, à Kurt Schwitters. Dans les années 1980, la collection de Michael Werner s’étend à des œuvres plus conceptuelles, comme celles de Marcel Broodthaers, James Lee Byars, Joseph Beuys, Robert Filliou, Tomas Schmit et Niele Toroni.

     

    Liste des artistes exposés :

    Arman, Georg Baselitz, Joseph Beuys, Marcel Broodthaers, Günter Brus, James Lee Byars, Gaston Chaissac, André Derain, Gérard Deschamps, Otto Dix, Louis Michel Eilshemius, Étienne-Martin, Jean Fautrier, Robert Filliou, Lucio Fontana, Otto Freundlich, Francis Gruber, Raymond Hains, Antonius Höckelmann, Jörg Immendorff, Per Kirkeby, Yves Klein, Jannis Kounellis, Wilhelm Lehmbruck, Eugène Leroy, Markus Lüpertz, Henri Michaux, A. R. Penck, Francis Picabia, Sigmar Polke, Raymond Queneau, Bernard Réquichot, Mimmo Rotella, Tomas Schmit, Eugen Schönebeck, Friedrich Schröder-Sonnenstern, Niele Toroni, Don Van Vliet, Jacques Villeglé.



    Donation Michael Werner

    Le marchand d’art et collectionneur allemand Michael Werner fait un don exceptionnel de 127 œuvres de sa collection personnelle au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Cette donation rassemble les œuvres de Marcel Broodthaers, James Lee Byars, Gaston Chaissac, André Derain, Otto Freundlich, Etienne-Martin, Robert Filliou, Antonius Höckelmann, Jörg Immendorff, Per Kirkeby, Wilhelm Lehmbruck, Markus Lüpertz, A. R. Penck, Bernard Réquichot, Niele Toroni et Don Van Vliet.

    La donation reflète les artistes contemporains promus par Michael Werner au fil de sa carrière, ainsi qu’un ensemble d’œuvres de maîtres modernes tels que Lehmbruck, Freundlich et Derain. Les œuvres données ont été sélectionnées par le directeur du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Fabrice Hergott, en fonction de leur pertinence pour les collections du musée.

    Présent à Berlin, Cologne, New York et prochainement à Londres, Michael Werner est l’un des galeristes les plus influents sur le plan international. Il a apporté son soutien à des artistes majeurs du vingtième siècle tels que Georg Baselitz, Markus Lüpertz, Jörg Immendorff et Sigmar Polke et a contribué à la reconnaissance internationale de l’art allemand de l’après-guerre. Constituée à partir des années soixante, sa collection documente plus de cinquante années d’activité.

    A propos de cette donation, Michael Werner précise : « C’est fondamentalement un choix sentimental. C’est une visite dans ce musée, très tôt dans ma carrière, qui a profondément modifié ma compréhension et mon rapport à l’art. En 1962, j’étais venu à Paris avec Georg Baselitz voir ici une exposition de Jean Fautrier qui m’a bouleversé. L’exposition, qui réunissait plein de peintures étranges et extraordinaires, et son atmosphère prenante m’ont vivement ému. Bien que travaillant dans une galerie depuis quelques années déjà, je n’avais jamais encore été touché aussi fortement par l’art. L’effet que m’avait fait cette exposition a marqué ma véritable entrée dans le monde de l’art et déterminé mon parcours. Je ne suis pas un homme religieux, mais cela ressemblait bien à une conversion religieuse. »

    Fabrice Hergott, directeur du musée d’Art moderne de la Ville de Paris se félicite : « La donation Michael Werner est le plus grand enrichissement de nos collections depuis le legs du docteur Maurice Girardin en 1951, qui fut à l’origine de la création du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. »

    http://www.mam.paris.fr/fr/expositions/la-collection-michael-werner

  • Kees van Dongen, La Gitane (la curieuse), vers 1911, Paris, Centre Pompidou © RMN / Gérard Blot / ADAGP, Paris 2012

    Kees van Dongen, La Gitane (la curieuse), vers 1911, Paris, Centre PompidouUne grande exposition raconte au Grand Palais les bohèmes, la bohème des gens du voyage et celle des artistes. La convergence entre la figure du Rom et celle de l’artiste fauché du XIXe siècle. Ou comment les artistes, en s’émancipant du pouvoir, se sont identifiés à une certaine figure de liberté (jusqu’au 14 janvier 2013)

    Vincent Van Gogh, Les roulottes, campements de bohémiens aux environs d'Arles, Paris Musée d'Orsay

    Vincent Van Gogh, Les roulottes, campements de bohémiens aux environs d'Arles, Paris Musée d'Orsay © RMN (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

     La figure du bohémien a fasciné les artistes », souligne Sylvain Amic, le commissaire de l’exposition. Celle-ci est une « longue route » à travers cinq siècles d’imaginaire. L’exposition commence avec un dessin de Léonard de Vinci de 1493, où un homme se fait délester de sa bourse par des « tsiganes » au visage grimaçant. Elle se termine en 1937, avec l’exposition d’ "art dégénéré " des nazis, représentée ici par le portfolio du peintre allemand Otto Mueller, membre du mouvement Die Brücke, sur les bohémiens des Balkans.

    Le bohémien, une figure qui attire et fait peur
    La première partie de l’exposition, au premier niveau, s’intéresse à l’image du bohémien dans la peinture, depuis la fin du XVe siècle. Image grimaçante chez Léonard de Vinci. Ou idéalisée dans un paysage de Gainsborough qui représente un campement sous un arbre. On est toujours, en effet, entre attirance, fascination, peur ou répulsion.

    Gustave Courbet, La bohémienne et ses enfants, 1853-54

    Gustave Courbet, La bohémienne et ses enfants, 1853-54 © Collection privée

    « Le bohémien est réputé sans patrimoine, sans cesse en mouvement, sensuel, profondément connecté à la nature, porteur d’un mystère qui échappe à la majorité de la population », résume Sylvain Amic.

     

    « Il y a un divorce entre le mythe et la réalité », fait-il remarquer, ajoutant que, de tous les temps, « on aime beaucoup les bohémiens en peinture, beaucoup moins au fond de son jardin ».

    Le divorce ira jusqu’à la « schizophrénie » quand, en 1942, Leni Riefenstahl, la réalisatrice préférée de Hitler, fait sortir 150 Roms des camps pour figurer dans un de ses films. Après le tournage, ils sont enfermés de nouveau. Un demi-million d’entre eux seront exterminés.

    Une génération d'artistes va s'identifier aux bohémiens
    Georges de La Tour reprend le thème du bohémien voleur dans « La Diseuse de bonne aventure » (1630). A l’inverse, la Vierge prend parfois les traits d’une gitane, comme chez Georges Lallemant (« La Sainte Famille », début du XVIIe).

    Nicolas Régnier, Joueurs de carte et diseuse de bonne aventure, vers 1625

    Nicolas Régnier, Joueurs de carte et diseuse de bonne aventure, vers 1625 © Museum of Fine Arts, Budapest

      Au début du XIXe siècle, un changement s’opère avec Gustave Courbet qui, le premier, s’identifie aux bohémiens. Ceux-ci ne sont plus alors seulement une figure de fascination. « Dans notre société si bien civilisée, il faut que je mène une vie de sauvage. (…) Pour cela je viens donc de débuter dans la grande vie vagabonde et indépendante du bohémien », dit Courbet.

     

    Il représente, dans « La Rencontre » (1854) deux bourgeois qui croisent un vagabond sur un chemin et le saluent comme un prince. « La Bohémienne et ses enfants » (1853-54), un grand tableau découvert récemment les montre en chemin, lourdement chargés. Sa très belle « Rêverie tsigane », est le pendant de l’identification de l’artiste aux bohémiens. Les cheveux noirs de la fille dégringolent sur une chemise blanche ouverte sur sa poitrine.

    Renoir peint le même genre de figure quand il représente sa compagne en bohémienne, tandis que Corot peint une gitane plus sage, la « Zingara au tambour de basque ».

      L'artiste bohème, de la misère à la gloire
    C’est à cette époque que naît l’artiste « bohème », libre mais pauvre, vivant dans une mansarde glaciale. La deuxième partie de l’exposition est consacrée à ces artistes.

     

    A partir de 1830, le mot « bohémien » « est employé pour qualifier ces jeunes artistes qui tentent d’entrer dans la carrière par les marges, sans passer sous les fourches caudines de l’Ecole des beaux-arts, du prix de Rome et de la villa Médicis (…) Ils se placent en dehors de la société, comme des bohémiens », raconte Sylvain Amic. Baudelaire invente même le terme « bohémianisme ». L'artiste n'est plus sous la protection d'un prince, il est devenu un génie solitaire, misérable et incompris.

    C’est l’époque où Montmartre est le refuge des artistes, qui se retrouvent au Moulin de la Galette, au Chat noir ou au Lapin agile et côtoient serveuses, danseuses, acrobates et prostituées. Degas peint « L’absinthe » et Toulouse-Lautrec « La Gitane ».

    La bohème, ce n’est pas drôle tous les jours. « Il y a des gens qui meurent », remarque Sylvain Amic.

    Octave Tassaert, Intérieur d'atelier, 1845, Paris, Musée du Louvre

    Octave Tassaert, Intérieur d'atelier, 1845, Paris, Musée du Louvre © RMN (Musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

    La bohème de Verlaine et Rimbaud
    Les peintres se représentent ou représentent leurs copains dans des chambres misérables, entre un poêle et une fenêtre qui laisse passer l’air froid. « Art, misère, désespoir, folie » de Jules Blin résume la situation : l’artiste a jeté ses pinceaux et ses couleurs par terre et piétine une de ses toiles. Alexandre Gabriel Decamps « suicide » l’artiste dans une mansarde. Nicolas François Octave Tassaert le montre, assis par terre épluchant des patates.

     

    Verlaine et Rimbaud incarnent bien l’esprit de l’époque. Les deux poètes vivront « la bohème » jusqu’au bout, le premier dans les cafés et les hôpitaux parisiens, le second à Aden et en Ethiopie. A côté de leurs portraits, on peut voir le manuscrit original de « Ma Bohème » de Rimbaud, prêté par la British Library.

    Bohèmes, Grand Palais, entrée Clémenceau
    tous les jours sauf le mardi, 10h-20h, nocturne le mercredi jusqu'à 22h (fermeture à 18h le 24 et le 31 décembre)
    tarifs : 12 € / 8 €
    jusqu'au 14 janvier 2013
    Renseignements et achats de billets

    http://www.francetv.fr/culturebox/les-bohemiens-dans-lart-et-les-artistes-dans-la-boheme-au-grand-palais-117887

  • Russell Banks : Lointain souvenir de la peau

    Par Bruno Corty Publié le 21/03/2012 à 10:20 
    À Miami, en Floride, les délinquants sexuels, obligés de se tenir à l'écart de tous lieux de rassemblement d'enfants, n'ont d'autre refuge que le pont Julia Tuttle Causeway.
    À Miami, en Floride, les délinquants sexuels, obligés de se tenir à l'écart de tous lieux de rassemblement d'enfants, n'ont d'autre refuge que le pont Julia Tuttle Causeway. Crédits photo : © Carlos Barria / Reuters/REUTERS

    Le destin d'un gamin solitaire transformé en paria pour être devenu accro au sexe virtuel.

    S'il n'en reste qu'un, ce sera lui, l'homme du New Hampshire, le septuagénaire costaud portant un diamant à l'oreille gauche. Avec sa tête de Hemingway dernière manière, cheveux et barbe blancs, Russell Banks, 72 ans, n'a pas renoncé à écrire sur «le quart-monde de l'Amérique oubliée», pour reprendre l'expression de Pierre-Yves Pétillon.

    Fils d'un ouvrier plombier dépressif et alcoolique, frère d'un soldat revenu abîmé du Vietnam et d'un autre disparu au cours de ses vagabondages, la souffrance des autres n'est pas un mystère à ses yeux. Son Amérique à lui n'est guère triomphante. De Survivants à Affliction, de Trailerpark à Continents à la dérive, il a suivi l'exemple de son maître et ami Nelson Algren, auteur d'A Walk on the Wild Side, chantre des égarés, des vagabonds et des démunis.

    Aujourd'hui, l'écrivain se penche sur le sort des délinquants sexuels, ceux sur qui la société américaine préférerait tirer un trait. Ne pouvant le faire, elle a trouvé le moyen de les mettre le plus possible à l'écart en leur interdisant de vivre à moins de 760 mètres d'une école ou d'un lieu de rassemblement d'enfants. Autant dire que dans une ville comme Miami, où Banks vit depuis des années, les seuls endroits possibles sont les abords de l'aéroport, la zone des marais et l'espace sous le viaduc. C'est là qu'entre 2006 et 2010 une communauté d'une centaine d'hommes de tous âges et back­ground s'est installée dans des conditions d'hygiène improbables.

    Pas un prédateur

    Dans cette colonie pénitentiaire d'un genre nouveau, où les bracelets électroniques ont remplacé les boulets des forçats, l'écrivain a imaginé la nouvelle vie du Kid, un gamin de vingt-deux ans tout juste sorti d'un séjour de trois mois en prison. La bonne idée de Banks est d'avoir choisi un accro du sexe sur Internet. Pas un prédateur, plutôt un petit poisson tombé dans un piège tendu par la police après un chat avec une mineure. Un naïf, ce Kid, délinquant sexuel mais toujours vierge! Un garçon sans culture, élevé par une mère célibataire uniquement préoccupée par les amants qui défilent dans sa vie. À l'écart, le Kid s'est construit un monde parallèle sans comprendre les dangers que pouvait constituer une addiction au sexe virtuel. Son ordinateur lui «avait fourni une carapace et l'avait préservé de la solitude et du désarroi», écrit Banks.

    Le Kid sort de prison avec un bracelet électronique qui permet aux autorités de le localiser vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et ce, pendant dix ans. Sa mère ne voulant plus entendre parler de lui, il part avec son seul ami, Iggy l'Iguane, avec qui il a grandi, et se rend sous le viaduc. Il y côtoie toutes sortes d'individus qui portent, comme lui, des surnoms: il y a le Grec, Paco, Véreux, Ginger le Rouquin, Froot Loop. C'est là que le découvre un jour endormi sous sa tente un homme comme une montagne de chair. Enseignant en sociologie à l'université de Calusa, passionné par le phénomène des sans-abri, le professeur veut approfondir son sujet. Avec le Kid, il pense avoir trouvé la personne idéale pour son enquête. Méfiant, le gamin ne se laisse pas approcher facilement. Il s'interroge sur les intentions de celui qu'il a surnommé Alamasse.

    À partir de cette situation classique - le vieux sage et le jeune inexpérimenté -, tous deux prisonniers d'une addiction (le prof est un «outre-mangeur»), tous deux solitaires, mal dans leur peau, Banks tend à l'Amérique un miroir cruel. Dedans, on y voit une nation déchirée entre puritanisme et consommation effrénée de pornographie. Une nation qui veut protéger ses enfants après les avoir transformés, via Internet, en proies de choix pour les frustrés et les pervers.

    L'éveil d'une conscience

    Plus qu'un chemin vers la rédemption, le parcours du Kid est celui de l'éveil d'une conscience au monde réel. Banks nous parle de culpabilité et de honte. D'exclusion et de solitude. De chair triste. Lointain souvenir de la peau n'est pas un roman aimable mais admirable dans sa rugosité même et sa puissance. Peu d'écrivains ont aujourd'hui le courage de prendre à bras-le-corps de tels sujets. S'il n'en reste qu'un, Banks sera celui-là.

    «Lointain souvenir de la peau» de Russell Banks,traduit de l'américain par Pierre Furlan, Actes Sud, 444 p., 23,80 €.

    LIRE AUSSI: 

    » Les Amants terribles des Adirondacks 

  • J'ai aimé voir au Musée Henner ce mois-ci

    93fa75d45a.jpgContexte historique

    La perte de l’Alsace-Lorraine

    La guerre de 1870 se conclut, le 10 mai 1871, par la signature du traité de Francfort. La France, vaincue, cède au nouvel Empire allemand l’Alsace et une partie de la Lorraine correspondant à l’actuel département de la Moselle. L’Alsace-Lorraine, traduction de l’allemand Elsass-Lothringen, est directement placée sous la souveraineté de l’empereur Guillaume Ier. Dans les territoires annexés comme en France se développent l’esprit de revanche et la nostalgie des provinces perdues. Notons que ce sentiment fut sensiblement moins fort que la mythologie républicaine et patriote ne l’a affirmé. Exacerbé entre 1871 et 1872, il s’estompe rapidement pour resurgir surtout à la veille et durant la Première Guerre mondiale.

    Le tableau est commandé, à l’initiative de Mme Kestner, par des dames de Thann à Jean-Jacques Henner, peintre né à Bernwiller, dans le sud de l’Alsace. Il est offert à Léon Gambetta (1838-1882), qui le fait graver par Léopold Flameng pour lui assurer une large diffusion.

    Partisan de la guerre à outrance, Gambetta s’était opposé à la signature d’un armistice lorsqu’il était ministre de l’Intérieur et de la Guerre. En février 1871, il est élu dans neuf départements mais choisit d’être député du Bas-Rhin avant de démissionner pour montrer son opposition à l’abandon de l’Alsace-Lorraine. D’après Castagnary, dans Le Siècle du 31 juillet 1871, Gambetta montrait le tableau en disant « C’est ma fiancée ! ».

    93fa75d45a.jpg

    Titre : L'Alsace. Elle attend.

    Auteur : Jean-Jacques HENNER (1829-1905)
    Date de création : 1871
    Date représentée : 1871
    Dimensions : Hauteur 60 cm - Largeur 30 cm
    Technique et autres indications : Huile sur toile.
    Lieu de Conservation : Musée Jean-Jacques Henner (Paris) ; site web
    Contact copyright : Agence photographique de la Réunion des musées nationaux. 254/256 rue de Bercy 75577 Paris CEDEX 12. Courriel : photo@rmn.fr ; site web
    Référence de l'image : 07-502400 / JJHP 1972-15

    Analyse de l'image

    Ce n’est pas une Alsacienne, c’est l’Alsace

    L’Alsace. Elle attend n’est pas un portrait, comme celui de sa nièce Eugénie exposé par Henner au Salon de 1870 sous le titre Alsacienne (Paris, musée national Jean-Jacques Henner), mais une personnification de l’Alsace. « Ce n’est pas une Alsacienne, c’est l’Alsace », écrit Castagnary dans Le Siècle. Pourtant, contrairement au sculpteur Paul Cabet dans Mille huit cent soixante et onze ; l’année terrible (Salon de 1872, Paris, musée d’Orsay), Henner ne représente pas une figure drapée terrassée par le chagrin. Son allégorie appartient au monde réel : une jeune Alsacienne en deuil, simple et digne. À cette époque le peintre, Prix de Rome en 1858, a adopté un style naturaliste comme en témoigne sa Femme couchée dite La Femme au divan noir (Mulhouse, musée des Beaux-Arts), exposée au Salon de 1869.

    Le tableau frappe par son dépouillement et l’absence de tout élément anecdotique : ni lettre annonçant une triste nouvelle ni fenêtre donnant sur la ligne bleue des Vosges. C’est la coiffe de la jeune femme qui confère à l’œuvre sa signification patriotique : un nœud noir alsacien avec une cocarde tricolore, seule véritable touche de couleur du tableau.

      Interprétation

    Un tableau emblématique

    Louis Loviot écrit en 1912 : « La France tout entière reconnut dans cette figure la personnification de l’Alsace perdue […] Reproduite sous mille formes, l’Alsacienne [en fait L’Alsace] fut pour Henner ce qu’a été Le Passant pour François Coppée, elle lui a donné la popularité » (dans J. J. Henner et son œuvre, Paris, 1912, p. 16).

    Dès 1871, cette toile a suscité un grand nombre d’articles d’auteurs qui, portés par un sentiment patriotique, l’ont généralement interprétée avec un lyrisme contrastant avec sa retenue.

    Évoquant moins la jeune fille qui a posé pour Henner que le symbole qu’elle incarne, Castagnary écrit dans Le Siècle : « Elle a seize ans, l’âge de la génération qui doit voir s’accomplir l’inévitable revanche. » Selon La République française du 31 janvier 1872 : « Si triste qu’elle soit, un sentiment inattendu de coquetterie féminine lui a fait piquer une cocarde tricolore au milieu des larges rubans qui battent son front comme des ailes de papillons noirs. » Pour Louis Ratisbonne dans Le Journal des Débats du 1er janvier 1873 : « Dans ses cheveux on remarque la cocarde tricolore, bleue, blanche et rouge, comme un Ne m’oubliez pas ! sur lequel serait tombée une goutte de sang. » Le myosotis doit d’ailleurs sa signification dans le langage des fleurs (« ne m’oubliez pas ! ») à une légende allemande.

    Dans le contexte d’exacerbation du patriotisme qui a suivi la défaite, le tableau de Henner est devenu emblématique de la souffrance de l’Alsace, douleur qui était aussi celle d’un peintre très attaché à sa terre natale.

    Auteur : Claire BESSÈDE

     

    Bibliographie

    • Jules-Antoine CASTAGNARY, « La petite Alsace », in Le Siècle, 31 juillet 1871.
    • François ROTH, La Guerre de 1870, Paris, Fayard, 1990.
    • Hommage à Léon Gambetta, catalogue d’exposition, Paris, Musée du Luxembourg, 1982.
    • Face à l’impressionnisme, Jean-Jacques Henner (1829-1905), le dernier des romantiques, catalogue de l’exposition du musée de la Vie romantique, 26 juin 2007-13 janvier 2008, Paris, Éditions Paris Musées, 2007.

    http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=795

  • Faune Barberini

    220px-Barberini_Faun_front_Glyptothek_Munich_218_n1.jpgLe Faune Barberini est une statue grecque antique de l'époque hellénistique représentant un satyre endormi. Elle est actuellement conservée à la Glyptothèque de Munich (Inv. 218).

    Le faune

    La statue représente un satyre, mais il faut faire preuve d'attention pour ne pas y voir un simple jeune homme : ses oreilles pointues, sa queue à peine visible au bas du dos, sa couronne de lierre et sa nébride (peau de panthère) ne sont pas apparents au premier abord.

    Détail de la queue du Faune dépassant de derrière son dos

    Il est vautré sur des rochers, ce qui laisse supposer qu'il s'est endormi au milieu des bois, probablement sous l'effet du vin. Les jambes écartées, la tête renversée en arrière et le bras droit replié derrière la tête pour servir d'oreiller, il se présente dans une position peu habituelle, et complexe à exécuter pour le sculpteur — d'autant qu'à l'origine, il semble que la jambe droite (restauration moderne), ait été pendante et non repliée. La pose rappelle cependant celle des satyres ivres en ronde-bosse ornant le cratère de Derveni, datant selon les commentateurs de 350 ou de 330-320 av. J.-C. Son corps est celui d'un athlète, à la musculature puissante : il n'a rien de commun avec la grâce féminine du Satyre au repos de Praxitèle. Le visage est très expressif : la bouche est entrouverte, les cheveux en bataille, les traits marqués. Il semble représenter un sommeil difficile, sans doute du fait de l'alcool.

    Histoire

    La statue est découverte sous le pontificat d'Urbain VIII (1623-1643) au château Saint-Ange, à Rome. Elle entre aussitôt dans les collections de la famille du pape, les Barberini, qui lui donnent son nom : c'est la seule œuvre majeure qui tombe dans leur escarcelle durant le règne de leur représentant. Le cardinal Maffeo Barberini commissionne alors le Bernin pour restaurer la statue, dont la jambe droite, une partie des mains et de la tête. On ignore si le travail a été effectué par le Bernin lui-même ou l'un de ses disciples. Selon la tradition, le Bernin aurait accentué l'aspect homoérotique de la statue : de fait, la pose du satyre est souvent copiée dans des photographies érotiques homosexuelles.

    La statue acquiert rapidement de la notoriété. En 1700, elle est citée comme le « Faune du palais Barberin », illustrant le « sommeil naturel », par un abbé Raguenet dans ses Monuments de Rome, ou description des plus beaux ouvrages (...) qui se voyent à Rome. Elle est vendue par les Barberini dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, lors du grand dispersement de leurs collections. Elle appartient un temps à un sculpteur et marchand, Vincenzo Pacetti, avant d'être achetée dans les années 1810 par le roi Louis Ier de Bavière, alors prince héritier, et installée dans à Munich dans la Glyptothèque, musée spécialement créé pour accueillir ses nouvelles collections de sculpture grecque.

    Datation

    Haute de 2 mètres 15, la statue est réalisée en marbre. On ignore dans quel contexte elle s'insérait : était-ce un élément d'un groupe ou une statue isolée ? S'agissait-il d'une offrande religieuse ou d'une œuvre décorative ? Du fait de la puissance de l'expression, rappelant l'école de Pergame et de la maîtrise de la représentation en trois dimensions, on s'accorde à rattacher cette œuvre à l'Asie mineure de la fin du IIIe siècle av. J.-C. On ne connaît pas de copies du Faune Barberini, mais l'existence d'une variante en bronze découverte dans la Villa des Papyrus d'Herculanum est antérieure au Ier siècle av. J.-C..

    Copies

    De nombreuses copies du Faune Barberini sont connues, souvent l'œuvre de pensionnaires de la Villa Médicis. Parmi celles-ci, on peut citer :

    Bibliographie

    Commons-logo.svg

    Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur le Faune Barberini.

    • Bernard Holtzmann et Alain Pasquier, Histoire de l'art antique : l'art grec, Documentation française, coll. « Manuels de l'École du Louvre », Paris, 1998 (ISBN 2-11-003866-7), p. 254-255.
    • (en) Brunilde Sismondo Ridgway, Hellenistic Sculpture, vol. I : The Styles of ca. 331-200 B.C., University of Wisconsin Press, Madison, 2001 (ISBN 0-299-11824-X)  p. 313-321.
    • R. R. R. Smith (trad. Anne et Marie Duprat), La Sculpture hellénistique [« Hellenistic Sculpture »], Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », Paris, 1996 (édition originale 1991) (ISBN 2-87811-107-9) , p. 135.
    • (de) Hans Walter, Satyrs Traum: Ein Gang durch die griechische Satyrlandschaft, Deutscher Kunstverlag, Berlin, 1991 (ISBN 3-422-06105-3), p. 127-154.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Faune_Barberini

    Dans ma lecture de l'"Histoire de la beauté" d'Umberto eco