Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : cheveux

  • Michel Tournier, l'acrobate métaphysique

    Par Patrick Grainville
    03/06/2010 | Mise à jour : 13:49 Réagir

    Rencontre avec l'auteur de Vendredi ou les Limbes du Pacifique

    La première fois que j'ai vu Michel Tournier, ce fut à la télévision, en noir et blanc, dans mon village natal, en 1967. Il venait d'obtenir le prix de l'Académie française pour Vendredi ou les ­Limbes du Pacifique. Je fus immédiatement frappé par le visage : étrange. L'impact des traits nets et pourtant furtivement faunesques. Un tout début de calvitie centrale laissait se bomber de chaque côté de la tête deux bosses de cheveux noirs, deux cornes de Belzébuth ! Le beau c'est le bizarre, comme dit Baudelaire. L'anomalie. Royale chez Tournier. Pourtant, tout commence par l'épure des phrases suaves et limpides qui ouvrent Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Robinson est allongé sur le rivage de son naufrage:«des mouettes noires et blanches tournoyaient en gémissant dans le ciel céruléen…»

    Tel est le décorum de l'île et du roman originel. Deux couleurs : le noir et le blanc! Et tout là-haut, la troisième : le transcendant bleu lumineux. On va les retrouver… Les mêmes mouettes planent au-dessus du grand dépôt d'ordures marseillais où Alexandre, le «dandy des gadoues» des Météores, prélève des échantillons scabreux. La nuit, des rats noirs viennent dévorer les grands oiseaux immaculés, blessés dans la décharge. Tournier c'est Icare greffé sur un rat. On se souvient des rituels scatologiques de Nestor aux grosses fesses blanches dans Le Roi des Aulnes, observateur prophétique des noires citadelles édifiées par «Oméga»!

     

    Un acrobate métaphysique 

     

    Les grands héros de Tournier sont des pervers polyphoniques… Le romancier fait volontiers montre d'un enthousiasme tératologique. Le monstrueux le fascine. Mais il établit une démarcation rigoureuse entre innocence et pureté. L'innocence serait originelle, celle des monstres candides, de Vendredi qui couche avec la terre. La pureté serait seconde et fruit de la morale. Mais Tournier a beau être friand de ces beaux oxymores irréconciliables, il est rare qu'il ne les verse pas dans un devenir dialectique. Recalé à l'agrégation de philosophie, inconsolable, il n'en a pas moins fait entrer et miroiter les concepts dans le flux romanesque. Ainsi, dans Gilles & Jeanne, le romancier lancera Gilles de Rais et Jeanne d'Arc dans la spirale qui les fond l'un à l'autre comme des jumeaux ! Au final, l'ogre se transfigure en pucelle!

    Six ans après que Michel ­Tournier me soit apparu à la télévision, en 1973, il débarquait chez moi dans le petit appartement de ­Sartrouville que je partageais alors avec ma femme. Il entendait me remonter le moral après un échec au prix Goncourt en dépit de son engagement zélé. Je reconnus immédiatement le Tournier «phorique» et salvateur, celui du Roi des Aulnes, sorte de saint Christophe des banlieues à casquette venu me porter, me soulever des boues de la déprime. Souvenez-vous de la fin du Roi des Aulnes. Abel Tiffauges, l'ogre chasseur au service de ­Goering, avance dans un marais en portant dans la lumière Ephraïm, un enfant juif qui se métamorphose en étoile. Tel est le cœur de l'imaginaire de Tournier, son blason mythologique, cette marche initiatrice, cette sortie du labyrinthe profane pour aller danser dans une bacchanale de rayons spirituels. Robinson, à la fin de Vendredi ou les Limbes du ­Pacifique, se dresse dans le soleil:«La lumière fauve le revêtait d'une jeunesse inaltérable.» Et c'est là qu'il découvre un nouveau ­Vendredi qu'il baptise Jeudi !

    Ces petites hérésies pullulent chez Tournier. Pas de littérature sans l'aventure d'un écart. Sans entourloupe paradoxale. L'acrobate métaphysique invente ainsi dans Gaspard, Melchior & Balthazar un quatrième roi mage:Taor ! Lui aussi subira les dédales ténébreux, les affres dans les mines de sel de ­Sodome avant de connaître, tout naturellement, l'eucharistie. Sublimation récurrente, obsédante. À la fin des Météores, Paul, après avoir, en vain, cherché Jean son jumeau nomade, est amputé de sa jambe et de son bras droits dans un souterrain séparant les deux zones de ­Berlin. Et ce mutilé, de retour chez lui, va vivre au cœur de son jardin une métamorphose extraordinaire, une expérience d'hyperconnaissance qui le plonge dans les turbulences du vent, des nuées, du soleil et du bleu céruléen initial ! Il développe un corps météorologique, cosmique ! C'est peut-être la plus décoiffante invention du romancier.

    Trente-cinq ans après une première visite au presbytère de ­Choisel, je suis revenu en juillet 2008. Tournier après une chute et une opération ratée, rebelle à toute nouvelle intervention, marchait en s'appuyant sur une béquille. Il se dressa soudain dans son jardin illuminé, tel Paul, tel Robinson. Et toute la cohorte de ses parias magnifiques, de ses errants «phoriques». Incarnant à lui seul tout le cycle, toute la roue du temps romanesque. On entendait claquer derrière la haie des balles de tennis. Je jetai un œil : deux jeunes gens, torse nu, jouaient dans le soleil. Je lui dis que c'étaient les jumeaux des Météores.

  • Les trésors de Méroé dévoilés au Louvre

    Ce Nantais explora la nécropole royale de Méroé, à 220 km de Khartoum, capitale du Soudan. Comme lui, il a fallu "gravir une éminence pour embrasser d'un coup d'oeil" le site antique. Les dunes ondulent à perte de vue, hérissées de pyramides : tombeaux de princes, de 42 rois et de 5 reines, bâtis entre 290 avant J.-C. et l'an 350.

    L'endroit est désert, sauvage, dans un état d'abandon. Personne à l'horizon, hormis le gardien et trois chameliers avec leurs montures. En djellabas et turbans blancs, ils tuent le temps à jouer aux dominos, dans l'attente de touristes qui ne viendront pas.

    Le Soudan, grand comme cinq fois la France, plus vaste pays d'Afrique, reçoit 800 visiteurs par an, ce que l'Egypte accueille en un jour. Le régime islamique n'a pas bonne presse, le pays est jugé dangereux, et l'hôtellerie est inexistante.

    Très pentues, serrées les unes contre les autres, les pyramides ont été décapitées par les chercheurs d'or. Certaines sont à moitié enfouies. D'autres se devinent sous les dunes ou sont réduites à un simple anneau de poussière noire.

    Avec la force du vent, "le sable abrase la pierre comme une toile émeri", précise Claude Rilly, égyptologue, représentant français permanent à la direction des antiquités soudanaises, chargé du chantier de Sedeinga, plus au nord. "Les enduits ocre, jaunes et rouges ont disparu", dit-il. Les bas-reliefs des chapelles funéraires, ouvertes à tout vent, illustrant la pesée de l'âme des défunts, sont lacérés.

    Le plus fameux pillage revient à Guiseppe Ferlini, aventurier italien qui, en 1834, dynamita la pyramide de la "candace" (reine) Amanitore, où se trouvait un chaudron de bronze empli de bijoux. Des bijoux qu'il dispersa et dont on pourra admirer la délicatesse dans l'exposition "Méroé, un empire sur le Nil", présentée, à partir du 26 mars, au Louvre, à Paris.

    PHARAONS NOIRS

    Cette exposition vise à dévoiler la créativité du plus ancien empire d'Afrique noire. Guillemette Andreu-Lanoë, directrice du département des antiquités égyptiennes du Louvre, veut montrer que Méroé "n'est pas l'Egypte pharaonique, mais l'antiquité kouchique, qu'il faut apprécier à sa juste valeur, avec ce côté très rude, très violent, d'influence africaine". Une civilisation qui invente une écriture que "l'on sait lire, prononcer, mais que l'on ne comprend pas encore".

    Héritière de l'ancien royaume de Napata et des pharaons noirs kouchites qui ont dominé un temps l'Egypte - de 747 à 656 avant J.-C. -, la royauté de Méroé, qui vénère le dieu Apedemak, incarné par un lion dévorant ses ennemis, cultive sa différence avec des emprunts à la Grèce, à Rome, à l'Afrique.

    Sur les monumentaux bas-reliefs, remarquables de finesse, de Moussawarat, sorte de Pompéi religieuse, la candace Amanishakheto brandit une épée et tient par les cheveux les soldats d'Auguste, qu'elle affronte à cheval. Dans les réserves du Musée de Khartoum ont été choisis stèles, céramiques, bijoux, statues... que le Louvre a analysés et restaurés comme il s'y était engagé en échange de ce prêt.

    Seront aussi exposés des objets issus de la fouille de Mouweis : un chantier ouvert, en 2007, par Michel Baud et financé par le Louvre. Dans la savane d'épineux, le responsable de la section Nubie-Soudan a délimité une cité de 16 hectares, datant des IIe et IIIe siècles avant J.-C., avec les fondations d'un palais de 3 600 m2, d'un temple, et observé les restes d'une activité métallurgique intense.

    Quantité de céramiques ont été trouvées par Simone Wolf, de l'Institut d'archéologie de Berlin, dans l'antique ville de Méroé où elle travaille depuis sept ans. De couleurs éclatantes, vertes et bleues, les faïences du "bain" aux colonnades animées de treilles et de grappes de raisin, illustrent le goût du vin et l'influence du monde méditerranéen.

    Cette exposition est née, en 2004, d'un "choc esthétique", à l'aube, entre deux pyramides de Méroé, lors du voyage de Guillemette Andreu-Lanoë et d'Henri Loyrette. Le président-directeur du Louvre veut redonner au musée sa vocation universelle et présenter les zones géographiques délaissées. Une reconnaissance pour le Soudan, qui a demandé, en janvier, l'inscription du site de Méroé sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.


    "Méroé, un empire sur le Nil".
    Musée du Louvre, Paris-1er. M° Palais-Royal.
    Du mercredi au lundi, de 9 heures à 18 heures ; mercredi et vendredi, jusqu'à 22 heures. De 6 € à 9,5€. Du 26 mars au 6 septembre.
    Catalogue, éd. Louvre/Officina Libraria, 288 p., 39 €.

    Florence Evin
  • Paul Gauguin, homme douteux, peintre enchanteur

    LEMONDE | 25.10.10 | 15h07  •  Mis à jour le 10.12.10 | 20h49

    C'est l'histoire d'un ancien trader devenu artiste et objet de scandale. Il a nom Paul Gauguin (1848-1903). La Tate Modern de Londres montre, en onze salles et une centaine de tableaux bien accrochés, mais aussi des sculptures, des dessins, des gravures, des fragments de correspondances et des photographies, comment le petit banquier a forgé son propre mythe, jusqu'à se prendre de passion pour ceux des autres et achever sa vie dans la mouise, mais au paradis terrestre.

    C'est la plus importante rétrospective Gauguin depuis celle du Grand Palais, à Paris, en 1989. Dès la première salle, le ton est donné : des autoportraits, de toutes ses périodes, venus souvent, comme le reste de l'exposition, de musées lointains, ou de collections privées dont on les extrait rarement.

    Le voilà en 1876, coiffé d'un chapeau sans bords. A cette époque, le jeune agent de change peint le dimanche, assidûment, depuis trois ans. Il est doué, pour un amateur, mais le regard qu'il lance est celui d'un jeune homme qui doute.

    Surtout si on le compare avec cet autre autoportrait, peint en 1893 : Gauguin apparaît toujours chapeauté, ses cheveux et sa moustache ont poussé, mais il brandit son pinceau comme une arme et sa palette comme un bouclier. Apparemment, le doute a disparu. Il est certes beaucoup moins fortuné que dans sa jeunesse financière, mais il doit revenir des îles vers Paris où, pense-t-il, on va l'accueillir en héros ; du moins est-il riche de cette espérance.

    C'est qu'il lui en est advenu des choses, durant ces vingt ans de peinture. Le Salon de 1876 a accepté le premier envoi de l'amateur - un paysage. Les impressionnistes, non sans réticences de la part de certains, l'ont accueilli dans le groupe, et, en 1881, il a vendu son premier tableau au marchand Durand-Ruel pour la coquette somme de 1 500 francs. Comme la Bourse l'a aussi enrichi, et que son épouse danoise, Mette, met régulièrement au monde des petits Gauguin, l'avenir s'annonce radieux.

    Las, en janvier 1882, c'est le crash. L'Union générale se déclare en faillite, les Bourses plongent. Gauguin décide de prendre le taureau par les cornes et, avec toute sa petite famille, abandonne Paris et la finance pour s'installer à Rouen où, c'est décidé, il sera peintre.

    Une vaste exposition, qui a eu lieu l'été au Musée des beaux-arts de Rouen, a montré, à travers Monet, Pissarro et Gauguin, en quoi la ville normande était la "capitale des impressionnistes ". Car Rouen ne manque pas de charme : les loyers y sont bas, les collectionneurs gras et, sinon nombreux, du moins passionnés.

    Gauguin se livre enfin tout entier à la peinture (une quarantaine de toiles répertoriées en dix mois), mais le succès ne vient pas. La famille émigre alors au Danemark. Gauguin y végète quelque temps, avant d'y abandonner femme et enfants pour commencer une vie aventureuse.

    Il explorera les terres inconnues de haute et de basse Bretagne, devenant le leader charismatique de l'"école de Pont-Aven", naviguera jusqu'au Panama où, pour gagner des sous, il participe au creusement du Canal, tirera les oreilles de Van Gogh à Arles, rêvera de s'établir au Tonkin pour finalement échouer à Tahiti, puis aux îles Marquises, où il distribue généreusement les germes de la syphilis à de très jeunes filles.

    L'homme, on le voit, est douteux. Le peintre, en revanche, est enchanteur. Il a tout, le bougre : la fougue, la passion, la sensibilité, l'invention - la reine des facultés, à en croire Delacroix - et surtout le culot. On le constate dès la deuxième salle de l'exposition qui rassemble des oeuvres sur le thème de "rendre étrange le quotidien".

    Un enfant dort dans son berceau, et ce sont les figures du papier peint qui s'animent et suggèrent son rêve. Un dessin de Delacroix qu'il reproduit pieusement, mais très librement, accroché à un mur, domine une nature morte où les rouges et les verts chers aux deux artistes, Gauguin et son illustre devancier s'entrechoquent. Son ami Laval se penche sur des pommes et un objet étrange, assez repoussant : il s'agit en réalité d'une céramique, de Gauguin lui-même, une sorte de vase informe d'où surgit le visage d'une femme. L'objet original figure aussi dans l'exposition.

    Car il sculpte aussi, l'animal ! Des vases vaguement anthropomorphes, au début, puis le voilà qui taille le bois, se fabrique une canne, ou des sabots (pour la Bretagne), s'inspire de la facture des idoles océaniennes pour représenter les rudes beautés des îles auxquelles il conseille : "Soyez amoureuses, vous serez heureuses."

    Ailleurs, un faune moustachu, qui lui ressemble assez, culbute gaillardement une demoiselle, et l'encadrement qu'il sculpte pour la porte de sa case aux Marquises affiche fièrement la mention "Maison du jouir". Tout un programme, qu'il peut se vanter, plus d'un siècle après sa mort, de faire partager aux visiteurs de l'exposition : la plupart en ressortent béats.

     

     


    "Gauguin, Maker of Myth". Tate Modern, niveau 4. Bankside, London SE1 9TG. Tél. : 00-44-207-887-88-88. M° Southwark. Tous les jours, de 10 heures à 18 heures (il vaut mieux réserver, les billets sont valables pour une tranche horaire déterminée). Entrée : 13,50 £ (15,20 €). Jusqu'au 16 juin 2011. Catalogue, 256 p, 24,99 £. Sur le Web : Tate.org.uk/modern.

    Harry Bellet

    "Comment voyez-vous ces arbres ? Ils sont jaunes"

     


    Durant l'été 1888, en Bretagne, Gauguin croise Paul Sérusier, qui peint sous sa houlette un paysage sur une boîte à cigares (Le Talisman, musée d'Orsay). Il lui donne ce conseil : "Comment voyez-vous ces arbres ? Ils sont jaunes. Eh bien, mettez du jaune ; cette ombre, plutôt bleue, peignez-la avec de l'outremer pur ; ces feuilles rouges ? Mettez du vermillon." L'exposition de Londres montre que Gauguin, pour les couleurs, y allait gaiement. Ses citrons sont acides, d'autant que leur jaune jouxte une ombre bleue - un contraste de couleurs complémentaires parmi les plus forts. Ses pommes sont de deux sortes : mûres et très rouges, ou cueillies trop tôt et bien vertes - autre contraste. Le Christ est jaune, mais la robe des paysannes agenouillées autour du calvaire d'un bleu soutenu, qui évoque le lapis-lazuli que les peintres anciens réservaient au manteau de la Vierge. Une leçon que les fauves, Matisse en tête, sauront retenir.

     

    Article paru dans l'édition du 26.10.10

    Autre diaporama à cette adresse:

    http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/10/25/paul-gauguin-homme-douteux-peintre-enchanteur_1430893_3246.html

     

  • Le travesti de 14-18

    Voici l'étonnante histoire de Paul Grappe, alias Suzanne Landgard: un déserteur de la Grande Guerre devenu travesti avant d'être tué par sa femme...

    Suzanne (Paul Grappe travesti) au Bois. (c) Archives Nationales Fonds Maurice Garçon

    Suzanne (Paul Grappe travesti) au Bois. (c) Archives Nationales Fonds Maurice Garçon

    C'est l'histoire d'un homme qui ne s'est jamais remis de ne plus être une femme. Il s'appelait Paul Grappe. Il ne voulait pas faire la guerre, la Grande, celle des tranchées, du casse-pipe. Après avoir tenté de se mutiler l'index, le caporal Grappe déserte en 1915.

    Pour échapper à la justice, il se travestit en femme, avec le soutien amoureux de la sienne, Louise. Commence alors une nouvelle vie pour le Parisien Paul Grappe/Suzanne Landgard, alias Suzy. Prostitution, échangisme, partouzes. Le tout accompagné par la mode des garçonnes, ces femmes aux cheveux courts qui firent tourner les têtes dans les années 1920.

    On comprend mieux pourquoi on a appelé cette période les Années folles...
    Suzy au bois de Boulogne, Suzy et les lesbiennes, Suzy fait du parachute à Vincennes... Et, toujours, Louise qui fait bouillir la marmite tout en participant aux effusions de son monsieur-madame. Sur sa demande, elle accepte même de prendre un amant puis d'héberger sa maîtresse au domicile conjugal.

       

            Paul Grappe en 1925              Suzanne (Paul travesti) en 1925

    [(c)Archives Nationales - Fonds Maurice Garçon]

    Après un court exil en Espagne, le couple se réinstalle à Paris en 1922. Entre 1923 et 1925, la période la plus chaude de ses activités nocturnes, Paul tient son journal intime, très intime. De tout cela, nous n'aurions sans doute rien su s'il n'y avait eu la loi d'amnistie de 1925. Après dix ans d'une existence débridée, Suzanne redevient Paul. Mais il lui manque quelque chose. Quelque chose qu'il remplace par l'alcool. Cinq litres de vin par jour!

    Dans leur petit appartement du 20ème arrondissement, les insultes sont fréquentes; les coups aussi. Les voisins sont incommodés, la concierge observe, mais chacun se garde bien d'intervenir dans ces violences privées hypocritement évacuées d'un «Cela ne nous regarde pas». Chaque soir, Paul rentre saoul et frappe Louise. Elle part un temps avec le fameux amant, puis revient, enceinte de Paul junior, en 1925.

    La vie continue ainsi, entre brutalité et misère, jusqu'à cette nuit du 21 juillet 1928. Protégeant son enfant malade, que le père veut aussi frapper, Louise saisit un revolver et tire ; Paul est mortellement atteint. Trois semaines plus tard, Paul junior meurt d'une méningite turberculeuse à l'âge de 2 ans et 8 mois. Après un procès retentissant, Louise est acquittée en 1929.

    Paul, sa femme Louise et leur bébé en 1926 

    [(c)Archives Nationales - Fonds Maurice Garçon]

    Ce fait divers fit la une des journaux. Fabrice Virgili et Danièle Voldman racontent fort bien ce drôle de drame d'une drôle de dame en expliquant ce qu'il nous dit de l'époque, de la face cachée des Années folles: «L'histoire hors du commun de Paul et de Louise peut se lire de bien des manières selon que l'on privilégie l'étude de la guerre de 1914, celle du genre, des violences conjugales, des rapports amoureux ou de la justice dans les années 1930.»

    Dans cette atmosphère digne du «Violette Nozière» de Chabrol, les auteurs montrent en quoi l'histoire particulière de ce couple d'ouvriers parisiens éclaire un pan du fonctionnement de la société française de l'entre-deux-guerres. En toile de fond, 14-18 bien sûr:

    «C'est la guerre qui a mis Paul hors jeu et l'a orienté vers un chemin au bout duquel se trouvait la mort. C'est elle aussi qui l'a enfoncé dans une névrose douloureuse. Elle enfin qui a été l'occasion de lui révéler une bisexualité que rien, dans les documents à notre disposition, ne laissait présumer.»

    Six mois après son acquittement, Louise épousa un ouvrier tourneur du nom de Jean-Marie Machin ce qui fait dire aux historiens qu'«après avoir été l'épouse d'un ivrogne nommé Grappe, un temps célèbre sous le nom de Jolie Suzie, elle devint la femme d'un inconnu nommé Machin» ... Louise est morte à l'hôpital Sainte-Anne en 1981, à près de 90 ans.
    Grâce à l'habileté de son avocat, Maurice Garçon, le souvenir de cette tragédie fut transformé.

    Du passé de Louise, on oublia son soutien à un déserteur, l'échangisme, l'adultère. Elle ne transgressait plus les règles comme Violette Nozière, qui tua son père, ou les soeurs Papin, qui trucidèrent leurs patronnes. Par un subtil retournement moral, la meurtrière devint la victime: «Une belle affaire, qui restaurait l'ordre des familles et donnait bonne conscience à tous ceux que son désordre antérieur n'avait pas vraiment gênés.» Chabrol aurait adoré...

    Laurent Lemire

    «La Garçonne et l'Assassin: histoire de Louise et de Paul, déserteur travesti, dans le Paris des Années folles»par Fabrice Virgili et Danièle Voldman
    Payot, 170 p., 16 euros.

    Source: "le Nouvel Observateur" du 9 juin 2011.

  • Groupement de texte autour de la question : Qu’est-ce qu’un héros ?

  • Texte 1 : Ulysse contre le cyclope
  • Texte 2 : Antigone
  • Texte 3 : la princesse de Clèves
  • Texte 4 : Gavroche
  • Texte 5 : Monsieur madeleine
  • Texte 6 : Etienne Lantier
  • Texte 7 : Michel Strogoff
  • Texte 4 : Gavroche

    En 1830, les Parisiens se révoltent contre le roi Charles X et dressent des barricades. Parmi les insurgés, se trouvent un jeune étudiant, Courfeyrac, et un enfant, Gavroche...

    Chapitre XV : Gavroche dehors

    Gavroche__Les_Miserables_ - 40.1 ko
    Gavroche__Les_Miserables_

     

    Courfeyrac tout à coup aperçut quelqu’un au bas de la barricade, dehors, dans la rue, sous les balles. Gavroche avait pris un panier à bouteilles, dans le cabaret, était sorti par la coupure, et était paisiblement occupé à vider dans son panier les gibernes pleines de cartouches des gardes nationaux tués sur le talus de la redoute.

    -  Qu’est-ce que tu fais là ? dit Courfeyrac.

    Gavroche leva le nez :

    -  Citoyen, j’emplis mon panier.

    -  Tu ne vois donc pas la mitraille ?

    Gavroche répondit :

    -  Eh bien, il pleut. Après ?

    Courfeyrac cria :

    -  Rentre !

    -  Tout à l’heure, fit Gavroche.

    Et, d’un bond, il s’enfonça dans la rue.

    On se souvient que la compagnie Fannicot, en se retirant, avait laissé derrière elle une traînée de cadavres.

    Une vingtaine de morts gisaient çà et là dans toute la longueur de la rue sur le pavé. Une vingtaine de gibernes pour Gavroche. Une provision de cartouches pour la barricade.

    La fumée était dans la rue comme un brouillard. Quiconque a vu un nuage tombé dans une gorge de montagnes entre deux escarpements à pic, peut se figurer cette fumée resserrée et comme épaissie par deux sombres lignes de hautes maisons. Elle montait lentement et se renouvelait sans cesse ; de là un obscurcissement graduel qui blêmissait même le plein jour. C’est à peine si, d’un bout à l’autre de la rue, pourtant fort courte, les combattants s’apercevaient.

    Cet obscurcissement, probablement voulu et calculé par les chefs qui devaient diriger l’assaut de la barricade, fut utile à Gavroche.

    Sous les plis de ce voile de fumée, et grâce à sa petitesse, il put s’avancer assez loin dans la rue sans être vu. Il dévalisa les sept ou huit premières gibernes sans grand danger.

    Il rampait à plat ventre, galopait à quatre pattes, prenait son panier aux dents, se tordait, glissait, ondulait, serpentait d’un mort à l’autre, et vidait la giberne ou la cartouchière comme un singe ouvre une noix.

    De la barricade, dont il était encore assez près, on n’osait lui crier de revenir, de peur d’appeler l’attention sur lui.

    Sur un cadavre, qui était un caporal, il trouva une poire à poudre.

    -  Pour la soif, dit-il, en la mettant dans sa poche. À force d’aller en avant, il parvint au point où le brouillard de la fusillade devenait transparent.

    Si bien que les tirailleurs de la ligne rangés et à l’affût derrière leur levée de pavés, et les tirailleurs de la banlieue massés à l’angle de la rue, se montrèrent soudainement quelque chose qui remuait dans la fumée.

    Au moment où Gavroche débarrassait de ses cartouches un sergent gisant près d’une borne, une balle frappa le cadavre.
    -  Fichtre ! fit Gavroche. Voilà qu’on me tue mes morts. Une deuxième balle fit étinceler le pavé à côté de lui. Une troisième renversa son panier.

    Gavroche regarda, et vit que cela venait de la banlieue.

    Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l’œil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta : On est laid à Nanterre,

    Gavroche-Delacroix - 39.6 ko
    Gavroche-Delacroix

     

    C’est la faute à Voltaire,

    Et bête à Palaiseau,

    C’est la faute à Rousseau.

    Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui en étaient tombées, et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne. Là une quatrième balle le manqua encore. Gavroche chanta :

    Je ne suis pas notaire,

    C’est la faute à Voltaire,

    Je suis petit oiseau,

    C’est la faute à Rousseau.

    Une cinquième balle ne réussit qu’à tirer de lui un troisième couplet :

    Joie est mon caractère,

    C’est la faute à Voltaire,

    Misère est mon trousseau,

    C’est la faute à Rousseau.

    Cela continua ainsi quelque temps.

    Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l’air de s’amuser beaucoup. C’était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l’ajustant. Il se couchait, puis se redressait, s’effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier. Les insurgés, haletants d’anxiété, le suivaient des yeux. La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce n’était pas un enfant, ce n’était pas un homme ; c’était un étrange gamin fée. On eût dit le nain invulnérable de la mêlée. Les balles couraient après lui, il était plus leste qu’elles. Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort ; chaque fois que la face camarde du spectre s’approchait, le gamin lui donnait une pichenette.

    Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l’enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s’affaissa. Toute la barricade poussa un cri ; mais il y avait de l’Antée dans ce pygmée ; pour le gamin toucher le pavé, c’est comme pour le géant toucher la terre ; Gavroche n’était tombé que pour se redresser ; il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l’air, regarda du côté d’où était venu le coup, et se mit à chanter.

    Je suis tombé par terre,

    C’est la faute à Voltaire,

    Le nez dans le ruisseau,

    C’est la faute à...

    Il n’acheva point. Une seconde balle du même tireur l’arrêta court. Cette fois il s’abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s’envoler.

    Les Misérables, chap. XV, Victor Hugo.

    gavroche (format OpenOffice - 122.6 ko)gavroche (format PDF - 154.9 ko)

  • En savoir plus sur inspecteurs et formateurs
  • RONSARD, APOLLINAIRE : DEUX AMOUREUX DE LA MODERNITÉ
  • annexe 3 : quelle est la stratégie de Lorenzo ?
  • annexe 2b : Lorrenzaccio est-il un héros ? (suite)
  • Deux approches du roman « Ce que le jour doit à la nuit » de Yasmina Khadra
  • http://www4b.ac-lille.fr/~lettreslp/giseh/article.php3?id_article=449

  • Michael von Graffenried, la réalité panoramique

    Jusqu'au 13 juin, la Maison européenne de la photographie (MEP), à Paris, offre à ce trublion à l'accent suisse sa première rétrospective, intitulée "Outing". Il faut aller le voir aux visites guidées de la MEP, qu'il assure en personne : un spectacle à lui tout seul, avec moulinets de bras et débit mitraillette, où il raconte l'envers et l'endroit de ses photographies.

    Sur les murs, celles-ci s'étalent, en rangs serrés, panoramiques : un format devenu sa marque de fabrique depuis son travail le plus connu, sur l'Algérie. Graffenried a été le seul photographe occidental à s'y rendre régulièrement pendant les sanglantes années 1990, au moment des attentats. Pendant cette époque troublée, chacun avait peur de son ombre. "Le seul moyen de photographier les gens, c'était de voler les images", dit-il. L'appareil panoramique, qu'il porte sur la poitrine, sans viser ni mettre au point, lui permet alors de faire entrer dans l'image le plus de réalité possible, de saisir toutes les couches de la société. Les images obtenues ne sont pas propres, mais vivantes et heurtées : islamistes, policiers, femmes dans la rue. Graffenried a exposé ces images à Alger, en 2000. L'occasion de tourner un film où on voit les gens se confronter, avec douleur, aux photos de l'époque.

    Cette façon de mettre les images sous le nez des gens, de gré ou de force, est une autre de ses spécialités. En Egypte, en Suisse, aux Etats-Unis, le photographe organise toujours une exposition sur place. "C'est une sorte d'expiation, explique-t-il, mi-sérieux, mi-souriant. Ces sont mes racines protestantes, j'ai la culpabilité bien ancrée. Je vole les photos, c'est mal, alors c'est une façon de leur rendre." Dans son catalogue, le photographe a même pris le parti radical de ne montrer ses oeuvres qu'en situation : face au public, dans la presse, au journal télévisé... Au risque de rendre le tout totalement illisible.

    Par cette confrontation systématique, Graffenried veut "ouvrir les yeux" des gens. En 2005, après avoir réalisé un travail choc sur un couple de toxicomanes, "Cocaine Love", le photographe a loué des panneaux publicitaires géants pour forcer les passants à se colleter avec cette réalité. A la MEP, les Français aussi sont pris à partie. Graffenried y a installé un distributeur automatique : quand on y met un jeton, il en tombe un kit avec tout ce qu'il faut pour se droguer. Choquant ? Cette machine est française. "Personne ne veut le croire !, s'étonne le photographe, qui l'a empruntée à l'association SAFE. On en trouve dans la rue, tout près d'ici. Mais quand on ne veut pas voir les choses, on ne les voit pas."

    Cela fait longtemps que le photographe cultive ses talents de provocateur médiatique. Récemment, c'est la ville de New Bern, en Caroline du Nord, qui en a fait les frais. La ville a été fondée par un ancêtre du photographe, Christoph von Graffenried - "Un aventurier, la honte de la famille", rigole son descendant. Ce dernier n'a pas donné dans l'hommage respectueux : à New Bern, il a photographié des vétérans d'Irak débauchés dans des bars à filles, des obèses, des pauvres... La polémique a atteint les journaux locaux.

    Mais c'est surtout son pays natal, la Suisse, qui reste la première cible. Dans les années 1980, Graffenried se faisait déjà traiter de "mauvais Suisse", car il aimait moquer la respectabilité nationale avec des images de mendiants, de chasseurs de rats dans les égouts ou de députés qui se curent le nez à l'Assemblée nationale. Plus tard, il s'en est aussi pris à un club naturiste très fermé, aux accents new age, près du lac de Neuchâtel, dans une série étonnante et pleine de charme, "Nu au paradis". Et Graffenried, rejeton d'une grande famille suisse, n'a pas fini de régler ses comptes avec sa patrie.

    Récemment, il est parti en croisade contre l'interdiction des minarets inscrite après un vote populaire dans la Constitution suisse : "Ce vote n'est pas seulement contre les musulmans, s'insurge-t-il, c'est contre tout ce qui vient du dehors. Pour les Suisses, c'est le diable !" Il a décidé de ne plus jamais exposer dans son pays natal. Et, dans la foulée, il a réalisé une vidéo tournée à Londres, où l'on voit l'érection d'un minaret. "Ça ressemble à un pénis, s'amuse le photographe. Et c'est l'Etat qui construit ça !"

     


    "Outing ", Maison européenne de la photographie. 5-7, rue de Fourcy, Paris 4e. Tél. 0 1-44-78-75-00. Jusqu'au 13 juin. Du mercredi au dimanche, de 11 heures à 20 heures. Mo Sain-Paul. De 3,50 € à 6,50 €. Visite guidée par l'artiste, samedi 5 juin, à 11 heures. Catalogue, 184 p., 18 €. "Eye on Africa", galerie Esther Woerdehoff, 36, rue Falguière, Paris 15e. Jusqu'au 3 juillet.

     

    Claire Guillot
  • Qu'en pensez-vous?

    Point de vue

    Affaire Dumas/Depardieu : amplifions les moyens du CNC en faveur de la diversité au cinéma, par Patrick Lozès

    Alexandre Dumas se décrivait lui-même dans ses Mémoires comme un "nègre aux cheveux crépus" qui parlait "avec un accent légèrement créole". Le choix de le faire incarner à l'écran par un acteur blanc, Gérard Depardieu, affublé pour l'occasion d'une perruque bouclée et d'une épaisse couche de fond de teint, est incompréhensible et grotesque.

    Imaginerait-on un instant de faire jouer Marguerite Duras par l'actrice noire Aïssa Maïga ou Emile Zola par l'acteur noir Jimmy Jean Louis ?

    Le choix des producteurs du film, Frank Le Wita et Marc de Bayser est grave, pour au moins deux raisons.

    Il aboutit, d'abord, à gommer de la vie d'Alexandre Dumas toute référence à sa couleur de peau et aux souffrances qu'il a endurées face au racisme de ses contemporains.

    Ces souffrances sont pourtant très présentes dans ses Mémoires et on connaît cet échange célèbre, rapporté par Daniel Zimmermann dans son Alexandre Dumas Le Grand. A une personne qui lui demandait, en le voyant : "Au fait, cher Maître, vous devez bien vous y connaître en nègres ?", Alexandre Dumas avait répondu : "Mais très certainement. Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière-grand-père était un singe. Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit."

    Dissimuler les souffrances provoquées par le racisme est certainement l'un des moyens les plus efficaces de le banaliser.

    Faire interpréter Alexandre Dumas par un blanc revient, en second lieu, à nier la vérité historique, en accréditant l'idée que les Noirs seraient d'une "immigration récente", alors qu'ils sont Français depuis des siècles. Alexandre Dumas était un descendant d'esclave. Cette partie de sa vie appartient, comme son œuvre, à notre patrimoine commun, à celui de nos enfants. Faire disparaître ce patrimoine, effacer cette mémoire, est irresponsable. La discrimination commence toujours par l'invisibilité, la négation de l'existence de l'autre dans notre récit national.

    Qu'un grand écrivain français ait souffert du racisme, qu'il ait été un descendant d'esclave, cela ne ferait pas une histoire pour le cinéma français ?

    On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi des acteurs de la diversité comme Jimmy Jean Louis doivent s'exiler pour faire carrière. Ces mêmes acteurs sont à l'affiche, aux Etats-Unis, de films et de séries qui rassemblent des dizaines de millions de téléspectateurs, et qui s'exportent massivement. Ce sont des stars de renommée internationale, qui jouent aux côtés de Leonardo Di Caprio ou Bruce Willis. Et on ne leur propose aucun rôle dans les superproductions françaises.

    Alors que des acteurs noirs figurent parmi les stars les mieux payées d'Hollywood, en France, des producteurs en sont encore à maquiller Gérard Depardieu pour lui faire interpréter un écrivain noir ! Mesure-t-on vraiment le ridicule auquel nous expose cette situation, au plan international ?

    On comprend d'autant moins ce retard que les acteurs noirs ne sont pas moins "bankables" que les acteurs blancs en France. Bien au contraire. La comédie Première étoile, réalisée par Lucien Jean-Baptiste, qui met en scène les déboires d'une famille noire partie en vacances au ski, a fait partie des succès du box office en 2009.

    Il est temps que les pouvoirs publics posent officiellement la question de la diversité dans le cinéma français. L'action entreprise par le CSA dans le domaine de la télévision, pour à la fois quantifier et qualifier l'action des chaînes en matière de diversité, par le biais d'un baromètre annuel, doit être imitée et appliquée au cinéma.

    Véronique Cayla, la présidente du Centre national de la cinématographie (CNC), affirmait récemment à propos de l'affaire Dumas : "Le métissage bien réel de la société française n'est reflété ni au cinéma ni à la télévision". Il est temps de donner au CNC les moyens d'agir dans le domaine de la diversité.

    Le CNC doit être habilité à produire des études portant sur la diversité dans le cinéma français, dont un premier état des lieux pourrait être publié à la fin de l'année 2010.

    On pourrait, également, imaginer que le CNC conditionne ses aides, et notamment l'avance sur recettes, au respect d'un contrat d'objectif en matière de diversité dans les films. Il est anormal que les films bénéficiant de l'aide publique ne soient pas ouverts à la diversité. Et puisqu'il est, avant tout, question de création, je voudrais conclure par cette phrase magnifique de Jean Renoir, qui dit absolument tout des débats que nous avons aujourd'hui : "Il faut toujours laisser la porte du plateau ouverte, parce qu'on ne sait jamais ce qui peut y entrer". En cette semaine où se déroule la cérémonie des Césars, commençons à laisser, enfin, les portes des plateaux de cinéma français ouvertes à la diversité.

    Patrick Lozès est fondateur et président du Cran. Dernier ouvrage paru Les Noirs sont-ils des Français à part entière ?, co-écrit avec Bernard Lecherbonnier. A dire vrai/Larousse, 2009.

    http://wwwo.lemonde.fr/opinions/article/2010/02/26/affaire-dumas-depardieu-amplifions-les-moyens-du-cnc-en-faveur-de-la-diversite-au-cinema-par-patrick-lozes_1311599_3232.html

  • Le train de 16h16

    Grignan_1.jpgPour le Mystério de Printemps d'Enriqueta.

    Comme c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes... Je rapelle à la vie un ancien jeu que j'avais créé sur mon premier blog "Le train de 16 h 16".
    Je publierai mon ancienne participation mais je vais aussi écrire une nouvelle version.

    "Le Mercredi 15 Avril 2009 je reçois une lettre sans indication particulière qui contient un billet de train pour le lendemain le Jeudi 16 Avril au départ de la ville où j'habite à destination de Paris (ou au départ de Paris à destination de "où vous voulez"). Le train part à 16h16. J'ai environ 24 heures pour me décider.

    Vais-je y aller? Si j'y vais que se passera-t-il? Qui m'a envoyé le billet? Dans quel but? Si je n'y vais pas, vais-je le regretter?"

    Chacun écrit sa version (en écrivant à la première personne, en imaginant ce qui pourrait lui arriver dans cette situation) et la publie le  16 Avril à l'heure la plus proche de 16h16.

    Merci de me dire si vous participez.

    Mes jeux en cours sont dans la colonne de gauche.

    Voici la liste des 26 passagers à destination de Mystério qui vont essayer de prendre le train de 16h16 :

    Violette Dame mauve ..........                  Santounette ........
    ABC                           .........                  Laura   ............
    Aslé                           .........                  Lylipouce ...............
    Edensland                   .........                  Martine Création ..........
    Ambroise                   .........                 Béa Kimcat .............
    Justequelqu'un            .........                  Toumi  ..............
    Reinette                    ...........                 Jakline ............
    Fabienne                  ...........                    Pandora ..............
    Rayon de soleil          ..........                  Auryne ............
    Scooby                    ...........                  Fransua ........
    Gazou                      ............                 Abeilles50 ......
    Plume Dame             ............                  Sam ..........
    Aile               ............

    et moi.

    Dés que vous avez programmé votre participation, merci de me le dire pour que je fasse le lien avec votre blog.

    Mon poème ci-dessous:

     

    http://enriqueta.over-blog.com/article-29893496.html

     

    Le facteur passe tard en ce moment

    Et les courriers n'arrivent pas à temps

    Je l'ai  guetté ce midi  encore en espérant

    Qu'arrive enfin le courrier que j'attends.

    Mais à sa place, dans la boîte, sous le vent

    Une lettre qui vient de la ville de Grignan.

    C'est de  là qu'écrivait à son enfant

    La marquise de Sévigné en son temps.

    C'est là que vit un des plus grands poètes vivants,

    Philippe Jaccottet ; qu'ai-je à faire avec ces grands ?

    Je ne l'ouvre vraiment pas fébrilement.

    A l'intérieur de l'enveloppe, il y a un dépliant

    Décrivant le programme de l'avant-

    Festival de la correspondance de Grignan.

    J'y suis invité et c'est  plus tentant

    D'autant que se glisse subrepticement

    Un billet de train  pour 16h16 demain vers Grignan.

    Le thème est « Voyages en Italie », ceux d'avant

    Quand partir était un vrai périple avec brigands.

    C'est un colloque poétique et savant.

    Et je m'imagine déjà avec Nerval voguant

    Les cheveux au vent, en regardant vers Milan.

    Alors, je prendrais ce train pour Grignan !

     

    15 avril 2009

    Pour tout savoir sur le Festival de Grignan à  une centaine de kilomètres de chez moi dans la Drôme :

    http://www.grignan-festivalcorrespondance.com/

     

    Photo ci-contre tiré du site Wikipédia où vous en saurez plus sur Grignan.

    Pour lire d'autres poèmes de moi, cf. mes 2 recueils que vous pouvez acheter en passant par les bannières en haut de ce blog.

     

     

  • Une histoire des haines d'écrivains. De Chateaubriand à Proust

    une histoire des haines décrivains.jpgLes ennemis du siècle

    A tout seigneur, tout honneur. Victor Hugo, l’homme-siècle, commença sa carrière sous le double signe de la poésie et du conflit amoureux. A mesure que son étoile grandissait au firmament de la littérature,il se faisait le plus irréductible des ennemis en la personne de Sainte-Beuve, le plus influent des critiques du siècle, son cadet de deux ans.
    La haine réciproque qu’ils se vouaient portait un prénom: Adèle. Adèle Hugo, née Foucher.
    De la brève liaison entre elle et Sainte-Beuve, on a tout dit et beaucoup supposé. Aussi n’est-il pas question de reprendre dans le détail toutes les interprétations qu’on a proposées de ces événements passés dans la légende ; mais plutôt de constater comment et à quel point la haine a été, il est vrai pour l’un – Sainte-Beuve – plus que pour l’autre l’aliment d’un processus de création étalé sur une vingtaine d'années.
    Disons-le d'emblée, la relation de Sainte-Beuve avec Hugo se voile d’une étonnante ambiguité. Il y a dans cette affaire, un mimétisme très net : le mari semble exercer sur l’amant une fascination sensiblement plus forte que l’épouse, qui se voit, malgre elle, ravalée au rang de trophée.

     

    Victor Hugo et Sainte-Beuve se rencontrent à la faveur de la vie littéraire ; et bien que les deux parties en donnent un récit légèrement différent, on sait que c’est en raison d’un article critique sur les Odes et ballades écrit par Sainte-Beuve dans Le Globe que se fit la première prise de contact, en 1827. Très vite l’amitié s’installe entre les deux hommes, et même l’intimité. Sainte-Beuve prend ses aises et se rend chez les Hugo, rue Notre-Dame-des-Champs, jusqu’à deux fois par jour.
    Est-il subjugué par le charme d’Adèle, l’épouse de Victor depuis 1822 ? Au début, non. C’est à peine s’il la remarque, tant c’est à Victor Hugo lui-même que vont son admiration et son affection. Et ce dernier s’accommode fort bien des hommages admiratifs que lui offre un disciple plus que dévoué.
    Cette harmonie, hélas, ne dure pas ; Hugo s’est engagé à fond dans la bataille romantique et vole de succès en succès, aussi bien en poésie qu’au théâtre. En 1830, son Hernani déchaîne les passions mais fait un triomphe. Quant à Sainte-Beuve, Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme et les Consolations, ses recueils de poésie, ne rencontrent pas tout à fait le succès espéré. Il en conçoit de l’amertume, se réfugie dans le travail critique, tandis qu’il voit avec dépit s’élargir le Cénacle qui gravite autour de Hugo. La jeune génération des Gautier et des Nerval, envahissante, excentrique, voue à Victor Hugo un culte qui rejette dans l’ombre les anciennes amitiés. Sainte-Beuve est jaloux. Il se sent délaissé par Hugo et le lui écrit avec les accents d’une vieille maîtresse qu’on néglige :
    «En vérité, à voir ce qui arrive depuis quelque temps, votre vie à jamais en proie à tous, votre loisir perdu, les redoublements de haine et les vieilles amitiés qui s’en vont, les sots ou les fous qui les remplacent, [...] je ne puis que m’affliger, regretter le passé, vous saluer du geste et m’en aller me cacher je ne sais où...»
    Mais c’est aussi qu’entre-temps le timide Sainte-Beuve, meurtri, a changé de regard sur l’épouse de son idole. Petit à petit, il se prend d’une passion languissante pour la fière et douce Adèle, qui trône, dans toute sa majestueuse beauté, comme une déesse bienfaisante au milieu de ses enfants. Adepte des passades avec les lingères et les grisettes, coutumier des amours tarifées depuis que Musset l’y a initié, mais maladroit auprès des femmes du monde, le critique découvre en elle une personne attentive à sa mélancolie. Sainte-Beuve est laid, et il le sait : « quelques rares cheveux roux, des oreilles en plat à barbe, un front sillonné dès l’aurore, des joues luisantes et colorées dans un visage légèrement orangé, un petit nez en éveil, des yeux vifs mais mal enchâssés, une bouche gourmande mais décolorée, un menton fuyant où la barbe était mal semée ; le tout sur un corps gros et court ». Mais Adèle n’a que faire des railleries que provoque sa tournure. Désemparée par la mort de sa mère, elle trouve en lui un confident plus attentif que son mari, occupé à gravir les marches de sa foudroyante carrière.

    Dès 1829, dans Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme, Sainte-Beuve s’épanche, de manière à peine voilée, sur les sentiments que lui inspire la belle Adèle. Celle-ci entrevoit le danger d’un rapprochement trop intime, mais il endort sa méfiance à coups de formules vagues et floues ; quelles inexprimables délices ne trouve-t-il pas à recueillir ses larmes ! Il en est convaincu, Adèle est la victime d’un « lion jaloux [...] usurpant sa place à [s]on côté ». Mais il tente encore de combattre son amour, et va même, nouvelle princesse de Clèves, jusqu’à avouer à demi-mots sa douloureuse situation à Hugo. D’abord stupéfait, Hugo, dans un accès de générosité un peu factice, car il sait très bien ce qu’il fait, veut proposer à Adèle de choisir entre eux ; Sainte-Beuve refuse, tandis que Hugo insiste pour le garder parmi ses familiers, malgré les crises qui ne vont plus cesser, à présent, d’éclater à intervalles réguliers, comme en témoignent les lettres passionnées de Sainte-Beuve au poète :
    «Il y a en moi du désespoir, voyez-vous, de la rage ; des envies de vous tuer, de vous assassiner par moments en vérité ; pardonnez-moi tous ces horribles mouvements».
    Chez Sainte-Beuve, cette fascination pour la femme de son meilleur ennemi est troublante. Jusqu’où l’admiration pour Hugo entre-t-elle en ligne de compte dans le jeu dangereux auquel il a choisi de s’abandonner ? Dans quelle mesure désire-t-il lui arracher un peu de ce qui lui appartient, un peu de cette gloire qui imprègne tout ce qu’il touche, et à laquelle, lui, Sainte-Beuve, malgré tous ses efforts, ne peut prétendre ?

    Le « duel fourré » – l’expression est de Sainte-Beuve – peut commencer. Ils ont passé un pacte : Hugo sera présent à chaque visite de Sainte-Beuve à Adèle. Très vite, cependant, il se lasse de ce rôle ridicule de chaperon. Du reste, il est persuadé qu’Adèle ne le trompera pas. Ce qu’il ignore, c’est que dès juillet 1831, sa femme et Sainte-Beuve se voient en secret, puis deviennent amants. Entre les deux hommes, les relations courtoises se maintiennent pourtant ; c’est qu’ils restent des alliés, malgré tout, et que Victor Hugo lui même ne saurait faire abstraction de la place grandissante que Sainte-Beuve occupe sur la scène littéraire. En effet, ce dernier est en train de devenir un critique puissant et influent, dont les faveurs et surtout les articles ne sont pas à négliger.

    Avec l'aimable autorisation des éditions Flammarion ©, 2009.

    http://livres.lexpress.fr/premierespages.asp/idC=14611/idR=6/idG=8

    Voir aussi:

    Ces écrivains qui se déchirent

    Ces écrivains qui se déchirent

    Un essai recense les rosseries que s'adressaient les romanciers au XIXe siècle. Aujourd'hui, les haines littéraires s'expriment avec moins de virulence. Mais n'ont pas disparu...
    » Petit florilège de vacheries contemporaines

    http://www.lefigaro.fr/livres/index.php

  • La folie Lovecraft

    Arts. En Suisse, le musée européen de la Science-Fiction célèbre les 70 ans de la mort de l’écrivain américain en conviant une centaine de dessinateurs à s’inspirer du «Livre de raison», son carnet de cauchemars.
    Envoyée spéciale à Yverdon-les-Bains (Suisse) Frédérique Roussel
    QUOTIDIEN : jeudi 27 décembre 2007
    L’expo qui rend fou, H. P. Lovecraft et le Livre de raison Maison d’Ailleurs à Yverdon-les-Bains (Suisse). Mer.-ven. 14h-18h, sam. et dim. 12h-18h. Jusqu’au 6 avril. Rens.: (00 41) 24 425 64 38 ou www.ailleurs.ch
          

    Au commencement, un petit carnet de notes. A l’intérieur, Howard Phillips Lovecraft griffonnait des idées, des rêves, des citations, «dont le but est de permettre l’envol de l’imagination et du souvenir». Rien de bien exceptionnel pour un écrivain, avide de détails quotidiens susceptibles de nourrir une narration. Ecrites de 1919 à 1934, les courtes phrases de l’auteur de Providence (Rhode Island) apparaissent comme l’essence de sa pensée. Lovecraft arrive à y évoquer, cliniquement, des horreurs indicibles, des monstres tapis dans l’obscurité, des cités sous-marines ou des rêves se confondant avec le réel.

    Sur le même sujet

    Vision. Lovecraft pensait que nous vivons dans l’illusion et que des choses se cachent à la périphérie de la vision. Exemples tirés du fameux carnet, intitulé le Livre de raison (The Commonplace Book) : «Une chose vivante, informe, constitue le cœur d’un vieux bâtiment» ou «Rôder la nuit autour d’un étrange château sans lumières, au milieu d’un décor surprenant». Ces notes lancinantes ont parfois servi à bâtir des fictions à faire se dresser les cheveux sur la tête (1).

    L’idée de mettre ce «pense-bête» au cœur d’une exposition est venue du dessinateur-humoriste suisse Mix & Remix. A 47 ans, il a découvert l’univers de Lovecraft après avoir lu la monographie de Michel Houellebecq. Il a alors entendu évoquer le petit Livre de raison. Pourquoi ne pas donner ces 222 suggestions brutes à des illustrateurs ? Mix & Remix lui-même a croqué une cinquantaine de dessins en un temps record. Tout ne l’a pas inspiré. «Vous avez ce petit détonateur qui fait que vous avez envie de dessiner une image ou pas», explique-t-il à l’émission Sonar de la radio suisse romande Espace 2. Certaines phrases ont parlé à tout le monde, d’autres sont restées dans les limbes.

    Tentacules. Une centaine d’illustrateurs, de dessinateurs de bande dessinée, d’albums pour enfants se sont prêtés au jeu. Au total, près de 500 œuvres inédites fêtent à leur manière le 70e anniversaire de la mort de H.P. Lovecraft (1890-1937). «C’est l’expo qui rend fou… les organisateurs», s’amuse Patrick Gyger, directeur de la Maison d’Ailleurs, musée de la Science-Fiction, de l’Utopie et des Voyages extraordinaires (lire page suivante). La production ne montre pas que des tentacules sur le point d’étrangler un pauvre humain, mais aussi des collages humoristiques, des visions burlesques ou poétiques. «L’expo qui rend fou» permet de revisiter la légende avec une multitude de points de vue. «Ce n’est pas une exposition sur Lovecraft, mais une exposition lovecraftienne», estime Patrick Gyger. Ainsi d’Albertine, illustratrice pour enfants, qu’a inspirée en bleu et rose la sinistre pensée qui dit : «Sensation de noyade. Sous la mer - villes, navires, âmes de morts. La noyade est une mort horrible.» Caza imagine «l’Intrigue du Dr Eden Spencer» avec une main de monstre sur le point de sonner à la porte dudit docteur. Tom Tirabosco voit dans «Un bruit hideux dans l’obscurité» un monstre qui boit à la paille le cerveau d’un chat, sous les yeux d’un sympathique canard, sa mascotte. Un homme de dos en marcel regarde par une fenêtre et se demande : «Où est passée ma bagnole ?» L’œuvre signée Antoine Guex accompagne en réalité la pensée lovecraftienne, «Quelqu’un regarde par la fenêtre et se rend compte que la ville et le monde au-dehors sont désormais sombres et morts».Nyarlatote

    Lignée. L’exposition propose également de courts textes fictifs rédigés par des écrivains, comme les Américains Terry Bisson, James Morrow ou Norman Spinrad, le Britannique Christopher Priest ou le Belge Jacques Finné.

    Loin d’être un panégyrique à un mort qui hante encore, l’exposition d’Yverdon a donné du matériau lovecraftien à remoudre. Après sa mort, il a été vite adapté aux Etats-Unis par des magazines d’horreur. Dans cette lignée, un hors-série de Métal Hurlant sera exclusivement consacré à HPL en 1978. Son univers se retrouve aussi chez Philippe Druillet, Tibor Csernus ou Jean-Michel Nicollet. Car l’envers de la réalité reste une source d’inspiration inépuisable.

    (envoyée spéciale à Yverdon)

    (1) Dans Night Ocean et autres nouvelles, traduit par Jean-Paul Mourlon, Belfond, 1986.

    http://www.liberation.fr//culture/300459.FR.php?utk=008b428a

  • Effroyables jardins

    publié par les éditions Joëlle Losfeld dans la collection Arcanes.

    "Certains témoins mentionnent qu'aux derniers jours du procès de Maurice Papon, la police a empêché un clown de rentrer dans la salle d'audience. Il semble que ce même jour, il ait attendu la sortie de l'accusé et l'ait simplement considéré à distance sans chercher à lui adresser la parole. L'ancien secrétaire général de la préfecture a peut-être remarqué ce clown mais rien n'est moins sûr. Par la suite l'homme est revenu régulièrement sans son déguisement à la fin des audiences et aux plaidoiries. A chaque fois il posait sur ses genoux une mallette dont il caressait le cuir tout éraflé."

    Ce court récit de Michel Quint évoque  l'histoire de Lucien, le narrateur du livre. Adolescent, il ne supportait pas les clowns : «Plus que tout, j'ai détesté les augustes. Plus que l'huile de foie de morue, les bises aux vieilles parentes moustachues et le calcul mental, plus que n'importe quelle torture d'enfance ».

    Lucien ne comprend pas pourquoi son père, instituteur  respecté, se ridiculise dans un numéro de clown amateur. Il en vient même à le mépriser. Un dimanche après-midi, l'oncle Gaston décide de lui dévoiler le secret de ce nez rouge. Il lui raconte comment durant la seconde guerre mondiale, son père, simple instituteur qui faisait aussi le clown le dimanche, pour arrondir  les fins de mois difficiles, est devenu un résistant.  Tous deux, Gaston et lui, ont commis des actes de résistance insignifiants. "Que je te dise : la Résistance, on s'y est mis, les autres je sais pas, en tous cas au début…Comme si on serait allés au bal…" avoue Gaston à l’adolescent .  Puis ils sont capturés par les Allemands et jetés avec deux autres compagnons d'infortune dans une fosse en attendant d'être fusillés. Ils ne devront leur salut qu’à la mansuétude d’un allemand philosophe.

    A travers ce récit, le narrateur  découvre le courage ordinaire que son père dissimule derrière son humilité et l’hommage que son nez rouge permet d’offrir aux compagnons des mauvais jours.

    Michel Quint a dédié ce livre à son grand-père, mineur et combattant à Verdun, et à son père, instituteur et résistant.

    Extraits de presse

    « Mais que signifie à la fin le nez rouge, comme abandonné, oublié sur la couverture ? Il est d'abord l'absence, ou le dévoilement trop tardif d'un père dont il a connu l'histoire trop tard, trop tard pour découvrir quel héros était ce père, ce qui lui aurait évité les sarcasmes méprisants du "morveux" qu'il était alors. Du mépris, il en avait aussi, et à revendre, pour l'oncle Gaston et la Nicole, sa petite femme potelée. Mais voilà qu'un jour ... Gaston s'installe devant une bière, au café d'en face, pour lui rapporter toute l'histoire. Celle qui a fait de son père, d'un simple instituteur qui faisait aussi le clown le dimanche, pour arrondir (tous) les mois difficiles, un résistant. Un résistant - avec son nez rouge - à toutes les indignités de la guerre et à toutes les mascarades, à toutes les pitoyables pitreries d'après-guerre, où les accusés finissent par apparaître comme les véritables augustes aux cheveux rouges. Ce livre vous happe, et derrière les "effroyables jardins", on en découvre d'autres, incroyablement soignés et beaux comme des paradis, où l'on peut continuer, dignement, à "être des hommes". »

    Laure Anciel – amazon.fr

     

    « A peine soixante pages et les vies sont rajustées, humblement, à leurs vécus.
    Effroyables jardins laisse pantois, presque abasourdi de cette justesse si sobre. La langue de Michel Quint, mélange de pudeur et d'audace, joue sur une partition chaloupée pourtant sans anicroche. L'auteur détourne le drame et invite au sourire au moment où certainement le cœur n'y serait pas. Mais voilà, le récit l'emporte avec son bagou et sa simplicité 
    ».

    Sylvaine Jeminet – Urbuz.com

     

    « Michel Quint dédie ce livre à son grand-père, mineur et combattant à Verdun, et à son père, instituteur et résistant. Pour raconter un petit bout de l'histoire familiale (de l'Histoire tout court), il malaxe vécu et imaginaire, autobiographie et fiction. De son écriture claire comme le cristal d'Arques (Pas-de-Calais) jaillit une fable colorée, sensible, drôle et pleine de poésie. Quint dit la joie, la fidélité, l'amitié, raconte ces humbles qui mettent leur dignité dans la droiture et la générosité. Avec une seule conviction : "Sans vérité, comment peut-il y avoir de l'espoir ?" Pour 35 francs, l'auteur, nouveau Géant du Nord, nous offre un pur moment de littérature et de bonheur. Qu'il convient d'offrir à ses proches, jeunes et adultes, vite ».

    Télérama - Martine Laval

     

    Adaptation cinématographique

    Effroyables jardins

    Film français (2002) réalisé par Jean Becker.  Durée : 1h 35mn.
    Date de sortie : 26 Mars 2003

    Avec Jacques Villeret, André Dussollier, Thierry Lhermitte, Benoît Magimel, Isabelle Candelier…


    Jacques Villeret et André Dussolier dans Effroyables Jardins

    Le Film Effroyables Jardins  sur le site d'Allo-Ciné

    http://www.alalettre.com/actualite-quint-effroyables-jardins.php

  • Jardiner sur son balcon, c'est possible !

    Jardiner sur son balcon, c'est possible !

    La start-up Urban Green végétalise la ville.

    La start-up Urban Green végétalise la ville.

    Pour combler un besoin de jardin (et de jardinage), un simple bord de fenêtre suffit. Une nouvelle génération de paysagistes urbains s'est penchée sur la question.

    Pour voir en quoi les jardins influent sur moi, cf. mes 14 livres en vente sur ce blog

    La fréquentation des jardineries, en périphérie des grandes villes, en témoigne. Dès les premiers rayons de soleil, les citadins pensent jardin, rêvent en vert… Du haut de leur balcon pour la plupart. Et passent à la pratique avec plus ou moins de succès. À tel point que cela a fait émerger une nouvelle race de jardiniers: les paysagistes urbains dont l'objectif est de réinventer la nature en miniature. Leur champ d'action? Les toutes petites surfaces, à commencer par les balcons et rebords de fenêtre.

    Pierre-Dominique Martin est de ceux-là. Il a fondé sa start-up Urban Green il y a moins d'un an en constatant l'engouement des mairies pour végétaliser la ville (murs, toits…), convaincu que les habitants ne demandaient qu'à s'y mettre aussi à condition qu'on les aide. «En étudiant le marché, je me suis aperçu que 80 % des balcons n'étaient pas exploités», constate-t-il. Un état des lieux qui ne devrait pas perdurer…

    Jouer la carte du naturel

    L'idée? Jouer le plus possible la carte du naturel. «Les citadins manquent cruellement de chlorophylle, insiste David Jeannerot Rénet qui, après vingt ans passés dans la mode, a ouvert au pied de Montmartre son «concept store» Les Mauvaises Graines, il y a quatre ans. À une époque où tout va très vite, ils ont besoin de renouer avec la notion du temps, la convivialité. Le jardin les leur offre, et pour cela un bord de fenêtre suffit. On peut presque tout se permettre.»

    Notamment un potager. «Contrairement à ce qu'on imagine, la pollution de la ville est moins nocive que les pesticides utilisés par beaucoup de producteurs. On a le plaisir de récolter, de savoir d'où vient ce qu'on mange.» Dans le «top ten» des variétés les plus vendues: herbes aromatiques, fraises, framboises, groseilles, tomates. Mais on peut faire plus original en misant sur des légumes tels qu'aubergines, poivrons… «ou encore des artichauts à la floraison et au feuillage très spectaculaires», estime ce spécialiste qui propose des potagers prêts à emporter qui connaissent un franc succès. Tout comme sa manière de concevoir une campagne urbaine. Un art qu'il fait partager dans son ouvrage Les Mauvaises Graines. Jardiniers rock, paru chez Hachette. En avril, il inaugurera une deuxième boutique, boulevard Saint-Germain, à Paris, avant New York l'année prochaine.

    Succès des graminées

    Si, pendant vingt ans, les citadins partaient prendre l'air à la campagne, aujourd'hui, la campagne vient à eux. D'où le succès des graminées qui évoquent les herbes des bords de chemins ou des coquelicots dont on trouve des variétés adaptées aux jardinières. «Mais aussi des coucous, des primevères dans leur plus simple expression, des astilbes, des cheveux d'ange, propose David Jeannerot Rénet. Il ne faut pas avoir peur de mélanger des espèces qui a priori ne vont pas ensemble. Ce décalage permet de redécouvrir les plantes sous un nouvel angle.»

    Et de privilégier le mariage d'espèces persistantes -pour avoir du vert toute l'année- et caduques pour mieux profiter de la saisonnalité. Sans perdre de vue qu'un jardin sur un balcon s'inscrit dans le prolongement de l'appartement. Pour être harmonieuse, sa composition doit tenir compte du décor intérieur, de ses couleurs.

    Le Vert à Soi

    Finalement, plus que la technique, c'est l'œil qui compte. Ex-photographe de studio, Marion Bartel en a fait son meilleur allié. Sa façon de juxtaposer des plantes et des fleurs aux feuillages délicats a plu à la Villa Visconti, en Italie, mais aussi à des restaurateurs français, des boutiques (Agnès b, Diptyque, Merci...) et à des particuliers qui lui confient régulièrement leurs façades. «J'ai commencé par m'occuper de mes propres fenêtres, puis de celles de mes amis avant de créer mon entreprise, Le Vert à Soi

    D'emblée, elle se spécialise dans la fenêtre «parce que tout le monde en a et que c'est un vrai espace dans la maison». Et comme elle ne trouve rien qui lui convienne pour réinventer ces îlots de nature, elle conçoit son propre outil de travail: une jardinière en métal forgé dans laquelle elle accumule de simples pots horticoles -en terre parce qu'ils sont poreux, laissent passer l'air et permettent un meilleur développement des radicelles- et qui a depuis fait des émules.

    Une manière élégante de prolonger le rebord de la fenêtre et d'avoir plus de place pour créer ses paysages végétaux. «Ce que j'y mets n'est jamais sophistiqué. Des graminées, des roses anciennes, des grimpantes, fougères, euphorbes, hellébores… Des plantes peu fragiles qui demandent le minimum d'entretien parce qu'il faut que cela reste simple à vivre.» Elle les choisit chez Bruno, le pépiniériste avec lequel elle travaille depuis le début: «Une plante qui a vécu trois-quatre ans, à la rude, dans une pépinière résiste mieux que celle qui a poussé en serre pendant six mois sans être confrontée à de vraies conditions climatiques.»

    Chocs thermiques

    Pierre-Dominique Martin le confirme, tout ce que l'on met sur un balcon a tendance à mourir facilement, en ville plus rapidement qu'ailleurs à cause des chocs thermiques plus importants. D'où l'intérêt de miser sur du costaud. Ce paysagiste urbain préconise les plantes méditerranéennes parce qu'elles acceptent les excès du climat, sont capables de résister aux mois sans pluie, au mistral, au froid. «Il s'agit souvent d'espèces à feuilles persistantes, plus coriaces.»

    Parmi ses préférées: l'olivier, le laurier-tin (Viburnum thymus), les agapanthes, le laurier-rose et, dans un autre registre, l'oranger du Mexique, les érables japonais et le bambou, dense et haut et qui a l'avantage de protéger du vis-à-vis comme toutes les espèces un peu hautes. Sans oublier le jasmin étoilé, à la fois persistant et résistant. «Il fleurit de la mi-mai à la mi-juillet, les deux mois où l'on vit les fenêtres ouvertes. Son odeur entre dans la maison.» David Jeannerot Rénet, lui, avoue un faible pour Clematis armandii, une clématite aux belles fleurs blanches ou rosées qui diffuse son parfum ensorcelant en mars et en avril, grimpe sur les treillages ou les murs et surtout se plaît en pot.

    • L'auteur
    • Sur le même sujet
    • Réagir (6)
    • Partager
      Partager cet article
      Envoyer par mail

      Jardiner sur son balcon, c'est possible !

      Pour combler un besoin de jardin (et de jardinage), un simple bord de fenêtre suffit. Une nouvelle génération de paysagistes urbains s'est penchée sur la question.

      < Envoyer cet article par e-mail
      Séparez les adresses e-mail de vos contacts par des virgules.

      Jardiner sur son balcon, c'est possible !

      Pour combler un besoin de jardin (et de jardinage), un simple bord de fenêtre suffit. Une nouvelle génération de paysagistes urbains s'est penchée sur la question.

      J'accepte de recevoir la newsletter quotidienne du Figaro.fr

      Oui Non
    • Imprimer
    • Haut de page
  • Carnet de Voyage : Quatrième escale, la Polynésie

     

    jeu, 24/07/2014 - 14:11 -- celine
    C’est l’été ! Alors durant tout le mois de juillet, le Grand Palais vous emmène en voyage a travers l’art. Au programme : l’Europe, l’Orient, l’Océanie et enfin, l’Amérique pour clôturer ce tour du monde artistique !

    Eh oui, les artistes aussi partent en vacances : quête artistique, recherche d’un ailleurs, traditionnel voyage en Italie, fascination pour l’Orient… Le lien entre les artistes et le voyage est très fort et commun à toute époque. Glissez-vous une fleur de tiaré dans les cheveux et préparez monoï et bikini car cette nouvelle escale vous emmène au cœur de l’Océanie. L’artiste le mieux placé pour raconter cet éden lointain, c'est bien sûr Paul Gauguin. 

    Le repas ou Les bananes par Paul Gauguin © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

     

    - See more at: http://www.grandpalais.fr/fr/article/carnet-de-voyage-quatrieme-escale-la-polynesie#sthash.3BwEhQGf.dpuf

    Parmi tous les voyages d’artistes, l’histoire des séjours polynésiens de Paul Gauguin est l’une des plus célèbres. Avant ces fameux voyages, l'artiste séjourne à la Martinique de juin à novembre 1887 et y peint douze toiles. C’est en 1891, poussé par un idéal de liberté et un refus d’une course européenne après l’argent, que Gauguin se rend à Tahiti pour "vivre là d'extase, de calme et d'art". Face à ces paysages exotiques, l’inspiration est immédiate, il peindra plus de 60 toiles en quelques mois. 
    .
    .
    .
    Femmes de Tahiti ou Sur la plage par Paul Gauguin © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

     

    .
    Les couleurs des paysages de cette île qu’il imagine comme un paradis primitif, semblent avoir eu un impact considérable sur son œuvre. Ses premières toiles sont des scènes aux compositions très fortes comme Le repas (voir ci-dessus, 1891) ou Femmes de Tahiti (ci-contre, 1891). Bananes, goyaves, oranges et personnages tahitiens s’agencent pour donner vie à ces toiles entre nature morte et scènes de genre. 
    .
    .
    .
    .
    .

    Arearea (Joyeusetés) par Paul Gauguin © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé LewandowskiGauguin s'inspire de ce qu'il voit, mais aussi de contes locaux et traditions religieuses ancestrales pour insuffler de l’imaginaire à ses œuvres. Arearea (ci-contre, 1892) est représentative de ces œuvres où rêve et réalité se côtoient. Cette toile, que l’artiste considère comme l’une de ses meilleures, est montrée à Paris en 1893. Le peintre français veut prouver la justesse de sa quête exotique. Malheureusement, les œuvres tahitiennes ne provoquent pas l'engouement espéré par Gauguin. C’est pendant ce retour en France qu’il met en forme ses notes prises sur l'île. Elles seront rassemblées dans deux manuscrits illustrés : Noa Noa et Ancien Culte mahorie. En 1895, certainement touché par ce manque de reconnaissance, il quitte l'Europe pour toujours..
    .Le Cheval blanc par Paul Gauguin © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
     
    .
    .
    .
    .
    Durant son deuxième séjour sur l’île de Tahiti, Gauguin continue de se promener pour explorer la faune et la flore polynésienne. Les toiles de ce second voyage continuent à mêler réalité et imaginaire comme Le cheval blanc (voir ci-contre, 1898). Cette toile représente une vision chimérique et synthétique d'un paysage tahitien. 
    .
    Dans cette scène où le ciel et l'horizon sont absents, le cheval blanc a probablement un sens symbolique. Dans les croyances polynésiennes, la couleur blanche est associée à la mort et au culte des Dieux. Même si son sens nous échappe toujours aujourd’hui, cette œuvre mystérieuse est probablement une représentation allégorique du passage des âmes dans l'autre monde.
    .
    .
    .
    .
    .
    .
    Et l'or de leur corps par Paul Gauguin © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski.
    En 1901, Paul Gauguin quitte Tahiti pour un autre paradis polynésien, Atuona dans les îles Marquises. Là-bas, il continue à peindre (voir ci-contre Et l'or de leur corps, 1901) et vit les dernières années de sa vie. Le peintre s’installe dans une case en bois sur pilotis qu’il nomme « Maison du Jouir ». Il orne cette demeure de panneaux de bois sculptés de nus féminins et d’inscriptions révélatrices de la quête primitive menée dans cet atelier des tropiques. La naïveté voluptueuse de ce décor va marquer la naissance d'une esthétique primitiviste qui connaîtra au XXe siècle de brillants développements avec Matisse, Derain, Lhote et Picasso.



    Si vous souhaitez poursuivre le voyage…
    Plongez-vous dans Noa Noa, le carnet de voyage de Paul Gauguin
    Découvrez le Tahiti de Robert Parry

     
     

    à lire aussi

    jeu, 31/07/2014 - 11:37 -- celine

    Carnet de Voyage : Cinquième escale, l’Amérique [2/2]

    Article
    publié le 31 Juillet 2014
    C’est l’été ! Alors durant tout le mois de juillet, le Grand Palais vous emmène en voyage à travers l’art.
    mar, 29/07/2014 - 11:17 -- celine
     
    lun, 28/07/2014 - 12:40 -- celine
     
    mar, 22/07/2014 - 17:25 -- celine
     
     

    - See more at: http://www.grandpalais.fr/fr/article/carnet-de-voyage-quatrieme-escale-la-polynesie#sthash.3BwEhQGf.dpuf

  • Yigit Bener, un sage au large du Bosphore

    Le romancier Yigit Bener.

    Le romancier Yigit Bener.

    KALEM AGENCY

    Le romancier Yigit Bener.

     

    KALEM AGENCY

    Dans son livre « Le Revenant », cet ancien exilé politique observe avec détachement et humour son pays, la Turquie, satisfait de constater la décrue du nombre de ceux qui sont prêts à mourir pour des idées.

     

    15/5/15 - 10 H 00

    Yigit Bener a posé son sac sur une île au large d’Istanbul, Heybeliada. C’est là, non loin de l’ancien séminaire grec-orthodoxe de Halki, qu’il reçoit ses amis, autour de plats cuisinés par ses soins. Ce lieu de retraite, à distance des trépidations de la mégapole tentaculaire, lui permet de savourer la « seconde chance » que lui a donnée la vie.

    À la fin des années 1970, Yigit Bener a été un jeune révolutionnaire rêvant de changer son pays et le monde. Le coup d’État militaire du 12 septembre 1980 le ramène sur terre et le force à l’exil. Trois décennies plus tard, il raconte le traumatisme du retour dans un pays totalement transformé.

    Un livre couronné par la plus haute distinction en Turquie

    Récemment traduit en français sous le titre Le Revenant (1), son livre a rencontré un beau succès en Turquie, recevant le prix Orhan-Kemal du meilleur roman, la plus haute distinction littéraire nationale. Sans doute parce qu’au-delà d’un retour sur soi, il offre un regard décalé et généreux sur une société en plein mouvement.

    Fils et neveu de deux figures littéraires turques, issu d’un certain establishment culturel, Yigit Bener se range néanmoins parmi les victimes d’une page sombre de l’histoire nationale : plus de 5 000 morts dans la guerre civile larvée qui se développa entre 1973 et 1980, des centaines de milliers de personnes emprisonnées et torturées, des dizaines de milliers d’exilés. « Une génération sacrifiée dont on a voulu effacer la mémoire », résume-t-il à la terrasse d’un café parisien.

    Retour au pays après dix années passées en France

    Et pourtant, il faut bien (re)vivre. Après dix ans en France, Yigit Bener retourne en Turquie et retrouve les siens. À pas comptés. Il raconte, par exemple, les retrouvailles avec un oncle et sa famille dans un appartement de vacances à Yalova, au bord de la mer de Marmara.

    Passé le moment de stupeur, une conversation animée et chahuteuse s’instaure sur le balcon jusqu’à ce qu’un silence gêné s’installe. Les regards se détournent de lui, on ne l’écoute plus. Découvrant la télévision allumée dans son dos, il constate que le nouvel épisode d’un feuilleton brésilien suscite plus d’attention que le récit de ses années d’exil.

    Un personnage dissident, éclaireur, médiateur, observateur

    D’incompréhensions en frustrations, l’ancien militant retrouve peu à peu son équilibre. Son livre est rythmé de maximes élaborant une sagesse personnelle. Le « revenant » tourne le dos à un sentiment de défaite, fuit la nostalgie, accepte de changer pour pouvoir renaître, se défie de tout messianisme, renonce à imposer son point de vue… ce qui ne l’empêche pas d’en avoir un ! L’utopie d’un monde meilleur n’est pas morte, en effet, et le personnage se fait dissident, éclaireur, médiateur, observateur de ses amis, de ses affects, de la société qui l’entoure.

    > A relire notre dossier sur l’AKP

    Ainsi, Yigit Bener n’esquive pas les joutes sur la laïcité suscitées par le parti AKP, au pouvoir depuis treize ans. Viscéralement antimilitariste, il incarne une mouvance de gauche qui a vu avec satisfaction se briser, sous l’impulsion de la nouvelle classe politique islamo-conservatrice, la mainmise de l’armée sur le système politique et la bureaucratie.

    Athée paisible et critique du capitalisme sauvage

    Athée paisible, il plaide vigoureusement pour que le foulard islamique ne soit pas une raison de stigmatiser les femmes qui le portent. Il invite au pragmatisme quand un bout de tissu permet à des musulmanes de s’affranchir d’une tutelle patriarcale.

    > A (re) lire  : La Turquie autorise le foulard islamique à l’université

    Critique du capitalisme sauvage, il ironise en revanche sur la facilité avec laquelle les islamistes anatoliens se coulent dans le consumérisme « bling bling » et se convertissent, avec leur « caisse enregistreuse hallal », « à la religion de l’argent ».

    Il y a du Brassens chez ce revenant. Pétri de culture française, Yigit Bener est aujourd’hui interprète de profession. Il a participé à l’édition et à la traduction en turc du numéro de Charlie Hebdo paru après l’attentat du 7 janvier dernier.

    Entre la France et la Turquie, ce malicieux quinquagénaire aux cheveux blancs réunis par un catogan se fait passeur. À l’heure d’un premier bilan, cet « homme ordinaire qui a fait une sortie de route » se contenterait presque du plaisir de réunir ses amis autour d’un bon dîner. Les copains d’abord.

    Jean-Christophe Ploquin

    (1) Actes Sud, 350 p., 23 €.

     
     

    15/5/15 - 10 H 00

    Avec cet article

    Sur internet

     

    http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Yigit-Bener-un-sage-au-large-du-Bosphore-2015-05-15-1312483

  • Votez pour déterminer le gagnant du Café Thé n° 71 - Les baigneuses... auquel je participe

    Pour ce 71ème Café Thé, je vous ai proposé de contempler cette photo prise au Cap-Ferret à travers la vitre d'un restaurant et de nous raconter nous ce que vous vouliez autour de ces deux baigneuses...

    Participez au Café Thé n° 71 - Les baigneuses...

    Les consignes étaient : Ecrivez, rimez, dessinez, brodez, scrappez, chantez, délirez, faites ce que vous voulez... Faites nous rire ou pleurer...

    Si vous êtes blogueur, ne publiez pas votre texte avant le résultat des votes (le 1er avril 2016)

     

     

    Vous êtes 6 à avoir participé.

    Il s'agit maintenant de voter pour vos deux participations préférées en utilisant le module de vote en bas à gauche, jusqu'au 31 mars 2016.

    Participation n° 1 :

    Votez pour déterminer le gagnant du Café Thé n° 71 - Les baigneuses...

    Participation n° 2 :

    Votez pour déterminer le gagnant du Café Thé n° 71 - Les baigneuses...

    Participation n° 3 :

     

    Mauvais tour...
     
    Un jour d'été
    Deux sœurs au teint pâlot
    Ont filé au Cap Ferret
    Etrenner leur nouveau maillot...
     
    Qui leur a joué ce mauvais tour !?
    Sorties de leur cabine de plage
    On avait démonté la mer !!!
    Du béton, aux alentours
    Et nul voisinage
    Les laissèrent amères !
     
    Un premier avril en juillet
    Une caméra cachée
    Une surprise sur prise
    Aujourd'hui encore elles ne réalisent... !
     
    Depuis elles vont à la montagne
    Oui à la montagne
    Même si un proverbe raconte
    Que ce mastodonte
    On peut le déplacer,
    Oui le déplacer
    Avec de la foi...
    Elles n'y croient !
     
     
    Participation n° 4 :
     
    Deux  baigneuses
     
    Deux demoiselles en tenue de bain bavardaient au bord de la rivière.
    Elles évoquaient le bal du quatorze juillet  auquel elle avait participé toutes les deux.
    L'une, ultra mince et féminine, avait attendu toute la soirée qu'un beau prince charmant l'invite et se demandait finalement le lendemain  pourquoi elle avait finalement "fait tapisserie."
    L'autre, "belle plante", sportive et naturelle, avait dansé toute la nuit, seule ou accompagnée, passant d'un bras à l'autre sans mépriser les petits ou les moins beaux.
    La première était rentrée seule chez elle en rêvant à son futur mariage en grand et en blanc vers un inconnu qu'elle n'avait pas rencontrée au bal.
    La deuxième se délectait encore de la nuit de plaisir qu'elle venait de passer entre champagne et Kâma-Sûtra.
    C'était une de ses journées parfaites comme il y en a plus qu'on ne le croit dans leur plaine de champagne. La chaleur n'était pas que dans les souvenirs la voluptueuse demoiselle. La mannequin se plaignait que la canicule fasse couler son maquillage. Elle refaisait son brushing en s'admirant dans le miroir.
    La rivière était comme  toujours et malgré le beau temps de ces derniers temps, très fraîche autour des dix degrés.
    La sylphide craignait l'eau froide et plus que tout de ressembler à un chien mouillé même s'il est se percevait dans une jolie race.
    Son amie se jeta à l'eau brusquement et même si le contraste entre l'eau et les trente degrés ambiants furent quelque peu violents, elle se délecta de la caresse de la fraîcheur sur son corps chauffée par le soleil, les bulles et les caresses de son dernier amant.
    La prudente se recoiffait  et remaquillait après avoir été éclaboussée par le brusque élan de sa compagne. Quand cette dernière sortit de l'eau, les rayons de Phébus commençaient à décroitre mais elle se sentait  si pleinement épanouie.
    Quand la mannequin se dit enfin qu'il lui faudrait peut-être se baigner un peu, la fraîcheur de l'air l'en découragea aussitôt. Elles rentrèrent chez elles en rêvant l'une à un prince charmant venu des mers chaudes et l'autre à la coupe de champagne qu'elle boirait avant se défouler sur la piste de danse du bal du 15 août.
     
     
    Participation n° 5 :
     
     
    Je m'approchais de la fenêtre épiant les deux commères.


    -Tu l'as vue ? C'est indécent !
    Mais elle est capable de gagner en s'exhibant ainsi !
    Ah, le monde change, et pas en bien !
    - Et puis ses cheveux ! Pas naturelle, cette couleur !
    Et sa poitrine ....
    Ah, elles pouvaient médire de moi devant la coupe de verre, le trophée n'était pas pour elles.
    Personne ne leur avait dit que les rayures grossissaient ?
    Indécent , mon bikini vert ?
    Même mademoiselle Michu avait voté pour moi. D'accord, il se disait que c'était pour embêter la femme du maire, mécontente de voir son mari  baver devant mes courbes.
    Mais je le savais de source sûre ... la nouvelle miss Cap Ferret ... c'était MOI !

     

     

    Participation n° 6 :

     

    Baigneuse d'autrefois dans son costume de nostalgie
    Qui dissimule son corps du cou jusqu'au mollet
    Elle marche lentement sur la plage d'antan
    Et salue pudiquement son époque prospère
    Baigneuse de jadis dans sa cabine de bain
    En rayures sensuelles, cachée sous son ombrelle
    Qui prend des bains de mer et de foule, radieuse
  • Nocturne parisien

     

     

    Roule, roule ton flot indolent, morne Seine.
    Sous tes ponts qu’environne une vapeur malsaine
    Bien des corps ont passé, morts, horribles, pourris,
    Dont les âmes avaient pour meurtrier Paris.
    Mais tu n’en traînes pas, en tes ondes glacées,
    Autant que ton aspect m’inspire de pensées !

    Le Tibre a sur ses bords des ruines qui font
    Monter le voyageur vers un passé profond,
    Et qui, de lierre noir et de lichen couvertes,
    Apparaissent, tas gris, parmi les herbes vertes.
    Le gai Guadalquivir rit aux blonds orangers
    Et reflète, les soirs, des boléros légers.
    Le Pactole a son or, le Bosphore a sa rive
    Où vient faire son kief l’odalisque lascive.
    Le Rhin est un burgrave, et c’est un troubadour
    Que le Lignon, et c’est un ruffian que l’Adour.
    Le Nil, au bruit plaintif de ses eaux endormies,
    Berce de rêves doux le sommeil des momies.
    Le grand Meschascébé, fier de ses joncs sacrés,
    Charrie augustement ses îlots mordorés,
    Et soudain, beau d’éclairs, de fracas et de fastes,
    Splendidement s’écroule en Niagaras vastes.
    L’Eurotas, où l’essaim des cygnes familiers
    Mêle sa grâce blanche au vert mat des lauriers,
    Sous son ciel clair que raie un vol de gypaète,
    Rythmique et caressant, chante ainsi qu’un poète.
    Enfin, Ganga, parmi les hauts palmiers tremblants
    Et les rouges padmas, marche à pas fiers et lents
    En appareil royal, tandis qu’au loin la foule
    Le long des temples va hurlant, vivante houle,
    Au claquement massif des cymbales de bois,
    Et qu’accroupi, filant ses notes de hautbois,
    Du saut de l’antilope agile attendant l’heure,
    Le tigre jaune au dos rayé s’étire et pleure.

    - Toi, Seine, tu n’as rien. Deux quais, et voilà tout,
    Deux quais crasseux, semés de l’un à l’autre bout
    D’affreux bouquins moisis et d’une foule insigne
    Qui fait dans l’eau des ronds et qui pêche à la ligne.
    Oui, mais quand vient le soir, raréfiant enfin
    Les passants alourdis de sommeil ou de faim,
    Et que le couchant met au ciel des taches rouges,
    Qu’il fait bon aux rêveurs descendre de leurs bouges
    Et, s’accoudant au pont de la Cité, devant
    Notre-Dame, songer, cœur et cheveux au vent !
    Les nuages, chassés par la brise nocturne,
    Courent, cuivreux et roux, dans l’azur taciturne.
    Sur la tête d’un roi du portail, le soleil,
    Au moment de mourir, pose un baiser vermeil.
    L’hirondelle s’enfuit à l’approche de l’ombre
    Et l’on voit voleter la chauve-souris sombre.
    Tout bruit s’apaise autour. À peine un vague son
    Dit que la ville est là qui chante sa chanson,
    Qui lèche ses tyrans et qui mord ses victimes ;
    Et c’est l’aube des vols, des amours et des crimes.
    - Puis, tout à coup, ainsi qu’un ténor effaré
    Lançant dans l’air bruni son cri désespéré,
    Son cri qui se lamente, et se prolonge, et crie,
    Éclate en quelque coin l’orgue de Barbarie :
    Il brame un de ces airs, romances ou polkas,
    Qu’enfants nous tapotions sur nos harmonicas
    Et qui font, lents ou vifs, réjouissants ou tristes,
    Vibrer l’âme aux proscrits, aux femmes, aux artistes.
    C’est écorché, c’est faux, c’est horrible, c’est dur,
    Et donnerait la fièvre à Rossini, pour sûr ;
    Ces rires sont traînés, ces plaintes sont hachées ;
    Sur une clef de sol impossible juchées,
    Les notes ont un rhume et les do sont des la,
    Mais qu’importe ! l’on pleure en entendant cela !
    Mais l’esprit, transporté dans le pays des rêves,
    Sent à ces vieux accords couler en lui des sèves ;
    La pitié monte au cœur et les larmes aux yeux,
    Et l’on voudrait pouvoir goûter la paix des cieux,
    Et dans une harmonie étrange et fantastique
    Qui tient de la musique et tient de la plastique,
    L’âme, les inondant de lumière et de chant,
    Mêle les sons de l’orgue aux rayons du couchant !

    - Et puis l’orgue s’éloigne, et puis c’est le silence,
    Et la nuit terne arrive, et Vénus se balance
    Sur une molle nue au fond des cieux obscurs ;
    On allume les becs de gaz le long des murs.
    Et l’astre et les flambeaux font des zigzags fantasques
    Dans le fleuve plus noir que le velours des masques ;
    Et le contemplateur sur le haut garde-fou
    Par l’air et par les ans rouillé comme un vieux sou
    Se penche, en proie aux vents néfastes de l’abîme.
    Pensée, espoir serein, ambition sublime,
    Tout, jusqu’au souvenir, tout s’envole, tout fuit,
    Et l’on est seul avec Paris, l’Onde et la Nuit !

    - Sinistre trinité ! De l’ombre dures portes !
    Mané - Thécel - Pharès des illusions mortes !
    Vous êtes toutes trois, ô Goules de malheur,
    Si terribles, que l’Homme, ivre de la douleur
    Que lui font en perçant sa chair vos doigts de spectre,
    L’Homme, espèce d’Oreste à qui manque une Électre,
    Sous la fatalité de votre regard creux
    Ne peut rien et va droit au précipice affreux ;
    Et vous êtes aussi toutes trois si jalouses
    De tuer et d’offrir au grand Ver des épouses
    Qu’on ne sait que choisir entre vos trois horreurs,
    Et si l’on craindrait moins périr par les terreurs
    Des Ténèbres que sous l’Eau sourde, l’Eau profonde,
    Ou dans tes bras fardés, Paris, reine du monde !

    - Et tu coules toujours, Seine, et, tout en rampant,
    Tu traînes dans Paris ton cours de vieux serpent,
    De vieux serpent boueux, emportant vers tes havres
    Tes cargaisons de bois, de houille et de cadavres !

     

    Paul Verlaine
    Poèmes saturniens

  • Comme tous les jeudis, je lis la presse papier(je fais comme si tu étais là pour échanger avec toi de ce que je lis):

    Une du jourhttps://www.20minutes.fr/

    Journal La Croix

    https://www.la-croix.com/

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Le-trublion-Trump-2020-01-23-1101073492

    https://www.la-croix.com/Economie/Social/Ce-contient-projet-loi-retraites-2020-01-23-1201073557

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Lennui-pas-lennui-pas-2020-01-23-1101073518

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Remboursement-PMA-role-Securite-sociale-question-2020-01-23-1101073473

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Seize-reacteurs-nucleaires-doivent-fermer-dici-2035-2020-01-23-1101073503

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Yad-Vashem-theatre-tensions-memoire-Shoah-2020-01-23-1101073479

    https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/Mauthausen-Iakovos-Kambanellis-limpossible-retour-2020-01-22-1201073433

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Parler-autrement-Shoah-2020-01-23-1101073487

    https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/Deux-ouvrages-changer-regard-sexualite-2020-01-23-1201073622

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Juliette-Joste-discrete-2020-01-23-1101073511

    https://www.la-croix.com/JournalV2/A-Davos-taxe-numerique-avive-tensions-2020-01-23-1101073494

    Lire Le Figaro en PDF en ligne


    François Pupponi: «Pour moi, la haine d'Israël, c'est la haine du juif»
     

    Les souvenirs intacts d’un cobaye du médecin nazi Josef Mengele

    Les souvenirs intacts d’un cobaye du médecin nazi Josef Mengele

    RÉCIT - Au camp de Sachsenhausen, Shaoul Oren dut subir les terribles expériences menées par un collaborateur du docteur Mengele.

    75e anniversaire de la libération d'Auschwitz

    À Jérusalem, le monde ne veut pas oublier

     

    Israël commémore, jeudi, les 75 ans de la libération d’Auschwitz en présence de 25 dirigeants étrangers.

    •  
    • Dans la ville sainte, la colère «chiraquienne» de Macron

    •  
    • Ces sites historiques, propriétés de la France au cœur de Jérusalem

    •  
    • Jérusalem: «Macron passe pour arrogant là où Chirac apparaissait sympathique»

    •  

    Tom Segev: «Israël aurait vu le jour même s’il n’y avait pas eu la Shoah»

    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/luc-ferry-ni-rouge-ni-vert-cher-regis-debray-20200122

    Les choses qu'il faut aux arts pour prospérer sont souvent [...] - Henri Beyle, dit Stendhal...23 janvier1783: naissance d'Henri Beyle,  futur Stendhal

    https://www.lefigaro.fr/societes/habillement-la-folie-des-achats-d-occasion-froisse-les-enseignes-20200122

    https://www.lefigaro.fr/conjoncture/la-directrice-du-tresor-candidate-francaise-pour-la-berd-20200123

    https://www.lefigaro.fr/societes/les-deboires-de-boeing-inquietent-trump-20200122

    https://www.lefigaro.fr/societes/bombardier-et-alstom-discuteraient-d-un-mariage-20200122

    https://www.lefigaro.fr/societes/rte-teste-des-batteries-pour-stocker-de-l-electricite-renouvelable-20200123

    https://www.lefigaro.fr/culture/rene-goscinny-statufie-en-commandeur-de-la-bd-20200122

    https://www.lefigaro.fr/culture/l-italie-redecouvre-fellini-20200122

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/50163_1

    https://actu.fr/normandie/auderville_50020/litterature-didier-decoin-amoureux-la-hague-la-tete-lacademie-goncourt_30899014.html

    https://www.lefigaro.fr/

    Libé du 23 janvier 2020

    https://www.liberation.fr/

    https://www.liberation.fr/france/2020/01/22/franck-riester-j-assume-de-dire-que-chacun-doit-faire-des-efforts_1774655

    https://next.liberation.fr/mode/2020/01/22/jean-paul-gaultier-haute-cloture_1774636

    https://www.liberation.fr/debats/2020/01/22/l-eternel-retour-de-la-haine-de-classe_1774637

    https://next.liberation.fr/livres/2020/01/22/rithy-panh-l-episode-charnier_1774623

    http://www.museedesconfluences.fr/fr/en-cheveux-emmanuelle-pagano

    https://next.liberation.fr/livres/2020/01/23/jeudi-polar-on-se-taille-a-bangkok_1774645

    https://next.liberation.fr/cinema/2020/01/22/terry-jones-sacre-rale_1774613

    presse de mon 1 er CDI:

    http://www.caminteresse.fr/

    https://space-train.fr/

    https://www.lemonde.fr/

    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/01/23/donald-trump-premier-president-a-participer-a-la-marche-contre-l-avortement_6026974_3210.html

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/23/nouveau-virus-en-chine-la-ville-de-wuhan-mise-en-quarantaine_6026915_3244.html

    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/01/23/75-ans-de-la-liberation-d-auschwitz-fievre-en-israel-avec-la-visite-d-une-quarantaine-de-dirigeants_6026962_3210.html

  • La tirade du nez(pour les Croqueurs de mots)

     

    Ohé Mâtelôts!!!

    Voici la rentrée, Jeanne Fadosi a gentiment proposé de s’y coller

    C’est une excellente idée, ça permettra aux suivantes de se préparer en douceur.

    La prochaine sera Martine et peut-être qu’après on pourra suivre l’ordre du tableau.

    Voici donc ce que nous propose Jeanne Fadosi …

     

    Le dernier défi (209 lancé le lundi 1er octobre 2018) que j’ai proposé

    selon le calendrier de Dômi suggérait d’inclure des expressions avec le mot oeil ou yeux.

    Savez-vous que le mot blason au XVIe siècle ne désignait pas seulement les armoiries

    d’une famille sur un écusson (bouclier) mais aussi un genre poétique lancé

    par Clément Marot sous forme d’un concours pour faire connaître de jeunes poètes

    et promouvoir la poésie qui alors était principalement chantée.

    Et justement Maurice Scève a connu la notoriété en remportant ce concours

    en 1535 ou 1536 grâce à son blason du sourcil dont voici le début :

    Sourcil tractif en voûte fléchissant
    Trop plus qu’ébène, ou jayet noircissant.
    Haut forjeté pour ombrager les yeux,
    Quand ils font signe ou de mort, ou de mieux.
    Sourcil qui rend peureux les plus hardis,
    Et courageux les plus accouardis.
    Sourcil qui fait l’air clair obscur soudain,
    Quand il froncit par ire, ou par dédain,
    Et puis le rend serein, clair et joyeux
    Quand il est doux, plaisant et gracieux.

    Oh je vous vois déjà froncer ou soulever les sourcils de panique.

    Non, je ne vais pas vous obliger à écrire un blason d’autant que l’idée originale

    et originelle de Marot de versifier sur une partie du corps humain a très vite

    de par son thème dérivé vers des poèmes érotiques.

    Certains sont sans doute très beaux, là n’est pas la question,

    mais ici, c’est pour tout public. Vous me suivez ?

    Pour le défi n°223 de lundi prochain je vous invite donc à écrire en prose

    ou en vers sur ou à partir d’une partie visible de la tête

    (oreille, front, menton, bouche, joue, cheveux ou crâne si chauve …)

    ou d’une autre partie du corps humain (la main, le pied, le coude ou le genou, le nez ou l’épaule …)

    avec prudence* et la décence joyeuse coutumière des croqueurs de mots.

    Pour les » jeudi poésie »  des 12 et 19 septembre,

    vous n’aurez que l’embarras du choix, à moins que vous ne préfériez

    avoir le champ libre sans contrainte d’un fil conducteur.

    Juste je croise les doigts pour que la diversité des choix nous donne la joie

    de relire la tirade des nez mais aussi bien d’autres pépites.

    * Pour comprendre mon hésitation, je vous invite à taper sur votre moteur de recherche

    les mots clés zizi et Pierre Perret, vous serez surpris des résultats de la première page !!!

     

    Le Môt de Dômi

    Heureuse de te retrouver bon pied bon oeil Jeanne

    Je pense que je n’aurai pas trop à me creuser les méninges

    j’ai encore quelques trésors dans mon grenier

    même si je sais qu’il serait temps que je me renouvelle

    http://croqueursdemots.apln-blog.fr/defi-223-vos-participations/#comment-6112

    La tirade du nez, Cyrano de Bergerac

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8438886n
    Sarah Bernhardt dans « Cyrano de Bergerac », comédie d’Edmond Rostand en 1909. Source : Bnf/Gallica

    Extrait de l’acte I, scène 4.
    Cyrano répond au Vicomte de Valvert qui le provoque en lui disant : « Vous…. vous avez un nez… heu… un nez… très grand. »

    Lien vers le texte intégral de Cyrano de Bergerac sur Libre Théâtre 

    À découvrir sur le site de l’INA, la « tirade du nez » par Daniel Sorano, dans une version théâtrale filmée par Claude Barma en 1960, où l’on peut apercevoir, parmi les seconds rôles, Jean Topart, Michel Galabru et Philippe Noiret.

     


    Cyrano.
    Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
    On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…
    En variant le ton, – par exemple, tenez :
    Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,
    Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »
    Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse
    Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
    Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !
    Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »
    Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
    D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
    Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
    Que paternellement vous vous préoccupâtes
    De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
    Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétunez,
    La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
    Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
    Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
    Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
    Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
    De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
    Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
    Appelle Hippocampéléphantocamélos
    Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »
    Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ?
    Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »
    Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral,
    T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
    Dramatique : « C’est la Mer Rouge quand il saigne ! »
    Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
    Lyrique : « Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
    Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
    Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
    C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! »
    Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain !
    C’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! »
    Militaire : « Pointez contre cavalerie ! »
    Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
    Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
    Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
    « Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
    A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
    – Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
    Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit
    Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
    Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
    Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !
    Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
    Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
    me servir toutes ces folles plaisanteries,
    Que vous n’en eussiez pas articulé le quart
    De la moitié du commencement d’une, car
    Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
    Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.

    https://libretheatre.fr/tirade-nez-cyrano-de-bergerac/

  • SILHOUETTE

     

     

     

        Nerval fait partie des écrivains dont les portraits, du fait de leur rareté, sont les plus émouvants. Ils le sont aussi en raison des préventions que le poète entretenait à l'égard de la photographie. En 1853, il prend la pose devant Adolphe Legros (ci-contre) et le résultat le consterne : « La maladie m'avait rendu si laid, – la mélancolie si négligent. Dites donc, je tremble ici de rencontrer aux étalages un certain portrait pour lequel on m'a fait poser lorsque j'étais malade, sous prétexte de biographie nécrologique. L'artiste est un homme de talent, plus sérieux que Nadar, qui n'a que de l'esprit au bout de son crayon ; mais, comme notre ami aux cheveux rouges, il fait trop vrai ! Dites partout que c'est mon portrait ressemblant, mais posthume, – ou bien encore que Mercure avait pris les traits de Sosie et posé à ma place. [...] Infâme daguerréotype ! tu pervertis le goût des artistes. »

       Ces préventions s'expliquent, comme celles de Baudelaire, par une condamnation du réalisme : implacable, l'objectif fixe l'image d'une enveloppe charnelle qu'elle invite à prendre pour la « réalité ».
    « Je suis l'autre », écrira encore Nerval sur la gravure tirée de ce portrait.

    Entre les mois d'octobre 1854 et janvier 1855, à quelques semaines de sa mort, Nerval reprend pourtant la pose, pour deux clichés (voir le second ici) devant Félix Nadar. Le résultat est cet étonnant  portrait (ci-contre) si chargé d'émotion, d'un homme prématurément usé (il a quarante-six ans), fixant néanmoins sur l'objectif un regard plein de bonté. De ce portrait, Albert Béguin, l'un des commentateurs les plus fraternels de Nerval, dira :

    « Il reste ce visage de la photo de Nadar, qui est sans doute le portrait le plus révélateur d'un homme que la chambre noire ait jamais emprisonné dans sa nuit. Il reste que Nerval, c'est ce visage-là, ce regard intelligent, un peu inquiet, surtout bon et humble. C'est ce collier de barbe mal soignée, cette calvitie si peu ressemblante aux crânes chauves de la bourgeoisie Louis-Philippe, cette pauvreté si digne et cependant offerte si simplement au regard de qui veut la voir. Ce sont ces mains encore, oisives et lasses, posées sur les vieux genoux du vagabond, de ces mains dont on dit que l'ouvrier au repos « ne sait que faire ». Il a plein la tête de travail à donner à ses mains, des livres et des livres à écrire encore, dont il a dressé la liste; mais non, il reste là, immobilisé dans cet instant de pose devant le photographe, qui pourrait être n'importe quel instant, car quelque chose encore le fige, le fixe, quelque chose que sa langue, la plus subtile du monde, ne saurait nommer. L'infortune ? C'est trop dire. Le sacré ? C'est l'un de ces grands mots qu'une pudeur lui interdit. La mort ? Oui, elle est là, depuis longtemps, compagne de sa vie dès les années lointaines où il s'amusait de la surface du réel; elle ne l'a plus quitté, il en est venu à aimer ce compagnonnage avec la mort, bientôt il répondra à son appel. »

     

     A un portrait de Nerval, on préférera pourtant la silhouette qui part en quête de son passé mythique dans les forêts du Valois, ou hante les rues froides d'un Paris indifférent :

     

      Sous le ciel bas de ces nuits de novembre, Paris s'arrête aux plus hauts toits, prison de pluies et de brouillards. Les vieilles rues des bas quartiers, veines noueuses d'un corps de boue, sont crevées de loin en loin par les lueurs falotes des réverbères ou les gorges des bouges assoupis. Comme loin de là, il passe, étranger aux souffles rauques du vent d'hiver, à la faune bigarrée des tavernes où quelques filles quêtent les pas des passants. Un théâtre larmoyant et noir de suie où il entre, une scène étroite, un fauteuil usé où il prend place timidement parmi les rires et les jurons. Voilà des semaines qu'il se retrouve chaque soir, au milieu de cette assemblée indistincte, à attendre l'apparition d'un être dont il ne sait rien, ou presque rien, quelques mots murmurés qui sans doute veulent dire « Vous êtes bien fou », quelque regard transparent où va mourir un sourire ou un reproche, comme ceux qui hantent les forêts du Valois et les rondes sur les pelouses dans la pénombre des soirs d'été. Nerval est là, au creux de ces nuits noires et blanches, resplendissant rue de la Vieille-Lanterne, où il va, « si discrètement que sa discrétion ressemblait à du mépris –, délier son âme dans la rue la plus noire qu’il pût trouver », comme l'a noté Baudelaire, au bout d'une corde qui est peut-être la ceinture de la reine de Saba.

    Philippe Lavergne (extrait de André Breton et le mythe, José Corti, 1985)

    http://www.site-magister.com/silhou.htm

  • Mon texte inédit sur ce blog:Avec ma belle-mère( morte le 31 décembre après des années d'Alzheimer) et mon beau-père(CO

     D'autres inconnu·e·s

    Voici vingt-deux photos d'inconnu·e·s retrouvées dans une sacoche d'archives familiales ainsi que deux photos de paysages. Faites-les parler ! Inventez, racontez ce que vous voulez à partir d'une ou plusieurs d'entre elles. Si cela peut vous aider, vous insérerez dans votre texte cinq noms de gâteaux tirés de la liste jointe au bas des photos.

    Oui, on sait, ce n'est pas de la tarte, aujourd'hui ! Bonne année 2021 à vous quand même !

    Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.

     Baignade 1 Détail

     Baignade 2 Détail

     Le Pédalo Détail

     Baignade 1

     Baignade 2

     Le pédalo

    Dans l'herbe tendre 1

     Dans l'herbe tendre 2

     La Dame au col de fourrure

     Dans l'herbe tendre 1

      Dans l'herbe tendre 2

    La Dame au col de fourrure

    La Famille Toutsourire 1

    La Famille Toutsourire 2

     La Famille Toutsourire 3

     La Famille Toutsourire 1

     La Famille Toutsourire 2

     La Famille Toutsourire 3

    Le cheval mal cadré 2

     

     

     Le cheval mal cadré

     Le cheval mal cadré 3

     Le Cheval mal cadré 1

      Le Cheval mal cadré 2

      Le Cheval mal cadré 3

     Le quatuor devant l'usine

     

     

     Le train

     Les Porteurs de chapeaux (détail)

     Le Quatuor devant l'usine Le Train Les Porteurs de chapeaux
     

    Les inconnus du café 01

     

     

     Les inconnus du café 02 Les inconnus du café 03
     Les Inconnu·e·s du café 1

      Les Inconnu·e·s  du café 2

     Les Inconnu·e·s  du café 3

     Les inconnus du café 04

     L'homme qui fait signe (détail 2)

     Un homme et trois femmes

    Les Inconnu·e·s  du café 4

     L'Homme qui fait signe en levant le poing

    Dans l'herbe tendre 3 

    Marie G

     Un carrefour dans la ville

     Vue vers les Houches depuis la chambre 12 d'un hôtel des Bossons

     La cousine Marie G. en bayadère (cliché de Ludovic Briand fils, 13, rue Brizeux à Rennes)

     Vue par la fenêtre d'un immeuble situé dans une ville inconnue (Paris si l'on en juge d'après la colonne Morris ?)

     La vue vers Les Houches depuis la chambre 12 d'un hôtel des Bossons en Savoie

     Africain  - Alléluia  - Ardéchois - Baba au rhum  - Baklava - Barquette aux marrons - Bavarois  - Beignet aux pommes - Bichon au citron - Biscuit - Bretzel - Brioche - Bûche de Noël - Cake - Ça va se savoir - Canelé bordelais - Cannoli siciliens - Chanteclair - Charlotte - Chausson aux pommes - Chausson italien - Chinois - Chocolatine - Chou à la crème - Clafoutis - Colombe de Pâques - Concorde - Congolais - Conversation - Cookie - Cornes de gazelles - Craquelin  - Crème brûlée - Crêpes - Croissants - Croquignoles - Croustillon - Crumble - Divorcé - Échaudé - Éclair - Far breton - Feuilleté - Financier - Flan - Fondant au chocolat - Forêt noire - Fraisier - Framboisier - Frangipane - Friand - Gâche de Vendée - Galette - Galette des rois - Gâteau - Gaufre - Gaufrette - Gland - Gougère - Halva - Hérisson - Jésuite - Kadaïf - Kouign amann  - Langue-de-chat - Loukoum  - Madeleine - Macarons - Mendiant - Meringue - Merveilleux - Miche - Mille-feuilles - Mirlitons de Rouen - Moka - Mont-Blanc  - Muffin - Navette de Marseille - Noix charentaise - Nougat de Tours - Opéra - Oranais - Oreillettes - Omelette norvégienne - Oublie - Pain au chocolat - Pain perdu - Paris-Brest - Pastis - Petit four - Pithiviers - Pompe à l'huile - Pont-neuf  - Profiteroles - Pudding - Praline - Quatre-quarts - Queue de castor - Religieuse - Rose des sables - Sacristain - Saint-germain - Saint-honoré - Savarin - Spéculoos - Tarte - Tarte Tatin - Tête-de-nègre - Tiramisu  - Tourteau fromager - Tourtière - Tresse au beurre – Vitréais.

    http://krapoveries.canalblog.com/archives/2021/01/06/38744065.html#c88531237

    Avec ma  belle-mère( morte le 31 décembre après des années d'Alzheimer) et mon beau-père

    Avec ma  belle-mère et mon beau-père, nous regardions ,un soir du séjour que nous passions chez eux l'été, les photos de la famille de mon mari: Il y avait des photos de vacance et de pique-nique, que je n'avais pas dans ma famille: des baignades, des pédalos, des femmes assises dans l'herbe, ton père qui s'éloigne de ta mère... comme la semaine dernière... à l'envers. Tu avais des cheveux et je ne t'ai pas connu avec. Tes cousins et  toi souriez. Tu passais beaucoup de temps avec eux. Moi, je ne connaissais presque pas les miens. Il y avait aussi ta première usine, celle où ton père était chef, des potos de son équipe, de la tienne avec des gens que j'ai rencontrés bien plus tard. Grâce à ta mère qui était garde-barrière, tu as tout de suite passionné de  gares ,trains et autres transports en commun.

    Un après-midi de chaleur comme il y en a dans l'che Nord, j'allais me baigner dans l'étang d'Isle. Il y avait des groupes qui s'amusaient, riaient et faisaient du pédalo. Pour moi, toi qui n'aimais pas trop l'eau, tu étais là avec la serviette et mes  vêtements, à me regarder et ça me suffisait plus que largement. Mouillée, je l'enlaçais et m'asseyais dans l'herbe.  Nous allions aussi visiter autour de Saint-Quentin: la campagne picarde, le canal, des musées etc. Nous mangions souvent trop(pour moi): ta mère tous les biscuits et les gâteaux. Toi, c'était le mille-feuille et le baba au rhum.

    10 janvier 2021

    A titre personnel, comment des personnes qui sont censées vous aimer vous font -elles souFfrir volontairement puisqu'on leur a déjà dit? A titre national, pourquoi des personnes qui n'ont pas à souffrir physiquement ou ma tériellement des mesures sanitaires se plaignent elles alors que certains sont malades, meurent, perdent leur travail ou risquent de leur perdre Un peu de décence!

  • Olivia Newton-John, star de ”Grease”, s'éteint à 73 ans(j'ai réécouté Grease enn 45 tours il y a peu)

    Los Angeles - L'actrice et chanteuse australienne Olivia Newton-John, star du film "Grease", est morte à 73 ans, a annoncé lundi son mari dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

     
    Olivia Newton-John le 27 janvier 2018 à Los Angeles, en Californie

    Olivia Newton-John le 27 janvier 2018 à Los Angeles, en Californie

    afp.com/Robyn Beck

    La comédienne, qui avait aussi la nationalité britannique, est "décédée paisiblement dans son ranch en Californie du Sud ce matin, entourée par sa famille et ses amis", précise John Easterling dans le communiqué. Elle luttait depuis 30 ans contre un cancer du sein.  

    Cheveux laqués et blousons de cuir, Olivia Newton-John s'était rendue mondialement célèbre en incarnant Sandy dans la comédie musicale culte "Grease", aux côtés de John Travolta.  

    "Ma chère Olivia, tu as rendu nos vies meilleures. Ton influence a été incroyable. Je t'aime tant", a réagi l'acteur de "Pulp Fiction". 

    L’application L’Express
    Pour suivre l’analyse et le décryptage où que vous soyez
    Télécharger l'app

    Depuis que le cancer s'était abattu sur elle à la quarantaine - cancer du sein et mastectomie en 1992 puis deux récidives en 2013 et 2017, avec métastases - la star mettait toute son énergie et sa notoriété au service de la lutte contre la maladie.  

    "Olivia a été un symbole de triomphe et d'espoir depuis 30 ans en partageant son expérience sur le cancer du sein", a écrit son mari, précisant qu'un fonds à son nom avait été créé afin de financer la recherche sur les plantes médicinales et le cancer, le "Olivia Newton-John Foundation Fund". 

    "Elle était et restera toujours une inspiration pour moi de tant de façons différentes", a écrit lundi la chanteuse australienne Kylie Minogue. 

    - "You're the one that I want" - 

    Née le 26 septembre 1948 à Cambridge au Royaume-Uni, celle que la reine Elizabeth II a titrée "Dame commandeur de l'ordre de l'Empire britannique" est la petite-fille du physicien allemand Max Born, dont les travaux sur la théorie des quanta sont couronnés du prix Nobel. 

    Son père a lui combattu dans les forces britanniques durant la Seconde guerre mondiale, participant à l'arrestation de Rudolf Hess. 

    "Livvy", comme on la surnomme, a tout juste cinq ans quand sa famille déménage aux antipodes. Destination Melbourne, Australie. 

    Passionnée de musique, elle remporte à 16 ans un concours local de chant. Sa mère la pousse à exploiter son talent et les voilà toutes deux reparties pour l'Angleterre. 

    Premiers singles, premiers succès. En 1974, "I honestly love you" est son premier titre à se classer numéro un aux Etats-Unis. La même année, elle représente la Grande-Bretagne à l'Eurovision et termine 4e, s'inclinant derrière... Abba. 

    Cap alors sur la Californie, où elle se fait un nom sur la scène country et western. L'Anglo-australienne est même consacrée à deux reprises "chanteuse la plus populaire des Etats-Unis" et remporte un Grammy award face à la reine Dolly Parton. 

    John Travolta, auréolé de son succès dans "La Fièvre du samedi soir", souffle son nom pour "Grease". 

    Sorti en 1978, le film est immédiatement un énorme succès mondial. En France, il fait 6 millions d'entrées... Plus que "Les Demoiselles de Rochefort" ou "West Side Story"! Tout le monde fredonne "Summer nights" et "You're the one that I want". 

    - "Physical" -

    Et son final devient un mythe, avec la métamorphose de Sandy, la blonde et sage lycéenne, en femme fatale qui surgit au milieu de la fête foraine, cigarette au bec, perfecto noir, top aux épaules dénudées, pantalon lamé moulant et talons vertigineux... Sur un rythme endiablé, elle se déhanche et électrise Danny (John Travolta), le rebelle à la banane gominée. 

    La tenue originale a été adjugée en 2019 aux enchères pour... 405.700 dollars. 

    Malgré ce succès planétaire, Olivia Newton-John n'a pas poursuivi longtemps sur sa lancée au cinéma.  

    Elle tourne avec Gene Kelly une autre romance musicale, "Xanadu", et un nouveau film avec John Travolta, "Two of a kind", mais la magie opère moins. 

    Hormis quelques rôles au cinéma et à la télévision, elle s'est consacrée surtout à la chanson et à son ranch californien où elle vivait entourée d'animaux. 

    Elle sort une quarantaine d'albums country et pop rock - dont "Physical", énorme succès en 1981 - et donne des centaines de concerts à travers la planète.  

    Dans son combat contre le cancer, elle avait créé la Fondation Olivia Newton-John, suivi de près les progrès de la recherche, multiplié les levées de fonds et s'intéressait aux traitements alternatifs. 

    "J'ai la chance d'être mariée à un homme merveilleux qui connaît très bien les plantes médicinales. Il fait pousser du cannabis à usage thérapeutique pour moi", déclarait-elle en février 2021 dans le magazine People. 

    https://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/olivia-newton-john-star-de-grease-s-eteint-a-73-ans_2178282.html

  • Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix

    Ce siècle avait deux ans

    Victor Hugo

    Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
    Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
    Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
    Le front de l’empereur brisait le masque étroit.
    Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
    Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole,
    Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
    Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
    Si débile qu’il fut, ainsi qu’une chimère,
    Abandonné de tous, excepté de sa mère,
    Et que son cou ployé comme un frêle roseau
    Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
    Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
    Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre,
    C’est moi. —

    Je vous dirai peut-être quelque jour
    Quel lait pur, que de soins, que de vœux, que d’amour,
    Prodigués pour ma vie en naissant condamnée,
    M’ont fait deux fois l’enfant de ma mère obstinée,
    Ange qui sur trois fils attachés à ses pas
    Épandait son amour et ne mesurait pas !

    Ô l’amour d’une mère ! amour que nul n’oublie !
    Pain merveilleux qu’un Dieu partage et multiplie !

    Table toujours servie au paternel foyer !
    Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier !

    Je pourrai dire un jour, lorsque la nuit douteuse
    Fera parler les soirs ma vieillesse conteuse,
    Comment ce haut destin de gloire et de terreur
    Qui remuait le monde aux pas de l’empereur,
    Dans son souffle orageux m’emportant sans défense,
    À tous les vents de l’air fit flotter mon enfance.
    Car, lorsque l’aquilon bat ses flots palpitants,
    L’océan convulsif tourmente en même temps
    Le navire à trois ponts qui tonne avec l’orage,
    Et la feuille échappée aux arbres du rivage !

    Maintenant, jeune encore et souvent éprouvé,
    J’ai plus d’un souvenir profondément gravé,
    Et l’on peut distinguer bien des choses passées
    Dans ces plis de mon front que creusent mes pensées.
    Certes, plus d’un vieillard sans flamme et sans cheveux,
    Tombé de lassitude au bout de tous ses vœux,
    Pâlirait s’il voyait, comme un gouffre dans l’onde,
    Mon âme où ma pensée habite comme un monde,
    Tout ce que j’ai souffert, tout ce que j’ai tenté,
    Tout ce qui m’a menti comme un fruit avorté,
    Mon plus beau temps passé sans espoir qu’il renaisse,
    Les amours, les travaux, les deuils de ma jeunesse,
    Et quoiqu’encore à l’âge où l’avenir sourit,
    Le livre de mon cœur à toute page écrit !

    Si parfois de mon sein s’envolent mes pensées,
    Mes chansons par le monde en lambeaux dispersées ;
    S’il me plaît de cacher l’amour et la douleur
    Dans le coin d’un roman ironique et railleur ;
    Si j’ébranle la scène avec ma fantaisie ;
    Si j’entre-choque aux yeux d’une foule choisie
    D’autres hommes comme eux, vivant tous à la fois
    De mon souffle et parlant au peuple avec ma voix ;

    Si ma tête, fournaise où mon esprit s’allume,
    Jette le vers d’airain qui bouillonne et qui fume
    Dans le rhythme profond, moule mystérieux
    D’où sort la strophe ouvrant ses ailes dans les cieux ;
    C’est que l’amour, la tombe, et la gloire, et la vie,
    L’onde qui fuit, par l’onde incessamment suivie,
    Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal,
    Fait reluire et vibrer mon âme de cristal,
    Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j’adore
    Mit au centre de tout comme un écho sonore !

    D’ailleurs j’ai purement passé les jours mauvais,
    Et je sais d’où je viens, si j’ignore où je vais.
    L’orage des partis avec son vent de flamme
    Sans en altérer l’onde a remué mon âme.
    Rien d’immonde en mon cœur, pas de limon impur
    Qui n’attendît qu’un vent pour en troubler l’azur !

    Après avoir chanté, j’écoute et je contemple,
    À l’empereur tombé dressant dans l’ombre un temple,
    Aimant la liberté pour ses fruits, pour ses fleurs,
    Le trône pour son droit, le roi pour ses malheurs ;
    Fidèle enfin au sang qu’ont versé dans ma veine
    Mon père, vieux soldat, ma mère, vendéenne !

    23 juin 1830.

    Victor Hugo, Les Feuilles d’automne

  • Maroc : retour à Casablanca

    Home VOYAGE Voyages
      • Par Olivier Michel 5
      • Mis à jourle 29/11/2013 à 18:05
      • Publiéle 29/11/2013 à 16:44

    EN IMAGES - La capitale économique du pays revient en force parmi les ­villes à (re)découvrir. Son architecture Art déco ­exceptionnelle, la douceur de son climat et son ­dynamisme en font une destination très demandée pour un week-end sous le signe de l'évasion et de la culture.

     

    Casablanca ne séduit pas d'emblée. La route qui mène de l'aéroport en ville n'est qu'un embouteillage entouré de terrains en friche, de végétations anarchiques, d'immenses panneaux promettant sous peu des immeubles de bureaux en verre et des compounds sécurisés avec piscine auxquels on voudrait croire. On arrive en ville avec le secret espoir d'un coup de foudre. Rien. Où est la statue à la gloire du maréchal Lyautey? Où sont les immeubles, les maisons, les monuments imaginés par les architectes qui ont fait de Casa un extraordinaire laboratoire d'urbanisme à partir des années 20? Quid du Rick's Café, où Humphrey Bogart, dans le film Casablanca, en 1942, résistait à la fois aux nazis et à l'amour? Dans le hall de l'hôtel, on se surprend à marmonner: rester ou partir? Mais une brochure posée sur une table qui titre en gras «De plus en plus de touristes se laissent séduire par Casablanca» règle le problème.

    Casablanca est une ville que s'approprie volontiers la jeunesse à travers les tags, les concerts de rap, et en s'affichant dans les galeries d'art.

    Casablanca est une ville que s'approprie volontiers la jeunesse à travers les tags, les concerts de rap, et en s'affichant dans les galeries d'art. Crédits photo : ERIC MARTIN

    Dar al-Beïda (Casablanca en arabe) est peut-être autre chose qu'un fatras de cinq millions d'habitants planté au bord de l'océan Atlantique. «Casablanca est une ville difficile à aborder, car elle a grandi trop vite», explique Albane de Linarès, notre guide, qui, à travers l'association Casa Mémoire et une promenade de deux heures à pied, nous fait découvrir les quartiers historiques. «Il faut vraiment plonger dans ses entrailles, faire fi parfois du mauvais état des rues et des trottoirs, et s'engager sans crainte dans les passages et les cages d'escalier. Lever la tête en permanence pour découvrir de remarquables façades Art déco ou néomauresques. Vous n'en trouverez nulle part ailleurs autant, et dans leur “jus”. Il n'y a que comme ça que l'on comprend l'intérêt et le charme de Casablanca.»

    Et en effet, pas après pas, le charme opère. Surgissent çà et là des édifices joyaux ; la ville se livre enfin. D'imposantes colonnades blanches bordant une large avenue et abritant une multitude de cafés “braguettes” (car on n'y trouve attablés que des hommes) mènent aux monuments phares de la place Mohamed-V, le centre historique: la Banque du Maghreb, le palais de justice, la poste, la préfecture. La banque a des allures de musée avec son portail en fer forgé et cuivre de 11 tonnes, sa cage d'escalier en marbre blanc et vert, son sol en granito brillant comme autant de pains de glace. Le plafond de verre à carreaux, suspendu à cause de son poids excessif, vaut à lui seul la visite. La préfecture voisine et son impressionnant patio-jardin ressemble à un palais andalou. On peut y jeter un long coup d'œil après quelques salamalecs et compliments d'usage à l'accueil, en jurant de ne prendre aucune photo. La poste, elle, séduit par ses zelliges extérieurs bleu lapis-lazuli, qui enserrent des boîtes à lettres d'époque, en cuivre. On y posterait volontiers quelques mots. À l'intérieur, une modernité élégante et dépouillée, Art déco, vole la vedette aux quelques fonctionnaires occupés à timbrer, tamponner et peser.

    L'arrivée récente du tramway a accéléré la rénovation de Casa et créé un lien entre les différents quartiers plus ou moins favorisés.

    L'arrivée récente du tramway a accéléré la rénovation de Casa et créé un lien entre les différents quartiers plus ou moins favorisés. Crédits photo : ERIC MARTIN

    Une seule villa remporte tous les suffrages

    Casablanca est une ville pleine de promesses. Des musées? Il n'y en a qu'un seul pour le moment, mais étonnant ; la fondation Abderrahman Slaoui, créée par un homme d'affaires collectionneur éclairé. Dans les vitrines cristallines d'une maison particulière, on peut découvrir sur deux étages des porcelaines de Beykoz, des affiches XIXe, des bijoux marocains en or, de l'argenterie britannique ou de la cristallerie Napoléon III.­ «Pourquoi cherches-tu des musées, Casa est un musée», plaisante un piéton alors que nous sortons. Le quartier d'Anfa, Beverly Hills local, perché sur une colline dominant l'Océan est une des pièces maîtresses de ce musée à ciel ouvert. C'est là que, le 14 janvier 1943, Franklin Roosevelt et Winston Churchill invitent Joseph Staline et les généraux français de Gaulle et Giraud à se réunir à l'hôtel d'Anfa pour parler des suites à donner à la guerre. L'hôtel d'Anfa n'existe plus et la colline s'est peuplée de maisons qui rivalisent de légitimité pour les plus anciennes, de clinquant hollywoodien pour les plus récentes, et d'originalité pour les autres.

    Les palmiers et massifs de fleurs y sont taillés en permanence. Des vigiles que l'on croit assoupis traquent en réalité des cambrioleurs potentiels de l'œil droit, et de l'œil gauche, regardent passer, au volant de voitures rutilantes, les riches Casaouis à la recherche d'un terrain au prix de l'or. Si Casablanca compte des dizaines de maisons exceptionnelles, comme la villa Zévaco, l'hôtel Excelsior, l'immeuble Assayag (entre autres), une seule villa remporte par son nom et sa forme tous les suffrages: la villa Camembert, boulevard du Lido. Les Casablancais l'ont surnommée ainsi à cause de sa forme cylindrique et plate. Construite en 1963 par Wolfgang Ewerth, son vrai nom est, en fait, villa du Dr B. Son aspect futuriste et la discrétion de son propriétaire en font une des maisons les plus mystérieuses de la ville.

    Poumon économique du Maroc, Casablanca succombe depuis quelques années aux joies de la légèreté. Rien à voir avec Marrakech, insistent les Casablancais, qui tiennent à se démarquer d'une ville trop à la mode et trop dévergondée. Ici, les hommes d'affaires, le cigare aux lèvres, croisent une jeunesse dorée, un verre de touareg rouge ou rosé à la main, dans des restaurants en vue sur le port, ou sous le phare. On déjeune au Rouget de Lisle, on dîne au Cabestan, avant d'aller écouter de la musique au Rose. Au Rick's café, lieu mythique du film Casablanca, dans lequel Bogart n'a jamais mis les pieds puisqu'il n'est jamais venu ici, on vient pourtant écouter du jazz sous son portrait. Réaliser un fantasme. Le week-end, il faut absolument aller bruncher à La Sqala, forteresse hype donnant sur la mer avant une longue promenade sur la corniche, la plus longue d'Afrique du Nord. Les belles y bronzent autour de piscines qui donnent sur l'Océan aux premiers beaux jours.

    La monumentale mosquée Hassan-II est l'une des curiosités de la ville. On se promène sur la belle esplanade avant une visite d'une heure à l'intérieur.

    La monumentale mosquée Hassan-II est l'une des curiosités de la ville. On se promène sur la belle esplanade avant une visite d'une heure à l'intérieur. Crédits photo : ERIC MARTIN

    À la tombée de la nuit, après d'inévitables courses au Morocco Mall, ou à Anfaplace, fierté commerciale de la ville en verre et métal, où l'on vient se promener en famille, il est l'heure de faire la tournée des galeries d'art. Casablanca en compte désormais une dizaine. Et si par hasard, il n'y avait pas de vernissage, reste la possibilité d'aller écouter un concert de rap, de raï ou de rock aux Abattoirs. On y croise un Casa inattendu: des rois du tag, des geeks aux cheveux bleus, des jeunes créateurs ne doutant de rien. Dominant la ville, la gigantesque mosquée Hassan-II, qui rappelle qu'au Maroc les souverains commandent aux croyants, lance en direction du Miséricordieux son minaret de 201 mètres, le plus haut du monde. Entre 1986 et 1993 (année de son inauguration), 10 000 ouvriers et artisans ont participé à sa construction. On la visite, bluffé, en une heure et demie. La mosquée Mohamed-V, dans le quartier des Habous, est la préférée, dit-on, de Mohamed VI, souverain actuel. On vient aux Habous pour s'habiller traditionnellement.

    Les artisans proposent aux touristes cendriers, peintures et tapis. Mais la seule boutique à faire l'unanimité est la pâtisserie Bennis Habous: toute petite, elle se résume à une pièce recouverte de zelliges, où se retrouve toute la ville. On y vient pour un oui ou pour un non. Le dimanche, le vendredi après la prière, pour faire un cadeau, avant de partir en voyage. C'est ici, dit-on, entre miel et sucre, que l'on s'attache définitivement à Casablanca.


    Devenue le café Paul, la villa Zévaco ou villa Papillon est, avec la villa Camembert, un des chefs-d'oeuvre archituraux de Casablanca.

    Devenue le café Paul, la villa Zévaco ou villa Papillon est, avec la villa Camembert, un des chefs-d'oeuvre archituraux de Casablanca. Crédits photo : ERIC MARTIN

    Le carnet de voyage

    Utile

    Office national marocain du tourisme (01.42.60.63.50 ; www.visitmorocco.com). Guides: le Petit Futé et le Guide du routard.

    Y aller

    Avec Air France (36.54 ; www.airfrance.fr): 4 vols par jour dont 1 au départ d'Orly-Ouest, et 3 au départ de Roissy. A partir de 128 € l'aller-retour. Avec Royal Air Maroc (0.820.821.821 ; www.royalairmaroc.com): 6 vols quotidiens au départ d'Orly-Sud. A partir de 262 €.

    Organiser son séjour

    Avec Directours (01.45.62.62.62 ; www.directours.com). Depuis 18 ans, Directours propose des voyages sur mesure, à des tarifs ultranégociés. L'agence propose deux séjours de 4 jours/3 nuits en 5 étoiles à Casablanca: à partir de 599 € au Sofitel Casablanca Tour Blanche, et à partir de 749 € à l'hôtel Le Doge Hôtel & Spa.

    Notre sélection d'hôtels

    Le Doge Hôtel & Spa (00.212.(0) 5 22.46.78.00 ; www.hotelledoge.com). Ce Relais & Châteaux 5 étoiles, petit bijou Art déco «caché» dans une ruelle tranquille, propose 16 chambres et suites réparties sur cinq étages desservis par un ascenseur et une très belle cage d'escalier. La décoration de chacune des chambres s'inspire d'une personnalité et d'un thème: Majorelle, Coco Chanel, Hemingway, etc. A partir de 253 € la nuit.

    Le Sofitel Casablanca Tour Blanche (00.212.(0) 5.22.45.62.00 ; www.sofitel.com). Avec ses 141 chambres et 30 suites ultramodernes aux très beaux volumes, le Sofitel est une des réussites de Casablanca. Déco tendance, spa unique, lits moelleux, vue sur la mosquée Hassan-II et la médina. Dans l'immense hall, se mélangent avec succès les styles marocain et contemporain. A partir de 185 € la nuit.

    Bonnes tables et saveurs

    Le restaurant branché avec vue sur la mer, c'est le Cabestan (522.39.11.90), 90 bd de la Corniche. On y vient pour admirer les plus belles femmes de Casablanca, et des tycoons descendant de leur Porsche. Bon rapport qualité-prix: de 40 à 50 €. Situé au 248, bd Sour-Jdid, place du jardin public, le Rick's café (522.27.42.07 ; www.rickscafe.ma) est celui du film Casablanca, dans lequel jouait Humphrey Bogart. Idéal pour dîner ou déguster un verre de vin en écoutant du jazz. Compter 30 €. Les amateurs de poissons et fruits de mer, iront acheter huîtres de Oualidia, couteaux, pouces-pieds et oursins chez Zoubida (661.96.42.76) au Dar Kachon, sur le marché central, avant de les déguster cuisinés dans le bistrot de Michel et Hafida (661.07.33.97).

    Les incontournables

    Visiter la Fondation Abderrahman Slaoui, 12, rue du Parc (00.212 (0) 5.22.20.62.17 ; www.musee-as.ma). Ouvert du mardi au samedi de 10 à 18 h, le seul musée de Casablanca propose les trésors d'un collectionneur éclairé. Formidable. Entrée: 30 dirhams (2,68 €). Admirer la gigantesque mosquée Hassan-II, (00.212 (0) 5.22.48.28.86), ses salles sans fin, son minaret de 201 mètres. Visite d'une heure tous les jours à: 9 h, 10 h, 11 h, 14 h, (le vendredi à 9 h et 14 h). Entrée: 120 dirhams (10,72 €). Découvrir les plus belles maisons et façades Art déco et néomauresques autour de la place Mohamed-V et dans le quartier d'Anfa. Renseignements auprès de l'association Casa Mémoire (526.51.58.29 ; www.casamemoire.org).

    Que rapporter

    Dans les boutiques longeant la nouvelle médina, les amateurs de fossiles en dénicheront de toutes sortes, ammonites et autres dents de requin trouvées dans les sables du Sahara. Les gourmands ne rentreront pas sans une provision des gâteaux parfumés à la cannelle, à la fleur d'oranger de la pâtisserie Bennis située dans le quartier des Habbous.

    Le Bon Plan

    Séjourner à l'Hôtel Central (00.212 (0) 5.22.26.25.25). Situé sur la place Ahmed-el-Bidaoui, cet hôtel sans prétention (et aux prix très raisonnables) ne manque pas de charme! Carrelage d'époque, peinture blanche à la chaux, terrasse dominant la vieille médina, chambres et salles de bains très propres. À partir de 30 €.

    • L'auteur
    • Sur le même sujet
    • Réagir (0)
    • Partager
      Partager cet article
      • ISBN :978-2-9531564-6-1

    Mes récits

    de voyage
    ISBN :978-2-919204-05-2

    Newsletter

    ISBN : 978-2-919204-02-1
    ISBN :978-2-919204-01-4

    Ce blog est protégé par une déclaration de droit d'auteur

    00039812 Ce copyright concerne mes textes et mes photos. Si vous souhaitez utiliser un de mes textes ou photos, merci de me contacter au préalable par e- mail et de citer mon nom et le mon adresse URL... comme je m'efforce de le faire pour les créations des autres.

    Mes essais

    tirés de mes recherches universitaires
    ISBN:978-2-9531564-2-3

    Notes récentes

    ISBN :978-2-9531564-9-2

    Novembre 2024

    Calendrier des notes en Novembre 2024
    D L M M J V S
    1 2
    3 4 5 6 7 8 9
    10 11 12 13 14 15 16
    17 18 19 20 21 22 23
    24 25 26 27 28 29 30
    ISBN : 978-2-919204-00-7
    ISBN :978-2-9531564-7-8

    Mes recueils

    de poèmes

    Mon premier recueil de poèmes

    ISBN:978-2-9531564-1-6
    ISBN :978-2-9531564-3-0

    À propos

    est une vitrine pour Ce que j'écris(1 ere partie du titre):...

    ISBN :978-2-9531564-4-7
    ISBN:978-2-9531564-0-9
    ISBN :978-2-9531564-8-5
    ISBN :978-2-9531564-5-4

    Catégories

    Stats