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  • Biennale des antiquaires

     

    Par Béatrice De Rochebouet Mis à jour le 14/09/2012 à 15:29 | publié le 14/09/2012 à 06:00  (2)

    Dans ce mastaba aux tonalités taupe, couleur fétiche du décorateur François-Joseph Graf, le visiteur chemine dans la pénombre jusqu'au buste monumental de Sésostris Ier
    en quartzite d'époque Moyen Empire (XIIe dynastie, XIXe siècle avant J.-C).
    Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO
     
    Suite à une mise en demeure, je supprime cette photo
    •  
      Une scénographie signée Karl Lagerfeld, de nouveaux exposants, des acheteurs venus de l'Est… La manifestation redore son image.

    La Biennale des antiquaires est-elle le dernier temple de l'art qui résiste aux bombardements de la crise? Sous la verrière du Grand Palais réinventée par le très médiatique Karl Lagerfeld, les plus grands collectionneurs de la planète sont venus, dès mercredi soir, participer au dîner de gala. Avec légèreté, ils ont foulé la moquette en imitation de pavés conduisant aux places et avenues de la capitale autour desquelles sont alignés des stands-vitrines comme sous le second Empire.

    Jadis, on attendait les Américains comme des sauveurs. Aujourd'hui, ce sont ceux des pays émergents: les Chinois comme Yue Sai Kan, connue pour avoir construit un empire dans le secteur de la cosmétologie à Shanghaï, ou les Ukrainiens, à l'image du puissant homme d'affaires Andrey Adamovski, amateur discret des plus grands noms de l'art moderne à Kiev.

    Près de 1400 de ces nouveaux riches de l'art, manne inespérée pour nos marchands plutôt inquiets de l'avenir de leur métier dans l'Hexagone, sont venus célébrer cet événement qui participe encore au rayonnement de la France à travers le monde. Évitant les caméras, Bernard Arnault était passé avant l'ouverture. Mais jusqu'au vernissage aucun ministre ne s'était annoncé. À l'exception de Laurent Fabius, invité à titre personnel à la table du décorateur François-Joseph Graf qui fit entrer à la Biennale son frère, François, et son XIXe triomphant, avant qu'il ne disparaisse. D'importants conservateurs faisaient figure de dinosaures au milieu des nuées de jeunes Chinoises outrageusement bijoutées. Elles n'ont pas hésité à se faire prendre en photo devant la statue Bamileke du Cameroun au sexe proéminent sur le stand de Bernard Dulon, jouxtant celui de Bulgari. Mais pas une question sur sa provenance et son prix, preuve encore d'une difficile cohabitation entre bijoutiers omniprésents et antiquaires…

    «Valeur refuge»

    C'est grâce à une campagne tous azimuts, de Berlin à Hongkong en passant par Istanbul et Sao Paulo, que le président de la Biennale, Christian Deydier, a pu renouveler son public, soit deux tiers d'étrangers pour cette 26e édition. La seule issue pour cette manifestation jusque-là en perte d'image, face à une concurrence effrénée de salons et de foires dans le monde et, surtout, à la montée en puissance de Maastricht et de Bâle qui captent désormais tous les ténors de l'art moderne, du contemporain et du design. «Le marché de l'art international n'est pour l'instant pas touché par la crise, confirme le président du Syndicat national des antiquaires (SNA). C'est une valeur refuge mais s'il le faut, moi et mes confrères, nous n'hésiterons pas à délocaliser nos activités si la situation s'aggrave ici.» L'idée est déjà en marche avec deux nouvelles Biennales de Paris à New York, à l'automne, et à Moscou, au printemps 2013.

    Ce n'est pas non plus sans grincements de dents que le président a changé la donne de cette manifestation jugée toujours très franco-française, avec seulement 27 galeries étrangères. Il y a des départs regrettés contre 49 nouvelles arrivées sur les 118 participants. Mais ces nouveaux venus plus jeunes ou moins reconnus qui inaugurent à l'étage la réouverture du salon d'honneur émanent pour la plupart du SNA. Et leurs petits stands, alignés à touche-touche et très disparates, n'ont pas leur place dans un tel salon de prestige. L'ouverture est nécessaire mais avec des noms plus prometteurs. La sélection reste aussi à revoir dans les allées du Paris de l'Exposition universelle de Karl Lagerfeld. Les meilleurs exposants sont sur l'avenue centrale allant de la Concorde aux Champs-Élysées. Pour les autres, relégués à l'étroit derrière, point de salut!

    Grand Palais (Paris VIIIe), jusqu'au 23 septembre. www.grandpalais.fr

    LIRE AUSSI:

    » Biennale des antiquaires: lèche-vitrines au Grand Palais

    http://www.lefigaro.fr/sortir-paris/2012/09/14/03013-20120914ARTFIG00543-la-biennale-des-antiquaires-change-de-decor.php

    Précédente publication:

    25/09/2012 19:21

  • Ce que les salariés acceptent pour éviter un plan social

    Par Christine Lagoutte Mis à jour le 12/11/2012 à 10:49 | publié le 09/11/2012 à 23:28 Réactions (102)
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    SONDAGE - Les salariés sont prêts à des concessions sur les salaires et le temps de travail pour échapper à des suppressions de postes, selon l'Observatoire social de l'entreprise, réalisé pour le CESI par Ipsos-Logica Business Consulting, en partenariat avec Le Figaro.

    Les salariés sont-ils prêts à faire des concessions pour éviter un plan social dans leur entreprise? À cette question posée par le cinquième Observatoire social de l'entreprise mis en place par Ipsos pour le Cesi, en partenariat avecLe Figaro, les salariés répondent oui à une forte majorité. Ils sont prêts à se mobiliser et affirment être disposés à des «concessions fortes»: 64% accepteraient par exemple de renoncer aux 35 heures, 59% un gel du salaire et 54% se disent ouverts à des périodes de chômage partiel. Ils sont en revanche moins disposés à baisser - même légèrement - leur salaire, avec 32% seulement d'avis favorables.

    Cette mobilisation des collaborateurs s'explique par l'amplification des effets de la crise sur l'emploi. Pour eux, cela rime dans leur quotidien avec le non-remplacement des départs (44%), l'arrêt de CDD ou de missions d'intérim (43%) et, bien sûr, le gel des embauches (43%). «Près d'un salarié sur cinq indique avoir observé dans son entreprise une recrudescence de licenciements économiques individuels ou de plans sociaux», souligne Étienne Mercier, directeur adjoint du département opinion Ipsos Public Affairs.

    Cette mobilisation du personnel est révélatrice d'une montée forte de la peur du chômage parmi la population salariée. À cet égard, l'Observatoire ­social de l'entreprise est sans appel: 61% des salariés interrogés estiment qu'ils connaîtront probablement une période de chômage au cours de leur carrière (un quart dit que cela lui arrivera «certainement»). «Plus d'un salarié sur cinq juge même qu'il existe une importante probabilité qu'il connaisse une période de chômage dans les deux prochaines années», précise Étienne Mercier. Les femmes (29%), les seniors (30%) et les personnes travaillant dans des petites structures (34%) se montrent les plus inquiets.

    Dans ce contexte bien noir, l'Observatoire social de l'entreprise a cherché à savoir si les salariés travaillent davantage et mieux leur «employabilité», pour être capables de rebondir en cas de crise et de perte de leur emploi. Aux yeux des salariés, «avoir les capacités et les compétences permettant de changer de poste ou de secteur d'activité» est le critère numéro un pour retrouver un emploi (70%), devant les relations ou le réseau (53%). «La formation initiale ne semble plus aujourd'hui suffire pour trouver ou retrouver un emploi, en particulier quand l'âge des salariés avance: si 30% des moins de 40 ans considèrent qu'avoir des diplômes est un atout important pour trouver un emploi, seuls 23% des 40 ans et plus pensent de même», observe le responsable d'Ipsos.

    Capacité à rebondir en se formant

    Pour autant, les salariés n'agissent pas assez pour «cultiver» ces fameuses compétences et donc cette «employabilité» indispensable pour rebondir. Selon l'Observatoire, «seule une minorité d'entre eux consulte régulièrement les offres d'emploi pouvant les concerner (22%) et soigne ses relations à l'intérieur de l'entreprise (26% le font régulièrement) ou en dehors de l'entreprise (seuls 17%), y compris via les réseaux sociaux professionnels (seuls 7% le font régulièrement)».

    La raison est peut-être à rechercher dans une «autoévaluation» assez élevée de leur employabilité, qui ne correspond pas toujours à la réalité: 78% considèrent par exemple qu'ils disposent de qualités professionnelles et d'une expérience recherchées dans leur domaine d'activité; 51% pensent en outre que les formations professionnelles dont ils ont pu bénéficier leur permettent de rester au fait des ­innovations dans leur domaine d'activité. Ils se montrent en revanche plus prudents (et réalistes?) sur leurs capacités à sortir de leur champ actuel d'activité, puisque seuls 40% estiment que, s'ils le souhaitaient, il leur serait plutôt facile de trouver un emploi dans une entreprise évoluant dans un secteur différent du leur.

    LIRE AUSSI:

    » L'emploi des cadres très affecté par la crise 

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    Je précise que cet article n'est pas de moi (lien vers la page citée et si possible son auteur)mais que je suis auteure(inspirée par ce que j’aime, donc par ce blog) et que vous pouvez commander mes livres en cliquant sur les 11 bannières de ce blog

     

  • Un « Monde » cruel

    Une galerie de portraits, ébouriffante et sans concession, traverse ce long récit.

    Monde MON TOUR DU « MONDE » ÉDITIONS GALLIMARD , 542 pages , 22.5 €

    MON TOUR DU « MONDE »
    d’Éric Fottorino
    Éditions Gallimard, 542 p., 22,50 €

    Vingt ans de bonheur, cinq ans de pouvoir et, au bout de ce quinquennat, une « révocation » qui libère en même temps qu’elle laisse un goût amer. Voilà résumée la trajectoire professionnelle d’un homme qui ne s’était jamais imaginé à la tête du journal   Le Monde.    Il suffisait de partager avec tant d’autres les joies de la liberté et du plaisir d’écrire, de voyager, de rencontrer, de rendre compte de ce que l’on avait vu. De vibrer pour les gens et pour les choses. Mais non, il lui faudrait monter jusqu’en haut et tomber de là-haut. Qu’allait-il faire dans cette galère ?

    Éric Fottorino, dans ce volumineux et passionnant « récit » consacré à ses années Monde , journal qu’il dirigea de 2007 à 2011, donne une des clés du journalisme qui a justifié bien d’autres vocations que la sienne :   « Le jeune introverti que j’étais a guéri sa timidité par le journalisme. »    Le journalisme comme thérapie, comme drogue, c’est affaire entendue, et l’arrogance que l’on reproche à certains n’est que le masque de carnaval d’une inaptitude répandue à agir. Nous sommes des yeux prolongés par des plumes. Et Dieu sait si celle d’Éric Fottorino, dans sa double capacité de journaliste et d’écrivain, excelle !

    Écrivain ou journaliste, faut-il choisir ? Que d’interlocuteurs ont eu avec lui cette discussion, à commencer par l’auteur de cette chronique ! Mais d‘aucuns l’ont fait plus méchamment, comme Nicolas Sarkozy lui-même, lui reprochant d’être un « cumulard »,  ou le directeur de la rédaction de naguère, Edwy Plenel, ou, plus tard, l’incontournable Alain Minc et pour finir, une partie de sa rédaction.

    Qu’il se soit montré journaliste passionné et talentueux, la relecture de centaines d’articles, de reportages, d’enquêtes, de portraits, de billets, en attesterait aisément. Mais il fallait encore plus à ce graphomane et, deux ans après son entrée au Monde  comme rubricard économique intervenue en 1986, Fottorino publiait ses deux premiers livres. Une vingtaine suivraient…

    Le récit d’Éric Fottorino est construit comme un roman vrai : il commence par la fin et se termine… par la fin. Par l’évocation de cette séance du conseil de surveillance du journal, en décembre 2010, lorsque les nouveaux propriétaires du journal, qu’il a contribué à faire venir, le chassent sans ménagement, les regards fuyants. Fottorino, alors, témoigne qu’il était venu à cette séance du sacrifice avec le   « soulagement de se savoir condamné ».  

    Il avait enfin cessé de ressentir « cette barre dans la région du cœur qui ne me lâchait plus depuis que j’avais pris les commandes du navire à l’été 2007 » .    Il puisa dans ce soulagement l’avertissement donné aux nouveaux maîtres du  Monde  : « Pour diriger ce journal il faut l’art et la manière, s’il n’y a plus de manière alors il n’y a plus d’art. »  

    Une galerie de portraits, ébouriffante et sans concession, traverse ce long récit. D’innombrables personnages tournent autour de ce journal, mythe dévorateur qui attire des gens de toutes sortes, des glorieux de toute nature. On voit Alain Minc, le conseiller du président Sarkozy et de tant de puissants de la terre, résumé ainsi : « On ne devient pas l’ami d’Alain Minc. On est au mieux l’obligé d’un marionnettiste. »  On revoit Jean-Marie Colombani, le directeur de la période 1995-2007 : « Il ne semblait vous aborder que de biais. »  

    On revoit Edwy Plenel, qui dirigea la rédaction avec « la forfanterie de croire qu’il était un mythe vivant du journalisme »   et s’était « lancé dans la guerre du scoop et la chasse à l’homme ».   On voit un président de la société des rédacteurs du   Monde  halluciné d’ambition personnelle. Et, bien sûr, on assiste à plusieurs rencontres avec le chef de l’État, mélange de brutalité, de vulgarité, de suavité menaçante, de colères qui ne sont pas sans effets pratiques.

    Quelle aura été la marque d’Éric Fottorino dans la longue histoire de ce journal, la série de ses « crises », de ses combats pour l’indépendance ? Il le constate lui-même, sans détour : aux yeux de beaucoup « je resterais le directeur qui aurait vendu   Le Monde   ».    Le journaliste qui aurait tenté de dessiller les yeux de ses confrères, les illusionnés de l’autogestion, les nostalgiques d’un pouvoir rédactionnel exsangue de « soviet » caduc. Car il aura répondu à la question : « Est-on indépendant quand on perd de l’argent ? »   Et compris que non.

    Le constat lucide qu’il tire de tout cela, comment ne pas le comprendre : « C’était là mon destin au    Monde  : y entrer pour ce qu’il était et que j’aimais, le quitter pour ce qu’il était devenu et que je n’aimerais pas, bien que je fusse l’artisan forcé de sa métamorphose. »   Il faudrait bien une victime expiatoire pour que le collectif du Monde   fasse payer à quelqu’un la perte de l’indépendance, la fin des illusions de plusieurs époques et la vanité, désormais, d’une morgue journalistique autosuffisante. Ce serait lui. On le révoquerait donc, sans le regarder. On le libérerait. Et sa plume aussi, avec ce pavé régalant.

     

     

    BRUNO FRAPPAT

    http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Livres/Un-Monde-cruel-_NG_-2012-04-11-791210

  • Werner Spies, le promeneur de l’art

    Dans un volumineux coffret, les Éditions Gallimard ont rassemblé les textes de Werner Spies, spécialiste du surréalisme et grand défenseur des artistes allemands en France.

    inventaire_du_regard UN INVENTAIRE DU REGARD - ÉCRITS SUR L'ART ET LA LITTÉRATURE Werner Spies Gallimard , 4356 pages , 159 €

    UN INVENTAIRE DU REGARD -  Écrits sur l’art et la littérature
    de Werner Spies, édité par Thomas W. Gaehtgens, avec la collaboration de Dorian Astor et Maria Platte, traduit de l’allemand (collectif)
    Éd. Gallimard, dix volumes, 4356 p., 1500 illustrations, 159 €

    Quelle traversée ! Au fil des dix tomes que les Éditions Gallimard consacrent aux principaux écrits de Werner Spies sur l’art et la littérature, une vie de passions se dessine. Auteur du catalogue raisonné des sculptures de Picasso et de l’œuvre de Max Ernst, directeur du Musée national d’art moderne au Centre Pompidou de 1997 à 2000, cet Allemand à la culture humaniste n’a cessé de rencontrer les plus grands artistes de son temps, de Samuel Beckett à Marcel Duchamp, d’Andy Warhol à Mark Rothko, de Gerhard Richter à David Lynch… Avec à la clé une moisson de textes où le regard aiguisé sur les œuvres s’entrelace avec les souvenirs.

    Les sommes de référence consacrées à Max Ernst et à Picasso ouvrent le bal. Du premier, Werner Spies éclaire la profondeur des sources enfouies sous l’apparence fortuite des collages. Du second, c’est tout le continent secret des sculptures qu’il a révélé au public, mais aussi l’œuvre tardive, auscultée jusque dans ses ultimes sursauts érotiques. Bien sûr, nombre de ces pages avaient déjà été publiées en français, par exemple lors des expositions organisées par l’auteur au Centre Pompidou : la « Rétrospective Max Ernst » en 1991-1992, « Picasso sculpteur » en 2000 ou « La révolution surréaliste » en 2002.

    Aussi, les quatre derniers volumes surprennent-ils davantage en traduisant notamment la palette d’articles publiés par Werner Spies dans le grand quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung . On y découvre un œil aussi attiré par l’art français du XIXe  siècle que par les sculptures contemporaines ironiques d’Erwin Wurm, avec une ouverture pas si fréquente chez les historiens d’art. Remarquablement traduite, la langue imagée de cet érudit séduit, comme lorsqu’il moque la vogue du rembourrage molletonné sous le Second Empire, emblématique d’une époque qui « ménage ses arrière-trains » .

    Les liens constants qu’il tisse avec la musique, la philosophie ou la littérature ajoutent au charme de ses analyses. Ayant commencé sa carrière de journaliste à Paris en commandant des pièces radiophoniques à tout le gratin du nouveau roman – Sarraute, Simon, Butor, Robbe-Grillet, Duras… –, Werner Spies n’a cessé d’éclairer l’art par les lettres et réciproquement. Il déchiffre Francis Ponge au prisme du cubisme, les vitraux de Richter à la lueur de Nietzsche, relie les figures renversées de Baselitz au sentiment du héros de Büchner, Lenz qui, face au déjà vécu, « n’éprouvait aucune fatigue, simplement parfois il trouvait pénible de ne pas pouvoir marcher sur la tête »

    Jamais professorales, ses chroniques divaguent ainsi au gré d’annotations sensibles. On goûte la tendresse affleurant dans certains portraits comme celui du vieil Aragon excentrique ou d’Henri Cartier-Bresson perché, dans son appartement de la rue de Rivoli « comme le guetteur du poème de Goethe, né pour voir » . Parfois l’on aimerait que l’auteur étaye et approfondisse davantage, plutôt que de butiner au gré de ses intuitions. Car ce promeneur romantique voit juste quand il décèle chez Cy Twombly « le deuil impuissant du passé qui mène à la profanation »  ou dans les photographies d’Andreas Gursky, reproduisant à l’infini les mêmes objets stéréotypés, la perte de sens d’un monde étourdi dans la surconsommation.

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    UN ARTISAN DE LA RÉCONCILIATION FRANCO-ALLEMANDE

    Né en 1937 à Tübingen en Allemagne, « la ville de Hölderlin et Hegel », qui fut occupée par l’armée française après-guerre, Werner Spies aurait pu en concevoir une détestation de notre pays. C’est l’inverse qui s’est produit. « J’étudiais alors le français au lycée et j’ai voulu parler avec les soldats de la garnison qui m’ont fort bien accueilli , confie-t-il aujourd’hui. Et de manière assez naïve, j’ai idéalisé la France qui incarnait la pureté, la résistance face à l’horreur de l’histoire allemande. »   

    Après « un pèlerinage à Ronchamp » , il s’installe à Paris dès 1961, se marie à une Française, et n’a cessé depuis de resserrer les liens entre ces deux pays, faisant connaître des auteurs et des artistes français outre-Rhin via la radio ou ses chroniques dans la presse écrite. Dans l’autre sens, en 1978, son exposition Paris-Berlin au Centre Pompidou fit date en dévoilant au public hexagonal tout un pan de l’art allemand qui avait été occulté après la guerre. Un rôle de passeur qu’il a poursuivi à travers de nombreux articles et expositions dédiés à des artistes d’origine germanique, son grand ami Max Ernst en tête. 

    Cité récemment comme témoin devant la justice pour avoir authentifié sept tableaux de ce peintre qui se sont avérés faux, Werner Spies se défend en affirmant avoir été abusé par « des faussaires de génie » . Et relativise cette erreur au regard des 400 œuvres qu’il a écartées du catalogue raisonné de l’artiste, riche de près de 6 000 numéros.

     

     

    SABINE GIGNOUX

    http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Livres/Werner-Spies-le-promeneur-de-l-art-_NG_-2012-03-21-780695

  • Le plein de Chateaubriand

    Le petit aristocrate breton, que sa mère aurait voulu prêtre et son père officier, ne savait littéralement pas où se mettre. Au propre comme au figuré.

    chateaubriand CHATEAUBRIAND Jean-Claude Berchet Gallimard , 1050 pages , 29.5 €

    CHATEAUBRIAND
    de Jean-Claude Berchet
    Éd. Gallimard, 1 050 p., 29,50 €

    En 1821, Chateaubriand passe trois mois à Berlin, comme ambassadeur de France. Il rencontre Adalbert von Chamisso, le poète d’origine française devenu russien de cœur. Chamisso a vite fait le tour du personnage. Il écrit :  « Chateaubriand est maladroit, il ne cherche ni ne trouve son emploi nulle part. Il ne sait ni où il est, ni qui il est. »  Voilà sans doute le résumé le plus exact et le plus pathétique de la quête perpétuelle qui marqua la vie de François-René de Chateaubriand : la quête de soi. Par tous les moyens : ambitions, écriture, voyages, amours.

    Le petit aristocrate breton, que sa mère aurait voulu prêtre et son père officier, ne savait littéralement pas où se mettre. Au propre comme au figuré. Il serait écrivain, mais aussi politique, mondain, mais pataud parfois, ambassadeur, alignant les démissions successives, exilé (plusieurs fois), pair de France, ministre, royaliste avec mesure, républicain en sourdine. 

    Mari patient, amant multiplié, sincère et dissimulé. Moqué des uns comme des autres, adulé de beaucoup. Courageux avec ça. Mais aveugle. Coincé entre deux époques. Né sous Louis XV, en 1768, il mourra dans les premiers soubresauts de la révolution de 1848. Il y avait là de quoi chahuter une âme.

    Dans sa fratrie il n’était pas le préféré. Il allait avec sa famille de château en château, pour des vacances alanguies, traînant un mal-être que l’on ne qualifiait pas encore de « romantique ». La mer était sa seule amie, les vagues ses maîtres, et les mystères de la destinée humaine (corps inclus) hantaient ses nuits de jeune garçon. De tout cela sans doute vient le fait qu’il ne pouvait tenir en place. Sa vie fut une succession d’allées et de venues, de l’Amérique à l’Orient, de la France aux exils forcés et, politiquement, de ce qu’on appellerait aujourd’hui une oscillation du centre gauche au… centre droit.

    L’énorme biographie, formidablement renseignée, complète et d’un style enlevé que publie Jean-Claude Berchet est conçue avec ce que l’auteur annonce dans son avant-propos : « une empathie critique » . Il considère, avec bon sens, que l’on se fait généralement une idée fausse du vicomte. Qu’on ne le lit plus, que l’on brocarde ses engagements, que l’on se moque de sa vaine arrogance. 

    Mais il démontre que c’est mal le connaître. Car, au fond, en se cherchant sous tous les cieux, Chateaubriand a fait à la fois l’expérience du bonheur et celle des malheurs. L’auteur du Génie du christianisme , par exemple, livre qui fit beaucoup pour sa gloire, entretenait avec la religion des rapports qui n’étaient pas que de claironnante façade. 

    Et quand Chateaubriand explique en quatre mots sa conversion (« j’ai pleuré et j’ai cru » ), Jean-Claude Berchet explique qu’il ne faut pas se moquer du raccourci : le vicomte venait de faire, à vingt et un ans, avec la mort de son frère aîné (guillotiné), de sa mère et de sa sœur, « une expérience de la perte et de la dépossession »  qui vont aboutir à ce que « la foi retrouve ses racines » . La foi de sa jeunesse, faite de piété calme, d’abandon simple à l’esthétique des ancestrales traditions d’une lignée.

    Arriviste, Chateaubriand ? Si c’était vrai, il serait arrivé ! Or, finalement, quand on fait le bilan de ses multiples carrières, on a plutôt l’impression qu’il choisit à chaque fois, par on ne sait quel entraînement masochiste (qui n’est pas le trait dominant des ambitieux efficaces…), le mauvais camp, celui du perdant, de l’opposant, que l’on qualifie alors de « traître ». 

    Il est royaliste, mais modéré, pour la Charte, contre les « enragés » de l’émigration avec lesquels il est contraint de vivre à Londres. Il est libéral (on ne disait pas encore moderniste) au moment du Directoire puis dénonce vite le despotisme de Napoléon. Les restaurations le déçoivent. Louis XVIII ne l’aimera pas, Charles X s’en méfiera, Louis-Philippe le fait traquer par sa police.

    Une vie d’apparence flamboyante (malgré les soucis d’argent, obsédants, récurrents), une gloire littéraire immense, des femmes à foison (la liste de ses conquêtes occuperait la moitié de cette chronique…) mais un manque, finalement, jamais compensé par cette hantise de la mort qui fait que, dès l’âge de trente-cinq ans, il commence à se dire qu’il faut se dépêcher de rédiger ses mémoires… Pour être maître de sa trace.

    La seule lacune de cette magistrale biographie – prévoir des dizaines d’heures de lecture… – est l’insuffisance du traitement réservé à ce que fut l’écriture de Chateaubriand. On ne comprend pas très bien d’où lui vint cette excellence du style, qui va du percutant des pamphlets aux envolées des épopées. Dommage car, finalement, plutôt que d’une vie semi-ratée au plan terrestre, trop occupée de soucis subalternes (le pouvoir, notamment, qui forcément se dérobe), on aimerait savoir où Chateaubriand puisa cette invention d’une langue qui fut la charnière entre le classicisme et le romantisme. ce secret-là est dans ses œuvres, le meilleur de sa longue vie.

     

     

    BRUNO FRAPPAT

    http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Livres/Le-plein-de-Chateaubriand-_NG_-2012-03-21-780707

  • Les sanctuaires s’avèrent être une aubaine pour les villes

    Alors que plusieurs études révèlent l’importance des lieux de pèlerinage dans le développement touristique des villes, l’association « Villes sanctuaires en France » orchestre depuis dix-sept ans la collaboration entre représentants des lieux et des municipalités.

    Fête diocésaine en 2001 au sanctuaire de Pontmain (Mayenne).
    Fête diocésaine en 2001 au sanctuaire de Pontmain (Mayenne).
    Laurent Larcher/CIRIC

    Fête diocésaine en 2001 au sanctuaire de Pontmain (Mayenne).

     
    Laurent Larcher/CIRIC

    Fête diocésaine en 2001 au sanctuaire de Pontmain (Mayenne).

    Outre des pèlerins, les sites accueillent de plus en plus des visiteurs éloignés de la pratique religieuse mais en quête spirituelle.

     

    Avec cet article

    Au sujet de la vie de Bernadette Soubirous, Sophie Lepoutre semble aussi intarissable qu’incollable. En sa qualité d’employée de l’office du tourisme de Nevers, ville dont le couvent des Sœurs de la Charité accueillit la jeune bergère, cette connaissance lui paraît tout à fait normale. Un réflexe professionnel en somme. « 200 000 personnes viennent chaque année à l’Espace Bernadette. Nous nous devons de les renseigner. »

    Nul besoin d’être un grand économiste pour comprendre ce que la cité ducale doit à sainte Bernadette. Les pèlerins sont aussi des consommateurs. Et ils peuvent aussi devenir des touristes. « L’Espace Bernadette ne procure l’hébergement qu’à 8 % des pèlerins. Les autres logent chez des amis ou à l’hôtel. Un de mes amis hôteliers m’a d’ailleurs dit que 20 % de son chiffre d’affaires était assuré par la clientèle religieuse », note Nicolas Joanne, responsable de la gestion et de l’animation pastorale du sanctuaire, qui compte 30 salariés.

    Dans cette ville de vieille tradition radicale-socialiste, les bonnes relations entre la municipalité et le diocèse sont le signe d’intérêts bien compris. Après plusieurs années d’attente, un panneau va même être installé sur l’autoroute indiquant le lien entre Nevers et sainte Bernadette.

    « Un petit village rural comme le nôtre n’aurait pas de telles infrastructures sans le pèlerinage »

    Comme dans le centre de la France, les villes ont bien compris l’impact touristique des sanctuaires. Plusieurs chiffres, révélés la semaine dernière à Paris par l’association des villes sanctuaire, en attestent de manière éloquente. Selon l’Organisation mondiale du tourisme, parmi les 90 millions de touristes étrangers venant chaque année dans notre pays, 20 millions sont animés par des motifs d’ordre spirituel et religieux. Et si l’on en croit l’agence Atout France, le tourisme religieux représente 44 % de l’ensemble du tourisme. Et, parmi eux, un tiers d’étrangers. À telle enseigne qu’une commission « tourisme et spiritualité » existe au sein de l’Agence de développement touristique de la France.

    Les retombées semblent évidentes pour de grands lieux de pèlerinages, tels Lourdes, Rocamadour, le Mont-Saint-Michel, Lisieux, Le Puy-en-Velay. Mais à Pontmain, dans la Mayenne, les 900 habitants ont tout autant conscience que leur petite localité ne jouirait pas d’une telle célébrité si la Vierge Marie n’était pas apparue à quelques enfants du village le 17 janvier 1871.

    Certes, le sanctuaire ne représente « que » la deuxième source de revenus de la commune après les diverses entreprises locales, mais la supérette, les trois boutiques et les deux hôtels-restaurants bénéficient pleinement de la venue de 200 000 visiteurs tous les ans. Sans compter le développement induit par l’activité du sanctuaire, dont la fréquentation culmine en janvier et durant l’été.

    « À taille égale, un petit village rural comme le nôtre n’aurait pas de telles infrastructures sans le pèlerinage », estime Myriam Herveau, de l’office du tourisme de Pontmain. Et de citer la maison de retraite ou le musée d’art contemporain. Là encore, elle évoque l’indispensable et fructueuse collaboration entre le sacré et le profane.

    Touristes ou pèlerins ?

    « À La Salette, le lien est flagrant, puisque le sanctuaire représente la première hôtellerie du département avec ses 200 chambres pouvant accueillir jusqu’à 600 personnes », s’enthousiasme Carole Druart, directrice de la maison du tourisme du pays de Corps, la petite commune iséroise dont dépend le sanctuaire. Aux touristes de passage, elle n’hésite pas à vanter la qualité exceptionnelle du « patrimoine bâti », dont « l’intérieur de la basilique avec les peintures d’Arcabas ».

    Dans le même esprit, Piotr Rak, attaché aux relations extérieures du sanctuaire, dit avec humour que « le sanctuaire renvoie l’ascenseur ». « Nous conseillons les établissements de la région aux pèlerins qui souhaitent davantage de confort que dans notre hôtellerie », assure-t-il. La base nautique voisine accueille de nombreuses familles qui sont venues en pèlerinage de même que le sanctuaire montagnard est le point de départ de balades à pied ou à cheval… « Nous bénéficions de la fréquentation de La Salette pour faire vivre l’ensemble des installations touristiques de la communauté de communes », résume Carole Druart.

    Touristes ou pèlerins ? Il est parfois difficile d’établir la distinction, mais à Paray-le-Monial, en Saône-et-Loire, Bruno Abart, le directeur des sanctuaires, lui-même membre de la communauté de l’Emmanuel qui a en charge leur animation spirituelle, cite un chiffre : « Nous accueillons 60 % de pèlerins mais la quête spirituelle des 40 % de touristes est forte. Lorsque nous faisons visiter la basilique, nous chantons toujours pour faire résonner ces lieux. Qu’ils soient catholiques ou non, les gens y sont sensibles. »

    Ce constat conduit Bruno Abart à ne pas être pessimiste quant à une éventuelle désaffection du tourisme religieux lié à la baisse de la pratique et à une certaine perte de la culture religieuse. « Nous ressentons beaucoup moins d’agressivité et d’a priori chez le grand public qu’il y a une dizaine d’années. Les visiteurs viennent librement, dans une démarche de connaissance. Et parfois, ils entreprennent une démarche spirituelle. Certains demandent même à se confesser… »

    BRUNO BOUVET

  • J'ai pris plaisir à renconter la Nobel de poésie 2011,Vénus KHOURY-GHATA

    et de me faire dédicacer son recueil, "Où vont les arbres?"

    © Anne Selders

    « J’ai maintenant vécu aussi longtemps en France qu’au Liban, mais je ne suis pas guérie de mon Orient »

    Le Goncourt de la poésie 2011 consacre Vénus Khoury-Ghata pour l’ensemble de son œuvre. L’écrivaine libanaise, installée à Paris depuis 1972, a su construire une œuvre foisonnante touchée par la grâce d’allier la fidélité abrupte aux origines à l’élégance de la pensée.

    Par Ritta BADDOURA – Janvier 2012 – L’Orient Littéraire

    Le jury de l’Académie Goncourt a décerné le prix Goncourt de la poésie 2011 à Vénus Khoury-Ghata qui succède à Guy Gofette, primé l’an dernier, mais aussi à d’autres poètes de haute volée tels Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet, Andrée Chédid, Lorand Gaspar, Claude Esteban, Alain Bosquet, Abdellatif Laabi, Eugène Guillevic, Jacques Chessex ou Charles Dobzynski pour ne citer que ceux-là. Le Goncourt de la poésie est décerné à chaque début d’année à Paris chez Drouant. Il a été à l’origine créé sous le nom de « Bourse Goncourt-Adrien Bertrand » en 1985 pour récompenser Claude Roy. Écrivain et journaliste français, Adrien Bertrand avait obtenu le prix Goncourt en 1914 pour son roman L’appel du sol. Il avait par la suite légué un capital à l’Académie Goncourt afin de permettre la consécration de poètes pour l’ensemble de leur œuvre contrairement au Goncourt du roman lequel récompense un ouvrage en particulier. 

    Le Goncourt de la poésie 2011 n’est pas le premier sacre littéraire de Vénus Khoury-Ghata : les distinctions ont jalonné son parcours dès les premières publications avec le grand prix de Poésie de la Société des gens de lettres en 1993, mais aussi le prix Jules Supervielle, le prix Mallarmé, le prix Apollinaire et plus récemment le prix Baie des anges, le grand prix Guillevic de poésie de Saint-Malo et, en 2009, le Grand Prix de poésie de l’Académie française. Officier de la Légion d’honneur, Vénus Khoury-Ghata est une signature féminine incontournable parmi les grands noms de la littérature francophone contemporaine. Anciennement Miss Beyrouth en 1959, son élégance à toute épreuve n’a fait qu’enjoliver le joyau de la poésie qui l’anime. Poète, romancière, traductrice, critique, elle fait partie de plusieurs jurys littéraires, notamment ceux de l’académie Mallarmé et des prix France-Québec, Max-Pol Fouchet, Senghor, ou encore le prix des Cinq continents de la Francophonie.

    Forte d’un parcours alliant exigence et créativité, Vénus Khoury-Ghata travaille toujours sans répit et voyage régulièrement en ambassadrice de l’écriture. Sa vie très tôt bouleversée par l’avènement du poème est restée centrée sur ce dernier et innervée par sa sève. Celle qui dit : « J’ai maintenant vécu aussi longtemps en France qu’au Liban, mais je ne suis pas guérie de mon Orient » est née en 1937 à Baabda. Originaire de Bécharré dont les paysages escarpés et durs et les existences invisibles et indicibles habitent ses écrits, Vénus découvre dès l’enfance le pouvoir de la poésie par la médiation de son frère aîné Victor qui lui lit les poèmes qu’il compose en cachette. Le destin de ce frère chéri sera des plus tragiques : suite à de graves brisures précoces et à de cruelles mésaventures, il finira amoindri, dans l’incapacité totale d’écrire, « réduit à l’état de légume », dit la poète, dès l’âge de vingt-deux ans. Écorchée par cette perte, remuée dans les tréfonds de son être, la jeune Vénus s’investit du « devoir de remplacer » son frère et prend appui sur les manuscrits tracés auparavant par la plume fraternelle pour prendre son envol poétique.

    Vénus Khoury-Ghata a écrit à ce jour une vingtaine de romans et autant de recueils de poèmes dont le dernier Où vont les arbres ?, paru au Mercure de France en 2011, dénonce les violences de l’homme à l’encontre de la nature. Son prochain roman paraîtra au printemps 2012 toujours au Mercure de France, sous le titre Le facteur des Abruzzes. « J’ai inséré une langue dans l’autre : l’arabe et le français, pourtant aux antipodes l’une de l’autre », dit la poète dans un entretien avec Rodica Draghincescu pour le magazine numérique Zigzag. « J’ai marié ces deux langues étrangères. J’ai offert les tournures, les nuances, les saveurs, l’exaltation de la langue arabe à la langue française, à cette langue devenue dans le temps si cartésienne. Mon rêve, c’est d’écrire le français de droite à gauche, avec l’accent arabe et inversement. » Les ouvrages de Vénus Khoury-Ghata, traduits en diverses langues, ont conquis les lecteurs par leur voix originale qui sait frayer en chaque événement et en chaque souvenir un chemin littéraire inédit et rafraîchir si naturellement l’art de la métaphore. Ses écrits bercés par une violente nostalgie et un humour nappé de douceur, de tendresse et de brumes, sont forts d’une ubiquité particulière : celle de faire coexister par le langage, quelquefois dans un même vers ou une même phrase, des dimensions du monde et de l’humain fondamentalement distinctes – qui vont du culturel au biologique – et dont seule la poésie peut ordonner la commune existence.

    BIBLIOGRAPHIE

    Source : L’Orient Littéraire

    http://phenixblanc.net/2012/01/09/venus-khoury-ghata-grande-dame-de-la-poesie/

  • J'ai aimé voir au Musée Henner ce mois-ci

    93fa75d45a.jpgContexte historique

    La perte de l’Alsace-Lorraine

    La guerre de 1870 se conclut, le 10 mai 1871, par la signature du traité de Francfort. La France, vaincue, cède au nouvel Empire allemand l’Alsace et une partie de la Lorraine correspondant à l’actuel département de la Moselle. L’Alsace-Lorraine, traduction de l’allemand Elsass-Lothringen, est directement placée sous la souveraineté de l’empereur Guillaume Ier. Dans les territoires annexés comme en France se développent l’esprit de revanche et la nostalgie des provinces perdues. Notons que ce sentiment fut sensiblement moins fort que la mythologie républicaine et patriote ne l’a affirmé. Exacerbé entre 1871 et 1872, il s’estompe rapidement pour resurgir surtout à la veille et durant la Première Guerre mondiale.

    Le tableau est commandé, à l’initiative de Mme Kestner, par des dames de Thann à Jean-Jacques Henner, peintre né à Bernwiller, dans le sud de l’Alsace. Il est offert à Léon Gambetta (1838-1882), qui le fait graver par Léopold Flameng pour lui assurer une large diffusion.

    Partisan de la guerre à outrance, Gambetta s’était opposé à la signature d’un armistice lorsqu’il était ministre de l’Intérieur et de la Guerre. En février 1871, il est élu dans neuf départements mais choisit d’être député du Bas-Rhin avant de démissionner pour montrer son opposition à l’abandon de l’Alsace-Lorraine. D’après Castagnary, dans Le Siècle du 31 juillet 1871, Gambetta montrait le tableau en disant « C’est ma fiancée ! ».

    93fa75d45a.jpg

    Titre : L'Alsace. Elle attend.

    Auteur : Jean-Jacques HENNER (1829-1905)
    Date de création : 1871
    Date représentée : 1871
    Dimensions : Hauteur 60 cm - Largeur 30 cm
    Technique et autres indications : Huile sur toile.
    Lieu de Conservation : Musée Jean-Jacques Henner (Paris) ; site web
    Contact copyright : Agence photographique de la Réunion des musées nationaux. 254/256 rue de Bercy 75577 Paris CEDEX 12. Courriel : photo@rmn.fr ; site web
    Référence de l'image : 07-502400 / JJHP 1972-15

    Analyse de l'image

    Ce n’est pas une Alsacienne, c’est l’Alsace

    L’Alsace. Elle attend n’est pas un portrait, comme celui de sa nièce Eugénie exposé par Henner au Salon de 1870 sous le titre Alsacienne (Paris, musée national Jean-Jacques Henner), mais une personnification de l’Alsace. « Ce n’est pas une Alsacienne, c’est l’Alsace », écrit Castagnary dans Le Siècle. Pourtant, contrairement au sculpteur Paul Cabet dans Mille huit cent soixante et onze ; l’année terrible (Salon de 1872, Paris, musée d’Orsay), Henner ne représente pas une figure drapée terrassée par le chagrin. Son allégorie appartient au monde réel : une jeune Alsacienne en deuil, simple et digne. À cette époque le peintre, Prix de Rome en 1858, a adopté un style naturaliste comme en témoigne sa Femme couchée dite La Femme au divan noir (Mulhouse, musée des Beaux-Arts), exposée au Salon de 1869.

    Le tableau frappe par son dépouillement et l’absence de tout élément anecdotique : ni lettre annonçant une triste nouvelle ni fenêtre donnant sur la ligne bleue des Vosges. C’est la coiffe de la jeune femme qui confère à l’œuvre sa signification patriotique : un nœud noir alsacien avec une cocarde tricolore, seule véritable touche de couleur du tableau.

      Interprétation

    Un tableau emblématique

    Louis Loviot écrit en 1912 : « La France tout entière reconnut dans cette figure la personnification de l’Alsace perdue […] Reproduite sous mille formes, l’Alsacienne [en fait L’Alsace] fut pour Henner ce qu’a été Le Passant pour François Coppée, elle lui a donné la popularité » (dans J. J. Henner et son œuvre, Paris, 1912, p. 16).

    Dès 1871, cette toile a suscité un grand nombre d’articles d’auteurs qui, portés par un sentiment patriotique, l’ont généralement interprétée avec un lyrisme contrastant avec sa retenue.

    Évoquant moins la jeune fille qui a posé pour Henner que le symbole qu’elle incarne, Castagnary écrit dans Le Siècle : « Elle a seize ans, l’âge de la génération qui doit voir s’accomplir l’inévitable revanche. » Selon La République française du 31 janvier 1872 : « Si triste qu’elle soit, un sentiment inattendu de coquetterie féminine lui a fait piquer une cocarde tricolore au milieu des larges rubans qui battent son front comme des ailes de papillons noirs. » Pour Louis Ratisbonne dans Le Journal des Débats du 1er janvier 1873 : « Dans ses cheveux on remarque la cocarde tricolore, bleue, blanche et rouge, comme un Ne m’oubliez pas ! sur lequel serait tombée une goutte de sang. » Le myosotis doit d’ailleurs sa signification dans le langage des fleurs (« ne m’oubliez pas ! ») à une légende allemande.

    Dans le contexte d’exacerbation du patriotisme qui a suivi la défaite, le tableau de Henner est devenu emblématique de la souffrance de l’Alsace, douleur qui était aussi celle d’un peintre très attaché à sa terre natale.

    Auteur : Claire BESSÈDE

     

    Bibliographie

    • Jules-Antoine CASTAGNARY, « La petite Alsace », in Le Siècle, 31 juillet 1871.
    • François ROTH, La Guerre de 1870, Paris, Fayard, 1990.
    • Hommage à Léon Gambetta, catalogue d’exposition, Paris, Musée du Luxembourg, 1982.
    • Face à l’impressionnisme, Jean-Jacques Henner (1829-1905), le dernier des romantiques, catalogue de l’exposition du musée de la Vie romantique, 26 juin 2007-13 janvier 2008, Paris, Éditions Paris Musées, 2007.

    http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=795

  • Les trésors de Méroé dévoilés au Louvre

    Ce Nantais explora la nécropole royale de Méroé, à 220 km de Khartoum, capitale du Soudan. Comme lui, il a fallu "gravir une éminence pour embrasser d'un coup d'oeil" le site antique. Les dunes ondulent à perte de vue, hérissées de pyramides : tombeaux de princes, de 42 rois et de 5 reines, bâtis entre 290 avant J.-C. et l'an 350.

    L'endroit est désert, sauvage, dans un état d'abandon. Personne à l'horizon, hormis le gardien et trois chameliers avec leurs montures. En djellabas et turbans blancs, ils tuent le temps à jouer aux dominos, dans l'attente de touristes qui ne viendront pas.

    Le Soudan, grand comme cinq fois la France, plus vaste pays d'Afrique, reçoit 800 visiteurs par an, ce que l'Egypte accueille en un jour. Le régime islamique n'a pas bonne presse, le pays est jugé dangereux, et l'hôtellerie est inexistante.

    Très pentues, serrées les unes contre les autres, les pyramides ont été décapitées par les chercheurs d'or. Certaines sont à moitié enfouies. D'autres se devinent sous les dunes ou sont réduites à un simple anneau de poussière noire.

    Avec la force du vent, "le sable abrase la pierre comme une toile émeri", précise Claude Rilly, égyptologue, représentant français permanent à la direction des antiquités soudanaises, chargé du chantier de Sedeinga, plus au nord. "Les enduits ocre, jaunes et rouges ont disparu", dit-il. Les bas-reliefs des chapelles funéraires, ouvertes à tout vent, illustrant la pesée de l'âme des défunts, sont lacérés.

    Le plus fameux pillage revient à Guiseppe Ferlini, aventurier italien qui, en 1834, dynamita la pyramide de la "candace" (reine) Amanitore, où se trouvait un chaudron de bronze empli de bijoux. Des bijoux qu'il dispersa et dont on pourra admirer la délicatesse dans l'exposition "Méroé, un empire sur le Nil", présentée, à partir du 26 mars, au Louvre, à Paris.

    PHARAONS NOIRS

    Cette exposition vise à dévoiler la créativité du plus ancien empire d'Afrique noire. Guillemette Andreu-Lanoë, directrice du département des antiquités égyptiennes du Louvre, veut montrer que Méroé "n'est pas l'Egypte pharaonique, mais l'antiquité kouchique, qu'il faut apprécier à sa juste valeur, avec ce côté très rude, très violent, d'influence africaine". Une civilisation qui invente une écriture que "l'on sait lire, prononcer, mais que l'on ne comprend pas encore".

    Héritière de l'ancien royaume de Napata et des pharaons noirs kouchites qui ont dominé un temps l'Egypte - de 747 à 656 avant J.-C. -, la royauté de Méroé, qui vénère le dieu Apedemak, incarné par un lion dévorant ses ennemis, cultive sa différence avec des emprunts à la Grèce, à Rome, à l'Afrique.

    Sur les monumentaux bas-reliefs, remarquables de finesse, de Moussawarat, sorte de Pompéi religieuse, la candace Amanishakheto brandit une épée et tient par les cheveux les soldats d'Auguste, qu'elle affronte à cheval. Dans les réserves du Musée de Khartoum ont été choisis stèles, céramiques, bijoux, statues... que le Louvre a analysés et restaurés comme il s'y était engagé en échange de ce prêt.

    Seront aussi exposés des objets issus de la fouille de Mouweis : un chantier ouvert, en 2007, par Michel Baud et financé par le Louvre. Dans la savane d'épineux, le responsable de la section Nubie-Soudan a délimité une cité de 16 hectares, datant des IIe et IIIe siècles avant J.-C., avec les fondations d'un palais de 3 600 m2, d'un temple, et observé les restes d'une activité métallurgique intense.

    Quantité de céramiques ont été trouvées par Simone Wolf, de l'Institut d'archéologie de Berlin, dans l'antique ville de Méroé où elle travaille depuis sept ans. De couleurs éclatantes, vertes et bleues, les faïences du "bain" aux colonnades animées de treilles et de grappes de raisin, illustrent le goût du vin et l'influence du monde méditerranéen.

    Cette exposition est née, en 2004, d'un "choc esthétique", à l'aube, entre deux pyramides de Méroé, lors du voyage de Guillemette Andreu-Lanoë et d'Henri Loyrette. Le président-directeur du Louvre veut redonner au musée sa vocation universelle et présenter les zones géographiques délaissées. Une reconnaissance pour le Soudan, qui a demandé, en janvier, l'inscription du site de Méroé sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.


    "Méroé, un empire sur le Nil".
    Musée du Louvre, Paris-1er. M° Palais-Royal.
    Du mercredi au lundi, de 9 heures à 18 heures ; mercredi et vendredi, jusqu'à 22 heures. De 6 € à 9,5€. Du 26 mars au 6 septembre.
    Catalogue, éd. Louvre/Officina Libraria, 288 p., 39 €.

    Florence Evin
  • Ces chefs-d'oeuvre que vous ne verrez pas

    Le Point.fr - Publié le 15/02/2011 à 15:54 - Modifié le 15/02/2011 à 17:59

    Un Degas, volé en 1973, vient de faire une spectaculaire réapparition. Mais de nombreuses toiles de maître restent introuvables.

    Ces chefs-d'oeuvre que vous ne verrez pas

    "Blanchisseuses souffrant des dents" ou "Étude de têtes de femme" d'Edgar Degas a été volé au Havre en 1973. © DR

    Par Marion Cocquet

    On la jurerait incommodée par les dorures et le ballet d'officiels qui se pressent autour d'elle. Blanchisseuses souffrant des dents de Degas, une toile de petite taille volée au musée municipal du Havre il y a 37 ans et subitement réapparue à l'occasion d'une vente aux enchères aux États-Unis, vient de rentrer en France. Le 11 janvier, le ministère de la Culture fêtait son retour en grande pompe. La toile reviendra au Havre. Un choix naturel, tant sa rocambolesque histoire est chevillée à celle de la ville. C'est par voie de presse locale qu'en 1973 le voleur demande une rançon à la municipalité. Par ce même biais, il assure à la conservatrice que "les blanchisseuses vont bien", avant de disparaître. C'est un Havrais, enfin, qui reconnaît en octobre dernier le tableau dans un catalogue de Sotheby's.

    Une aventure au dénouement heureux : pas si fréquent en matière de vol d'oeuvres d'art. A fortiori pour un tableau dont le vol, non enregistré dans la base informatisée d'Interpol, était peu ou prou oublié. C'est en toute bonne foi que son dernier propriétaire, américain, en avait fait l'acquisition. Après négociations avec les autorités américaines et la maison de vente, il a accepté de rendre l'oeuvre sans contrepartie. Une chance, de nouveau. "Selon les législations, les détenteurs de bonne foi peuvent avoir le droit de conserver une pièce volée, explique Stéphane Thefo, officier de renseignement criminel au sein de l'unité Oeuvres d'art d'Interpol. Dans certaines affaires, comme celle de la Vierge noire de Saint-Gervasy ou de la Piétà de l'église Saint-Hilaire d'Agen, les propriétaires ont demandé une lourde indemnisation".

    Coopération internationale

    Des voleurs eux-mêmes, difficile de dresser une typologie. "Certains agissent seuls, d'autres au sein de filières organisées ou d'organisations criminelles plus vastes. Mais l'argent est toujours le mobile principal, soit qu'ils répondent à la commande d'un collectionneur, ou qu'ils cherchent à demander une rançon. D'autres encore s'aperçoivent après coup que l'oeuvre est invendable", explique Stéphane Théfo. Une chose est certaine : les toiles voyagent. D'où la nécessité d'une coopération internationale. Interpol collecte ainsi toutes les informations relatives aux oeuvres d'art volées dans le monde et édite, tous les six mois, une affiche des six objets, récemment disparus, les plus recherchés. Parmi eux, deux en moyenne sont retrouvés.

    En tête de la dernière affiche, parue en décembre 2010 : Le pigeon aux petits pois, de Picasso, l'un des cinq tableaux de maître disparus, en mai dernier, lors du spectaculaire et très embarrassant vol du musée d'Art moderne de la Ville de Paris. Les collections françaises figurent, du reste, en bonne place dans les dossiers de la police internationale : sur plus de 36 000 objets recensés, toutes catégories confondues, 4 010 sont français. Parmi eux, les peintures occupent une place de choix. "Le mystère, la valeur marchande, le goût affiché par le public pour les toiles, ou encore ce sentiment diffus qu'ici s'exercerait une sorte de génie à l'état pur donnent aux tableaux un statut particulier, auquel les voleurs sont naturellement sensibles", explique le journaliste Nathaniel Herzberg dans Le musée invisible, le très beau livre qu'il a consacré au sujet.

    Sensibilisation

    De tous les peintres, Picasso, justement, a la préférence. Pas moins de 624 toiles ravies à ce jour, selon Nathaniel Herzberg. C'est donc tout naturellement qu'il décroche, en France, la palme du vol le plus spectaculaire de l'après-guerre : 116 toiles raflées d'un coup au musée du Palais des Papes d'Avignon en 1976 - mais retrouvées quelques mois plus tard. De Picasso encore, mais eux, toujours portés disparus, un carnet de dessins dérobé au musée Picasso en juin 2009, et La coiffeuse, au Centre Georges Pompidou en 1998. Également inscrits au registre des pièces manquantes : neuf tableaux volés en 1972, au musée de Bagnols-sur-Cèze (dont un Bonnard, deux Dufy, un Matisse, un Vuillard, et deux Renoir). Dans le même musée, neuf ans plus tard, un nouveau Renoir disparaît. La base d'Interpol recense aussi un portrait de Rembrandt, dérobé à Draguignan à la faveur des festivités de la nuit du 13 au 14 juillet, et un pastel de Degas volé au musée Cantini de Marseille.

    Des pertes inestimables qui ont, du moins, favorisé la sensibilisation aux enjeux de la sûreté des établissements. "Ces dernières années, il y a eu une grosse prise de conscience, chez les conservateurs, de l'importance de la prévention, souligne Stéphane Théfo. On a beaucoup dit, lors du vol au MAM, que les systèmes de surveillance des musées français étaient déficients. Ce n'est pas tout à fait juste. En l'espèce, il y avait en effet une carence. Mais la France est, de manière générale, plutôt mieux dotée que d'autres pays qui n'ont pas comme elle de police dédiée au trafic d'oeuvres d'art (l'OCBC, Office central de lutte contre le trafic de biens culturels, NDLR) ni de législation spécifique".

    Puis restent de petits miracles, comme celui des Blanchisseuses, qui parfois rendent au public les pièces du "musée invisible".

    Détail du "Pigeon aux petits pois", peint par Pablo Picasso en 1911, volé au musée d'Art moderne de la Ville de Paris dans la nuit du 19 au 20 mai 2010. © DR.

    http://www.lepoint.fr/culture/ces-chefs-d-oeuvre-que-vous-ne-verrez-pas-15-02-2011-1295648_3.php

  • Ce qu’il nous laisse

    HÉRITAGE | Les obsèques de Jacques Chessex seront célébrées aujourd'hui à la cathédrale de Lausanne. L’auteur lègue une œuvre à l’ancrage profondément vaudois. Témoignages et analyses.

    Jacques Chessex
    © ANDREE-NOELLE POT | Ballade enneigée de Jacques Chessex à Ropraz, village joratois où l'écrivain vivait depuis trente ans.

    Thierry Meyer, avec Jean-Louis Kuffer | 12.10.2009 | 00:03

    La cathédrale de Lausanne accueillera, mercredi matin à 10 heures, les obsèques de Jacques Chessex. Le canton de Vaud rendra grâce à l’homme autant qu’à l’œuvre, prolifique sinon monumentale, d’un de ses plus brillants représentants en écriture.

    Dès aujourd’hui, le public pourra se recueillir sur le corps de l’écrivain, qui repose à la chapelle Saint-Roch, au centre de Lausanne. L’ermite de Ropraz, comme on l’a parfois surnommé, y a été transporté dès samedi.

    Depuis vendredi soir, et cette funeste explication sur «l’affaire Polanski» lors d’une soirée littéraire, les hommages pleuvent sur la dépouille du Prix Goncourt 1973.

    Conseiller fédéral en charge de la Culture, Pascal Couchepin fait le parallèle avec la mort de Maurice Chappaz, et note que «c’est un nouveau pilier de la littérature romande qui disparaît». Son collègue Hans-Rudolf Merz, président de la Confédération, souligne l’évolution de l’écrivain, du tourment à «un apaisement marqué par une foi exprimée». Le chef du gouvernement vaudois, Pascal Broulis, souligne à quel point l’œuvre de Chessex, jusqu’au bout, aura provoqué le débat et la discussion parmi les Vaudois.

    Que laisse Chessex dans le paysage littéraire romand, et francophone? Professeur de littérature au collège de Moudon, écrivain lui-même (il a publié une quinzaine d’ouvrages, couronnés par le Prix des écrivains vaudois et le Prix Lipp), le Tunisien d’origine Rafik ben Salah a d’abord connu Chessex comme celui qui prolongeait l’enseignement littéraire des élèves que le prof de Moudon envoyait au Gymnase de la Cité. Plus tard, le maître reconnaîtra le talent de Ben Salah. Une sorte d’amitié naît, «au bord de l’intimité: il restait néanmoins dans sa stature de maître, toujours exigeant, souvent bienveillant, parfois sans concession.»

    Inimitiés et reconnaissance
    Une stature qui, au gré de querelles comme les cercles littéraires savent si bien en générer, a parfois provoqué des ravages sans retour. Ancien élève, au propre comme au figuré, l’écrivain Jacques-Etienne Bovard ne veut pas s’exprimer sur Chessex. D’autres, comme Christophe Gallaz dans Le Matin Dimanche, soulignent des travers célèbres ou moins connus, une gestion de l’ego problématique. L’homme avait ses détracteurs potaches, aussi, les inventeurs satiriques de la «Chessexologie», liés à l’intelligentsia de la gauche lausannoise.

    Mais l’héritage de Chessex dépasse de loin ces rancœurs. Pour le journaliste et écrivain parisien Jérôme Garcin, «ami absolu», «Maître Jacques» transpirait «l’amour fou, religieux, de son pays, le Pays de Vaud, écrit-il dans Le Matin Dimanche. Comme tous les écrivains universels, il était fidèle jusque dans la sédentarité à ses collines. Il n’y a rien de Suisse chez Chessex. Il y a du Vaudois à en déborder.»

    L’œuvre de Jacques Chessex devrait être portée à l’écran: Francis Reusser tournera La Trinité l’an prochain, et Lionel Baier prévoit de réaliser Un Juif pour l’exemple.

     


     

    «Derrière la femme, le drame»

    Interview d'Anne-Marie Jaton, professeure de littérature française à l’Université de Pise*.

    – Qu’est-ce qui vousa poussé à écrire un livre sur Jacques Chessex?
    – Dès le début de sa carrière, j’ai été sensible à sa poésie et à ses nouvelles, à ses proses si denses et si belles, autant qu’à ses premiers grands livres, tels Portrait des Vaudois ou Carabas. Dans la suite de son œuvre, je suis moins sensible aux romans qu’aux autofictions du genre de L’Ogre, de Jonas le transparent ou de Pardon mère, ou aux étapes de sa quête spirituelle qu’à ses «romans Grasset». Dans son ensemble, l’œuvre, complètement étrangère aux modes – il disait que la mode est juste bonne pour les modistes – reste d’une envergure exceptionnelle.

    – A-t-il collaboré au livre?
    – Il m’a aidée sur certains points, mais j’ai résisté à son besoin d’imposer telle ou telle direction, comme Nicolas Bouvier l’a essayé, lui aussi, pour le livre que je lui ai consacré. L’explication de l’auteur n’est pas forcément plus équilibrée que celle du lecteur-commentateur, et Chessex a joué le jeu. Sur certains chapitres – comme celui qui traite de l’image de la femme –, il aurait pu «tiquer», alors qu’il n’en a pas changé une virgule, et s’est montré finalement intéressé et satisfait.

    – Précisément, quelle image de la femme ressort-elle de son œuvre?
    – A l’exception de Myriam, dans la lettre qu’il lui adresse, il n’y a guère de compagne de vie quotidienne vécue dans le temps, ni d’ailleurs d’enfants. La femme est soit objet de perte ou d’extase, entre sexe et désespoir, source de bonheur physique ou instrument de douleur. Or derrière un érotisme parfois exacerbé, il y a une souffrance, un vide, un vertige qu’on n’a pas assez perçu. Derrière la femme «icône», j’ai ressenti des profondeurs qui sont indissociables d’un drame à la fois charnel et spirituel.

    J.-L. K.

    * Auteure du premier essai d’ensemble sur l’œuvre: Jacques Chessex, La lumière de l’obscur, Zoé, 2001.

    Liens en relation avec l'article :

    http://www.24heures.ch/actu/suisse/laisse-2009-10-11

  • Et Courbet créa la femme

    ÉRIC BIÉTRY-RIVIERRE
    .
     Publié le 11 octobre 2007
    Actualisé le 11 octobre 2007 : 10h15

    À Paris, le père du réalisme n'avait pas fait l'objet d'une rétrospective depuis trente ans. Celle qui s'ouvre samedi au Grand Palais propose une lecture nouvelle, très sexuée, de l'oeuvre.

    IL S'ÉTAIT un peu endormi après son installation en 1995 au musée d'Orsay. Le public ne réagissait plus guère devant ce très réaliste sexe féminin de 46 × 45 cm qui lui avait été pourtant caché dès sa composition, en 1866. Mais aujourd'hui L'Origine du monde trouve une vigueur nouvelle. Non plus celle du scandale, mais celle du sens. Installé dans la rotonde centrale du Grand Palais, au coeur de la première rétrospective parisienne consacrée à Gustave Courbet (1819-1877) depuis trente ans, ce tableau que la critique qualifia de tableautin avant d'admettre - Lacan, un de ses propriétaires, étant passé par là - qu'il pouvait aisément prétendre au titre de peinture la plus osée de toute l'histoire de l'art, fonctionne comme un vortex. Quasiment toute la rétrospective Courbet peut y être ramenée.
    Comment, en effet, ne pas voir dans les obsessionnelles séries de vagues d'Étretat et de grottes de la Loue précézanienne, la source de la rivière chère au maître franc-comtois, volontairement réunies face à face grâce à de très généreux prêts internationaux et notamment américains, ici un triangle pubien d'écume, là un orifice à l'humidité fertile ? Ailleurs, comment ne pas comparer l'anonyme toison à la fourrure de ces renards, centraux dans les scènes de chasse ? Et que penser de ce combat de cerfs intitulé Rut du printemps (1861) alors que ledit rut a lieu en automne. Un autre clin d'oeil entendu de la part de ce chasseur émérite qu'était Courbet ?
    Il était comme cela, ce communard bedonnant de Gustave : aimant la femme pour ce qu'elle est, un être tout de chair, sexué, et non une allégorie. Le voilà affirmant ses formes réelles dans Les Baigneuses (1853) alors même que cet art tout neuf qu'est la photographie les lui gomme comme le démontrent, à côté de la toile, les études d'après nature du même mannequin signées Julien Vallou de Villeneuve. Plus loin, dans L'Atelier du peintre (1855), toile manifeste où Courbet se représente symboliquement au travail, s'il tourne le dos à un nu c'est qu'il s'agit de la Vérité académique. Il n'aurait jamais infligé un tel affront à toutes ces dames qu'il aime dans la vraie vie.

    Belles ou laides, qu'importe
    À commencer par Juliette, la plus jeune de ses trois soeurs, si tendrement dessinée dormant sur un livre vers 1840 ou qu'il peint en baronne pour rire (Balthus puisera largement dans ce regard d'enfant sérieux). Ce sont encore Juliette et ses soeurs qui forment le gros du choeur des pleureuses dans Un enterrement à Ornans. Elles sont à droite, avec les vieux révolutionnaires de 93. Voilà, déjà, des femmes avenir de l'homme !
    D'autres évoluent incroyablement libres telles Les Baigneuses, les Demoiselles des bords de Seine (été) (1857) au corset délacé, Les Deux amies franchement saphiques (1866) et encore Jo la belle Irlandaise (1866), une des plus belles rousses de la peinture, un caractère qui se partagea entre Courbet et Whistler sur les planches de Trouville. Mais belles ou laides, qu'importe : cette rude cabaretière de Mère Grégoire (1859) a droit à autant de considération, autant de génie. En bon terrien matérialiste - Courbet est l'ami de Proudhon -, il ose même montrer la femme en cadavre. L'inachevé Toilette de la morte (1854) apparaît ici comme une sorte de pendant inverse à L'Origine du monde. Aussi cru, aussi vrai, quoique de technique différente.
    Faut-il trouver la raison profonde de cette passion proprement inédite pour la femme charnelle dans la perte de Clarisse, cadette de deux ans de Gustave, morte à 13 ans ? Sur un des seuls dessins préparatoires du maître d'Ornans, celui pour Un enterrement (visible dans un pupitre situé devant la grande toile) la fosse n'est pas encore creusée alors qu'elle forme le noyau de l'oeuvre définitive. Cette béance, Courbet est, à l'époque, le seul avec un autre romantique adepte du vide central, l'Allemand Caspar David Friedrich, à la revendiquer. C'est celle du Désespéré (1845) ou de cet autre autoportrait en Homme blessé (1854). Lui, porte son trou à la boutonnière, comme la médaille du martyr. Mais de cette béance, l'homme d'action, le peintre adulte prônant une vision totale des choses, fera une quête. Elle aura payé : au bout, Courbet aura découvert la femme moderne. Soit le salut.
    Du 13 octobre au 28 janvier à Paris, galeries nationales du Grand Palais. Rens. : 01 44 13 17 17. Guide de la visite : « Petit Journal » illustré et en couleurs (RMN, 16 p., 3,50 eur ). L'exposition ira ensuite à New York, au Metropolitan Museum of Art, du 27 février au 18 mai et à Montpellier, au Musée Fabre, du 13 juin au 28 septembre 2008 . 

    Pour en savoir plus
    - Beaux livres. Catalogue (RMN, 477 p., 49 eur ). Courbet, de Ségolène Le Men (Citadelles & Mazenod, 400 p., 179 eur ).
    Essais. L'Origine du monde, de Thierry Savatier (Bartillat, 231 p., 20 eur ). Bonjour, monsieur Courbet de Jean-Pierre Ferrini (Gallimard, 160 p., 17 eur ). Le Journal de Courbet, de Thomas Schlesser (Hazan, 391 p., 27 eur ). Courbet, le poème de la nature de Pierre Georgel (RMN « Découverte » Gallimard, 176 p., 14 eur ). Courbet de Fabrice Masanès (Taschen, 96 p., 6, 99 eur ).
    Films. Trois documentaires en un DVD : Courbet, les Origines de son monde de Romain Goupil, L'Origine du monde de Jean-Paul Fargier et La Place du mort d'Alain Jaubert (1 h 46, 22,99 eur ). Diffusion des deux premiers films, le 19 octobre sur Arte.
  • Daho,un père et gagne

    Chanson. Entre mélancolie amoureuse et lettre au père, le bel ami nous revient avec un neuvième album en studio.
    GÉRARD LEFORT
    QUOTIDIEN : mardi 6 novembre 2007
     

    Ami-chemin de l’album l’Invitation, planté comme un pieu dans le cœur de Dracula pour empêcher qu’il se réveille jamais, cette chanson censément exorciste : Boulevard des capucines. Qui dit, au refrain, «Quelle erreur, quelle perte de temps/Si je n’ai pas su te dire à temps/Que je pensais à toi, tout le temps/Mon guerrier, mon roi, mon petit prince» . Qui parle ? A qui ? Et de quoi ? Tous les sens sont permis, sans dessus dessous. Un amant repentant ? (C’est froid). Un vieux parlant à son jeune ? (C’est chaud). Un père à son fils ? (Ça brûle !).

    Crève-cœur. Contre toutes attentes, il s’agit en effet d’une lettre de Daho à Daho, de père en fils – ou l’inverse. Ce qui trouble plus que de raison. Car tout de même, écrire ainsi, en y insistant, cette complainte d’homo erectus, copulation astrale avec Daddy Daho (à l’Olympio !) : «Mais tu ignores mes signes, toi mon cruel funambule/Alors je crache ces lignes, fracassé et somnambule.» Et la semer en chanson à tous vents, sont-ce bien des façons ? Tout le reste est sous influence de ce déchirement crève-cœur. Alors oui, on se sent le droit, pas gêné mais un peu quand même…, de s’adresser à son tour au «garçon».

    Etienne, vous le savez, vous nous importez, corps et âme. Damoiseau depuis si longtemps, hanté par la jeunesse depuis que vous étiez jeune, entre Epaule Tatoo (ouh ?) en jean déchiré, et Week-end à Rome, vacances cinématographiques sur le scooter de référence (un Vespa sinon rien), tout chaud serré contre Gregory Peck au guidon puisque vous avez déclaré que votre mère, qui fut abandonnée par Papa, est un sosie d’Audrey Hepburn.

    A l’aurore des années 80, vous étiez ce héros pour lycéen en phase terminale (A) de province extrême, quand, entre Hubert-Félix Thiéfaine et Francis Lalanne, pour s’identifier on n’avait pas d’autre solution que vous. Mythomane d’entrée de jeu (1981), puis matelot de quincaillerie érotique, plus Querelle que Billy Budd, portant beau le pull à rayures bretonnant pour les enchâssants Pierre et Gilles sur la couverture en mousse de la Notte , la notte (1984). Plus de vingt ans déjà. Et après ?

    Un peu perdu de vue mais toujours à l’œil. Bien qu’il ait fallu endurer quelques égarements sur lesquels mieux vaut ne pas revenir sauf à aimer les scènes de ménage. Ce qui semble être votre cas, qu’on en juge, quand sous prétexte de célébrer Un merveilleux été, vous dites à quelqu’un : «Tu pleures en secret toutes les larmes de ton corps/Fais comme si j’étais mort.»

    Cantharide. Mais quel homme êtes-vous donc ? Artiste et invivable, vous chantez ce pléonasme dans Cet air étrange qui fut la première chanson écrite pour l’album. Où l’on entend aussi, que «si tu flirtes avec les cimes, tu entrevois aussi l’abîme». Aimerait-on à cet égard être votre ami ? Mieux vaut sans doute ne pas vous connaître, écouter vos chansons en restant bons copains. D’ailleurs on est prévenu par un Toi jamais, toujours où Brigitte Fontaine, en coup de main-coup d’écriture, nous abreuve de maux délicieux : «Satan de soie», «crapaud de Dieu», «tubéreuse mortelle» ou «cantharide acide». Hein ? Cantharide ? Une décoction de coléoptères aux vertus aphrodisiaques. On qualifie aussi de «cantharide» une allumeuse. Plus que jamais une Invitation, donc.

    Qui fait un carton «clappé» en guise d’ouverture. Sur un air flamenco, c’est une auberge espagnole où la vie est un banquet entraînant. Les convives, assassins et poètes, sont idéalement excitants, mais s’il venait l’envie de se lever de table pour taper à son tour du talon, c’est «pieds nus sur du verre». Et vous vous (nous) emballez au final tout en décharges d’adrénalines. Fort bien. Et du calme. Pour un tête à tête entre vous et toi, où s’ouvrent les gouffres de la sexualité («Ça fait très, très peur mais aussi très envie»), prétexte aussi à une première bouffée de violonades qui, en arrière-monde, font penser aux déambulations de Gainsbourg dans la maison close de Melody Nelson.

    Gamin. Mélodie en sous-sol, plutôt, qui est aussi le titre d’un film de Verneuil (1963) avec Beau Delon. Ça coule à pic, la fin des années 60 cogne à la porte. Car, ce qui fait surtout écho souterrain à l’arrière-plan de votre Invitation, c’est le Velvet. Vous chantez, Etienne, tandis que ne manquent au rappel ni tambourin ni ligne à haute tension des guitares électriques, comme Nico. Pas faux non, mais… Une voix de gamin, de Petit Prince si vous y tenez, poseur mais posé, qui tinte à nos oreilles comme celle d’un enfant de chœur qui chercherait ses basses dans If, le film soixante-huitard de Lindsay Anderson. Autant dire «gâté pourri», prêt à tirer dans le tas en aube sanglante.

    Comment peut-on chanter français sur un son aussi anglo-saxon ? D’autant qu’autre fantôme, comme une chatte Motown dans la gorge, Diana Ross vous hante. Or, ça colle. Et vous en donnez la preuve dans Sur la terre comme au ciel. Sur des vers boiteux à se ramasser, voilà que tout en montée vers un septième ciel de fantaisie, la voix rapido caracole, de «poussière» en «esprit» jusqu’à un pic de «poésie», juste avant de dévaler d’une octave pour valdinguer «sur terre». Cette galvanique incantation nous cueille et nous terrasse.

    C’est bientôt la fin, le chant du départ. Un Cap Falcon qui est sans conteste le nom d’une pointe aux environs d’Oran (Algérie), histoire d’un retour à rebours, bouffée d’enfant pied-noir inconsolable qui naquit «là-bas» un 14 janvier 1956. Mais aussi, parce qu’un amour d’antan est appelé Lit de Roses, impossible de se quitter sans évoquer Jean Genet-Génie, Notre-Dame-des-Fleurs et des fêlures répandant sa fragrance dans les Fleurs de l’interdit où vos «aubiers» sont à deux doigts des aubépines de Proust. Ce qui vous fait fredonner, cher garçon : «Comme le nectar assassin, tiens, tiens, prends ma main…» Soit. Mais où ?

    http://www.liberation.fr//culture/musique/289424.FR.php?utk=008b428a

  • Grèves à Presstalis : coupures de presse

    6 février 2013 à 22:22
    Des présentoirs vides des journaux quotidiens d'un kiosque à journaux.
    Des présentoirs vides des journaux quotidiens d'un kiosque à journaux. (Photo Emmanuel Glachant. AFP)

    Décryptage Plan social. Depuis l’automne, les blocages par la CGT du Livre se multiplient, ébranlant tout un secteur. Les raisons d’un conflit.

    Par ISABELLE HANNE
    Libération

    Aucun quotidien national en kiosques hier. Beaucoup de titres absents avant-hier. Idem la semaine dernière. Et celle d’avant encore. Depuis l’automne, l’activité de Presstalis, qui pilote la distribution de la presse en France, a été bloquée une trentaine de fois par le Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE-CGT). Le Livre-CGT veut ainsi marquer son opposition au plan de restructuration de Presstalis, qui prévoit la suppression de 1 250 postes sur 2 500 salariés. Mardi, prévenus des blocages à venir dans la nuit, les éditeurs ont carrément décidé de ne pas imprimer leurs journaux.

    Les principes du secteur

    Le système de distribution de la presse est une exception française. En réaction aux journaux collaborationnistes de la Seconde Guerre mondiale, la loi Bichet est adoptée en 1947. Ce texte encadre toujours la distribution de la presse : elle repose sur la solidarité entre éditeurs, avec des principes coopératifs - les plus riches payent plus que les petits -, et sur leur égalité devant la distribution. Aujourd’hui, Presstalis distribue tous les quotidiens nationaux et deux tiers des magazines. Le reste des magazines est piloté par les Messageries lyonnaises de presse (MLP). La logistique de la distribution de la presse est sans égale. Grâce aux messageries et à leurs ouvriers, la nuit, le jour, en camion ou en train, les journaux transitent des imprimeries jusqu’aux dépôts de presse, y sont conditionnés, puis sont livrés aux points de vente.

    La crise de la distribution

    Mais la chute vertigineuse de la vente au numéro (- 25% entre 2008 et 2012, une tendance qui devrait s’accélérer) a mis à mal l’ensemble du secteur. Le système fonctionne à plein en temps de presse dynamique et florissante, mais périclite quand celle-ci est en crise. Désormais, c’est toute la filière qui souffre : éditeurs, messageries et diffuseurs. Des journaux mettent la clé sous la porte. Des kiosques ferment (1 000 en 2012). Et on restructure Presstalis, qui a frôlé le dépôt de bilan l’année dernière. «C’est la question de la survie de ce réseau qui est en cause», écrit Gérald Proust, président de l’Union nationale des diffuseurs de presse, dans une lettre ouverte au SGLCE. Car chaque jour de non-parution est un manque à gagner de taille pour les diffuseurs et les éditeurs, déjà sévèrement touchés par la crise publicitaire, la mutation numérique et des changements d’habitude de lecture.

    Le plan de restructuration

    Pour revenir à l’équilibre d’ici à 2015, la direction de Presstalis veut donc supprimer un poste sur deux et imposer une réduction drastique du nombre de dépôts, en sous-traitant une grande partie de son activité. Notamment en Ile-de-France, pierre d’achoppement majeure, où le plan prévoit la fermeture de deux centres de distribution sur trois. «Après l’application du plan, explique un bon connaisseur du secteur, Presstalis ne sera plus qu’une coquille vide, avec une distribution régie par des opérateurs privés. La loi Bichet sera complètement vidée de son contenu.»

    Les mesures d’urgence

    Hier, le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a rappelé «la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouve [Presstalis] en dépit des efforts considérables que l’Etat a pu consentir depuis maintenant dix ans». Certes, les pouvoirs publics ont déjà mis la main à la poche. En octobre, un accord a été signé entre les éditeurs, l’Etat et la direction de Presstalis, prévoyant une série de mesures d’urgence. L’Etat a accordé 35 millions d’euros en prêts et en aides directes à la distribution des quotidiens, accompagnés d’une garantie de 60 millions d’euros. Les éditeurs ont eux aussi fourni de gros efforts, notamment via une hausse des tarifs de Presstalis (16 millions d’euros) et une augmentation de capital (8 millions). Ils ont surtout mis à disposition leur trésorerie en transit dans le réseau (90 millions d’euros). Les rivales MLP sont elles aussi mises à contribution : elles payent une partie de la distribution des quotidiens.

    Le Syndicat du livre

    Le Livre-CGT est très majoritaire et très puissant dans le secteur de la distribution. Le blocage, c’est leur levier dans la négociation : le syndicat s’oppose à tout départ contraint et refuse, entre autres, la fermeture des deux centres franciliens. «Nous, ce qu’on souhaite c’est que les discussions reprennent sur des bases solides, et pas sur le plan de la direction de Presstalis», exige Marc Norguez, le secrétaire général du SGLCE. Une mobilisation que certains expliquent notamment par la perte d’influence qui touchera le syndicat avec les suppressions de postes. La section distribution est la plus importante du Livre- CGT, avec 450 adhérents sur 1 900 au total. «Ils disent qu’ils se battent pour la loi Bichet, mais ils se battent surtout pour la préservation de leurs acquis», estime un spécialiste du dossier. «Ils tapent sur les quotidiens pour attirer l’attention des pouvoirs publics et obtenir des sous pour leur départ, glisse-t-on à Presstalis. Ils voient bien que la marge de manœuvre est très réduite : Presstalis perd entre 2 millions et 3 millions d’euros par mois !»

    Hier, environ 300 ouvriers du Livre ont bloqué la plateforme d’un sous-traitant de Presstalis à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne). «C’était stratégique : c’est là où toutes les publications devraient atterrir selon le projet de la direction, explique Michel, délégué SGLCE à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Avec ce plan, j’ai du mal à voir la pérennité de l’entreprise. Là, ils nous coupent les bras. Dans deux ans, ils nous couperont la tête.»

    http://www.liberation.fr/medias/2013/02/06/greves-a-presstalis-coupures-de-presse_879962

  • Festival Beauregard 2015 : Les yeux dans les yeux avec Étienne Daho

    Mercredi 18 mars 2015 06:01 - Hérouville-Saint-Clair

    Festival Beauregard 2015 : Les yeux dans les yeux avec Étienne Daho

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    photo etienne daho sera sur scène le dimanche 5 juillet au festival beauregard, à hérouville. © dr

    Etienne Daho sera sur scène le dimanche 5 juillet au festival Beauregard, à Hérouville.© DR

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    Spontané, Étienne Daho aime que les itw le force un peu à réfléchir. Alors avant sa venue au festival Beauregard, on l’a pris au mot. Avec comme fil rouge le thème du regard.

    Entretien

    Étienne Daho, artiste toujours en vue.

    Après 36 ans de carrière, quel regard portez-vous sur votre œuvre ?

    J’ai du mal à regarder en arrière. Je vis plutôt au présent, mais c’est vrai que ça commence à faire beaucoup de chansons, de productions. Arte prépare un documentaire sur « ma vie, mon œuvre » pour la fin de l’année, je récolte des documents, dont des films persos qui n’avaient jamais vu la lumière du jour. C’est un peu vertigineux.

    Et sur votre époque ?

    On vit un moment de perdition, de perte des repères et des idéaux. C’est très compliqué d’avoir 17 ans aujourd’hui. Heureusement qu’il y a la musique, des cinéastes et artistes qui défrichent un peu le terrain et proposent quelque chose de beau.

    "On vit un moment de perdition, de perte des repères et des idéaux. C’est très compliqué d’avoir 17 ans aujourd’hui".

    La chose sur laquelle vous aimeriez avoir un droit de regard ?

    J’essaye de maîtriser ma représentation. J’ai toujours une idée précise de mes créations. En studio, on crée un son, un univers. Mais maîtriser totalement son image est devenu impossible.

    La dernière chose qui vous a mis la larme à l’œil ?

    J’ai pleuré à chaudes larmes quand j’ai vu cet homme noir, étranglé par un policier, mourir d’une crise cardiaque aux États-Unis, en juillet. Ça m’a retourné. La manière dont on traite le monde est tellement brutale. On est arrivé au bout d’un système qui ne peut que changer. Enfin, je l’espère…

    Croyez-vous au mauvais œil ?

    Je crois des gens capables de vous envoyer de mauvaises pensées. Un artiste s’expose forcément à des vents contraires, mais c’est dangereux de faire l’unanimité. La controverse est une bonne énergie, mais il ne faut pas trop planer. J’ai toujours des comptes à rendre vis-à-vis de moi. Ce challenge épuisant me pourrit un peu la vie, mais c’est une question de respect pour mes envies et les gens qui aiment ce je fais.

    À quoi tenez-vous comme la prunelle de vos yeux ?

    Ma liberté. De mouvement, artistique, et de pensée. Un combat permanent.

    Quelque chose que vous n’offrirez jamais au regard des autres ?

    J’essaye de conserver ma vie privée. J’appartiens à une génération pour qui la discrétion est cool. Montrer son slip à tout bout de champ, en revanche, ce n’est pas cool.

    Votre endroit idéal à l’abri des regards ?

    Je ne suis pas un mondain, j’ai une vie privée assez commune. Depuis les années 80, j’aime me rendre à Ibiza, en basse saison, quand il n’y a pas foule. Voyager à l’étranger me permet d’être anonyme et de rester connecté au monde. Le plus grand danger, c’est l’isolement. Alors je sors…

    La dernière chose que vous avez dévorée du regard ?

    Je n’arrête pas… Je regarde beaucoup les autres. Dieu a mis tellement de belles choses sur cette terre qu’il serait dommage de s’en priver. Sinon, j’ai adoré le film « Imitation game ».

    Etienne Daho : "Avant les concerts, j’ai tendance à être insomniaque. On ne s’habitue pas à cette chose extravagante qu’est de se montrer sur scène, même si j’aime ce moment extrême".

    La nuit, êtes-vous du genre à fermer l’œil rapidement ?

    Cela dépend des périodes. Avant les concerts, j’ai tendance à être insomniaque. On ne s’habitue pas à cette chose extravagante qu’est de se montrer sur scène, même si j’aime ce moment extrême.

    Avec le temps, on s’accommode du regard des autres ?

    Ça va, c’est mieux. Jeune, j’étais très réservé. Tourné seulement vers la musique, j’avais occulté le fait qu’il fallait se montrer. Il a fallu que j’apprenne, à la dure. La scène est un prolongement du disque, c’est plutôt la télé qui pose problème.

    Quel regard portez-vous sur la programmation du festival Beauregard ?

    J’ai rencontré il y a peu Timber Timbre à Paris, via Lou Doillon, c’est un véritable artiste. Johnny Marr fait partie des lumières sur ma route, j’ai beaucoup aimé les Smiths, même si j’aimais par-dessus tout The Jesus and Mary Chain. Dominique A m’a offert quatre titres et notamment « En surface » pour mon dernier album. Au début, j’ai eu du mal à kidnapper cette chanson, à entrer dans ce vêtement taillé sur mesure. C’est une chanson qui prend de l’espace dans le cœur et l’imaginaire des gens.

    Et quand vous fermez les yeux, vous écoutez quoi en ce moment ?

    De la musique jamaïcaine des années 60. J’ai acheté une compilation vraiment géniale de titres reggae et dub. Je suis retombé dedans. En général, quand j’écris, j’évite les zones d’influence musicale pour garder l’esprit vierge. L’écriture, j’y pense constamment. Il y a toujours quelque chose en moi qui fermente. Je me nourris de films, de concerts pour essayer d’absorber le monde.

    7e festival Beauregard à Hérouville-Saint-Clair (14), près de Caen, du 2 au 5 juillet 2015 :

    Découvrez la programmation complète

    Raphaël FRESNAIS.   Ouest-France  

  • Le Maroc

    Les grands projets et espoirs de Casablanca  

    Réuni Jeudi, le Conseil de la région de Casablanca a adopté un certain nombre de grands projets sociaux, sportifs et culturels. Ces projets structurant ont pour objectif de remédier aux problèmes concernant les habitats précaires, les quartiers sous-équipés, l’état des routes urbaines et bien d’autres. Cette réunion en session extraordinaire a été dirigée par le président du Conseil, Chafik Benkirane, et a été marquée par l’adoption d’une convention relative à la construction d’équipements publics dans le cadre d’opérations de lutte contre l’habitat précaire avec des investissements estimés à 750 millions de dirhams. Cette convention ambitionne également d’améliorer les conditions de vie de la population notamment les couches sociales en situation vulnérable. Prévoyant ainsi, la réalisation de 123 équipements publics dans le cadre de trois programmes : programme de lutte contre l’habitat menaçant ruine, programme complémentaire de résorption des bidonvilles et programme de restructuration des quartiers sous-équipés. Aussi, un budget de 11 milliards de DH a été alloué aux projets relatifs à l’aménagement. Le Conseil de la région de Casablanca a, de même, approuvé une convention relative à la réhabilitation et à la préservation du patrimoine à travers notamment la réhabilitation de l’ancienne médina.Concernant la convention relative à la mise à niveau des infrastructures culturelles, sportives et d’animation, à laquelle ont été alloués des crédits de l’ordre de 1.130 millions de DH, elle porte sur la construction d’un grand théâtre et d’un village sportif, la mise à niveau du Complexe Mohammed V, de la forêt de Marchich et du parc zoologique d’AïnSbaâ. Enfin, la convention relative à la mobilité et l’amélioration du transport public, cette dernière consiste à renforcer le parc d’autobus et aménager de routes urbaines pour un coût de 16.000 millions de DH.

    La couverture de la CNSS s’élargit en 2015  

     

    Le Conseil du gouvernement qui s’est tenue hier, a adopté deux projets de décrets. Le premier projet de décret vise à ajouter des dispositions relatives à de nouvelles prestations couvertes par la CNSS au titre de l’AMO portant sur les soins dentaires pour enfants et ce en application de la décision du conseil d’administration de la caisse publiée le 21 avril 2014. Selon le texte, cette couverture prendra effet à partir du 1er janvier 2015 et profitera aux assurés actifs du secteur privé et les retraités, ainsi que les souscripteurs d’assurance complémentaire et une catégorie de marins-pêcheurs et leurs ayants droits. Le deuxième projet de décret est destiné à réviser des dispositions relatives au taux de cotisation due à la CNSS au titre du régime de l’AMO et son augmentation à partir du 1er janvier 2016. La révision concerne les salariés actifs, une catégorie de marins-pécheurs et les retraités. Par ailleurs, le projet de loi relatif à l’indemnisation pour perte d’emploi, a été également approuvé cette semaine. Le gouvernement s’est engagé, à travers ce projet à mobiliser les moyens financiers nécessaires d’une valeur de 250 millions de dirhams, un montant qui permettra de couvrir l’indemnisation de près de 27.000 personnes, dans la perspective de le revoir à la hausse à haÀ l'aéroport Mohammed V, les travaux redémarrent!  

    Le projet d’extension et de réaménagement du Terminal 1 est devenu une nécessité inéluctable dictée par plusieurs facteurs, dont en premier lieu la restructuration de l’Office national des aéroports, qui dispose actuellement d’une équipe professionnelle habilitée à mieux gérer les services aéroportuaires, ainsi que la mise en œuvre de nouveaux projets dans le cadre d’une nouvelle approche avec les autres partenaires, a déclaré M. Rabbah.Le ministre a de même révélé que son département prépare activement la version finale d’un programme ambitieux prévoyant de pouvoir répondre à l’horizon de 2035 aux besoins d’environ 60 millions de voyageurs à travers différents aéroports marocains, à travers l’extension ou la création de nouvelles unités de services connexes aéroportuaires. Tous ces projets s’inscrivent dans le cadre d’un programme national doté d’un investissement d’environ 6 milliards de dirhams, pour le développement des aéroports du Royaume et la réhabilitation durant la période 2014 – 2018 des infrastructures et des services fournis par les aéroports du pays.L’extension et le réaménagement du Terminal 1 de l’aéroport international Mohammed V permettra de tripler sa capacité, en passant de 7 Millions actuellement à 23 Millions. Ainsi, le nouveau Terminal T1 sera doté des meilleurs équipements aéroportuaires bénéficiant des plus hautes technologies : 8 passerelles télescopiques, 12 trottoirs roulants totalisant, des escalators et ascenseurs, des systèmes de traitement bagages au départ, automatisés et équipés des dernières technologies en matière de détection d’explosifs, de drogue et de matières dangereuses, 84 comptoirs d’enregistrement, 64 positions de contrôle des passeports et 19 portes d’embarquement, notamment.uteur de 500 millions de dirhams.

     

    Le tourisme équestre, un secteur à fort potentiel  

    Le Maroc bénéficie d’un écosystème diversifié, d’une richesse culturelle et d’un climat doux ! Tous ces facteurs permettent des activités en plein air à longueur d’année et qui font du Royaume une destination de choix pour des amateurs de tourisme équestre en général, et de randonnée équestre en particulier. C’est dans cette perspective qu’un mémorandum d’entente pour le développement du tourisme équestre au Maroc a été signé, mercredi à El Jadida, dans le cadre de la 7è édition du Salon du Cheval-2014 organisée du 21 au 26 octobre. Cet acte a été signé entre la Fédération royale marocaine des sports équestres, le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime, le ministère de la Jeunesse et des sports, la Société royale d’encouragement du cheval, la Société marocaine d’ingénierie touristique, l’Office national marocain du tourisme et l’Association nationale marocaine du tourisme équestre. Ils s’engagent tous à mobiliser les moyens humains, financiers et techniques et à prendre toutes les dispositions et mesures nécessaires pour atteindre les objectifs relatifs au développement du tourisme équestre au Maroc. Afin de mener cette initiative à bien, un comité de pilotage et de suivi sera mis en place.

     

     

  • Le mois Truffaut

    Le mois Truffaut, jour 31 : que reste-t-il à découvrir de François Truffaut ?

     

     

    Des scénarios prochainement adaptés, une correspondance à découvrir, une suite au Hitchbook… Le “Mois Truffaut” prend fin, mais pas notre Truffautmania.

    Un mois totalement Truffaut

    La Cinémathèque française lui consacre une exposition, Télérama.fr ouvre son mois Truffaut. Du 1er au 31 octobre, chaque jour, une question nous ramènera au cinéaste disparu il y a trente ans, pour refaire la route avec lui…

     

    François Truffaut nous accompagne toujours

    Le père des “Quatre Cents Coups” est décédé il y a trente ans. Ses vingt et un films continuent de hanter notre culture cinéphile. La grande exposition de la Cinémathèque française ouvre la porte sur l'homme qu'il était.

     

    L'essentiel

     

    Visite guidée : dans le bureau de François, à l'exposition Truffaut

     

     

    La Cinémathèque française vient d'ouvrir sa grande exposition. On y découvre un cinéaste qui, plus que tout, écrivait. Visite d'une pièce centrale dans la vie de Truffaut, avec Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque.

    Truffaut à télé, au ciné, en DVD : qu'y a-t-il au programme ?

     

     

    Les “Quatre Cents Coups”, ou “Jules et Jim” ? Sur grand écran ou en DVD ? Ce mois de célébration est l'occasion de se plonger dans la filmographie

    Truffaut est-il surcoté ?

     

     

    Oui, répond le cinéaste Paul Vecchiali. Et il ne ménage pas ses reproches : filmographie ennuyeuse, œuvres indignes, techniques scolaires... A ses yeux, tout n'est pas bon à prendre dans l’œuvre de Truffaut.

     

    Quiz : êtes-vous truffaldien ?

     

     

    Un mois et trente questions plus tard, vous devez tout connaître de la vie et de l'œuvre truffaldiennes. Toutes les réponses à ces questions se trouvent dans les articles publiés au long de ce mois Truffaut sur Télérama.fr. A vous de jouer.

    Truffaut était-il gauchiste d'occasion ?

     

     

    Cinéaste installé, François Truffaut s'est engagé tout au long de sa vie dans des combats qui le menèrent de droite… à gauche.

    Que faut-il retenir de “La Peau Douce”, de Truffaut ?

     

     

    En 1962, François Truffaut, s'inspirant d'Hitchcock, transforme un drame bourgeois en bombe à retardement. Un film (photo)graphique, dont nous vous proposons quelques images… fixes.

    Qu’allait-donc faire Truffaut chez Spielberg ?

     

     

    Quand Steven Spielberg l'invite à jouer, en 1976, dans “Rencontres du troisième type”, Truffaut croise le chemin d'un homme qui deviendra son alter ego : Bob Balaban se souvient…

    Comment montait-on un film avec François Truffaut ?

     

     

    Martine Barraqué a été monteuse sur neuf de ses films. Celle qui dit avoir connu “le François Truffaut gentil” nous raconte comment elle travaillait avec l'homme de la Nouvelle Vague.

    Comment s'appelle-t-on chez Truffaut ?

     

     

    Antoine Doinel, Julien Vercel, Marion Vergano… Du patronyme hommage au patronyme signifiant, les noms des personnages de François Truffaut ne doivent rien au hasard.

    Quelles sont les répliques cultes des films de Truffaut ?

     

     

    Catherine Deneuve, Jean-Pierre Léaud ou Charles Denner les ont immortalisées. Elles sont toutes bien ciselées, et nous ont régalés. Florilège de phrases aimées.

    Pourquoi François Truffaut a-t-il appelé sa maison de production Les Films du Carrosse ?

     

     

    A 14 ans, Truffaut voit “La Règle du jeu” de Jean Renoir douze fois. Plus tard, il assistera son aîné, puis deviendra son ami. Son enthousiasme pour le cinéma de Renoir filtre à travers nombre de ses films.

    Depuis quand la mort hantait-elle François Truffaut ?

     

     

    Ce 21 octobre 2014, cela fait pile trente ans que le cinéaste a disparu à l'âge de 52 ans. Longtemps avant ce jour de 1984, il avait déjà un fort sentiment de perte ; les morts le tiraient vers le passé.

    Jean-François Stévenin : “On aurait fait n'importe quoi pour Truffaut, mais lui ne demandait rien”

     

     

    D'abord assistant sur “L'Enfant sauvage” puis dans “La Nuit américaine”, Jean-François Stévenin devient acteur quand le cinéaste lui offre un rôle dans “L'Argent de poche” (1976). Pour nous, il raconte le François Truffaut qu'il a connu et côtoyé.

    Truffaut et Cannes : était-ce l’amour ?

     

     

    Il y fut jeune critique puis jeune cinéaste et vécut sur la Croisette des moments clés. Mais une suite de rendez-vous forts n'empêche pas qu'entre Truffaut et Cannes, on garde aussi un sentiment de rendez-vous manqué…

    Comment François T. a-t-il transformé Isabelle A. en Adèle H. ?

     

     

    Nous sommes en 1974. Pour tenir le rôle principal de son film “L'Histoire d'Adèle H.”, François Truffaut ne veut qu'elle : la toute jeune Isabelle Adjani. Elle va le suivre. Trente ans après la disparition du cinéaste, l'actrice raconte les...

    Que reste-t-il du Paris des “Quatre Cents Coups” ?

     

     

    Ami d'enfance de Truffaut, Robert Lachenay lui a inspiré le personnage de René, complice d'Antoine Doinel dans “Les Quatre Cents Coups”. A l'automne 2004, nous avions rencontré le “vieux Robert”. Flash-back.

    Comment travaillait-on avec Truffaut ?

     

     

    Rencontre avec Jean Gruault, le mythique scénariste de François Truffaut. Celui de “Jules et Jim” ou de “L'Enfant sauvage”.

    Partager la vie de Truffaut, c'était comment ?

     

     

    Elle l'a épousé, a vécu avec lui pendant cinq ans, ils ont eu deux enfants et n'ont jamais coupé les ponts… Madeleine Morgenstern n'a pas que ça à dire de François Truffaut. Rencontre avec une octogénaire pas ordinaire.

    Alexandra Stewart, quel Truffaut avez-vous connu ?

     

     

    Elle a déjà quelques films à son actif quand François Truffaut la fait tourner dans “La Mariée était en noir” en 1968, puis dans “La Nuit américaine”, en 1973. L'actrice canadienne Alexandra Stewart (75 ans) raconte son amitié parfois tempétueuse...

    Comment Truffaut et Godard ont-ils pu être amis ?

     

     

    A coup de lettres, de scènes, ils se sont écharpés. Ils avaient pourtant lancé ensemble la Nouvelle Vague.

  • Carnet de Voyage : Troisième escale, l’Orient

     

    mar, 22/07/2014 - 17:25 -- celine
    C'est l'été ! Alors durant tout le mois de juillet, le Grand Palais vous emmène en voyage à travers l'art. Au programme : l'Europe, l'Orient, l'Océanie et enfin, l'Amérique pour clôturer ce tour du mon artistique !

    Eh oui, les artistes aussi partent en vacances : quête artistique, recherche d’un ailleurs, traditionnel voyage en Italie, fascination pour l’Orient… Le lien entre les artistes et le voyage est très fort et commun à toute époque. Nouvelle semaine, nouvelles destinations ! Cap sur l’Orient, avec cette escale, le Grand Palais vous ouvre les portes des mille et une nuits. Terres de mystère, les pays orientaux sont depuis très longtemps une source d’inspiration majeure pour les artistes. 

    Intérieur de harem par Jean Joseph Benjamin Constant © RMN-Grand Palais / Philipp BernardDepuis ses tout premiers échanges avec l'Occident, l'Orient est aux yeux des artistes un territoire de fascination. Nombreux sont les peintres qui ont porté leur regard au-delà de l’Europe pour capturer l’âme de cet Orient lointain. Les œuvres qui donnent à voir cet ailleurs exotique sont réunies sous la bannière de l’Orientalisme. On ne parle pas de « mouvement » car il ne caractérise pas une manière de peindre mais plutôt des thèmes qui rassemblent des artistes aux œuvres et aux personnalités très différentes. Chacun à leur manière, ils ont tenté d’exprimer le parfum, les paysages, la chaleur et le mystère qui émanent de ces pays envoutants.

     

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    La figure souvent associée à ce courant, c’est Eugène Delacroix. Deux ans après la prise d'Alger, Delacroix, déjà célèbre pour la Barque de Dante et La Liberté guidant le peuple, part pour le Maroc. Sur le chemin du retour, il fera escale à Alger durant deux jours. Cette halte suffira à inspirer l’artiste puisque c’est lors de ce séjour qu’il réalise les fameuses Femmes d'Alger dans leur appartement (voir ci-contre).
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    Village oriental par Félix Ziem © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski.
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    Beaucoup d’autres artistes, au gré de leurs voyages, trouvent en cet Orient, une grande source d’inspiration. Les nombreux paysages égyptiens et algériens de Théodore Chassériau, Jean-Charles Tardieu, Eugène Fromentin ou encore Félix Ziem (ci-contre Village oriental par Félix Ziem) en sont d’ailleurs la preuve.
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    .Le Pays de la soif par Eugène Fromentin © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski.
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    Les sujets orientaux sont une mine d’or pour ces artistes en quête de motifs nouveaux. La campagne de Napoléon en Egypte (1798-1801), la découverte des temples égyptiens et bien sûr, le désert. Etendue de sable à perte de vu, écrasée par un soleil qui peut devenir mortel. Cet espace aride est rendu de manière impressionnante par certains (ci-contre, Au pays de la soif par Eugène Fromentin).

     
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    L'Esclave blanche par Jean Jules Antoine Lecomte du Noüy © RMN-Grand Palais / Gérard Blot.
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    Le désert a fasciné les peintres au moins autant que le harem. Le sérail et la sensualité de la femme orientale sont propices à tous les fantasmes. À partir de 1704, après la traduction des Mille et Une Nuits, l’image sensuelle de la femme du harem inspire les peintres occidentaux. L’interdiction d’entrer dans ces harems, provoque chez les artistes à l’instar de François Boucher, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Jean-Léon Gérôme ou Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ (voir ci-contre L'Esclave blanche) une vision fantasmée de cet espace secret et de ses occupantes. 
     
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    .Arabe d'El-Aghouat en burnous par Charles-Henri-Joseph Cordier © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / René-Gabriel Ojéda.

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    Ce goût pour l’exotisme se traduit aussi dans la grande peinture d’histoire et dans la peinture religieuse. On retrouve en Orient les paysages qu’avaient connus le Christ et les personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament. Palestine, Egypte, autant de décors qui ont inspiré la peinture religieuse de l'époque. La sculpture, elle aussi est présente dans ce « mouvement » de l’Orientalisme. Les bustes polychromes de Charles Cordier (ci-contre Arabe d'El-Aghouat en burnous) sont la preuve de l’extension de ces thèmes dans tous les domaines artistiques.

    Au XXe siècle aussi, lorsqu’Henri Matisse effectue un séjour en Afrique du nord en 1912, l’Orient conserve tout son pouvoir de fascination. On garde de ce séjour des vues de la ville de Tanger, témoins de la vision de l’artiste de cet Orient envoutant.
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    Bien que la vision des pays orientaux par les artistes soit parfois caricaturale et fantasmée, les paysages et scènes de vie de ces terres ensablées représentaient pour eux une source d’inspiration intarissable. Certains peintres ont poussés le voyage plus loin en mettant le cap sur l’extrême Orient. La Chine et le Japon regorgent eux aussi de thèmes inédits à explorer. Naitrons des influences nouvelles, des modes. La chinoiserie, très en vogue dans les arts décoratifs du XVIIe siècle. Mais aussi le japonisme, qui fait de l’art du Pays du soleil levant un modèle pour les artistes du XIXe siècle à l’instar de Bonnard, Monet ou Van Gogh.
     
    Pour prolonger cette escale
    Au cœur des contes des Mille et Une Nuits 
    En Egypte, Nubie, Palestine et Syrie 
    En Algérie 
    En Chine 
    Au Japon

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    à lire aussi

    jeu, 31/07/2014 - 11:37 -- celine

    Carnet de Voyage : Cinquième escale, l’Amérique [2/2]

    Article
    publié le 31 Juillet 2014
    C’est l’été ! Alors durant tout le mois de juillet, le Grand Palais vous emmène en voyage à travers l’art.
    mar, 29/07/2014 - 11:17 -- celine
     
    lun, 28/07/2014 - 12:40 -- celine
     
    jeu, 24/07/2014 - 14:11 -- celine
     
     

    - See more at: http://www.grandpalais.fr/fr/article/carnet-de-voyage-troisieme-escale-lorient#sthash.evIXFtqs.dpuf

  • Un mois totalement Truffaut

     

    La Cinémathèque française lui consacre une exposition, Télérama.fr ouvre son mois Truffaut. Du 1er au 31 octobre, chaque jour, une question nous ramènera au cinéaste disparu il y a trente ans, pour refaire la route avec lui…

     

    François Truffaut nous accompagne toujours

    Le père des “Quatre Cents Coups” est décédé il y a trente ans. Ses vingt et un films continuent de hanter notre culture cinéphile. La grande exposition de la Cinémathèque française ouvre la porte sur l'homme qu'il était.

    Un jour, une question…

     

    Truffaut était-il gauchiste d'occasion ?

     

     

    Cinéaste installé, François Truffaut s'est engagé tout au long de sa vie dans des combats qui le menèrent de droite… à gauche.

    L'essentiel

     

    Visite guidée : dans le bureau de François, à l'exposition Truffaut

     

     

    La Cinémathèque française vient d'ouvrir sa grande exposition. On y découvre un cinéaste qui, plus que tout, écrivait. Visite d'une pièce centrale dans la vie de Truffaut, avec Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque.

    Truffaut à télé, au ciné, en DVD : qu'y a-t-il au programme ?

     

     

    Les “Quatre Cents Coups”, ou “Jules et Jim” ? Sur grand écran ou en DVD ? Ce mois de célébration est l'occasion de se plonger dans la filmographie truffaldienne. Nos conseils.

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    Que faut-il retenir de “La Peau Douce”, de Truffaut ?

     

     

    En 1962, François Truffaut, s'inspirant d'Hitchcock, transforme un drame bourgeois en bombe à retardement. Un film (photo)graphique, dont nous vous proposons quelques images… fixes.

     

    Qu’allait-donc faire Truffaut chez Spielberg ?

     

     

    Quand Steven Spielberg l'invite à jouer, en 1976, dans “Rencontres du troisième type”, Truffaut croise le chemin d'un homme qui deviendra son alter ego : Bob Balaban se souvient…

    Comment montait-on un film avec François Truffaut ?

     

     

    Martine Barraqué a été monteuse sur neuf de ses films. Celle qui dit avoir connu “le François Truffaut gentil” nous raconte comment elle travaillait avec l'homme de la Nouvelle Vague.

    Comment s'appelle-t-on chez Truffaut ?

     

     

    Antoine Doinel, Julien Vercel, Marion Vergano… Du patronyme hommage au patronyme signifiant, les noms des personnages de François Truffaut ne doivent rien au hasard.

    Quelles sont les répliques cultes des films de Truffaut ?

     

     

    Catherine Deneuve, Jean-Pierre Léaud ou Charles Denner les ont immortalisées. Elles sont toutes bien ciselées, et nous ont régalés. Florilège de phrases aimées.

    Pourquoi François Truffaut a-t-il appelé sa maison de production Les Films du Carrosse ?

     

     

    A 14 ans, Truffaut voit “La Règle du jeu” de Jean Renoir douze fois. Plus tard, il assistera son aîné, puis deviendra son ami. Son enthousiasme pour le cinéma de Renoir filtre à travers nombre de ses films.

    Depuis quand la mort hantait-elle François Truffaut ?

     

     

    Ce 21 octobre 2014, cela fait pile trente ans que le cinéaste a disparu à l'âge de 52 ans. Longtemps avant ce jour de 1984, il avait déjà un fort sentiment de perte ; les morts le tiraient vers le passé.

    Jean-François Stévenin : “On aurait fait n'importe quoi pour Truffaut, mais lui ne demandait rien”

     

     

    D'abord assistant sur “L'Enfant sauvage” puis dans “La Nuit américaine”, Jean-François Stévenin devient acteur quand le cinéaste lui offre un rôle dans “L'Argent de poche” (1976). Pour nous, il raconte le François Truffaut qu'il a connu et côtoyé.

    Truffaut et Cannes : était-ce l’amour ?

     

     

    Il y fut jeune critique puis jeune cinéaste et vécut sur la Croisette des moments clés. Mais une suite de rendez-vous forts n'empêche pas qu'entre Truffaut et Cannes, on garde aussi un sentiment de rendez-vous manqué…

    Comment François T. a-t-il transformé Isabelle A. en Adèle H. ?

     

     

    Nous sommes en 1974. Pour tenir le rôle principal de son film “L'Histoire d'Adèle H.”, François Truffaut ne veut qu'elle : la toute jeune Isabelle Adjani. Elle va le suivre. Trente ans après la disparition du cinéaste, l'actrice raconte les...

    Que reste-t-il du Paris des “Quatre Cents Coups” ?

     

     

    Ami d'enfance de Truffaut, Robert Lachenay lui a inspiré le personnage de René, complice d'Antoine Doinel dans “Les Quatre Cents Coups”. A l'automne 2004, nous avions rencontré le “vieux Robert”. Flash-back.

    Comment travaillait-on avec Truffaut ?

     

     

    Rencontre avec Jean Gruault, le mythique scénariste de François Truffaut. Celui de “Jules et Jim” ou de “L'Enfant sauvage”.

    Partager la vie de Truffaut, c'était comment ?

     

     

    Elle l'a épousé, a vécu avec lui pendant cinq ans, ils ont eu deux enfants et n'ont jamais coupé les ponts… Madeleine Morgenstern n'a pas que ça à dire de François Truffaut. Rencontre avec une octogénaire pas ordinaire.

    Alexandra Stewart, quel Truffaut avez-vous connu ?

     

     

    Elle a déjà quelques films à son actif quand François Truffaut la fait tourner dans “La Mariée était en noir” en 1968, puis dans “La Nuit américaine”, en 1973. L'actrice canadienne Alexandra Stewart (75 ans) raconte son amitié parfois tempétueuse...

    Comment Truffaut et Godard ont-ils pu être amis ?

     

     

    A coup de lettres, de scènes, ils se sont écharpés. Ils avaient pourtant lancé ensemble la Nouvelle Vague.

    Dans quels personnages Truffaut s’est-il incarné ?

     

     

    De nombreux personnages imaginés par Truffaut reflètent des aspects de sa personnalité. Bien sûr, il y a le réalisateur fervent qu'il interprète lui-même dans “La Nuit américaine”. D'autres sont aussi révélateurs…

    Comment Bernard Menez s'est-il retrouvé chez Truffaut ?

     

     

    Il joue l'accessoiriste dans “La Nuit Américaine” en 1973. A l'époque, Bernard Menez vient de faire ses débuts au cinéma dans “Du côté d'Orouët” de Jacques Rozier, ce qui suffit à François Truffaut pour avoir envie de l'engager. Récit en vidéo.

    Truffaut, ça se chante ?

     

     

    Art mineur à ses yeux, la chanson a pourtant compté dans la filmographie de François Truffaut. Boby Lapointe, Jeanne Moreau, Bernadette Lafont, Alain Souchon ont chanté pour lui, qui aimait tant Trenet…

  • La renaissance du Haut-Koenigsbourg

     

    La renaissance du Haut-Koenigsbourg Vue aérienne en automne du château du Haut-Koenigsbourg (© Jean-Luc Stadler - Château du Haut-Koenigsbourg, Alsace, France).

    Une campagne de restauration s’achèvera au début de l’année prochaine au château du Haut-Koenigsbourg, deuxième monument le plus visité d’Alsace.

    Perché à presque 800 m sur son rocher, au cœur de la forêt des Vosges, le Haut-Koenigbourg est un rêve de château fort. Édifié du XIIe au XVe siècle, il est en ruine lorsque la ville de Sélestat décide de l’offrir à l’empereur Guillaume II. Dans l’Alsace devenue allemande en 1870, ce « mémorial du glorieux empire retrouvé » tient une place singulière. Marchant sur les pas des Hohenstaufen et des Habsbourg, l’empereur décide d’y laisser la marque des Hohenzollern, dernière dynastie impériale allemande. On ne se contentera pas de conserver les ruines. On restaurera et reconstruira ! Le colossal chantier se met en branle en 1901. Une carrière de grès est ouverte sur le site. On construit une voie de chemin de fer pour déplacer les blocs de pierre. Deux énormes grues sont installées, ainsi qu’un groupe électrogène, une station de pompage… Le chantier dirigé par l’architecte Bodo Ebhart s’achève en 1908. Dans un climat de nationalisme « anti-boche » exacerbé, la presse française se déchaîne. On reproche à Ebhart la perte d’une ruine romantique, sacrifiée à un « Moyen Âge d’opéra-comique ». Le donjon déclenche une polémique. N’était-il pas rond au Moyen Âge ? « Toute chose vraiment belle et vraiment allemande est carrée dès l’origine, ironise le grand Hansi. La forme du crâne allemand est là pour le prouver. » Le visiteur d’aujourd’hui peut vérifier par lui-même que la base médiévale du donjon, parfaitement conservée par Ebhart, est incontestablement carrée… La fascinante documentation photographique constituée par l’architecte avant le début du chantier, ses archives et dessins conservés au château de la Marksburg, récemment étudiés, montrent avec quels scrupules il analyse et remet en valeur chaque vestige archéologique. Tout au plus peut-on lui reprocher d’avoir exagéré les pentes des toits. Mais cette entorse à la vérité archéologique nous vaut aujourd’hui la fière silhouette du château, qui toise la plaine d’Alsace.

    Un monument complexe

    En 1919, par le traité de Versailles, le monument est livré « clé en main » à la France, restauré, décoré, remeublé. L’empereur Guillaume II, qui visita douze fois les lieux, n’y dormit pas même une seule nuit. Il préférait le confort du palais impérial de Strasbourg ! Après le classement des ruines en 1862, le château devenu monument national est classé Monument historique dans son intégralité en 1993. En 2007, la propriété est transférée au Conseil régional du Bas-Rhin. Après un important chantier de remise aux normes des installations techniques et la restauration de la couverture du donjon, endommagée par la tempête de 1995, des travaux sont en cour à la Maison alsacienne. Cette construction pittoresque imaginée par Bobo Ebhart avait été cloisonnée et partiellement défigurée dans les années 1960. Outre les espaces de services aux visiteurs, elle accueillera, dans sa grande salle aux lambris de pin sombre et peintures d’origine, la nouvelle billetterie et une salle d’exposition. Après destruction des bétonnages modernes, le chantier a révélé au rez-de-chaussée la présence d’un superbe mur à bossages médiéval. Il sera désormais visible. La Tour du Moulin est elle aussi en travaux. Restaurée, elle accueillera une nouvelle salle pédagogique accessible aux enfants à mobilité réduite. L’achèvement de ces travaux est prévu pour le premier trimestre 2016. Un projet ambitieux est actuellement à l’étude : le réaménagement du restaurant, de la boutique et de la librairie dans le bastion de l’Étoile. Ces travaux permettront de gagner une surface utile de 600 m2 sur trois niveaux. Une campagne de fouilles sera menée au préalable, avec mise en valeur éventuelle des éléments archéologiques découverts. Entrée en fonction en juillet 2014, la nouvelle directrice du château, Stéphanie Edel, a plus d’un tour dans son sac pour attirer de nouveaux publics et faire comprendre au plus grand nombre cet édifice longtemps méjugé. Il est aujourd’hui, avec ses 545 000 entrées, le deuxième monument le plus visité d’Alsace après la cathédrale de Strasbourg. Signalons, pendant l’arrière-saison, l’organisation de visites insolites, qui invitent à une découverte privilégiée du lieu. Des lieux habituellement fermés au public y sont révélés : le donjon et la cuisine moderne de l’empereur Guillaume II, aménagée au-dessus des cuisines médiévales. Luxueusement équipée en 1908, elle n’a jamais été utilisée. Monument complexe, le Haut-Koenigsbourg est un témoignage exceptionnel de l’architecture militaire du Moyen Âge, dont subsistent des pans entiers, parfaitement restaurés. C’est aussi le témoignage non moins exceptionnel d’un des plus ambitieux chantiers de restauration menés au début du XXe siècle. Passé l’époque des polémiques, il est l’heure d’en redécouvrir l’âpre beauté.

    Château du Haut-Koenigsbourg, 67600 Orschwiller, www.haut-koenigsbourg.fr 03 69 33 25 00
    Le château est accessible par une navette au départ de la gare SNCF de Sélestat.
    Réservation des « visites insolites » de novembre à mars (groupes de 18 personnes) sur le site http://www.haut-koenigsbourg.fr/fr/visites/visite-insolite/

    À lire :
    Les Cahiers du Haut-Koenigsbourg, éd. Le Verger/Ligne à suivre avec le concours du Conseil général du Bas-Rhin. Volume 1 : « 13 mai 1908. Une inauguration mouvementée », par Bernadette Schnitzler avec Jean Favière ; volume II, « Le château du Haut-Koenigsbourg et l’eau : sources, puits et citernes du Moyen Âge à l’époque actuelle », par René Kill. Prix 24 €.

  • Mois François TRUFFAUT sur TELERAMA

    Un jour, une question…

     

    Pourquoi François Truffaut a-t-il appelé sa maison de production Les Films du Carrosse ?

     

     

    A 14 ans, Truffaut voit “La Règle du jeu” de Jean Renoir douze fois. Plus tard, il assistera son aîné, puis deviendra son ami. Son enthousiasme pour le cinéma de Renoir filtre à travers son œuvre.

    Un mois totalement Truffaut

    La Cinémathèque française lui consacre une exposition, Télérama.fr ouvre son mois Truffaut. Du 1er au 31 octobre, chaque jour, une question nous ramènera au cinéaste disparu il y a trente ans, pour refaire la route avec lui…

     

    François Truffaut nous accompagne toujours

    Le père des “Quatre Cents Coups” est décédé il y a trente ans. Ses vingt et un films continuent de hanter notre culture cinéphile. La grande exposition de la Cinémathèque française ouvre la porte sur l'homme qu'il était.

     

    L'essentiel

     

    Visite guidée : dans le bureau de François, à l'exposition Truffaut

     

     

    La Cinémathèque française vient d'ouvrir sa grande exposition. On y découvre un cinéaste qui, plus que tout, écrivait. Visite d'une pièce centrale dans la vie de Truffaut, avec Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque.

    Truffaut à télé, au ciné, en DVD : qu'y a-t-il au programme ?

     

     

    Les “Quatre Cents Coups”, ou “Jules et Jim” ? Sur grand écran ou en DVD ? Ce mois de célébration est l'occasion de se plonger dans la filmographie truffaldienne. Nos conseils.

    1

    Depuis quand la mort hantait-elle François Truffaut ?

     

     

    Ce 21 octobre 2014, cela fait pile trente ans que le cinéaste a disparu à l'âge de 52 ans. Longtemps avant ce jour de 1984, il avait déjà un fort sentiment de perte ; les morts le tiraient vers le passé.

     

    Jean-François Stévenin : “On aurait fait n'importe quoi pour Truffaut, mais lui ne demandait rien”

     

     

    D'abord assistant sur “L'Enfant sauvage” puis dans “La Nuit américaine”, Jean-François Stévenin devient acteur quand le cinéaste lui offre un rôle dans “L'Argent de poche” (1976). Pour nous, il raconte le François Truffaut qu'il a connu et côtoyé.

    Truffaut et Cannes : était-ce l’amour ?

     

     

    Il y fut jeune critique puis jeune cinéaste et vécut sur la Croisette des moments clés. Mais une suite de rendez-vous forts n'empêche pas qu'entre Truffaut et Cannes, on garde aussi un sentiment de rendez-vous manqué…

    Comment François T. a-t-il transformé Isabelle A. en Adèle H. ?

     

     

    Nous sommes en 1974. Pour tenir le rôle principal de son film “L'Histoire d'Adèle H.”, François Truffaut ne veut qu'elle : la toute jeune Isabelle Adjani. Elle va le suivre. Trente ans après la disparition du cinéaste, l'actrice raconte les...

    Que reste-t-il du Paris des “Quatre Cents Coups” ?

     

     

    Ami d'enfance de Truffaut, Robert Lachenay lui a inspiré le personnage de René, complice d'Antoine Doinel dans “Les Quatre Cents Coups”. A l'automne 2004, nous avions rencontré le “vieux Robert”. Flash-back.

    Comment travaillait-on avec Truffaut ?

     

     

    Rencontre avec Jean Gruault, le mythique scénariste de François Truffaut. Celui de “Jules et Jim” ou de “L'Enfant sauvage”.

    Partager la vie de Truffaut, c'était comment ?

     

     

    Elle l'a épousé, a vécu avec lui pendant cinq ans, ils ont eu deux enfants et n'ont jamais coupé les ponts… Madeleine Morgenstern n'a pas que ça à dire de François Truffaut. Rencontre avec une octogénaire pas ordinaire.

    Alexandra Stewart, quel Truffaut avez-vous connu ?

     

     

    Elle a déjà quelques films à son actif quand François Truffaut la fait tourner dans “La Mariée était en noir” en 1968, puis dans “La Nuit américaine”, en 1973. L'actrice canadienne Alexandra Stewart (75 ans) raconte son amitié parfois tempétueuse...

    Comment Truffaut et Godard ont-ils pu être amis ?

     

     

    A coup de lettres, de scènes, ils se sont écharpés. Ils avaient pourtant lancé ensemble la Nouvelle Vague.

    Dans quels personnages Truffaut s’est-il incarné ?

     

     

    De nombreux personnages imaginés par Truffaut reflètent des aspects de sa personnalité. Bien sûr, il y a le réalisateur fervent qu'il interprète lui-même dans “La Nuit américaine”. D'autres sont aussi révélateurs…

    Comment Bernard Menez s'est-il retrouvé chez Truffaut ?

     

     

    Il joue l'accessoiriste dans “La Nuit Américaine” en 1973. A l'époque, Bernard Menez vient de faire ses débuts au cinéma dans “Du côté d'Orouët” de Jacques Rozier, ce qui suffit à François Truffaut pour avoir envie de l'engager. Récit en vidéo.

    Truffaut, ça se chante ?

     

     

    Art mineur à ses yeux, la chanson a pourtant compté dans la filmographie de François Truffaut. Boby Lapointe, Jeanne Moreau, Bernadette Lafont, Alain Souchon ont chanté pour lui, qui aimait tant Trenet…

    Quels livres lit-on chez Truffaut ?

     

     

    Du Balzac bien sûr, l'auteur préféré d'Antoine Doinel, mais aussi du Nabokov, du Genet… Truffaut a parsemé ses films de références et clins d'œil à ses auteurs favoris.

    Comment François est-il devenu Truffaut ?

     

     

    Autodidacte érudit, critique féroce, homme-cinéma… Au fil du temps, François Truffaut a mis toutes les chances de son côté pour construire son personnage.

    Comment Truffaut tombait-il amoureux de ses actrices ?

     

     

    Il aimait, il tournait. Et parfois l'inverse. Truffaut et ses actrices, c'est la grande histoire du plus séducteur des réalisateurs français.

    Truffaut, combien de pères ?

     

     

    Né de père inconnu et de mère distante, adopté, placé en foyer pour jeune délinquant, Truffaut s'est choisi quelques figures de référence, avant d'en devenir une lui-même.

    Qu’est-ce que “Télérama” disait de Truffaut ?

     

     

    Beaucoup d'éloges, quelques coups de griffe… La relation entre “Télérama” et François Truffaut n'a pas toujours été de tout repos. Et si on faisait un petit tour dans nos archives ?

  • En regardant une vieille ”Grande librairie”, j'ai entendu Joyce Carol Oates qui parlait de son veuvage et je lirais cert

    "J'ai réussi à rester en vie", de Joyce Carol Oates : le manuel de la veuve

    La romancière américaine a réagi à la mort subite de son mari en faisant ce qu'elle sait le mieux faire : écrire.

    Par Florence Noiville Publié le 03 novembre 2011 à 12h16 - Mis à jour le 03 novembre 2011 à 12h16

    Temps deLecture 4 min.

    Les Américains en ont presque fait un genre littéraire : la "Widow's story" ou "histoire de veuve". C'est l'art de "regarder le deuil en face". D'explorer de façon méthodique, quasi clinique, "l'expérience brute" de la mort de l'autre. De démasquer les ruses minuscules, les stratagèmes dérisoires qui permettront de rester en vie. Sans lui. Sans l'époux.

    Il y a quatre ans, la romancière américaine Joan Didion nous en donnait un aperçu déchirant avec L'Année de la pensée magique (Grasset, 2007) récemment adapté par elle-même, sous le même titre, pour le théâtre (Grasset, 80 p., 10 €) et superbement mis en scène par Thierry Klifa, depuis le 2 novembre, au Théâtre de l'Atelier, à Paris. De sa voix de mezzo inimitable, Fanny Ardant, dans le rôle de la veuve, donne le ton d'emblée : "Je suis là pour vous dire ce que vous devez savoir..."

    Comme s'il y avait quelque chose à savoir. De l'insu à révéler. Comme si être veuve, c'était - au grand étonnement de la veuve elle-même - passer de l'autre côté d'une paroi invisible, un monde parallèle, insoupçonnable, où la survivante se verrait brutalement projetée. Et dont elle tenterait de revenir, Eurydice sans Orphée, se cognant à chaque pas dans la profondeur des ténèbres.

    A son tour, la grande romancière Joyce Carol Oates se lance dans la description de cette "chute libre". Elle en tient la chronique minutieuse. Pas à pas, page à page. Jusqu'à la dernière phrase du livre. Ce cri qui donne son titre à la version française : "J'ai réussi à rester en vie !"

    En substance, son "message" est le même que celui de Didion : le veuvage, "cette punition qui attend les épouses", vous n'en avez aucune idée, semble-t-elle dire à ses lectrices. Et pourtant, cela vous arrivera... Un jour, comme moi, vous quitterez votre mari alors qu'il se remettait - plutôt bien - de la pneumonie qui avait failli l'emporter. Ce soir-là, vous sortirez de l'hôpital guillerette. Vous retrouverez l'appétit, vous dormirez même - oh ! comme vous vous en voudrez plus tard de ce sommeil coupable ! Et puis, à 0 h 38, le téléphone sonnera. "Votre mari, Raymond Smith, est dans un état critique..."

    C'est ainsi que le livre commence. Avec ensuite, pendant 500 pages, enregistrées avec la précision d'un sismographe, toutes les variations du paysage mental de la veuve : l'incrédulité (disparu du jour au lendemain, "Comment est-ce possible ?"), le sentiment persistant de l'"erreur" (et s'il revenait ?), le choc des derniers messages (le répondeur qu'on interroge pour le seul plaisir d'"entendre sa voix encore et encore"), la difficulté de se heurter au chagrin d'autrui ("Il vous faut déjà toutes vos forces pour résister au vôtre"), le point d'honneur que met la veuve à se "débrouiller seule", les antidépresseurs en catimini, l'obligation de sourire pour montrer que "ça va", l'importance de prononcer le prénom du mort aussi souvent que possible ("de peur que ce nom se perde"), etc., etc.

    Dans la "vraie vie", Joyce Carol Oates a effectivement perdu son mari, Raymond Smith, en 2008. Ils s'étaient connus dans une réunion d'étudiants à l'université du Wisconsin et avaient vécu ensemble "47 ans et 25 jours". Raymond Smith, éditeur, dirigeait l'Ontario Review, une revue qui avait publié les oeuvres d'écrivains consacrés - Margaret Atwood, Saul Bellow, Raymond Carver, Philip Roth, Robert Penn Warren, Richard Burgin... En 2008, alors qu'il guérissait d'une pneumonie, Raymond Smith a été emporté - le jour même où il devait sortir de l'hôpital - par une infection nosocomiale foudroyante.

    Ce n'est pas l'écrivain Joyce Carol Oates qui raconte. Comment le pourrait-elle d'ailleurs - "La veuve habite une histoire dont elle n'est pas l'auteur". Disons que Joyce Carol Oates prête sa plume - mais quelle plume ! - à Mme Smith. Autrement dit Mme Tout-le-Monde. Les sentiments qu'elle décrit n'ont peut-être rien d'exceptionnel. Toute femme aura pu les éprouver - tout homme aussi sans doute. Songeons au superbe récit de veuvage de Claudio Magris Vous comprendrez donc (L'Arpenteur, 2008). Vers la fin du livre, Oates elle-même s'interroge : "Le chagrin de la veuve n'est-il pas pure vanité ? Prétendre que la perte qu'on a subie est si particulière, si extraordinaire qu'il n'y en a jamais eu de comparable ? Le chagrin de la veuve n'est-il qu'une sorte de passe-temps ou de hobby pathologique - une sorte de TOC, de "trouble obsessionnel compulsif" - comparable à la manie de se laver longuement les mains ou d'amasser toutes sortes d'objets sans valeur ?"

    Rien d'extraordinaire ? N'empêche que le résultat est bouleversant. Jamais larmoyant. Parfois même drôle - par exemple quand le livre tourne au "Manuel de la veuve" ou quand l'auteur décrit certains rituels absurdes comme ces "corbeilles de condoléances de luxe" qu'on envoie aux Etats-Unis pour les deuils ("Les gens s'imaginent-ils que truffes et pâté de foie gras adoucissent le chagrin ?").

    Bref, J'ai réussi à rester en vie ne ressemble à rien de ce que nous a donné jusqu'ici l'auteur de Blonde. Savoir que Joyce Carol Oates s'est remariée depuis (en 2009) n'enlève évidemment rien à sa force.


    J'AI RÉUSSI À RESTER EN VIE (A WIDOW'S STORY. A MEMOIR)de Joyce Carol Oates. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claude Seban. Philippe Rey, 480 p., 24 €.

  • Pour la première fois depuis 4 semaines, je lis la presse papier du jeudi:

     

    https://www.laprovence.com/actu/en-direct/6013306/presstalis-une-nouvelle-structure-operationnelle-debut-juillet-espere-le-pdg.htmlLe FigaroLibé du 11 juin 2020Journal La Croix

     

    https://www.liberation.fr/

    https://www.liberation.fr/france/2020/06/11/11-mai-11-juin-le-bilan-de-sante-du-premier-mois-de-deconfinement_1790858

    https://www.liberation.fr/france/2020/06/10/une-seconde-vague-pourrait-durer-bien-plus-longtemps-que-la-premiere_1790908

    https://www.liberation.fr/checknews/2020/06/11/le-new-york-times-a-t-il-felicite-macron-pour-sa-gestion-de-la-crise-du-covid-19_1790843

    https://www.liberation.fr/direct/element/la-commission-recommande-une-levee-de-toutes-les-restrictions-aux-frontieres-intra-europeennes-au-15_114789/

    https://www.liberation.fr/direct/element/la-commission-recommande-une-levee-de-toutes-les-restrictions-aux-frontieres-intra-europeennes-au-15_114789/

    https://next.liberation.fr/culture/2020/06/09/mort-de-bonnie-pointers-une-des-quatre-pointer-sisters_1790777

    https://www.lefigaro.fr/

    https://www.lefigaro.fr/vox/societe/alain-finkielkraut-la-honte-d-etre-blanc-a-supplante-la-mauvaise-conscience-bourgeoise-20200610

    https://www.lefigaro.fr/vox/societe/adama-traore-d-une-interrogation-legitime-a-l-insupportable-parade-de-vertu-des-people-20200610

    https://www.lefigaro.fr/vox/societe/luc-ferry-non-la-menace-totalitaire-est-nulle-20200610

    https://www.lefigaro.fr/voyages/tour-de-france-a-bord-des-plus-beaux-trains-touristiques-des-regions-20200611

    https://www.lefigaro.fr/culture/romance-la-fable-hitchcokienne-au-noir-pays-de-l-amour-de-france-2-20200610

    https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/une-fresque-de-jr-en-hommage-a-adama-traore-et-george-floyd-20200609

    https://www.lefigaro.fr/musique/enrico-macias-hospitalise-apres-s-etre-brise-le-col-du-femur-20200608

    https://www.lefigaro.fr/culture/a-la-basilique-de-saint-denis-des-ateliers-participatifs-avant-le-remontage-de-la-fleche-20200607

    Fait ensemble:

    https://www.chemindefer-baiedesomme.fr/fr/bienvenue-sur-le-reseau-des-bains-de-mer

    https://www.lefigaro.fr/societes/zara-en-pertes-pour-la-premiere-fois-depuis-2001-20200610

    https://www.lefigaro.fr/cinema/olivier-marchal-clame-son-amour-de-la-police-avant-de-demolir-omar-sy-et-camelia-jordana-20200609

    https://www.lefigaro.fr/flash-eco/l-agence-europeenne-de-la-securite-aerienne-certifie-un-avion-electrique-une-premiere-20200610

    https://www.lefigaro.fr/flash-actu/le-film-autant-en-emporte-le-vent-juge-raciste-retire-de-la-plateforme-hbo-max-20200610!!!!

    https://www.lefigaro.fr/culture/volee-au-bataclan-en-2019-une-oeuvre-attribuee-a-banksy-retrouvee-en-italie-20200610

    https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/banksy-propose-de-dresser-une-statue-a-la-gloire-de-ceux-qui-abattent-les-statues-d-esclavagistes-20200610

    https://www.lefigaro.fr/culture/la-tour-eiffel-rouvrira-au-public-le-25-juin-mais-sans-les-ascenseurs-20200609

    https://www.lefigaro.fr/livres/marek-halter-le-mur-pour-la-paix-du-champ-de-mars-va-etre-deplace-20200609

    https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/le-directeur-de-la-galerie-des-offices-de-florence-suggere-une-restitution-d-oeuvres-religieuses-aux-eglises-20200607

    https://www.lefigaro.fr/musique/le-visage-de-frederic-chopin-reprend-vie-dans-les-mains-de-l-artiste-hadi-karimi-20200611

    https://www.lefigaro.fr/livres/une-journee-dans-la-rome-antique-dans-les-rues-de-rome-en-l-an-115-20200610

    https://www.lefigaro.fr/culture/les-commemorations-du-debarquement-a-l-etiage-20200605

    https://www.lefigaro.fr/musique/le-visage-de-frederic-chopin-reprend-vie-dans-les-mains-de-l-artiste-hadi-karimi-20200611

    https://www.lefigaro.fr/bd/transperceneige-extinctions-ou-le-cauchemar-d-une-humanite-confinee-pour-l-eternite-20200606

    https://www.lefigaro.fr/livres/un-si-joli-crime-de-christopher-bollen-un-americain-a-venise-20200610

    https://www.lefigaro.fr/livres/femmes-sans-merci-de-camilla-lackberg-des-femmes-des-hommes-et-des-porcs-20200610

    https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/a-saint-germain-des-pres-l-art-se-federe-20200608

    https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/la-chapelle-de-vence-le-chef-d-oeuvre-de-matisse-20200607

    https://www.la-croix.com/

    https://www.la-croix.com/Culture/Expositions/musees-mettent-gratuit-ete-2020-06-11-1201098721

    https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/Plan-livre-soutien-crucial-filiere-2020-06-09-1201098353

    https://www.la-croix.com/Economie/Medias/Denis-Olivennes-chapeauter-Liberation-2020-06-11-1201098724

    https://www.la-croix.com/France/Decouverte-ancienne-oeuvre-dart-chinoise-2020-06-11-1201098673

    https://www.la-croix.com/Famille/Education/Deconfinement-Jean-Michel-Blanquer-espere-allegement-protocole-sanitaire-ecoles-vendredi-2020-06-11-1201098689

    https://www.la-croix.com/Famille/Education/justice-saisie-faire-rouvrir-ecoles-2020-06-10-1201098555

    https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees

    https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/Mortelle-Adele-retour-17e-album-2020-06-05-1201097648

    https://www.la-croix.com/Culture/Expositions/Turner-lami-deconfinement-2020-06-05-1201097763

    https://www.lesechos.fr/

    https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/denis-olivennes-va-diriger-liberation-1210222

    https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/casino-le-milliardaire-daniel-kretinsky-ne-siegera-pas-au-conseil-dadministration-1210285

    https://www.lesechos.fr/sport/omnisport/dakar-2021-2e-edition-en-arabie-saoudite-du-3-au-15-janvier-1210307

    https://www.lesechos.fr/elections/municipales/municipales-a-lyon-les-ecologistes-font-peur-aux-chefs-dentreprise-1209903

     

  • Christian bOLTANSKI

    1 ere publication:Nous avons vu samedi au MAM de St Etienne:08/03/2016 12:32WP_20160305_023.jpgWP_20160305_024.jpg

    usqu'à la fin des années 1960, Boltanski disait s'adonner à une "peinture d'histoire et d'événements dramatiques", décide d'expérimenter la variété des pratiques alors en vigueur - Mail Art, cinéma, vidéo, performances, photographies et installations - au travers desquelles il poursuit une impossible œuvre de maîtrise du temps, où l'histoire se décline à la première personne du singulier ou du pluriel, avec un grand H ou comme fiction.

    Puisant ses images dans les "clichés" de la vie quotidienne et usant de procédés à reproduction multiple, son art, conscient de la perte du caractère d'unicité de l'œuvre, se réapproprie la narration pour soulever des questions existentielles propres à tout un chacun.

    Ainsi en est-il de la reconstitution des souvenirs d'enfance que ce soit dans de courts films ("Tout ce dont je me souviens)", la publication de livres d'images ("Recherche et présentation de tout ce qui reste de mon enfance 1944-1950", 1969) ou encore l'invention de son double, C.B, qui, dans les photographies des "Saynètes comiques", mime certaines attitudes quotidiennes.

    Si le recours à des images stéréotypées rend effectivement compte de la pauvreté de l'expérience (privé de souvenirs personnels, il est aisé de s'en recréer une panoplie-type adaptable à l'envi par la narration), c'est aussi le moyen d'instaurer une plus grande complicité avec le spectateur qui s'y reconnaît et s'y retrouve.

    De la même façon, l'usage des portraits photographiques anonymes présentés en série (par exemple "Les 62 membres du Club Mickey en 1955", 1972) ou plus récemment les installations sur le thème de la mémoire de l'Holocauste donnent lieu à une "réactivation" d'une mémoire collective à défaut d'être personnelle.

    Ainsi "Autels Chases", composé d'un empilement pyramidal de boîtes à biscuits en fer blanc surmontées de portraits photographiques d'enfants, semble un monument à la mémoire de victimes anonymes. Les jeux d'ombre et de lumière, accentués par les lampes braquées sur les visages au point de les dissimuler, théâtralisent la scène pour réveiller les mémoires et provoquer une prise de conscience distanciée.


    Le travail à partir d'objets peut constituer l'autre versant de cette œuvre tentant de pallier la fuite du temps. Répondant au même souci d'édifier le quotidien en art (ou l'art en quotidien), et dans une conception ethnologique ou anthropologique, les objets, reconstitués ou réels, puisés dans l'univers courant, sont inventoriés.
    Inaugurée avec l'Inventaire des objets ayant appartenu à une femme de Bois-Colombes (1974), la présentation sous vitrine participe du surinvestissement dans la conservation dont sont chargés les musées pour tenter de dissimuler une histoire qui semble échapper à ses acteurs mêmes.
    Avec les cinq boîtes en fer blanc contenant les essais de reconstitution en plastiline d'un bol et d'une cuillère, d'une paire de pantoufles, d'un fusil en bois, d'un carnet (en trois exemplaires) et d'une petite voiture (en neuf exemplaires), Boltanski rassemble des  objets qui, de même qu'ils évoquent des jouets d'enfants ou le temps révolu du modelage, retracent, en raccourci, la conquête de l'homme, de l'Âge de pierre à l'ère de l'industrialisation. 

     

     


     

     

    Sélection d'autres œuvres de Christian Boltanski dans la collection du Musée


    "L'Album de la famille D."', 1971. Oeuvre en 3 dimensions. Installation. 150 photographies noir et blanc encadrées de fer blanc. 150 x (22 x 30) cm. © Adagp.



    "Archives des Suisses morts", 1990. 480 boîtes en métal, photographies et 15 lampes électriques. Métal, photographies, matériel électrique. Chaque boîte : H. 12 x L. 23 x P. 21,5 cm. © Adagp.


    "Reconstitution, essai de reconstitution en pâte à modeler effectué le 15 novembre 1970 d'un fusil en bois que possédait C.B. entre 1949 et 1951", 1970. Tiroir métallique. Métal, grillage, pâte à modeler et matériaux divers. 39 x 60 x 13 cm. © Adagp.


    "Reconstitution, essai de reconstitution en pâte à modeler le 22 novembre 1970 des pantoufles dont se servait Christian Boltanski entre 1949 et 1951", 1970. Tiroir métallique. Métal, grillage, pâte à modeler et matériaux divers. 39 x 60 x 13 cm. © Adagp.


    "9 essais de reconstitution en pâte à modeler effectués le 6 janvier 1971 d'une petite voiture en métal que possédait C.B. en 1952", 6 janvier 1971. Tiroir métallique. Métal, grillage, plastiline et matériaux divers. 13 x 60 x 40 cm. © Adagp.

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