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  • Le syndrome de Stendhal

    figure im1

     J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber » [1]. Lors de son voyage en Italie en 1817, à l’étape de Florence, Stendhal n’en pouvant plus s’assoit sur un banc de la place, lit un poème pour se remettre de ses émotions et vit que ses visions empiraient à la lecture, trop de culture finissant par l’étreindre.

    2Laissons de côté l’homme littéraire, l’écrivain, le romancier, le biographe et cherchons si ce critique d’art a pu trouver matière à l’excès et l’emphase… Féru d’art lyrique, amoureux de l’Italie, comme en témoignent ses écrits, c’est lui qui fit connaître Rossini à Paris. Des travaux de la deuxième moitié du XXe siècle ont fait apparaître sa compétence en matière picturale et musicale, sa familiarité avec ses peintres, sa vaste expérience du monde de la musique de son temps, aussi bien instrumentale que lyrique, allemande ou italienne. Mais il était surtout un véritable spécialiste de l’opéra italien et de la peinture italienne. Bien qu’il se présentât comme un dilettante, on lui doit des analyses très fines de Rossini et Mozart. Il a saisi la mélancolie de Léonard de Vinci, le clair-obscur du Corrège, ou la violence michelangelesque.

    3Sa critique cohérente repose sur l’Expression qui destitue les formes arrêtées et le Beau antique, sur la Modernité qui implique l’invention artistique pour un public en constante évolution et la subordination du Beau à l’opinion seule, de l’Utile qui donne du plaisir réel à une société, à des individus, et le dilettantisme qui repose sur la pure émotion du critique. Stendhal fonde ainsi une critique historique, l’art étant l’expression d’une époque, et revendique le droit à la subjectivité ; il admet la convergence des arts et leur importance selon qu’ils procurent ou non du plaisir physique, qu’ils ouvrent l’esprit à la liberté de l’imaginaire et qu’ils suscitent la passion. Stendhal est un critique d’art qui marque une étape importante dans l’intelligence de tous les arts.

    4Ce syndrome ne fut pas décrit comme un syndrome spécifique avant 1979. La psychiatre italienne Graziella Magherini, officiant à l’hôpital central de la ville, a observé et décrit plus de 100 cas similaires parmi les touristes de Florence, le berceau de la Renaissance. Sa description figure dans un livre éponyme qui classe les cas de manière statistique selon leur provenance et leur sociologie. En résumé :

    5

    • figure im2 les touristes provenant d’Amérique du Nord et d’Asie n’en sont pas touchés ; il ne s’agit pas de leur culture ;
    • figure im3 les touristes nationaux italiens en sont également immunisés ; ils baignent dans cette atmosphère depuis leur enfance ;
    • figure im4 parmi les autres, sont plus touchées les personnes vivant seules et ayant eu une éducation classique ou religieuse, indifféremment de leur sexe.

     

    6Le facteur déclenchant de la crise a lieu le plus souvent lors de la visite de l’un des 50 musées de la ville. Le visiteur est subitement saisi par le sens profond que l’artiste a donné à son œuvre, et perçoit toute l’émotion qui s’en dégage d’une façon exceptionnellement vive qui transcende les images et le sujet de la peinture. Les réactions des victimes subjuguées sont très variables : des tentatives de destruction du tableau ou des crises d’hystérie ont été observées. En effet, le regard d’un autre peut, à leurs yeux, mettre en danger leur propre perception de l’œuvre. Les gardiens de musée de Florence sont formés à l’intervention auprès de visiteurs victimes du syndrome de Stendhal, bien que cela reste assez rare.

    7On raconte que survint un singulier tableau clinique chez un inconnu en 2008 : La scène se passe à Florence, dans la Galerie de l’académie, devant une immense statue de Michel-Ange. Avec plus de 4 mètres de haut pour 6 tonnes de marbre blanc, elle représente David après sa victoire sur Goliath et s’offre à la vue depuis 500 ans. Un touriste la contemple depuis un certains temps ; il est ébahi devant sa splendeur, sa perfection. Soudain, son cœur accélère, ses muscles se tétanisent, un vertige le saisit, il finit par s’évanouir et s’écroule à terre devant des touristes affolés.

    8Cet étrange mal, provoqué par la contemplation du monumental David frappe chaque année de nombreuses personnes en visite à Florence. Les symptômes sont nombreux et inquiétants : vertiges, suffocation, tachycardie, hallucinations, perte du sentiment d’identité et du sens de l’orientation, violentes douleurs à la poitrine, évanouissements, amnésie.

    9Quel est ce mal étrange ? Comment expliquer qu’une œuvre d’art puisse, par sa splendeur et sa magnificence, pétrifier des touristes au point de les frapper physiquement ?

    10Le syndrome de Stendhal que l’on dénomme aussi « syndrome de Florence » ou « syndrome du voyageur» est un mal psychosomatique désignant un trouble psychique au niveau de la santé physique sans qu’une autre cause puisse être établie. Plus généralement, ce terme couvre tout ce qui concerne les effets de l’esprit sur le corps humain ou même animal. Il est ainsi question de somatisation pour expliquer le processus par lequel un désordre psychique se manifeste sous la forme d’un trouble organique, comme une paralysie observée dans une hystérie de conversion sans que les nerfs ne soient touchés. La médecine psychosomatique constitue un champ interdisciplinaire entre les dimensions psychologiques, comportementales et sociales de l’individu et la physiologie de l’organisme. Dans ce cadre, les traitements peuvent combiner à la fois des approches psychothérapiques et médicamenteuses. La médecine psychosomatique a été fortement influencée par la psychanalyse mais elle incorpore aussi des théories venant d’autres approches comme les sciences cognitives.

    11Stendhal aurait-il eu besoin d’une psychothérapie ?

    Mis en ligne sur Cairn.info le 27/08/2020
    https://doi.org/10.4267/2042/53780
  • De la suite dans les orchidées

     

    15 mai 2013 à 21:26

    Par EMMANUÈLE PEYRET

    Jardins . A l’occasion des 58e Journées des plantes de Courson, rencontre avec des créateurs-éleveurs de fleurs. Gros plan sur les clématites et les exubérantes «Orchidaceae».

    Journée des plantes, 2012. - Photo Jean-Pierre Delagarde
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    Qui a dit «j’ai toujours rêvé de marier Brigitte Bardot avec le général de Gaulle» ?

    Pas un eugéniste fou, mais l’obtenteur qui a ranimé les roses anciennes, André Eve, dont le nom se range avec les mythiques Meilland ou Delbard, grandes figures de la rose. Obtenteur ? Peu connaissent ce mot, et ce talent technico-horticole de créateur, d’inventeur d’une fleur ou d’une plante, d’une nouvelle couleur, forme, taille, parfum. C’est lui qui croise des roses, des iris, des cyclamens, des clématites (pas ensemble, mais ces quatre espèces sont les plus hybridées en France) pour en faire surgir de nouvelles variétés. Pas seulement pour la joie de la création, mais pour répondre au rêve du jardin esthétique toute l’année mais presque sans contraintes, à la demande de plantes résistantes, fleuries en toutes saisons, et à des tailles adaptées. Aux 58e Journées des plantes de Courson, qui se déroulent ce week-end sur le thème des «belles Américaines», on pourra découvrir 48 obtenteurs, de menthe à parfum de pamplemousse ou d’ananas par exemple. Balade chez deux créateurs-éleveurs de clématites et d’orchidées, depuis plusieurs générations.

    Arrivée par bateau. A Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne), les orchidées se profilent à perte de vue (ou presque). Des clients ressortent avec ces graciles fleurs blanches, comme si c’était des nouveau-nés. Une dame conseille : «Allez voir le film, ça dure un quart d’heure, vous comprendrez tout.» C’est Françoise Lecoufle, éleveuse d’orchidées avec son mari, Philippe, obtenteur notoire au grand talent de coloriste, qui lance ça en rigolant. Le film décrit donc ces plantes épiphytes, c’est-à-dire des plantes accrochées aux arbres sans terre, cultivées ici depuis cent trente ans. A l’époque, cela faisait seulement un siècle que les orchidées étaient arrivées d’Asie ou d’Amérique latine, par bateau - et crevaient comme les animaux, par centaines. De riches collectionneurs payaient même des aventuriers pour aller les piller. Ici, à Boissy-Saint-Léger, la capitale de l’orchidée, les Vacherot-Lecoufle en possèdent 10 000 variétés et deux collections nationales - on recense près de 45 000 variétés hybrides dans le monde (obtenues par la main de l’homme).

    «On les croise par genre, ce qui n’est pas possible dans la nature», précise Françoise Lecoufle, ajoutant qu’il y a 80 genres. La plus connue des orchidées - dont le nom vient du grec orchis qui signifie «testicules», et en langage de fleurs traduit «la ferveur» - est la Phalaenopsis à la forme iconique. Mais il y aussi la sexuelle catleya, le Zygopetalum un peu papillon, sans oublier les Odontoglossum, tels des animaux de mer.

    On cultive donc la «ferveur» dans ces serres vénérables et restaurées, depuis que le grand-père de l’actuel obtenteur s’est associé avec son gendre horticulteur, diplômé de l’école de Versailles, pour faire des œillets, ceux qu’on met aux boutonnières de l’époque. Le gendre meurt à la guerre de 14, laissant deux bébés, toujours en vie, Marcel, 100 ans aux prunes, et le beau-père de Françoise, 97 ans. L’orchidée conserve, donc.

    «Dans les années 20, poursuit Françoise Lecoufle, on commence à les reproduire, avant on ne savait que les acclimater.» Elles ornent les hôtels, les restaurants chics, les intérieurs bourgeois. Et les plus grands noms de l’argent les collectionnent : Panhard, Rothschild, Félix Potin, Lazard.

    En 1960, le clonage révolutionne le monde de l’orchidée, en la mettant à portée de tous. «Le semis, analyse Françoise Lecoufle, donne naissance à des bébés différents : de très beaux spécimens qu’on vend très cher ou qu’on fait se reproduire, comme les chevaux ou les chiens de race et d’autres plus banals En clonant, « on ne reproduit que celles qui sont les plus à la mode, qui poussent le plus vite, fleurissent le plus longtemps, ne tombent pas malades. Mais quid de la diversité des variétés ?»

    A Boissy, son mari travaille sur la taille pour obtenir des plantes plus trapues. «On planche sur une dizaine de genres, pour créer des couleurs, mettre au point des plantes mieux adaptées aux conditions de vie actuelles.» Comme un insecte, l’obtenteur récupère le pollen pour aller le coller sur une autre plante… Sauf qu’il choisit la fleur qu’il va polliniser. Ensuite, on compte un an de laboratoire pour observer le groupe, voir ce qui en sort. «On peut créer des banques de graines, comme de sperme. Il faut entre six et neuf mois pour que les graines deviennent plantes, avec des fausses couches, des ratages. On fait comme des FIV, de l’in-vitro.» Troublant. Des belles peuvent donner des moches, et vice-versa. Troublant, on vous dit.

    Concurrence. A Saint-Cyr-en-Val (Loiret), près d’Orléans, dans la grande zone maraîchère, se déroule un immense site de 50 hectares, avec des serres sous arceaux toutes blanches et des baraques préfabriquées pour les bureaux. Dans le genre maison qui a 120 ans, on a vu mieux. « On a déménagé il y a presque trois ans , explique Arnaud Travers, fils, petit-fils, arrière-petit-fils de cultivateurs obtenteurs de clématites.«Il fallait qu’on s’agrandisse, qu’on abandonne notre côté artisanal. On a choisi de faire plus scientifique, oui, et plus marketing, plus rentable. L’obtention coûte très cher, car avant de vendre, il faut avoir au moins 500 plants. La concurrence internationale, en particulier hollandaise, est redoutable et la clématite n’est pas aussi demandée que la rose. Et c’est long d’hybrider.» Le dernier bébé Travers, Success Lavender, a mis dix ans avant de voir le jour (et de gagner un prix au salon du végétal d’Angers cette année).

    Et voilà, on vient parler fleurs, on se retrouve à parler fric. Les temps ont bien changé depuis 1890 et l’arrière-grand-père Aristide Travers, maraîcher, qui à ses (rares) heures libres cultive sa passion : ces drôles de Clematis vitalba, de la famille des Ranunculaceae montées en graine, toutes fines, aériennes, avec des grandes fleurs, gauches presque, qui pratiquent l’art de la dissimulation (dans un buisson, dans des rosiers défleuris), presque aussi bien qu’un politique français. «Les gens venaient chez lui pour acheter des légumes et s’extasiaient devant ses clématites, juste quelques dizaines de plants. Au début du siècle, en plus du maraîchage, naît la pépinière de clématites.»

    Couvre-sol. L’affaire est lancée, c’est dans les années 30 au tour de Raymond, le grand-père visionnaire, de développer la collection, heureusement soigneusement conservée pendant la Seconde Guerre mondiale par son fils : une soixantaine de variétés en tout, «aujourd’hui 400, triées sur le volet», explique Arnaud, dont la collection est nationale. Il y a 900 espèces naturelles dans le monde, plus de mille créées par l’humain [souvent anglais, l’humain, ndlr].» Mais pourquoi, diable, hybride-t-on des plantes déjà bien jolies à l’état naturel ? «Pour répondre à des besoins spécifiques : vous n’achèterez pas la même plante si vous avez un balcon ou un grand jardin. On peut aujourd’hui avoir des fleurs toute l’année, des plantes ultrarésistantes aux maladies, plusieurs gammes d’utilisation : des couvre-sol, des potées fleuries, des balcons, des boutons de bas en haut du plant, des variétés adaptées pour les arbres, les buissons, les rosiers», pour redonner de la couleur ou enjoliver des thuyas.

    Elle est farceuse la clématite, on la plante, on l’oublie, et hop, elle surgit toute rose dans un massif. Comme à l’Arboretum d’Orléans, où la collection Travers est exposée : quelqu’un a demandé la référence de ce houx à fleurs bleues. Un houx à fleurs bleues ? Evidemment, c’était une clématite.

    58e Journées des plantes de Courson, Domaine de Courson (Essonne), les 17, 18 et 19mai. Rens. : 01 64 58 90 12. www.domaine-de-courson.fr/ clematite www.clematite.net orchidées www.lorchidee.fr

     Pas un eugéniste fou, mais l’obtenteur qui a ranimé les roses anciennes, André Eve, dont le nom se range avec les mythiques Meilland ou Delbard, grandes figures de la rose. Obtenteur ? Peu connaissent ce mot, et ce talent technico-horticole de créateur, d’inventeur d’une fleur ou d’une plante, d’une nouvelle couleur, forme, taille, parfum. C’est lui qui croise des roses, des iris, des cyclamens, des clématites (pas ensemble, mais ces quatre espèces sont les plus hybridées en France) pour en faire surgir de nouvelles variétés. Pas seulement pour la joie de la création, mais pour répondre au rêve du jardin esthétique toute l’année mais presque sans contraintes, à la demande de plantes résistantes, fleuries en toutes saisons, et à des tailles adaptées. Aux 58e Journées des plantes de Courson, qui se déroulent ce week-end sur le thème des «belles Américaines», on pourra découvrir 48 obtenteurs, de menthe à parfum de pamplemousse ou d’ananas par exemple. Balade chez deux créateurs-éleveurs de clématites et d’orchidées, depuis plusieurs générations.

    Arrivée par bateau. A Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne), les orchidées se profilent à perte de vue (ou presque). Des clients ressortent avec ces graciles fleurs blanches, comme si c’était des nouveau-nés. Une dame conseille : «Allez voir le film, ça dure un quart d’heure, vous comprendrez tout.» C’est Françoise Lecoufle, éleveuse d’orchidées avec son mari, Philippe, obtenteur notoire au grand talent de coloriste, qui lance ça en rigolant. Le film décrit donc ces plantes épiphytes, c’est-à-dire des plantes accrochées aux arbres sans terre, cultivées ici depuis cent trente ans. A l’époque, cela faisait seulement un siècle que les orchidées étaient arrivées d’Asie ou d’Amérique latine, par bateau - et crevaient comme les animaux, par centaines. De riches collectionneurs payaient même des aventuriers pour aller les piller. Ici, à Boissy-Saint-Léger, la capitale de l’orchidée, les Vacherot-Lecoufle en possèdent 10 000 variétés et deux collections nationales - on recense près de 45 000 variétés hybrides dans le monde (obtenues par la main de l’homme).

    «On les croise par genre, ce qui n’est pas possible dans la nature», précise Françoise Lecoufle, ajoutant qu’il y a 80 genres. La plus connue des orchidées - dont le nom vient du grec orchis qui signifie «testicules», et en langage de fleurs traduit «la ferveur» - est la Phalaenopsis à la forme iconique. Mais il y aussi la sexuelle catleya, le Zygopetalum un peu papillon, sans oublier les Odontoglossum, tels des animaux de mer.

    On cultive donc la «ferveur» dans ces serres vénérables et restaurées, depuis que le grand-père de l’actuel obtenteur s’est associé avec son gendre horticulteur, diplômé de l’école de Versailles, pour faire des œillets, ceux qu’on met aux boutonnières de l’époque. Le gendre meurt à la guerre de 14, laissant deux bébés, toujours en vie, Marcel, 100 ans aux prunes, et le beau-père de Françoise, 97 ans. L’orchidée conserve, donc.

    «Dans les années 20, poursuit Françoise Lecoufle, on commence à les reproduire, avant on ne savait que les acclimater.» Elles ornent les hôtels, les restaurants chics, les intérieurs bourgeois. Et les plus grands noms de l’argent les collectionnent : Panhard, Rothschild, Félix Potin, Lazard.

    En 1960, le clonage révolutionne le monde de l’orchidée, en la mettant à portée de tous. «Le semis, analyse Françoise Lecoufle, donne naissance à des bébés différents : de très beaux spécimens qu’on vend très cher ou qu’on fait se reproduire, comme les chevaux ou les chiens de race et d’autres plus banals En clonant, « on ne reproduit que celles qui sont les plus à la mode, qui poussent le plus vite, fleurissent le plus longtemps, ne tombent pas malades. Mais quid de la diversité des variétés ?»

    A Boissy, son mari travaille sur la taille pour obtenir des plantes plus trapues. «On planche sur une dizaine de genres, pour créer des couleurs, mettre au point des plantes mieux adaptées aux conditions de vie actuelles.» Comme un insecte, l’obtenteur récupère le pollen pour aller le coller sur une autre plante… Sauf qu’il choisit la fleur qu’il va polliniser. Ensuite, on compte un an de laboratoire pour observer le groupe, voir ce qui en sort. «On peut créer des banques de graines, comme de sperme. Il faut entre six et neuf mois pour que les graines deviennent plantes, avec des fausses couches, des ratages. On fait comme des FIV, de l’in-vitro.» Troublant. Des belles peuvent donner des moches, et vice-versa. Troublant, on vous dit.

    Concurrence. A Saint-Cyr-en-Val (Loiret), près d’Orléans, dans la grande zone maraîchère, se déroule un immense site de 50 hectares, avec des serres sous arceaux toutes blanches et des baraques préfabriquées pour les bureaux. Dans le genre maison qui a 120 ans, on a vu mieux. « On a déménagé il y a presque trois ans , explique Arnaud Travers, fils, petit-fils, arrière-petit-fils de cultivateurs obtenteurs de clématites.«Il fallait qu’on s’agrandisse, qu’on abandonne notre côté artisanal. On a choisi de faire plus scientifique, oui, et plus marketing, plus rentable. L’obtention coûte très cher, car avant de vendre, il faut avoir au moins 500 plants. La concurrence internationale, en particulier hollandaise, est redoutable et la clématite n’est pas aussi demandée que la rose. Et c’est long d’hybrider.» Le dernier bébé Travers, Success Lavender, a mis dix ans avant de voir le jour (et de gagner un prix au salon du végétal d’Angers cette année).

    Et voilà, on vient parler fleurs, on se retrouve à parler fric. Les temps ont bien changé depuis 1890 et l’arrière-grand-père Aristide Travers, maraîcher, qui à ses (rares) heures libres cultive sa passion : ces drôles de Clematis vitalba, de la famille des Ranunculaceae montées en graine, toutes fines, aériennes, avec des grandes fleurs, gauches presque, qui pratiquent l’art de la dissimulation (dans un buisson, dans des rosiers défleuris), presque aussi bien qu’un politique français. «Les gens venaient chez lui pour acheter des légumes et s’extasiaient devant ses clématites, juste quelques dizaines de plants. Au début du siècle, en plus du maraîchage, naît la pépinière de clématites.»

    Couvre-sol. L’affaire est lancée, c’est dans les années 30 au tour de Raymond, le grand-père visionnaire, de développer la collection, heureusement soigneusement conservée pendant la Seconde Guerre mondiale par son fils : une soixantaine de variétés en tout, «aujourd’hui 400, triées sur le volet», explique Arnaud, dont la collection est nationale. Il y a 900 espèces naturelles dans le monde, plus de mille créées par l’humain [souvent anglais, l’humain, ndlr].» Mais pourquoi, diable, hybride-t-on des plantes déjà bien jolies à l’état naturel ? «Pour répondre à des besoins spécifiques : vous n’achèterez pas la même plante si vous avez un balcon ou un grand jardin. On peut aujourd’hui avoir des fleurs toute l’année, des plantes ultrarésistantes aux maladies, plusieurs gammes d’utilisation : des couvre-sol, des potées fleuries, des balcons, des boutons de bas en haut du plant, des variétés adaptées pour les arbres, les buissons, les rosiers», pour redonner de la couleur ou enjoliver des thuyas.

    Elle est farceuse la clématite, on la plante, on l’oublie, et hop, elle surgit toute rose dans un massif. Comme à l’Arboretum d’Orléans, où la collection Travers est exposée : quelqu’un a demandé la référence de ce houx à fleurs bleues. Un houx à fleurs bleues ? Evidemment, c’était une clématite.

    58e Journées des plantes de Courson, Domaine de Courson (Essonne), les 17, 18 et 19mai. Rens. : 01 64 58 90 12. www.domaine-de-courson.fr/ clematite www.clematite.net orchidées www.lorchidee.fr

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  • Nous avons aimé cet après-midi:le canal de Givors

    Prévu à l'origine pour joindre la Loire au Rhône, le canal de Givors est parfois appelé "canal des Deux-Mers" comme le canal du Midi

    Givors 1

    Une ancienne écluse du canal de Givors, vers Tartaras

    Ce copyright concerne mes textes et mes photos. Si vous souhaitez utiliser un de mes textes ou photos, merci de me contacter au préalable par e- mail et de citer mon nom et le mon adresse URL... comme je m'efforce de le faire pour les créations des autres.

    Mes essais

    tirés de mes recherches universitaires
    ISBN:978-2-9531564-2-3

    Notes récentes

    ISBN :978-2-9531564-9-2

    Octobre 2024

    Bassin versant
    Rhône

    Type de voie d'eau
    canal latéral (prévu à l'origine pour être à bief de partage)

    Relie
    Grand-Croix
    au Rhône

    Origine physique et administrative
    Grand-Croix (Loire) à la cote 284 m.

    Origine physique réellement naviguée
    Rive-de-Gier (Loire) à la cote 233 m.

    Extrémité physique et administrative
    Givors (Rhône) à la cote 155 m

    Sens conventionnel de descente
    De Grand-Croix au Rhône (bien logiquement)

    longueur
    20 km

    Nombre d'écluses
    42 sas (plusieurs écluses étaient doubles)

    Gabarit
    22,50 m sur 4,65 m, mouillage 1,80 m, hauteur libre 2,80 m.

     

    Structure administrative de rattachement
    Aucune, le canal étant détruit

    Statut actuel
    Aliéné et détruit pour sa plus grande partie (Voir remarques)

    Raisons de sa construction
    A l'origine, l'idée de son promoteur François Zacharie était de relier le Rhône à la Loire par un canal à bief de partage passant par Saint-Etienne. (Voir remarques)

    Compagnie concessionnaire ayant permis sa création puis son exploitation
    Compagnie du canal de Givors, érigée en fief (décembre 1788)

    Personnalités importantes ayant contribué à sa construction

    Préfiguration
    Alléon de Valcourt

    Conception
    François Zacharie puis son fils Guillaume

    Commencé en
    1760

    Mis en service de Rive-de-Gier à Givors en
    1780

    Mis sous séquestre
    le 25 septembre 1793 (rendu en novembre 1794)

    Mis en service de Grand-Croix à Rive-de-Gier en
    1843 (en pure perte)

    Loué à la Compagnie des Mines de la Loire
    le 1er janvier 1846

    Racheté par l'Etat en
    1886

     

    Cette carte postale ancienne très connue montre le canal à l'amont de la mairie actuelle de Rive-de-Gier, ancien siège de la Compagnie du Canal de Givors, et depuis celle-ci. De gauche à droite : le quartier sud de la ville, en rive droite du Gier, un square, le canal, et le quartier nord de la ville. Nous pouvons trouver le même genre de paysage sur les canaux britanniques qui s'incustent très intimement dans le tissu urbain. De nos jours, à ces emplacements respectifs, on trouve : la quartier sud qui n'a pas bougé, un boulevard sous lequel passe le Gier busé, un parking, la rue du canal, et le quartier nord qui n'a guère changé. L'eau et la verdure ont disparu, le bitume règne en maitre. (Passer le pointeur sur l'image pour faire apparaitre les légendes.)

    Plan rapproché de l'écluse, tiré de la vue précédente.Le pont du canal est toujours là, ainsi que la maison qui le surplombe, qui est une pharmacie.

    Rive-de-Gier

    La même écluse reconstituée graphiquement
    (Charles BERG, 1990)

    Vue prise en contre-champ de la grande vue précédente. Au fond, l'hôtel de ville, ancien siège de la Compagnie du Canal de Givors. Au premier plan l'écluse, suivie du square. À droite, le Gier. De nos jours, canal, écluse, square et Gier ont disparu au profit du bitume et du béton.

    Toujours à Rive-de-Gier, et dans le prolongement amont du canal, un pont-levis aujourd'hui disparu, comme le canal. On le devine au loin dans la photo du haut, grâce à la grande maison et son store clair.

    Le même pont-levis vu de l'autre côté. Au loin on reconnait l'hôtel de ville, ancien siège de la compagnie du canal. Cette photo est l'exact contre-champ de la grande vue au-dessus, prise depuis l'hôtel de ville vers l'amont. De nos jours, excepté les maisons, rien de tout cela ne subsiste : le canal a disparu et le Gier passe, busé, sous un boulevard. Le beau pont aux arches en anse de panier n'a évidemment pas été épargné par ce massacre.

    Une vue très semblable à la précédente, qui montre bien la façon dont le canal s'incrustait dans le tissu urbain en passant au pied-même des maisons, entre elles et le Gier dont il n'est séparé que par une digue. Ce type de paysage urbain est assez courant en Grande-Bretagne mais a complètement disparu en France avec le passage au gabarit Freycinet qui ne peut se contenter d'une emprise aussi réduite.

    Du bassin de Rive-de-Gier, le canal commençait sa descente en passant au pied de l'église Saint-Jean-Baptiste. Ici, aujourd'hui : une avenue.

    Le bassin de Rive-de-Gier, dominé par l'hôtel de ville, à l'origine siège de la compagnie du canal. Celui-ci passait sous l'édifice, au milieu , par une arche, pour monter vers la Grand-Croix.

    Ce grand bassin servait fréquemment pour des joutes nautiques

     

     

    Ouvrages et vestiges remarquables
    Voûte et écluse double de Tartaras
    Pont et aqueduc
    de Manevieux
    Pont-canal
    de Grand-Croix (rue du canal)
    Système alimentaire
    à Grand-Croix
    Barrage
    de Couzon
    Ecluse de Lorette

    Système alimentaire
    Prise d'eau sur le Gier à Grand-Croix
    et barrage-réservoir de Couzon (mis en service en 1812)

    Voies d'eau adjacentes :
    Aucune

    Principales villes traversées :
    Grand-Croix, Rive-de-Gier, Givors

    Départements concernés :
    Loire, Rhône

    Origine du nom de la rivière Gier
    Des cailloux...
    Il est possible qu'il soit de même origine que le Cher ou la Garonne, c'est à dire basé sur Car, caillou, rocher, ce qui correspondrait très bien à sa réalité physique. Il a donné son nom à la région qui l'entoure : le Jarez (écrit autrefois Jarrest) (prononcer Jaré).

     

    Remarques


    Le coup de grâce par l'autoroute

    Dans les années 1970, l'autoroute A 47 est passée sur ce qu'il en restait, n'en laissant que les méandres trop prononcés où l'on peut encore en voir des vestiges, comme à Tartaras où le site, qui comprend un tunnel et une écluse double, a été remis en valeur pour la sauvegarde du patrimoine. Signalons au passage que Tartaras est le village natal d'un académicien du XVIIIe siècle qui s'est beaucoup intéressé aux canaux : l'abbé Charles Bossut. (Retour au texte)

     

    Deux vues rares du canal à Saint-Romain-en-Gier. Sur celle du bas, on devine l'écluse à l'arrière-plan.

    Le canal à Givors. Aujourd'hui c'est l'autoroute A 47.

    L'écluse amont de Givors

    La même quelque temps plus tard : le chemin de fer s'est installé, les riverains empiètent de plus en plus sur le plateau de l'écluse, il n'y a déjà plus de trafic.

    Le bassin de Givors peu avant sa disparition sous l'autoroute A47. L'écluse de sortie en Rhône est bien visible en bas de l'image, et elle est déjà dépourvue de portes. On voit également, à sa gauche, l'emplacement de l'écluse précédente orientée en diagonale vers l'aval du Rhône. Seule subsiste la grande maison d'administration du canal, devant l'écluse. Un beau gâchis...

     

     


    Un projet ambitieux avorté

    Le canal de Givors, dont il ne reste aujourd'hui que quelques vestiges, était l'amorce d'un grand canal de la Loire au Rhône qui a été à deux doigts de se concrétiser plusieurs fois jusqu'à la seconde guerre mondiale. A l'origine, François Zacharie avait eu l'autorisation de ne le construire qu'entre Rive-de-Gier et Givors (15 km et 26 écluses). La compagnie qui l'exploita ensuite ne songea qu'à engranger des bénéfices à court terme au lieu de

  • Rémy Pflimlin: «Il reste deux ans pour transformer France Télévisions»

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    Invité du «Buzz Média Orange-Le Figaro», le PDG de France Télévisions vient de présenter la rentrée du groupe. Il en a profité pour faire le bilan des chantiers ouverts depuis un an. Rémy Pflimlin a signé un accord social avec tous les syndicats, ouvrant la voie à une réduction d'effectifs importante. Devant l'impasse financière du groupe, le PDG a déjà engagé un vaste plan d'économies.

    Après une année très mouvementée, le groupe France Télévisions fait une opération vérité à l'occasion de sa rentrée audiovisuelle. Le PDG du groupe détaille les économies déjà engagées et celles à venir. Il lui reste deux années de mandat pour atteindre ses objectifs.

    LE FIGARO. - Il y a un an, vous étiez contesté. Depuis, vous avez signé un accord social avec les syndicats et un contrat d'objectifs et de moyens avec l'État. Comment va France Télévisions?

    Rémy PFLIMLIN. - Il y a un an, nous rentrions dans un moment très difficile avec la crise économique et la crise publicitaire, et donc avec un gros problème de financement pour France Télévisions. Ce problème, nous l'avons abordé de façon claire avec le gouvernement, ce qui a permis de signer un contrat d'objectifs et de moyens avec évidemment des moyens en baisse de 190 millions d'euros en 2013 mais des objectifs préservés. Cela nécessitait un plan d'économies que nous avons lancé et qui donne ses premiers effets en permettant de limiter les pertes à 40 millions d'euros en 2013. Aujourd'hui, nous sommes dans la trajectoire que nous avions prévue. Nous avons fait baisser les effectifs de 500 équivalents temps plein en un an. Nous avons signé avec l'ensemble des syndicats de France Télévisions un accord social historique qui va fonder ce que sera l'entreprise de demain. À partir du moment où toutes les entreprises séparées ne forment plus qu'une et qu'il y a un statut commun des personnels, nous devons pouvoir rationaliser et faire d'importants gains de productivité.

    Allez-vous présenter un nouveau plan de départs volontaires de 650 personnes?

    Nous allons présenter dans un mois un plan de départs volontaires. À l'issu de ce plan, vers 2015, nous devrions avoir atteint un effectif d'environ 9700 équivalents temps plein. Aujourd'hui, l'ambiance sociale est au dialogue et à la négociation avec tous les syndicats.

    Le groupe est dans une impasse financière. L'État a réduit les moyens et les recettes publicitaires baissent. Il va manquer 300 millions d'euros d'ici à 2015, date du retour à l'équilibre des comptes. Comment faire?

    Aujourd'hui, il y a deux actions. D'une part, nous avons un plan d'économies de gestion et de structure. Dans le groupe, il y avait cinq grosses structures et toute une série de filiales. Cela entraînait des superpositions. D'autre part, nous devons faire des choix très précis de programmes et nous avons négocié la réduction de coûts de certains programmes de flux de 10% grâce à des audits. Dans la fiction, nous sommes en train de travailler avec les producteurs pour faire des séries plus longues, ce qui implique une industrialisation de la production et donc une baisse des coûts. C'est un élément important pour la filière qui doit acquérir la capacité de rivaliser sur ce point avec la fiction américaine.

    Quelles économies dans les programmes?

    Nous avons dépensé, en 2012, 420 millions d'euros dans la création, dont 270 millions d'euros dans la fiction. Ce montant va mécaniquement baisser, car nos obligations sont indexées sur nos recettes. Mais le but n'est pas de réduire cette dépense, il s'agit de faire en sorte qu'avec une même somme, nous puissions faire plus. Si nous parvenons à faire baisser le coût de la fiction, nous pourrons développer des fictions en journée là où nous n'en avons pas.

    France Télévisons fait face à des idées reçues. Les audiences s'effondrent, l'entreprise est impossible à réformer, et il y a trop de directeurs. Que répondez-vous?

    En 2012, les audiences des chaînes du groupe ont progressé grâce à une belle année électorale et aux Jeux olympiques. En 2013, avec l'arrivée des six nouvelles chaînes de la TNT qui ont pris 3% de l'audience globale, l'audience du groupe a baissé de 6,5%, ce qui se situe dans la moyenne des autres concurrents. Avec la signature de l'accord social, nous avons démontré que nous pouvions faire évoluer la grille sociale, les modes de rémunération et la gestion globale de l'entreprise. Enfin, j'ai commencé à réduire l'équipe dirigeante en supprimant les postes de directeur de chaîne. Maintenant, grâce à la constitution de l'entreprise unique, nous allons pouvoir simplifier les structures.

    Autre idée reçue, France 3 n'a pas d'avenir. Qu'en est-il?

    France 3 se redresse. L'antenne nationale offre des programmes à succès avec de belles fictions, Midi en France qui fonctionne bien et des Racines et des ailes qui bat ses records d'audience. Et, en région, les équipes ont fait un travail considérable de rationalisation qui a permis une réduction significative de l'emploi non permanent. Pour l'avenir de France 3, la ministre Aurélie Filippetti va réunir un groupe de travail cet automne et nous allons discuter d'une nouvelle organisation en phase avec les besoins des régions et la politique de décentralisation.

    Pourquoi plaidez-vous pour un élargissement de la redevance?

    Le gouvernement a décidé de s'emparer de la question de la modernisation de la redevance. Il ne faut plus lier le paiement de la redevance à la seule possession d'un téléviseur mais à la possession de tout appareil permettant de recevoir des images. Puisque l'audiovisuel public est au cœur d'un monde numérique, il faut inscrire cette redevance dans le monde numérique. France Télévisions a un modèle économique mixte avec de la redevance et de la publicité dont le maintien en journée au-delà de 2015 devrait être confirmé par la loi audiovisuelle.

    Quel est l'état de vos recettes publicitaires?

    Nous avions prévu des recettes publicitaires de 340 millions d'euros pour 2013. Mais elles sont affectées par la crise et elles baissent plus vite que le marché, car sans publicité après 20 heures nous ne pouvons pas offrir des écrans puissants aux annonceurs.

    Votre mandat s'achève en juillet 2015. Quel sera le visage de France Télévisions à cette date?

    Il nous reste deux ans pour mener à bien quatre chantiers. Le premier, c'est de réussir le virage numérique, cette transformation de l'entreprise au service de l'ensemble de nos concitoyens quels que soient leurs moyens d'accès aux images, mais aussi de les faire davantage participer grâce à l'interactivité et aux réseaux sociaux. Le deuxième, c'est de transformer l'entreprise grâce à une nouvelle organisation du travail. Le troisième, c'est le plan Information 2015 qui consiste à rassembler les moyens des rédactions au profit d'une offre d'information plus riche et diversifiée. Enfin, nous avons le chantier de la production de fictions.

    Serez-vous candidat à votre propre succession?

    La question ne se pose pas aujourd'hui, car je suis complètement engagé dans le processus de réforme. Le bilan global de France Télévisions et de ses équipes est positif. Nous avons franchi beaucoup d'étapes ces derniers mois, et il y en a encore à franchir.

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  • Bienvenue au Livre-Hôtel !

    C'est le palace qui fait fureur à Manhattan : au Library Hotel, chaque étage et chaque chambre sont consacrés à des oeuvres littéraires. L'écrivain Gaspard Koenig y a dormi. Il raconte

     

    De notre envoyé spécial à New York
    Ce pourrait être la bibliothèque de Babel telle que Borges la rêvait, d'interminables galeries de livres suspendues à des hauteurs vertigineuses. Situé au coeur de Manhattan, à l'angle de Madison Avenue et de la 41 e Rue, le Library Hotel offre l'unique exemple au monde d'un hôtel intégralement conçu sur le modèle d'une bibliothèque. Chacun des douze étages correspond à un domaine de connaissances particulier ( langues, sciences, arts, littérature, histoire, etc. ), qui se décline ensuite, selon les chambres, en différents thèmes : ainsi, le 9 e étage, « Histoire », comprend les chambres « Biographies », « Géographie », « Histoire d'Asie », « Océanographie », « Histoire ancienne » et « Histoire contemporaine ». Une bibliothèque située à côté du lit est garnie d'un échantillon de 50 à 100 livres relatifs au sujet choisi. L'heureux occupant de la chambre « Biographies » aura tout le loisir de méditer les vies de George III, de Margaret Thatcher ou de Joe Di Maggio. La numérotation des 60 chambres de l'hôtel s'inspire comme de juste des principes de la classification décimale Dewey, ce système bien connu des habitués des bibliothèques qui consiste à répartir les ouvrages en 10 classes générales notées de 000 à 900, puis à opérer autant de divisions et de subdivisions que nécessaire en rajoutant des indices : notre chambre « Biographies », numéro 900. 004, sera donc un sous-ensemble de la section 900, « Histoire ». Dans l'hôtel, tout le monde trouve son compte à ce petit jeu arithmétique : les romanciers vont réviser leurs classiques en 800. 002, les avocats préparent leurs procès en 300. 006, les matheux bûchent en 500. 001. Les érudits consultent des encyclopédies en 1000. 003, tandis que les superstitieux, leurs voisins, déchiffrent leurs almanachs en 1000. 004. Les hypocondriaques se plongent dans des livres de médecine en 600. 004, et les insomniaques cherchent le remède à leur mal en 1100. 001 devant les traités de logique formelle. Les jeunes couples peuvent s'instuire en 800. 001, l'équivalent de la salle que les habitués de la bibliothèque Richelieu surnomment « l'Enfer ». N'oublions pas les enfants, envoyés en 500. 005 pour tout savoir sur les dinosaures, ou en 800. 005 pour lire le dernier conte à la mode. L'hôtel se trouve sur le Library Way, cette rue qui mène à la New York Public Library, la célèbre bibliothèque de la ville. On peut l'apercevoir depuis certaines chambres, en même temps que Madison Avenue, qui s'étire à perte de vue vers les deux extrémités de Manhattan. Tout autour, les gratte-ciel surplombent l'hôtel d'une bonne trentaine d'étages, créant cette sensation d'apesanteur si typique de Midtown. L'esprit se perd dans les livres, et les livres se perdent dans les perspectives démesurées de la Nouvelle Babylone. Si la bibliothèque est infinie, demandait Borges, possède-t-elle un catalogue ? Réponse dans la « Chambre des Chambres », la 1000. 001, consacrée précisément aux bibliothèques. « Mise en abyme » : à ces altitudes new-yorkaises, l'expression prend tout son sens. Sous ses grands airs métaphysiques, le Library Hotel reste cependant un lieu intime et confortable, répondant idéalement à la définition du boutique hotel : un établissement de luxe aux dimensions modestes, aménagé sans tape-à-l'oeil. La décoration intérieure, conçue par Andi Pepper, lui donne des allures de club anglais : tons crème, portes en bois, cuir matelassé au mur et sur les fauteuils, poignées de cuivre imitant celles des tiroirs de bibliothèque. Le choix du bois de mahogany, précieux, lourd et sombre, renforce cette atmosphère feutrée, presque confinée, si propice à la lecture ; seuls des bouquets de bambous et d'orchidées brisent par touches délicates l'austérité de l'ensemble. L'immense bibliothèque du hall, garnie de vieux livres aux reliures travaillées, donne d'emblée le ton : c'est un hôtel à découvrir par temps de pluie. Les différents salons de lecture invitent à la déambulation. Au 2 e étage, une longue pièce au bout de laquelle trône un piano quart-de-queue abrite une dizaine de bibliothèques murales, où les livres sont entassés dans un riant désordre. Le matin, une mère de famille assez pincée y lit « le Misanthrope » en prenant son petit déjeuner ; plus tard, dans la soirée, un avocat venu pour un congrès feuillette le dernier polar de John Grisham lors de la traditionnelle collation « vin et fromage ». Au 13 e étage, on trouve dans le « Cabinet des Ecrivains » quelques irréductibles solitaires enfoncés dans des fauteuils en cuir, et à demi assoupis, un livre sur les genoux, devant un feu de cheminée artificiel. Si l'on résiste à cette aimable torpeur, ce sera pour prendre la direction du « Jardin de la Poésie », situé juste en face ; une élégante véranda tout en verre et osier où l'on peut voir des professionnels de la pub plongés dans les oeuvres de Keats, de Coleridge ou de Thomas Hardy. En ratissant les chambres, les couloirs et les bibliothèques communes du Library Hotel, on réunirait au bas mot 6 000 livres, soit tout de même six fois plus que la célèbre librairie de Montaigne. Et l'on aurait devant soi le contenu d'un formidable grenier de grand-mère new-yorkaise, où l'on pourrait trouver aussi bien de vieux classiques dépareillés ( enfin l'occasion de relire Plutarque et Grotius !), des contemporains à succès ( Tom Wolfe le disputant à John le Carré ), des livres d'art ( de la sculpture rococo à l'inévitable Claude Monet ) que des ouvrages nettement plus improbables et souvent fascinants : les archives de la cour d'appel de New York de 1926, le catalogue de Sotheby's pour l'année 1987, les douze volumes de l' « Encyclopédie Britannica », « l'Interprétation des rêves » de Freud, un recueil des plus belles histoires de marins, le dictionnaire des termes géographiques, la recension des ventes aux enchères internationales en 1990, « Art et miracles dans la Byzance médiévale », un album animalier en japonais, et même le glossaire chinois-anglais des termes de la mécanique et de la métallurgie. C'est cet aspect fourre-tout qui confère au Library Hotel son charme le plus authentique. Achetés au petit bonheur chez Strand, l'immense librairie de New York, et régulièrement renouvelés, les livres circulent dans l'hôtel sans aucun contrôle, au point que quelque 200 sont volés chaque année. L'hôtel-bibliothèque ne possède pas de catalogue : aucun livre n'est indispensable. Il leur suffit de faire nombre. Quant au lecteur, il peut enfin en toute bonne conscience lire des navets, feuilleter des inventaires, ou se contenter de regarder les couvertures. Malgré ce thème omniprésent de la bibliothèque, qui va jusqu'à substituer au classique « Do not disturb » le signe « Let me read », le Library Hotel n'est pas un hôtel littéraire tel que Paris peut en offrir ( que l'on pense par exemple à l'H ôtel Pont-Royal ). On n'y trouvera guère de jeune auteur, la mèche au vent, d'éditeur en campagne ou de cocktails de remise de prix. Sa clientèle est essentiellement constituée d'hommes d'affaires, de publicitaires, d'avocats, de designers, et aussi de couples en voyage de noces, très intéressés par la chambre « Amour ». A l'image de tous les palaces internationaux, le Library Hotel fonctionne en partie comme un lieu de conférence pour cadres dirigeants. Ceux-ci disposent, au niveau du Penthouse, d'une salle de réunion qui, malgré son nom évocateur d' « Inspiration Room », ressemble à tous les bureaux d'entreprise. Le concept de l'hôtel reste avant tout marketing, et son milieu naturel celui du business. Son fondateur, Henry Kallan, n'a rien d'un bibliophile passionné ; il nous a d'ailleurs confessé ne jamais lire pour son plaisir. En revanche, il représente une des figures les plus achevées de l'American dream : débarqué en 1967 de Tchécoslovaquie, il fut d'abord employé comme simple groom, puis gravit peu à peu tous les échelons de la hiérarchie hôtelière jusqu'à créer son propre groupe, qui comporte à présent quelques-uns des hôtels les plus réputés de New York ( Giraffe, Casablanca, Elysée, Gansevoort ). Décidé à ouvrir un nouvel hôtel, Kallan remarqua un vieil immeuble de bureaux délabré en face de la New York Public Library, puis décida avec son architecte Stephen B. Jacobs de tenter l'aventure d'un Library Hotel. Celui-ci ouvrit ses portes en août 2000, et connut rapidement un immense succès, au point de figurer aujourd'hui en 5 e position dans le célèbre classement du site tripadvisor. com. Comme le dit Kallan : « Je savais que je tenais quelque chose de spécial , mais je n'aurais jamais imaginé que l'hôtel allait conquérir les coeurs de tant de voyageurs venus du monde entier. » Dans la bibliothèque de Babel, tout le monde finit par devenir lecteur. Ainsi, dans l'hôtel, les livres bougent, vivent, s'échangent. On les retrouve dans toutes les mains, délivrés de ce respect excessif dont les Français les entourent trop souvent. Ils découvrent, eux aussi, l'American way of life.

    Library Hotel, 299 Madison Avenue at 41 e Street, New York City, www. libraryhotel . com. Réservations : ( 001 ) ( 1 ) 212-983-4500 . Tarifs : de 289 à 589 dollars.

    Né en 1982, normalien, Gaspard Kœnig a publié en 2004 un premier roman très remarqué, « Octave avait vingt ans » (Grasset), qui lui a valu le prix Jean-Freustié, et, en 2006, « Un baiser à la russe ».



    Gaspard Koenig

    Le Nouvel Observateur - 2221 - 31/05/2007


    Source:http://livres.nouvelobs.com/p2221/a345941.html
  • Les trésors cachés des Journées du Patrimoine

    Par Claire Pérez - Le 11/09/2012

    VoLes trésors cachés des Journées du Patrimoine

    Avec une moyenne de onze millions de visiteurs chaque année, les Journées du patrimoine demeurent le rendez-vous culturel de la rentrée. Pour cette 29e édition, les 15 et 16 septembre, musées, lieux, professionnels et amateurs dévoilent leurs « Patrimoines cachés ».

    Secrets d’histoire

    © OtteChâteau de Chantilly, © OtteAnciennement dénommée « Journées portes ouvertes des monuments historiques », la manifestation met toujours l’accent sur le récit des lieux.

    • Le Domaine de Chantilly ouvre les portes du salon du Roi, habituellement fermé, pour y exposer plusieurs œuvres en cours de restauration, dont « La Vierge à l’enfant » de Carlo Cignani. 
    • À l’Institut de France, visite de la Coupole, de la bibliothèque Mazarine (la plus ancienne de France) et des cours du Palais, ensemble qui fut dessiné par Louis Le Vau, architecte de Versailles. 
    • Place à l’antiquité au Musée français de la carte à jouer d’Issy les Moulineaux : des figurants costumés remontent le temps pour jouer aux Romains et aux Gaulois, le tout complété par une conférence de l’archéologue Maurizio Silenzi sur la bataille de Lutèce en -52. 
    • Plus contemporain, le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation à Lyon prépare sa réouverture du 16 novembre prochain en conviant le public sur son chantier. Les plus hardis pourront choisir de faire un parcours citadin sur les traces de la Seconde Guerre mondiale. 
    • Et si vous rêvez de voyager dans l’univers en gardant les pieds sur terre, les « Histoires minuscules de l’espace » à l’Observatoire de l’espace du CNES sont pour vous. Dans ce programme, on pourra aussi découvrir des récits patrimoniaux, comme ceux de la construction de la base de Kourou en Guyane, passés inaperçus à l’époque.

    Ouvertures exceptionnelles au domaine de Chantilly les 15 et 16 septembre. Château : 10h à 18h et parc 10h à 20h (dernier accès 1h avant)
    Ouverture de l’Institut de France le 16 septembre de 10h à 18h
    Musée français de la carte à jouer d’Issy les Moulineaux 
    CHRD de Lyon : Réservation obligatoire au 04 78 72 23 11 ou chrd@mairie-lyon.fr :
    Parcours Lieux secrets de la Résistance le 15 à 10h, le 16 à 15h (départ place Colbert, durée 2h), Parcours Dans les pas de Jean Moulin le 15 à 15h (départ du CHRD, durée 2h30), Parcours Lieux de la répression le 16 à 10h (départ du CHRD, durée 2h)
    Exposition Histoires minuscules de l’espace au CNES les 15 et 16 de 11h à 19h, entrée libre et gratuite
     

    Le bal des curiosités

    © Les Films ArianeCinema Paradiso, © Les Films ArianeCoulisses, intérieurs, réserves : plus aucun secret n’est gardé.

    • Les Archives de Paris organisent l’exposition « Secrets d’archives », l’occasion de découvrir des documents insolites ou méconnus, en même temps qu’ouvre le nouveau site des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine. 
    • Autre ouverture, celle des Archives départementales de Nanterre, qui présentent l’exposition « Archives & Patrimoine cachés ou l’abécédaire des Hauts-de-Seine ». 
    • Archives également au Centre Pompidou, qui expose dans le forum des documents sur son concours d’architecture, qui retracent la genèse de ce bâtiment emblématique du XXe siècle. 
    • Dans un autre genre, la Bibliothèque nationale de France offre au public de découvrir des espaces rarement montrés, des trésors issus des collections et des démonstrations par les ateliers de restauration. 
    • Place au cinéma, au Studio 43 de Dunkerque, qui fait visiter gratuitement la cabine de projection (et ses projecteurs 35 mm), en compagnie d’un projectionniste, avant de repasser le grand classique de Giueseppe Tornatore, Cinema Paradiso, où le héros découvre lui aussi les mystères d’une salle de cinéma.

    Exposition « Secrets d’archives » aux Archives de Paris 
    Exposition aux Archives de Nanterre « Archives & Patrimoine cachés ou l’abécédaire des Hauts-de-Seine »
    Animations au Centre Pompidou
    Visites de la BNF 

    Visites et projections au Studio 43

     

    Cachettes souterraines

    y. caradec via flikrStation Porte des Lilas, y. caradec via flikr Découvrir les patrimoines cachés, c'est aussi faire un voyage souterrain vers les mystères enfouis.

    • Dans la famille des candidats au Patrimoine mondial de l’Unesco, la grotte Chauvet, témoignage de l’invention de l’art 15 000 ans avant Lascaux, ne pourra jamais être ouverte au public, pour des raisons de conservation. Une perte pour le public ? C’était sans compter la création d’une réplique, à quelques kilomètres de la vraie grotte, projet que présente le Musée de l’Homme « Hors les Murs » dans la Grande Galerie de l’Évolution à Paris. 
    • Rendons justice à la RATP, honnie par un nombre incalculable de franciliens, qui propose douze animations originales, à commencer par le grand jeu de piste « L’enquête du M, le testament caché de M. Bienvenüe », parrainé par Stéphane Bern. Les visiteurs, en cherchant un trésor dissimulé par le père du métro parisien dans un coin du réseau, découvriront des lieux souterrains méconnus. Par ailleurs, la station « secrète » des Lilas, entièrement destinée aux tournages de films, sera ouverte afin que les curieux puissent visiter ses ateliers de maintenance. 

    Rencontre sur la grotte Chauvet organisée par le Musée de l’Homme, auditorium de la Grande Galerie de l’Évolution le 15 de 14h30 à 18h
    "L’enquête du M, le testament caché de M. Bienvenüe", par la RATP, ouvert à tous sans inscription, durée 2h, départ entre 9h et 15h depuis la maison de la RATP

    Trouvailles en or

    © Musée HennerJardin d'hiver - Les colonnes et le plafond à caissons, © Musée HennerEnvie d’inédit ?

    • Le musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux, inauguré le 11 novembre 2011 et déjà fort de 100 000 visiteurs, fête ses premières journées du Patrimoine. Pour l’occasion, le musée invite le public à découvrir sa collection unique en Europe sur 14-18, à travers les tenues d’époque et les jeux d’histoire, mais aussi des ateliers de sculpture dès 10 ans et un concert de l’ensemble Calliopée. 
    • Pour la première fois, le musée Henner ouvre son jardin d'hiver, qui sera intégralement rénové en 2013. Costume d'académicien de Henner (1829-1905), fauteuil d'Ingres, masque mortuaire de Géricault sont à découvrir. Le musée profitera de ce jour pour annoncer le nom de l'architecte retenu pour le projet. 
    • Idée novatrice et assez loufoque chez les habitants de Vieux-Condé, qui ont consacré leur été à cartographier leur ville, à leur façon. Le résultat de ce projet à mi-chemin entre l’art et la géographie est présenté pour les Journées, avec l’association des arts de la rue Le Boulon. 
    • Et comme le patrimoine réside aussi dans l’avenir et la jeunesse, l’équipe de Yoopies, première plateforme sociale de mise en relation de baby-sitters et parents, invite les enfants âgés de 8 à 12 ans à découvrir le métier d’entrepreneur en créant leur start-up. En association avec les « Journées du patrimoine des start-ups. »

    Activités au Musée de la Grande Guerre à Meaux
    Les trésors cachés du Musée Henner 

    « Faites la ville ! » au Vieux Condé 
    Graine d’entrepreneur, atelier gratuit le 15 septembre à 14h à la Pépinière 27

    L’esthétique politique

    © CESEEscalier monumental d'Auguste Perret au Palais d'Iéna, © CESEPériode post électorale oblige, les lieux politiques ont la cote.

    • Découvrez sous un angle différent le Ministère des Affaires sociales et de la santé : un bâtiment remarquable de style Art déco avec sa grande verrière, ses vitraux, sa frise sculptée et ses bas-reliefs. 
    • Idem pour le Palais d’Iéna, siège du Conseil Économique Social et Environnemental, construit par l’architecte Auguste Perret. Un bâtiment agrémenté d’un escalier monumental, de vingt colonnes tronconiques et de sculptures de Sarraberolles et Raysse. 
    • On n’ira pas forcément pour la décoration, mais pour la symbolique, à l’Hôtel d’Evreux, plus connu sous le nom de Palais de l’Élysée. À l’occasion les Journées, le peuple de France est invité à arpenter la Cour d’honneur, les salons de prestige, le parc et jusqu’aux bureaux du Président… 

    Visites du Ministère de la Santé
    Visites guidées au Palais d’Iéna
    Ouverture de l’Hôtel d’Evreux, Palais de l’Élysée 

    Photo : Les Journées du Patrimoine à l'Élysée en 2010 © François Bouchon/Le Figaro

    http://www.evene.fr/lieux/actualite/les-tresors-caches-des-journees-du-patrimoine-1182783.php

  • « Rossignol a prouvé que Le déclin industriel n'est pas une fatalité »

    Par David BARROUX | 22/10/2012
     
     
    Vous avez pris en 2008 les commandes d'un groupe Rossignol à la dérive. Cette marque risquait-elle de mourir ?

    Les grandes marques comme Rossignol ne meurent jamais. Les groupes peuvent disparaître, passer par un dépôt de bilan. Mais les grandes marques survivent. Elles restent ancrées dans l'esprit du grand public. Il peut s'en éloigner pendant quelque temps. Mais si les produits correspondent de nouveau aux aspirations des uns et des autres, elle ressurgit souvent très rapidement. J'ai eu l'occasion de présider il y a quelques années à la destinée de Campingaz, marque bien sûr incontournable des passionnés de nature et de camping. Elle a traversé des périodes très difficiles au travers de rachats successifs et elle aurait pu mourir dix fois. Certains me disaient : « On a fait tout ce qu'il fallait pour la faire disparaître, et on n'a même pas réussi ! »

    Une marque peut quand même se couper de ses clients ?

    La vie des marques est faite de hauts et de bas, en fonction de la pertinence des produits, de la perception de ses valeurs par le consommateur. J'ai la conviction profonde qu'il n'y a pas de problème qu'une entreprise ne puisse résoudre avec de bons produits. Les marques fortes ont de la chance car les consommateurs leur pardonnent beaucoup !

    Quand vous arrivez chez Rossignol, dans quel état est le groupe ?

    En 2005, Rossignol avait été cédé par Laurent BoixVives à Quiksilver. Sur le papier, le deal était très attractif pour l'entreprise. La complémentarité des activités était évidente, hiver vs été, textile vs matériel, Amérique du nord vs Europe, les deux groupes ayant en même temps une base de clients-détaillants assez similaire. En théorie, il y avait des synergies potentielles et de vrais échanges de savoir-faire possibles. Mais l'idée n'est souvent pas le plus difficile. La mise en oeuvre et le contrôle permanent du plan d'exécution sont incontournables et centraux dans la réussite d'un projet de ce type. Malheureusement, dans le cas de Rossignol, la « mayonnaise » n'a pas pris. Les difficultés opérationnelles se sont accumulées jusqu'en novembre 2008, date à laquelle Quiksilver a décidé de se défaire de Rossignol.

    Pourquoi ?

    Dérapage de fonctionnement des processus clefs dans le matériel : offre trop complexe, calendriers de développement produits « élastiques », dérives dans la production, offre textile peu convaincante et, pour couronner le tout, une année sans neige durant l'hiver 2006-2007. La tempête parfaite.

    Du coup, en 2008, quand vous arrivez pour reprendre l'entreprise, à la tête d'un conglomérat auquel participent Macquarie et Jarden, la situation est franchement mauvaise ?

    Oui, très mauvaise. Le groupe accusait lors de son dernier exercice fiscal au sein de Quiksilver, à fin octobre 2008, une perte nette de 68 millions d'euros et portait une dette de plus de 300 millions pour un chiffre d'affaires de 248 millions...

    Comment se redresser dans ces conditions ?

    La dette a été absorbée par le vendeur. Nous nous sommes donc retrouvés à la tête d'une entreprise aux marques mythiques (Rossignol, Dynastar, Lange, Look...), dotée d'un savoir-faire historique dans la fabrication et la commercialisation des skis, des chaussures, des fixations, mais dont les fondamentaux avaient été plutôt malmenés et qui perdait 200.000 euros par jour... Dans ce genre de situation, on n'a pas le choix, il faut aller vite. La stratégie à cinq ans, c'est juste être vivant le lendemain matin... ! Il a fallu mettre en route plusieurs dizaines de chantiers en parallèle et coordonner l'ensemble le plus rapidement possible : simplification de l'offre produits, réduction de 50 % en deux ans du nombre de modèles de skis, accent sur les nouveaux produits et l'innovation, recalage de tous les processus clefs, réduction drastique des coûts dans toutes les sociétés et tous les services du groupe.

    Vous avez aussi réduit les coûts et coupé des têtes ?

    L'équipe de management a été renouvelée avec l'objectif d'apporter des compétences nouvelles, dans tous les domaines fonctionnels tels que finance, industrie, commercial, logistique... Et puis c'est vrai on a réduit les coûts de façon drastique dans tous les secteurs de l'entreprise de 35 à 40 %, sauf dans l'innovation produit. On a simplifié nos process, on a réduit nos effectifs dans le monde de 1.600 à 1.150 personnes, dont la moitié de cette réduction en France. C'était une nécessité absolue pour remettre le groupe en piste, avec une base de coûts supportable et compatible avec les exigences de compétitivité de ce métier. Le dialogue social permanent avec les partenaires sociaux, qui ont compris l'importance d'agir, avec les autorités territoriales a permis de passer cette période difficile dans les meilleures conditions.

    Vous avez fermé des usines en France ?

    Non. Nos usines européennes et en particulier françaises sont compétitives. La main-d'oeuvre n'est pas le facteur le plus important dans le coût de nos produits, contrairement aux matières premières qui en représentent plus de 70 %. Il est important de noter que nos fournisseurs sont principalement européens et que le ski se pratique aujourd'hui à 60 % en Europe, 30 % en Amérique du Nord et 10 % dans le reste du monde. La proximité de nos marchés, de nos fournisseurs est un élément très important dans notre stratégie industrielle. C'est ainsi que nous avons décidé, il y a quelques mois, de ramener une partie de nos productions sous-traitées en Chine vers la France.

    Vous sous-traitez encore beaucoup ?

    Nous fournissons notre marché à partir de 4 sites industriels dont deux en France, un en Espagne et un en Italie, plus une base de sous-traitance en Europe de l'Est et un petit peu en Asie. La sous-traitance représente aujourd'hui 10 % des volumes de skis, 40 % des volumes de fixations et 80 % des chaussures.

    Il y a quand même une fatalité au déclin industriel français ?

    Non. Notre compétitivité à partir de nos sites français s'appuie sur trois fondamentaux. Primo, le coût : il faut bien sûr produire au meilleur coût en continuant d'investir notamment dans l'automatisation des processus et en organisant au mieux la flexibilité entre périodes hautes et basses. Mais le problème des charges salariales reste posé et il est à mon sens urgent d'y apporter une réponse forte. Secundo, l'innovation. Nous renouvelons 30 % de nos gammes tous les ans. Nous sommes en permanence à la recherche de nouvelles idées, si possible brevetables. Notre processus d'innovation est vital pour l'avenir de l'entreprise. En ce sens, le mécanisme de crédit d'impôt recherche est un facteur clef de réussite pour nous. C'est un composant essentiel de l'essence qui fait tourner le moteur de notre entreprise. Et enfin tertio, la rapidité de mise en marché. Il faut aller de plus en plus vite, de l'identification du besoin jusqu'à la mise en marché. Dans ce contexte le fonctionnement rapide et efficace de la chaîne marketing/développement/production est fondamental. La proximité géographique des acteurs est un vrai plus.

    Quelle est la stratégie du groupe aujourd'hui ?

    Nous avons passé quatre ans à redresser les comptes. Aujourd'hui, le groupe est plus petit, avec un chiffre d'affaires de 210 millions d'euros, et un résultat net positif de quelques millions d'euros. Nous reprenons des parts de marché partout. Les restructurations lourdes sont donc derrière nous. Nous sommes désormais focalisés sur le développement du matériel d'hiver, et sur celui du textile. Nous avons réorganisé et repris en main cette activité en avril 2012. Elle se développe (aujourd'hui environ 20 millions d'euros en chiffre d'affaires) et doit être un vrai relais de croissance.

    Nous sommes à la veille de la saison de ski. Est-ce que la crise affecte le marché ?

    Plus que la crise, c'est la météo qui impacte notre activité. Tous les quatre à cinq ans, et ce depuis des décennies, nous devons faire face à des hivers moins enneigés, et donc nous adapter. Nous devons gérer l'entreprise pour s'assurer qu'elle va passer cette période tendue. C'était le cas l'hiver dernier, ce qui veut dire que nos clients, comme les magasins de montagne, ont encore des stocks bien fournis. Cette année, je pense que le besoin mondial en matériel de ski devrait baisser de l'ordre de 15 %. Nous devons veiller à ne pas trop produire, en même temps qu'être prudent sur nos dépenses. Notre taille aujourd'hui nous permet de passer ces périodes de creux.

    Écrit par David BARROUX
    Rédacteur en chef

    http://business.lesechos.fr/directions-generales/strategie/0202324546221-rossignol-a-prouve-que-le-declin-industriel-n-est-pas-une-fatalite-1775.php

    Je précise que cet article n'est pas de moi (lien vers la page citée et si possible son auteur)mais que je suis auteure et que vous pouvez commander mes livres en cliquant sur les 11 bannières de ce blog

  • J'ai aimé visiter vendredi dernier:Edvard Munch, l'oeil moderne

    EXP-MUNCH.jpg

    Présentation de l'exposition,

    par Angela Lampe et Clément Chéroux, conservateurs au musée national d'art moderne.

    Edvard Munch est parfois considéré comme un artiste du 19e siècle, un peintre symboliste ou pré-expressionniste. Une idée reçue en fait aussi un artiste reclus, en proie à de violentes angoisses, dépressif, une âme tourmentée. L'exposition montre, à rebours de cette mythologie, que Munch était ouvert aux débats esthétiques de son temps, et qu'il a entretenu un dialogue constant avec les formes de représentation les plus contemporaines : la photographie,
    le cinéma et le théâtre de son époque. Il ira jusqu'à faire lui-même l'expérience de la photographie et du film, osant des autoportraits qu'il est sans doute le premier à avoir réalisés, à bout portant, en tenant l'appareil d'une main : « J'ai beaucoup appris de la photographie, déclare-t-il. J'ai une vieille boîte avec laquelle j'ai pris d'innombrables photos de moi-même. Cela donne souvent d'étonnants résultats. Un jour lorsque je serai vieux, et n'aurai rien d'autre de mieux à faire que d'écrire mon autobiographie, alors tous mes autoportraits ressortiront au grand jour. » (Edvard Munch, interviewé par Hans Tørsleff, 1930)

    EXP-MUNCH.jpgMunch était pleinement « moderne », c'est la thèse que défend cette exposition que lui consacre le Centre Pompidou, avec cent quarante oeuvres, dont une soixantaine de peintures, cinquante photographies en tirages d'époque, des oeuvres sur papier, des films et l'une des rares sculptures de l'artiste. À travers neuf thèmes, elle présente un ensemble comme il a rarement été
    possible d'en voir, associé à ses expérimentations photographiques et filmiques. Visite en neuf points :

    REPRISES
    Variantes, copies, autant de termes qui pointent un aspect essentiel dans l'oeuvre de Munch, c'est-à-dire la répétition d'un même motif. Décontextualisé, il s'apparente alors à un signe autonome. Il existe, par exemple, sept versions des Jeunes Filles sur le pont, sans compter les adaptations graphiques. Quelques chefs-d'oeuvre de sa période symboliste dialoguent aussi avec leurs reprises tardives, peintes souvent dans un style plus expressif où le contour se dissout et où la couleur s'intensifie.

    PHOTOGRAPHIES
    Comme les peintres Pierre Bonnard et Édouard Vuillard, Edvard Munch fait partie d'une génération qui, au tout début du 20e siècle, s'empare de la photographie, en amateur. Sa pratique photographique est centrée sur l'autoportrait. En dehors de quelques images d'espaces liées à ses souvenirs, l'artiste se photographie principalement pour se dévisager. Ses autoportraits photographiques trouvent ici leur vraie valeur, celle d'expérimentations visuelles.

    L'ESPACE OPTIQUE
    Munch traite de l'espace de façon très singulière : il fait souvent référence, dans son utilisation de premiers plans proéminents ou de lignes diagonales très prononcées, aux nouvelles technologies visuelles comme la photographie en relief ou le cinéma, dans leur capacité à produire des images qui sortent de l'écran pour avancer vers le spectateur.

    EN SCÈNE
    Depuis ses premiers portraits en pied, Munch s'intéresse à la frontalité des modèles qui posent comme des statues, dans une attitude hiératique et figée. Inspiré par les innovations de Max Reinhardt, fondateur des Berliner Kammerspiele, le peintre accentue sa façon d'inclure le spectateur dans l'espace du tableau. La série La Chambre verte, conçue comme une boîte
    ouverte, en témoigne. Munch ne reste pas insensible aux nouveaux effets visuels introduits par l'éclairage électrique sur les scènes des théâtres.

    REMÉMORATION
    La reprise de certains motifs, resserrée sur une période très courte, touche parfois pour Edvard Munch à l'obsession. La première sensation vécue s'imprime sur la rétine comme une image indélébile qui hante l'artiste. Il s'agit en l'occurrence de la rencontre avec le modèle Rosa Meissner en 1907 qui, sous les traits d'une Femme en larmes, apparaît sur une photographie et de nombreuses peintures, dessins, gravures et lithographies. Le peintre lui dédie même une de ses rares sculptures en bronze. Munch cherche à se rapprocher de son souvenir de toutes les façons possibles.

    DÉMATÉRIALISATION
    La dualité entre matérialité et immatérialité, une oscillation entre présence et effacement constitue un autre thème central dans l'oeuvre d'Edvard Munch. À l'instar de ses photographies, plusieurs de ses peintures les plus importantes, comme Le Soleil et La Nuit étoilée, jouent sur des phénomènes de transparence où la matière se mue en une présence fantomatique et éphémère. De la même manière, la surimpression de motifs peints évoque avec leur effet « bougé » les expérimentations sur Celluloïd, par la photographie et par le film. La dissolution des formes progresse sur certaines toiles, annonçant le tachisme d'après-guerre.

    FILM
    Lors de l'été 1927, peu après l'acquisition à Paris d'une caméra amateur et d'un projecteur, Munch filme à Dresde, Oslo et Aker. On retrouve, dans ces quatre courtes séquences, son intérêt pour la ville et sa circulation autant que pour les paysages, les portraits de ses proches et même l'autoportrait. Il adopte pour ces images un mode filmique très « gestuel », à l'opposé de l'immobilité préconisée dans la photographie amateur, en suivant des objets mobiles ou
    en réalisant des panoramiques urbains. Ses films s'apparentent davantage à des notes visuelles.

    LE MONDE RÉEL
    Edvard Munch n'est pas uniquement le peintre de l'angoisse intérieure. Grand lecteur de la presse nationale et internationale, il était aussi inscrit dans l'actualité de son temps et tourné vers l'extérieur. Une grande part de son oeuvre s'appuie sur les motifs croqués sur le vif. Beaucoup de
    ses tableaux sont inspirés de scènes saisies dans la rue, d'incidents rapportés par la presse ou la radio. Il raconte des histoires en séquences, un mode très moderne qui n'est pas étranger au traitement du fait divers.

    LE REGARD RETOURNÉ
    Depuis ses premières années jusqu'à ses dernières oeuvres, l'artiste n'a cessé de scruter son propre visage, d'observer les effets du passage du temps sur son corps et ses sens à travers ses autoportraits. Dans les années 1930, lorsqu'il est atteint d'une maladie de l'oeil – une hémorragie provoque une brusque perte de vision à droite – il peint et note au jour le jour les effets de cette dégénérescence. Sa dernière oeuvre – présentée dans l'exposition – est un autoportrait.

    En partenariat média avec :

    Expositions au Centre

    < Toute la liste

    21 septembre 2011 - 9 janvier 2012
    11h00 - 21h00

    Galerie 2Plan d'accèsPlan d'accès


    12 €, TR 9 € / 10 €, TR 8 €, selon période

    Achetez votre billet en ligne



    Nocturnes tous les jeudis jusqu'à 23h
    Fermeture des caisses à 22h

    L'exposition a été réalisée grâce au mécénat de
    et

     
    Que pensez-vous de l'exposition?

     



    Préparez ou complétez votre visite :
    Consultez le dossier pédagogique "Edvard Munch, l'oeil moderne" du Centre Pompidou.

    Album numérique "Edvard Munch" pour iPad :
    Retrouvez l'album de l'exposition "Edvard Munch, l'oeil moderne" en livre numérique sur iPad.


    Zoom haute définition, textes adaptés à la lecture, navigation par les oeuvres ou au fil des chapîtres thématiques de l'exposition et recommandation sur les réseaux sociaux : découvrez les fonctionalités de l'album numérique Edvard Munch, à télécharger sur l'App Store.


    Guide de l'exposition :
    Munch, L'œil moderne sur iPhone.



    Cette application vous fera découvrir une sélection d'œuvres majeures de cette exposition, en compagnie des commissaires.
    Ce parcours vivant de 30 minutes, ponctué de citations de l'artiste, vous fera entrer dans l'intimité des chefs-d'œuvre d'Edvard Munch.
    A télécharger sur l'App Store !

    Autour de l'événement

    http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Manifs.nsf/Actualites/B7B16198B955CF3BC1257824003508B8?OpenDocument&sessionM=2.2.2&L=1

  • ”Des mystifications littéraires”, de Jacques Finné : écrivains farceurs ou faussaires

    L'histoire des lettres abonde en mystifications, plus ou moins subtiles, plus ou moins drôles, auxquelles Jacques Finné consacre un ouvrage érudit, fruit d'innombrables lectures : 500 pages bien tassées, nourries de notes, qu'un style caustique évite de rendre indigestes. Si l'auteur puise beaucoup d'exemples dans la littérature fantastique, dont il est un spécialiste, aucun genre ni aucun siècle ne sont oubliés. Ce traducteur émérite, passionné de masques, ordonne sa moisson avec beaucoup de soin : parties, sections, chapitres, sous-chapitres... Cette classification très soignée n'empêche pas le lecteur d'être un peu désorienté, avec le sentiment d'avoir plusieurs livres dans la main.

    Mille et une traductions

    Mystifier, c'est faire passer pour vrai ce qui ne l'est pas. Prosper Mérimée, farceur à ses heures, publia en 1827 un Choix de poésies illyriques recueillies dans la Dalmatie, la Bosnie, la Croatie et l'Herzégovine. Ce recueil de vingt-huit ballades, accompagnées de commentaires historiques et de notes philologiques fut très bien accueilli, et même traduit en russe par Pouchkine. On ne voulut pas croire l'auteur de Colomba quand il affirma que c'était une blague. La supercherie ne fut officiellement établie qu'en... 1908 par un spécialiste des langues slaves.

    Un linguiste écossais, James MacPherson, s'amusa, lui, à se venger des critiques littéraires qui avaient méprisé son oeuvre en publiant entre 1762 et 1765 une masse de poésies attribuées à Ossian, "barde gaélique du IIIe siècle". Le mystificateur fut complètement dépassé par le succès de cette publication, raconte Jacques Finné : "il mit en branle un vaste mouvement d'intérêt pour les littératures celtiques et, surtout, une prise de conscience d'une nation gaélique qui devait engendrer de terribles conséquences".

    Avec Les Mille et Une Nuits, nous changeons de registre. Là, il s'agit d'un produit délicieusement frelaté. Jacques Finné passe en revue les traductions successives de ce texte oriental, d'origine inconnue, en montrant comment il n'a cessé d'être trahi, avec de bonnes ou de mauvaises intentions. Galland, homme de cour, a donné un texte admirable de clarté, de beauté et de pudeur. Le puritain Lane en a rédigé une version expurgée, pour bigotes, tandis que Mardrus a allongé et pimenté les passages érotiques, les jugeant trop fades. A l'inverse, le méticuleux Littmann s'est employé à traduire mot à mot, illustrant une vieille boutade machiste : "La traduction littéraire ressemble à une femme : belle, elle est infidèle ; fidèle, elle n'est point belle."

    On reste dans l'orientalisme avec l'affaire Elissa Rhaïs, mais pour parler cette fois d'un nègre caché. En 1919, une musulmane née en Algérie débarque à Paris avec ses enfants et son secrétaire, Raoul Dahan. Elle va publier, en deux décennies, douze romans qui feront d'elle la coqueluche des salons parisiens. Jusqu'au jour où l'on s'apercevra qu'elle n'a pas vraiment vécu dans un harem, n'est pas musulmane mais juive, que ces livres n'ont pas été écrits par elle mais par son secrétaire... Elissa Rhaïs, de son vrai nom Leila Rosine Boumendil, est d'ailleurs illettrée, comme va le découvrir avec stupéfaction son éditeur, Plon. Le plus beau, souligne Jacques Finné, est que Leila se persuada peu à peu qu'elle avait écrit elle-même ces romans et que, dans la foulée, Raoul finissait par les considérer comme les oeuvres de sa maîtresse...

    Jacques Finné ne consacre pas moins d'une centaine de pages à l'Américain Howard Phillips Lovecraft (1890-1937), qui tient une place unique dans les mystifications littéraires, comme créateur et comme gourou. Ses récits surnaturels ont fait de lui un démiurge. C'est l'inventeur d'Abdul Alhazred, auteur présumé du Necronomicon, pour lequel le British Museum reçoit encore des demandes de prêt et se voit accusé de dissimuler des grimoires maudits. A cette "source de mystifications" se sont "voluptueusement abreuvés une vingtaine d'assoiffés - sans parler des touristes de passage", souligne l'auteur. C'est la souris qui accouche d'une montagne.

    Dans l'assiette du voisin

    Naturellement, une bonne partie du livre de Jacques Finné est réservée au plagiat. Autrement dit, aux voleurs de mots ou d'idées, ces auteurs qui picorent en cachette dans l'assiette du voisin, par paresse, désir de gagner du temps, cupidité ou envie. Il définit ainsi ce délit: "Une citation sans permission, sans guillemets et sans référence."

    Certains genres (polar, science-fiction, fantastique...) s'y prêtent particulièrement. Et, après les facilités de la photocopie, c'est désormais Internet qui pousse à la faute des auteurs indélicats. D'innombrables textes circulent sur la Toile. Il suffit de copier-coller puis d'arranger un peu...

    Si le plagiat remonte à la plus haute Antiquité, les procès pour plagiat ne se sont multipliés qu'au XXe siècle. Auparavant, ces affaires ne donnaient lieu qu'à des discussions de salon, un échange de noms d'oiseaux dans les journaux ou des transactions privées. Le XIXe siècle n'a connu qu'un seul procès retentissant, en 1842, à propos d'un plagiat posthume du Manuscrit trouvé à Saragosse de Jean Potocki, qui reste l'une des grandes énigmes de la littérature.

    Le plagiat manque d'une vraie définition légale. Est-ce seulement pour cela que"ce geste odieux" trouve rarement "la punition qu'il mérite" ? La renommée de certains coupables leur confère "une forme d'immunité littéraire", remarque Jacques Finné. Les exceptions sont rares. Ainsi, Henry Troyat fut condamné pour "contrefaçon partielle" à propos de son livre sur Juliette Drouet, paru en 1996.

    "Le plagiat est la base de toutes les littératures, excepté de la première, qui d'ailleurs est inconnue", disait Giraudoux. Jorge Luis Borges va plus loin : "Toutes les oeuvres sont l'oeuvre d'un seul auteur, qui est intemporel et anonyme." Jacques Finné commente avec scepticisme : "Toute oeuvre littéraire n'existerait pas en soi, mais appartiendrait à un Grand Tout illimité où les notions de temps et d'attribution sont illusoires." C'est, selon lui, un encouragement au plagiat.

    Encore faut-il s'entendre sur les mots. Rien n'interdit de partir d'un chef-d'oeuvre pour en faire un autre, en s'y référant explicitement. Personne ne songerait à traîner en justice Michel Tournier, lecteur de Robinson Crusoé, pour avoir écrit Vendredi ou les limbes du Pacifique, lui qui a dit : "Je suis comme la pie voleuse. Je ramasse à droite et à gauche tout ce qui me plaît pour l'entasser dans mon nid. Le problème, c'est de remuer toutes ces choses hétéroclites jusqu'à ce qu'il en sorte un livre."

    En refermant l'ouvrage de Jacques Finné, on a envie de prolonger le débat. Toute fiction n'est-elle pas illusion, avec la complicité du lecteur ? Un romancier n'a pas besoin de tricher pour autant. Où s'arrête la fiction ? Où commence la mystification ?


    DES MYSTIFICATIONS LITTÉRAIRES de Jacques Finné. José Corti, "Les essais", 518 p., 25 €.

     

    Robert Solé
  • Comtesse du Luart, princesse courage

     

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    Par Hélène Carrère d'Encausse
    09/02/2011 | Mise à jour : 17:29

    Dans La circassienne, Guillemette de Sairigné consacre un livre au destin hors norme de la comtesse du Luart, née dans une famille princière du Caucase, mannequin à Paris avant de devenir une légende de l'armée française. 

     

     

    Quelle femme étonnante que l'héroïne du livre de Guillemette de Sairigné. Gali Hagondokoff, issue de la plus ancienne aristocratie de la Kabarda - petit territoire de ce Nord Caucase multiple et toujours agité - devenue Gali Bajenov par la vertu d'un mariage célébré en pleine révolution russe, et finalement Leïla, comtesse du Luart. Ces identités successives et si diverses - caucasienne, russe et enfin aristocrate française - recouvrent une personnalité puissante, dominée par une volonté d'exister à son gré jamais démentie, et une vie, ou plutôt des vies multiples.

    Gali Hagondokoff est née en 1898 dans une petite ville d'eau du Caucase, Kislovodsk, par le hasard des nominations d'un père militaire qui, aussitôt après sa naissance, emmène les siens en Mandchourie. L'enfance de Gali sera nomade, au fil des missions paternelles Harbin, Saint-Pétersbourg encore Kislovodsk. C'est là que Gali rencontre un bel officier grièvement blessé, Nicolas Bajenov, qu'elle épouse à peine sortie de l'adolescence. Fuyant avec lui la révolution et ses désordres, elle arrive à Shanghaï, lieu de rassemblement des Russes, et met au monde un fils. Mais, voyant la révolution bolchevique installée solidement en Russie, et l'espoir perdu d'y retourner, Gali, comme nombre de compatriotes, se dirige finalement vers Paris.

    Et là naît une tout autre femme. Engagée à l'instar de nombreuses aristocrates russes comme mannequin chez Chanel, elle rencontre celui qui va devenir son second mari, le comte Ladislas du Luart. Ici se place un épisode combien significatif de ce caractère surprenant. Pour donner tout l'éclat et la solennité possibles à cette nouvelle union, Gali, divorcée de Nicolas Bajenov, le déclare mort. Une veuve peut se marier à l'église catholique et la famille du mari est catholique. Et plutôt qu'Hagondokoff, nom pourtant célèbre au Caucase et en Russie, mais qui en France pourrait paraître exotique, elle préfère celui, plus simple à retenir, de son supposé défunt époux.

     

    Une entreprise impensable 

     

    Nous sommes en 1934, la mue se poursuit. Gali qui pour se marier avait choisi de se prénommer Irène, devient soudain Leïla, comme la Circassienne que rencontra Alexandre Dumas dans son voyage au Caucase, et le restera jusqu'à sa mort. Leïla comtesse du Luart, qui a naguère réussi à se sauver de la révolution, à survivre matériellement, n'est-elle pas comblée? Mais elle se découvre femme d'action, guère disposée à subir les cadeaux mais aussi les coups du destin. La guerre d'Espagne qui vient de commencer l'épouvante. La révolution va-t-elle gagner l'Europe ? Elle veut aider ceux qui s'opposent au «péril rouge» et invente pour cela un système d'ambulances chirurgicales permettant de traiter en urgence, sur place, les blessés. Elle rassemble les bonnes volontés, surtout trouve l'argent nécessaire et il en faut pour acheter et équiper ces ambulances, sillonne avec courage les zones de combat et participe personnellement aux soins des blessés, retrouvant les gestes qu'elle a vu faire par sa mère durant la Première Guerre mondiale. Gali a montré alors qu'elle était capable de mener à bien une entreprise impensable, créer de toutes pièces en le finançant un véritable système chirurgical d'urgence. Elle a montré aussi la force de ses convictions. Si par la suite elle taira cet exploit et cette période, c'est que le conformisme politique qui déjà s'instaure interdit de reconnaître qu'on a pu se retrouver aux côtés de ceux qui combattaient avec la France contre le communisme. Guillemette de Sairigné a eu le mérite de lever ce tabou.

    Mais une autre guerre mondiale va permettre à Leïla du Luart de repartir encore une fois à l'aven­ture, de se trouver cette fois-ci du bon côté et de montrer jusqu'où son courage et son esprit d'initiative peuvent la conduire. C'est d'abord la «drôle de guerre». Elle s'y est préparée, mettant de nouveau sur pied une équipe chirurgicale. La défaite qu'elle ne peut accepter la pousse ensuite vers l'Afrique puis vers l'Italie. Sa «formation d'ambulances», dont elle a réussi à préserver le statut indépendant, sera sur tous les fronts où se joue le destin de sa patrie d'adoption, y compris dans la campagne de France et enfin en Allemagne. La paix revenue, l'aventure va-t-elle s'arrêter? Peut-être aurait-elle tenté de mener la vie mondaine de la comtesse du Luart, mais la mort brutale de son unique enfant qui la brise la pousse à chercher dans l'aide à ceux qui combattent une raison de survivre. Elle ira la chercher en Algérie où la guerre commence. Ici, ce n'est pas de soigner les blessés qu'il s'agit mais d'organiser pour les jeunes appelés en permission des lieux de détente leur permettant d'oublier un moment les horreurs d'une guerre très particulière. Les «centres du Luart» y deviennent aussi populaires que l'étaient des années auparavant les «ambulances du Luart». Ici aussi, Leïla qui avance en âge mais ne perd rien de sa superbe a su financer, créer les équipes, soulager les souffrances.

     

    La légion, une seconde famille 

     

    Tout naturellement, la dernière étape de cette existence au chevet de ceux qui doivent se battre quelque part, ce sera la mythique Légion étrangère, si souvent croisée au cours des combats. Leïla retrouve ses protégés, ses filleuls du 1er Régiment étranger de cavalerie (REC) cantonné après la perte de l'Algérie à Orange. La légion sera la seconde famille de Leïla, celle qui lui restera lorsque disparaît Ladislas du Luart, le mari fidèle et patient qui l'a suivie dans toutes ses équipées sans jamais regimber. Elle retrouve sans cesse cette famille à Orange, à Paris où elle entoure et fête ses filleuls. C'est la Légion qui lui rendra les derniers honneurs aux Invalides le 29 janvier 1985. La petite émigrée kabardo-russe, aux identités incertaines, est devenue une héroïne nationale française qui a reçu les plus hautes distinctions : le général Weygand l'a citée à l'ordre de l'Armée en 1940, la cravate de commandeur de la Légion d'honneur lui a été remise par le maréchal Juin et elle est élevée à la dignité de Grand Officier de l'ordre national du Mérite. Combien de femmes ont accédé à tant d'honneurs?

    Cette femme d'exception, Guillemette de Sairigné en a conté l'épopée d'une plume alerte, appuyée sur une documentation impeccable. Elle l'a probablement révélée, même à ses proches souvent perdus dans des informations biographiques contradictoires, tel le faux veuvage. Leïla mérite d'être connue, car, au-delà d'une aven­ture fabuleuse, c'est une vie exemplaire par le courage, la dignité de l'héroïne, mais aussi par les services rendus à la patrie choisie. L'identité nationale dont on débat si fort, n'est-ce pas aussi cette adhésion passionnée à la France de Gali-Leïla?

    La circassienne de Guillemette de Sairigné, Robert Laffont, 512 p., 22 €.

     

  • Le Château de Versailles fait sa révolution

    v-17857.jpgPar Olivier Le Naire, publié le 25/06/2010 à 18:30

    Retraite rêvée des plus hauts serviteurs de l'Etat, rendez-vous obligé des people, destination immanquable de 6 millions de touristes... Versailles n'a jamais tant rayonné et attiré.

    Bertrand Desprez/VU pour L'Express

    Le mythique domaine de Louis XIV achève peu à peu sa métamorphose. Restauré à coups de millions d'euros, repensé par la com', il n'a jamais offert tant de divertissements à son nouveau roi : le public. Souvent pour le meilleur, mais pas toujours.

    Ah, s'il revenait ne serait-ce qu'une heure à Versailles ! Sans doute éprouverait-il quelque stupeur devant ces hordes de visiteurs venus d'un autre monde qui se pressent et se compressent dans la galerie des Glaces. Mais quelle fierté de voir son palais fasciner encore et toujours la planète en ce IIIe millénaire !

    Depuis sa mise en chantier, voilà plus de trois cents ans, Versailles n'a jamais tant fait rêver ni attiré de monde. Restauré, repensé, réorganisé, ce domaine qui naguère fleurait bon la poussière des siècles, la promenade du dimanche en souliers vernis, et d'où sourdait un délicieux ennui, a opéré sa métamorphose. En quinze ans, il est devenu la retraite rêvée des plus hauts serviteurs de l'Etat, le rendez-vous obligé des people. Et l'incontournable destination de 6 millions de touristes, qui déposent aux pieds du Roi-Soleil leur écot en dollars sonnants, en yens trébuchants.

    Aujourd'hui, que cela plaise ou non, à Versailles, Jeff Koons accroche des homards aux lustres du château, Sofia Coppola travestit Marie-Antoinette en rock star, Vanessa Paradis donne des concerts sur la scène de l'Opéra royal, des intellectuels dissertent au Jeu de paume sur "Internet et la démocratie". Même James Bond envisage une partie de ski nautique sur le Grand Canal, et le tournoi de Roland-Garros espère se décentraliser à l'extrémité du parc ! Nicolas Sarkozy, lui, refait le monde et ses gouvernements à la Lanterne, tandis que le Tout-Paris se rue aux vernissages d'expositions prestigieuses. Dans les bosquets, de riches mécènes, lors des soirées VIP, s'abandonnent, une coupe de champagne à la main, au chant de fontaines qui, avant leurs dons généreux, étaient aussi asséchées que nos finances.

    Signe tangible de cette révolution de palais, nombre de ministres rêveraient de troquer leur fardeau contre la présidence de ce merveilleux domaine, jadis abandonné aux mains expertes de conservateurs anonymes. Comment s'étonner que le sémillant Jean-Jacques Aillagon, actuel maître des lieux, se soit battu bec et ongles pour garder son poste ? Et Xavier Darcos pour tenter en vain de le lui rafler à la hussarde (lire l'entretien de Jean-Jacques Aillagon) !

    Oui, Versailles a changé. Tant changé, même, que ceux qui n'y ont pas mis les pieds depuis longtemps auront le sentiment de découvrir ce qu'ils croyaient connaître. Depuis la transformation du musée en établissement public, en 1995, et le lancement du schéma directeur prévoyant 390 millions d'investissements sur vingt ans, d'énormes travaux ont déjà été menés à bien. Autant grâce à l'Etat qu'aux mécènes, plus courtisés aujourd'hui que le Roi-Soleil en son temps.

    Côté château, la galerie des Glaces a été restaurée, la climatisation installée, le chauffage et les toitures ont été rénovés, le système de sécurité a été revu, l'accueil du public, amélioré et le circuit de visite, repensé. L'Opéra royal (voir notre diaporama) et de nombreux appartements ont été remis en état ou remeublés. Initiatives plus discutables et discutées, l'ancienne grille royale, détruite à la Révolution, a été restituée, les huisseries ont été repeintes en jaune, les toitures, redorées. Et la statue équestre de Louis XIV a été déplacée sur la place d'Armes.

    Côté jardin, la tempête de 1999 a paradoxalement débouché sur un miracle. Grâce aux dons du public, le parc et une partie du domaine ont été replantés en un temps record. On en a aussi profité pour restaurer le Petit Trianon et le Hameau de la reine. Après la résurrection du bosquet des Trois Fontaines - qui n'était plus qu'un champ de ronces ! - les Bains d'Apollon, rafraîchis, viennent de rouvrir. Et le bassin de Latone se prépare à son tour à un grand lifting. Sans parler des 43 kilomètres d'allées qui retrouveront bientôt une nouvelle jeunesse, toujours grâce au mécénat. Seul le Grand Trianon, en triste état, attend toujours son généreux donateur.

    Plusieurs autres chantiers majeurs sont d'ores et déjà bien engagés. Le plus important concerne le déménagement au Grand Commun, en 2012, de tous les services administratifs, qui libéreront de la place pour mieux accueillir les visiteurs. Autre projet d'envergure : le redéploiement, dans les espaces libérés par le Parlement, de l'ensemble des collections du méconnu musée de l'Histoire de France, créé par Louis-Philippe (lire l'article).

    Cette révolution, Versailles la doit à son statut. En contrepartie d'une large autonomie, l'établissement doit s'autofinancer. Donc faire venir des célébrités, des mécènes. Et trouver toujours plus d'idées, bonnes ou moins bonnes, pour attirer les touristes et les regards. C'est la loi de l'argent, la loi de la com'. La loi du siècle.

    Les grandes eaux répétées abîmeraient la statuaire

    Cela présente d'indéniables avantages pour le public, devenu le nouveau roi de Versailles. On se soucie enfin de son confort, on lui aménage des lieux d'accueil, de superbes salles à manger et - miracle ! - des toilettes décentes. Jamais il ne lui a été proposé de découvrir tant d'espaces et de trésor. Car il se passe toujours quelque chose à Versailles !

    A condition de payer, ce sont chaque week-end, en saison, les grandes eaux musicales dans les bosquets restaurés. Une merveille ! Payants aussi le domaine de Marie-Antoinette, les spectacles pyrotechniques... mais aussi les expositions, les opéras, les concerts. Un week-end ne suffirait pas à épuiser tant de plaisirs.

    Cette multiplication de l'offre n'est évidemment pas due au hasard : pour éviter l'engorgement et multiplier les recettes, l'établissement tente de répartir le public sur l'ensemble du domaine et prévoit de généraliser la réservation à horaires fixes. Ainsi, en attendant l'heure de visiter les appartements royaux, les touristes auront-ils le loisir d'arpenter le musée d'Histoire de France, les bosquets du Petit Parc, les Trianons, voire le Jeu de paume ou le parc de Marly, qui dépendent aussi, hors des grilles, de cet immense domaine.

    Si la course à la fréquentation et à la rentabilité a redonné vie à Versailles, elle a pourtant son revers. Pour nombre d'inconditionnels des lieux - dont Didier Rykner, fondateur du site culturel La Tribune de l'art, s'est fait le héraut - les grandes eaux à répétition abîment la statuaire ; certaines restaurations "clinquantes" ou des spectacles de variétés "racoleurs" trahissent la "dysneylandisation" du site. Et la perte progressive du pouvoir des conservateurs face aux politiques et aux mécènes signerait une "privatisation rampante", à l'heure où l'Etat n'a plus un sou à mettre dans ses monuments. Versailles est ainsi, à sa manière, le porte-étendard de la nouvelle politique patrimoniale.

    Jean-Jacques Aillagon, dont l'action est saluée quasi unanimement, et qui s'est démené pour attirer visiteurs et mécènes, a beau affirmer qu'il pourrait accueillir encore plus de visiteurs, est-ce bien ce qu'il faut souhaiter ? A voir.

    Pour tout savoir sur les conditions de visite du château et de son domaine, de ses dépendances, mais aussi sur les expositions, les grandes eaux, les concerts, les spectacles, les colloques, les visites conférences : www.chateauversailles.fr

    http://www.lexpress.fr/culture/art/patrimoine/le-chateau-de-versailles-fait-sa-revolution_901507.html?XTOR=EPR-618

  • Presstalis, le conflit qui mine la presse

    Par Enguérand Renault Mis à jour le 07/02/2013 à 10:32 | publié le 07/02/2013 à 07:29
    Presstalis distribue 70% de la presse et l'intégralité des quotidiens.
    Presstalis distribue 70% de la presse et l'intégralité des quotidiens. Crédits photo : BENOIT TESSIER/MAXPPP

    Le Syndicat du livre SGLCE-CGT a bloqué la parution des quotidiens plus de trente fois depuis l'annonce d'un plan de restructuration de Presstalis en septembre, n'hésitant pas à user de l'intimidation physique et à détruire des journaux. Le gouvernement devrait nommer un médiateur.

    «Il va falloir que vous voyiez mon cadavre pour réagir!» s'exclame un kiosquier en pleurs. Privé de tous les quotidiens mercredi, ce vendeur de journaux est aussi privé de tout chiffre d'affaires. Car les jours de non-parution des quotidiens, les lecteurs se détournent des points de vente, même pour acheter des magazines. Or, depuis le mois de septembre 2012, date du début du conflit entre Presstalis (le distributeur de 70 % de la presse et de l'intégralité des quotidiens) et les ouvriers du livre SGLCE-CGT, on a comptabilisé près de 30 jours de non-parution partielle ou totale des quotidiens.

    Du coup, c'est le monde de la presse qui est à bout. Les lecteurs sont excédés et le font savoir. Les grands éditeurs de presse perdent environ 300.000 euros de revenus chaque jour de non-parution, alors même que leur situation écono­mique est délicate. Pire, les titres les plus fragiles, dont Libération, qui vit essentiellement des ventes au numéro, mais surtout L'Humanité, sont au bord du gouffre. Le gouvernement est mobilisé. Lors de ses vœux à la presse, le 16 janvier, le président de la République, François Hollande, avait clairement mis les ouvriers du Livre en garde contre les abus du droit de grève qui mettent en péril la liberté d'informer. Le gouvernement pourrait nommer un médiateur d'ici à la fin de la semaine. Il y a ­urgence, car le conflit s'envenime.

    En octobre, les éditeurs de presse, l'État et Presstalis avaient trouvé un accord pour sauver le distributeur d'un dépôt de bilan. Chacun devait mettre la main à la poche pour renflouer Presstalis, qui, de son côté, s'engageait à faire une grande purge dans ses effectifs pléthoriques. Un plan qui coûterait plus de 200 millions d'euros. Près de 1250 emplois doivent être supprimés en trois ans, soit la moitié des 2500 salariés. Cela donne une idée des sureffectifs!

    Des cadres étonnament nombreux, payés jusqu'à 7000 euros

    La clé du problème est simple. En dix ans, le volume de journaux à acheminer chaque jour a diminué de 25 %. Or, dans le même temps, les effectifs de Presstalis sont restés constants. Ce qui explique que l'entreprise creuse chaque année ses pertes. Aucun gain de productivité n'a été fait. Ainsi, depuis la modernisation des imprimeries, le comptage des paquets de journaux se fait automatiquement. Mais il y a toujours des employés de Presstalis pour regarder passer ces paquets toute la nuit!

    L'activité de Presstalis est celle d'un logisticien qui vient prendre les journaux à la sortie des imprimeries pour les répartir dans les 27.500 points de vente à travers la France. Mais, différence de taille, cette activité est assurée, depuis 1945, par le Syndicat du livre CGT, qui a le monopole de l'embauche et a signé une convention collective qui assure des salaires particulièrement généreux. «Pas du tout, se défend Marc Norguez, secrétaire général du SGLCE-CGT, majoritaire chez Presstalis. Les ouvriers gagnent 2600 euros net par mois sur treize mois pour un travail de nuit, de week-end et dans des conditions pénibles.» C'est effectivement le salaire de base des ouvriers. Mais il faut y ajouter les primes d'ancienneté, de travail de nuit, de casse-croûte, de pénibilité, de jours fériés… ce qui, au final, représente un salaire de trois fois à trois fois et demie le smic brut (4200 à 5000 euros) ! Sans compter que chaque jour férié et chaque nuit travaillée ouvrent droit à une journée de récupération. Enfin, le taux d'encadrement chez Presstalis est étonnamment élevé. Et ces cadres sont payés de quatre à cinq fois le smic brut (5700 à 7100 euros) en moyenne. Résultat, le coût d'un employé de Presstalis équivaut à nettement plus du double de celui des employés d'un autre logisticien, et son temps de travail est nettement inférieur de moitié. Presstalis tente actuellement de reclasser ses salariés dans d'autres entreprises, mais les différences de salaires sont trop importantes.

    Outre les dépôts en province, Presstalis compte 450 employés à son siège et 350 personnes dans ses centres parisiens. Les négociations sur le sort des salariés du siège et de la province pourraient rapidement aboutir. En revanche, le blocage est complet sur les centres parisiens, qui cristallisent tous les problèmes. Presstalis veut concentrer les trois centres en un seul à Bobigny, sous-traiter totalement la gestion des magazines à Geodis et faire passer les effectifs de 350 à 120 personnes, avec, à la clé, des indemnités de départ d'au minimum 100.000 euros en moyenne par personne. Le tout permettrait d'économiser 22 millions d'euros par an. «Nous rejetons ce plan et ne sommes pas dans une logique de négociation. Nous allons poursuivre les actions de blocage», explique Marc Norguez, qui s'insurge contre la sous-traitance des magazines et propose que deux centres de traitement soient conservés et qu'une cinquantaine de postes seulement soient supprimés grâce à des mesures d'âge. La situation est ubuesque. Presstalis multiplie les plans de départ depuis des décennies. Il y en a eu en 1994, 2000, 2004, 2007 et donc en 2013. Les précédents plans, financièrement extrêmement généreux, permettaient à leurs bénéficiaires de partir avant l'âge de la retraite, tout en restant payés par le groupe. Du coup, la pyramide des âges chez Presstalis montre aujourd'hui une majorité d'employés jeunes. Et, monopole d'embauche oblige, la plupart des employés actuels sont les enfants, les neveux, les cousins… des employés partis avec un chèque de 200.000 euros en moyenne lors du plan précédent!

    Battes de base-ball, marteaux et rails de chemin de fer

    Trop jeunes pour partir en préretraite, trop payés pour se reclasser, les salariés actuels de Presstalis n'ont plus rien à perdre. D'où la radicalisation du mouvement et la violence des actions. Mercredi, 300 ouvriers ont tenté de bloquer le centre de Bonneuil, géré par Geodis pour la distribution des magazines. En septembre 2012, 200 ouvriers avaient déjà débarqué dans ce centre avec des battes de base-ball, des barres à mine et des marteaux. Ils l'avaient mis à sac et avaient même démonté les rails de chemin de fer appartenant à la SNCF. Enfin, pour s'assurer qu'aucun magazine ne serait commercialisé, ils les avaient arrosés avec des lances à incendie. Depuis, le centre est sous protection policière. Un autre soir, un éditeur prévenu d'une grève dans la distribution avait décidé de ne pas imprimer les journaux. Coup de fil immédiat d'un responsable du syndicat: «Si vous n'imprimez pas, nous ne pourrons pas détruire les journaux. Imprimez, sinon la grève sera prolongée.» Des exemplaires ont donc été sortis pour être détruits! Et les éditeurs ne portent presque jamais plainte. Car toute plainte serait suivie de mesures de rétorsion encore plus violentes. Et les groupes de presse n'ont plus les moyens financiers d'engager un bras de fer long et coûteux avec le syndicat.

    Ils savent qu'il serait possible de mettre en place des circuits de distribution alternatifs à Presstalis et deux fois moins coûteux. Mais les autres logisticiens et les répartiteurs pharmaceutiques qui pourraient effectuer ce travail sont terrorisés à l'idée de transporter des journaux. Et aucun groupe de presse ne veut prendre le risque de quitter Presstalis, ce qui entraînerait immédiatement l'effondrement du système et donc celui de la presse.

    LIRE AUSSI:

    » Les marchands de journaux dénoncent une «prise d'otage»

    » Presstalis: les éditeurs dénoncent le blocage

  • Votre ressenti sur les participations au Café Thé n° 95 - Votre plus belle action... AUQUEL JE PARTICIPE

    Pour ce 95ème Café Thé, je vous ai proposé de broder autour du thème des Belles Actions, de nous raconter une Belle Action que vous avez réalisée, ou qui vous a ému(e).  Cela peut-être de l'aide, un encouragement, des félicitations ou autre, offerts, à (ou reçus d') un parent, un ami ou un inconnu...

     

    Les consignes étaient : Ecrivez, rimez, dessinez, brodez, scrappez, chantez, délirez, faites ce que vous voulez... Faites nous rire ou pleurer...

    Si vous êtes blogueur, ne publiez pas votre texte avant le résultat des votes (le 1er mai 2018)

     

     

    Que vous soyez blogueur ou pas, envoyez moi votre participation 

    avant le 31 mars 2018 à ecureuilbleu33@live.fr...

    Au plaisir de vous lire...

     

     

    Vous êtes 3 à avoir participé.

     

     

    J'ai remplacé le module habituel de vote par un autre système destiné à mettre plus en valeur les différentes participations.

     

    Il s'agit maintenant d'évaluer chaque participation, sur les critères : originalité, qualité de la réalisation, adéquation avec le thème, émotion ressentie, jusqu'au 30 avril 2018, en utilisant le module en bas de l'article.

    L'ascenseur sur la droite permet de faire défiler toutes les participations. Après avoir évalué chaque critère pour chaque participation, n'oubliez pas de cliquer sur "FIN".

     

    Toutes vos suggestions et remarques, sur les critères ou les différentes évaluations seront les bienvenues.

     

    Participation n° 1 : La main tendue

     
    Un jour d'automne 1966
    Il a plu AVERSE...
    Passer entre les gouttes, mission impossible !
    Alors je suis arrivée, à vélo,
    Trempée comme une soupe
    A mon école...
     
    Jupe plissée à sécher
    Bottines et chaussettes idem
    Sous le tablier
    J'étais en petit bateau... 
    Petite culotte quoi !
     
    A la cloche de midi
    Toujours rien de sec
    A chanter l'archiduchesse... !
     
    Une famille de pauvres filles
    (Dont l'une dans ma classe)
    Restait manger
    Dans un coin de la cantine
    De leur pain
    Et bol de soupe, payant...
     
    D'habitude, je rentrais chez moi
    Mais ce jour-là, à demie nue... !
     
    Les moins riches sont partageurs,
    Ni une ni deux
    Je fus des leurs, dans leur coin,
    Le coin des « maladies » honteuses... !
     
    Une tartine,
    De peu
    Une soupe,
    Offerte...
    Ce geste m'est resté
    Comme l'un des plus beaux
    Moments de ma vie...
     
    La vie, la vraie
    N'est-ce pas cela au fait...
     
    Merci à Ingrid, et à ses soeurs.
     
     

    Participation n° 2 : Ma plus belle action

     
    Ma plus belle action, c' est de t' avoir suivi ce soir -là en Champagne
    Puis en Haute Savoie où j ai découvert notre première entreprise
    C' est à dire la première que je te voyais diriger de main de maître
    SI l 'admiration fait partie de l 'amour, j' ai commencé à t' aimer
     
    Ma plus belle action, ça a été  de faire avec toi certains de tes allers- retours
    Entre la l' usine de Haute Savoie, l' usine de Picardie où j' ai connu ta famille
    Que je remercie de m' avoir adopté et d' être vraiment  leur jolie fille
    Il y avait encore la champagne ou j' avais des études et une famille
     
    Ma plus belle action, c' est d avoir quitté avec toi ma terre champenoise
    Qui aurait pu être ma chute et ma tombe; vive cette usine nordiste
    Qui nous a valu ta prise d otages, des mois sans gaz et l' incendie
    De notre maison mais  notre construction d' amour était plus forte
     
    Ma plus belle action, c' est d' être descendue en terre ariégeoise
    Une nouvelle usine, nous traversions presque toute la France pour voir les nôtres
    Dont certains reprochent aussi notre absence, où étaient ils lorsque
    Nous avons rebrousser chemin en dessous de paris pour aider ma grand mère?
     
    Ma plus belle action, c' est d' être remontée en Haute Loire, découvert St Etienne
    T' avoir épousé, une si belle usine aux savoirs immémoriaux puis ton chef d œuvre
    Que tu t' es battu comme un lion pour la sauver, j ai pleuré lorsque l usine
    A été dispersée aux enchères  et notre appartement réduit en ruines
     
    Ma plus belle action, ça a été d' assister à la naissance de ton usine marocaine
    À Casablanca, nous l' avons v monter de terre, les embauches, la première
    Production, ton investissement et mon admiration puis la chute presque
    La perte de tout ce qu' 'on avait, le retour honteux en France
     
    Ma plus belle action, ça a été de bâtir des fondations d amour assez fortes
    Pour te soutenir jusqu' à ta dernière usine, tout donner au textile
    Tout en m' aidant à reprendre des études de lettres par correspondance
    Mes quatorze livres, mon métier de professeur documentaliste

    Participation n° 3 : Le vieux rosier... 

    Je suis un vieux rosiers qui  pendant des années  a offert de grosses belles roses  parfumées .Des roses anciennes comme moi!
    Ma propriétaire est  malheureusement partie ,il y a quelques années .Sa fille qui habite loin  vient rarement prendre soin de moi .

    Mais une petite fenetre de la maison d’à coté donne sur  mon joli feuillage . Au printemps la voisine  est venue me voir et me tailler quelques branchages pour que je reparte sur de bonne base .Quand trop de roses commence à me faire souffrir ,elle arrive et me soulage de quelques fleurs .Elles dit quelles sentent merveilleusement bon.

     . A l’automne elle veille à ce que je ne subisse pas de plein fouet les aléas de l’hiver ...
    Mais l’été dernier la propriétaire est venue pour vendre la maison  ,et c’est occupée du jardin . Me trouvant trop vieux avec mes grosses racines et mon énorme tronc .Elle me scia et m’arracha de mon coin de terre ou je me trouvais depuis tant d’année . Je me retrouvais dans un sac noir et j’entendis que j’allais partir à la déchetterie je ne savais pas ce que c’était mais je ni voyais rien de bon . 

    Quelques jours plutard toujours dans ce sac   je reconnu la voix de la voisine ,enfin! j’étais  sur qu’elle allait intervenir ...
    Sans comprendre ce qu’elle disait ,je me senti baloté  .Ma voisine  mis  mes racines dans l’eau  me trouva son plus gros pot  . En attendant dit’elle et pour voir comment j’aillais réagir moi si beau si prolifique .

    Tout cet hiver je me suis  fait oublier .J’ai concentré mes forces pour lui donner l’espoir que je pouvais repartir ,du coup ces derniers jours elle c’est aperçue toute contente  que j’avais réussi à faire quelques pousses ,et ma récompensé en me donnant  de l’engrais .Pour l’instant comme on nous annonce du froid je suis à l’intérieur c’est une première pour moi !
    Mais je dois vous laissez car je dois me concentrer ,pour remercier Françoise je ne lui ferais peut être pas de roses cette année mais je ferais tout pour et au cas ou je suis sur qu’elle vous fera des photos .

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  • Comme toutes les fins de semaine, je lis la presse papier:

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    2021-08-05

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    https://www.darchitectures.com/les-jardins-parisiens-alphand-a4310.html

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    https://www.la-croix.com/Culture/dante-aligheri-poete-ecrivain-italien-italie

    https://www.la-croix.com/JournalV2/horizon-justice-2021-07-29-1101168388

    https://www.la-croix.com/Culture/Face-mont-Canigou-chambre-cire-creusee-2021-07-29-1201168467

    https://www.la-croix.com/Culture/Saint-Michel-Cuxa-floraison-romane-marbre-rose-2021-07-29-1201168473

    https://www.la-croix.com/Debats/Semi-conducteurs-rupture-stock-2021-08-04-1201169399

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Larmee-syrienne-sattaque-poche-rebelle-Deraa-2021-08-05-1101169411

    https://www.la-croix.com/Religion/Patrimoine-religieux-Lyon-association-sauver-madones-2021-08-08-1201169911

    https://www.lejournaldesarts.fr/patrimoine/le-mata-mua-de-gauguin-restera-en-espagne-155464

    https://www.la-croix.com/Culture/RTL-ouvre-archives-cent-ans-radio-2021-08-05-1201169487

    https://www.lopinion.fr/

    https://www.lopinion.fr/edition/international/questions-qui-fachent-5-france-peut-elle-compenser-perte-puissance-251253

    https://www.lopinion.fr/edition/international/pourquoi-macron-fait-resolution-crise-liban-affaire-francaise-251274

    https://www.lesechos.fr/

    https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/8-mois-apres-bilan-mitige-pour-lindice-de-reparabilite-1336892

    https://www.lesechos.fr/pme-regions/auvergne-rhone-alpes/le-plus-puissant-synchrotron-mondial-se-niche-a-grenoble-1336785 une ville qu'on a aimé

    https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/bitcoin-le-fmi-met-en-garde-contre-lutilisation-des-cryptos-comme-devise-officielle-1337028

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/thales-en-passe-de-vendre-ses-activites-de-signalisation-ferroviaire-au-japonais-hitachi-1336748

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/a-new-york-la-vaccination-obligatoire-ne-provoque-pas-la-fronde-des-restaurateurs-1337468

    https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/liban-macron-promet-100-millions-deuros-daides-et-500000-doses-de-vaccin-1336867

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/vaccin-covid-19-bruxelles-signe-un-contrat-avec-novavax-pour-200-millions-de-doses-1336954

    https://www.lesechos.fr/idees-debats/en-vue/laurent-fabius-enfin-president-1336958

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/hydrogene-pourquoi-la-france-peut-y-croire-1336983

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/pourquoi-la-partie-nest-pas-encore-perdue-pour-lindustrie-eolienne-francaise-1336993

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/immobilier-btp/restaurer-la-merveille-du-mont-saint-michel-un-chantier-de-lextreme-1336917

    https://www.leprogres.fr/

    https://www.lemonde.fr/

    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/07/ils-veulent-nous-parler-a-travers-mon-pere-sauver-la-musique-concentrationnaire-la-mission-du-fils-d-aleksander-kulisiewicz_6090835_3451060.html

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/08/05/en-afrique-du-sud-arnaques-crimes-et-botanique_6090572_3212.html

    2 de nos dernières découvertes à deux

    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/04/a-saint-paul-de-vence-la-fondation-maeght-un-bestiaire-au-milieu-des-pins_6090560_3451060.html

    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/07/29/a-vence-la-chapelle-du-rosaire-un-tresor-cache-signe-matisse_6089900_3451060.html

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/05/le-variant-delta-un-defi-a-la-politique-chinoise-de-tolerance-zero-face-au-covid-19_6090615_3244.html

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/05/loi-anti-squat-un-premier-bilan-encourageant_6090571_3224.html

    https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/08/04/les-tresors-retrouves-de-louis-ferdinand-celine_6090546_3260.html

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/08/05/le-plasticien-bertrand-lavier-a-la-bourse-du-commerce-je-ne-sors-pas-indemne-de-cette-experience_6090594_3246.html

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/08/04/plein-sud-un-reseau-artistique-pour-separer-le-bon-grain-de-l-ivraie-en-provence_6090523_3246.html

    https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2021/08/06/the-beatles-le-monde-est-a-eux-sur-arte-huit-jours-par-semaine-dans-la-beatlemania_6090788_1655027.html

    https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2021/08/06/afghanistan-les-marchands-des-vallees-sur-france-5-a-la-rencontre-de-chauffeurs-intrepides-et-d-une-hirondelle_6090780_1655027.html

    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/07/diderot-se-moque-de-la-frivolite-feminine_6090818_3451060.html

  • Le tourisme, fleuron de l'économie croate

    L’entrée de la Croatie dans l’Union, le 1er  juillet, correspond à une période de redéfinition de ses priorités. 

     
    4/7/13
    Dubrovnik, haut lieu du tourisme, accueille de 200 000 à 300 000 visiteurs par jour en pleine sai...
     

    Dubrovnik, haut lieu du tourisme, accueille de 200 000 à 300 000 visiteurs par jour en pleine saison.(Catherine RECHARD/SIGNATURES)

    Parmi elles, l’enjeu économique du tourisme.

     

    Avec cet article

    Village d’Orasac, à une quinzaine de kilomètres au nord de la ville très touristique de Dubrovnik. Seul le chant des criquets rompt le silence dans ce village paisible installé sur les hauteurs. Entre les murets de pierre et la végétation méditerranéenne, des escaliers mènent à la route principale puis à une petite plage de galets avec ses gros rochers et quelques bateaux amarrés. En face, l’eau turquoise de la mer Adriatique et une petite île rappellent la tranquillité et le charme de la côte croate à l’état brut, à l’écart des grandes villes comme Split ou Dubrovnik.

    Son cadre idyllique, ses prix bon marché et sa proximité – quelques heures à peine par vol – des grandes capitales européennes, font que les parents de Djana n’ont aucun problème à louer leurs chambres l’été. « Regardez autour de vous ! C’est parfait, non ? » sourit la jeune mère de famille. « On a commencé il y a cinq ans et ça marche de mieux en mieux. On est inscrits sur plusieurs sites Internet (dont un français), le bouche-à-oreille fonctionne bien. En tout cas entre juin et septembre. » 

    Du nord au sud de la côte croate, depuis l’Istrie et jusqu’à Dubrovnik, les panneaux « chambres » s’enchaînent le long des routes : en plus des hôtels et campings, nombreux sont les habitants à faire chambre d’hôtes durant la saison estivale. « Cela ne nous permet pas d’en vivre toute l’année, mais c’est un bon complément de revenus, surtout quand on a déjà le terrain ou une maison vide », assure Djana.

    La culture traditionnelle mise en avant

    Quelques maisons plus loin, Mato et son épouse font aussi chambre d’hôtes. « On loue une partie de la maison aux touristes depuis le milieu des années 1980. C’est comme une tradition dans la région. » Après la guerre (1990-1995), le tourisme a peu à peu repris, avant de considérablement se développer ces dernières années. Finaud, Mato a eu l’idée de faire visiter son atelier de production d’huile d’olive. « On a une presse traditionnelle vieille de plus de deux cents ans, qui fonctionne à l’aide de notre cheval. » 

    Ces visites s’adressent en particulier aux groupes de touristes en quête d’authenticité qui, au cours de leur croisière, font un arrêt par Dubrovnik. « On attend un groupe d’Américains cet après-midi, annonce-t-il. Après la visite, ils auront aussi droit à une dégustation de plats traditionnels, c’est ma femme qui cuisine. » 

    En 2012, près de douze millions de touristes ont visité la Croatie – trois fois la population du pays. Allemands, Slovènes, Autrichiens et Italiens assurent près de la moitié du nombre total de visiteurs étrangers. Parmi les destinations les plus prisées figurent l’Istrie, dans le nord du pays, et l’ensemble de la côte dalmate. « On assiste aussi à une demande émergente de la part des pays de l’Est, comme la Pologne », explique à Zagreb Neven Ivandic, docteur en économie à l’Institut pour le tourisme.

    Un quart des touristes chez des particuliers

    Plus de 11,8 millions de touristes ont visité la Croatie en 2012, cela représente 42 % d’augmentation par rapport à 2002. En 2012, 88 % des touristes étaient étrangers, le tiers étant venus en voyage organisé. Près de 18 % étaient allemands, 10,2 % slovènes, 9,1 % autrichiens, pour 4 % de Français. Le quart des touristes avaient fait le choix de séjourner chez des particuliers (chambres d’hôtes ou appartements). 

    Dans le sud du pays, Dubrovnik et sa vieille ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979 est l’une des villes les plus attirantes de la Croatie. « Ici, la structure des touristes est un peu différente, affirme Jelka Tepsic, de l’office du tourisme de la ville. On a beaucoup plus de Britanniques et de Français ; et énormément de passagers de croisières puisqu’on se trouve à mi-chemin entre Venise et la Grèce. » En pleine saison, les petites ruelles sont noires de monde. La ville peut recevoir un million de passagers de croisière par an,  200 000 à 300 000 touristes d'un jour et 700 000 pour au moins quelques nuits,  alors qu’elle ne compte que 45 000 habitants.

    L’entrée dans l’UE : une aubaine pour développer le tourisme 

    Pour fluidifier le tout et rendre le séjour des visiteurs le plus agréable possible, les autorités portuaires ont limité le nombre quotidien de bateaux de croisière accueillis et l’office du tourisme organise de nombreuses excursions d’un jour au Monténégro (dans les bouches de Kotor par exemple), en Bosnie (à Mostar) ou dans des petits villages croates autour de thématiques artisanales comme la production traditionnelle d’huile d’olive chez Mato.

     La ville et l’office de tourisme essaient aujourd’hui d’élargir la saison afin de faire venir les visiteurs tout au long de l’année, et non plus seulement de mai à septembre. « Faire de Dubrovnik une ville pour toutes les saisons reste étroitement lié aux vols directs des compagnies aériennes : les routes ne sont pas très bonnes, et l’autoroute qui longe la côte ne descend pas (encore) jusqu’à nous. De fait, 80 % des touristes qui visitent Dubrovnik viennent par avion. » Jelka Tepsic espère que l’entrée dans l’Union européenne incitera les compagnies aériennes à ouvrir davantage de vols. 

    Si les habitants reconnaissent volontiers qu’ils fuient la vieille ville l’été – autant pour éviter les masses de touristes que pour ne pas subir les problèmes de stationnement –, ils sont peu nombreux à critiquer vraiment la situation, en tout cas à le faire ouvertement. « Ce serait compliqué de s’en plaindre, reconnaît un marin croate. La ville tout entière vit du tourisme ! » 

    Les menus des restaurants sont généralement présentés en quatre langues au moins (anglais, français, allemand et italien) ; les agences touristiques sont omniprésentes ; sans oublier les commerces, marchands de glaces et nombreuses boutiques de souvenirs. 

    Le tourisme, un secteur qui ne connait pas la crise

    Plusieurs lycées et instituts sont également spécialisés dans l’hôtellerie et la restauration pour former les professionnels de demain. « Le seul problème, souligne toutefois Milan Peric, responsable du département tourisme à la mairie, c’est qu’il s’agit aujourd’hui de notre seule activité… alors qu’on n’est jamais à l’abri d’une catastrophe. On devrait essayer de développer un autre secteur d’activité. » 

    Jusqu’à présent, le tourisme est l’un des rares secteurs de l’économie de la Croatie à avoir progressé malgré la crise. Il représentait en 2012 près de 12 % du produit intérieur brut et 13 % des emplois. La contribution totale du tourisme (comprenant les secteurs indirects et conséquences induites) dépasse 25 % du PIB. C’est bien plus que la moyenne de l’Union européenne (3 % du PIB, 2,8 % des emplois), que l’Italie (4,8 % des emplois) ou l’Espagne (5,2 %) (1). « Quand l’économie d’un pays est autant dépendante du tourisme qu’elle l’est en Croatie, avance Rochelle Turner, du Conseil mondial pour le voyage et le tourisme, il faut à la fois protéger ce secteur pour en faire quelque chose de durable mais aussi s’assurer de renvoyer une bonne image du pays en évitant tout ce qui pourrait lui nuire, comme ce qui se passe en ce moment en Turquie ou au Brésil. » 

    L’entrée du pays dans l’Union européenne devrait ainsi lui faire gagner des points en termes de bonne image, et lui donner une plus grande visibilité. Mais les touristes en provenance de l’UE représentent déjà 80 % des visiteurs actuels, et les autorités ne s’attendent pas à une véritable hausse dans les années à venir. Elles espèrent, en revanche, davantage de connexions aériennes directes avec les grandes capitales européennes… assez peut-être pour compenser la perte des touristes ukrainiens et russes qui devront, eux, désormais, présenter un visa pour entrer dans le pays, alors qu’ils en étaient jusque-là dispensés.

    SOPHIE GUESNE (à Dubrovnik)

     
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    La Croatie, nouvel État européen

  • Jean-Baptiste Say L’autodidacte entrepreneur

    Par Daniel Bastien | 13/08 | 03:00 | mis à jour à 12:01
     
     

    Touche-à-tout passionné, l’autodidacte de l’économie politique a nourri son œuvre d’expériences et de concret en traversant une des périodes les plus mouvementées de l’Histoire de France. Inventeur du concept d’« entrepreneur », il a lui-même « mis les mains dans le cambouis » en devenant chef d’entreprise. Théoricien et professeur au Collège de France, il a été ami et inspirateur des grands libéraux de son temps.

    Albert Harlingue/Roger-Viollet
    Albert Harlingue/Roger-Viollet

    On peut être tout à la fois le plus grand économiste « classique » français du XIXe siècle, et aussi un personnage atypique et plutôt attachant. Comme Jean-Baptiste Say… Un rien amnésique, l’Histoire a un peu passé par pertes et profits son inventivité, son originalité, la force de ses convictions, la célébrité qu’il a connue de son vivant, et tout simplement son héritage : pour le grand public, son nom reste au mieux attaché au très renommé lycée de la rue d’Auteuil dans le XVIe arrondissement de Paris… On lui doit pourtant le concept d’« entrepreneur » ou même, en écho lointain de ses travaux, le fameux slogan « Travailler plus pour gagner plus », rappelle Jean-Pierre Potier, professeur en sciences économiques à l’université Lumière Lyon-II.

    A sa décharge, le théoricien de la fameuse « Loi des débouchés » est un rien difficile à cerner. La faute à ses multiples drôles de vies, dans une époque de déconstructions-reconstructions : avoir vingt-deux ans quand éclate la Révolution française et connaî­tre successivement la Terreur, le Directoire, le Consulat, l’Empire, la Restauration et la monarchie de Juillet – le tout sur fond de révolution industrielle naissante – peut expliquer bien des virages… De soubresauts politiques en bonnes ou mauvaises fortunes familiales, le voilà donc grouillot de maison de commerce, puis employé de banque, auteur de théâtre, membre influent d’un groupe d’intellectuels, engagé dans l’armée révolutionnaire, journaliste, homme politique, chef d’entreprise, professeur au Collège de France, ou encore cofondateur de la première école de commerce au monde, l’Ecole spéciale de commerce et d’industrie, devenue aujourd’hui l’ESCP Europe. Un vrai touche-à-tout. Et un pont permanent entre expérience et théorie, qui, dès quinze ans, tâta de l’économie, vite devenue le « fil rouge » de cette vie quelque peu décousue. « Les chats ne font pas des chiens », dira-t-on, en notant un fort atavisme familial : ces huguenots de Florac, puis de Nîmes, puis exilés, à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, à Genève, en Angleterre ou aux Etats-Unis, ont pendant des générations été marchands drapiers. Jean-Etienne, son père, était négociant en soie à Lyon avant de devenir courtier de banque et agent de change à Paris, et de fonder une des grandes dynasties bourgeoises françaises. Son frère Louis, le catholique de la famille, fut quant à lui fondateur de la compagnie sucrière Louis Say et Cie après avoir été courtier de commerce à Paris et industriel cotonnier à Abbeville. Différence de taille avec son industrieuse ou financière parentèle, toutefois : « L’ambition de Jean-Baptiste Say n’a jamais été de s’enrichir, rappelle André Tiran, professeur à l’université Lyon-II, il a choisi l’activité libre du scientifique quel qu’en soit le prix. » De ses ancêtres protestants, il a à l’inverse hérité d’un caractère bien trempé : « Il est de la race des rebelles », ajoute son ­biographe Gérard Minart.

    Une éducation décalée

    Clin d’œil du destin, le petit Jean-Baptiste, aîné de quatre fils, est né le 5 janvier 1767 à Lyon, alors la capitale française de l’industrie. Les activités de son père sont prospères et les Say vivent confortablement sur le très huppé quai Saint-Clair (aujourd’hui quai André-Lassagne) dans le quartier des affaires lyonnais. Il y reçoit une curieuse éducation décalée qui le marquera à vie. Ouvert, l’horizon de Jean-Etienne Say ne se borne pas au commerce et le père veut éviter au fils l’emprise des écoles traditionnelles. Jean-Baptiste se retrouve ainsi auprès d’un oratorien fou de physique expérimentale… et vraisemblablement à l’origine de son penchant pour l’observation et le « concret ». Sa formation se poursuit sur le même air comme interne à Ecully, près de Lyon, dans l’institution de deux drôles d’Italiens, Giro et Goratti, en guerre contre les préjugés et adeptes des méthodes nouvelles d’enseignement. Cette éducation pleine de lacunes, mais riche des idées du temps, tournera court. Les affaires de son père périclitent, le contraignent à monter à Paris et à se reclasser dans la banque.

    Pour Jean-Baptiste, qui a quinze ans, la messe est dite : il se formera désormais sur le tas. D’abord comme apprenti dans une maison de commerce, puis, à dix-huit ans, deux années durant en Angleterre. Chez des grands commerçants de Croydon traitant avec les Antilles et les Indes, le jeune stagiaire parfait son anglais mais va surtout assister, enthousiaste, aux bouleversements d’un pays travaillé par une révolution technique et industrielle inédite. C’est en 1785 que la machine à vapeur est introduite dans l’industrie britannique… à cette même époque, l’économie politique et le libéralisme économique s’insinuent dans l’esprit de Say. Il allait en devenir un des premiers apôtres.

    Retour à Paris en 1787. Il a vingt ans. Commence alors pour lui un incroyable enchaînement de métiers et de circonstances qui, tout au long d’un parcours­ qui ne connaît toujours pas la ligne droite, le conduiront à la postérité. La chance est au rendez-vous : il entre comme employé de banque chez Etienne Clavière. Ce financier protestant genevois, qui deviendra ministre des Finances en 1792, l’introduit dans le groupe des Girondins et lui met surtout entre les mains « La Richesse des nations » d’Adam Smith. Une « révélation » qui décidera de sa vocation d’économiste. Pour l’heure, l’incorrigible vibrion profite de cette position enfin stable pour donner libre cours à sa passion pour le théâtre (il a écrit sa première pièce à treize ans, « Le Tabac narcotique », inspirée d’un fait divers, puis les très prosaïques « La Tante et le Prétendu » et « Le Curé amoureux ») ou s’intéresser à la presse (il publie en 1789 une brochure, « La Liberté de la presse », puis s’occupe du « Courrier de Provence », le journal de Mirabeau). Libéral et républicain convaincu, il soutient surtout la Révolution dans les cercles d’artistes, d’écrivains et de penseurs. Avec eux il s’engagera dans la campagne de l’An II et sera victorieux à la bataille de Valmy. Mais la Révolution est une broyeuse : la Terreur évince les Girondins et provoque le suicide de Clavière. Nouveau tournant : Say sera journaliste ! Rédacteur en chef et patron, de 1794 à 1799, de la revue du groupe des Idéologues, « La Décade philosophique, littéraire et politique » qui promeut les idées nouvelles, il y croise alors tout ce que l’époque compte de grands noms. La politique n’est pas loin… La revue soutient le Directoire et le coup d’Etat du 18 Brumaire. Say devient proche de Bonaparte. C’est lui qui lui dresse la liste de livres à emporter lors de son expédition d’Egypte, et c’est sans surprise qu’il sera nommé en 1799 député au Tribunat, l’une des 4 assemblées du Consulat, où il siège au comité des Finances.

    Say est à son affaire. L’économie politique est désormais au cœur de ses fonctions et de ses préoccupations. Il formalise ses idées dans son « Traité d’économie politique », publié en 1803, qu’il conçoit lui-même comme une sorte de vulgarisation – souvent critique – du livre d’Adam Smith. Ce coup d’essai est un grand succès de librairie : l’ouvrage connaîtra pas moins de quatre rééditions de son vivant et des tirages exceptionnels traduits dans de nombreuses langues.

    Ses idées sont en place. Il continue à les nourrir de ses expériences et de ses correspondances avec Ricardo, Malthus – des amis –, Sismondi, ou Thomas Jefferson – le président des Etats-Unis et fervent admirateur. « On n’est jamais mieux gouverné que lorsqu’il n’y a pas de gouvernement », « l’impôt doit être le plus petit possible », disait-il tout de go. Pour lui, l’Etat est nécessaire au respect de l’Etat de droit, et nocif au-delà. Partisan d’un système économique de la libre concurrence et du « laisser-faire » – ce qui en fait pour certains le père de l’ultralibéralisme –, sa plus célèbre réflexion est la Loi des débouchés, dite « loi de Say ». Une théorie de l’offre souvent résumée par la formule « l’offre crée sa propre demande » : « Quand un entrepreneur perçoit un marché, il décide de produire et distribue donc du pouvoir d’achat à ses salariés, ce qui crée de la demande » ; donc « plus les producteurs sont nombreux et plus les productions sont multiples, plus les débouchés sont faciles », traduit Jean-Pierre Potier. Autres convictions novatrices de l’économiste, que son singulier parcours a rendu industrialiste : l’entrepreneur, comme l’innovation, est au centre du système ; les « services » font partie de la production ; et la valeur d’un produit reflète son utilité et donc sa demande, et non ses coûts de production. L’intellectuel en fera vite l’expérience in vivo…

    Censure et éviction

    Bonaparte ayant exigé la réécriture de la partie de son traité soutenant le libre-échange au profit du protectionnisme et des bienfaits de l’intervention de l’Etat, Say lui opposa vertement une fin de non-recevoir. La rupture, violente, lui valut en 1804 l’éviction du Tribunat, la censure de la seconde édition de son traité, et l’interdiction de toute fonction journalistique. Méprisant le placard doré que lui offrait le pouvoir, il prit un virage radical en se lançant, plus que jamais praticien de l’économie, …dans l’entreprise.

    Comme à son habitude, il n’y est pas allé de main morte. Il apprend d’abord à manier les machines à tisser du Conservatoire national des arts et métiers, puis acquiert un couvent abandonné à Auchy-lès-Hesdin, dans le Pas-de-Calais, et fonde une filature actionnée par le révolutionnaire moteur hydraulique. Tout sauf un hasard. Say l’avait constaté de ses propres yeux : le coton avait été « la locomotive de la révolution industrielle anglaise », « son déclencheur », rappelle Gérard Minart. L’entreprise est un succès : elle compte rapidement 400 salariés, rayonne sur la région et produit un fil rivalisant avec les plus réputées productions d’outre-Manche. Mais le libéral est une fois de plus rattrapé par le protectionnisme de Napoléon, qui précipite en 1812 la crise de l’industrie cotonnière et contraint­ Say à mettre la clef sous la porte.

    Cette forte expérience ne sera pas perdue. En 1815, le théoricien publie son « Catéchisme de l’économie politique », puis se lance – enfin – dans l’enseignement. C’est l’Athénée royal, une institution intellectuelle parisienne très courue, qui lui met le pied à l’étrier pour des cours d’économie où il se rode et où le Tout-Paris se bouscule déjà. En 1819, il inaugure le premier cours d’économie politique en France au CNAM. En 1830, le Collège de France crée pour lui une chaire d’enseignement de cette discipline qu’il a toujours rêvé de populariser dans les classes moyennes et jusque dans les lycées. Il y enseignera jusqu’à sa mort, en 1832.

    En tâtonnant, le petit grouillot devenu membre de la plupart des académies d’Europe et la référence universitaire la plus populaire aux Etats-Unis a finalement tenu son pari : imposer l’économie politique comme une science en soi, précurseur des « sciences économiques » de la fin du XIXe siècle. Sa postérité personnelle bouclera de son côté la boucle du destin familial : son fils Horace sera lui aussi professeur au CNAM et au Collège de France, et membre de l’Institut ; et deux de ses petits-fils honoreront la lignée des drapiers de Lozère : l’un sera régent de la Banque de France ; l’autre, auteur d’un « Nouveau Dictionnaire d’économie politique », sera ministre des Finances sous la IIIe République.

    Daniel Bastien
     
     
  • Doris Lessing, une romancière engagée

    Home CULTURE Livres
      • Par Bruno Corty
      • Mis à jourle 18/11/2013 à 12:07
      • Publiéle 17/11/2013 à 18:18
    Doris Lessing.

    Doris Lessing. Crédits photo : /©Lebrecht/Leemage

    La Prix Nobel 2007 est décédée à l'âge de 94 ans. Militante féministe, anticolonialiste et antiapartheid, elle avait traité les réalités africaines au travers de romans autobiographiques

    Elle était née sous le nom de Doris May Tayler, le 22 octobre 1919, dans l'ancienne Perse devenue Iran. Ses parents, Alfred Cook Tayler et Emily Maude McVeagh, étaient deux victimes de la Grande Guerre. Lui, ancien capitaine dans l'armée britannique, avait laissé une jambe au cours des combats. Elle, avait perdu son grand amour au cours du même conflit. C'est en soignant le soldat Tayler que cette infirmière d'origine irlando-écossaise vit son destin basculer. Deux ans après sa naissance, Doris eut un petit frère, Harry. La famille s'installa à Téhéran où le père travaillait pour la Banque impériale de Perse. «J'étais une enfant très perturbée, ultrasensible, confessera-t-elle plus tard. J'aurais pu dire que c'était parce que ma mère aimait mon frère et pas moi, mais c'est tellement ­banal. Je pense que mon mal-être tenait davantage du discours répétitif de mon père sur la guerre.» La romancière ­racontera la vie de ses parents en 2008 dans Alfred et Emily (Flammarion).

    En 1924, les Tayler quittèrent Téhéran et s'installèrent dans le sud de la Rhodésie, une colonie britannique rebaptisée Zimbabwe en 1980. Le père voulait faire fortune en cultivant maïs et tabac et en cherchant de l'or. Ses rêves furent déçus. Les moustiques, omniprésents, attaquaient les enfants, et Doris souffrit de malaria, de dysenterie, à une époque où les antibiotiques faisaient défaut. En revanche, elle jouissait d'une liberté de mouvement absolue, d'un sentiment de sécurité «qui n'existent plus nulle part de nos jours».

    Élevée et éduquée à domicile par sa mère, elle fut ensuite envoyée dans une école catholique de Salisbury, en Angleterre. Après quatre années chez les sœurs, elle finit par se prendre de passion pour la religion catholique, au grand dam de sa protestante de mère. Laquelle lui raconta, par le menu, le sort réservé aux protestants par l'Inquisition. De ce jour, la fillette perdit la foi.

    À 14 ans, sa santé recouvrée, elle quitta l'école, voyagea en Afrique australe et se mit à dévorer les classiques de la littérature, de Proust à Virginia Woolf, en passant par Dickens, Tolstoï, Tchekhov. L'écriture devint une autre passion et elle réussit à vendre deux nouvelles à un magazine sud-africain. Tout en continuant à écrire, elle occupa le poste d'opératrice téléphonique à Salisbury. Mais déjà elle rêvait de Londres. Sans moyens financiers, elle se résolut à prendre son mal en patience. Elle épousa, en avril 1939, Frank Charles Wisdom, avec qui elle aura un fils, John, en 1942 et une fille, Jean, un an plus tard.

    Prises de position antiapartheid

    À Salisbury, elle fit la connaissance de plusieurs anciens pilotes de la Royal Air Force désabusés qui avaient épousé la cause du communisme: «Pour la première fois dans ma vie, je rencontrais un groupe de personnes qui lisaient tout et ne pensaient pas que lire était quelque chose de remarquable. C'était l'ambiance de nos rencontres qui me plaisait avant tout.» Proche des idées communistes, Lessing ne rejoignit le Parti qu'en 1952 et le quitta quatre ans plus tard. Son mariage étant un échec, elle divorça en 1943 et laissa, chose rare à l'époque, la garde des enfants à son mari. La même année, elle se remaria avec Gottfried Anton Nicolai Lessing, un Allemand communiste.

    «C'était un devoir révolutionnaire d'épouser quelqu'un dont les origines, durant la guerre, risquaient de lui créer de graves problèmes.» Ils eurent un enfant, Peter, en 1946, et son mari repartit pour l'Allemagne de l'Est. Longtemps après leur divorce, elle découvrit, après son assassinat en Ouganda en 1979, qu'il avait sans doute été un agent du KGB.

    En 1949, elle arriva enfin à Londres avec son fils et se lança dans une carrière littéraire. «À l'époque, dira-t-elle plus tard, il était beaucoup plus facile de ­devenir écrivain en Angleterre qu'aux États-Unis, la pression étant moins forte. Personne ne s'attendait à une réussite exceptionnelle et vivre dans la pauvreté n'était pas un péché.» Elle ajoutait que le fait d'avoir à élever un enfant avait été une bénédiction, en l'empêchant de mener une vie dissolue.

    Son premier roman, The Grass Is Singing, l'histoire d'une femme de fermier en Rhodésie du Sud, dépressive et fascinée par un employé noir qui finira peut-être par l'assassiner, parut en 1950. Il sera traduit en France chez Plon, trois ans plus tard, sous le titre Vaincue par la brousse . La profondeur psychologique et la maturité de cette première fiction furent saluées par la critique. Le livre (et plusieurs autres par la suite, comme le recueil de nouvelles African Stories, Nouvelles africaines, paru chez Albin Michel) fut considéré, à tort selon Lessing, comme une histoire sur le racisme. On y découvre, en fait, une vision complexe des rapports entre Blancs et Noirs, Anglais et Hollandais, une étude sur la violence et la soumission, la fierté et l'humiliation, la confrontation des cultures. La petite fille de la nouvelle «Le Vieux Chef Mshlanga», double de l'auteur, écrit: «C'est mon héritage aussi ; j'ai été élevée ici ; c'est mon pays aussi bien que celui de l'homme noir ; et il y a suffisamment d'espace pour nous tous, sans que nous ayons à nous bousculer les uns les autres pour nous contraindre à céder le passage.»

    Les écrits de Doris Lessing et ses déclarations déplurent au gouvernement blanc de Rhodésie, qui la déclara persona non grata, bientôt suivi par celui d'Afrique du Sud, fâché par ses prises de position antiapartheid. Lessing ne retournera sur les terres de son enfance qu'en 1956. Une terre qui ne cessera jamais de l'obséder. Dans un essai paru en 1992, African Laughter: Four Visits to Zimbabwe, la romancière déplorait la perte de toute vie sauvage, la destruction d'une nature qui avait illuminé ses jeunes années.

    Après son premier livre, Lessing entreprit d'écrire une série de romans ambitieux, The Children of Violence (Les Enfants de la violence), dans lesquels elle racontait la vie d'une femme, Martha Quest, fille de fermiers blancs installés en Afrique australe à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Son regard sur la condition féminine annonçait The Golden Notebook  (1962), autre entreprise romanesque ambitieuse qui lui vaudrait l'admiration des féministes et de la critique littéraire. Ce livre ne fut traduit en France qu'en 1976 ( Le Carnet d'or, Albin Michel), mais il obtint le prix Médicis étranger.

    Féministes «horribles avec les hommes»

    On l'aura compris, l'Afrique, le colonialisme et la cause féministe sont les trois grands thèmes de cette œuvre qui comprend aussi des ouvrages de science-fiction (la série Canopus in Argo, écrite entre 1979 et 1983), des recueils d'essais et de poèmes. À chaque sortie de livre, Doris Lessing désarçonne la critique, suscite la polémique par ses déclarations. Pourtant, cette femme engagée refusa toujours de se laisser cataloguer. «Je déteste cette étiquette qu'on me colle volontiers dans le dos. Je suis un écrivain, c'est tout. Et je n'appartiens à aucun camp. J'aime trop la vérité!» martelait-elle dans la presse. En 2001, au Festival du livre d'Édimbourg, la vieille dame suscita l'émoi en déclarant que les féministes étaient devenues «horribles avec les hommes (…) constamment humiliés et insultés par des femmes stupides, ignorantes et méchantes».

    Refusant d'être anoblie par la reine, elle accepta pourtant de recevoir le prix Nobel de littérature, qui lui fut décerné le 11 octobre 2007. Elle prit la distinction, décernée sur le tard (elle avait presque 88 ans), avec humour: «Ils ont pensé, là-bas, les Suédois: celle-là a dépassé la date de péremption, et elle n'en a plus pour longtemps. Allez, on peut le lui donner !» Quelques jours plus tard, elle créait la polémique en déclarant, dans El Pais, à propos des attentats terroristes du 11 septembre 2001: «Ça a été terrible, mais si on se repasse l'histoire de l'IRA, ce qui est arrivé aux États-Unis n'a pas été aussi terrible que ça.»

    Le 28 novembre 2007, l'Académie suédoise annonçait que la lauréate ne pourrait se rendre à Stockholm recevoir son prix, pour raison de santé. Son ­discours, préenregistré, fut retransmis le 7 décembre. Et cette fois, pas de provocation mais une magnifique causerie sur la place du livre et le rôle des conteurs dans nos sociétés championnes «de l'ironie et du cynisme» et dans les ­sociétés les plus pauvres, notamment l'Afrique.

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      Doris Lessing, une romancière engagée

      La Prix Nobel 2007 est décédée à l'âge de 94 ans. Militante féministe, anticolonialiste et antiapartheid, elle avait traité les réalités africaines au travers de romans autobiographiques.

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  • Vie et mort du vocabulaire

    PAR VÉRONIQUE GROUSSET.
     Publié le 29 décembre 2006
    Actualisé le 30 décembre 2006 : 17h32
     

    Si vous aimez les mots, ce petit cadeau de fin d'année devrait vous plaire : un florilège de ceux qui ont disparu ou qui sont nés depuis un siècle, concocté pour nous par un expert en dictionnaires.

    «Pourquoi les mots disparaissent-ils ? Pas seulement parce qu'ils désignent un objet, un concept ou une idée qu'on n'utilise plus. Je crois que cela tient davantage à leur usure : à force d'être employés, leur pouvoir d'évocation s'émousse. Il faut donc en trouver sans cesse de nouveaux ; plus évocateurs, plus surprenants, qui permettent de réveiller l'auditoire et de mieux s'en faire entendre.»

    L'homme qui disserte ainsi sur la vie et la mort des mots s'appelle Jean-Claude Raimbault. Oui, comme Arthur ; mais la comparaison s'arrête à la phonétique car il redoute plus que tout qu'on le prenne pour un poète ou, pire, un «amoureux des mots». Ni sociologue ni linguiste, ce retraité de l'informatique n'en est pas moins considéré comme le meilleur spécialiste des modes du vocabulaire depuis qu'il a décidé de consacrer l'essentiel de son temps libre à un «pari fou» : décortiquer toutes les éditions du Petit Larousse illustré, de 1906 à nos jours, sans se laisser rebuter par leur épaisseur croissante.
    «Chaque année, davantage de mots apparaissent qu'il n'en disparaît, constate-t-il en effet. Un dictionnaire de format courant en recense aujourd'hui 52 000 ; dont 18 000 apparus au cours du dernier siècle, qui font plus que compenser les 10 000 qui en ont été éjectés.»
    Dix-huit mille mots nouveaux et dix mille disparus : une somme impressionnante dont Jean-Claude Raimbault a tiré plus d'un ouvrage à succès *. Mais comme il serait impossible de citer toutes ses trouvailles, nous lui avons demandé d'en concocter un florilège, qu'il a bien voulu commenter avec autant de pertinence que d'humour.

     

    Les mots dont il regrette la disparition

    Machicatoire «Tellement plus joli et explicite que chewing-gum.»

    Photostoppeur «Apparu récemment pour identifier ce métier qui consistait alors à photographier les gens dans des lieux publics, l'appareil à l'épaule, mais très vite disparu. Sans doute assassiné, en même temps que cette activité, par la banalisation du numérique.»

    Faire-le-faut «Une chose inévitable qu'il faut faire ou subir. Il y a un peu de passéisme dans mon regret, je l'avoue, mais pour une fois que je suis sensible à la poésie d'un mot, tout chargé qu'il est d'une résignation ancestrale, et balayé par le rythme de notre vie...»

    Cligne-musette «L'ancêtre du jeu de cache-cache... J'aimais bien.»

    Humoriste «Sous sa définition de 1906, qui désignait un médecin qui considère que tous nos maux viennent de la circulation de nos humeurs. Et son acolyte succussion - comment peut-on vivre sans ? - qui consistait en un mode de diagnostic consistant à secouer violemment le patient afin d'écouter les bruits que produit son corps. Ces deux mots me manquent pour une raison assez puérile, je l'avoue, mais jubilatoire : j'adorerais pouvoir demander à mon médecin s'il est un humoriste pratiquant la succussion... Rien que pour voir sa tête.»

    Nouillettes «C'était pourtant plus joli et plus parlant que vermicelle, non ?»

    Bdelle «Genre de sangsue des pays chauds. Parce que c'était le seul mot de notre langue qui commençait par "bd". Les amateurs de mots croisés me comprendront.»

    Taroupe «Disparu après 1952, il désignait la touffe de poils qui croît dans l'espace séparant les deux sourcils. Pourquoi supprimer un mot alors que ce qu'il décrit n'en a pas fait autant ?»

    Zoïle «Je le regrette pour la même raison que le précédent. Un zoïle désignait un critique envieux ; une espèce qui, à ma connaissance, ne s'est malheureusement pas éteinte.»

    Usable «Remplacé par jetable : la fin d'une époque.»

    Les mots qui n'ont pas réussi à s'imposer

    Bouteur «A la place de bulldozer : c'était pourtant bien essayé, je trouve...»

    Boîte-boisson «Plutôt que canette : celui-là, par contre, il n'avait aucune chance.»

    Electragogue «Qui produit de l'électricité. Très laid, d'accord, mais on aurait bien rigolé, surtout appliqué aux centrales énergétiques...»

    Soulographier «Testé dans les années 50, mais peut-être trop compliqué à prononcer en état d'ébriété ?»

    Les mots qu'on aurait pu, selon lui, se dispenser d'inventer

    Quatre-vingt-dixièmement «Le parfait exemple du mot dont la seule utilité consiste à servir de bouche-trou au gré des besoins d'espace dans le dictionnaire. Du reste, je ne le retrouve plus dans ma dernière édition, mais je n'ai pas vérifié s'il avait été supplanté par deux cent quatorzièmement ou cent dixièmement.»

    Mature «Mot anglais, utilisé à la place de mûr ; alors qu'il est moins beau, et moins juste.»

    Solutionner «Au lieu de résoudre : pas beau, trop long, c'est du jargon, une perte de nuance, et en plus ça ne sous-entend pas du tout le même processus mental.»

    Vérificationnisme «Débarqué on ne sait vraiment pas pourquoi !»

    Procellariiforme «Cet oiseau voilier de haute mer a beau avoir deux "l" comme il se doit, et deux "i" en prime, je ne suis pas sûr que cela suffise à justifier sa présence dans le langage courant.»

    Hexachlorocyclohexane «Typique de l'envahissement de nos dicos par des mots - 457 en un siècle ! - souvent superflus, liés à la chimie. Franchement, qui a besoin de savoir ce qu'est l'hexachlorocyclohexane ? Je suis choqué de voir qu'un mot comme bruissant disparaît pour lui faire de la place.»

    Les mots dont il salue la disparition

    Pédantesquement «On se sent tout de suite plus léger sans lui.»

    Saugrenuité «Qu'il serait vraiment saugrenu de regretter.»

    Vomiturition «Vomissement fréquent qui se produit sans effort : un plaisir, en somme... Mais très inférieur à celui de le voir nous quitter !»

    Les mots dont il salue l'apparition

    Orgasme et calmement «Apparus tous les deux dans l'édition de 1972. Il était temps. Je me demande comment on faisait avant leur arrivée.»

    Les mots dont la définition le plonge dans des abîmes de perplexité

    Tabourin «Machine tournante placée au-dessus d'une cheminée pour l'empêcher de tourner. Et ça n'est sûrement pas une coquille, étant donné que cette définition est restée inchangée durant plusieurs éditions. Un lecteur qui aurait vu fonctionner cette étonnante machine, capable d'empêcher les cheminées de tourner, pourrait-il m'éclairer ?»

    Incirconcision «Ne pas appartenir au peuple juif. Les auteurs de cette édition-là du dictionnaire n'avaient-ils jamais entendu parler de l'Amérique où tous les protestants sont circoncis ? Ni de la mouvance hygiéniste qui préconise cette intervention depuis des siècles ?»

    Faux-cul «On ne le définit plus aujourd'hui que comme un accessoire de mode. Sans aucune allusion à son côté péjoratif ; ce que je trouve un peu faux-cul, quand même...

    Remake «Apparu en même temps que resucée mais qui n'y renvoie pourtant pas !»

    Semi-convergente «Se dit d'une série convergente qui n'est pas absolument convergente. Mais comme le même dictionnaire omet de définir ce qu'est l'absolue convergence en mathématiques, je ne vois pas comment un profane pourrait y comprendre quoi que ce soit.»

    Ploc «Défini comme étant le bruit que fait un objet en tombant dans l'eau, tandis que plouf l'est comme le bruit d'un objet tombant dans un liquide. Ah, mais !»

    Acéphalopode «Se dit d'un monstre sans tête ni pieds, un mot disparu dans les années 60... Sûrement en même temps que l'espèce qu'il désignait.»

    Bitoniau «Là, ce n'est pas la définition qui me pose un problème. En fait, je me demande surtout qui a décidé que bitoniau devait s'écrire comme ça.»

    Mais ce qui frappe surtout Jean-Claude Raimbault, «c'est la façon flagrante dont le contenu d'un dictionnaire reflète l'évolution de son époque». Et ce, à trois niveaux : le choix des mots bien entendu, mais aussi les exemples qui sont donnés pour leur usage et, enfin, l'objectif que se fixent manifestement les éditeurs : «Au début du siècle, explique Raimbault, les dictionnaires visaient clairement à éduquer : on y précisait l'usage des objets ou l'esprit des lois, on y prodiguait des leçons de morale, d'hygiène ou de secourisme. Tandis qu'aujourd'hui, ils se limitent à servir de référence ; l'un des rares domaines où le dico ose encore formuler un conseil, de nos jours, concerne ainsi la façon d'enfiler un préservatif ; et leurs définitions sont désormais rédigées dans un jargon certes exact, mais incompréhensible aux profanes. Prenons par exemple celle de la division. En 1906, une division était "une opération par laquelle on partage une quantité en un certain nombre de parties égales" : limpide, simple, accessible à tous. Alors qu'en 2002, on nous explique que "la division d'un réel a par un réel b non nul" est définie comme "l'opération consistant à trouver la solution x unique de l'équation bx = a, quand elle existe, ou à trouver une solution approchée sous certaines conditions données"... Et l'on va même jusqu'à nous préciser que "la division euclidienne de l'entier naturel a par l'entier naturel b non nul» est une "opération consistant à trouver les entiers naturels q (quotient) et r (reste) tels que a = bq + r avec 0 < r < b". C'est juste, d'accord ! Mais qui y comprend quelque chose à part les spécialistes qui n'ont pas besoin de regarder dans Le Petit Larousse pour savoir ça ?»

    Le choix des mots est lui aussi très parlant : «J'ai déjà évoqué le remplacement d'"usable" par "jetable". Mais n'oublions pas "anti-tout" ni les cinquante "non-quelque chose" (non-événement, non-fumeur, non-inscrit, non-initié, etc.) apparus dans l'édition 2002, alors que les rédacteurs du dictionnaire n'en ont trouvé que cinq à éliminer : non-pair, non-interventionniste, non-résidence, non-vue et non-réussite !»
    Encore plus flagrant : le choix des exemples donnés pour illustrer le sens des mots. «En 1906, on "demande" en mariage. En 2002, on "demande" le divorce. Je n'invente rien ! En 1906, on "déclare" la guerre. En 2002, on "déclare" les droits de l'homme. En 1906, on "sort" de prison. En 2002, on "sort" de Normale sup. En 1906, le "chômage" est "une période d'inactivité pour une entreprise". En 2006, c'est "la cessation d'activité pour une personne". Je trouve que c'est quand même très symptomatique d'une époque. Même si je ne sais pas du tout quoi penser du fait que l'adverbe "calmement" n'est apparu que tout récemment, il y a un peu plus de trente ans...
    Cela dit, il serait faux d'en conclure que les dictionnaires courent après leur époque : ils ne lui courent pas après, ils la dépassent ! La preuve : l'édition d'une année est en vente dès le mois d'août de l'année précédente.»
    D'où, peut-être, la nécessité de sortir des éditions «spécial nouvel an». C'est en tout cas ce que fait cette année Le Petit Larousse illustré, sous une couverture dessinée par Moebius, avec un cahier de 32 pages recensant les toutes dernières naissances au pays des mots. Largement de quoi poursuivre le vagabondage que nous venons d'entamer ici même...

    * Jean-Claude Raimbault a notamment publié Les Disparus du XXe siècle, aux Editions du Temps, qui donne la liste complète des 10 000 mots abandonnés et des 18 000 accueillis dans les Petit Larousse de 1906 à 2002. Mais on peut lire aussi : D’un dico l’autre, aux Editions Arlea, et Si mon dico m’était conté, aux Editions Mango.
  • Mort de Jean-Claude Brialy. Ma revue de presse. Suite

    par Alain Riou,
    journaliste au service
    Arts et Spectacles
    du Nouvel Observateur

     

    "Le dernier apôtre de la légèreté"

    NOUVELOBS.COM | 31.05.2007 | 14:40

    L'acteur Jean-Claude Brialy, incarnation du jeune premier dans le cinéma de la Nouvelle vague, est décédé mercredi 30 mai. Quels ont été les grands films qui ont marqué sa carrière ?

    - Evidemment "Le Beau Serge" de Claude Chabrol, est le film qui l'a révélé. Ce réalisateur lui a donné de nombreux rôles dans ces premiers longs-métrages. Il a ensuite tourné avec des cinéastes proches de la Nouvelle vague comme Molinaro, dans "Arsène Lupin contre Arsène Lupin", et de Broca, dans "Julie pot de colle". Il a notamment tourné dans un Truffaut, qui n'est pas le plus connu, mais pourtant superbe : "La mariée était en noir".

    Auparavant, Jean-Claude Brialy avait joué dans un petit film de Godard, sorti en 1956, "Tous les garçons s'appellent Patrick", qui est absolument merveilleux. Ce court métrage de vingt minutes constitue une pure merveille de liberté moderne.

    Quant à son dernier rôle, celui de Max Jacob dans un téléfilm qui n'est pas encore sorti, c'est certainement sa composition la plus extraordinaire. Gros, rasé, enlaidi, Jean-Claude Brialy incarne le poète français qui tente de sauver sa sœur sous l'Occupation. Il s'adresse tour à tour à Guitry, Picasso, et Cocteau, qui finissent par le trahir. Ce film, déjà polémique, est un rôle de fin de vie extraordinaire.

    Acteur de cinéma, de théâtre, réalisateur, écrivain, Jean-Claude Brialy est un touche-à-tout. Comment analysez-vous l'évolution de sa carrière ?

     

    - Incontournable pour la Nouvelle vague, il a aussi tourné avec des réalisateurs italiens comme Bolognini. Mis à part Chabrol, les réalisateurs lui ont plutôt confié des seconds rôles. On donnait peu de premiers rôles aux fantaisistes comme lui.

    Sa carrière d'acteur a été quelque peu freinée par l'alourdissement du cinéma. Après la guerre, le raffinement des jeunes premiers au cinéma avait son public. Mais depuis une vingtaine d'années, les centres d'intérêts se sont éparpillés, et la comédie légère a beaucoup reculé. Or Brialy n'aimait pas les rôles très appuyés.

    Il est donc passé à la réalisation de films de charme, avec cette constance : la légèreté. Son modèle étant Sacha Guitry. Et il a fait de cette légèreté quelque chose de militant, par exemple avec "Les Volets clos", en référence à la fermeture des bordels. Tous ces films étaient légers et goûteux. Il était un des derniers apôtres de la légèreté, et c'est une immense perte dans un monde qui s'alourdit.

    Personnage haut en couleurs, il faisait partie intégrante du monde du cinéma. Comment décririez-vous l'homme qu'il était ?

    - Brialy était un véritable acteur, qui possède une caractéristique, celle de jouer des rôles de composition. Aucun de ces personnages n'est vraiment lui-même, ce qui le rend très difficile à saisir.

    Il était extrêmement drôle, mais aussi parfois méchant et redoutable. Il ne fallait pas déjeuner avec lui si l'on n'était pas dans son camp, c'est-à-dire si l'on n'aimait pas la légèreté. Il avait toutefois quelque chose d'extraordinaire pour les autres. Personnage très influent, très entouré, et très entreprenant, il était capable de réunir un millier de VIP, et de se faire prêter le théâtre des Champs-Elysées, pour rendre hommage à quelqu'un.

    C'est curieux qu'il disparaisse si peu de temps après Jean-Pierre Cassel (ndlr décédé le 19 avril 2007), car ils ont eu le même destin. Brialy : c'était "Cassel" moins la danse.


     

    Propos recueillis par Camille Robert

    (le jeudi 31 mai 2007)

    Source:http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/3_questions_a/20070531.OBS9595/le_dernier_apotre_de_la_legerete.html

    Reportage Photo sur http://www.lexpress.fr/info/quotidien/reportage-photo/default.asp?id=448

    Le comédien, scénariste et réalisateur, l'une des figures du cinéma "à la française", est mort le mercredi 31 mai des suites d'une longue maladie. Il avait 74 ans. Eric Libiot, rédacteur en chef du service Culture de L'Express, commente la carrière de Jean-Claude Brialy.

     

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    Jean-Claude Brialy, le don de plaire et l'art d'être irrésistible

    MARION THÉBAUD.
     Publié le 01 juin 2007
    Actualisé le 01 juin 2007 : 10h53

    Comédien, metteur en scène, châtelain, chroniqueur, animateur de festivals, directeur de théâtre, écrivain, restaurateur, il était à la fois populaire auprès du public et personnalité centrale du Tout-Paris.

    « LA PAILLETTE nous voilà », c'est ainsi que Georges Wilson et les comédiens de sa génération appelaient affectueusement Jean-Claude Brialy. Ce qui en dit long sur le panache, l'élégance, l'art de vivre de cette sentinelle de la nuit, toujours un bon mot, une anecdote aux lèvres, une invitation à lancer, un prix à remettre...Mais cet homme fêté par les siens était avant tout un comédien. Né en Algérie le 30 mars 1933, à Aumale, au hasard d'une affectation de son père officier, il lui aura fallu bien de la combativité pour imposer ses dons artistiques à une famille qui ne voyait en ce jeune homme à l'esprit frondeur qu'un petit singe qui voulait faire l'intéressant.
    Le « beau Jean-Claude », comme les siens l'appelaient avec condescendance, n'a pas eu la partie facile. C'est en souvenir de ses différends avec ses parents qu'il avait écrit Le Ruisseau des singes, énorme succès de librairie. Un titre lié aux gorges de Blida de son enfance et aux rosseries d'une famille qui ne comprenait pas l'élan artistique d'une personnalité singulière, lui lançant avant qu'il aille tenter sa chance à Paris : « Va boire la tasse, petit singe ! »
    Paris c'était la liberté, après une enfance ballottée de collège en collège, un passage éprouvant au Prytanée, école militaire de La Flèche. Paris, c'était également le temps des vaches maigres et de la débrouillardise. Il a beau avoir fréquenté le conservatoire d'art dramatique de Strasbourg, où il rafla un prix, et joué quelques pièces au Centre dramatique de l'Est, il est un parfait inconnu. Il ne le restera pas longtemps. Son charme, cet art de plaire, il va s'en servir, convaincre les uns, se faire adopter des autres et, de Jean Marais, croisé au hasard d'une tournée, à Jacques Rivette, pilier des Cahiers du cinéma, il est de toutes les bandes. Une énergie joyeuse qui porta vite ses fruits. D'un Amour de poche, de Pierre Kast, au Beau Serge, de Chabrol, il devint vite un jeune talent de la nouvelle vague.
    Il décline l'art d'être irrésistible, à l'écran, sur la scène et à la ville. Il est l'éternel « jeune lion » tout droit sorti de la littérature du XIXe siècle, moraliste à ses heures : « L'amitié, c'est la quille du navire, et la voile en est l'amour. Elle vous entraîne vers Cythère ou vers un naufrage... » Pudique sur ses sentiments, il cultivait l'amitié sous toutes ses formes. Arletty, Jean Cocteau, Alain Delon, Thierry Le Luron, Joséphine Baker, Rudolph Noureïev ont connu ce pilier de la société spectacle qui a coiffé toutes les casquettes possibles, du moment qu'elles lui seyaient. À la suite d'Oscar Wilde, homosexuel et dandy, il aurait pu dire : « J'ai mis tout mon génie dans ma vie. »
    Acteur, metteur en scène, châtelain, chroniqueur, animateur de festivals (Anjou et Ramatuelle), directeur de théâtre (les Bouffes Parisiens), restaurateur (l'Orangerie)... il a exploré tous les emplois, y glissant toujours un soupçon de courtoisie, une pointe d'ironie et une bonne dose de savoir-faire. Sur les planches, ce métier fit merveille. Très vite, son talent s'imposa dans la comédie : Les portes claquent, Un dimanche à New York, Le Ciel de lit... Marie Bell l'invita à jouer Madame Princesse, de Félicien Marceau. Puis viendront les Feydeau, La Puce à l'oreille, joué plus de 700 fois avec Françoise Fabian, Micheline Presle et Gérard Lartigau, L'Hôtel du Libre-Échange, mis en ­scène par Jean-Laurent Cochet au Théâtre Marigny.
    Amuseur élégant
    Amuseur élégant plus qu'amant passionné ou mauvais garçon, il est l'insolence amicale, le bel esprit. Mais son jeu est souvent teinté de mélancolie. On regrette que le projet de Richard II, de Shakespeare, qu'il devait jouer à Chaillot sous la direction de Lavelli ait été abandonné à la fin des années 1970. Brialy n'était pas qu'un homme d'esprit. Il y avait une fêlure en lui, que la pièce de Shakespeare, histoire d'un roi qui ne veut pas être roi mais le devient dans l'agonie, aurait révélée. Il n'y a qu'à voir ses photos de jeunesse. Le regard sombre et grave rappelle celui de Jean-Pierre Léaud ou de Sami Frey, des ténébreux qu'on a pris au sérieux. Jean-Claude, lui, amuse. Depuis son enfance, il souffre d'un manque de confiance porté sur lui par sa famille. Une blessure dont il n'a pas guéri. Mais il est trop homme de spectacle pour se morfondre. Jouer est sa vie et, très naturellement, il prend la direction des Bouffes Parisiens. Il y joue Guitry (L'Illusionniste, La Jalousie, Mon père avait raison), Didier van Cauwelaert (Le Nègre), Françoise Dorin (Monsieur de Saint Futile), dont il avait créé auparavant Si t'es beau, t'es con. Avec Line Renaud, il avait fait une escale au Palais Royal avec Poste restante, de Noël Coward. Il avait tiré de ses récits un spectacle, J'ai oublié de vous dire, qu'il avait joué en 2005 dans son théâtre. On se souvient d'un conteur malicieux, délicieux bavard, racontant en toute amitié sa vie, ses amitiés, son amour du trait, son goût pour le beau et sa haine de la laideur. Il a imposé son don de plaire.
  • Louis Gallois, le Janus de l'industrie

    Par Véronique Guillermard, Yann Le Galès Mis à jour le 06/11/2012 à 00:16 | publié le 05/11/2012 à 19:41
    Louis Gallois, lundi matin, à sa sortie de Matignon. Il était venu remettre au premier ministre un rapport destiné à relancer l'industrie française.
    Louis Gallois, lundi matin, à sa sortie de Matignon. Il était venu remettre au premier ministre un rapport destiné à relancer l'industrie française. Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

    PORTRAIT- L'ancien président d'EADS et de la SNCF a remis son rapport sur la compétitivité. Depuis plus de trente ans, ce patron engagé à gauche a séduit tous les gouvernements pour conserver le premier rôle.

    Lorsqu'il a quitté la présidence exécutive d'EADS, maison mère d'Airbus, le 31 mai 2012, Louis Gallois savait qu'il ne resterait pas très longtemps en retrait de la République. Et loin des lumières. Il avait préparé le terrain en prenant la présidence de La Fabrique de l'Industrie, un think-tank patronal qui réfléchit sur l'avenir industriel de la France. Pendant la campagne présidentielle, son nom avait été évoqué pour un ministère: l'Industrie, les Transports voire les Finances. À 68 ans, cet énarque diplômé d'HEC avait laissé dire.

    Mais il laissait aussi entendre qu'il n'était pas question pour lui d'être un pion sur un échiquier gouvernemental, fut-il de gauche. Un haut-commissariat, une mission de réflexion serait plus digne de lui. Il ne peut accepter de servir qu'au plus haut sommet de l'État.

    Dès le 6 juin 2012, Louis Gallois est nommé Commissaire général à l'investissement, chargé de la mise en œuvre des investissements d'avenir pour lesquels une enveloppe de 35 milliards d'euros a été décidée. Dans la foulée, Jean-Marc Ayrault lui confie une mission sur la compétitivité des entreprises françaises. Avant même de remettre hier ses propositions au premier ministre, il fait la une des journaux. On ne parle que de lui. Son rapport devient un terrain d'affrontement entre la majorité et l'opposition, alors que personne ne connaît son contenu définitif. Ses conclusions sont attendues comme celles d'un oracle. Une fois encore, il est sous le feu des projecteurs.

    Un amateur de rugby

    Louis Gallois est devenu l'icône du grand patron pour la gauche au pouvoir. Il est l'homme de l'équilibre entre un patronat exaspéré par la perte de compétitivité des entreprises et un gouvernement empêtré entre les promesses de campagne de François Hollande et la réalité économique. Les chefs d'entreprise espèrent que son rapport va convaincre le président de la république d'engager de véritables réformes. Le gouvernement espère que grâce à sa stature de grand industriel et de bon connaisseur de l'Allemagne, avec laquelle la France se compare sans cesse, ses conclusions seront crédibles.

    Cet amateur de rugby, qui aime parler des prouesses du club de Mautauban, sa ville natale, a toujours cultivé avec talent un rôle d'homme providentiel. Personnage complexe, il dissimule la haute opinion qu'il a de lui-même derrière une modestie revendiquée, qui lui offre une incomparable capacité à faire l'unanimité sur son nom. Depuis plus de trente ans, il est partout. Directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Recherche du premier gouvernement Mauroy en 1981 dans la foulée de l'élection de François Mitterrand, il est ensuite appelé à la tête de grandes entreprises publiques. De la Snecma, un fabricant de moteurs d'avions devenu le groupe Safran, dont il prend la présidence en 1989, à l'Aérospatiale, la composante française de la future entreprise EADS, en passant par la SNCF.

    Il semble né pour cela: présider. Et être l'homme du recours. Paradoxalement, ses vraies convictions de gauche le servent auprès des gouvernements de droite. C'est Jacques Chirac qui l'appelle à la tête d'EADS en juillet 2006. Ravagé par des mois de guerre des chefs, de tensions franco-allemandes et affaibli par des soupçons de délits d'initiés qui planent sur ses dirigeants, le groupe est au bord de l'implosion. Un an plus tard, Nicolas Sarkozy, fraîchement élu à la présidence, lui renouvelle sa confiance. En 1996, Alain Juppé, alors premier ministre, avait déjà fait appel à lui pour succéder à Loïk Le Floch-Prigent, emporté par l'affaire Elf et les soupçons de corruption, à la tête de la SNCF.

    Un grand serviteur de l'État

    Partout, il joue le rôle de pompier. Tous les gouvernements pensent à lui car il est en phase avec les politiques. Loin de les mépriser, il les comprend et, parfois, les admire. Louis Gallois a un grand talent: il rassure. Il est légitimiste et obéit à l'État. «Il est capable de monter au créneau pour défendre l'entreprise mais si un ministre le rappelle à l'ordre, il rentre dans le rang», raconte un syndicaliste. Il s'est aussi construit une image de patron social capable d'éviter les affrontements. Et son désintérêt pour l'argent est sincère. Chez EADS, il reversait une partie importante de sa rémunération à des associations. Il est le dernier représentant d'une race en voie de disparition résumée par une formule passe-partout: celle des grands serviteurs de l'État.

    Mais derrière la légende, il existe une réalité et un bilan plus nuancés. Chez EADS, il a certes ramené le calme et tout fait pour en finir avec le «poison des nationalismes». Ses détracteurs soulignent toutefois qu'il n'a pas osé lancer les réformes - mêmes symboliques - qui risquaient de casser l'équilibre entre la France et l'Allemagne. Dans le business, Louis Gallois a donné un horizon au groupe pour rééquilibrer l'activité civile (Airbus) et militaire d'ici à 2020. Mais, là encore, souligne-t-on, «sa prudence l'a poussé à ne rien engager de spectaculaire».

    Et son travail de pacificateur a montré ses limites. L'échec de la fusion entre EADS et le groupe britannique BAE en raison du «non» de la chancelière Angela Merkel a prouvé que l'Allemagne défendait bec et ongles ses intérêts et avait pris le groupe en otage. Les conséquences risquent d'être lourdes dans les prochaines années.

    À la SNCF, où les cheminots l'appelaient «Loulou» mais ses collaborateurs «Dieu», tant il s'était placé «une marche au-dessus», Louis Gallois a géré à sa façon le rapport de force avec la CGT. Concluant un pacte social avec le premier syndicat de cheminots, «il a inventé la cogestion et acheté la paix sociale», raconte-t-on de bonne source. Il aimait aller à la rencontre des cheminots, une casquette offerte par Henri Krazucki, alors dirigeant et figure historique de la CGT, vissée sur la tête. Il laissait ses lieutenants gérer la vie quotidienne et inventer les nouvelles stratégies commerciales et marketing. Occupé à présider et à entretenir sa relation avec la CGT et l'État, il a laissé dériver la filiale SeaFrance, une compagnie de ferries entre Calais et Douvres, et ne s'est pas occupé de la réforme du fret. Deux dossiers compliqués qu'Anne-Marie Idrac, puis Guillaume Pepy, actuel président de la SNCF, ont dû attaquer à bras-le-corps.

    À chaque fois, Louis Gallois a exercé un pouvoir solitaire. «Il déteste les réunions à plusieurs, mais lorsqu'il lui arrive d'en diriger une, c'est un peu Saint Louis sous son arbre», raconte un ancien collaborateur. Comme tous les grands patrons, il peut se montrer brutal avec ses équipes. Il maintient la distance. Un café à l'aéroport de Barcelone, voilà le seul moment privé que Guillaume Pepy, son numéro deux, a partagé avec Louis Gallois en dix ans de collaboration.

    Un homme de pouvoir qui sait se mettre en scène

    En revanche, il sait se rendre disponible pour les médias dont il connaît l'impact. Mais il est capable d'incroyables dissimulations afin de préserver sa liberté de manœuvre. Car l'homme est rusé et fin comme Machiavel. «C'est Mazarin», lâche un proche. Joueur d'échecs, il accorde difficilement sa confiance comme s'il se réservait toujours une possibilité d'agir selon les circonstances.

    Pendant longtemps, l'image d'un patron «moine soldat» lui a été accolée. Il est, avant l'heure, un «président normal». Il habite à Clamart dans les Hauts-de-Seine, il aime passer ses vacances en Bretagne où il a acheté il y a longtemps une maison. Il regarde volontiers à la télévision les matchs de rugby, les débats politiques et les programmes d'Arte lorsqu'il est chez lui. En septembre 2011, lors de l'une de ses dernières tournées de président d'EADS au Brésil, il dédaigne l'accueil VIP qui lui est réservé à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle pour faire la queue aux contrôles de police et de douane avec un journaliste qui couvre son déplacement.

    Visage ascétique, manières courtoises, Louis Gallois est un homme de pouvoir qui sait se mettre en scène. Il dit adieu aux équipes d'EADS, le 31 mai, sur le perron du siège parisien, sis 37, boulevard de Montmorency dans le XVIe arrondissement de Paris. Il n'a pas voulu faire de pot de départ. Une semaine avant, il a simplement accepté de rencontrer des salariés français à la cantine du siège à Paris, puis des employés allemands à Ottobrunn, le siège allemand du groupe. Il part sur un échec. Malgré tous ses talents de manœuvrier, il n'a pas réussi à se faire prolonger deux ans de plus à la tête d'EADS, ni à être porté à la présidence du conseil d'administration. Ses visées ont choqué certains. Il ne jouait plus le jeu, piégé par son propre personnage.

    Ses ennemis chuchotent que Louis Gallois est un dirigeant d'abord soucieux de son image, plus à l'aise dans l'art de décrypter les rapports de force que dans la prise de risque. Mais ces critiques sortent très rarement sur la place publique. Il sera difficile de le faire descendre de son piédestal, même si le gouvernement ne prend aucune décision spectaculaire. Car il restera comme le patron qui propose des solutions pour redresser le pays.

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    Je précise que cet article n'est pas de moi (lien vers la page citée et si possible son auteur)mais que je suis auteure(inspirée par ce que j’aime, donc par ce blog) et que vous pouvez commander mes livres en cliquant sur les 11 bannières de ce blog

  • A la veille du 11 novembre:Traces de 14-18

    14-18.jpgQue reste-t-il de la Grande Guerre ? Des paysages, des ruines, des barbelés, des tombes… Dans ce bel album, le photographe Jean Richardot restitue l’émotion qui se dégage des lieux et des traces de la guerre, tandis que Stéphane Audoin-Rouzeau et Gerd Krumeich tentent de donner sens à ces vestiges énigmatiques.

    Recensé : Stéphane Audoin-Rouzeau, Gerd Krumeich, Cicatrices. La Grande Guerre aujourd’hui, photographies de Jean Richardot, Paris, Tallandier, 2008. 39 €.
    Parmi les livres sur la Grande Guerre qui paraissent à l’occasion du quatre-vingt-dixième anniversaire de l’armistice du 11 novembre se distingue un album au format original. D’emblée, la couverture donne le ton de l’ouvrage. Selon la lumière, l’épais carton gris fait plus ou moins ressortir le titre en lettres argentées : Cicatrices. La Grande Guerre aujourd’hui. Les noms des auteurs, en petites lettres noires, sont plus discrets. Un enchevêtrement de barbelés vient se sur imprimer à l’ensemble, souligné à gauche par la bande de tissu noir qui enveloppe la reliure. La guerre, la blessure, la mort et le souvenir sont ainsi réunis de manière saisissante sur une couverture carrée aux allures de faire-part.

    Une terre qui garde ses blessures
    Au cœur de ce livre se trouve la question de ce qui reste de la Grande Guerre et de ses plaies. La réponse s’organise autour des photographies de Jean Richardot, qui s’est prêté à une sorte de reportage mémoriel dans les pas des combattants de 14-18. En guise de voyage dans le temps, il nous propose un contact avec les traces authentiques de ce passé guerrier. Ces traces sont aussi bien des paysages que des fortifications, des ruines, ou encore des résidus d’artillerie ou d’objets abandonnés. Certaines persistent à l’état brut, d’autres portent la patine du temps, d’autres encore paraissent sur le point de disparaître. Par petites touches se dessinent ainsi les contours d’un patrimoine souvent mal connu, fait de vestiges ensevelis, tantôt inaltérables et tantôt fragiles. Tout au long des années 2000, le photographe a arpenté la zone, située en France, des anciens champs de bataille. Il lui a fallu quitter les sentiers battus, se perdre en rase campagne ou s’embourber dans les sous-bois pour découvrir une terre qui garde ses blessures. Car c’est bien de la terre dont il s’agit prioritairement ici. C’est jadis elle qui a caché et protégé les hommes, dans des tranchées et des abris qui formaient autant de fortifications en creux. C’est aujourd’hui elle qui continue de porter les marques du conflit, qui conserve enfouis les objets et les corps, qui rend régulièrement une part de ce macabre butin. L’observer, c’est donc appréhender une part au moins de la terrible réalité du conflit. Il est révélateur que le photographe, à la recherche d’un titre pour l’exposition de ses clichés, ait d’abord songé à « La terre se souvient » [1] ; comme si c’est elle qui devait rester le dernier témoin.

    Le résultat prend la forme de belles photographies en noir et blanc, dont le grain est admirablement rendu par la qualité du tirage et de l’impression. Les formats sur une page, parfois deux, permettent une visualisation confortable et un accès aux détails. Ces images ont dès le premier abord un fort pouvoir d’évocation. À la vue de certains abris, l’enfouissement n’est pas un vain mot et le regard du photographe suscite une véritable révélation. Ailleurs, les paysages ravagés renvoient à l’acharnement des combats à l’artillerie, alors que les amas de douilles d’obus traduisent la réalité matérielle de la guerre industrielle. Au détour des pages et des anciens sites de combat, la profondeur des entonnoirs, les épaisseurs de métal tranché, les tiges d’acier tordues et le béton fissuré donnent une idée concrète de la formidable violence des explosions. Cet aspect informatif fait sans doute de ces images un support pédagogique fécond, d’autant qu’on y sent souvent aussi la pluie fine et la boue collante, la neige et le froid perçant et, partant, l’horreur de la vie au front. À cet égard, les mots gravés à l’entrée des abris et sur les murs des creutes [2] donnent un aperçu des fiertés, des espoirs et des angoisses des hommes autrefois retranchés là. Enfin les tombes, demeurées dispersées ou regroupées en cimetières, rappellent la multitude des destins fauchés dans ces contrées.

    Mais les photographies de Jean Richardot sont aussi le fruit d’une recherche esthétique. Ses clichés révèlent en particulier un long travail sur les lumières, les formes et les textures. Bien que toute mise en scène soit absente de sa démarche, chaque tableau semble minutieusement composé, dans un enchevêtrement d’éléments minéraux et végétaux – l’activité humaine n’est ici visible qu’à travers ses traces. Il reste que l’usage exclusif du noir et blanc a tendance à déréaliser le propos. Peut-être la couleur, en faisant ressortir les jeunes pousses au milieu des débris ou la mousse qui recouvre les pierres tombales, aurait-elle suscité plus de nostalgie que n’en voulait le photographe. Le noir et blanc renvoie quant à lui à une certaine intemporalité, au point qu’on se demande parfois de quand datent ces clichés : les bouteilles de vin abandonnées au pied d’un arbre ne sont même pas recouvertes par les feuilles mortes.

    Donner sens à des vestiges énigmatiques
    En conséquence, les photographies méritaient un commentaire qui soit à même à la fois de les remettre en contexte et de les expliquer en détail. Ce commentaire est celui de Stéphane Audoin-Rouzeau et de Gerd Krumeich, deux historiens qui travaillent ensemble au sein de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne. L’un est français, l’autre est allemand : leur double regard s’enrichit d’une perspective binationale pour analyser les traces d’une guerre qui fut largement, et particulièrement sur ce front Ouest, un affrontement franco-allemand. Leur présentation commune (souligné par eux dans la préface) recouvre deux aspects.

    D’une part, chaque image est interprétée par une légende qui vient compléter la stricte indication de lieu. Or les images de Jean Richardot contiennent le plus souvent en germe un récit de guerre : la tranchée a été habitée, la grenade est passée par la main d’un soldat, l’obus a été tiré par un canon, la ruine est le fruit d’un combat, la tombe représente le terme d’une vie. Quand il s’agit d’un site ou d’un paysage, ce récit comporte des informations factuelles : on apprend ce qui s’est passé sur les lieux de l’image et à quelle date. Des vestiges énigmatiques, comme le portail de l’ancien château de Soupir dans l’Aisne, ou des reliefs mystérieux, comme celui de la Grande Mine à Ovillers-la-Boisselle dans la Somme, prennent alors sens. Ces légendes sont d’autant plus appréciables que l’attention portée par le photographe à la terre et à ce qu’elle recueille implique des cadrages serrés et des champs clos, ce qui rend difficile l’insertion des images dans une vision d’ensemble. Quand il s’agit d’objets ou de lieux de vie, le commentaire est plus circonspect. Les informations alternent alors avec les questions, auxquelles les « peut-être » et les « sans doute » répondent par autant d’hypothèses sur l’origine, l’usage et le sens à donner aux constructions, aux inscriptions et aux ustensiles qui subsistent sur l’ancien front. Les deux auteurs mettent alors en avant « le mystère toujours agissant de la Grande Guerre » qui engagerait l’historien d’aujourd’hui et son lecteur à « un grand effort d’imagination ». L’approche se fait dès lors subjective. Devant les barbelés de Fort de Vaux, nous voici dans la peau des combattants prêts à s’élancer hors de la tranchée. C’est là sans doute un moyen efficace de faire revivre « la terreur et le courage des combattants », au risque cependant de prêter à ces derniers des sentiments qu’ils ont probablement inégalement partagés.

    D’autre part, les photographies sont regroupées par thèmes : barbelés, cimetières, tombes, ruines, béton, mots, débris, abris, métal, tranchées, munitions, empreintes. Certaines de ces catégories peuvent paraître redondantes ou artificielles : les abris peuvent en effet être faits de béton et porter des inscriptions, les barbelés et les débris ne sont jamais loin des tranchées. Pourtant, il fallait un principe d’organisation et celui-ci permet de regrouper les images en chapitres et de compléter chacun d’entre eux par une mise au point thématique tout à fait bienvenue. Les explications les plus intéressantes sont les plus techniques, notamment sur l’organisation du système des tranchées, l’emploi inégalement répandu du béton armé ou l’usage toujours plus sophistiqué des barbelés, autant de symboles d’une guerre de position plus facile à accepter pour les envahisseurs que pour les envahis. D’autres mises au point utiles concernent le rôle des nécropoles du front dans la collectivisation de la mort et la mise en scène de la nation, tandis que les tombes isolées portent davantage la dimension personnelle de la perte même si la norme sociale y perce à travers le langage convenu du sacrifice. Notons que le regard binational des deux auteurs ne les prémunit pas toujours d’un certain francocentrisme. Celui-ci se fait directement sensible lorsque le « combattant de 1914 » est subrepticement employé pour désigner en réalité le « combattant français de 1914 », auquel sont ensuite confrontés les combattants des autres nations (par exemple à propos des cimetières). Mais ce n’est là qu’un détail.

    Car au total, cet ensemble de photographies et de textes constitue un très bel album. On pourrait certes regretter que la contextualisation des images ne soit pas plus précise encore : ainsi, une carte des anciens champs de bataille, situant l’emplacement des prises de vue, aurait pu compléter avantageusement l’ensemble. Cependant, malgré tout ce qu’il contient d’informations, il faut voir cet ouvrage pour ce qu’il prétend être. Son ambition est moins pédagogique qu’émotionnelle. En témoignent l’organisation thématique qui repousse les explications à la fin des chapitres ou le ton général de l’ouvrage, souvent désabusé devant le constat de l’oubli qui gagne et des traces qui s’effacent inexorablement. Ce beau livre est avant tout une invitation à prendre conscience du patrimoine qui demeure sur les anciens champs de bataille, dans l’idée de le faire connaître et de le préserver. Dans cette perspective, les photographies doivent surtout faire naître une émotion pour susciter un intérêt : dès lors, la parole des historiens reste somme toute secondaire.


    par Élise Julien [10-11-2008]

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  • DAMES D'ÂGE EN ÂGE

    LE MAGAZINE LITTÉRAIRE
    (Janvier 2013)

    Par une spécialiste de la biographie, un bel essai étudie la manière dont la littérature peut dire l'expérience du vieillissement, vue du côté féminin.


    Revues vouées au «bien vieillir», études scientifiques sur les splendeurs et misères de l'âge, vogue des grands-mères dynamiques dans les publicités, reverdies décomplexées sur grand écran (Les Petits Ruisseaux, Peindre ou faire l'amour…).

    À l'heure où tout discours métalittéraire s'engage dans une juteuse ruée vers le vermeil, l'essai joyeux de Martine Boyer-Weinmann vient à point nommé rappeler l'apport anthropologique que nombre de ces disciplines doivent au meilleur observatoire du vieillissement: la littérature. Dans le sillage d'un projet de recherches interdisciplinaires autour du «vieillir», mené à l'université de Clermont-Ferrand, cette spécialiste de la biographie choisit de se concentrer sur l'expérience féminine et contemporaine de ce jeu de ruptures, de transitions, avances-rapides et retours en arrière du processus de sénescence. Débobinant le tenace fil de Parques qui lie Sand et Colette à Doris Lessing ou Benoîte Groult, elle tisonne à loisir les éternelles questions: Quand commence la vieillesse? Hommes et femmes sont-ils égaux devant elle? Et qu'apprend-on à vieillir? On croise alors Marguerite Duras, victime d'une brutale «poussée du temps» à 18 ans, Dominique Rolin, occupée à stranguler «lady Mémoire», Nancy Huston, exprimant la délivrance paradoxale de n'être plus interpellée dans la rue, ou encore Nuala O'Faolain, dont les héroïnes prouvent combien le vieillir est aussi une épreuve du temps socialisée et culturalisée. Mais c'est surtout à Simone de Beauvoir, Annie Ernaux, Régine Detambel et Hélène Cixous que l'auteur consacre ses plus beaux chapitres. Au Castor, un itinéraire à la Benjamin Burton, ce jeune homme né vieux et rajeunissant au fil des ans; à Ernaux, l'expérience d'un vieillir discontinu, précipité ou suspendu au rythme des passions et déconvenues amoureuses; à la kinésithérapeute, le déchiffrage émerveillé des peaux tâchées ou striées; et, à la dramaturge, la dispute régulière avec sa mère quasi centenaire, dont les inventions linguistiques, destinées à colmater les brèches de sa mémoire, portent en elles-mêmes une «nouvelle intelligence du monde». Qu'on ne se figure pas cependant un simple répertoire de représentations du grand âge.
    Dans un style comique et truffé de bon mots — où se lit l'influence de ce «gai-savoir du vieillir» reçu de Sand —, l'essayiste dégage un ensemble de récurrences communes aux expériences de la maturité: réduction des possibles, distorsion entre état civil et ressenti personnel de l'âge, angoisse de la perte du «dernier homme», ou encore inversion du rapport mère-fille. Surtout, l'étude ne se contente pas de montrer comment la littérature instruit le vieillir: elle interroge inversement la façon dont la vieillesse, tout en se nourrissant de l'écriture à des fins curatives, infléchit l'œuvre, le temps ayant cette vertu de«donner une épaisseur et une capacité autocritique réjouissante à l'entreprise littéraire». Et c'est assez réjouissant, en effet, que de lire la résolution de Régine Detambel à saisir les «éclats invaincus de bonheur» ou celle de Noëlle Châtelet à être jusqu'au bout «un corps-stylo fauteur de rythme».

    Camille Thomine

     

    LE MONDE
    (24 janvier 2013)

    L'écriture des femmes semble plus tonique

     


    Pour «Vieillir, dit-elle», l’universitaire Martine Boyer-Weinmann a lu les écrivains mûrissant — les femmes surtout — pour entendre les peurs et les joies de l’âge


    Vous montrez que, chez beaucoup des écrivains qui vous intéressent, la vieillesse est un moment «chrysalidaire» (l’expression est de Régine Detambel). Comment l’entendre?
    Qui dit chrysalide, dit mue et processus de métamorphose. A la différence du coléoptère, chez l’humain — et cela me semble plus passionnant et complexe —, la vieillesse combine à la fois le caractère accompli du cycle et la fusion potentielle de tous les âges à la fois, de l’ «infans » au «senex». Ce privilège du «vieillissant» de jouer le tiercé de la vie dans le désordre ou à rebours, voire d’afficher tous les âges en simultané, c’est ce qu’a su incarner un Victor Hugo, dans sa propre biographie comme dans sa création tardive.

    «La vieillesse appartient à cette catégorie que Sartre a appelée: les irréalisables», écrivait Simone de Beauvoir dans «La Vieillesse» (1970). L’écriture semble chez certains auteurs le lieu même du questionnement de cette impossibilité...
    Pour la génération existentialiste affamée de liberté et de «projet» de vie, l’«irréalisable», c’est l’ennemi absolu. Il correspond à «ce que nous sommes pour autrui»: il limite l’horizon des possibles et des choix, dessine le spectre de notre finitude. La société, Autrui, nous assignent un âge de l’extérieur (celui de la mise à la retraite, du déclassement, de la filiation, de la désérotisation...) qui fait parfois perdre au sujet la maîtrise du sens de son devenir. L’écriture serait le moyen d’approcher du noyau de cette finitude incontestable, d’en offrir une forme de réalisation dans des œuvres singulières.

    Quelle différence entre le vieillir-homme et le vieillir-femme? La littérature écrite par des hommes ou des femmes prend-elle en charge différemment la question du vieillissement?
    Grande question! Dont Diderot débattait déjà dans ses lettres à Sophie Volland... pour conclure à de nettes différences, fâcheuses pour d’improbables «belles vieillardes»... L’époque contemporaine, en bouleversant, relativisant et culturalisant la part de déterminismes sexuels dans le processus du vieillir, met d’une certaine façon hommes et femmes à égalité sur le plan de la prise de conscience de ses enjeux transpersonnels, relationnels, affectifs. Toutefois, l’expérience du vieillir n’a pas le même tempo chez les unes et les autres, ce que justement la littérature illustre très bien, de Proust jusqu’à Annie Ernaux. Ce que montrent les œuvres, c’est la précocité des femmes écrivains et leur pouvoir d’anticipation de ces «coups de vieux» et de ce que j’appelle les «reverdies» liés à l’âge (Duras et Beauvoir en sont les meilleurs exemples, qui écrivent avant même de les vivre les crises de la féminité). Chez un Gary, un Coetzee, un Roth, un Doubrovsky, c’est l’angoisse de la sénescence et de l’impuissance symbolique et sexuelle qui fait écrire de grands livres sur la finitude, et parfois changer de nom (Ajar), de genre littéraire, de pays ou de langue... D’où le fait que l’écriture du vieillir féminin me semble en fin de compte moins gémissante, plus tonique, moins chevillée à l’angoisse.

    Il y a une intelligence du vieillir, qui va de pair avec l’humour, dites-vous. La belle vieillesse présuppose-t-elle un certain degré d’ironie sur soi?
    Si intelligence veut dire compréhension, au fil du temps, des phénomènes émotionnels qui définissent notre rapport au monde, oui, il est incontestable que l’humour rend à la fois possible et vivable la gravité qui l’accompagne. Mais cette intelligence des choses peut être aussi douloureuse. Colette en faisait sa devise, jusque dans la souffrance qui la retenait du côté des grands vivants: «Surtout j’ai la douleur, cette douleur toujours jeune, active, inspiratrice d’étonnement, de colère, de rythme, de défi, la douleur qui espère la trêve mais ne prévoit pas la fin de la vie, heureusement j’ai la douleur.»


    EXTRAIT

    «Une première définition minimale de ce premier cap du vieillissement, cette perception intime et taraudante, m’est soufflée par une réflexion de Benoîte Groult. S’il vient un jour (lointain encore) où “vieillir est un boulot à plein-temps”, où l’on est “vieux tout le temps”, la maturité pourrait être cet état métabolique contradictoire, troué de crises de rajeunissements, où le sentiment de vieillir l’emporte sur la réalité observable, ou au contraire n’est perceptible, à temps partiel, que lorsque la rumeur du monde s’en fait l’écho. De cette confusion des âges installée à partir de la quarantaine dans l’inconscient collectif des femmes de la fin du XXe siècle, l’entreprise littéraire d’Annie Ernaux dessine lucidement la cartographie accidentée.»

    Ce qu'elles écrivent de la «poussée du temps»

    DIDEROT lui a définitivement réglé son compte. La «belle vieillarde» n’existe pas. Par définition: «La nature douce, molle, replète, arrondie de la femme, toutes qualités qui font qu’elle est charmante dans la jeunesse, font aussi que tout s’affaisse, tout s’aplatit, tout pend dans l’âge avancé.» Les canons de la beauté ont beau avoir changé, les féministes ont beau avoir revendiqué l’égalité devant le corps et le désir, trois siècles plus tard, le vieillissement est toujours présenté comme une calamité ; l’industrie de la beauté fait d’ailleurs preuve d’une inventivité sans égale pour prouver aux femmes qu’elles ne doivent en aucun cas y consentir. Les premières rides arrivent pourtant. Beauvoir appelle cela «avoir un âge», une formule qui dit tout et ne révèle rien de cette ligne d’ombre avec laquelle il faut vivre après 40 ans. Quelque chose se dessine pourtant sous l’œil de Martine Boyer-Weinmann, lectrice précise et subtile, en quête de cette énigme, le vieillir féminin, chez des écrivaines contemporaines. Que se passe-t-il quand, comme le dit Régine Détambel, peu à peu, «les gradins se vident»? Accablement, révolte, acquiescement, et la contradiction dynamique de ces sentiments mêlés emporte la plume de Beauvoir, Ernaux, Cixous, Rolin... Mieux que les traités de psychologie ou d’anthropologie, la littérature nous révèle comment les femmes s’accommodent, s’interrogent, et finalement font face à cette «poussée du temps». Pas de lamentations vindicatives, plutôt les aveux d’une euphorie qui le dispute au désespoir, des confessions sur la cruauté de l’invisibilité et sur la joie d’une possible reprogrammation de soi. Une chose est sûre: la vieillesse n’est pas une ligne droite vers le déclin, mais une suite de discontinuités, avec des hivers, oui, mais suivis parfois de «reverdies», heureux néologisme de Martine Boyer Weinmann qui signe ici un bel essai littéraire.•

    Julie Clarini


     

     
       

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    http://www.champ-vallon.com/Pages/Pagesdetours/BoyerWeinmann4b.html

  • Les 10 moments qui ont contribué à façonner les États-Unis

    Réseau social d’informations

     

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    Les 10 moments qui ont contribué à façonner les États-Unis

     

     
    Etienne Augris
     

    Par Étienne Augris, professeur agrégé d’histoire

     

    Petite sélection de deux dates clé de l’histoire des États-Unis, parmi les dix à découvrir dans votre revue…

    Parmi les pays déjà traités dans cette série de L’éléphant, les États-Unis se distinguent par leur jeune âge comparé à la Grande-Bretagne ou à la France. Aux États-Unis, le sentiment d’appartenance nationale se construit d’abord, au xviiie siècle, sur la côte est autour d’un projet politique mais aussi par rapport à un Autre perçu de manière plus ou moins hostile. Cet Autre est tour à tour l’Indien, le Français, l’Espagnol ou encore le Britannique. Par conséquent, le projet national est l’œuvre d’un groupe dominant – les Blancs anglo-saxons protestants – qui impose sa vision aux autres groupes, même si la diversité des cultures, des langues et des religions oblige très tôt les États-Uniens à forger des compromis.

    La tension entre projet national et écriture de l’histoire du pays donne donc lieu, sans doute plus qu’ailleurs, à des versions très différentes. Naturellement, l’histoire telle qu’elle est racontée emprunte largement à un « roman national » écrit par le groupe dominant, qui consacre les Pères pèlerins du xviie siècle puis les Pères fondateurs du xviiie. Les groupes opprimés tels que les Indiens ou les Afro-Américains ont toujours entretenu, en particulier sous forme orale voire chantée (pensons aux negro spirituals), des récits alternatifs qui sont davantage pris en compte par l’historiographie aujourd’hui. L’historien Gary L. Gerstle, dans l’entretien qu’il nous a accordé, nous donne quelques clés pour mieux appréhender cette tension.

    Le premier événement de cet article aurait ainsi pu être l’arrivée des Amérindiens sur le continent depuis l’Asie. Cependant, cette arrivée fait encore débat quant à sa datation (plus ancienne que l’an 10 000 avant notre ère) et à sa géographie (par le détroit de Béring ou par le Pacifique). L’archéologie, la linguistique ou la génétique et la tradition indienne ne sont pas toujours en accord. Nul doute cependant que cette venue a précédé celle des Européens, qui, après les éclaireurs vikings du xe siècle, « découvrent » ce qu’ils vont peu à peu envisager comme un « nouveau monde » et non comme une partie de l’Asie. C’est bien entendu cette erreur de départ qui est à l’origine du terme « Indien » utilisé par Christophe Colomb.

    Parmi les questions qui traversent les moments clés sélectionnés, une autre tension importante, celle de la place des entités constituantes du territoire dans un ensemble aussi vaste. Les crises et les guerres, en particulier celles du xxe siècle, qui s’inscrivent en filigrane dans les choix que nous avons faits ont accouché d’un compromis. Celui-ci a permis l’émergence et l’affirmation d’un État fédéral dont les compétences ont évolué pour s’imposer dans de nombreux domaines aux États fédérés, non sans résistance.

    Quant à la place de la religion, autre élément clé transversal, la diversité a entraîné l’absence de religion officielle et facilité la reconnaissance de la liberté de culte. Cependant, une très forte religiosité imprègne la société et la vie publique du pays sans pour autant être rattachée à une dénomination précise. Cette particularité est souvent mal comprise, en particulier en France.

    Remerciements à Jennifer Howell, à Romain Huret et aux membres de l’American Historical Association pour leurs conseils

     

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    1861-1865

    La guerre civile renforce l’unité du pays

     

    Aux origines de la sécession et du conflit, il y a bien entendu l’esclavage, mais aussi les questions de classe, de pouvoir et de démocratie, notamment lors du débat à propos des nouveaux États (Missouri, Kansas). L’indignation morale n’est pas une généralité au Nord : le sentiment que les esclavagistes veulent imposer leur mode de vie et que celui-ci pourrait remettre en cause les libertés publiques, y compris celles des Blancs, suffit, en novembre 1860, à mobiliser les électeurs en faveur du parti républicain d’Abraham Lincoln.

    Les États du Sud, connaissant l’aversion personnelle du nouveau président pour « l’institution particulière » qu’est l’esclavage, comprennent qu’ils ne pourront plus imposer leur vision au pays. Plusieurs d’entre eux affirment que cette victoire signe la fin de l’Union. Dès décembre, la Caroline du Sud fait sécession, rejointe par sept autres États. La guerre éclate en avril 1861 lorsque Fort Sumter, tenu par l’armée fédérale, est bombardé par les forces sécessionnistes.

    La détermination du Nord à ne pas céder explique sa victoire finale. Mais si ses moyens humains et économiques sont largement supérieurs à ceux du Sud, le manque de ténacité et d’initiative des généraux nordistes empêche pendant longtemps d’exploiter cet avantage. Et puis il y a en face le général Lee, un Virginien fidèle à son État sans être pour autant un défenseur de l’esclavage. La force de Lee, c’est d’anticiper les intentions de ses adversaires et de compenser la faiblesse numérique de ses hommes par une plus grande mobilité qui lui permet de choisir le terrain favorable. Sa stratégie est d’obliger l’Union à négocier et donc à reconnaître les États confédérés. Il commet pourtant des erreurs, comme à Gettysburg en juillet 1863, l’une des deux incursions sudistes au Nord : il choisit d’y lutter frontalement et subit d’énormes pertes. En novembre, Lincoln rappelle, sur le lieu même de la bataille, les fondements de la démocratie américaine. Dès le mois de janvier précédent, la proclamation de l’émancipation des esclaves avait marqué un point de non-retour entre les belligérants.

    Le début de la guerre est donc plutôt à l’avantage des Sudistes mais, en 1863-1864, la situation évolue avec la prise de contrôle du Mississippi par le général Grant qui coupe les États sécessionnistes en deux parties. Au centre, Sherman ravage Atlanta. À l’est, Grant, qui est devenu le chef des armées de l’Union, porte le danger en Virginie. Lee doit se rendre en avril 1865.

    La « guerre civile » a été une guerre totale qui a considérablement touché les civils. Pour la première fois, la conscription a été décrétée. Le conflit contribue paradoxalement à l’unité du pays, dont le nom se décline désormais au singulier… mais à quel prix ! Plus de 600 000 Américains ont perdu la vie, et les rancœurs n’ont pas disparu. La défaite de la Confédération signifie la fin de l’esclavage, mais la question de l’égalité des droits pour les Noirs est encore loin d’être résolue.

     

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    1964-1981

    Entre contestations et « révolution conservatrice »

     

    Dans le Wisconsin, des jeunes manifestent contre la guerre du Vietnam en 1965.

    Dans le Wisconsin, des jeunes manifestent contre la guerre du Vietnam en 1965.

     

     

    Lorsque les générations nées après 1945, celles du « baby-boom », parviennent à l’âge adulte, les sociétés des pays industrialisées connaissent un mouvement de fond en lien avec la croissance économique exceptionnelle et les transformations sociales qu’elle induit. Ce mouvement de contestation n’est pas propre aux États-Unis, mais il contribue à ébranler le modèle américain si fièrement défendu dans ce contexte de guerre froide. L’opposition porte sur différents aspects du modèle, outre la question des droits civiques évoquée plus haut.

    Si les femmes votent depuis 1920, la revendication de leurs droits, comme en Europe, suscite une forte mobilisation de la part des féministes. Elle aboutit à la légalisation de la contraception en 1965 et à celle de l’avortement en 1973 par décision de la Cour suprême. Une loi fédérale de 1972 rend illégale toute discrimination fondée sur le sexe.

    Avec la conscription qui contraint de nombreux jeunes à aller combattre en Asie, la guerre du Vietnam devient un enjeu majeur de la contestation. La médiatisation sans précédent du conflit aboutit à son rejet et contribue à l’impopularité du président Johnson.

    L’année 1968 voit la conjonction de ces différents sujets. Au printemps, des émeutes éclatent dans plusieurs villes du pays suite à l’assassinat de Martin Luther King, dans la lignée de celles qui secouent des ghettos noirs depuis 1965 (Los Angeles, Detroit). L’été est également marqué par des violences, notamment à Chicago lors de la convention démocrate. Le festival de Woodstock, organisé en 1969, est un temps fort musical qui sert de caisse de résonance aux revendications.

    En même temps et en réaction à ces contestations, l’Amérique conservatrice entame sa reconquête du pouvoir. Au cours des années 1960, les lois mettant fin à la ségrégation dans le Sud, initiées par Johnson (lui-même texan), font basculer les démocrates conservateurs de ces États du côté des républicains. Ceux-ci, avec Richard Nixon, reprennent le pouvoir en 1968 en n’hésitant pas à faire appel à la « majorité silencieuse », celle qui n’a pas participé à l’agitation étudiante et aux émeutes urbaines. C’est un message clair envoyé aux conservateurs. La domination des libéraux – au sens américain, c’est-à-dire de gauche – sur les campus universitaires n’a d’ailleurs pas empêché les jeunes conservateurs de s’organiser au niveau local. L’historien Romain Huret résume ainsi cette stratégie : « Leur objectif a toujours été de démanteler par en bas ce que les libéraux avaient construit par en haut. »

    Dépassant le scandale du Watergate qui, en 1974, affaiblit les républicains et ébranle la démocratie états-unienne, cette Amérique conservatrice trouve son champion en Ronald Reagan. Élu à la présidence en 1980, ce dernier met fin au cycle progressiste entamé dans les années 1930 en affichant son souhait de mettre à bas l’État-providence sur fond de retour du religieux et de discours manichéen.

     

    (à suivre)

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  • Benoît Coeuré (BCE) : La sortie de la Grèce de l’euro « ne peut plus être exclue »

     

    Nicolas Barré / Directeur de la rédaction, François Vidal / Directeur délégué de la rédaction, Dominique Seux / Directeur délégué de la rédaction, Guillaume Maujean / Rédacteur en chef "Finance et Marchés", Etienne Lefebvre / Rédacteur en chef "International, Politique et Economie générale", Jean-Philippe Lacour / Correspondant à Francfort et Catherine Chatignoux / Chef de service adjointe | Le 29/06 à 22:22, mis à jour à 22:37
    Benoit Coeure, membre directoire BCE, estime qu’une
    • Benoit Coeure, membre du directoire de la BCE, estime qu’une - ILMARS ZNOTINS /AFP


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/monde/europe/021174193580-benoit-coeure-bce-la-sortie-de-la-grece-de-leuro-ne-peut-plus-etre-exclue-1132860.php?dWBPqqxgi3LpGXYS.99#xtor=EPR-7-%5Bmatinale%5D-20150630-%5BProv_%5D-1634312%402

    Dans une interview aux « Echos », Benoît Coeuré, membre du directoire de la banque centrale européenne (BCE), pèse ses mots mais n’esquive aucune question.


    La sortie de la Grèce de la zone euro est-elle désormais l’hypothèse la plus probable ?

    La sortie de la Grèce de la zone euro, qui était un objet théorique, ne peut malheureusement plus être exclue. C’est le résultat du choix du gouvernement grec de mettre fin à la discussion avec ses créanciers et de recourir à un référendum, qui a conduit l’Eurogroupe à ne pas prolonger le deuxième plan d’aide. Le souhait de la BCE comme des autorités européennes est que la Grèce reste dans la zone euro. C’est le sens de la proposition qui avait été faite la semaine dernière, sous la forme d’un programme de réformes et d’une offre de financements beaucoup plus favorable que tout ce qui avait pu être proposé par le passé. L’Europe n’a jamais lâché la Grèce.


    En quoi ces propositions étaient-elles plus favorables ?

    Elles donnaient du temps et de l’autonomie à la Grèce pour réformer son économie, comme par exemple son marché du travail, tout en prévoyant une trajectoire budgétaire exigeante mais qui tient compte de la dégradation de la situation économique. L’excédent primaire demandé était ramené à 1% de PIB en 2015, contre 3% précédemment. Nous proposions également des coupes plus importantes dans les dépenses militaires pour créer des marges de manœuvre ailleurs.


    La responsabilité de la rupture est-elle donc entièrement grecque ?

    La décision d’interrompre les discussions a été prise par les autorités grecques. Cela nous a d’ailleurs surpris, car nous arrivions au terme d’échanges intenses et assez fructueux.


    Vous parlez des propositions au passé. La BCE considère-t-elle que la question qui sera posée aux Grecs lors du référendum est d’ores et déjà caduque ?

    D’un point de vue formel, le programme va en effet expirer mardi soir. Ceci dit, si la réponse est « oui », je n’ai pas de doute sur le fait que les autorités de la zone euro trouveront les moyens, sous une forme ou sous une autre, de tenir leurs engagements. La question est politique. La réponse à cette question, ce sont les Grecs qui la détiennent.


    Et si les Grecs répondent « non »…

    Ce serait un refus de l’offre des 18 autres pays de la zone euro. Il serait alors très difficile de renouer un dialogue politique. L’Eurogroupe a clairement considéré que les propositions des trois institutions étaient allées à la limite de ce qui était acceptable.


    Alexis Tsipras estime que les Européens n’ont pas tenu leurs engagements sur la restructuration de la dette…

    La question de la dette était en effet une priorité pour le gouvernement grec. Mais dès le 20 février, les ministres de l’Eurogroupe avaient dit que cette discussion ne viendrait que dans un second temps, et qu’il fallait d’abord décider d’un programme de réforme crédible. La Grèce a choisi d’interrompre les discussions avant la deuxième partie de la séquence.


    Cette dette ne doit-elle pas être restructurée pour que l’économie grecque soit viable ?

    D’abord, elle a été aménagée à trois reprises, depuis 2012. En cumulant la restructuration et le rachat de la dette privée puis la révision de la maturité et des taux d’intérêt des prêts européens, ce sont plus de 100% de PIB d’allègements de dette qui ont été consentis. La charge de la dette grecque représente 4% du PIB, moins qu’en Italie ou en Espagne. La question n’est donc pas de savoir s’il faut réaménager la dette mais s’il est utile pour la Grèce de la réaménager une quatrième fois. Le plus important pour l’avenir de la Grèce, c’est de récréer de la croissance. Pour cela, il faut lever les rigidités de l’économie grecque, les barrières tarifaires, les rentes qui entravent l’activité et pèsent sur le pouvoir d’achat de salariés à qui on a demandé un gros effort. L’exécutif grec n’a jamais mis ces questions au cœur des discussions et cela a été une vraie déception de la part d’un gouvernement dont tout laissait à penser qu’il serait très engagé dans la lutte contre les rentes.


    Quid des fonds réservés, dans le cadre du deuxième plan, au soutien des banques grecques ?

    Cet argent soit 10,9 milliards d’euros, disparait avec l’arrêt du programme, mardi soir, comme l’ensemble des aides à la Grèce qui étaient encore disponibles mais conditionnées à la mise en œuvre du programme.


    La BCE a maintenu son programme d’aide d’urgence aux banques (ALE). La question de son annulation s’est-elle posée le week-end dernier ?

    La BCE agit dans le cadre de ses règles. Nous pouvons fournir l’assistance de liquidité d’urgence (ALE) aux banques à condition qu’elles soient solvables, que les garanties apportées soient de bonne qualité, et que cela n’interfère pas avec politique monétaire de la BCE. Jusqu’à dimanche, ces conditions étaient remplies. Il a été constaté dans le même temps que le crédit du gouvernement grec s’était fortement dégradé, en particulier après la décision de l’Eurogroupe de retirer le filet de sécurité accordé à la Grèce. Cela nous a conduits à ne pas autoriser de nouveaux tirages sur la Banque centrale, tout en maintenant le stock actuel de liquidités. J’estime qu’il s’agit d’une décision proportionnée, car elle ne crée pas de décision irréversible.


    Vous allez maintenir l’aide aux banques jusqu’à dimanche soir ?

    Nous allons maintenir l’aide jusqu’à nouvel ordre. La situation est réexaminée en permanence par le conseil des gouverneurs.


    Quelle est l’exposition de la BCE au risque grec ?

    Il y a d’une part les prêts accordés par l’Eurosystème aux banques grecques, pour un montant de plus de 116 milliards d’euros. D’autre part, l’encours du programme de rachat de dettes décidé en 2010 (SMP) s’élève à près de 20 milliards d’euros.


    On arrive à un scénario de perte potentielle proche de 135 milliards d’euros en cas de sortie de la Grèce de l’euro?

    Je ne veux pas spéculer là-dessus. La Grèce peut rester dans la zone euro.


    Quelles seraient les conséquences pour la zone euro d’un « Grexit » ?

    Il faut différencier l’impact de court terme de celui de long terme. La réaction des marchés financiers mondiaux, ce lundi, montre qu’il y a eu un effet de surprise. Jusqu’à vendredi soir, le scénario envisagé n’était pas celui d’une rupture des négociations et d’un référendum. Les marchés sont devenus averses au risque. Mais leur réaction reste relativement modérée. Cela montre à quel point la Grèce est un cas unique, à quel point la situation dans laquelle elle se trouve aujourd’hui est singulière.

    D’autres pays de la zone euro ont connu de lourdes difficultés. Ils sont passés par des programmes d’ajustement dont ils sont sortis. Cela a été pour eux une parenthèse close avec succès. C’est le cas de l’Irlande ou du Portugal. Le programme est toujours en cours à Chypre, et il se déroule bien, ce qui devrait permettre prochainement à la BCE de commencer à acheter des titres chypriotes. Je ne sous-estime pas l’effort qu’ont représenté ces programmes et leur coût social. Les citoyens de ces pays l’ont payé chèrement. Mais quand des programmes de réformes ambitieux sont adoptés et mis en œuvre, cela marche ! Ces pays sont sur la voie de la reprise.


    Les marchés sont plutôt modérés, pour l’instant. Mais si la situation s’aggrave ?

    Leur réaction montre aussi la résilience de la zone euro à des chocs extérieurs. Les filets de sécurité mis en place ces dernières années jouent leur rôle. Je pense au Mécanisme Européen de Stabilité (MES), à l’Union bancaire, et aux différents programmes de la Banque centrale européenne. Mais il faut être vigilant. La BCE a clairement indiqué dimanche qu’elle surveillait attentivement la situation économique et les marchés. Si des risques survenaient, nous nous tenons prêts à utiliser les instruments dont nous disposons – le Quantitative easing et l’OMT - et nous nous tenons même prêts à utiliser de nouveaux instruments, dans le cadre de notre mandat.


    Quels pourraient être ces nouveaux instruments ?

    Le conseil de gouverneurs de la BCE analyse la situation en temps réel. Nous avons déjà dit que nous étions prêts à faire plus en matière de politique monétaire si nécessaire. Jusqu’à maintenant, la BCE a toujours trouvé les réponses aux crises, dans le cadre de son mandat. La Cour européenne de justice a validé le dispositif OMT mis en place en 2012 (programme d’achats de titres pour les pays sous aide financière, qui n’a pas été utilisé à ce jour, NDLR). Et dans son jugement, elle a estimé que la BCE devait bénéficier de larges modalités d’appréciation pour choisir ses instruments.


    A long terme, un « Grexit » ne risquerait-il pas d’acter le fait qu’un pays peut désormais sortir de la zone euro, que sa construction n’est pas irréversible ?

    Si la Grèce devait sortir de la zone euro, cela risquerait de jeter un doute sur la nature de l’union monétaire et sur son fonctionnement. Cela créerait une fragilité. Ce serait un drame pour la Grèce et son économie d’abord. Ce serait un défi pour l’Europe qu’elle devrait relever au plus vite, en renforçant sérieusement son cadre institutionnel. La stabilité de la zone euro repose sur un équilibre entre responsabilité et solidarité. Pour être plus forts et plus convaincants, il faut des initiatives concrètes pour renforcer ces deux dimensions.


    Que diriez-vous aux Grecs pour les convaincre de ne pas sortir ?

    L’essentiel c’est que la Grèce soit remise sur une trajectoire de croissance, qu’un consensus soit trouvé pour recréer pour le pays un modèle économique viable. La productivité globale des facteurs en Grèce n’a augmenté qu’à un rythme de 1% par an, entre 1981 et 2014 contre 2% par an dans la zone euro, et ce, en dépit des transferts importants dont la Grèce a bénéficié. La meilleure manière d’y parvenir, c’est d’insérer l’économie grecque dans le grand marché européen et de pouvoir s’appuyer sur les institutions. J’ajoute que si la Grèce devait sortir, l’austérité serait bien pire encore. Elle ne bénéficierait plus de la solidarité de la zone euro, qui lui a donné du temps pour faire les ajustements nécessaires.


    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/monde/europe/021174193580-benoit-coeure-bce-la-sortie-de-la-grece-de-leuro-ne-peut-plus-etre-exclue-1132860.php?dWBPqqxgi3LpGXYS.99#xtor=EPR-7-%5Bmatinale%5D-20150630-%5BProv_%5D-1634312%402
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