Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Walt Whitman
Né à Long Island, dans l’État de New York, cet homme du peuple, menuisier à ses heures, produisit une œuvre novatrice, brillante, exprimant l’esprit démocratique du pays. C’était un autodidacte qui avait abandonné l’école à l’âge de onze ans pour travailler. Il lui manqua donc l’instruction traditionnelle qui faisait de la plupart des auteurs américains des imitateurs respectueux des Anglais. Son recueil, Feuilles d’herbe (1855), qu’il réécrivit et révisa pendant toute sa vie, contient le « Chant de moi-même », poème le plus original qu’ait jamais écrit un Américain. Les éloges enthousiastes d’Emerson et de quelques autres pour ce volume audacieux confirmèrent au poète sa vocation, même si le livre ne connut pas un grand succès auprès du public.
Feuilles d’herbe est aussi immense, énergique et naturel que le continent américain; c’était l’épopée que des générations de critiques américains appelaient de leurs vœux, même s’ils ne le comprirent pas. La pulsation du mouvement que l’on perçoit dans le « Chant de moi-même » est comme une incessante musique :
Je borde des sierras, mes paumes couvrent des continents
Je chemine avec ma vision.
Plus que tout autre écrivain, Whitman inventa le mythe de l’Amérique démocratique. « De toutes les nations […], les Américains possèdent probablement la nature poétique la plus complète. Les Etats-Unis sont essentiellement le plus grand des poèmes. » En écrivant ces mots, il avait la hardiesse de prendre le contre-pied de l’opinion généralement admise selon laquelle l’Amérique était trop brutale et trop neuve pour comprendre la poésie. Il inventa une Amérique intemporelle de la liberté de l’imagination, peuplée d’esprits pionniers venus de toutes les nations. Le romancier et poète britannique, D.H. Lawrence, le décrivit comme le poète de « la grand-route ».
On perçoit la grandeur de Whitman dans nombre de ses poèmes, dont « Sur le Bac de Brooklyn », « Exhalé du berceau sans fin balancé » et « Au temps dernier que les lilas fleurirent », élégie émouvante sur la mort d’Abraham Lincoln. Il a signé une autre œuvre importante : Perspectives démocratiques (1871). Il s’agit d’un essai rédigé au cours de l’âge d’or du matérialisme sans frein de l’ère industrielle, où il critique à juste titre son pays pour « la puissance de sa richesse multiforme et de son industrie » qui cachent « un Sahara sec et uniforme » de l’âme. Il préconise une nouvelle sorte de littérature qui insufflerait une vie nouvelle à la population. Pourtant, en fin de compte, le titre de Whitman à l’immortalité est son « Chant de moi-même ». Là, l’être romantique est au centre de la conscience du poème.
Et mes prétentions seront tes tentations,
Car chaque atome qui m’appartient t’appartient aussi.
La voix de Walt Whitman électrise le lecteur moderne par sa proclamation de l’unité et de la force vitale de toute la création. Il fut incontestablement un extraordinaire novateur. C’est lui qui a créé le poème autobiographique, qui a fait de l’Américain ordinaire un barde, du lecteur un créateur, c’est de lui que vient la découverte toujours actuelle, de la forme « expérimentale » ou organique."
Kathryn VanSpanckeren, Esquisse de la littérature américaine, p. 30-32. Publié par l’Agence d’information des Etats-Unis (document du domaine public).
Commentaires
Coucou,
Je découvre grâce à tes travaux, ce poète d'un autre temps qui expérimente, qui apporte des touches créatrices.
Encore une decouverte grace à toi ,merci laura
c'est pas grave, ambroise
contente de vous avoir fait découvrir quelqu'un ambroise et estelle