Jupiter et Thétis
Jean Auguste Dominique Ingres (1811). Huile sur toile, 324 x 260 cm. Aix-en-Provence, musée Granet

© Eric Lessing

lieu : Musée de l'Arles et de la Provence antiques, Arles

date : jusqu'au 2 janvier 2007

Passionné par l'art antique, Ingres collectionne œuvres et documents sur Rome et la Grèce et les distille dans ses toiles. Associant pour la première fois histoire de l'art et archéologie, l'exposition d'Arles explore les origines de l'imaginaire du maître.

Le musée de l'Arles et de la Provence antiques propose au visiteur un retour aux racines du génie d'Ingres en tissant les liens entre les œuvres du grand maître et celles de l'art antique.

Une addiction enfantine

Fils d'un peintre sculpteur, Jean-Auguste-Dominique Ingres connaît ses premiers émois artistiques au contact de l'art grec. A l'âge de neuf ans, l'artiste en herbe dessine une "Tête de Niobé" qui exprime déjà son goût prononcé pour l'expression de la souffrance et du tragique. Enthousiaste, Ingres étudie longuement la sculpture et fait des mythes grecs un thème majeur de son travail.

A la recherche de l'émotion première

Malgré sa tonalité arabisante, "Le bain turc" représente l'accomplissement du travail d'Ingres sur les nus grecs. Photo © Eric Lessing

Tout au long de sa carrière, Ingres cherche à reproduire la fraîcheur de l'art grec et l'émotion qui s'en dégage. Ainsi le maître préconise-t-il "d'étudier les antiques et les maîtres, non pour les imiter, mais (...) pour apprendre à voir." (De l'art et du beau). Cherchant à s'approprier ce qu'il juge être la perfection du trait, il réinvente l'héritage antique et apporte un nouveau souffle à l'Académie, la sortant d'une imitation stérile. Aussi, si les thèmes abordés par Ingres sont assez classiques, la sensibilité exacerbée de son œuvre l'affranchit du carcan ambiant de l'époque et le fait entrer dans la modernité.

Une documentation archéologique

Cette quête de l'innocence perdue et de l'origine lance Ingres dans une gigantesque entreprise de collection. Arpentant les musées et les fouilles, il copie inlassablement divers objets de l'époque antique, fabrique des moules de statues et achète des céramiques grecques. Ses croquis d'objets, ses calques, relevés graphiques, les photographies qu'il utilisait, tout son savoir archéologique, Ingres l'a légué à sa ville natale, Montauban.

Aujourd'hui, l'exposition d'Arles complète cette collection grâce aux prêts du musée du Louvre et du British Museum. Elle confronte les modèles antiques aux dessins préparatoires et aux œuvres du maître. 500 objets sont ainsi présentés et plusieurs toiles dont "Œdipe et le Sphinx", "Jupiter et Thétis" ou "Le bain turc" sont analysées, mettant en exergue la genèse de la créativité d'Ingres et sa recherche permanente de renouveau.

http://www.linternaute.com/sortir/sorties/exposition/ingres-antique/ingres-antique.shtml

Visite virtuelle:http://www.arles-antique.cg13.fr/mapa_cg13/root/index.htm#