Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Visions du Déluge (Dijon)
Le Déluge (1789)
Jean-Baptiste Regnault, Le Déluge (1789). Huile sur toile, 89 x 71 cm. Paris, Louvre, Peintures.
© MNR, Christian Jean
lieu : Musée Magnin |
date : jusqu'au 10 janvier 2007 |
Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux, Paris, le musée Magnin, Dijon, et le musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne (où elle sera présentée du 2 février au 29 avril 2007).
L’exposition est soutenue par la Lyonnaise de Banque.
Episode célèbre de la Genèse, premier livre de la Bible, le Déluge universel a été souvent représenté dans l’art occidental et de nombreuses œuvres sur ce sujet sont bien connues et publiées, mais aucune exposition ne lui a encore été consacrée en France.
L’ambition de l’exposition consiste à mettre en évidence une évolution remarquable où l’on voit un sujet d’histoire devenir un sujet de paysage. L’exposition montre aussi comment une même historia peut recevoir un traitement maniériste ou se prêter à une vision pré-romantique.
Esthétiquement, il est intéressant de noter qu’un sujet violent, en adéquation avec le Sublime « horrifique » mis à l’honneur à la fin du XVIIIe siècle - époque d’un regain d’intérêt pour le thème - peut aussi s’ancrer dans un registre classique et relever du Sublime de simplicité d’un Poussin.
C’est pourquoi les catastrophes naturelles sont évoquées ici aux côtés du Déluge : à partir du XVIIIe siècle, ce sont dans les deux cas des visions terrifiantes de la nature qui rompent avec les canons de la beauté classique, deux effets comparables de la Providence ou de l’histoire de la Terre.
Dans le contexte de désacralisation progressive de la première moitié du XIXe siècle, l’intérêt artistique pour le sujet atteste de la persistance du Déluge comme événement fondateur.
L’épisode biblique est un sujet d’histoire fréquent dans les œuvres des XVIe et XVIIe siècles ; Raphaël et Michel-Ange peignent à fresque le moment dramatique de la montée des eaux, et leurs œuvres seront des modèles. De leur côté, sensibles à la dimension morale de l’épisode, les artistes nordiques s’attachent aux causes du déluge – l’humanité corrompue – et à la Nouvelle Alliance qui en résulte. Dans les représentations, l’évocation de l’Arche de Noé - symbole du Salut, au delà de la fin de la première humanité - tend à gagner les lointains, tandis que les premiers plans sont occupés par des scènes manifestant la détresse humaine. Confrontés à la difficulté de représenter le chaos, les artistes trouvent avec la prolifération des corps des solutions de composition dans lesquelles domine le point de vue panoramique.
Le Déluge de Nicolas Poussin marque un tournant dans le traitement du sujet. Peinte entre 1660 et 1664, l’œuvre (représentée dans l’exposition par une copie ancienne) montre un « paysage tragique », où s’inscrit une promesse de renouveau. A la vision des corps accumulés se substitue une atmosphère grise et froide; à l’agitation, le calme et la prière – et la scène familiale prend une valeur exemplaire. Le paysage assume dès lors une valeur allégorique : celle d’une communauté de destin entre l’homme et la nature, qui sera abondamment discutée au siècle suivant.
Lorsque le thème suscite un nouvel engouement, durant les vingt dernières années du XVIIIe siècle, le tableau de Poussin n’est pas oublié et les artistes continuent d’y puiser. Mais un retournement idéologique s’est produit : la référence religieuse tend à s’effacer au profit de sources littéraires (Salomon Gessner en Suisse, John Milton en Angleterre) dans lesquelles s’exprime la détresse individuelle. Le Déluge tend à devenir le support de scènes de genre tragiques ; elles attestent d’une inquiétude qui n’est peut-être pas sans rapport avec les bouleversements sociaux en cours ou à venir.
C’est ici que les catastrophes naturelles rejoignent le Déluge. L’homme y est également victime d’un décret divin ou d’une nature imprévisible. Si les représentations du Vésuve en éruption donnent souvent dans le pittoresque, celles des tremblements de terre de Lisbonne et de Messine expriment une conscience nouvelle de la précarité de l’existence humaine qui, conjuguée à la curiosité scientifique des Lumières, produit des œuvres dans lesquelles le spectacle « horrible » de la nature tient, comme le Déluge, de la catégorie esthétique du sublime telle qu’elle est définie par Edmund Burke en 1757.
En France, durant la première moitié du XIXe siècle, les scènes duelles ou familiales à tendance mélodramatique dominent l’interprétation du sujet. Le Déluge inspirant des paysages grandioses se développe particulièrement en Angleterre. La renaissance du débat entre science et religion sur l’origine de la terre et de l’homme transparaissent dans l’évocation d’une comète, des animaux antédiluviens ou des anges issus du texte de la Genèse.
Musée Magnin
4, rue des Bons-Enfants
21000 Dijon
Tél. : 03 80 67 11 10
Horaires
Du mardi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 18h, le samedi et le dimanche de 10h à 12h30 et 14h à 18h.
Prix d’entrée
Plein tarif : 4,70 € ; tarif réduit : 3,70 € ; gratuit pour les moins de 18 ans, enseignants et étudiants en art. Le même billet donne accès à l’exposition permanente.
Publication
Catalogue, 128 pages, 90 illustrations, édition RMN, 39€ environ. Diffusion Interforum, disponible dans les librairies RMN, en ligne et par abonnement.
Commissaires
Rémi Cariel, directeur du musée Magnin, et Sylvie Wuhrmann, historienne de l’art.
Autour de l'exposition
Visites guidées ; rendez-vous littéraire : lecture de textes romantiques et rencontre avec un
auteur contemporain sur le Déluge (mercredi 17 octobre) ; rendez-vous scientifique : Ondes, formes et catastrophes (mercredi 6 décembre) ; conférence illustrée et pluridisciplinaire sur l’arc-en-ciel (jeudi 9 novembre).
Presse
Réunion des musées nationaux, Paris
Florence Le Moing
Tél. : 01 40 13 47 62 - Fax : 01 40 13 48 61
Musée Magnin, Dijon
Magali Poignant
Tél. : 03 80 67 07 15 - Fax : 03 80 66 43 75
http://www.rmn.fr/fr/03expo/01calendrier/2006/deluge/index.html
Commentaires
un deluge tres bien representè
Cette peinture est plus vivante qu'une photo.