James Brown, lors d'un concert en 1972.
Hospitalisé dimanche pour une pneumonie, le parrain de la musique soul est mort, il devait se produire sur scène le week-end prochain.
Fondateur du funk et "Parrain de la soul", James Brown est mort tôt lundi 25 décembre à l'âge de 73 ans à Atlanta (Géorgie), a annoncé son agent. Le "Parrain de la soul" avait été hospitalisé la veille pour une pneumonie, a précisé Frank Copsidas de la société Intrigue qui a ajouté que son ami de longue date Charles Bobbit était à son chevet à l'hôpital Emory Crawford Long où le musicien s'est éteint vers 1h45 (7h45, heure de Paris).
Charles Bobbit présent au moment de la mort de son ami, rapporte qu'il "s'est allongé sur le llit, il a soupiré très doucement trois fois, puis il a fermé les yeux et il est mort". "Il est mort très doucement" a-t-il ajouté et ses derniers mots ont été : "Je m'en vais".
Avec sa permanente, ses géniales inventions polyrythmiques, sa puissante voix façonnée par le gospel, James Brown aura marqué près d'un demi-siècle de musique, entrant dans la légende pour avoir transformé la soul en funk.
Selon M. Copsidas, le légendaire chanteur espérait tout de même se produire sur scène le week-end prochain. Il avait dû annuler deux concerts cette semaine mais espérait être remis sur pied pour son spectacle prévu samedi à Red Bank (New Jersey). L'agent a déclaré que la famille de l'interprète de "Sex Machine" avait été informée de son décès dont la cause de la mort n'est pas encore connue. "Nous ne savons pas vraiment au moment où je vous parle de quoi il est mort", a dit Copsidas.
Surnommé "Mister Dynamite"
Tout au long de sa longue et parfois chaotique carrière, il aura collectionné les surnoms aussi dithyrambiques que colorés tels que "Soul Brother", "Mister Dynamite" ou encore "Original Disco Man".
En compagnie d'Elvis Presley, Bob Dylan et une poignée d'autres, James Brown aura exercé une influence majeure sur la musique des 50 dernières années. Il a été idolâtré par au moins une génération qui n'hésitait pas à l'imiter ouvertement. Ses pas de danse rapide hérités de sa longue pratique de la boxe ont notamment inspiré Mick Jagger, Prince, Michael Jackson et tant d'autres.
Si les fans de Ray Charles ou de Sam Cooke peuvent légitimement lui contester le titre d'inventeur de la soul, James Brown aura incontestablement marqué de son empreinte les genres du rap, du disco et surtout du funk, dont il est l'un des pères fondateurs. Des titres comme "Cold Sweat" ou "Papa's Got A Brand New Bag" ont ainsi révolutionné la musique avec leurs rythmes inédits.
"Le disco, c'est Brown. Le hip-hop, c'est Brown. Le rap, c'est Brown"
"James avait à l'évidence le meilleur groove", avait déclaré à l'Associated Press le rapper Chuck D de Public Enemy. "A ce jour, personne n'a été aussi funky. Il n'y en même pas un qui pourrait s'en approcher".
James Brown en était convaincu. Ainsi lors d'une interview accordée à l'Associated Press en 2003, il déclarait sans fausse modestie: "Le disco, c'est James Brown. Le hip-hop, c'est James Brown. Le rap, c'est James Brown. Vous comprenez ce que je dis? Quand vous écoutez tous ces rappers, 90% de leur musique vient de moi". Une affirmation pas fausse lorsque l'on connaît le nombre extravagant de samples de ses chansons ou de ses lignes rythmiques dans les titres des rappers.
Né le 3 mai 1933 dans une famille pauvre à Barnwell dans la Caroline du Sud rurale, James Joseph Brown grandit à Atlanta (Géorgie) où il est élevé en partie dans un bordel et endure la ségrégation raciale et le racisme en vigueur alors dans le Sud profond. A 7 ans, il est rabatteur de prostituées avant de devenir cireur de chaussures et boxeur. A 16 ans, en 1949, il est arrêté pour vol et restera trois ans et demi dans une maison de correction en Géorgie où il découvre le gospel.
De "Please, Please, Please" à "Sex Machine"
Un temps boxeur puis joueur de baseball semi-professionnel, il rencontre Bobby Byrd qui le fait rentrer dans son groupe gospel. Mais il lui faudra attendre 1956 pour connaître son premier vrai succès "Please, Please, Please" puis "Try Me" en 1958 avec les Famous Flames. En l'espace de trois ans, James Brown devient le roi du rhythm & blues et l'idole de tous les Noirs. La consécration définitive arrivera en 1970 avec la sortie du mythique "Sex Machine", avec Bobby Byrd au contre-chant.
Des années 1950 jusqu'au milieu des années 1970, Brown s'est lancé dans une série frénétique de tournées, de concerts et d'albums, héritant du surnom "travailleur le plus acharné du show business".
Après une traversée du désert après l'arrivée du disco, James Brown s'essouffle artistiquement, mais reviendra au premier plan grâce au cinéma grâce notamment aux "Blues Brothers" dans lequel il interprète magistralement un prédicateur ou encore "Rocky IV" pour son tube "Livin' in America". Il fera son entrée au Rock and Roll Hall of Fame en 1986, l'année de la sortie de "Rocky IV". Après deux ans de prison pour avoir frappé sa femme et échappé à la police, il retrouvera la liberté en 1991, décrochant l'année suivante un Grammy pour l'ensemble de sa très riche carrière. (AP)
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/culture/20061225.OBS4386/les_derniers_mots_du_chanteur_je_men_vais.html
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