Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Transplantation du visage :le médecin raconte
NOUVELOBS.COM | 25.01.2007 | 11:48
Le professeur Laurent Lantiéri est revenu sur l'opération, indiquant notamment qu'elle avait duré 15 heures. Le jeune patient est toujours en réanimation
Quatorze mois après la première mondiale d'Amiens, une deuxième greffe du visage a été pratiquée en France. Mais, alors qu'Isabelle Dinoire avait été défigurée par une morsure de chien, le patient opéré dimanche 21 janvier souffrait d'une maladie génétique extrêmement invalidante, avec des "lésions monstrueuses" et un "envahissement total de la face", ont expliqué mardi 23 janvier les médecins. Autre novation de la greffe effectuée à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), dans la banlieue sud-est de Paris, par l'équipe du professeur Laurent Lantiéri: l'intervention, qui a duré 15 heures, a consisté à enlever au préalable le tissu pathologique de la partie basse de la face (triangle nez-bouche) et à le remplacer par du tissu sain, une procédure particulièrement complexe sur le plan technique et "extrêmement hémorragique".
Aucune image
Par respect de la vie privée, le professeur Lantiéri a refusé de diffuser la moindre photo du receveur et du donneur -un patient compatible en état de mort cérébrale- ou image de l'intervention, filmée par ses collaborateurs, et de rendre publiques les identités. "Toute image serait du vol", a-t-il prévenu. Le médecin de 43 ans a simplement révélé que le patient, âgé de 29 ans, était suivi depuis de nombreuses années à l'hôpital Henri-Mondor pour une forme rare de la maladie de Recklinghausen (neurofibromatose de type 1), la deuxième maladie génétique en France (derrière la mucoviscidose), qui touche environ 20.000 personnes dans le pays. Il s'agit d'une pathologie qui déforme le visage et peut dans les cas extrêmes être similaire à celle dont était victime le héros du film "Elephant Man".
Des "lésions monstrueuses" dès l'adolescence
"A partir de l'adolescence", les lésions du patients "étaient déjà monstrueuses", a raconté le professeur Lantiéri lors d'une conférence de presse en présence de son équipe au siège de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) à Paris. "Ce patient-là avait une forme extrêmement particulière, avec un envahissement de la totalité de la face, il était totalement déformé, il avait été opéré de très nombreuses fois par moi, par d'autres chirurgiens", a ajouté le chef de service de chirurgie plastique et reconstructrice à Henri-Mondor. Lorsqu'il a été informé samedi soir de l'existence d'un donneur compatible, "le patient n'a pas hésité une seconde". Et, le dimanche matin, au moment de se rendre dans le bloc, "il était parfaitement serein", a rapporté le professeur Lantiéri. L'intervention a débuté dimanche à 10h du matin et a pris fin lundi à 2h du matin. Actuellement, le jeune homme se trouve encore en réanimation où il est sédaté; il n'a donc pas pu encore voir son nouveau visage. En revanche, "sa famille semble heureuse que ça se passe bien".
De nombreux mois avant les premiers résultats
Le médecin a prévenu qu'il faudrait "attendre de nombreux mois avant de connaître le résultat", même si, "actuellement, le patient va bien du point de vue chirurgical". Le chirurgien plasticien a notamment souligné qu'il faudrait surveiller "la repousse ou non-repousse des nerfs faciaux", puis la "motricité" du visage, enfin la possibilité de "retrouver une vie sociale correcte et l'anonymat de la vie de tous les jours". Le patient, qui a fait des études supérieures et avait pu travailler pendant un temps, avait dû interrompre toute activité professionnelle du fait de ses difformités, ce qui lui pesait beaucoup. Le médecin a évoqué "des déformations terribles". "Ce patient n'arrivait plus à s'alimenter correctement puisqu'il avait des lèvres tellement énormes (...) qu'il fallait qu'il tienne sa lèvre pour pouvoir manger. Il avait beaucoup de difficultés d'élocution puisqu'il n'arrivait pas du tout à bouger ses lèvres". Cette intervention chirurgicale survient un peu plus d'un an après la première mondiale réalisée sur Isabelle Dinoire. Cette femme de 38 ans, défigurée par une morsure de chien, avait été opérée le 27 novembre 2005 au CHU d'Amiens (nord de la France) par l'équipe du Pr Bernard Devauchelle, spécialiste de chirurgie maxillo-faciale, en coopération avec celle du Pr Jean-Michel Dubernard, chef de service du chirurgie à l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon. En avril 2006, une greffe partielle a été réalisée en Chine sur Li Guoxing, un chasseur mordu au visage par un ours. AP
Commentaires
et voilà encore une belle reussite chirurgicale,,ce jeune homme va vivre une renaissance!!
felicitations au professeur Laurent Lantiéri et ses collaborateurs,,je suis admirative devant un tel acte
Secondairement, on peut dire "cocorico" car ça s'est passé en France.