Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Catégories : Les polars
Polar à lire:"Le Fleuve caché" d'Adrian McKinty
C. M..
Publié le 03 mai 2007
Actualisé le 03 mai 2007 : 11h39
Avec ce polar bien noir, l'auteur irlandais Adrian McKinty signe un second roman parfaitement maîtrisé.
BELFAST (Irlande) - Boulder (Colorado), sept fuseaux horaires de décalage : pendant que la belle Victoria Patawasti, irlandaise d'origine indienne, meurt assassinée en Amérique, Alex Lawson, son amour d'adolescence, est en train de coucher avec une fille de hasard sur un bateau dans lequel ils ont illégalement pénétré. Il pleut sur Belfast.
Depuis dix ans qu'ils se sont quittés, Victoria et Alex ont fait du chemin. Elle, installée aux États-Unis, travaille pour une association de « défense raisonnée de la nature » (lire : un club républicain qui, sans s'aliéner les grandes sociétés capitalistes, entend s'approprier un terrain généralement dévolu aux démocrates). Lui, promis à un avenir brillant dans la police, a succombé à l'héroïne, puis été licencié.
Le meurtre de Victoria est attribué à un cambrioleur, et l'affaire en resterait là si monsieur Patawasti ne se souvenait que l'ancien flirt de sa fille a été enquêteur, et si Alex, menacé par d'anciens collègues, n'éprouvait le besoin de changer d'air. Il s'envole pour le Colorado, accompagné de son meilleur ami, flic honoraire incompétent, et dragueur notoire...
Le lyrisme de la nostalgie
Le Fleuve caché (second roman d'Adrian McKinty, après À l'automne, je serai peut-être mort) est un authentique roman à suspense : Alex en sait quelque chose, pour qui le Colorado devient rapidement aussi mouvementé et périlleux que l'Irlande. Mais, à la différence de trop de romans policiers, il s'agit avant tout d'un beau morceau de littérature, dans lequel l'intrigue est finalement un prétexte, qui a moins d'importance que ses à-côtés, que les moments où l'écrivain se laisse dériver.
L'auteur - qui a accompli le même parcours que ses personnages : né en Irlande, il vit dans le Colorado - conte l'histoire d'un amour nécrophile : si Alex tient autant à découvrir le véritable responsable de la mort de Victoria, c'est qu'il l'aime, même morte, plus que la sublime blonde, bien vivante celle-là, plus bostonienne que nature qui lui prête son corps dans des buts dont le lecteur averti se doute qu'ils ne sont pas innocents. Alex communique véritablement avec la morte - et ce n'est pas un hasard si la scène finale du livre, la résolution quasi mystique de l'énigme, se passe en Inde, au bord du fleuve, dans le pays des ancêtres de la jeune femme, sur les lieux où son âme est toujours présente.
Le Fleuve caché impressionne par la richesse et la diversité de son ton et de son écriture, passant avec aisance du lyrisme ample de la nostalgie de l'amour perdu au rythme saccadé du narrateur sous l'emprise de l'héroïne. La partie satirique du livre - de jeunes républicains, riches et ambitieux, faisant du porte-à-porte afin de distribuer brochures, phrases creuses et larges sourires sans âme - pour être facile, n'en est pas moins réussie et jouissive. C'est aussi cela, l'Amérique.
Ce livre rare et maîtrisé est une réussite bien digne de la Série noire qui, depuis deux ans, dopée par l'enthousiasme de son nouveau patron, comble à la fois les lecteurs de romans noirs et les amateurs de très bonne littérature.
Le Fleuve caché d'Adrian McKinty traduit de l'anglais par Patrice Carrer Gallimard, 410 p., 22 €.
Depuis dix ans qu'ils se sont quittés, Victoria et Alex ont fait du chemin. Elle, installée aux États-Unis, travaille pour une association de « défense raisonnée de la nature » (lire : un club républicain qui, sans s'aliéner les grandes sociétés capitalistes, entend s'approprier un terrain généralement dévolu aux démocrates). Lui, promis à un avenir brillant dans la police, a succombé à l'héroïne, puis été licencié.
Le meurtre de Victoria est attribué à un cambrioleur, et l'affaire en resterait là si monsieur Patawasti ne se souvenait que l'ancien flirt de sa fille a été enquêteur, et si Alex, menacé par d'anciens collègues, n'éprouvait le besoin de changer d'air. Il s'envole pour le Colorado, accompagné de son meilleur ami, flic honoraire incompétent, et dragueur notoire...
Le lyrisme de la nostalgie
Le Fleuve caché (second roman d'Adrian McKinty, après À l'automne, je serai peut-être mort) est un authentique roman à suspense : Alex en sait quelque chose, pour qui le Colorado devient rapidement aussi mouvementé et périlleux que l'Irlande. Mais, à la différence de trop de romans policiers, il s'agit avant tout d'un beau morceau de littérature, dans lequel l'intrigue est finalement un prétexte, qui a moins d'importance que ses à-côtés, que les moments où l'écrivain se laisse dériver.
L'auteur - qui a accompli le même parcours que ses personnages : né en Irlande, il vit dans le Colorado - conte l'histoire d'un amour nécrophile : si Alex tient autant à découvrir le véritable responsable de la mort de Victoria, c'est qu'il l'aime, même morte, plus que la sublime blonde, bien vivante celle-là, plus bostonienne que nature qui lui prête son corps dans des buts dont le lecteur averti se doute qu'ils ne sont pas innocents. Alex communique véritablement avec la morte - et ce n'est pas un hasard si la scène finale du livre, la résolution quasi mystique de l'énigme, se passe en Inde, au bord du fleuve, dans le pays des ancêtres de la jeune femme, sur les lieux où son âme est toujours présente.
Le Fleuve caché impressionne par la richesse et la diversité de son ton et de son écriture, passant avec aisance du lyrisme ample de la nostalgie de l'amour perdu au rythme saccadé du narrateur sous l'emprise de l'héroïne. La partie satirique du livre - de jeunes républicains, riches et ambitieux, faisant du porte-à-porte afin de distribuer brochures, phrases creuses et larges sourires sans âme - pour être facile, n'en est pas moins réussie et jouissive. C'est aussi cela, l'Amérique.
Ce livre rare et maîtrisé est une réussite bien digne de la Série noire qui, depuis deux ans, dopée par l'enthousiasme de son nouveau patron, comble à la fois les lecteurs de romans noirs et les amateurs de très bonne littérature.
Le Fleuve caché d'Adrian McKinty traduit de l'anglais par Patrice Carrer Gallimard, 410 p., 22 €.
Commentaires
Bonjour Laura, ce doit être un bon livre : polar et beau morceau de littérature qui comble à la fois les lecteurs de romans noirs et les amateurs de très bonne littérature. Si je n'avais pas trop de bouquins en route je me laisserais tenter. Mais je retiens les coordonnées pour plus tard.