Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Baudelaire en solitaire dans le cercle des poètes disparus
Actualisé le 29 juin 2007 : 10h36
Sotheby's France a vendu sans fièvre, mercredi soir, la collection Pierre Leroy. LES CAMÉRAS de Public Sénat et de La Chaîne Parlementaire campaient en intruses au fond de la salle des ventes de Sotheby's, là où les bibliophiles, race discrète, aiment suivre les enchères d'un oeil faussement négligent. Dès 19 heures mercredi soir, la Galerie Charpentier a vu débarquer une foule de curieux alléchés par cette vente médiatique qui célébrait Baudelaire et les 150 ans de la publication de ses Fleurs du mal au lourd parfum littéraire (Le Figaro Patrimoine du 1er juin). Même Le Canard enchaîné avait parlé à sa façon moqueuse de la Collection Pierre Leroy, fustigeant au passage ce pilier du groupe Lagardère.« Un million de touristes, mais pas un million d'acheteurs ! », résumait férocement un expert parisien, « assez satisfait que le monde des livres reste fermé aux stricts amateurs, c'est-à-dire aux antipodes de l'art contemporain et de son marché de masse ». Quelques acteurs seulement ont donc mené la danse mercredi soir chez Sotheby's qui doit beaucoup de ses résultats aux libraires de toujours et à leurs clients fidèles (presque 5 Meur, au-delà de l'estimation, soit 90,9 % des 100 lots vendus et 98,7 % en valeur).
Réunion d'une vieille famille
Las, dirait le poëte du XIXe, l'ambiance n'était pas si festive dans cette vente qui ressemblait plus à la réunion d'une vieille famille, où les sentiments se disent à mots couverts, qu'au triomphe escompté pour ce grand anniversaire de la littérature française. Déployant sans compter son énergie, le libraire parisien Jean-Claude Vrain - qui faisait là office d'expert indépendant pour Sotheby's - a défendu chaque lot bec et ongles. Expliquant pourquoi la lettre du jeune Charles à son demi-frère Alphonse était précieuse (10 000 eur au marteau, à la table d'experts). Soulignant que le portrait du poète enfant par Legros d'après Courbet était le seul peint de son vivant (40 000 eur marteau, à la table d'experts). Emportant à 168 000 eur contre un téléphone Le Vin des Chiffonniers, poème des Fleurs du mal offert par Baudelaire à Honoré Daumier, pour « un des huit collectionneurs - six Français, un Anglais et un Suisse - qui lui avaient laissé des ordres ». Le succès de la vente Leroy doit beaucoup à la cascade d'enchères faites par son intermédiaire sous le même panneau 105.
Seuls les grands lots ont suscité une fièvre palpable, digne des ventes Jacques Guérin ou Jaime Ortiz-Patiño, le reste tombant vite dans l'atonie qui menace le cercle des poètes disparus (35 000 eur marteau pour les 18 lettres de Baudelaire à l'éditeur Eugène Crepet, toujours à la table d'experts). Ainsi, Les Fleurs du mal avec envoi du poète « en témoignage d'une éternelle admiration » à Delacroix, déjà vedette de la vente Guérin en 1985 à Drouot et de la vente Ortiz-Patiño en 1998 chez Sotheby's à Londres (140 000 £). « Un grand livre doit faire cher. Cet exemplaire aurait pu faire plus, doubler son estimation haute et dépasser les 700 000 eur», estimait hier un expert indépendant de la vente.
Dans ce petit comité d'amateurs que sont les bibliophiles, le marketing semble une arme vaine, comme le maquillage de studio pour une jeune fille. Seule compte la valeur soupesée d'un livre, d'un texte, d'un envoi, d'un exemplaire. Gardant tout son calme, un grand collectionneur genevois a emporté discrètement la lettre émouvante de Caroline Aupick prenant la défense des Jean-Claude Vrain et de son cher fils (48 000 eur marteau). La poésie est un plaisir solitaire.
Source de cet article:http://www.lefigaro.fr/culture/20070629.FIG000000194_baudelaire_en_solitaire_dans_le_cercle_des_poetes_disparus.html
Commentaires
Très émouvants ces photos comme disait Elisabeth.
Dommage que j'ai été obligée de les enlever....
Oui c'était très émouvant... Je suis déçue que tu ais dû les enlever.
J'en remettrais...