Jack Kerouac avait commencé à écrire "Sur la route" ("On the road) en français Se fondant sur la découverte d'écrits inédits à New York, le quotidien québécois "Le Devoir" a révélé que l'écrivain avait rédigé une première version d'une dizaine de pages dans sa langue maternelle, en janvier 51, plusieurs mois avant de s'attaquer à la version anglaise. "Sur la route" a été publié il y a cinquante ans, en 1957. Kerouac est né en 1922 à Lowell dans le Massachusetts (nord-est) dans une famille originaire du Québec et ayant des racines en Bretagne. Parmi les textes de Kerouac en français figurent notamment des lettres à sa mère, des nouvelles ainsi qu'un manuscrit de 56 pages intitulé "La nuit est ma femme", constitué de nouvelles de 5 ou 6 pages. Ce texte "est entièrement écrit en français et prouve pour la première fois que Jack Kerouac avait eu de très sérieuses ambitions de devenir, comme il le disait lui-même, un véritable écrivain canadien-français", estime le journal. "Tous ces documents en français jettent une lumière tout à fait nouvelle sur l'oeuvre de Kerouac , une lumière qui laisse entrevoir un écrivain encore plus attaché à sa langue maternelle, à son milieu franco-américain et à ses racines québécoises qu'il était possible de le soupçonner jusqu'à présent", ajoute-t-il. S'exprimant dans la langue colorée de son enfance, Kerouac évoque son rapport au français dans un manuscrit intitulé "Les travaux de Michel Bretagne", datant de 1951. "Je suis Canadien Français, mis au monde à New England. Quand j'fâché j'sacre souvent en français. Quand j'rêve j'rêve souvent en français. Quand je braille j'braille toujours en français", écrit-il. "J'ai jamais eu une langue à moi. Le français patois jusqu'à six ans et après ça l'anglais des gars du coin. Et après ça, les grosses formes, les grandes expressions de poète, philosophe, prophète. Avec tout ça, aujourd'hui j'toute mélangé dans ma gum" (tête), poursuit-il à propos de sa complexe identité linguistique. Dans "La nuit est ma femme", l'écrivain raconte notamment le déménagement de ses parents à New Haven dans une maison donnant sur l'Atlantique, et évoque de façon touchante la nostalgie de son père pour ses origines bretonnes. "'Ti-Jean, J'ai retourné à la mer', m'a dit mon père avec des larmes dans les yeux. J'le sava tout le temps qu'un beau jour j'vivra sur le bord de la mer de mes ancêtes de Bretagne. C'est dans mon sang dans le tien aussi..." Symbole de libération et de rupture, "On The Road" ("Sur la route) qui se vend toujours à 100.000 exemplaires par an fête cette année son cinquantième anniversaire, un événement célébré par de nouvelles éditions, des expositions et bientôt un film. Près d'un million de Québécois ont émigré vers les villes textiles de la Nouvelle-Angleterre, principalement entre 1870 et 1930, formant des enclaves ethniques où le français a longtemps prospéré. |
Commentaires
Bonjour Laura,
Un vrai succès mais je ne l'ai pas encore lu. Et puis, c'est écrit en anglais, ce qui demande un certain effort.
Merci pour cet article où j'ai appris pas mal de choses.
Il y a des traductions.