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Catégories : La télévision

Hier soir sur France 2:Les femmes aux heures noires de la Libération

NATHALIE SIMON.
 Publié le 16 octobre 2007
Actualisé le 16 octobre 2007 : 10h37
 Épuration » - Christiana Reali est l'héroïne du cinquième et dernier opus d'une histoire romanesque des femmes au XXe siècle.
CONCOCTÉE par la scénariste Béatrice Rubinstein et le réalisateur Jean-Louis Lorenzi, l'histoire nous plonge dans la grande Histoire qui dérange. La saga romanesque baptisée La Plus Belle Histoire des femmes, commencée en 1996 avec L'Orange de Noël, suivie de La Tranchée des espoirs, Le Bal des célibataires (plus de 8 millions de téléspectateurs) et Chat bleu, chat noir (diffusé en janvier dernier), s'achève ce soir avec Épuration. En guise de fil conducteur, deux héroïnes fortes et fragiles, généreuses et déterminées. Amoureuses du même homme, elles deviendront pourtant amies.
Cécile (Sophie Aubry), l'institutrice de L'Orange de Noël, retrouve donc, vingt-cinq ans après leurs premières péripéties, Sylvaine (Cristiana Reali), paysanne, danseuse de revue, mère de famille et résistante, pour « sauver », une nouvelle fois, leur village, à l'heure de la Libération, de l'épuration. « Chaque film peut se voir individuellement, précise, à juste titre, Jean-Louis Lorenzi. Pour Épuration, j'ai pensé à ces images de lynchage montrées par Patrick Rotman dans Été 44. C'est une période qui a été occultée et l'est encore. Les historiens ont beaucoup de mal à trouver des témoignages, notamment sur ces procès sauvages. »
La joie de la Libération laisse place aux scènes de règlements de comptes et de haine collective. Sylvaine se sent impuissante : « Sylvaine, c'est Robocop, estime Cristiana Reali. Elle se reconstruit à chaque fois, mais dans cet épisode, elle s'est calmée et se situe un peu en retrait. Elle a un vécu que je n'ai pas, elle a mûri. La période qu'elle traverse est très noire et toujours taboue. Sylvaine se retrouve au coeur d'un règlement de compte, une gamine en dénonce une autre par jalousie. Je me demande souvent pourquoi la cruauté des femmes se retourne contre elles-mêmes alors qu'elles devraient se montrer solidaires. »
Les scénarios sur l'Algérie et Mai 68 refusés
Née au Brésil, la comédienne n'a pas de proches qui ont connu ce passé, mais sa belle-mère (la maman de son compagnon, Francis Huster) lui a raconté ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale. « L'animosité envers les femmes était différente de celle montrée envers les hommes, elles étaient punies pour avoir couché avec des Allemands ; eux, pour avoir collaboré. On ne peut pas savoir comment on aurait réagi à cette époque. »
À l'origine, les aventures de Sylvaine et de Cécile devaient se poursuivre avec la guerre d'Algérie, puis s'achever sur les événements de mai 1968. Mais la nouvelle direction de la fiction sur France 2 a refusé les scénarios. « Nous avons eu une déconvenue avec l'audience de Chat bleu, chat noir (NDLR, une moyenne de 14 % de part d'audience pour les deux parties), mais j'espère bien faire changer d'avis la chaîne. Si nous obtenons entre 20 et 25 % ce soir, cela lui donnera peut-être envie de revenir sur sa décision », anticipe Jean-Louis Lorenzi.
Pour la même chaîne, le réalisateur s'est déjà attelé à une autre fiction sur Charlotte Delbo, qui fut l'assistante de Louis Jouvet, résistante et rescapée du camp d'Auschwitz. De son côté, sur les planches avec Vincent Elbaz, Cristiana Reali défend un tout autre personnage, étonnamment plus proche d'elle, confie-t-elle, que celui de Sylvaine : une femme « droguée aux amphétamines, déjantée, désaxée, mais lucide ». « John Malkovich voulait Cristiana qui souffre, Cristiana en colère, Cristiana euphorique, je joue ce que je suis », lâche l'actrice avec enthousiasme. Et elle songe déjà à partir en tournée.

Commentaires

  • Un sexisme qui donne envie de hurler. Il y a eu aussi la façon dont les femmes résistantes ont été "écartées" de la politique, des honneurs, du devoir de souvenir. Heureusement, grâce à des femmes comme Lucie Aubrac (qui dénonçait les horreurs faites aux femmes à la libération), le souvenir a été réveillé mais pas encore assez.

  • Ma grand-mère m'a raconté des scènes terribles de femmes tondues, humiliées....

  • Nous avons renforcé l'audience de deux unités hier soir. J'espère que ça aidera Christiana Réali!

    Difficile de croire que cela ait pu exister... malheureusement il n'y a pas que les films, mais les témoignages directs de nos parents qui en sont restés marqués d'avoir assisté à de telles scènes. Ma mère m'a raconté les épisodes de tonsures des femmes et pour elle c'était un souvenir horrible .

    Je ne me permets pas de condamner aveuglément une «certaine forme» de collaboration parce que c'est trop facile de condamner après coup, et de penser que forcément si j'avais vécu cette époque j'aurais été héroïque - alors qu'au quotidien je suis plutôt froussarde. Pour beaucoup il s'agissait de nourrir leurs enfants, alors il fallait bien travailler... même pour les allemands.

    Mais je ne parviens pas malgré tout à imaginer un dixième de seconde participant à une dénonciation - enfin volontairement! parce qu'avec la torture je n'aurais pas tenu longtemps! - ou cautionnant cette épuration! Car ce qu'on nous a montré (remontré) hier va bien au-delà du sexisme! Hommes ou femmes, qu'est ce qui peut bien passer dans le cerveau des humains???
    Hier on a bien assisté aussi au phénomène redoutable de «l'effet de meute», contre lequel il faut continuer à avertir nos enfants, tant il est plus facile de «hurler avec les loups».

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