Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Michel Onfray 4
Enfer
L'enfer des philosophes? Le paradis à mes yeux... Cet enfer, autrement dit ces rayonnages sur lesquels l'historiographie dominante a placé les philosophes qu'elle estimait mal venus, constitue pour moi un réservoir magnifique... J'en raconte l'histoire succinctement - en dix volumes tout de même, dont quatre parus, deux autres déjà écrits, et le reste en cours... Car les philosophes, prompts à donner des leçons aux autres disciplines en leur expliquant ce qu'elles sont et ce qu'elles doivent faire (le tropisme de l'épistémologie pour les autres, mais pas pour soi...), sont assez nuls sur le terrain de leur propre discipline. Car nulle part les philosophes n'enseignent l'historiographie de leur discipline: qui écrit des histoires de la philosophie? quand? selon quels critères? A destination de quels publics? Avec quelles idées derrière la tête?
On se doute bien qu'une histoire de la philosophie occidentale écrite en plein régime soviétique et publiée à Moscou pendant la guerre froide n'est guère un modèle d'objectivité et qu'elle est une machine de guerre idéologique. Mais pourquoi n'imagine-t-on pas qu'une autre histoire écrite dans un autre bouillon de culture (judéo-chrétien et capitaliste, par exemple, autrement dit le nôtre...) relève elle aussi d'une substance idéologique qu'il convient de déconstruire philosophiquement? La contre-histoire de la philosophie que je propose à l'Université Populaire s'attaque à cette question... Je me suis proposé une dizaine d'années pour la mener à bien. Nous avons dépassé la moitié de ce temps.
L'enfer de l'historiographie dominante, c'est donc mon paradis: autrement dit les matérialistes abdéritains, les cyniques et les cyrénaïques grecs, l'épicurisme d'Epicure mais aussi des campaniens, les gnostiques licencieux, les Frères et Soeurs du Libre Esprit, les chrétiens épicuriens, les libertins baroques, les sensualistes, les empiristes, les utilitaristes, les anarchistes, les hédonistes, etc. Mes héros? Démocrite, Diogène, Aristippe, Lucrèce, Montaigne...
De la même manière, le paradis de l'historiographie dominante constitue mon propre enfer: le dualisme pythagoricien, l'idéalisme platonicien, l'idéal ascétique stoïcien, la patrologie grecque et latine, la scolastique médiévale, le cartésianisme dualiste, l'idéalisme allemand, les spiritualismes chrétiens, etc.
Chacun de ces moments de l'histoire de la philosophie dispose d'une force opposée dans son temps. Le triomphe du christianisme comme idéologie officielle en Europe avec la conversion de Constantin a généré des vainqueurs et des vaincus, des dominants enseignés, édités, professés et des dominés oubliés, négligés... Les héros des vainqueurs? Pythagore, Platon, Augustin, Descartes, Kant, Hegel... Ceux de l'Université...
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Commentaires
L'enfer ce serait de vivre sans toi...
Idem pour moi...