Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Le casse-tête du processus électoral américain
Valérie Samson
01/01/2008 | Mise à jour : 20:16 |
C'est parti. Demain, commence en Iowa la course des primaires, première étape d'un processus électoral qui s'étale sur près d'un an.
Le 3 janvier, les États-Unis entreront de plain-pied dans un complexe processus électoral de près d'un an, au terme duquel le 44e président américain prendra ses fonctions. Ce système peut paraître par bien des aspects archaïque, exotique, voire tout à fait déroutant. Surtout lorsque cette machine électorale se grippe, comme ce fut le cas en 2000.
Demain débute la saison des primaires, qui ne prendra fin que dans six mois. Le 3 juin 2008 (ou au plus tard à la fin de l'été), il ne devra en rester qu'un, qui défendra les couleurs de chacun des deux grands partis, démocrate et républicain, pour la Maison-Blanche. En réalité, pour les 15 candidats en lice, la campagne a déjà débuté depuis au moins une année, au cours de laquelle ils ont mis sur pied des comités exploratoires pour juger de l'opportunité d'une candidature, se sont finalement lancés, ont commencé à rechercher des soutiens dans les premiers États à voter et ont collecté des fonds. Alors que le mandat présidentiel n'est que de quatre ans, la durée d'une campagne est en réalité de deux ans.
Lors des primaires, les Américains votent pour élire non pas un candidat, mais le plus souvent une liste de délégués, qui, dans leur majorité, se sont engagés à voter lors de la convention nationale du parti pour un candidat donné. Il s'agit donc en théorie d'un scrutin indirect. En réalité, le nom du vainqueur est généralement connu bien avant la fin des primaires, dès que l'un d'eux remporte une majorité de délégués.
Cette année, en raison du nombre important d'États qui voteront le mardi 5 février, le résultat pourrait être acquis ce jour-là, le «Super Tuesday». Dans les faits, le mode de sélection des délégués varie d'un État à l'autre. Dans les uns, seules les personnes affiliées à un parti votent. Dans d'autres, comme dans le New Hampshire, cette restriction ne vaut pas. Un certain nombre d'États, comme l'Iowa, ont opté pour les caucus, réunions théoriquement réservées aux militants du parti, même si l'on peut s'enregistrer au moment du vote. Dans des bibliothèques municipales, des salles ou des gymnases, les participants débattent et négocient avant de rallier un groupe soutenant un candidat. Contrairement aux primaires, le vote n'est pas à bulletin secret. Des candidats indépendants, généralement peu représentatifs, peuvent se présenter sans passer par les primaires. Mais ils ont rarement les moyens de figurer sur les bulletins dans les cinquante États.
Dans les deux grands partis, le candidat désigné choisit un vice-président, qui peut être un de ses anciens adversaires. L'heure n'est plus aux divisions mais au rassemblement. À la fin de l'été, les délégués de tous les États élus lors des primaires se retrouvent à la convention nationale de leur parti, où ils vont confirmer lors d'un vote le choix des électeurs. Depuis les années 1970, les conventions, qui durent trois ou quatre jours, avec leurs temps forts soigneusement orchestrés, sont devenues de véritables shows télévisés et constituent une tribune de choix pour le candidat, qui livre un discours détaillant son programme. Des milliers de journalistes vont relayer cet événement dans tout le pays et dans le reste du monde. La convention est aussi une foire aux donateurs et aux lobbies, qui sponsorisent des événements en l'honneur des caciques du parti (concerts, tournois de golf et de pêche, excursions et croisières) dont ils attendent un retour sur investissement…
Deux mois plus tard, le 4 novembre, les Américains font face au véritable enjeu avec l'élection générale. Ils choisissent leur président. Ou plutôt une liste de grands électeurs qui ont indiqué leur intention de vote pour un candidat. Techniquement, il s'agit d'un scrutin au suffrage universel indirect majoritaire État par État. Comme pour les délégués élus lors des primaires, le nombre de grands électeurs varie en fonction du poids démographique de chaque État (il représente la somme de leurs représentants et sénateurs au Congrès de Washington). La différence est que le candidat qui obtient la majorité dans un État rafle la totalité des grands électeurs (*): c'est le système dit du «winner takes all» («le vainqueur rafle tout»).
Sauf contestation, le nom du président élu est en principe connu au soir du 4 novembre, dès lors qu'il a rassemblé 270 grands électeurs sur 538 (la moitié plus un). Ce qui n'empêchera pas le collège des grands électeurs de se réunir un mois plus tard pour confirmer officiellement le vote populaire. Une simple formalité, même si l'histoire a montré que des grands électeurs ont déjà retourné leur veste. Si ces exceptions relèvent du cas d'école, on a déjà vu des présidents élus par le collège électoral sans avoir la majorité du vote populaire (voir encadré). Si toutefois aucun candidat n'atteint les 270 grands électeurs, la Constitution donne au Congrès le pouvoir de trancher. Cela s'est déjà produit. Comme il revient alors à la Chambre des représentants d'élire le président et au Sénat de choisir le vice-président, les deux hommes pourraient ne pas appartenir au même parti… Une situation de cohabitation à la française inédite aux États-Unis…
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