Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
JEROME BOSCH (1453-1516)
Jerôme Bosch
"L'Extraction de la Pierre de Folie"
48 x 35 cm
© Musée du Prado
Madrid
De son véritable nom Hieronymus Van Haken, Jérôme Bosch est né dans une famille modeste originaire d'Aix la Chapelle, venue s'installer en Pays Bas deux siècles plus tôt.
Son grand-père Jan Van Haken et son père Anthonis Van Haken ont exercés déjà le métier de peintre, quand Hieronymus naît vers 1453 à S'Hertogenbosch au Pays Bas. On sait assez peu de chose sur sa vie, mais on sait qu'il se marie vers 1478 avec une aristocrate qui lui permet d'accéder à un statut social plus enviable et à une certaine sécurité matérielle. Vers 1486, Jerôme Bosch est cité comme membre d'une confrérie, "La Confrérie Notre Dame", proche d'une secte hérétique "Les Frères du Libre-Esprit".
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La Nef des Fous", oeuvre qui semble avoir été peinte en cette même période, représente un moine et une religieuse chantant ensemble au fond d'une embarcation et au pied d'un mat de cocagne, entourés de personnages gras aux apparences grivoises qui tentent de happer un gâteau suspendu à une corde . Il s'agit là encore probablement d'une allégorie au contenu moral : l'abondance des mets et des boissons, la gourmandise, l'insouciance, ont toutes les chances de mener aussi les religieux, à s'abandonner au péché, voire à la luxure .
L'Ecce Homo" qui semble être une oeuvre plus tardive, réalisée dans les années 1490, représente le Christ jugé, et présenté à la haine d'une foule qui croit ce qu'on lui raconte des fautes commises par le comdamné, dans l'indifférence générale du reste de la cité. Le Christ est soumis à la vindicte publique de notables qui apparaissent être les complices de ceux qui jugent.
"Le Portement de Croix", qui devait faire partie d'un tryptique de par son format étroit, semble compléter "L'Ecce Homo". Après le jugement, la foule conduit le Christ avec empressement au calvaire. C'est la cruauté des hommes qui est représentée : le Christ porte sa croix avec des planches cloutées qui lui percent les pieds, et les coups de fouet qu'il reçoit d'hommes qui le conduisent bruyamment à la mort.
En 1484, un ouvrage intitulé " La Vision de Tungdal ", d'un auteur anonyme irlandais circule en Hollande. C'est un long poème qui raconte l'histoire de Tungdal un chevalier Irlandais du XIIIéme siècle qui après une existence d'oisiveté et de débauche, voit en songe l'enfer durant trois jours et trois nuits. A son réveil il se repent en se retrouvant dans son corps humain. Il y a vu un monde peuplé de monstres, d'insectes et de serpents, dans les ténèbres de l'enfer que l'on rejoint en traversant le paradis rempli de plaisirs, d'or, et de pierres précieuses. A n'en pas douter, Bosch a pu lire et trouver inspiration dans ce poème médiéval, tant cela pouvait rejoindre ses propres visions du monde à cette époque.
Le triptyque du "Chariot de Foin" probablement peint aussi vers la fin des années 1490 est l'une des oeuvres majeures de Bosch. D'un côté, la représentation d'un passé et du paradis terrestre, d'Adam et Eve et du péché. Au centre, la représentation du tumulte de la foule, et des hommes qui chacun cherchent individuellement à tirer profit du moment présent qui passe. A droite, l'enfer, ce monde qui attend l'homme et dans lequel les hommes et les bêtes s'entre-tuent et s'entre-dévorent, souffrent et meurent au milieu des calamités que sont le feu en haut et le déluge en bas d'où personne ne réchappe.
"Jérôme Bosch peint vers l'année 1500, le triptyque "Les Tentations de Saint Antoine", selon une trilogie allégorique proche du "Chariot de Foin". Sur le panneau de gauche, Saint Antoine est porté dans les airs par une grenouille, il est au dessus d'un monde où règnent les démons et les monstruosités. Sur le panneau central, le Saint est en proie aux tentations terrestres, car lui aussi est de ce monde où règne le chaos et toutes les horreurs. Ce n'est pas le monde qui est mauvais mais les individus qui générent le désordre, la ruine, la misère, par leur folie, leur cupidité, et leurs instincts animaux. Sur le panneau de droite, Saint Antoine enveloppé de sa cape, est à l'automne de sa vie. Il est épuisé d'avoir vu et vécu au milieu d'un monde où il constate que les hommes sont aux prises de la folie.
Jerôme Bosch arrive à l'apogée de son art avec le triptyque du "Jugement dernier " en 1504. Sur le panneau gauche, une représentation du paradis, et sur celui de droite, celle de l'enfer. Au dessus du panneau central, domine le Christ entourés d'anges et de saints : il juge ce qu'ont été les actions des hommes représentées au dessous.
Toutes les perversités, et toutes les horrreurs sont figurées au travers l'inventivité du peintre pour traduire par la multiplicité et par les détails les atrocités qui mêlent les scènes humaines et animales.
Dans "Le Jardin des délices", autre triptyque, la démarche de Bosch est en contrepartie de montrer le paradis terrestre au travers tous les symboles qui peuvent le représenter à son époque : les hommes vivent nus en harmonie avec les animaux dans des paysages étranges, mais où semblent régner la sérénité. Sur le panneau gauche, Adam et Eve sont au côté du Christ, avec au loin au delà de la rivière le palmier au fruit défendu entouré d'un serpent et en arrière plan de multiples animaux aux allures paisibles, mais peut être prêts à se transformer en monstres. Au centre, une représentation où les hommes vivent d'amour, de plaisirs, d'harmonie où règne l'abondance, où la vie est un jeu, est un lieu de jouvence et de sérénité, dans lequel les hommes et les bêtes habitent des maisons sphériques des bulles, ou des palais végétaux aux couleurs roses. Sur le panneau droit, la représentation de scènes fantastiques, et de quelques scènes de folie avec au lointain des ombres de cités en proie aux flammes, et des scènes de guerre traduisent le caractère éphémère et fragile du monde.
C'est à partir de 1508 que Jerôme Bosch semblent s'apaiser avec des compositions qui prennent des couleurs plus claires et plus apaisantes. C'est une époque où il peint dans des couleurs chaudes un triptyque très dépuillé tel que "L'Epiphanie", mais aussi une "Tentation de Saint Antoine" solitaire confronté silencieusement à lui même et aux démons .
Le "Portement de Croix avec Sainte Véronique " que Jérôme Bosch semble avoir peint vers la fin de sa vie, constitue sans doute son chef d'oeuvre. Le Christ dont on ne voit que le visage est représenté au milieu d'un ensemble dense de visages grossiers et grimaçants, alors que Sainte Véronique semble prier intérieusement au milieu de cette foule agressive et furieuse. Il prospecte dans cette oeuvre forte une composition reserrée qui rend les portraits plus proches, et plus vivants, mais encore plus hideux.
Jérôme Bosch meurt en 1516 à S'Hertogenbosch. Il aura été le peintre du réalisme de son époque, en sembant avoir exprimé de manière détaillée les travers de son temps et voulu mettre à la portée de tous, une symbolique morale, dans laquelle chacun a la possibilité de se reconnaître et trouver le chemin de son salut. Il exprime indiscutablement le renouveau spirituel dont l'époque a besoin et qui apparait peu après dans les oppositions entre Luther et Erasme, et la représention et le souhait d'un monde nouveau dans "L'Utopie" de Thomas Morus.
L'oeuvre et le mondede Jérôme Bosch exprimant la hantise de l'enfer, et les travers humains dans une oeuvre habitée de symboles, de mystères et de monstres, fera des émules à sa suite, dont Bruegel sera le plus important. Son oeuvre fortement décriée au XVIIIéme siècle, sera à nouveau redécouverte au XXème siècle avec les surréalistes, qui verront dans certaines de ses oeuvres la meilleure expression picturale des angoisses et de l'inconscient.
Le Monde des Arts
Pour voir d'autres tableaux que celui que j'ai choisi:http://www.lemondedesarts.com/Dossierbosch.htm
Commentaires
J'aime beaucoup les oeuvres de Bosch même si jelui préfère celles de Peter Brueghel l'ancien.