Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Festival de Romans
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Blog maudit
Maudit blog
Blog des espoirs
Poires de discorde
Corde sans nœud
Nœud coulant
Lent processus
Suspendus dans l’air
Air vicié
Sieds-tu à ton public ?
Public de blog maudit.
« On dit que dans le cyberespace il existe un blogue maudit, malheur à celui qui lit ce blogue, malheur à celui qui y dépose un commentaire, sa vie ne sera plus jamais la même, il sera à jamais prisonnier de la malédiction virtuelle… Les rumeurs les plus folles circulent à propos de ce blogue. C’est une histoire que les blogueurs se racontent le soir en chuchotant sur leurs claviers…Beaucoup croient que ce n’est qu’une légende car ils ne l’ont jamais lu mais moi, je sais qu’il existe vraiment… »
Certains d’entre vous se souviennent de la légende du blogue hanté que je vous révélais le 14 Février 2007…il est temps pour vous de découvrir la légende du blogue maudit…
Je vous propose d‘écrire cette légende, en prose ou en vers, ou encore de l’illustrer (photos, dessins, peintures, calligraphies…). Une seule contrainte : publier votre participation dans la nuit du 28 au 29 Février aux alentours de minuit (ceux qui ne peuvent pas programmer leur note peuvent bien sûr la publier dans la journée du 29).
Merci de vous inscrire sur ce blogue si vous comptez participer, nous ferons la liste de tous les participants.
http://lequipedechoc.over-blog.com/article-16168598-6.html#anchorComment
Aude Sérès
14/02/2008 | Mise à jour : 21:57 |
Fini le jargon grammatical ! Les nombreux parents qui ont transpiré sur les explications grammaticales de leurs enfants seront rassurés. Les nouveaux programmes de l'école primaire, qu'évoquera aujourd'hui Nicolas Sarkozy en déplacement à Périgueux, seront détaillés dès la semaine prochaine par Xavier Darcos dans un document de 24 pages. C'est un changement radical dans l'apprentissage de la grammaire qui s'annonce.
Une piste déjà recommandée par le linguiste Alain Bentolila et l'écrivain Erik Orsenna dans leur «rapport de mission sur l'enseignement de la grammaire» remis en novembre 2006 à Gilles de Robien, le précédent ministre de l'Éducation nationale.
En 1995, à la suite d'une rénovation de l'enseignement de la grammaire, des termes barbares sont entrés dans les programmes et manuels scolaires : des «connecteurs temporels et spatiaux» au «groupe nominal» en passant par le «complément d'objet second» ou le «déterminant». «Les linguistes ont cherché à se démarquer de la grammaire traditionnelle», explique Alain Bentolila. Pour mieux enfoncer le clou, la matière a été rebaptisée «organisation réfléchie de la langue».
Cependant, certains enseignants ont fait de la résistance, utilisant en classe des terminologies plus classiques. Et les valeurs sûres, telles que le Bled et le Bescherelle, restent de grands succès de librairie.
Depuis la rentrée 2007, la matière a déjà été rebaptisée «étude de la langue-grammaire». Et, désormais, les terminologies devraient redevenir plus traditionnelles. En clair, sera mis à l'honneur, le classique trio «sujet, verbe, complément». Parallèlement, les termes abscons devraient disparaître des manuels.
D'ores et déjà les parents applaudissent. «Pourquoi utiliser des mots compliqués sur des apprentissages fondamentaux ? Il faut avoir des mots simples», explique Anne Kerkhove, présidente de la fédération de parents d'élèves PEEP. «Et peu importe si nous sommes taxés de passéistes…», souligne-t-on au gouvernement.
Reste que le débat sur la terminologie grammaticale n'est pas nouveau. L'universitaire Éric Pellet rappelle que «lorsqu'au début du XXe siècle F. Brunot a introduit le terme de “complément d'objet” dans les programmes, il s'en est trouvé beaucoup pour dénoncer cette nouveauté scandaleuse, et pour estimer bien suffisant le terme “accusatif” que l'on avait “toujours employé”, ou même celui de “régime”, utilisé à l'époque par les grammairiens moins conservateurs…»
Les nouveaux programmes devraient comporter une autre réforme fondamentale pour les élèves. Celle-ci concerne les modalités d'enseignement de la grammaire. En effet, les instructions de 1996-1997 recommandaient un traitement ponctuel des questions de grammaire à l'occasion de l'étude des textes, en excluant un cours spécifiquement grammatical. «Actuellement, on explique les règles de grammaire au fur et à mesure des éléments rencontrés dans les textes, ce qui peut entraîner des confusions pour les élèves», explique Alain Bentolila.
Dans les dernières instructions concernant la mise en œuvre du cycle commun de connaissance et de compétences voulu par François Fillon lors de son passage à l'Éducation nationale, les nouveaux programmes datant de 2007 préconisaient déjà un enseignement de 20 à 30 minutes portant sur des questions précises. Cette démarche devrait être systématisée dès l'année prochaine. Il s'agira désormais non plus d'enseigner la grammaire au fil des textes, mais de manière rigoureuse et progressive. Sans garantie de rendre la matière moins rébarbative.
3e colloque étudiant du Groupe de recherche sur l'édition littéraire au Québec
Vendredi 29 février 2008
Agora du Carrefour de l’information
Pavillon Georges Cabana (B1-B2)
(Bibliothèque des sciences humaines)
Université de Sherbrooke
Le 29 février prochain se tiendra, à l’Agora du Carrefour de l’information de l’Université de Sherbrooke, le 3e colloque étudiant du Groupe de recherche sur l’édition littéraire au Québec intitulé « La lecture : agents, pratiques, usages et discours ».
Des étudiant(e)s de 2e et 3e cycle affilié(e)s à des universités québécoises et européennes feront état de leurs travaux en histoire du livre et de la lecture. Jean-Yves Mollier, professeur d’histoire contemporaine et ancien directeur du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, prononcera la conférence de clôture. Il se penchera sur l’avenir de la lecture et des bibliothèques publiques alors que l’usage des ordinateurs et la numérisation changent désormais le rapport aux livres et à la lecture.
Le programme est disponible à l'adresse suivante : www.usherbrooke.ca/grelq/act_recherche/colloques/
On trouvera dans ce livre un panorama organisé de différentes lectures de L’Astrée. Le roman doit être resitué dans le genre pastoral : rêverie sur un âge d’or, mais sur fond de mélancolie (chapitre 2 et titre du livre). Il doit l’être aussi dans un contexte historique et idéologique (retour à la paix sous le règne du premier Bourbon, promotion de nouvelles valeurs sociales), qui donne tout son sens au cadre gaulois et à la représentation de l’ancienne chevalerie (chapitres 3 et 4). Une place importante doit être bien sûr faite aux questions posées par les représentations de l’amour (chapitre 5). Mais la question la plus fondamentale, parce que la plus troublante, est posée par l’importance donnée dans le roman à l’illusion et à l’ambiguïté des signes (chapitres 6 et 7). Le livre de Tony Gheeraert offre aussi une notice sur Urfé (chapitre 1), un aperçu de la fortune de L’Astrée (chapitre 8 et dernier), une « bibliographie sélective » et même quelques textes choisis. Il se présente en effet modestement comme un cours d’introduction à L’Astrée et, du genre dans lequel il s’inscrit, il a toutes les qualités de densité et de clarté, qui rendent ridicule la tentative d’en donner un résumé. Mais il offre bien plus que cela. Il y a d’abord l’effet d’intelligence que seule produit une synthèse, et qui fait regretter qu’on ne dispose pas sur bien d’autres œuvres et auteurs de tels ouvrages offrant commodément « l’état de la question ». Il y a ensuite une lecture personnelle de l’œuvre qui organise le panorama critique et donne à l’ensemble comme un sombre glacis : le livre s’inscrit en effet dans le fil des études qui voient l’univers de ce roman comme un « paradis désespéré », reflet de la crise de l’âge baroque.
À propos de L’Astrée existent deux questions irritantes et fascinantes à la fois, en ce qu’elles impliquent des questions plus larges de théorie de la littérature, comme disent les auteurs anglo-saxons. La première concerne la « philosophie d’Urfé ». Le néo-platonisme a longtemps été donné comme la clé philosophique du roman (thèse de Maxime Gaume sur les sources de l’œuvre d’Urfé) : cette affirmation est encore reçue comme une évidence par certains, mais elles donnent lieu à des discussions (voir page 886-92 et note 4 de la page 88). La deuxième question porte sur la valeur à donner aux suites et fins publiées après la mort de l’auteur. On s’accordait à faire confiance à la fin du roman donnée par Baro. Le livre signale que cette hypothèse est aujourd’hui remise en question (Eglal Henein), mais il la retient dans la lecture qu’il propose (p. 18, p. 164-177). Tout se passe comme si lire L’Astrée, c’était donc inventer au roman la fin qui lui manque, ce « point final » (Paul Ricœur) par lequel le sens se construit, même si ce sens ne devait être que la révélation de la « faillite du sens ».
Ce livre a le bonheur d’ouvrir une période qui ne pourra pas manquer de remettre sur le devant de la scène dix-septièmiste le roman d’Honoré d’Urfé. Le quatrième centenaire de la parution de la première partie de L’Astrée (1607-2007) qui a été marqué par la sortie du film d’Éric Rohmer constituera aussi sans aucun doute une date dans les études sur l’œuvre d’Honoré d’Urfé. Une équipe animée par le Professeur Delphine Denis prépare une édition critique du roman qui paraîtra chez Honoré Champion directement en format de poche. Cette équipe a déjà fondé un site qui offre notamment l’édition hypertextuelle du roman, « Le Règne d’Astrée » (http://www.astree.paris-sorbonne.fr/). Elle a organisé des colloques et journées d’études : « Éditer L’Astrée » (octobre 2006, actes à paraître dans la revue XVIIe siècle), « La gloire de L’Astrée (juillet 2006) et « Lire L’Astrée » (octobre 2007, actes à paraître aux Presses Universitaires de la Sorbonne). Parallèlement un colloque franco-allemand (Prof. Dr. Reinhard Krüger), « L’Astrée dans tous ces états » a eu lieu en juillet 2007. Ces différents travaux permettront d’approfondir certaines questions (héritage du roman grec dont la fortune a fait l’objet d’un livre de Laurence Plazenet signalé par T. Gheeraert dans la bibliographie), de les reposer en d’autres termes (rapport de la « pensée du roman » et de la pensée philosophique, objet d’une thèse en cours de J.-B. Rolland, Paris-IV) et d’en formuler de nouvelles, en particulier sur trois points différents mais qui constituent sûrement une trinité pour ce qui est d’Urfé, l’histoire du livre (« bibliographie matérielle » du roman), l’histoire de la langue française et l’histoire des idéaux stylistiques.
Google a-t-il épuisé son filon ? Hier, une étude publiée par le cabinet ComScore a fait trébucher le géant de l'Internet à Wall Street. Selon cet institut, le moteur de recherche le plus utilisé de la planète aurait enregistré en janvier une baisse de 7% de son «taux de clic» aux États-Unis, par rapport à celui du mois de décembre. Pis, c'est la deuxième baisse consécutive après celle de décembre. Le taux de clic est le nombre de connexions effectuées par les internautes sur les liens sponsorisés proposés lors des recherches. Ce sont ces connexions sur des liens commerciaux qui sont ensuite facturés par les moteurs de recherche aux annonceurs. C'est ce système qui a assuré la prospérité des moteurs de recherche.
Mais l'annonce a fait l'effet d'une bombe aux États-Unis, où ce recul est pressenti comme le nouvel indicateur d'une récession plus générale de l'économie. L'action Google a été sanctionnée par une baisse de 4,6% à Wall Street mardi.
Pourtant, les analystes prennent l'information avec des pincettes et estiment que ce ralentissement est peut-être exagéré. Imran Khan de Morgan Stanley pointe les divergences entre l'étude de ComScore et les résultats déjà publiés par Google (GOOGLE A). En effet, selon les dirigeants de Google, qui ont présenté des résultats annuels records le mois dernier, la croissance des clics sur les liens sponsorisés a atteint 30% lors du dernier trimestre de l'année. Et cette hausse avait été de 50% lors des trimestres précédents.
Une réalité qui tranche avec les pronostics enthousiastes de l'Interactive Advertising Bureau qui prédit chaque année un accroissement des revenus publicitaires en ligne. En 2007, les recettes publicitaires en ligne aux États-Unis ont atteint 21,1 milliards de dollars, en croissance de 25% par rapport à l'année précédente. La tempête d'hier mérite d'être relativisée. Google a en effet vu son bénéfice progresser de 36% en 2007 et son chiffre d'affaires de 56%, à 16 milliards de dollars.
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Ce drôle de petit tableau, frais et rose comme une bonne intention, était accroché juste à côté du cercueil de Van Gogh, dans la pièce funéraire improvisée à l'auberge Ravoux d'Auvers-sur-Oise, deux jours après son suicide par balle, en pleine poitrine, le 29 juillet 1890. À peine un mois avant le drame qui plongea le village dans le deuil, fin juin, comme en témoigne le pré en fleurs en arrière-plan, Vincent, 37 ans, peintre du tourment humain et du soleil divin, avait concentré sa joie de vivre dans ce petit format (50 × 51 cm), testament non prémonitoire. Traitant la robe bleue de l'enfant par de vifs traits de pinceau, comme un petit ciel captif et un condensé de bonheur.
Coup de théâtre ! Connu des musées, où il fut montré de Detroit à Madrid, mais officiellement inconnu du marché de l'art, qui le voit sortir de quatre-vingt-dix ans de réserve en Suisse, L'Enfant à l'orange sera l'une des attractions de la prochaine foire de Maastricht, qui s'ouvre le 7 mars au public. Le secret était bien gardé aux Pays-Bas, où, il y a quinze jours encore, on jurait ne «rien savoir à propos du retour d'un Van Gogh au pays».
Le vernissage de la 21e Tefaf (The European Fine Art Fair) de Maastricht approchant, sous la pression des affaires de l'année à conclure en dix jours de foire très compétitive, les langues se délient de l'autre côté de la Manche.
C'est Dickinson, enseigne notable de Jermyn Street à Londres, qui a sorti ce portrait tendre de la fameuse collection d'Arthur et Hedy Hahnloser à Winterthur (Fondation Villa Flora). «Nous sommes fiers de proposer à Maastricht ce Van Gogh de grande provenance, petit tableau, mais plein de lumière, en état remarquable, resté quatre-vingt-dix ans dans la même collection historique. Un exploit », confirmait, hier matin depuis Hongkong, James Roundell, figure totémique de la galerie Dickinson, identifiable dans toute salle de ventes aux enchères, de Londres à New York, grâce à ses presque deux mètres de haut.
Cet Enfant à l'orange, blond comme une fille, mais sans doute fils d'un modeste menuisier d'Auvers-sur-Oise, tenant peut-être plutôt une balle orange qu'un fruit, est estimé à plus de 30 millions de dollars, a priori le tableau le plus cher de la foire.
Retour à cet été 1890 qui s'annonçait si prolifique dans la carrière de Van Gogh. Après la solitude, le soleil intense et les blés drus de Saint-Rémy-de-Provence (mai 1889-mai 1890), le peintre à l'oreille coupée depuis son accès de folie du 24 décembre 1888 était remonté au Nord, près de Paris et de son cher frère Théo. Le Dr Gachet, médecin homéopathe, lui avait été recommandé par Pissaro et jouissait de la réputation d'un amateur d'art, ayant déjà traité plusieurs artistes.
Là, installé pour 3,50 francs par jour sous les combles de l'auberge d'Arthur-Gustave Ravoux, place de la Mairie (aujourd'hui un restaurant), le Vincent dépressif cher à Maurice Pialat œuvra comme un forcené. Près de 80 œuvres peintes dans ses 70 derniers jours passés à Auvers ! Dont des chefs-d'œuvre, comme L'Église d'Auvers ou Le Portrait du Dr Gachet qui atteignit le prix record de 82,5 millions de dollars, chez Christie's le 15 mai 1990.
«Je m'attendais à voir un malade, mais c'était un homme costaud aux larges épaules, avec une bonne mine, le sourire au visage, et un air très résolu», raconta par la suite Jo, l'épouse de Théo Van Gogh. En partance pour sa dernière demeure, Vincent avait été heureux de découvrir à Paris son neveu et filleul, un bébé nommé, lui aussi, Vincent.
Les historiens de l'art puisent dans cet amour filial, émerveillé et inhabituellement serein, l'inspiration des portraits d'enfants peints à Auvers-sur-Oise. Dont cet Enfant à l'Orange. Qui aurait pu dire l'avenir, même si son petit air chiffon peut être lu comme une faille ? «Je profite de chaque jour, le temps est si beau. Et je vais bien. Je me couche à 9 heures, mais je me lève le plus souvent à 5… Et j'espère que ce sentiment d'être plus maître de mon pinceau qu'avant d'aller à Arles va durer», écrit Vincent à Théo, dans l'une des plus belles correspondances qui soient.
Le 5 juin, Vincent écrit à sa sœur Wilhelmina ce qui est resté comme son «manifeste d'Auvers» : «Ce qui me passionne le plus, bien plus que le reste de mon métier, c'est le portrait, le portrait moderne. Je le vois en couleur. (…) Je voudrais peindre des portraits qui apparaîtraient, un siècle plus tard à ceux qui vivraient alors, comme des apparitions.»
Longtemps tenu pour le portrait d'une fillette dans les inventaires, L'Enfant à l'orange a été identifié par Adeline Ravoux, fille de l'aubergiste qui raconta, en 1957, les derniers jours d'un grand peintre, comme Raoul, 3 ans, fils du menuisier du village, Vincent Levert. Il fut probablement l'auteur du cadre en bois dans lequel le tableau est resté, comme du cercueil du peintre au pied duquel on posa palette et pinceaux.
Après la mort de Vincent, Théo le décrocha des murs comme L'Église d'Auvers et les merveilleux Iris mouvant comme les serpents de la Méduse. Tous les tableaux furent rapatriés dans son appartement parisien. Six mois plus tard, Théo mourait à son tour, laissant Jo maîtresse d'un héritage historique et d'âpres débats sur les provenances. Le tableau fut proposé en décembre 1890 pour 500 francs à Octave Maus, puis exposé à Bossum (Hollande) au printemps 1891 avec 550 autres Van Gogh et encore en 1905 à la rétrospective du Stedelijk Museum d'Amsterdam.
Les Suisses Arthur et Hedy Hahnloser l'achetèrent en 1916 et le tableau resta à Winterthur depuis. Si les grands pros du marché font un peu la moue devant un bébé, sujet toujours difficile à vendre, et devant une estimation jugée trop optimiste, personne, pour une fois, ne conteste la magistrale signature.
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Les deux tomes de La Relecture de l’œuvre par ses écrivains mêmes dirigés par Mireille Hilsum rassemblent les vingt-neuf études issues d’une journée d’étude et d’un colloque organisés à l’université de Jean Moulin en 2005 et 2006. Le premier tome s’attache aux auteurs du XVIIIe à la première moitié du XXe siècle, de Rousseau à Robert Musil. Le second se consacre à la relecture liée spécifiquement à l’édition au XXe. Se relire pour un écrivain le renvoie au temps de la genèse de l’œuvre et l’oblige à se repositionner par rapport à ce qu’il fut, dans un contexte différent, en tenant compte de la réception de l’œuvre, de ce que lui-même est devenu. Le sujet concerne autant le rapport à soi ressaisi dans des temporalités différentes et que le rapport à autrui, lecteur et critique. Il pose la question de la création, de la fabrique littéraire tout autant à travers l’élaboration du péritexte, préface, notes, postfaces et autres lieux où l’auteur entre en dialogue, qu’à travers le remaniement d’un texte. C’est une activité hautement ambivalente qui oscille entre rejet, mélancolie et émerveillement, nostalgie.
Le premier tome, Tombeaux et testaments, s’ouvre sur une introduction de Mireille Hilsum qui pose les enjeux de la relecture. Il regroupe quatorze articles organisés autour de quatre pôles : I. Vieillir, relire, II. La scène et le livre, III. Refaire / défaire, IV. Se relire ou non. Le second recueil, Se relire contre l’oubli ? XXe siècle comporte quinze articles également précédés d’une préface de Mireille Hilsum. Ce second opus, s’organise en trois parties dont le deuxième se subdivise en trois chapitres : I Relecture et édition, II Relecture et histoire littéraire, chapitre 1 : se souvenir ou non ?, chapitre 2 : relecture et création, chapitre 3 : l’âge des anonymes, III Relire la poésie.
La relecture ressuscite le passé et ce retour provoque des réactions ambivalentes. Certains artistes y voient l’occasion, de redéfinir leur ethos d’écrivain ou leur idéologie. Laurent Mattiusi s’attache à la façon dont Nietzsche à travers le texte Ecce Homo, se pose comme un génie, placé sous le patronage de Dionysos, le dieu des Mystères. David Vrydaghs s’attache au cas d’Emergences-Résurgences d’Henri Michaux. Le poète revient sur la supériorité du peintre sur l’écrivain. La fonction cathartique de la peinture, plus adéquate pour parler de soi, est soulignée.
Modifier ses positions est parfois nécessaire face à une évolution du contexte ou de soi. Pour Aude Déruelle, Balzac en réécrivant les Chouans superpose plusieurs versions qui rendent le texte ambigu sur le plan politique et axiologique. Le palimpseste oriente le texte in fine vers le légitimisme quand les textes antérieurs demeuraient plus indéchiffrables et reflétaient davantage « l’opacité des signes et l’errance du sens » (Tome I, p. 183) caractéristiques du contexte historique agité. Proust adopte une posture de circonstance dans Pastiches et mélanges selon Françoise Leriche. La priorité qui motive ce travail de mise en recueil de divers textes publiés pour les journaux et revues est à mettre en rapport avec les visées académiques de Proust. Ces textes dressent opportunément l’ethos d’un écrivain conservateur en phase avec la société de l’après-guerre. Pour Laurent Mattiusi, Michel Foucault manifeste l’évolution de sa pensée en supprimant dans la réédition la préface de l’Histoire de la folie. Sa pensée est désormais plus nietzschéenne. Il tient surtout à se poser non plus tant comme sujet que comme auteur qui refuse d’imposer une grille de lecture.
Relire conduit donc à réactualiser d’anciennes postures, à recontextualiser un ancien soi. Cette opération s’opère entre renoncement, mélancolie et pragmatisme éditorial. Il s’agit d’aller à la rencontre d’un public dont la réception doit être prise en compte. Pour Bérengère Voisin, l’édition de New York des œuvres de Henry James constitue « une ultime tentative de séduction » (Tome II, p. 25) du lectorat. L’auteur s’implique de façon passionnelle dans la relecture de ses œuvres. Revenir en arrière, c’est se replonger dans le plaisir de la création. Mais la réédition est liée à une stratégie commerciale qui vise à réorganiser l’œuvre, permettre une réévaluation par le biais notamment du choix des photographies illustrant l’œuvre. Séduire à nouveau et même restaurer l’image de soi, c’est ce à quoi s’efforce Lamartine selon Aurélie Loiseleur. Le recueil des Méditations que le poète commente est mythifié en tant qu’entreprise de refondation de l’œuvre. Il faut se revaloriser face aux attaques, aux adversités littéraires, politiques. Crébillon relecteur d’Ah quel conte ! souhaite aussi, selon Régine Jomand-Baudry, restaurer un ethos auctorial écorné. Il s’attache en outre plus fondamentalement à renouveler le genre du conte qui devient le laboratoire d’expérimentations littéraires, inachèvement, intégration de formes hétérogènes, métadiscours…
Le travail sur le style manifeste en effet l’évolution de l’écrivain. Flaubert relisant et réécrivant l’Éducation sentimentale réoriente le texte sur le plan esthétique davantage vers le modèle de Bouvard et Pécuchet que celui de Mme Bovary pour Stéphanie Dord – Crouslé. La parataxe notamment place le monde « sous le signe du hasard et de la discontinuité ». (Tome I, p. 201) Cioran qui dirige la traduction roumaine de Des Larmes et des Saints selon Nicolas Cavaillès épure le texte et le mène vers une esthétique plus classique que l’original.
La relecture reste le moment privilégié d’établir un dialogue constant avec ses lecteurs. Le discours poursuit un but clairement apologétique pour un Rousseau vieillissant qui se partage, selon Michel O’Dea, entre méditation et combat infini pour se défendre contre les ennemis. Beaumarchais utilise ses préfaces comme des boucliers contre la critique et tente d’orienter la réception de ses textes. Pour Christelle Bahier-Porte, elles permettent, en outre, au dramaturge d’établir des mises au point théoriques sur le statut de l’auteur et sur le projet de rénovation d’un théâtre qui prend le roman comme horizon. Champfleury aussi redéfinit sa pratique en se relisant selon Gilles Bonnet. Il s’agit de se poser comme le « mimographe » (Tome I, p.88), l’ « inventeur de la pantomime réaliste, logique et vraisemblable » (Tome I, p.89). Andréas Pfersmann étudie les marges de Henri Matisse, Roman d’Aragon. Celles-ci, par le biais des notes notamment, permettent à Aragon de présenter Matisse à la fois comme personnage et « co-auteur ». (Tome II, p.61) L’écrivain rapporte les commentaires sur le texte que le peintre a pu livrer de son vivant. Ces remarques portent également sur Aragon lui-même. Ils proposent en outre une lecture de l’œuvre non linéaire.
Le retour sur l’œuvre passée est donc orienté vers le lecteur ou vers sa propre pratique, vers soi. Jean-Louis Jeannelle étudie la façon dont divers écrivains tentent de se ressaisir à travers leurs Mémoires, d’Elie Wiesel à Simone de Beauvoir, de Régis Debray à André Malraux.La relecture peut en effet jouer le rôle d’un point de départ, d’un tremplin vers de nouvelles créations plus fécondes ou au contraire celui d’une origine fantasmée qui échappe à jamais. Pour Philippe Jaccottet, le poème fini, lié à une émotion particulière est rejeté dans une étrangeté intrinsèque. Lionel Verdier souligne que pour le poète, relire relève d’une quête impossible d’un centre qui se dérobe. Les Écrits minuscules de Pierre Michon, selon Laurent Demanze, témoignent également de la frustration qu’entraîne l’entreprise de relecture en ce sens que le récit premier, mythifié, fétichisé et pétrifié reste la « ligne asymptotique » vers laquelle tendre indéfiniment. La répétition échoue, elle ne peut devenir une reprise satisfaisante. Françoise Genevray souligne que lorsque Georges Sand se relit, ce n’est pas tant pour commenter l’œuvre passée que pour se projeter dans l’œuvre à venir. L’oubli est préférable à un mouvement de rétrospection qui briserait l’élan créateur. « Eviter de relire », ce serait « donner une chance à Corambé1 de revenir » (Tome I, p. 196).
D’autres auteurs en revanche, se relisent pour faire avancer la création, réagencer la matière narrative, faire surgir d’autres possibles narratifs. Goethe, auquel s’intéresse Martin Raether, retravaille inlassablement les motifs aquatiques qui lui permettent de juguler de façon cathartique ses tendances destructrices. Jean Giono d’Angelo au Hussard sur le toit, revient sur ses méthodes de travail selon Alain Schaffner. Il remanie la matière narrative tout en l’enrichissant de nouveaux épisodes. Dans le cas de Diderot auquel s’intéresse à nouveau Michel O’Dea, revenir sur l’œuvre écrite permet essentiellement de reprendre des textes antérieurs. Le Rêve de d’Alembert doit être reconstitué d’après des bouts de manuscrits retrouvés. La Lettre sur les aveugles permet de marquer l’évolution de la pensée par une mise à distance partielle. La Religieuse est à la fois remanié et doté d’une préface importante sur le plan théorique puisqu’y est abordé la question de l’illusion romanesque. André du Bouchet réagence également des textes antérieurs dans le recueil L’Ajour. Ce travail d’ « ajourage », véritable travail plastique pour Anne Malaprade « rétablit la lumière dans « l’obscurité des pré-textes sans pour autant résoudre l’énigme du réel » (Tome II, p. 215). L’accent est mis sur la matérialité d’un texte « assoiffé de ruptures » qui tente de faire circuler « ce dont l’être humain manque : l’air, le vent, le souffle. » (Tome II, p. 217)
Réécrire les textes s’opère parfois de façon plus radicale par des réorientations génériques ou la mise en place d’expérimentations littéraires. Jean-Marie Seillan revient sur les trois états du texte de Zola, L’Attaque du moulin. Les transformations génériques font passer le texte de la relation d’une simple anecdote historique à un quasi manifeste et pour finir à un livret d’opéra. Les changements de statut s’accompagnent du passage du naturalisme au lyrisme. La réception polémique de son roman contre la guerre d’Algérie qui actualise la notion originale de « sensure » (Tome II, p. 133), (« [dénaturer] les mots en vouant un culte à l’information quantitative qui dévalue le langage et véhicule un savoir vidé de toute substance critique (Tome II, p. 133)) pousse Bernard Noël à transformer Le Château de Cène en pièce de théâtre. Mais le réel, le procès, s’invitent dans les marges du texte selon Anne Malaprade.
La relecture qui oscille entre création et déconstruction, oubli et célébration nostalgique se joue fondamentalement entre clôture et inachèvement, morcellement et totalisation, élaboration de l’œuvre monument. Olivier Catel assimile la composition de la Vie de Rancé à une « esthétique de la mosaïque » (Tome I, p. 137). Chateaubriand dans une œuvre plus autobiographique que réellement biographique peut enfin mettre en œuvre ce qu’il admire tant dans les beaux-arts, le « sublime de la religion » (Tome 1, p. 150). Le texte met le point d’orgue à la création par l’auteur de sa cathédrale littéraire, en revenant à travers l’autocitation et l’intratextualité sur le reste de l’œuvre monumentale.
Florence Godeau pose la question de la modernité à travers celle de l’ouverture de l’œuvre, de son inachèvement à travers Marcel Proust et Robert Musil La critique rappelle le débat qui oppose les critiques proustiens sur l’achèvement ou non de l’œuvre. Jean-Yves Tadié souligne l’achèvement fondamental d’une « œuvre cathédrale » (Tome I, p. 218) conçue comme un tout. D’autres critiques soulignent la relecture et les corrections incessantes auxquels se livraient l’auteur de la Recherche. L’impossibilité de revenir sur les trois derniers romans publiés de façon posthume inscrit l’œuvre dans l’inachèvement. Pour Musil, la question se pose autrement, s’il corrige également ses textes d’une façon inlassable, en butte à des circonstances extérieures qui l’oblige à échelonner la publication de ses textes, en revanche, il porte le projet d’un livre intrinsèquement ouvert, un « Livre-mobile, dont les feuillets auraient pu être lus de manière plus ou moins aléatoire ». (Tome I, p. 225) Pour Roland Barthes, la question éminemment moderne de l’inachèvement se pose aussi. Laurent Demanze s’intéresse au retour incessant sur soi d’un sujet mélancolique. La relecture permet de fictionnaliser le sujet. Différents masques se mettent en place et permettent de le morceler.
Le dernier mot est laissé au poète Esther Tellerman qui revient sur sa propre pratique et assimile la relecture à une zone vide « entre-deux-morts » (Tome II, p. 253). C’est un moment qui se situe entre fécondité et dépossession. Il est mélancolique et heureux à la fois.
Ils sont six à se confier, six hommes - et pas une femme. Loin de trahir un complot macho, cette surreprésentation masculine reflète le prestige de Sagan parmi les écrivains mâles! Les cadets l'ont lue. Les aînés l'ont aussi rencontrée. Quelles influences et quels souvenirs leur a-t-elle inspirés? Leurs réactions.
Eric Neuhoff
(Dernier livre paru: Pension alimentaire, Albin Michel,
F rançoise Sagan? Elle a fait fantasmer des générations entières de jeunes écrivains qui rêvaient de devenir comme elle, riche, célèbre, et de faire la fête. Tout en écrivant d'excellents livres et en ayant un talent fou. Tout romancier en herbe qui envoyait un manuscrit espérait secrètement que le livre aurait le même succès que Bonjour tristesse. Et elle était unique, personne aujourd'hui ne peut se revendiquer d'elle, avec une vie aussi importante que l'oeuvre. Et la fête au coeur de son oeuvre. Sagan et la fête, c'est un peu comme Proust et l'asthme, ou Blondin et l'alcool, l'un ne va pas sans l'autre. Même si ses derniers romans étaient un peu bâclés, tous les premiers, Bonjour tristesse, Dans un mois, dans un an, Aimez-vous Brahms..., étaient formidables et tiennent encore la route aujourd'hui.»
Christian Authier
(Dernier livre paru: Une si douce fureur, Stock, 2006)
«Blondin et Sagan sont les deux écrivains qui allient la mélancolie et la légèreté de manière remarquable. Ils sont des emblèmes de ma sensibilité et me touchent infiniment. Chez Sagan, tous les clichés ont une part de vérité. Elle a son propre style jusque dans les titres de ses romans qui sont comme des oxymores pleins de promesses. J'aime son écriture classique et indémodable, son côté petite-cousine de Scott Fitzgerald, avec cette élégance dans la façon de présenter les blessures tout en étant dans l'élan.»
Bernard Chapuis
(Dernier livre paru: Vieux garçon, Stock, 2006)
«Chez Sagan, cas assez rare, le personnage est aussi important que l'écrivain. Fille de bonne famille, pas en rupture de ban, mais différente, elle avait de la tenue et un humour qui pouvait être assez caustique. Elle avait de l'éducation, et une culture transmise par sa famille, pas vraiment bourgeoise, bien qu'issue des beaux quartiers. C'était un sacré personnage, d'une étonnante liberté. Dans les années 1950, elle était unique. D'autres jeunes femmes buvaient, fumaient, et faisaient la fête, mais pas comme elle; d'autres portaient des pantalons, mais pas à sa façon. Ce n'était pas de la provocation gratuite, c'était simplement de la liberté, une grâce insolente. Il faut se rappeler que les codes sociaux en vigueur à l'époque étaient d'une rigueur dont on n'a pas idée aujourd'hui: une divorcée n'était plus invitée à dîner en ville, par exemple. Et elle avait cette liberté de ton, de parole et de comportement. Je l'ai rencontrée deux fois chez mon amie Inès de La Fressange. Elle était de compagnie agréable, flanquée de son "chien de races", un bâtard qui ne la quittait pas. En société elle était accorte, souriante, agréable. Personne aujourd'hui n'a son élégance, son talent, ni son indépendance. Notre époque est trop narcissique, ce que Françoise Sagan n'était pas. Si elle a été regrettée, c'est aussi à cause de son incroyable potentiel d'humour. Elle était la soeur, la copine et la complice. Son amitié avec Bernard Frank me fait penser à celle que l'on devine à la lecture de la correspondance de Sand et de Flaubert, une vraie générosité, une franche camaraderie. Un de ses plus beaux textes reste pour moi sa préface à la correspondance de Sand et Musset (Lettres d'amour, Hermann). Elle était géniale quand elle parlait de livres, de l'amitié. Les deux mots qui me viennent à l'esprit sont amitié et générosité. C'était une cigale intelligente. Mais l'hiver est passé...»
Marc Lambron
(Dernier livre paru: Mignonne, allons voir si la rose..., Grasset, 2006)
«C'est un cas typique où la légende a précédé la lecture. Parce que mes parents lisaient Paris Match à l'époque et qu'il y avait une chronique photo régulière. Sagan a été la première à faire de la "peopolisation littéraire", en existant par l'image et par les interviews. Elle était une légende vivante. L'imaginaire saganesque est formidable, avec ses frasques, les voitures, les accidents... Je ne l'ai lue que plus tard, comme critique littéraire, et je l'ai découverte comme auteur avec ses derniers livres, Les faux-fuyants, La laisse: j'ai trouvé ces textes en totale harmonie avec la légende, avec un vrai charme au sens fort du mot. Je n'ai pu redire que tardivement ce que tout le monde avait déjà dit sur elle. A ce jour, j'avoue, je n'ai toujours pas lu Bonjour tristesse. J'ai eu la chance de la rencontrer grâce à Bernard Frank. Pour un provincial comme moi, approcher une telle légende était le summum. Je me souviens d'un réveillon chez elle quand elle habitait rue de l'Université. Je n'étais pas informé de son addiction. Elle, en robe noire et collier de perles, était entourée de philosophes, de chanteurs, de banquiers et d'amis proches, et des membres de sa famille. C'était l'avant-guerre et la fin de siècle réunis. Cela tenait du bal et de la boum, avec des musiques des années 1960, et beaucoup de slows. Même Bernard Frank dansait le slow, et Sagan était là comme dans un de ses romans, discrète, mais auteur de cette fiction. Puis elle s'est retirée pour lire dans sa chambre. On change d'année, je m'efface, semblait-elle nous dire. Ses amis sont encore éblouis quand ils parlent de sa désinvolture, de ce devoir d'esprit qu'elle a maintenu jusqu'au bout. C'est un petit monstre qui vient à la fin de l'époque des grands monstres. C'est aussi le premier écrivain sans guerre, ce qui n'est pas rien. Elle commence à écrire en temps de paix. C'est la culture de l'été et de la jeunesse, un miroir des Trente Glorieuses dans ce qu'elles avaient de détaché et d'heureux, et qui s'est achevée dans le pourri et le moisi. Bonsoir tristesse...»
Adrien Goetz
(Derniers livres parus: Intrigue à l'anglaise, Grasset, 2007 et Le soliloque de l'empailleur, Le Promeneur, 2008)
«Pour le lecteur de Saint-Simon que je suis, Sagan appartenait à ce groupe surprenant de vieilles dames qui avaient choisi des pseudonymes de duchesses d'Ancien Régime pour se faire un nom: Duras, Sagan ou celle qui resta selon moi la plus jeune et mourut en 2005, à 95 ans, Aurélie Nemours, dont j'aime tant les tableaux. Du haut de leurs tabourets, ces duchesses jouaient à être indignes. Pour découvrir la jeune fille qu'elle avait été, il a fallu que j'entende un enregistrement de Bertrand Poirot-Delpech à la télévision. C'était bouleversant de la voir ensuite apparaître à l'écran et dire: "Quand je serai morte, j'aimerais qu'on repasse ça", ce que, je crois, personne ne s'est soucié de faire en 2004. Surtout, je suis tombé, dans une maison de vacances, comme il se doit, sur un exemplaire de Bonjour tristesse qui sentait le sel de mer et la crème solaire, et je l'ai tout de suite aimé. Au hasard des bouquinistes, j'ai lu un ou deux autres romans, dont je n'ai rien vraiment retenu. Puis, ce sont les titres de ses livres que j'ai trouvés séduisants. Je ne les ai pas tous lus. Certains ne sont pour moi que des têtes de chapitres dans ce joli livre autobiographique intitulé Derrière l'épaule. Je ne crois pas que ses romans m'aient "influencé", c'est pourquoi j'aimerais maintenant la relire - et lire d'elle ce qui ne se trouve plus dans les librairies.» A.D.
David Foenkinos
(Dernier livre paru: Qui se souvient de David Foenkinos?, Gallimard, 2007)
«Ala différence de ceux qui ont découvert Bernard Frank dans le sillage de Françoise Sagan, je suis venu à elle par Bernard Frank. C'est lui qui a été déterminant dans mon écriture, alors qu'elle est pour moi en périphérie. Mais j'ai lu tant de choses sur lui que j'ai l'impression de la connaître aussi. Quand, très vite, elle est devenue célèbre, il a cessé d'écrire des romans; il a été journaliste, a écrit des essais. Il disait: "Françoise Sagan est célèbre pour nous deux." Sa vie de romancier est restée dans l'ombre. J'ai lu Sagan comme tout le monde, mais ce n'est pas un écrivain qui compte pour moi. Même dans le style de vie, je serais plutôt son opposé: je ne suis pas le genre à acheter une maison après avoir raflé la mise au casino, mais plutôt à voir quinze banquiers avant!»
De notre correspondante à New Delhi Marie-France Calle
07/02/2008 | Mise à jour : 21:55 |
Taslima Nasreen s'est attiré la colère des islamistes indiens par ses positions sur le statut des femmes musulmanes. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
Taslima Nasreen ne viendra pas en France chercher le prix Simone-de-Beauvoir qui lui a été décerné le 9 janvier, au Couvent des cordeliers à Paris. Poursuivie par la vindicte de quelques groupuscules extrémistes musulmans indiens, la femme écrivain la plus controversée du sous-continent vit, depuis la fin novembre, en un endroit tenu secret, dans la grande banlieue de Delhi. Sous haute surveillance, et pas vraiment de son plein gré. «J'apprécie le geste de la France et je suis reconnaissante de l'invitation à me rendre à Paris (…) mais je préfère rentrer chez moi, à Calcutta, pour y retrouver tout mon univers», a fait savoir Taslima du fond de sa cachette.
Exilée, depuis 1994, de son Bangladesh natal où plusieurs fatwas la menaçaient de mort, cette «Rushdie au féminin», comme on la surnomme parfois, a erré dix ans durant dans une Europe où elle ne s'est jamais sentie chez elle. En 2004, elle avait trouvé en Calcutta plus qu'un asile, et en l'Inde une seconde patrie. Malgré la Partition de 1947, qui a coupé le Bengale en deux, Calcutta reste, aujourd'hui encore, la capitale culturelle de tous les Bengalis, qu'ils soient bangladais ou indiens.
Le 22 novembre dernier, Taslima Nasreen a pourtant été forcée de quitter le Bengale-Occidental après de violentes manifestations organisées par des groupes musulmans contre sa présence. Voyant poindre le spectre d'émeutes intercommunautaires, le gouvernement communiste de Calcutta a d'abord appelé l'armée en renfort. Puis il a exfiltré Taslima. Elle s'est retrouvée à Jaipur, au Rajasthan. Mais cet État redoutant, lui aussi, des tensions entre hindous et musulmans, elle a été «déportée» en pleine nuit à Delhi, où le gouvernement central s'est résolu à prendre en main sa sécurité. Bien embarrassées, les autorités indiennes viennent de lui renouveler son visa pour six mois, réveillant la colère des islamistes qui demandent son expulsion. Delhi a toujours refusé à Nasreen la nationalité indienne qu'elle réclame depuis 2005.
Pour l'Inde, Taslima Nasreen, bangladaise, musulmane et en rupture de ban avec l'islam, c'est de la dynamite. Cette immense démocratie multiculturelle, multiconfessionnelle, abrite bien des réfugiés politiques, dont le dalaï-lama, avec son gouvernement tibétain en exil. Elle accueille aussi des Birmans, des Sri Lankais… Mais, pour Taslima, c'est une autre histoire : l'Inde compte quelque 140 millions de musulmans sur plus d'un milliard d'habitants, et pas question de courir le moindre risque de rompre l'équilibre précaire qui prévaut depuis soixante ans entre hindous et musulmans.
D'autant que la sulfureuse Nasreen n'en est pas à ses premiers déboires avec des islamistes indiens. En août dernier, elle a été violemment attaquée par des activistes d'un parti musulman à Hyderabad (Sud) où elle s'était rendue pour le lancement de l'un de ses ouvrages en telugu, la langue de l'Andhra Pradesh. Dans la foulée, un imam avait lancé contre elle une fatwa, exigeant une nouvelle fois son expulsion. À la suite de cet incident, des militants musulmans ayant porté plainte pour atteinte à l'islam, l'écrivain iconoclaste risque jusqu'à trois ans de prison pour «avoir attisé la discorde, la haine et la malveillance » entre groupes religieux.
Pour Mahmood A. Madani, qui siège au Sénat à Delhi et dirige le Jamiat Ulema e-Hind, la plus importante formation musulmane en Inde, le problème n'est pas le féminisme de Taslima, ses tirades contre la burqa ou le statut des femmes dans la religion musulmane. «Nous sommes favorables à tous les débats intellectuels. Mais nous refusons la manière indécente dont elle parle du prophète Mahomet », a-t-il affirmé à l'hebdomadaire Outlook. Jugeant que Taslima a offensé les sentiments de plusieurs millions d'individus.
Le prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes a été créé cette année à l'occasion du 100e anniversaire de la naissance de l'écrivain-philosophe, auteur, entre autres, du Deuxième Sexe. Une œuvre de référence pour les féministes du monde entier, où Beauvoir dénonce les préjugés à l'encontre des femmes. Rien d'étonnant à ce que Taslima Nasreen en ait été l'une des lauréates.
Ce prix, Nicolas Sarkozy avait souhaité le lui remettre en main propre lors de sa visite d'État en Inde, fin janvier. Preuve que la France est le pays des libertés. Tollé discret, certes du côté des autorités de New Delhi. Et ferme dissuasion. Ni le moment ni l'endroit n'étaient propices à une leçon sur les droits de l'homme à la française. Nicolas Sarkozy n'a pas insisté, se contentant de se réjouir de la bonne volonté des responsables indiens, qui lui ont donné l'assurance que Nasreen pourrait se rendre à Paris… si elle le souhaitait.
Le Centre Jean Giono propose :
Giono, archives de la création,une exposition coréalisée par les Archives Départementales de Digne-les-Bains et
l'Association des Amis de Jean Giono,
du 22 janvier au 29 mars 2008.
Cette exposition est une invitation à découvrir l'auteur de Hussard sur le toit enpleine activité créatrice.
Lire la suite sur le site ...http://www.litterature-lieux.com
Françoise Dargent
13/02/2008 | Mise à jour : 17:57
La traque a duré dix ans. Une décennie est le temps qu'il a fallu à l'écrivain Dominique Noguez pour mettre la main sur un roman au parfum d'inédit, peut-être un ouvrage de jeunesse de Marguerite Duras. Lorsqu'il tombe, il y a deux ans, sur une mise en vente sur Internet de ce livre signé M. Donnadieu dont un ami lui a déjà parlé en 1996, Dominique Noguez n'hésite pas une seconde. Il pense alors tenir enfin l'un de ces fameux romans de gare que Marguerite Duras aurait écrit pendant la guerre. Nous sommes en 2006. Noguez passe commande. Quelques jours plus tard, il rend visite au libraire de livres anciens tenant boutique près du marché d'Aligre à Paris. Le roman l'attend sous la forme d'un petit volume sans prétention de 195 pages imprimées, à la couverture jaunie. Son titre écrit à l'encre verte, Heures chaudes, et plus encore cette lettre, M. devant Donnadieu, imprimée comme une promesse d'énigme à résoudre, relancent d'emblée la curiosité de l'acquéreur. «Je l'ai payé 25 €. Au vendeur qui s'étonnait, j'ai dit que Donnadieu était le vrai nom de Marguerite Duras. Il a fait une drôle de tête», se souvient Dominique Noguez.
L'écrivain a pris un plaisir évident à raconter comme une farce cette aventure dans le dernier numéro de La Revue littéraire (n° 33). Il rapporte comment il a endossé l'habit de détective littéraire et comment il s'est laissé prendre au jeu, traquant les indices dans cet ouvrage publié en 1941 par «Les Livres nouveaux», éditeur parisien qui périclita peu de temps après. «Une colonne pour et une colonne contre. J'ai fait très simplement en prenant des notes tout au long de la lecture. À la fin, j'ai été surpris de constater que les deux colonnes étaient égales.»
Les indices tombés dans l'escarcelle de la colonne durassienne sont débusqués par un fin connaisseur. On doit notamment à cet auteur féru de cinéma expérimental un recueil intitulé Duras Marguerite (Flammarion) dans lequel est passée au crible son œuvre littéraire et cinématographique. Dominique Noguez croit d'emblée reconnaître la patte de l'auteur de L'Amant dans le titre qui laisse présager du climat de l'histoire. Dans le tableau, cet indice signale un auteur sensible à une certaine « météorologie de la passion». Tout devient possible. La citation apposée sur la couverture est ainsi directement portée au bénéfice de la colonne des «pour». «Vous saurez qu'en ce pays on ne voit guère d'amours médiocres. Toutes les passions y sont démesurées. » Cette épigraphe de Racine pourrait avoir été écrite par Marguerite Duras.
Dominique Noguez se replonge dans les biographies pour ferrer sa «romancière des amours extrêmes». Celle de Laure Adler le conforte: l'auteur y rappelle que Duras fréquentait assidûment la Comédie-Française, qu'elle aimait plus que tout le tragédien. Devenue cinéaste, ne citera-t-elle pas Bérénice comme une source d'inspiration pour son court-métrage Césarée? Las, le miracle Racine ne dépasse pourtant pas la couverture et c'est finalement du côté de Delly que Noguez se range après avoir lu cette histoire d'amour triangulaire. Pourquoi Delly? Parce que son livre Magali «a joué un rôle capital dans ma jeunesse. C'était le plus beau/le seul que j'eusse lu…» a écrit un jour Marguerite Duras.
Pour Noguez, l'indice est à prendre en considération. Il repasse l'intrigue d'Heures chaudes à la moulinette durassienne. Mona, l'héroïne, serait Magali qui attise la passion de Pierre pourtant fiancé à Lucienne Vadier. Dans la foulée, il continue à noircir la colonne des « pour » : Pierre est bien le prénom du frère de Marguerite, Lucienne Vadier a bien les mêmes initiales que Lol. V et le tout se passe bien à Sète comme certaines scènes du Marin de Gibraltar. Opiniâtre, il tient jusqu'à la fin, jusqu'à la dernière phrase du roman où l'auteur chute sur une tournure durassienne, un « sans réaction aucune » très littéraire qui ponctue le roman et ferme victorieusement la colonne des «pour».
À ce stade, notre détective devrait donc sauter de joie et rendre la nouvelle publique: Heures chaudes a de fortes chances d'être un roman caché de Marguerite Duras. Mais la colonne des «contre» est là, rappelant à un lecteur qui se serait emballé que quelques indices, aussi troublants soient-ils, ne sont pas suffisants pour clore l'enquête. D'autant quela colonne des «contre» clignote à côté des «pour» comme une alarme à incendie. Il y a d'abord l'avalanche des clichés et des poncifs relevés dans le style, les références littéraires qui, passé Racine, ne mentionnent que des écrivains oubliables. Il y a enfin ce petit côté machiste qui plane sur l'œuvre avec un amant malheureux fustigeant «la femme éternelle menteuse». Marguerite Duras, misogyne primaire? La chose est si difficile à croire qu'elle en devient décourageante.
L'affaire aurait pu s'arrêter là si Dominique Noguez n'avait pas décidé de jouer avec cette découverte. En 2007, il décide de faire une conférence lors des journées Duras à l'abbaye d'Ardenne, au siège de l'Imec (Institut pour la mémoire de l'édition contemporaine). Il affronte là un public de spécialistes, forcément alléchés par la perspective de découvrir un inédit de la grande romancière. Certains se souviennent de cette phrase lue dans le recueil Outside (Albin Michel) : «Il y a eu aussi tous ces romans que nous avons faits pendant la guerre, une bande de jeunes, jamais retrouvés non plus, écrits pour acheter du beurre au marché noir, des cigarettes, du café.» Alimentaire mon cher Noguez ! chuchote le fantôme de Duras à l'oreille du détective qui conclut pourtant devant l'auditoire dépité que M. pourrait être aussi bien Marcel, Maurice ou Marius. Mais quel que soit son prénom, ce ou cette Donnadieu-là a aujourd'hui rejoint Marguerite Duras à l'abbaye d'Ardenne. Admirateur trompé mais pas rancunier, Dominique Noguez a en effet versé les photocopies d'Heures chaudes à l'Imec.
Son oeuvre n'est aujourd'hui plus disponible. La faute à la dispersion des droits parmi différentes maisons d'édition et à une gestion avec le fisc encore difficile. Cependant, une embellie semble se dessiner. L'Herne montre l'exemple. Et Gallimard pourrait l'accueillir dans la Pléiade.
Françoise Sagan dans les librairies françaises, en ce début d'année 2008, c'est un peu «bonjour tristesse»! A part le best-seller de 1954, toujours édité en Pocket et qui s'écoule à un peu moins de 30 000 exemplaires par an après une poussée à plus de 150 000 exemplaires en 2004, année du décès de son auteur, il n'y a plus grand-chose à se mettre sous la dent. Ironie du sort, on trouve aujourd'hui plus de livres sur Sagan que du Sagan!
Sur les quarante titres publiés de son vivant, huit seulement sont disponibles! Outre le susdit Bonjour tristesse, Aimez-vous Brahms..., Un chagrin de passage et Derrière l'épaule figurent au catalogue Pocket. Les trois livres publiés chez Gallimard, Avec mon meilleur souvenir (1984), De guerre lasse (1985) et Un sang d'aquarelle (1987) sont dans les rayons en Folio et dans la collection Blanche.
Seul ou presque au milieu du désert, un volume de la collection Bouquins compile (pour moins de 29 euros) les principaux romans de la dame ainsi qu'une pièce de théâtre, Château en Suède. On peut regretter l'absence d'Un orage immobile, classique que l'on jurerait écrit en 1830, l'une des facettes les plus surprenantes de sa bibliographie, coédité par Pauvert et Julliard en 1983. Il existe pourtant une forte demande d'une jeune génération de lecteurs, comme l'explique Marie-Dominique Lelièvre, auteur de Sagan à toute allure.
Directrice des droits étrangers de Gallimard, Anne-Solange Noble rappelle que Avec mon meilleur souvenir et De guerre lasse ont suscité quinze traductions, notamment aux Etats-Unis, en Angleterre, en Grèce, au Japon, en Suède, en Chine, en Espagne ou en Allemagne. Très célèbre à l'étranger, Françoise Sagan fut copieusement lue en Russie et dans les anciennes Républiques russes, dont la Géorgie et l'Ukraine. Curieusement, elle a été l'un des seuls écrivains français contemporains importés pendant la guerre froide.
Denis Westhoff, le fils de Françoise Sagan, déplore que la bibliographie de sa mère soit si dispersée. Sagan, on s'en souvient, avait eu des démêlés épiques avec le fisc et s'était brouillée avec Flammarion, le principal éditeur de ses livres, notamment ceux des années 1970.
En procès avec plusieurs maisons ayant «gelé» les livres inscrits à leurs catalogues, l'héritier aimerait «redonner un coup de pouce à l'oeuvre», qu'on la trouve enfin de nouveau en librairie. Tributaire de la clémence du ministère des Finances de Bercy à propos de la dette fiscale laissée par sa mère, Denis Westhoff ne cache pas qu'il a pressé Antoine Gallimard d'envisager un volume de la prestigieuse Pléiade...
Tout n'est pas si noir. Aux éditions de L'Herne, Laurence Tacou a déjà ouvert le bal en exhumant quatre textes de voyage, parus dans le magazine Elle dans les années 1950 et aujourd'hui réunis dans la collection Carnets sous le titre clin d'oeil de Bonjour New York.
L'Herne ne va pas s'arrêter en si bon chemin et prévoit de condenser en un seul volume Réponses (édité par Jean-Jacques Pauvert en 1974) et Répliques (Quai Voltaire, 1992), deux recueils d'aphorismes incisifs tirés des multiples entretiens que Sagan accorda à la presse.
Infatigable, L'Herne annonce aussi pour le printemps la parution de deux recueils d'articles, l'un sur le cinéma et l'autre sur l'air du temps, ainsi que d'un album de photos avec de nombreux inédits, Bonjour Sagan. Pour celle que l'état civil connaissait sous le nom de Françoise Quoirez, l'année 2008 a un parfum de renaissance.
L'erreur judiciaire est au coeur du nouveau thriller de la romancière américaine.
Rapt de nuit
Patricia MacDonald
ed. Albin Michel
Pour en savoir plus:http://livres.lexpress.fr/critique.asp/idC=13491/idR=10/idG=5
Jean-Claude Lamy
31/01/2008 | Mise à jour : 11:22 |
Fils à papa ou digne rejeton de leur célèbre père ? Chez les Mauriac, il n'était pas facile d'imposer son style à l'ombre du Dieu tutélaire que représentait le Prix Nobel de littérature. Sous sa protection, la famille vivait comme une tribu dont les enfants et petits-enfants se chamaillaient tout en témoignant ouvertement leur affection à l'auteur du Noeud de vipères.
Claude Mauriac (1914-1996), l'aîné, et son frère cadet Jean, né en 1924, qui se sont souvent opposés, faisaient front commun lorsque François Mauriac était en butte à des attaques. Ainsi avaient-ils été révoltés par l'article de Bernard Frank dans France Observateur du 25 mai 1961. À l'époque, l'écrivain venait d'abandonner L'Express pour Le Figaro Littéraire où réapparut son « Bloc-notes ». Frank n'y est pas allé par quatre chemins : «Ce qui m'intéresse chez Mauriac, c'est que ce romancier médiocre, ce polémiste qui connaît bien, trop bien, trop scolairement la polémique d'antan, ce poète débile, ce dramaturge insignifiant, réussit à merveille, dans la grande presse et dans le grand public, à se faire passer pour un écrivain »capital». Un phare. Une conscience. Jules Renard disait : »Pour devenir un génie, il faut être un boeuf. » Écrire, écrire, écrire. Mais non, c'est plus simple, il faut durer, louvoyer à travers les modes et les guerres, les armistices, les résistances et les libérations. L'astuce de Mauriac, c'est d'avoir, fort jeune encore, joué le vieillard ingambe (...)»
En déboulonnant ce « monstre sacré », Bernard Frank voulait condamner un homme qui trahissait la gauche en se réfugiant au Figaro Littéraire. L'étriller, c'était une façon de fustiger son soutien à de Gaulle. L'année précédente, il avait reçu la grand-croix de la Légion d'honneur des mains du chef de l'État. En Conseil des ministres, le général déclara : «N'oublions pas que François Mauriac est le plus grand écrivain français vivant. » Devant l'air renfrogné d'André Malraux, il ajouta : «Les personnes présentes étant toujours exceptées.»
Mauriac, qui publia un De Gaulle en 1964, se souvenait d'avoir déjeuné avec le général vingt ans plus tôt. Ce 1er septembre 1944, ce dernier était surtout soucieux de faire entrer André Gide à l'Académie française. « Qui l'eût cru ? De Gaulle m'interrogeait sur André Gide ! (...) Je me trouvais empêtré dans ce filet que tenait fortement le Parti communiste, j'aurais eu mon mot à dire sur sa tactique... Mais non : De Gaulle s'intéressait à André Gide !»
Claude Mauriac, qui fut d'août 1944 à 1949 le secrétaire particulier du général de Gaulle, l'un des deux hommes qu'il a le plus aimés, l'autre étant François Mauriac, aura l'occasion, grâce à son père, d'entrer dans l'intimité de Gide et de lui consacrer un livre, Conversations avec André Gide, un volume rattaché au Temps immobile, son fameux Journal. « J'oubliais bientôt en lui parlant qu'il était célèbre ; j'oubliais son âge et ce qui dans sa vie heurtait l'expérience que j'avais moi-même de la vie ; il ne savait plus que j'étais un obscur jeune homme. S'il y avait une différence encore, entre nous deux, elle tenait à sa jeunesse, plus triomphante et plus vive que n'était ma jeunesse (...) »
Jean Touzot, spécialiste des oeuvres de François Mauriac et de Jean Cocteau, dans sa présentation de Quand le temps était mobile, recueil de chroniques de Claude Mauriac, remarque : « Lorsqu'on a un père célèbre et religieusement admiré, comment ne succomberait-on pas à la tentation de suivre son exemple, et dans les deux principaux domaines où il s'illustre : la littérature et le journalisme ? » Mais avant d'oser signer de son nom patronymique, il utilisera des pseudonymes. En 1936, une boutade désobligeante de son père faisant goûter à un invité le vin de sa propriété de Malagar l'avait terrassé : « Ce vin doit son seul intérêt à son propriétaire. Comme Claude. »
De quoi traumatiser ce jeune homme de vingt-deux ans qui ne cessera de se démarquer de son illustre géniteur tout en continuant de l'aimer. Après avoir été un militant de droite en 1934, il se fera traiter par Georges Pompidou de « passionné gauchiste ». Son amitié pour Maurice Clavel et Michel Foucault, ses combats de « soixante-huitard », sa soif de fraternité, son coeur rebelle, le distinguent au sein d'une famille qui compte également deux oiseaux rares. Sa nièce Anne Wiazemsky, devenue romancière après avoir été actrice, notamment l'héroïne du film La Chinoise (1967) de Jean-Luc Godard qu'elle avait épousé, et son frère Pierre, le futur dessinateur caricaturiste sous le nom de Wiaz et mari de Régine Deforges, l'auteur de La Bicyclette bleue.
Je me souviens d'un Claude Mauriac très choqué d'apprendre qu'elle avait écrit en partie son best-seller sur le bureau de François Mauriac à Malagar... En 1985, à l'occasion du centenaire de la naissance de son père, nous avions réalisé, sur une idée de son fils Gérard et de sa belle-fille Laurence, un album paru chez Stock. Il réunissait des photos prises par Jeanne Mauriac, l'épouse de François. Les découvrir au fil d'une vie, c'est tenter de déchiffrer des images, parfois surprenantes, de l'écrivain. Feuilleter aujourd'hui les pages de ce « Mauriac intime » nous renvoie à des temps oubliés qui voudraient échapper à la mort. Détresse et tendresse d'un clan lourd de secrets et d'intrigues.
Quand le temps était mobile Chroniques 1935-1991 de Claude Mauriac Édition établie par Jean Touzot Bartillat, 343p., 22€.
Le Grand Palais, monument parisien érigé pour accueillir l’exposition universelle de 1900, va subir quelques travaux pour s’agrandir et devenir plus fonctionnel. Il devrait doubler sa surface d'exploitation et révéler ses «richesses insoupçonnées», à l’horizon 2010.
Le Grand Palais va devenir plus grand et plus beau. Le majestueux bâtiment parisien de pierre surmonté d’une immense verrière, construit pour l’exposition universelle de 1900, est l’objet d’un plan d’action de trois ans. Celui-ci comprend l’achèvement de la restauration des façades du bâtiment, un programme d’aménagement intérieur visant à doubler les surfaces d’expositions, ainsi que de nouveaux équipements.
Le bâtiment de 77.000 m² situé près des Champs-Elysées, classé monument historique depuis 2000, verra les travaux effectués entre 2008 et 2010 pour 40 millions d’euros en emprunt et autofinancement. Outre la restauration des façades, le plan d’action comprend la reprise des mosaïques, des ornements et des escaliers monumentaux. Des aménagements pour mieux recevoir les personnes handicapées sont aussi au programme.
Yves Saint-Geours, président de l’Etablissement public du Grand Palais, explique vouloir aussi mettre en avant les «richesses insoupçonnées» du lieu. Ainsi, les espaces en friches seront aménagés et les nouveaux espaces mis en lumière pour doubler la surface d’exploitation et passer à 20.000 m². «La Nef et ses balcons, les rotondes, le salon d’honneur, les galeries sud et la salle de conférences et de projection donneront une modularité nouvelle au monument», explique Yves Saint-Geours.
25/01/2008
Les célébrations et commémorations en tous genres sont à la mode, et il est coutume de s'en plaindre. Passéisme, dit-on... Pourtant, ces anniversaires sont aussi l'occasion de découvrir ou relire des auteurs. Alors, faut-il vraiment gémir si cette année 2008 est l'occasion d'entendre évoquer pêle-mêle Simone de Beauvoir (née en 1908), Françoise Dolto et Maurice Merleau-Ponty (ils seraient centenaires, eux aussi), Barbey d'Aurevilly et Gérard de Nerval (nés en 1808), John Steinbeck (mort en 1968), Francis Carco et Roger Martin du Gard (décédés il y a 50 ans) — et avec eux, encore, John Steinbeck, Guillaume Apollinaire, Joseph Delteil, Tennessee Williams... ◆ Na.C.
Source: Télérama.fr
S.P. (lefigaro.fr), avec AFP
24/01/2008 | Mise à jour : 19:12 |
Ernest Harburg est catégorique. «Si vous enfouissez votre colère, que vous la ressassez et que vous éprouvez du ressentiment pour l'autre, et que vous n'essayez pas de résoudre le conflit, alors vous avez un problème.» Ce professeur à l'université du Michigan est l'auteur principal d'une étude américaine, selon laquelle se disputer avec son conjoint se révèle bénéfique pour la santé.
D'après cette enquête, à paraître dans l'édition de janvier du Journal of Family Communication, les ménages qui ne parviennent pas à exprimer leur colère ont un taux de mortalité deux fois plus important que ceux où seul un partenaire l'extériorise.
Cette étude a porté sur l'impact de la colère enfouie et du ressentiment sur la mortalité au sein de 192 couples, étudiés de 1971 à 1988 parmi la classe moyenne d'une petite ville du Michigan. La plupart des femmes étaient mères au foyer. Résultat : 26 couples évitaient tout conflit, alors que chez les 166 autres, au moins un des conjoints exprimait sa colère.
Après 17 ans, les couples où aucun conjoint n'avait exprimé son courroux avaient environ cinq fois plus de risques d'être tous deux décédés que ceux adeptes de la dispute. «Quand les couples s'unissent, l'une de leurs principales tâches est de savoir se réconcilier quand un conflit survient», assure Ernest Harburg.
Une analyse des taux de survie de cette même population 30 ans après devrait prochainement fournir des résultats complémentaires. De précédentes études avaient déjà montré que le fait de réprimer sa colère augmentait les maladies liées au stress comme les problèmes cardiaques ou ceux liés à la tension artérielle.