Reuters - Dimanche 27 juillet, 13h31 LE CAIRE (Reuters) - Youssef Chahine, géant du cinéma égyptien, s'est éteint dimanche au Caire à l'âge de 82 ans, apprend-on auprès de son secrétariat.
Le réalisateur du "Sixième jour" et du "Destin" qui ne cachait pas ses idées de gauche laisse derrière lui une oeuvre engagée dans laquelle il dénonçait tout autant les dérives autocratiques du régime égyptien que le fanatisme islamiste.
Adulé à l'étranger plus que dans son pays, le cinéaste qui s'était essayé à tous les genres, de la fresque historique à la comédie musicale, avait reçu en 1997 le prix du Cinquantième anniversaire du Festival de Cannes pour l'ensemble de son oeuvre, une cinquantaine de films.
Il avait remporté la même année un Ours d'argent du Festival de Berlin pour son film "Alexandrie, pourquoi".
Pour Tarek el Shenawi, critique de cinéma égyptien, Youssef Chahine était "un maître" qui avait ouvert la voie à des générations de réalisateurs égyptiens.
Il avait offert à l'acteur égyptien de renommée internationale Omar Sharif ses tous premiers rôles dans "Ciel d'enfer" ou "Les eaux noires", sélectionné à Cannes en 1956. Il avait également dirigé la Franco-Egyptienne Dalida dans "Le sixième jour" (1986).
Né à Alexandrie dans une famille riche et polyglotte en 1926, francophone et francophile, Youssef Chahine avait été élevé au grade d'officier de la Légion d'honneur en France en 2006.
"Le septième art vient de perdre l'un de ses plus célèbres serviteurs", a salué Nicolas Sarkozy dans un communiqué.
"Très attaché à son Egypte mais ouvert sur l'universel, réalisateur engagé (...) Youssef Chahine aura cherché, tout au long de sa vie, à travers l'image, à dénoncer la censure, le fanatisme et l'intégrisme", ajoute le président français, saluant un "fervent défenseur du mélange des cultures" et de la liberté d'expression.
"REBELLE" ET OPPOSANT
"Un cinéaste du tiers-monde n'est jamais assez engagé", racontait-il en 2007 dans Le Monde. "Chaque fois qu'il fait un film, il écrit trois scénarios: l'histoire qu'il veut raconter, l'éloge du gouvernement qui le commandite et le combat qu'il mène contre les adversaires politiques", ajoutait le cinéaste, réalisateur et producteur qui avait appris le cinéma aux Etats-Unis au lendemain de la Seconde guerre mondiale.
Ses premiers films - "Papa Amine", "La Terre" - seront d'ailleurs signés "Jo Chahine", un surnom que lui avaient trouvé ses collègues californiens. Sa santé déclinant, son dernier opus, "Chaos", sorti en 2007 en France, avait été terminé par son assistant Khaled Youssef.
Le film raconte l'histoire d'un policier corrompu du Caire qui fait régner sa loi dans un quartier de la capitale égyptienne.
"Il parlait autant de la réalité que de lui-même", explique le critique égyptien Ahmed Youssef. "De son édification personnelle, celle d'un rebelle, une construction qui refuse d'être emportée par la masse et qui parfois doit se résoudre à capituler face à la masse".
Youssef Chahine avait été victime en juin dernier d'une hémorragie cérébrale et avait dû être hospitalisé d'urgence à Paris avant d'être rapatrié au Caire le 17 juillet. Il est décédé dimanche après avoir passé six semaines dans le coma.
Ses frais de santé avaient alors été pris en charge par l'Etat égyptien sur ordre d'Hosni Moubarak, que le cinéaste avait souvent pris pour cible.
Il s'était notamment engagé aux côtés du mouvement "Kefaya" qui militait contre la réélection du président égyptien en 2005.
"Chahine se battait pour le socialisme, comme nous tous", a raconté la réalisatrice Asma el Bakry qui fut l'une des assistantes du cinéaste. "Nous sommes tous ses élèves. Nous l'aimions parce que nous approuvions souvent ses prises de position".
Jonathan Wright, version française Olivier Guillemain et Laure Bretton.
http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20080727/tts-cinema-chahine-ca02f96.html
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Personne n'a réagi; pourtant "Le destin" entre autres est un chef d'oeuvre!!!...