Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
J'ai terminé lundi 17 novembre 2008:"Alabama song" de Gilles Leroy(PRIX GONCOURT 2007)
Les garçons des clubs, les jeunes officiers du mess, je les tiens dans ma main gantée de fil blanc. Je suis Zelda Sayre. La fille du Juge. La future fiancée du futur grand écrivain.
Du jour où je l’ai vu, je n’ai plus cessé d’attendre.
Et d’endurer, pour lui, avec lui, contre lui.
Montgomery, Alabama, 1918. Quand Zelda, « Belle du Sud », rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Lui s’est juré de devenir écrivain : le succès retentissant de son premier roman lui donne raison. Le couple devient la coqueluche du tout New York. Mais Scott et Zelda ne sont encore que des enfants : propulsés dans le feu de la vie mondaine, ils ne tardent pas à se brûler les ailes…
Gilles Leroy s’est glissé dans la peau de Zelda, au plus près de ses joies et de ses peines. Pour peindre avec une sensibilité rare le destin de celle qui, cannibalisée par son mari écrivain, dut lutter corps et âme pour exister…
Mêlant avec brio éléments biographiques et imaginaires, Gilles Leroy signe ici son grand « roman américain ».
http://www.mercuredefrance.fr/titres/Alabamasong.htm
Gilles Leroy est l'auteur notamment de Machines à sous (prix Valery Larbaud 1999), L'amant russe (2002) et Grandir (2004) et Champsecret (2005)..
Zelda la magnifique
60e ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE ZELDA FITZGERALD
Sophie Lebeuf pour Evene.fr - Juillet 2008
Le 10 mars 1948 disparaissait Zelda Fitzgerald, épouse et muse de Francis Scott Fitzgerald. A l'automne dernier, la Belle du Sud offrait à Gilles Leroy le prestigieux prix Goncourt. Cette année, elle réapparaît dans une biographie signée Jacques Tournier. Hommage à cette icône des Années folles qui fit de son couple sa plus grande oeuvre d'art.
En novembre dernier, quelques jours après la remise du Goncourt, Gilles Leroy explique que Zelda Fitzgerald était une femme "extraordinaire dans le sens "extra" ordinaire, qui sort vraiment du commun" (1). La fille du juge de la Cour suprême de Montgomery avait tous les atouts pour faire de sa vie une légende dorée. Mais la destinée de Zelda flirte d'avantage avec les rives de l'enfer. Portrait d'une femme qui tourbillonna, toute sa vie durant, dans un grand élan d'amour, de déraison et d'illusions.
Une séductrice incomparable
Elle fait partie de ces femmes qui laissent un "on-ne-sait-quoi" de désinvolte et d'attirant dans leur sillage. Qui marquent les esprits et dominent les hommes. Zelda Fitzgerald est de cette trempe-là. Choyée dans le cocon familial, rassurée par la figure d'un père austère mais respecté, la benjamine de la famille Sayre est très rapidement courtisée de tous côtés par les garçons de la région. Mi-ange, mi-démon, la jeune vampe s'exhibe, jure comme un homme et aguiche de son regard innocent. Entre bals, rendez-vous et maisonnée, la vie de Zelda coule doucement dans cette torpeur unique du Sud des Etats-Unis. Jusqu'au jour de sa rencontre avec un jeune lieutenant en cargaison près de Montgomery : Scott Fitzgerald. Malgré les admirateurs qui n'ont de cesse de la séduire, Zelda lui assure son amour et son respect pour ses premiers écrits. Rappelé par l'armée, Scott doit partir. S'installe alors entre les amants une correspondance où le mot mariage apparaît sans retenue. Mais au-delà de l'amour qu'elle porte à Scott, ce n'est pas un besoin exacerbé de sentimentalité qui conduit la jeune femme à se faire épouser. Ce mariage, vécu comme un salut, lui permet d'échapper à un milieu familial très pesant. Ce puritanisme lui coûte, comme l'oisiveté dans laquelle elle évolue. Plus tard, elle écrit d'ailleurs : "Oh papa ! Je suis tellement lasse de n'avoir rien d'autre à faire dans la vie que de m'asseoir sous la véranda, de donner des rendez-vous et de regarder pourrir les choses." (2)
Besoin d'ailleurs
Et c'est grâce à cette union avec le jeune écrivain, en passe de devenir une icône générationnelle, que Zelda s'envole. "J'ai été mise au monde pour toi, c'est une évidence - comme si tu avais passé commande de moi - et je viens de t'être livrée pour que tu me portes – et je veux que tu me portes devant le monde entier, comme on porte une montre ou une paire de boutons de manchettes" (3). Scott lui offre la gloire, l'insolence, le faste, la démesure. Les premières années de leur union a l'éclat d'un feu d'artifice. Une petite Scottie les unit à jamais. Mais la chute, inévitable, est brutale. Modèle d'une jeunesse dorée anticonformiste, le couple s'enferme petit à petit dans un ennui arrosé d'alcool, entrecoupé de fêtes sans fin et de flirts adultères. Ils redoutent le déclin de leur jeunesse et tentent de transformer leur mariage en "performance vivante, amoureuse et glamour dont le monde serait la scène", comme le décrit Francis Scott Fitzgerald dans 'Les Heureux et les damnés' (4).
Cette agonie des premières heures abîme leur rêve et les entraîne dans une valse diabolique où l'autodestruction prime sur la complicité des premiers temps. Malgré l'amour passionné que Zelda porte à son mari ("Elle aimait tant cet homme, elle se sentait tellement proche de lui que sa vision en était déformée, comme si elle avait pressé son nez sur un miroir en essayant de se regarder dans ses propres yeux. (...) elle se sentait toute petite et extatique. Alabama était amoureuse.") (2), Zelda ne supporte plus de vivre dans l'ombre de cet homme qui l'empêche d'écrire. Elle doit lui laisser la primeur de cet art et ne pas entacher sa carrière. Une concurrence tacite s'immisce dans leur quotidien au début des années 1930 quand Zelda se lance finalement dans l'écriture. La haine et l'amour se répondent. Chacun se retranche dans ses failles. L'alcool abreuve l'écriture de Scott, quand la fragilité psychologique de Zelda se fait de plus en plus grande. Sa santé mentale se détériore et elle doit en 1932 se faire hospitaliser dans une clinique spécialisée à Phipps. C'est sa seconde hospitalisation...
(1) Extrait d'une interview de Gilles Leroy pour Evene.fr en novembre 2007
(2) Extrait de 'Accordez-moi cette valse' de Zelda Fitzgerald - Editions Pavillons poche Robert Laffont
(3) Extrait de 'Zelda' de Jacques Tournier aux éditions Grasset
(4) Transfuge hors-série sur Scott Fitzgerald
Commentaires
Partage de lecture, hier soir j'ai fini "Le temps d'une chute" de Claire Wolniewicz, Éditions Viviane Hamy...
Je crois pouvoir dire que c'est le livre que j'ai préféré depuis le début de l'année.
"Le temps d'une chute est une fresque du XXe siècle filtrée au pochoir de la mode", un roman d'initiation, du désir de donner et de la nécessité du choix....
Merci pour ce partage.
Le roman sur Zelda m'a tellement plu que j'ai pris un autre livre sur elle...