Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Les rêves sont la littérature du sommeil
Jean-Paul Caracalla
22/01/2009 | Mise à jour : 11:12 |
Dans la suite de son «Journal», Jean Chalon raconte ses songes. Il y retrouve ses chères amies, Louise de Vilmorin, Liane de Pougy, Natalie Barney…
Jean Chalon est un rêveur. Il a fréquenté d'innombrables personnages célèbres, aujourd'hui disparus. Toutefois, il possède le don de les ressusciter pendant son sommeil, pour vivre avec eux des instants d'intimité. Jean Chalon, «chéri de ces dames», adule éperdument les grandes défuntes : Natalie Barney, Alexandra David-Néel, Florence Gould, Louise de Vilmorin, Anaïs Nin, Marguerite Yourcenar… D'autres égéries plus historiques à qui il s'adresse avec une fervente familiarité, dans des biographies intimistes : Chère Marie- Antoinette, Chère George Sand.
Furibard à la projection du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola, il réprouve son portrait de l'« Autrichienne », fustigeant le cinéma : cet enfer des reines. Orson Welles affirmait : « L'Amérique a connu deux catastrophes : Pearl Harbor et Pearl Buck. » Pour Chalon, ce sera Bush et Mme Coppola. Sans barguigner, il souhaite l'adoption d'une loi interdisant aux Américains de toucher à l'histoire de France.
La «Marilyn Malraux»
Une nuit - rêve extravagant -, en chemin de fer avec la reine d'Angleterre, il se voit en sigisbée de Sa Gracieuse Majesté, accompagne la souveraine qui lui offre des beignets d'aubergine ! Une autre nuit, il est à Marbella avec sa chère Lola Florès, puis croise Natalie Barney à l'Hôtel d'Angleterre de Nice. Autre félicité de rêve, George Sand vient à lui pour lui proposer un rôle dans sa prochaine pièce.
Il se souvient des dimanches chez Louise de Vilmorin ; l'arrivée de Malraux dans le salon bleu de Verrières ; la «Marilyn Malraux » contrainte au silence, si malaisé pour celle qui proférait : «Parlez-moi de moi, il n'y a que ça qui m'intéresse.»
Liane de Pougy, à son tour, revient dans les rêves de l'auteur, cette fois pour un fait bien réel. Zola rend visite à l'hétaïre pour peaufiner son portrait de Nana. À l'entrée de sa chambre, la courtisane le retient : « N'entrez pas là, Monsieur Zola, ce n'est pas dans vos moyens. »
Lorsque Jullian et Chancel lui demandent, pour leur collection « Idée fixe », quelle est son obsession, Chalon les déconcerte en leur avouant : « Ouvrir une maison de rendez-vous. » Ceci n'était que le rêve avorté d'un garçon sage « élevé dans l'innocente et bureaucratique atmosphère d'un magasin de graines à Carpentras ». En écrivant le quotidien de ses nuits fantasmatiques, Jean Chalon passe en revue sa galerie de portraits-souvenirs mêlant petits faits vrais, méditations et histoires lestes.
On absoudra amertume, rancœurs et plaidoyers pro domo de ce Journal d'un rêveur, pour ne retenir que la fantaisie onirique du biographe de Thérèse de Lisieux. Jean Cocteau n'affirmait-il pas que les rêves sont la littérature du sommeil ?
Journal d'un rêveur professionnel (2005-2007) de Jean Chalon Éditions La Différence, 185 p., 17 €.
Commentaires
J'aime bien la citation qui fait le titre de cette note.
Moi aussi ainsi que l'auteur de ce livre et les femmes dont il a écrit la bio...