Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Marc Fumaroli, un phare dans la nuit
Faut-il ouvrir à nouveaux frais la « querelle des images » qui, aux VIIIe et IXe siècles, vit s'affronter iconoclastes et iconodules, respectivement ennemis et défenseurs de la représentation figurée de Dieu ? Assurément oui, lorsque c'est Marc Fumaroli * qui la transpose dans notre univers, où les pollutions visuelles de toutes sortes, nées du marketing, «art des arts contemporains», agressent la vue et ce qu'il nous reste d'âme ou de cœur.
De New York à Paris, mais également de la Rome antique à la Rome des papes, Fumaroli, aussi historien qu'écrivain, voyage avec Baudelaire pour principal cicerone. Il interroge la profondeur des tableaux et la superficialité des photographies. «Il est probable, écrit-il, que cette parade des pouvoirs de la peinture et de la poésie de dépasser les apparences et d'incarner victorieusement la vérité de la vie intérieure est destinée à faire ironiquement pendant à la misère de la photographie...»
L'auteur commente avec bonheur les théories de l'art de Valéry, Maritain ou Malraux ; il analyse longuement ce que la peinture doit au catholicisme romain : «L'œuvre d'art catho lique, italienne, flamande, française, espagnole, se situe à la croisée de deux infinis, l'infini voilé dans la nature créée et l'infini réfléchi par l'esprit et le corps humains. Ce qu'elle montre à l'œil naturel est la métaphore de ce qu'elle révèle à l'œil spirituel.» Au meilleur des mondes préparé par le « fondamentalisme » marchand, techniciste et nomade, Marc Fumaroli oppose la lenteur de la contemplation esthétique, l'habitation poétique de la terre et le sens des mesures humaines. C'est peu de dire qu'il est en décalage avec les sectateurs frivoles de la «culture-monde» qui confondent le cauchemar climatisé avec le jardin d'Eden.
Paris-New York et retour constitue une magnifique méditation sur l'art et la politique (au sens bien entendu le plus élevé), pleine d'érudition, de finesse et de justesse. Marc Fumaroli aime citer Les Phares, de Baudelaire. Dans notre nuit, lui en est un.
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