Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
C'est déjà septembre en librairie
Mohammed Aïssaoui
18/06/2009 | Mise à jour : 14:12
«En cette période, le plus gros de l'activité consiste à recevoir les représentants des maisons d'édition». Crédits photo : Le Figaro
DOSSIER - La rentrée littéraire a commencé dès le mois de mai pour les libraires, qui lisent déjà les livres qu'ils vendront en septembre. Reportage, à Montpellier, dans la deuxième plus grande librairie indépendante en France.
En ce joli mois de mai, place de la Comédie, à Montpellier, Jean-Marie Sevestre a déjà l'esprit occupé par le mois d'août. Pour préparer ses vacances ? Non. Il dirige la librairie Sauramps, et il sait ce qui l'attend dès le 13 août : au moins 700 romans qui feront la rentrée littéraire, sans compter les essais, biographies et autres documents. Au total, une déferlante d'un millier de titres dont il faut déjà décider combien d'exemplaires commander. Chaque année, c'est le même défi : repousser les murs afin de faire de la place aux vedettes (Nothomb, Beigbeder, Orsenna, Delerm, Poivre d'Arvor, pour 2009), aux écrivains attendus, aux auteurs de premier roman qu'on a envie de mettre en avant.
La pression est énorme. Elle est d'abord financière - éviter de se retrouver avec des invendus en pile ou, au contraire, en rupture de stocks - et matérielle - gérer un pic d'activités qui survient au moment des vacances -, mais aussi psychologique. Il faut penser à tout : anticiper septembre sans négliger les nombreux livres publiés en mai qui cherchent leur public, les gros succès de mars qui continuent de se vendre… Il faut aussi prendre contact avec les établissements scolaires et universitaires de la région pour savoir quels manuels seront au programme de la rentrée. Bref, il ne faut pas se laisser emporter par l'enthousiasme des éditeurs, qui ont tous tendance à ne parler que de leur rentrée, sûrs de détenir dans leur programme d'août-septembre le prochain Goncourt ou, à tout le moins, le roman qu'il ne faut «absolument» pas manquer. Dans son bureau à peine plus grand qu'une cabine téléphonique, Jean-Marie Sevestre garde un calme étonnant. Autour de lui, dans cette librairie, la plus grande du Languedoc-Roussillon, le va-et-vient des libraires, des clients et des livreurs fait penser à une immense ruche. Il y a toujours quelqu'un qui pose une question. Sans doute ce calme tient-il à sa longue expérience. Ce natif de l'Hérault n'en est pas à sa première rentrée littéraire. Il connaît Sauramps depuis 1970, quand il y travaillait l'été durant ses études. Aujourd'hui PDG, il est associé avec Jean-Luc Bonnet (qui s'occupe des finances et de l'administration) et Caroline Wodiczko.
La «grand-messe» de juin
«En cette période, le plus gros de l'activité consiste à recevoir les représentants des maisons d'édition (il a délégué ce travail à ses libraires, qui sont une soixantaine, chez Sauramps). Ces rendez-vous peuvent prendre trois à quatre heures par jour ! On a déjà reçu les programmes, et, pour beaucoup de romans, les éditeurs sont en mesure de nous donner des épreuves non corrigées (dernière version d'un ouvrage avant sa mise en page et sa correction définitives, NDLR) » , explique-t-il. Si les éditeurs soignent autant les libraires, c'est parce qu'il n'est pas rare que ces derniers soient à l'origine du succès d'un livre. Pour mettre en avant un roman, le distinguer de la masse des titres publiés, expliquer son intérêt, faire partager un coup de cœur, rien de plus efficace que le contact direct entre le libraire et le lecteur. Du coup, les maisons d'édition sont à l'origine d'un rituel qui se déroule tout le mois de juin dans un bel hôtel ou un endroit chic d'une grande ville : la présentation de leur rentrée par le biais de rencontres entre libraires, auteurs et éditeurs. «Une grand-messe», selon Jean-Marie Sevestre. Chacun à son tour, les écrivains parlent de leur texte ; leurs éditeurs ajoutent un mot pour convaincre. À la fin, un cocktail est offert, et les libraires repartent avec un sac rempli des romans de septembre. L'objectif ? Séduire, toujours séduire. «Ce moment reste important, souligne Jean-Marie Sevestre. On les écoute, on parle avec les autres libraires ; c'est là que l'on rencontre les auteurs et que l'on prend rendez-vous pour les signatures. C'est aussi le lieu d'où les rumeurs partent.» Et que disent les derniers «bruits de représentants», selon l'expression de la libraire Sandrine Maliver-Perrin ? «Le Beigbeder serait épatant, intime, très différent des précédents.» Amélie Nothomb ? «Facile à prévoir, on commande toujours la même quantité d'exemplaires.» Et Gallimard surprendrait avec cinq premiers romans (dont deux pour Verticales).
Il a beau avoir du métier, Jean-Marie Sevestre reconnaît que toute rentrée réserve des surprises. Qui peut prédire à coup sûr le succès d'un ouvrage ? Qui peut annoncer l'émergence d'un auteur inconnu, comme ce fut le cas il y a trois ans avec Jonathan Littell pour son roman Les Bienveillantes ? Comment sera accueilli le prochain Nothomb ? En attendant la déferlante des quelque sept cents nouveaux romans à paraître en septembre, les Marc Levy, Guillaume Musso et autres habitués des grosses ventes vont occuper le terrain tout l'été.
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