Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Musée de la vie romantique(Paris) le 1 er septembre 2009
Arrivé à Paris en 1811, le peintre Ary Scheffer, artiste d’origine hollandaise, s’installe avec sa famille le 17 juillet 1830 au n° 7 de la rue Chaptal (actuel n° 16), dans une propriété construite par l’entrepreneur Wormser, où courent déjà treilles et glycines sous un toit à l’italienne, typique de l’époque Restauration.
Photos perso
Précédente note à ce sujet:
http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2009/09/07/paris-le-1-er-septembre-2009.html
Une fièvre de construction s’est emparée de Paris, en pleine explosion démographique. Sur les premiers contreforts de la butte Montmartre, vergers et terrains maraîchers ne résistent pas longtemps à l’appétit des spéculateurs. A partir de 1820, ils cèdent la place à des lotissements où des architectes de renom, nourris de tradition antique, font surgir de belles demeures néoclassiques, immeubles de rapport et ateliers d’artistes…
En prenant ses quartiers dans cette « nouvelle république des arts et des lettres », Ary Scheffer, professeur de dessin des enfants du duc d’Orléans depuis 1822, digne représentant de l’école romantique, affirme sa réussite.
Au bout de l’allée qui mène à sa propriété, Ary Scheffer fait alors construire deux ateliers à verrière, orientés au nord, de part et d’autre de la cour pavée : un atelier de travail et un atelier de réception.
Cette demeure connut durant 30 année, une intense activité politique et littéraire. Dans l’atelier-salon, Scheffer, portraitiste renommé sous la monarchie de Juillet, recevait le Tout-Paris artistique et intellectuel. Chacun exposait ses œuvres ou donnait lecture de ses pièces. Delacroix, Géricault viennent en voisin ; ils retrouvent George Sand avec Chopin et Liszt, mais aussi Rossini, Tourgueniev, Dickens.
En face, dans un délicieux fouillis de seringas et de rosiers, l’atelier de travail était utilisé par Ary Scheffer et son frère Henry, lui aussi peintre.
Il y ouvre ses portes à d’autres artistes, comme Théodore Rousseau qui acheva rue Chaptal, La Descente des vaches. Ce tableau ayant été refusé au Salon de 1835, Ary Scheffer l’exposa en même temps que des toiles de Paul Huet et Jules Dupré, instituant ainsi une sorte de Salon des Refusés. Scheffer abrita également dans cet atelier une partie des collections de la famille royale qui devait quitter la France.
Cet atelier, récemment rénové d’après le tableau de Arie Johannes Lamme, Le Grand atelier de la rue Chaptal en 1851, accueille aujourd’hui des expositions temporaires.
Agrémentée d’une serre et d’un jardin, cette propriété qu’Ary Scheffer loua pendant près de trente ans, fut achetée à sa mort en 1858 par sa fille unique Cornélia Scheffer-Marjolin.
Elle va préserver le cadre où a évolué son père, conserver son œuvre et perpétuer une tradition familiale de philanthropie. Elle organise un an plus tard une exposition rétrospective de son père, 26 boulevard des Italiens à Paris.
Cornélia et son mari René Marjolin vont recevoir des personnalités telles que Henri Martin, Ivan Tourgueniev ou Charles Gounod .
Les ateliers furent délaissés quelques temps avant d’abriter un hôpital de secours en 1870 -1871, hôpital auquel les époux Marjolin se dévouèrent. Ils servirent ensuite de lieu d’exposition sommaire aux principales toiles de Scheffer.
En 1899, Cornélia Scheffer-Marjolin meurt. Elle lègue les toiles de son père au musée Ary Scheffer de Dordrecht aux Pays-Bas (ville d’origine de l’artiste), et la propriété de la rue Chaptal à Noémi Renan-Psichari (petite-nièce de Scheffer). Cette dernière installe un grand salon et une bibliothèque consacrée aux œuvres de son père Ernest Renan dans un atelier, et loue le second à des artistes.
C’est dans cet atelier-salon que Noémi Renan-Psichari, puis sa fille Corrie Psichari-Siohan continuèrent à accueillir le monde des arts et des lettres. Anatole France ou Puvis de Chavannes à la Belle Epoque, Maurice Denis dans les années vingt, ou plus récemment André Malraux prirent la suite de Chopin, de Delacroix ou de Pauline Viardot dans l’atelier de la rue Chaptal.
La maison est vendue à l’Etat pour un montant symbolique en 1956, afin qu’y soit établit une institution culturelle. Après avoir accueilli un centre universitaire d’enseignement et de recherche consacré à l’étude des sons et des couleurs, les époux Siohan entreprennent en 1980 des démarches afin de créer dans l’ancienne demeure du peintre « une institution culturelle à dominante muséographique ». L’Etat remet alors la gestion de l’immeuble à la ville de Paris en 1982 pour une durée de 18 ans.
L’annexe du musée Carnavalet, crée en 1981 prend ainsi le nom de « Musée Renan-Scheffer ». Son lancement se fait principalement grâce à une exposition organisée en 1984 par Dominique Morel. Néanmoins, sans réelles collections, le musée devait être re-pensé. Une nouvelle approche du musée est proposée en mettant en valeurs les bâtiments et la présentation des souvenirs de George Sand. Le musée prend alors l’ appellation de « Musée de la Vie Romantique ».