Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Le crépuscule des peintres maudits
27/10/2009 | Mise à jour : 14:14 |
De Munch à Otor Dix, le musée Marmottan expose, à partir de mercredi, les vestiges de la collection expressionniste de Wuppertal.
«Femmes dans la rue», E. L. Kirchner ((c)Von der Heydt Museum/Wuppertal)
Produit des différentes avant-gardes des trois premières décennies du XXe siècle, la cinquantaine d'œuvres fauves et expressionnistes prêtée par le Musée de Wuppertal (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) au Musée Marmottan est un ensemble - malheureusement - exceptionnel. C'est, en effet, à peu près tout ce qui subsiste des collections des fondateurs du musée, les barons allemands von der Heydt père et fils.
Le premier aima Courbet, les impressionnistes et au-delà. Il fut aussi le premier de son pays à acheter un Picasso (Acrobate et jeune Arlequin, en 1905). Le fils continua à défricher et fut une des principales victimes du «goût» nazi qui voua aux gémonies quasiment tout l'art moderne. « Cent cinquante de ses toiles disparurent à la suite de la sordide exposition de 1937 sur “l'art dégénéré” et deux mille pendant la guerre, explique Gerhard Finckh, le directeur du Musée de Wuppertal. Heureusement, il avait pu en faire cacher en Suisse. Ce qui demeure est considéré comme un des meilleurs fonds d'expressionnistes en Allemagne.»
En échange de quelques-uns de ses Monet, Marmottan peut donc aujourd'hui mettre en regard dans les salles de la Rotonde, d'habitude plus tranquilles, des Braque, Van Dongen ou Vlaminck avec les travaux du groupe Die Brücke et du Blaue Reiter représentés par Kirchner (splendide modern style Femme dans la rue, de 1914), Heckel, Pechstein, Kandinsky (seulement deux petits formats mais dont le jeu chromatique et plastique annonce clairement l'abstraction future), Jawlensky (deux puissants portraits de femme), Macke (influencé par le cubisme de Delaunay), Marc (son renard en à-plats lilas a la beauté d'un Gauguin), Nolde et Münter.
La «nouvelle objectivité»
Les plus audacieuses propositions des années 1920 et 1930 sont également évoquées par celles d'Otto Dix (donc l'acide Hommage à la beauté, une de ses toiles les plus célèbres), Grosz et Beckmann. Soit la tendance dite de la « nouvelle objectivité », qui érigea la critique sociale en vision glaciale et torturée. Nombre de ces artistes se trouvaient en rapport les uns avec les autres par-delà les frontières, avec, en pivot, Der Sturm, un magazine et une galerie berlinoise fondés par Herwarth Walden, lequel était marié à une poétesse née à… Wuppertal.
Dans cette galaxie, et aux cimaises de Marmottan, figurent le Norvégien Munch (Demoiselle au chapeau rouge, 1905), le Français Robert Delaunay, l'Autrichien Kokoschka ou le Russe von Bechtejeff (le plus Art déco de la sélection). Ils complètent cette internationale de la couleur saturée, de la touche violente et des compositions affranchies de toute convention, encore aujourd'hui dérangeantes.
Les relations complexes, étroites, souvent déterminantes pour l'histoire de l'art dans l'avant et dans l'entre-deux-guerres, se trouvent parfaitement résumées dans la dernière salle. Dans ce cabinet des dessins, une dizaine de portraits d'artistes au style varié mais de force égale dardent leur regard visionnaire et impitoyable sur un XXe siècle irrémédiablement fou.
Musée Marmottan, 2 rue Louis-Boilly (XVIe), du 28 octobre au 20 février (tél. : 01 42 24 07 02. www.marmottan.com).
Catalogue Hazan 176 p., 29 €.
Le Club Figaro Loisirs organise des visites (tél. : 01 57 08 70 02).
Par ailleurs, deux concerts sont prévus sur les liens unissant plasticiens et compositeurs du début du XXe siècle comme Schöenberg, Berg et Webern, les 8 décembre et 25 janvier.
Commentaires
Une découverte !
Si loin de chez nous, dommage , je garde un faible pour les impressionnistes ..bisous du soir
Si loin?