Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Comment concilier rêve pavillonnaire et ville durable ?
Ce grand écart entre le modèle idéal des professionnels et les aspirations de la population est l'objet de l'exposition "Villes rêvées, villes durables ?", présentée à l'Espace Fondation EDF, à Paris, avec l'Institut pour la ville en mouvement. "Le cauchemar de l'étalement urbain, c'est le rêve de maison de beaucoup de gens", résument les commissaires de l'exposition, les urbanistes Taoufik Souami et Eric Charmes, maîtres de conférence à l'Institut français d'urbanisme et chercheurs au CNRS.
La densité n'est pas la panacée, remarquent les deux auteurs. "Des études norvégiennes montrent que les habitants des zones très denses utilisent certes peu leur voiture en semaine, mais partent davantage en week-end. C'est ce qu'on appelle l'effet barbecue. Le bilan carbone de leurs déplacements est finalement équivalent à celui des habitants de la périphérie", explique Eric Charmes.
Les écoquartiers, qui bourgeonnent en France vingt ans après les pionniers d'Europe du Nord, sauront-ils faire rêver avec leur modèle d'habitat collectif aéré et économe en énergie ? S'attardant dans les rues d'Hammarby Sjöstad à Stockholm, l'exposition rappelle que si ces quartiers ont du succès, "c'est aussi parce qu'ils ont développé des espaces urbains agréables et une grande qualité de vie", au-delà de la préservation de l'environnement.
Défi aux urbanistes
Autre rêve aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, où le New Urbanism dépoussière l'esprit villageois : maisons accolées, rues agréables aux piétons, pastiches d'architectures traditionnelles, boutiques. Modèles : les villes de Celebration, en Floride, et Poundbury, en Angleterre. "Ces villes donnent des boutons aux architectes à cause de leur esthétique néovillageoise, mais elles réussissent à faire accepter un habitat individuel dense, avec un mode de vie avant tout urbain, estime M. Charmes. En traitant la densité par l'architecture contemporaine, comme le fait la France, on ne dépasse pas le stade expérimental."
Réussir la ville peu dense, créer de la centralité en périphérie, introduire de l'urbanité dans les zones pavillonnaires, c'était le défi lancé aux urbanistes par le chercheur François Ascher, à qui doit être décerné le Grand Prix de l'urbanisme 2009 à titre posthume, le 24 novembre.
Des urbanistes dont il regrettait qu'ils "ne se saisissent pas de ce thème, car ils n'acceptent pas que la ville soit aussi faite d'espaces distendus, qu'une majorité des Français souhaite une maison et un jardin".
Sur le Web : fondation.edf.com et www.ville-en-mouvement.com.