Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Didier van Cauwelaert, pionnier du roman Facebook
LEMONDE.FR | 26.11.09 | 15h15 • Mis à jour le 26.11.09 | 18h57
Capture d'écran du site www.thomas-drimm.com/
A petits effets, grandes causes". Jamais peut-être proverbe n'a mieux résumé l'aventure éditoriale que vit aujourd'hui le romancier Didier van Cauwelaert avec Thomas Drimm, héros d'une saga d'anticipation dont le premier des cinq volumes vient de paraître. Et ce, après avoir connu une première vie sur téléphone mobile, grâce à SmartNovel, et s'être vu consacrer un site et une page Facebook.
Des développements multimédias que n'imaginait sans doute pas le romancier en recevant un jour un cerf-volant sur la tête ! "Tout est parti de là, dit en riant Didier van Cauwelaert. En voyant le petit garçon déconfit qui avait lâché son jouet, j'ai aussitôt imaginé que le coup m'avait été fatal et que je revenais le hanter. J'ai gardé l'idée et ainsi est né Thomas Drimm."
Une idée qui peu à peu a pris corps sous la pression de la partie la plus jeune du lectorat de Cauwelaert. "Depuis cinq ans, Cheyenne, Un aller simple [prix Goncourt, 1994] et L'Education d'une fée sont inscrits dans les programmes scolaires, explique le romancier. Ce qui m'a permis d'aller dans des écoles et de rencontrer mes lecteurs qui demandaient souvent quand j'écrirais pour eux. Lorsque je leur rétorquais : 'c'est quoi écrire pour vous ?', invariablement ils me répondaient : ‘c'est créer un héros dont on suit les aventures et qui grandit avec nous." Le syndrome Harry Potter…
Si aujourd'hui Didier Van Cauwelaert a exaucé leurs vœux, il précise que le monde de Thomas Drimm est né aussi du désir de redonner la parole à l'adolescent qu'il a été, ainsi que de l'envie de dénoncer les excès d'une "société de plus en plus sécuritaire et hygiénique". Trois ans seront nécessaires au romancier pour définir les grandes lignes de sa saga et composer le premier volet des aventures de Thomas Drimm.
Sitôt achevé, Jean-Charles Fitoussi, patron de SmartNovel, éditeur numérique, lui propose d'écrire pour la nouvelle collection de romans-feuilletons qu'il s'apprête à lancer sur téléphone mobile. "Tout de suite, j'ai été séduit par cette idée de renouer avec un genre ancien à travers des technologies qui le plus souvent massacrent le français. Et aussitôt j'ai pensé à Thomas Drimm, qui me paraissait répondre à l'exercice demandé."
Se prenant au jeu, Cauwelaert va alors re-découper son roman en fonction des normes imposés (8 000 à 15 000 signes par épisode, soit 10 à 15 minutes). Avant de prêter sa voix à la version audio proposée aux lecteurs qui ne possèdent pas de mobile dernière génération (type iPhone, HTC…) ou ceux hermétiques à la lecture sur téléphone portable (Le Monde du 29 juin).
"Cette aventure inédite en France fut réellement passionnante, précise encore le romancier. Bien que je n'aie aucune inquiétude quant à l'avenir du livre papier, elle m'a permis de mesurer l'attachement des jeunes à ce support traditionnel. Beaucoup de ceux que j'ai rencontrés lors du lancement en juin de SmartNovel m'ont confié qu'ils étaient heureux que l'on vienne sur leurs mobiles, leur monde à eux. Pour autant, ils étaient impatients de se procurer le livre. Acheter pour soi ou pour l'offrir demeure un acte magique. Le livre dans sa version papier est irremplaçable pour des questions de confort, de sensualité et de partage. Aurait-on idée d'offrir une clef USB ?" Sans doute pas. Mais de faire dédicacer son mobile avec un cutter, oui. Comme cela est arrivé à Didier van Cauwelaert, qui relate l'épisode en riant. Avant de reprendre plus sérieusement. "Le livre ne risque pas de mourir. Preuve est, lorsque le roman est sorti début novembre, les lecteurs ont été aussitôt vers lui alors qu'il coûte 18 euros et que l'abonnement à SmartNovel est de 15 euros environ."
Loin de s'arrêter là, après la parution du livre, l'aventure éditoriale de Thomas Drimm s'est poursuivie avec la création d'une page sur Facebook consacrée au livre et à ses personnages. Là encore, Didier van Cauwelaert, qui avoue avoir un ordinateur depuis un an et demi, ne cache pas son enthousiasme. "C'est merveilleux, grâce à cette page, j'ai découvert une multitude de blogs littéraires de bonne tenue tant dans l'analyse que dans l'expression. Mais également, sur le forum, les réactions et les remarques des lecteurs ainsi que des débats suscités par tel ou tel sujet. Cet investissement par rapport à un livre est intéressant."
Conquis donc par ces développements sur Internet, le romancier reconnaît cependant limiter ses visites sur Facebook. "Je dois garder quelques distances pour préserver ma liberté de création. Je ne veux surtout pas écrire à la demande." Si Didier van Cauwelaert confie enfin qu'il a presque achevé le deuxième tome des aventures de Thomas Drimm, il n'en dira guère plus sur le contenu. De même sur les pourparlers engagés entre son éditeur, Albin Michel, et des producteurs de cinéma américains. Et déjà le romancier de rêver à un destin hollywoodien pour son "petit Harry Potter".
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