Le 1er décembre à Drouot Richelieu, la société de ventes volontaires Gros & Delettrez dispersera le fonds Aupick – Ancelle. Cette collection autour du poète Charles Baudelaire laisse stupéfait le spécialiste comme le profane.
LOT n°80
Exemplaire de Narcisse ANCELLE BAUDELAIRE Charles.
Les Fleurs du Mal. Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in-12 relié demi-basane vert foncé avec filets dorés sur les plats, dos à cinq nerfs, tête dorée. Edition originale. Exemplaire offert par Baudelaire à son conseil judiciaire Narcisse Ancelle, portant la dédicace : A N. Ancelle, Témoignage d'amitié. Ch. Baudelaire. Les relations entre les deux hommes furent, toute leur vie durant, très difficiles. Après avoir été considéré comme ami de la famille, Baudelaire dut «subir» Ancelle comme son conseiller judiciaire. Leurs rapports devenaient, de ce fait, plus ambigus, Baudelaire lui reprochait toujours ses réticences et son retard à lui envoyer de l'argent, argent qui joua un rôle essentiel dans le mal-être du poète. C'est au fil du temps que leurs relations évoluèrent, Baudelaire comprenant alors les problèmes relationnels qu'il causait à Ancelle et à sa mère. C'est ce qui donne toute sa valeur au «Témoignage d'amitié» de la dédicace. Le présent exemplaire possède en outre six corrections marginales, au crayon, de la main de Baudelaire. La première située dans la Dédicace à Théophile Gautier : «au parfait magicien es langue française» corrigé deux fois «au parfait magicien es langues françaises». La seconde, p.29, dans le poème «La Muse vénale», au vers 11, le «s» de «guères» a été barré. En page 43, dans le poème «Dom Juan eux enfers», vers 11, «errants sur le rivage» a été corrigé trois fois en «errant sur les rivages». En page 110, dans la seconde partie du poème «Le Chat», au second vers, «sort au parfum» a été corrigé en «sort un parfum». En page 217, dans le poème «Le Reniement de Saint-Pierre», au vers 4 de la première strophe, «il s'endort aux doux bruit», le x de «aux» a été barré. A la strophe suivante, au vers 8, «les Cieux ne s'en sont...» le «c» de «cieux» a été remplacé par un D majuscule souligné trois fois, pour former «les Dieux ne s'en sont...» Il est à noter que l'exemplaire de Delacroix récemment vendu, ne possédait que trois corrections, celle de la dédicace et de l'importante faute de Cieux pour Dieux n'était pas corrigé par le poète. Ancelle a également annoté, au crayon, son exemplaire de plusieurs mentions telles que «Beau» ou «Beau vers», exprimant son goût pour certaines poésies comme «Bénédiction», «L'Ennemi», ou «Parfum exotique». Il a encore marqué d'un «Condamné», les poèmes qui furent frappés d'interdiction, se trompant toutefois pour « Le Vampire». La table des matières est également très annotée, par des croix pour certains poèmes, des «C» pour les pièces condamnées et par des soulignures pour d'autres. Exposition: Petit-Palais. 1968.
Estimation : 120 000 - 150 000 €
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