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Catégories : La télévision

Un Camus intimiste sur France 2

camusinterieur.jpgUn magnifique téléfilm de Laurent Jaoui retrace les dix dernières années de la vie d'Albert Camus

Le 06/01/2010 à 15:55 par Isabelle Nataf Le Figaro.fr
Comment, dans une fiction, parler d'un écrivain emblématique sans être ennuyeux ni dogmatique, et encore moins servir une biographie en forme de pudding indigeste où les auteurs auraient voulu caser tous les éléments d'une vie ? Un pari difficile. Mais gagné haut la main dans ce Camus proposé par le réalisateur Laurent Jaoui, coauteur du scénario avec ­Philippe Madral.

Quand le producteur Quentin ­Raspail lui a parlé de son projet, ­Laurent Jaoui a pris le temps de la réflexion. Trois semaines avant de donner sa réponse - « je voulais trouver un angle et intéresser tous les téléspectateurs, même ceux qui ne connaissent pas l'écrivain  » - et d'accepter : « J'ai beaucoup lu et vraiment découvert ­Camus à travers le livre ­d'Olivier Todd, Albert Camus, une vie, dont nous nous sommes inspiré pour notre scénario. » Laurent Jaoui a donc choisi d'évoquer un Camus intime, avec ses doutes, ses faiblesses, ses ­égoïsmes, notamment à travers les femmes qui ont compté dans sa vie : sa mère, sa femme, ­Francine, dépressive, et ses maîtresses, notamment Maria Casarès. Un homme séducteur, orgueilleux, fier, incompris, doutant, souffrant aussi et fidèle à ses convictions.

Le réalisateur est parti du dernier réveillon d'Albert ­Camus celui du 31 janvier 1959 à Lourmarin, quatre jours avant sa mort, pour remonter le temps. Mais seulement celui de ses dix dernières années, bien que le film s'ouvre sur lui, petit garçon à Alger, au moment où son destin se noue. En 1924, son instituteur, qui a décelé son potentiel intellectuel, le propose au concours des bourses afin qu'il puisse poursuivre ses études. Ce sera son tremplin.

Amours clandestines

On retrouve Camus trente-cinq ans après ce fameux réveillon. « Il avait recommencé à écrire, sa mère était sur le point d'accepter de quitter Alger pour habiter à Lourmarin, il allait annoncer à Francine, sa femme, qu'il la quittait, son horizon s'éclaircissait », explique Laurent Jaoui. Pas pour longtemps. Camus est tué sur le coup quand la Facel Vega conduite par Michel ­Gallimard percute un platane. Sacrée ironie du sort, lui qui disait qu'il n'y avait pas plus absurde que de mourir en voiture.

Avec ce point d'ancrage qu'est ce réveillon 1959, les auteurs entremêlent la vie privée et la vie publique de Camus, sa rupture avec Sartre, son travail de metteur en scène au théâtre, l'appel à la trêve civile à Alger, son prix Nobel de littérature, les tentatives de suicide de sa femme, Francine, ses amours clandestines. Alors qu'on aurait pu s'attendre à un acteur de type méditerranéen dans le rôle de l'écrivain, c'est Stéphane Freiss qui a été retenu. Il est tout simplement formidable de justesse et de finesse, à tel point qu'il finit par lui ressembler.
Tout comme l'est Anouk Grinberg, émouvante et poignante, dans le rôle de Francine. Une belle réussite.

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