Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Ben se paye Lyon
Ill. : Ben, I am a work of art, 1982-1983, acrylique sur toile, 130 x 95 cm (© Eva Vautier).
« Ceci est un attentat », peint Ben en 1995. Cette annonce, proclamée parmi plus de 1000 autres œuvres réunies au Mac de Lyon à l’occasion de la rétrospective que lui consacre le musée, pourrait bien répondre à la question qu’on se pose inévitablement en pénétrant dans les salles d’exposition : « Mais que se passe-t-il ici ? ». Ben Vautier, 75 ans, a seulement pris possession de l’espace, de tout l’espace. Rien n’échappe à sa signature. En 2007, dans L’art n’existe pas, Ben affirme qu’« après Marcel Duchamp, John Cage, Dada et le futurisme, l’artiste sait que tout peut devenir art, à la condition qu’il y ait un artiste pour le signaler ». C’est donc ainsi que, d’emblée, Ben signale qu’on met les pieds dans l’art : les marches de l’escalier à l’entrée du musée sont couvertes de son verbe - « marche ou rêve » -, dans l’ascenseur, il nous invite sans détour à imaginer un scénario érotique. Quiconque assiste au « Streap-tease intégral » de Ben n’échappe pas à l’invasion de l’artiste. Personnage imprévisible et attachant, il expose ses concepts - l’ego, l’amour, Dieu, le sexe, la mort… - avec provocation et humour dans un joyeux capharnaüm. Son œuvre se déploie dans les trois étages du musée. Le premier est consacré à la partie la plus ancienne de Ben et inclut un large choix de pièces de sa période Fluxus, sélectionnées par Jon Hendricks, historien d’art, artiste et spécialiste du mouvement. Les deux étages supérieurs laissent le champ libre à l’artiste. Avec le sérieux d’un enfant qui joue, il nous enveloppe de ses mots, de ses breloques, de ses mille idées qui braillent, piaillent, étonnent, questionnent, à l’image de ce « type qui cherche la vérité », comme Ben se définit lui-même. On peut donc y multiplier les expériences artistiques : cirer ses pompes, se confesser, visiter le Bizart Baz’art, monumentale œuvre-cabane aux mille merveilles, se cacher quelques instants dans la boîte noire qui change l’ego, ou encore ronfler, et faire ainsi de la « musique contemporaine », dans le lit de Ben. Attentat ou pas, c’est bien une explosion artistique qui s’empare de Lyon. Pour preuve : Ben a été victime d’un « attentarte », revendiqué par l’Internationale Pâtissière, mercredi 3 mars alors qu’il inaugurait l’une de ses œuvres à la gare de Lyon Perrache. Il a pris la chose avec dérision. « Pour avoir la gloire, il faut avoir été entarté », a-t-il renchéri le visage maculé de crème.
Rétrospective Ben - Strip-tease intégral
Lire la suite : Hors-série : Strip-tease intégral de Ben