Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Julie Gayet, l'équilibriste
Par Emmanuèle Frois
14/04/2010 | Mise à jour : 15:15
«J'avais une jolie voix, mais j'ai compris que seule la comédie me permettrait de rentrer dans la peau d'une autre», confie Julie Gayet. Crédits photo : DR
Face à Denis Podalydès, elle interprète avec justesse l'héroïne larguée, trébuchante de 8 fois debout du réalisateur bayonnais Xabi Molia.
Julie Gayet est un cabinet de curiosités. Elle s'intéresse à tout. Son sac est une bibliothèque. Mais elle n'est pas un bas-bleu. Ravissante, drôle, spirituelle, enthousiaste. Insolente de naturel, de légèreté. En un mot, Mademoiselle Julie n'est pas une diva. Partante pour aller donner le coup d'envoi d'un match de l'OM à Marseille, apprendre les claquettes ou sauter en parachute.
Si elle a fait la connaissance de Xabi Molia, c'est grâce à une coupe de cheveux. «C'est un coiffeur qui m'a transmis le scénario de son premier court-métrage. J'ai tellement apprécié l'expérience du court, que j'ai eu envie d'aller plus loin.» Ce talentueux réalisateur bayonnais de 31 ans lui a écrit 8 fois debout, comédie dramatique dont elle est également productrice, sur le sujet délicat de la précarité, sur ceux qui trébuchent et finissent par se relever. «Xabi explore les mécanismes de la honte. J'aime son regard décalé, sa fantaisie, son humour qui rendent la douleur finalement plus vive, à la façon des films sociaux anglo-saxons.» Elsa est une héroïne irritante, attachante, larguée, que Julie Gayet, subtile équilibriste, incarne dans la nuance. «Je travaille à ma sauce en écrivant dans mes carnets tous les paradoxes du personnage et j'apprends mon texte avec la comédienne Violaine Gillibert.»
L'Actor's Studio et l'école du cirque
Elle a 37 ans, mais déjà une filmographie digne de l'annuaire du téléphone. «J'avance en expérimentant. Il y a des films que je ne referais plus! Et comme j'ai toujours interprété des rôles différents, je n'ai jamais été identifiable ou cataloguée. Au début, cela m'a desservie», reconnaît -elle en agitant son poignet alourdi par un bracelet chargé de breloques représentant des vanités. À son doigt aussi, une bague en forme de tête de mort, offerte par l'un de ses jeunes fils. Pas vaniteuse, elle adore les vanités. «Vivre chaque instant comme si c'était le dernier.» La mort, elle a appris à l'apprivoiser au contact de son père professeur de chirurgie digestive. «C'est un humaniste et un passionné. À l'hôpital, quand il savait que les gens ne recevaient pas de visites, il me demandait d'aller faire de l'animation dans leurs chambres.» Elle a vu son premier mort à 7 ans. À 15, elle assistait aux transplantations du foie réalisées par son père.
Mais c'est l'art lyrique qui l'attire. «J'avais une jolie voix, mais j'ai compris que seule la comédie me permettrait de rentrer dans la peau d'une autre.» Elle a suivi les cours de l'Actor's Studio à Londres et l'école du cirque pendant un an: «J'adorais la voltige et le fil de fer.» Grande sportive, elle qui sait si bien tirer à l'arc, s'amusait de voir Denis Podalydès, son compagnon d'infortune de 8 fois debout, lancer maladroitement ses flèches. «Dans le film, il imagine que le tir à l'arc est un plus dans son CV. J'étais pliée de rire.»
Julie Gayet sera de la prochaine aventure d'Emmanuel Mouret avec lequel elle jouait au jeu de l'amour et du hasard dans Un baiser s'il vous plaît, et du premier film de l'ancienne mannequin et écrivain Géraldine Maillet. À la tête de sa société de production, Rouge International, elle produira pêle-mêle L'Homme d'après de Clarisse Canteloube, un film serbe et une comédie israélienne. «Trouver le financement m'amuse», dit-elle . Décidément très joueuse, elle est aussi douée pour les chiffres que pour les lettres.