Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Papa à temps plein
Par Bastien Hugues
06/04/2010 | Mise à jour : 18:43
VIDEO - Ancien cadre financier à TF1, Damien Lorton, jeune trentenaire, a quitté son emploi fin 2007 pour se consacrer à ses trois enfants. Rencontre avec un «père au foyer» qui ne regrette pas son choix.
Polytechnicien, ingénieur de formation, ancien directeur-adjoint financier à TF1, Damien Lorton* connaît aujourd'hui tout des biberons, des couches-culottes et autres sorties scolaires. Fin 2007, «par lassitude» et à une époque où il voit «le contenu de son poste remis en cause par la mise en place d'une nouvelle organisation», ce jeune trentenaire préfère quitter son emploi. «Je me suis retrouvé à la maison et j'ai trouvé plaisir à la situation. Je me suis dit que c'était une opportunité rêvée pour m'occuper de mes enfants», se souvient-il. Damien devient alors «père au foyer».
Comme les rares hommes qui sollicitent un congé parental d'éducation (environ 2% en France), il découvre alors la vie domestique sous toutes ses coutures : préparer les repas, s'occuper des lessives, habiller les enfants, les emmener à l'école, superviser les devoirs... Des tâches qui demandent très vite une organisation rigoureuse, que Damien assimile à celle d'une PME. «Au début, c'est un véritable apprentissage, insiste-t-il. Les difficultés sont différentes de celles du monde professionnel, mais aussi âpres. Celui qui travaille ne doit pas sous-estimer la tâche de celui qui reste à la maison.»
Pour le couple, le choix de Damien de rester au foyer implique également des sacrifices financiers non négligeables. «Son souhait a clairement remis en cause nos perspectives de vie, en tout cas les miennes», souligne Julie, la maman, sans toutefois nourrir de regrets. Au côté de Damien, elle dit avoir «une très grande fierté», même si tout n'a pas été simple.
La société, notamment, tiendrait un double discours : d'un côté les expériences nouvelles sont saluées voire encouragées, mais de l'autre, les normes sociales restent en réalité très prégnantes. «On se sent mauvaise mère. Le regard des gens donne l'impression d'être celle qui abandonne son foyer et qui laisse son pauvre petit mari s'occuper des enfants», déplore Julie. Un sentiment partagé par Damien, qui se souvient volontiers des regards très sceptiques qu'il suscitait dans son quartier : «Le père est censé aller au travail et gagner de l'argent, pas passer dans la rue avec ses enfants sur les épaules et une baguette sous le bras !».
*Damien Lorton, Le père est une mère comme les autres, Ed. La Découverte.