Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Willy Ronis, reporter de l'utopie
Par Valérie Duponchelle et Bastien Hugues
16/04/2010 | Mise à jour : 18:24 Réagir
Il aurait eu 100 ans pour cette rétrospective à la Monnaie de Paris. Voyages, engagements, couleurs, il y a là des découvertes.
Ceux qui croient avoir tout vu de Willy Ronis, honnête homme disparu l'automne dernier à la veille de ses 100 ans, se trompent. Il y a encore à apprendre de cette âme forte de la photographie humaniste, comme le démontre l'hommage en 150 images, les mythiques et les oubliées, à la Monnaie de Paris à partir du 16 avril. Fils d'un émigré juif d'Odessa, en Ukraine, et d'une pianiste juive lituanienne, Willy Ronis avait illuminé les Rencontres d'Arles 2009 par son charme doux d'Europe centrale, sa courtoisie et sa mesure. Le temps s'est arrêté, un dernier été, qui a permis à la foule d'Arles de revoir cet observateur engagé, admirateur de Stevenson et de Cortazar, des Fraises sauvages de Bergman et du génie Fellini.
« Même la guerre n'a pas altéré mon optimisme foncier. Je ne crois pas en la perfectibilité de l'homme, non, mais il y a suffisamment de braves gens pour que l'on n'ait pas à désespérer », nous confiait cet esprit vif et citoyen. « Willy a longtemps rêvé de cet hommage de Paris», souligne Marta Gili, directrice du Jeu de paume. Elle a pisté le « reporter de l'utopie » dans ses voyages sur commande aux Pays-Bas, à Londres, en Allemagne de l'Est et sait créer la surprise avec ce vétéran de l'objectif. Dans Karl-Marx Stadt, 1967, Willy Ronis résume le collectif plus fort que l'individu par deux fillettes portant la même robe à pois. PDG de la Monnaie de Paris, Christophe Beaux préfère Usine Lorraine-Escaut, Sedan, 1959, où l'ouvrier est enfermé dans un tuyau, cercle symbolique d'une pièce de monnaie !
Et la couleur fut
Comme Doisneau en Californie, comme Izis face à Chagall sous le plafond de l'Opéra, comme Henri Cartier-Bresson (il n'y en a pas à la Fondation HCB !), Willy Ronis a travaillé la couleur. « C'est intéressant, exactement pour les mêmes raisons, souligne Marta Gili, directrice du Jeu de Paume. Pour ces photographes, la couleur avait une connotation marquée, elle les ancrait dans leur époque, dans une certaine réalité. » Pour ne pas choquer, les diapositives couleurs numérisées et montées en boucle sont présentées à part.
Willy Ronis : Une poétique de l'engagement Monnaie de Paris, 11, quai de Conti (VIe) Tél. : 01 40 46 56 66 Horaires : du mardi au dimanche (11h-19h), nocturne le jeudi jusqu'au 22 août Cat : « Willy Ronis, une poétique de l'engagement »