Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
"Fridamania" à Berlin
La "Fridamania" a débarqué en Allemagne. Depuis vendredi 30 avril, des milliers de personnes se pressent chaque jour dans le musée berlinois Martin Gropius Bau pour découvrir une rétrospective d'une dimension inégalée en Europe sur la célèbre artiste mexicaine Frida Kahlo. Près de 150 peintures et dessins, dont beaucoup sont inconnus du public européen, des photos de la collection privée de la famille Kahlo, mais aussi des objets personnels composent cette exposition. Les visiteurs patientent parfois jusqu'à une heure avant de pénétrer dans les salles reconverties au premier étage du musée. Et pour ceux dont la curiosité n'est pas apaisée, des conférences, projections de films et ateliers pour enfants accompagnent la rétrospective.
Pendant trois ans, Helga Prignitz-Poda, la commissaire de l'exposition, a mené un travail de détective pour retrouver la trace des oeuvres dispersées à travers le monde, puis a dû persuader les propriétaires de prêter leurs peintures. Une tâche titanesque, la plupart des collectionneurs ne détenant qu'une pièce de l'icône mexicaine. "Pour chaque peinture, il a fallu convaincre une personne", raconte Helga Prignitz-Poda. Avec quelques refus. La chanteuse Madonna n'a pas voulu se séparer des trois tableaux qu'elle possède.
Les portraits, croquis et objets de cette femme à multiples facettes, compagne de Diego Rivera, muse de Léon Trotski et d'André Breton, sont à découvrir par ordre thématique : ses amis et son entourage dans les mois qui suivent le terrible accident de bus qu'elle subit en 1925, l'influence du surréalisme, les symboles de la lune et du soleil, les autoportraits, les extraits de son journal intime, la douleur ou encore une série de dessins abstraits sur ses émotions.
Point d'orgue de cette exposition, les oeuvres réalisées à la fin de sa vie et montrées pour la première fois en Europe, notamment L'Autoportrait en tournesol, achevé en 1954, année de sa mort et longtemps considéré comme disparu. L'artiste s'est peinte assise à côté d'un four en brique, symbole de ses passions passées et du feu de l'amour qui se consume. Les couleurs chatoyantes soulignent la grande tristesse qui l'habite. Les derniers mois de sa vie, Frida Kahlo, rongée par la douleur et exténuée par les multiples interventions chirurgicales, abuse des médicaments et de l'alcool.
PRÉTENDU 100E ANNIVERSAIRE
La présence de toute une série d'objets de sa vie quotidienne, des extraits de son journal intime, quelques robes, un collier et même un corset en plâtre pour soutenir son dos meurtri, a de quoi ravir les fans de l'artiste. Une pièce entière est consacrée aux photographies. Parmi les images exposées, celles de son père, Wilhelm Kahlo Kaufmann, originaire de Pforzheim, dans le Bade-Wurtemberg, en Allemagne, qui avait émigré à Mexico en 1890.
On peut aussi admirer les célèbres portraits en couleurs de l'artiste, pris par son ami et amant, le photographe d'origine hongroise Nickolas Muray. Comme un dernier hommage à Frida Kahlo, l'exposition se tient à Berlin l'année de son prétendu 100e anniversaire. Tout au long de sa vie, elle a triché avec son âge en se rajeunissant de trois ans, pour coller à l'anniversaire de la révolution mexicaine de 1810, mais aussi, sans doute, par coquetterie féminine.
Frida Kahlo- Rétrospective, Martin Gropius Bau, Niederkirchnerstrasse 7, 10963 Berlin. Jusqu'au 9 août.