Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Un prix Stieg-Larsson pour se rappeler l'activiste plus que l'écrivain
Le prix Stieg-Larsson a été remis mercredi 19 mai dans la soirée à Stockholm à l'infirmière Anne Sjögren, qui depuis dix ans apporte des soins à des clandestins sans papiers dans la région de Göteborg. Ce prix doté de 200 000 couronnes (environ 20 000 euros), décerné pour la deuxième année, marque la volonté de la famille de Stieg Larsson (le père et le frère) et de son éditeur Norstedts, qui ont tous deux gagné des millions après le succès planétaire de la trilogie Millénium, de récompenser une personne ou une organisation qui œuvre dans l'esprit de Stieg Larsson.
Pas question donc de récompenser l'auteur d'un polar ou le malin qui irait imaginer le quatrième tome de la série (Stieg Larssson avait prévu d'en écrire dix). Mais plutôt quelqu'un qui n'hésite pas à défier les autorités, ou l'Etat s'il le faut, à l'instar d'un Stieg Larsson antinazi et féministe militant.
Cinq ans après le succès phénoménal des polars mettant en scène Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist, vendus à quelque vingt millions d'exemplaires dans 41 pays, la question est entre autres de savoir ce qu'est l'héritage – autre que financier – que laisse Stieg Larsson. Spécialiste du néonazisme, l'écrivain considérait que la société suédoise avait fermé les yeux sur l'héritage nazi de la seconde guerre mondiale.
Il dénonçait aussi la justice suédoise et plus largement la société, qui préféraient voir le néonazisme comme un problème social plutôt que comme une idéologie. "Et le nazisme n'est aujourd'hui plus discuté en Suède", remarque Daniel Poohl, membre du jury et rédacteur en chef d'Expo, magazine d'investigation sur l'extrême-droite que Stieg Larsson avait co-fondé et qui avait reçu le prix l'an dernier, pour la première fois.
"CERTAINS LE COMPARENT À SHAKESPEARE"
"En dépit de la façon dont nous avons été exposés au public après le décès de Stieg et son succès posthume, le journal n'a pas plus d'abonnés qu'avant. Nous n'avons pas voulu capitaliser sur sa mémoire. Nous aurions pu le faire de son vivant, mais maintenant, après sa mort, à cause du conflit sur l'héritage qui oppose sa famille et son ex-compagne, c'est impossible." En ce sens, le succès de l'écrivain Larsson n'a à ce jour pas servi la cause du militant Larsson.
Ce malentendu est ressenti, à un autre niveau, par le père de l'écrivain. "Pour l'instant, les gens le voient encore comme écrivain, a expliqué au Monde Erland Larsson, qui avait fait le voyage depuis le Nord du royaume. Certains le comparent à Shakespeare, et je dois dire que j'ai beaucoup de mal à comprendre ça. J'ai découvert, après sa mort, à la lecture de tout ce qui a été écrit sur lui, quelqu'un bien plus combattif que je ne l'imaginais. J'ai toujours du mal à comprendre que celui dont on parle en ces termes est mon fils, qu'il est devenu si important."
L'intérêt pour l'auteur ne faiblit en tout cas pas. Une biographie vient d'être publiée et une deuxième sortira dans quelques semaines à Stockholm. La compagne de Stieg Larsson, Eva Gabrielsson, prépare aussi un livre, dont le thème devrait être la vie après la disparition de son compagnon.