Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Les raisons d'un échec
Jo-Wilfried Tsonga s'est arrêté dès les 8es de finale Crédits photo : Panoramic
Comme en 2007, il n'y aura aucun Français, messieurs et dames confondus, en quarts de finale de Roland Garros. Si Jo-Wilfried Tsonga et Aravane Rezaï avaient suscité l'espoir, la situation n'est pas tellement surprenante.
A Roland Garros
Ce n'est pas encore cette saison que Yannick Noah sera effacé des tablettes. Soyons honnêtes, le lauréat de l'édition 1983 n'était pas vraiment menacé. Même Jo-Wilfried Tsonga ne jouissait pas d'un statut de favori, tout juste de celui de sérieux outsider. «De toute façon, Federer et Nadal se partagent les titres du Grand Chelem depuis des années», nous rappelle Loïc Courteau, ex-mentor d'Amélie Mauresmo et désormais entraîneur de Julien Benneteau. L'attente est moins insoutenable chez les filles, Mary Pierce s'étant imposée en 2000. Si elle a prématurément perdu, Aravane Rezaï, candidate déclarée, n'a pas déçu. La protégée de Patrick Mouratoglou est même rentrée dans le cœur des Français, totalement derrière elle durant toute la quinzaine.
Personne en deuxième semaine
S'il ne fallait pas vraiment s'attendre à voir un Tricolore soulever le trophée, on pouvait toutefois espérer que l'un deux irait plus loin dans le tableau. Car il n'y aura pas le moindre Bleu en deuxième semaine. Comme en 2007. Cette année-là, Seule Marion Bartoli s'était hissée en huitièmes de finale, s'inclinant devant Jelena Jankovic. Le cru 2010 est loin d'être une exception puisque depuis 1968 et le début de l'ère Open (tournoi ouvert aux professionnels), cette situation s'est produite à 14 reprises. Dès lors, on peut se demander pourquoi l'échec est si récurrent.
Pas élevés sur terre
Marion Bartoli, battue en huitièmes de finale par Shahar Peer, nous fournit l'une des explications. «Quand on grandit, on apprend le tennis davantage sur dur que sur terre battue. Pour ma part en tout cas, tous mes championnats de région, de département, étaient sur dur. Tous les tournois que je faisais se jouaient sur dur. La première fois que j'ai joué sur terre, c'était le championnat de France des moins de 16 ans. Quand vous mettez la première fois les pieds sur terre battue à 15 ans, alors que toutes les Espagnoles ou joueuses étrangères s'entraînent en Espagne et jouent toute la journée sur terre battue, c'est difficile de rivaliser.» Un argument qui semble effectivement valable mais que réfute, du moins en partie, Loïc Courteau : «Marion ne s'entraîne qu'avec son père (Ndlr : Walter). Même si on avait voulu l'aider, on n'aurait pas pu.» Reste que le technicien reconnaît que les Sud-Américains et les Espagnols partent avec un avantage. Véritablement élevés sur terre battue, les Hispaniques acquièrent une résistance - «une caisse» - et une technique qui leur est propre. On pourrait objecter que Justine Henin, reine de la surface chez les dames, ou Svetlana Kuznetsova, titrée la saison dernière, ne sont pas espagnoles. Sauf que la Belge travaille depuis des années avec l'Argentin Carlos Rodriguez, tandis que la Russe s'est expatriée en Espagne, à l'image de Marat Safin (en son temps), Teimuraz Gabashvili ou Andy Murray.
Pas de plan directeur
Quand on demande à Loïc Courteau pourquoi les jeunes champions (étrangers) en herbe choisissent l'Espagne plutôt que la France, pourtant réputée pour sa formation, la réponse fuse : «Tout simplement à cause du temps. Il fait presque toujours beau en Espagne !» «Ça me fait rigoler. Tous les ans, c'est la même chose. On veut qu'un Français gagne le tournoi. Mais la FFT s'en donne-t-elle vraiment les moyens par rapport à la formation ? Pour y parvenir, il faudrait établir un plan sur dix ans, inspiré de ce qui se fait en Espagne», ajoute-t-il. Chaque année, le Centre national d'entraînement de la Fédération sort pourtant des jeunes joueurs prometteurs. Le dernier en date étant Gianni Mina, finaliste de l'édition 2009 juniors et qui a bien résisté contre Rafael Nadal au premier tour. Notamment passé par Poitiers et l'INSEP, le Guadeloupéen a lui aussi fait ses gammes sur dur. Le passage de la sphère junior au circuit professionnel semble, qui plus est, toujours délicat pour un Français.
La Pression médiatique
«Trop souvent en France, quel que soit le sport, on a tendance à griller les étapes. Donnons le temps au temps. On (Ndlr : son entourage) s'attache en tout cas à guetter la moindre faille de sa part pour pouvoir le recadrer en cas de besoin. C'est mon rôle de parent», nous expliquait la semaine dernière Jean-Denis Mina, le père de Gianni. Contrairement aux Américains, élevés dans la culture de la gagne et du résultat, les joueurs français ont du mal à gérer la pression. C'en est presque devenu culturel. D'autant plus à Roland Garros. Ce que confirme Loïc Courteau : «Ce n'est jamais évident. Il y a toute cette pression médiatique…» Ce dernier en sait quelque chose. Amélie Mauresmo, qui possédait pourtant le jeu pour s'imposer sur terre battue, n'a jamais su dépasser son trac Porte d'Auteuil.
Pas au top de leur forme à Roland Garros
Autre piste de réflexion : la fraîcheur physique. Les Français ne cessent de répéter qu'ils font de Roland Garros leur objectif prioritaire. Marion Bartoli a pourtant reconnu qu'elle ne préparerait pas l'événement de la même façon l'année prochaine, privilégiant les tournois européens plutôt qu'américains. Jo-Wilfried Tsonga a été contraint à l'abandon, alors que Gaël Monfils a paru à cours de forme. «Jo a fait la préparation idéale. Malheureusement, il a des problèmes de dos depuis le début de sa carrière. A la limite, Gaël n'est peut-être pas arrivé au top. Mais l'année dernière, il avait atteint les quarts de finale sur une jambe», nous assure encore Loïc Courteau, qui nous précise toutefois que contrairement à un Roger Federer, qui peut se permettre de tout miser sur les Grands Chelems, les Français sont obligés de s'aligner dans certains petits tournois afin de gagner des points et des places au classement. Le futur lauréat tricolore de Roland Garros (surtout chez les hommes) n'est peut-être pas encore né…
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