Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
mercredi 26 mai, l’intervieweur interviewé
Bernard Pivot était soumis, mercredi soir, aux questions de Paul Holdengräberde la Bibliothèque publique de New York (The New York Public Library), l’un des plus célèbres “intervieweurs” américains, parfaitement bilingue, qui revenait aux Assises pour la troisième fois.
On en retiendra entre autres que pendant les quinze années où Pivot a présenté Apostrophes, il lisait douze heures par jour, sortant peu ou presque (pas de cinéma, pas de soirées chez les amis, peu de temps en famille, peut-être de temps en temps un match de football vraiment important), bref, travaillant d’arrache pieds pour préparer son émission. Parce a-t-il dit pour réussir un entretien, il faut connaître parfaitement la personne qui est en face de soi. Avoir lu tous ses livres, par exemple. Mais pas seulement. De la curiosité, bien sûr, de l’enthousiasme, jamais simulés, pour garantir quelque chose de sincère et d’authentique.
Indiscutablement Paul Holdengräber avait suivi la même méthode, revisionné des émissions, lu les livres de son vis-à-vis, mais aussi perçu ses intonations, ses gestes, ses habitudes, face à la caméra, face au public.De quoi donner comme l’a proposé Bernard Pivot, un numéro de duettistes qui pourrait tourner de ville en ville.
Ce travail de lecture, de connaissance, cet intérêt pour l’autre, cette envie de découvrir et de faire découvrir, est sans doute le b.a.ba du travail des modérateurs des différentes tables rondes. Le principe des Assises Internationales du Roman qui consiste à demander à chaque auteur d’envoyer à l’avance un texte portant sur le sujet qui doit être abordé, texte qui sera ensuite lu par chacun, dans sa langue avec traduction simultanée et texte imprimé en français mis à disposition des spectateurs se double d’une autre demande, cette fois aux modérateurs. Chacun a envoyé cinq questions, questions remises aux auteurs. Les grands répondants, des étudiants, qui assistentaux tables rondes, en ont fait autant.
C’est cette préparation en amont qui donne aux débats leur force. On improvise, certes, tout débat nécessite une certaine spontanéité, on n’a jamais non plus le temps de poser toutes les questions, mais on essaye d’assurer à tous ceux qui se sont déplacés, le sérieux qu’ils attendent, même si l’humour, la drôlerie se faufilent presque toujours par une petite ou une grande porte.
Bien sûr, on aura beau faire, cela ne fonctionne pas toujours, il y a des auteurs bougons ou désinvoltes, des modérateurs flemmards ou surchagés de travail , des imprévus et des aléas. mais quand ça fonctionne, c’est bien!
Photo: David Ignaszewski/Koboy