Par Armelle Heliot
04/06/2010 | Mise à jour : 18:47 Réagir

Pour sa 64e saison, la manifestation, qui débute, vendredi à Lyon, avec «La Tempête» de Shakespeare, confirme sa vocation pluridisciplinaire. 

Songes, ombres, enchantements, amours, déchirures, c'est par l'alliance subtile de deux des plus grandes pièces de William Shakespeare que débute, ce soir, la 64e édition des Nuits de Fourvière, devenue au fil du temps l'une des manifestations les plus importantes de la saison des festivals, en France. Georges Lavaudant qui met en scène La Tempête… (avec points de suspension) unit en effet la grande pièce testamentaire du poète élisabéthain et Le Songe d'une nuit d'été, qui la précède de quinze ans.

Il avait donné une première version de cette traduction et adaptation établie avec Daniel Loayza il y a quelques années, dans une petite forme, au Conservatoire à Paris. Cette fois, il s'appuie sur une distribution de talents confirmés avec, notamment, André Marcon dans le rôle-titre.

Que le théâtre soit en ouverture est un salut à la vocation première du Théâtre antique gallo-romain de Fourvière, l'une des collines de Lyon. Deux théâtres en fait:l'un peut accueillir 2800 à 4500 personnes selon les configurations, et l'Odéon, qui compte 1200 places. Le site est classé depuis 1998 au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Les fouilles archéologiques avaient débuté en 1933, la première représentation, Les Perses, d'Eschyle, par le Groupe antique de la Sorbonne impressionna le public en juin 1946…

Depuis, de métamorphose en métamorphose (Festival de Lyon Charbonnières, Festival de Lyon, Festival international de Lyon, et, depuis 1994, Les Nuits de Fourvière) le rendez-vous est très couru et, sous l'autorité de Dominique Delorme, qui a grandi professionnellement au TNP de Villeurbanne auprès de Roger Planchon, a pris une dimension internationale remarquable. Musique classique ou contemporaine, chanson, danse théâtre donc et des formes uniques, comme cette merveilleuse version de La Flûte enchantée, qui revient en juillet, travail unique et d'essence populaire avec son Orchestra di Piazza Vittorio qui mêle des hommes et des femmes venus du monde entier et réunis par le compositeur et chef italien Mario Tronco. 

Nombreux mécènes 

Si l'affiche est belle, c'est que la manifestation est bien dotée, saine financièrement, et qu'elle a jeté des ponts solides avec d'autres institutions en Europe. Romaeuropa pour La Flûte, mais aussi Les Estivales de Perpignan, le Barbican Center, le Théâtre Lliure, l'Institut Ramon Llull, le Sadler's Wells, la MC93 de Bobigny et, depuis cette année, Pleyel où sera repris Django Drom, de Tony Gatlif, familier de Fourvière et Let It Be Live, hommage aux Beatles avec le musicien anglais David Coulter.

Le conseil général du Rhône apporte 47% d'un budget global de 8 millions d'euros. Les ressources propres représentent 53%, excellent chiffre nourri d'un nombre important de mécènes, sponsors, partenaires. En 2010, 126.000 places sont mises en vente - plus qu'à Avignon. Pour cette édition, on dénombre 54 représentations - en souhaitant évidemment que le ciel soit de la partie -, 39 spectacles différents dont 14 premières en France et 4 créations.

Très beau programme qui laisse deviner, par-delà la variété, de véritables lignes de force : les découvertes en sont une. Ainsi, parmi les créations, notons De beaux lendemains, d'après le roman de Russell Banks composé d'une série de témoignages après un accident tragique de bus scolaire. Adapté au cinéma par Atom Egoyan qui fut primé à Cannes en 1997, il est repris par un metteur en scène de 33 ans, Emmanuel Merieu, qui a convaincu Nicole Garcia (la conductrice du bus), Richard Berry, Hippolyte Girardot et la magnifique Judith Chemla de jouer sa version… Un exemple parmi une quarantaine de rendez-vous !

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Jusqu'au 31 juillet. Réservations : 04 72 32 00 00 et www.nuitsdefourviere.fr, www.fourviereunehistoire.fr


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