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Catégories : Des musées

Succès olympique pour la Tate Modern

Par Valérie Duponchelle
04/06/2010 | Mise à jour : 21:35 Réactions (4)

Projet d'extension des architectes suisses Herzog et de Meuron, concepteurs de la Tate Modern.
Projet d'extension des architectes suisses Herzog et de Meuron, concepteurs de la Tate Modern.

Le grand musée londonien fête ses 10 ans en s'agrandissant avant les JO de 2012. 

Tate Modern ? En dix ans, ce nom de guerre simple et chic, en forme de trouvaille marketing, s'est imposé dans le paysage londonien, comme dans celui, compétitif et féroce, de l'art international. Plus possible d'ignorer cet énorme musée ouvert à tous ! Il s'est épanoui comme une fleur de luxe en plein Bankside, quartier déshérité de Londres, transformant l'ex-centrale électrique en une serre bénéfique à l'art et à ses riches perspectives. La cathédrale Saint-Paul est dans l'axe, de l'autre côté de la Tamise et du Millennium Bridge dessiné par l'architecte sir Norman Foster et le sculpteur sir Anthony Caro. Les chiffres, tout aussi démesurés, placent cet édifice de briques noires aux deux tours blanches, dessiné par Giles Gilbert Scott dans les années 1940, dans la catégorie des records du Guinness Book.

Depuis son ouverture, le 12 mai 2000, plus de 45 millions de visiteurs ont fait de la Tate Modern une des attractions touristiques phare de la «grande île». La réhabilitation du Turbine Hall par le duo d'architectes suisses Herzog et de Meurona a été propice aux projets monumentaux de l'art contemporain le plus inspiré, des araignées monstres de feu Louise Bourgeois à la fleur carnivore géante d'Anish Kapoor et à l'aurore boréale d'Olafur Eliasson. L'objectif originel de 1,8 million de visiteurs par an a été explosé dès la première année (4,77 millions). Tant l'émergence de cette 4e dimension dans la ville de Turner, Gainsborough et Constable coïncidait avec l'appétit contemporain et la vitalité d'une nouvelle scène, les YBA (Young British Artists) dans le sillage de Damien Hirst et son collectionneur Charles Saatchi.

 

«Promenade intime dans l'art» 

 

Avec 4,65 millions de visiteurs entre mai 2008 et mai 2009, la Tate Modern bat en affluence le Centre Pompidou (3,53 millions en 2009), les MoMA (2,8 millions) et Guggenheim (1,3 million) de New York, ainsi que celui de Bilbao (0,9 million) et laisse le San Francisco MoMA loin derrière (0,7 million).

La contrainte fait l'artiste ? La formule n'a pas vieilli depuis Picasso. La Tate Modern l'a assumée, avec le pragmatisme que l'on sait britannique. Avec un pic record de 42 000 visiteurs le samedi 13 mai 2000 et un score encore spectaculaire de 31 374 visiteurs le samedi 12 septembre 2009, ce musée a résisté au simple effet de curiosité comme à l'usure des ans.

À la veille de cet anniversaire, Nicholas Serota, son directeur énigmatique, a souligné avec humour combien cette évolution avait été une bonne surprise. «On parle toujours de la Tate Modern comme de la réussite exemplaire d'un bâtiment. Elle ne doit pas oblitérer le contenu, notre politique résolue d'accrocher différemment nos collections permanentes en juxtaposant l'ancien et le nouveau, en privilégiant le plaisir de l'œil plutôt que le classique fil chronologique.» Depuis la Tate, bien des musées ont copié cette «promenade plus intime dans l'art», dans l'air du temps.

Le moins peut le plus ? La collection de la Tate n'est pas, loin s'en faut, celle, royale, du Centre Pompidou qui se réinvente tous les deux ans (65 000 œuvres, dont 2 693 ont fait l'objet de prêts en 2009, dont 700 prêtées en 2010 au Centre Pompidou-Metz). Ni celle du MoMA, qui va du plus contemporain au plus ancien depuis octobre 2004, alignant ses 170 000 œuvres souvent légendaires (le nombre des prêts reste top secret).

Prochaine étape ? L'agrandissement de la Tate par le duo Herzog et de Meuron, une extension propice aux expositions temporaires (52 expositions temporaires majeures et payantes en 10 ans, de «Matisse-Picasso» à «Cy Twombly» et «John Baldessari»). Coût de Tate Modern Two : plus de 200 M£ dont la Tate n'a trouvé encore que 75 M£. D'ici à 2012, année des JO, les premiers travaux devraient déjà dégager les trois citernes enfouies sous les pelouses.

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