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Catégories : Des musées

Rome l'antique s'offre deux musées d'art contemporain

Pour creuser un peu plus ce sillon, ces inaugurations ont eu lieu en même temps que la première foire d'art contemporain, intitulée The Road to Contemporary Art (en anglais dans le texte), du 27 au 30 mai. Cette foire se tenait dans les espaces rénovés de l'abattoir du Testaccio (piazza Orazio Giustiniani), magnifique édifice industriel de la fin du XXe siècle, au sud de la capitale, ainsi que dans une multitude de sites, galeries ou monuments que trois jours d'occupation par les forces du futur n'ont pas trop dérangés.

Signé par l'architecte anglo-irakienne Zaha Hadid et situé au nord de la ville, le Maxxi, un bijou architectural de 27 000 m2 de 150 millions d'euros, avait été présenté aux Romains, vierge de toute oeuvre, en novembre 2009. L'édifice est tout intériorisé, malgré quelques grandes fenêtres le quartier ingrat de Flaminio, entre une école de police sévèrement protégée et les souvenirs des Jeux olympiques de 1960.

L'architecte irakienne Zaha Hadid lors de l'inauguration du Musée national des arts du XXIe siècle (Maxxi) à Rome, le 27 mai 2010.
AFP/ALBERTO PIZZOLI
L'architecte irakienne Zaha Hadid lors de l'inauguration du Musée national des arts du XXIe siècle (Maxxi) à Rome, le 27 mai 2010.

 

Productions sanglantes...

La beauté des espaces imaginés par l'architecte pouvait même laisser espérer qu'aucune autre oeuvre ne viendrait concurrencer celle de Zaha Hadid. La souplesse du lieu est telle qu'on aurait même pu imaginer qu'un centre de remise en forme, avec ses machines à abdominaux et ses vélo immobiles, s'y installe.

Finalement, l'art du XXIe siècle devrait se prêter à l'exercice, avec ses productions sanglantes, ses corps dénudés, ses conglomérats d'objets perdus, ses boîtes à angoisses, ses expériences in vivo. Pour l'heure, les oeuvres présentées, issues d'une collection encore réduite, restent de l'ordre du familier, bien arrimées dans le XXe siècle, comme l'est la première exposition majeure, une large rétrospective de l'artiste italien Gino de Dominicis (1947-1998), assez éclectique dans ses tendances classiques et contemporaines pour avoir un solide pied dans le XXIe siècle : l'entrée du musée est flanquée de son squelette géant au nez acéré, dont toute photographie fut interdite du vivant de l'artiste.

Autre exposition, autre grand domaine du Maxxi : l'architecture, incarnée par Luigi Moretti (1907-1973). Une scénographie efficace, rehaussée de photographies réalisées par Gabriele Basilico, spécialiste d'architecture, donne son sens à la vision funambule de cet architecte, parti d'un rationalisme mis au service du fascisme, pour s'envoler vers des dimensions "informelles", où se croisent toutes les modernités passées, présentes et peut-être à venir.

Dans l'ordre de ces modernités se situe le nouvel espace du Macro, concours remporté, lui aussi il y a dix ans, par la Française Odile Decq. Le musée existait alors déjà, avec une collection plutôt embryonnaire, et qui n'a pas la réputation de s'être développée tandis que l'architecte française de 54 ans se battait, à l'instar de Zaha Hadid, contre les pièges des protecteurs d'une Rome figée et de ses jeux politiques.

L'architecte française Odile Decq lors de l'inauguration des nouveaux espaces du Musée d'art contemporain de Rome (Macro), le 28 mai 2010.
AFP/ALBERTO PIZZOLI
L'architecte française Odile Decq lors de l'inauguration des nouveaux espaces du Musée d'art contemporain de Rome (Macro), le 28 mai 2010.

 

Un site contraignant

Si leur contenu est similaire - l'art contemporain -, le Macro est bien plus modeste, moins médiatisé aussi, que le bâtiment de Zaha Hadid : un budget de 17,5 millions d'euros pour 10 000 m2, et, surtout, un site beaucoup plus contraignant dans un quartier plutôt bien loti (Nomentano), non loin de la Villa Borghese et de la gare Termini.

Une première version du Macro s'était incrustée, sur le même site, dans une ancienne brasserie des bières Perroni, dont la cour avait été recouverte d'une verrière plus ou moins gothique, et dont les sous-sols avaient été profondément creusés. L'extension d'Odile Decq prend heureusement son autonomie structurelle et formelle, mais sans pouvoir se débarrasser de la carcasse du vieux Macro, l'ensemble restant arrimé comme deux fractions de station spatiale.

Les volumes dessinés par l'architecte française, trois salles d'exposition d'un blanc strict, un auditorium et tout un ensemble d'escaliers, de passages, de terrasses, dessinent autour des salles un parcours fort, presque brutal mais chaleureux, vivement coloré (rouges, noirs, reflets verts des vitrages).


Maxxi. Via Guido Reni 4A, Rome. Sur le Web : Fondazionemaxxi.it.

Macro. Via Reggio Emilia 54, Rome. Sur le Web : www.macro.roma.museum.

Frédéric Edelmann

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