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Catégories : Des femmes comme je les aime

J'ai aimé hier:Un Mozart en jupons

Par Marie-Noëlle Tranchant
08/06/2010 | Mise à jour : 18:42

Marie Féret, qui joue Nanneri, la soeur cachée de Mozart, interprète avec grâce un rôle plein d'audace. (JML Distribution)
Marie Féret, qui joue Nanneri, la soeur cachée de Mozart, interprète avec grâce un rôle plein d'audace. (JML Distribution)

Dans un film plein de charme, Nannerl, la sœur de Mozart, René Féret évoque l'autre enfant prodige de la famille.

Elle était aussi douée musicalement que son frère, comme lui enfant prodige, comme lui promenée dans les cours d'Europe, jusqu'à l'adolescence. Maria Anna, surnommée Nannerl, c'est l'autre Mozart, la sœur cachée, vouée à l'obscurité. René Féret a rêvé sur ce destin d'artiste sacrifiée, imaginé l'instant fugace où la jeune fille s'ouvrait à l'amitié, à l'amour, à sa propre musique, lors du voyage de la famille Mozart en France. «Une sorte de conte onirique», dit-il, en même temps qu'une évocation du XVIIIe siècle mêlant personnages historiques et émotions intimes.

«J'ai lu par hasard la correspondance de Léopold Mozart, le père, raconte René Féret, et il en surgissait quantité de notations, comme lorsque les parents déshabillent les enfants endormis, des tas d'anecdotes qui m'ont donné envie de rêver sur tout ce petit monde. Je voulais retrouver les humeurs de ces personnages, à des moments précis mais ordinaires de leur vie, dans le labeur d'une répétition, un chahut d'enfants, une minute de lassitude… Je voyais vraiment les pérégrinations de cette famille de saltimbanques comme il y en avait beaucoup à l'époque. On exhibait les jeunes prodiges comme des phénomènes de foire. Et Léopold avait tout misé sur son fils, pour qu'il fasse vivre la famille, jusqu'à provoquer la révolte de Wolfgang.»

Le petit Mozart reste un personnage secondaire du film, mais hirsute et turbulent à souhait, et presque raccord avec l'Amadeus de Forman. René Féret a trouvé au conservatoire un petit violoniste « très amusant mais très agaçant et très dispersé, sur le plateau, ne sachant pas son texte ! C'est lui qui m'a donné l'idée d'une scène de chahut ».

À l'opposé, Nannerl, interprétée par la fille aînée du cinéaste, Marie Féret, est tout en réserve et en retrait, avec de fragiles audaces. Comme sa jeune sœur, Lisa Féret, qui tient le rôle de Louise de France, elle semble sortir d'un tableau d'époque.

Un artisanat d'art familial

«Je ne voulais pas que ce soit trop joué, mais qu'il reste une distance, dit celle-ci. Louise, d'une certaine façon, récite sa vie. Pour moi, le cinéma permet d'assister à une époque, sans chercher à se confondre avec elle. J'aime la démarche modeste et intelligente de Rossellini qui fait comprendre une époque à travers des comportements. Les personnages sont dans leur destin, et ils sont dans leur temps. Il faut y entrer avec eux, simplement. Incarner plutôt que jouer.»

Et la musique ? Féret s'est d'abord adressé à Gabriel Yared, qui lui a suggéré de faire appel à Marie-Jeanne Séréro, pour composer une partition féminine avec le son de l'époque, mais « qui ne soit pas du Mozart». La musique que Nannerl aurait pu écrire.

Depuis plus de trente ans, René Féret a fait du cinéma un artisanat d'art familial. Si le réalisateur de La Communion solennelle puise souvent dans la famille le sujet de ses films, il travaille aussi en famille, avec sa femme pour monteuse et son fils pour assistant. «J'ai tendance à trouver des solutions artistiques autour de moi. Cela enrichit les liens familiaux de toute une communication culturelle avec les pièges que cela suppose, aussi, d'être en circuit fermé. C'est un luxe que je paie assez cher, mais le manque de moyens me permet aussi d'avoir des gens qui s'engagent passionnément, qui font des paris.»

La bande-annonce :

 

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