Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Cosmique
Par Etienne De Montety
10/06/2010 | Mise à jour : 14:14
C'est une affiche comme le banlieusard en découvre des dizaines, au cours de ses transhumances quotidiennes. Pour une fois, on n'y voit pas de naïade déshabillée vantant un pays lointain et ensoleillé, mais un homme. Chemise blanche échancrée, le front large, cerclé d'un trait de lumière qui tient plus de l'anneau de Jupiter que de l'auréole des saints, cet homme (mais peut-on utiliser un substantif aussi commun ?) s'appelle Bernard Werber. Il est auteur de livres à grand succès. Sur cette affiche, il vante sans chichis la sortie en poche d'un de ses ouvrages dont on ne soupçonnait pas l'importance cosmique.
Cet homme, presque un dieu, regarde d'un air pénétré la voûte étoilée. Des faux airs de Booz. Nous rougirions de nous laisser aller à un calembour facile mais il nous brûle de demander à quoi rêve Werber.
En apparence, il converse avec les étoiles. Pourtant, c'est au banlieusard qu'il s'adresse puisqu'on peut lire sur l'affiche ce slogan - pardon, ce commandement : «Lisez et soyez heureux. Pour toujours.» En son temps, le Christ avait défini neuf Béatitudes. Werber ajoute la sienne, à la portée aussi considérable:«Lisez et soyez heureux.» L'heure est grave. On ne lit plus pour se distraire, ni pour s'instruire. On lit pour son bonheur, presque pour son salut. Et ce, «pour toujours». Foin d'éphémère, c'est d'éternité que nous entretient Werber. Le roman de poche par lequel le bonheur sans fin viendra a pour titre Le Paradis sur mesure, ce qui donne une idée de l'infini selon Werber. Dès les premières lignes, il écrit:«D'habitude je n'y prêtais plus attention.» Qu'est-ce à dire ? Y prêta-t-il jamais attention ? De quand date son habitude de ne plus y prêter attention ? Plus ou pas ? Même dans l'espace, la langue française a ses nuances qu'il convient de respecter. Est-ce avec des phrases au style aussi approximatif que Werber envisage de nous rendre heureux ? On se prend à être gagné par le scepticisme. Ou par le fou rire, devant ce cosmique de situation.